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Malice K sur les ondes…

Malice K est un artiste né à Olympia, WA, et basé à Brooklyn, dont la palette sonore est composée d'alt 90s et de lyrisme effronté, créant une rare fusion de pop rock indie décalé. Ancien membre du collectif d'artistes Deathproof Inc, il s'est forgé une…

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Lokerse Feesten 2017 : dimanche 6 août

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Le troisième jour des Lokerse Feesten est consacré au ‘Metal Day’. Pour votre serviteur, c’est le meilleur de ce festival. Il est d’ailleurs décrété sold out depuis quelques temps. L’affiche est alléchante, puisqu’elle propose notamment l’improbable Marilyn Manson, le toujours fringant Alice Cooper, le talentueux Apocalyptica, le très pro Megadeth et les frères Cavalera, censés foutre le bordel sur la Groote Kaai…

Direction la seconde barrière ou l’emplacement de votre serviteur est marqué au fer rouge, depuis 12 ans. A 16 heures pétantes, le présentateur vous accueille d’un ‘Goed Morgen Lokeren’. Après une brève présentation, Fleddy Melculy, l’un des meilleurs metal bands du royaume, monte sur l’estrade. S’exprimant dans la langue de Vondel, il est considéré comme l’héritier illégitime de Lars Ulrich et Lita Ford. Actif depuis 2015, il est mené de main de maître par Jeroen Camerlynck, le frontman de De Fanfaar. Une grande toile colorée reproduisant le patronyme du combo est tendue, en arrière-scène. Le quintet déboule sur les planches. Il implique deux sixcordistes masqués.

Les riffs sont graisseux. La section rythmique est solide. Jeroen est coiffé d’une casquette singulière et chaussé de ‘bril’ noires énormes. « Fuck You Fleedy » constitue le premier brûlot. Et c’est le morceau qui ouvre les hostilités. Les musicos ont la bougeotte. L’auditoire aussi. Et le deuxième titre, « Feestje In Uw Huisje », flanque carrément le souk dans la fosse. Les pecus sont sauvages. Les grattes, incendiaires. Le chant de Jeroen est hurlé mais plutôt mélodique. Avant d’attaquer « Apu Van De Night Shop », on entend une sonnerie de porte de magasin et puis surtout on assiste à un lancement de saucisses ‘BiFi’. Particulièrement métallique, le délire est cependant bien contrôlé. En fait, le message s’adresse à l’univers des magasins de nuit. Nouveau largage, mais de tranches de pain. Une mise en bouche qui prélude « Brood ». La foule est hilare ! Et ce sentiment est communicatif. Un morceau qui semble hanté à la fois par Pantera et Sepultura. Et cette forme de folie douce se poursuit tout au long de « Geen Vlees Wel Vis », une ode pour les végétaliens et les vegans. D’une durée de 30 minutes, le spectacle s’achève par « T-Shirt Van Metallica ». Ce hit parodie les ‘kékés’ qui arborent des tee-shirts de Metallica, mais ‘pensent’ d’abord à U2 lorsqu’on leur parle de « One ». Bref, on a vécu un spectacle hurlant et incendiaire, vu sous un angle humoristique…

The Amity Affliction est une formation australienne. Elle est venue défendre son sixième opus, « This Could Be Heartbreak », paru en 2016. Le band pratique un metalcore racé et ultra mélodique. Les quatre musicos (un bassiste, un guitariste, un chanteur et un batteur) jouissent d’une belle technique. En outre, il se servent de tous les ingrédients nécessaires pour faire décoller leur musique : de jolies mélodies, des râles gutturaux agressifs, des riffs cinglants et un batteur capable d'utiliser une double pédale de grosse caisse. Cependant, il manque manifestement une cinquième roue au char. Qui pourrait se consacrer aux backing vocaux, aux claviers et à la guitare rythmique. Parce que cette instrumentation se traduit par des bandes préenregistrées. De la set list, on épinglera « Open Letter », « All Fucked Up » et « Don’t Lean On Me ». A conseiller aux aficionados de Betraying The Martyrs.

Apocalyptica embraie. Bien que sculptée dans le heavy metal, sa musique est produite par quatre violoncellistes et un drummer. D’ailleurs, pour ce show, l’affiche précise ‘Apocalyptica play Metallica with four Cellos’. Ce sera le cas. Faut dire qu’en général, la set list du band finlandais réunit titres originaux et reprises. « Ender Sandman » sert d’amuse-gueule. Pas de drums pour cette entrée en matière, mais les 4 violoncellistes, assis sur un baffle retourné, tous perchés sur une estrade qui entoure la double batterie… imposante. Cocasse, une cruche à lait retournée et une buse métallique trônent au sommet. Dès les premières notes de « Master Of Puppets », le public s’enflamme et reprend en chœur le refrain. Et pourtant, aucun des musicos ne chante ! Le préposé aux fûts débarque avant « Fight Fire With Fire ». De quoi mettre le feu. Eicca et Perttu se lèvent afin d’interpréter ce morceau imprimé sur un mid tempo. Il faut attendre « For Whom The Bell Talls » pour comprendre la raison de la présence d’une cruche à lait et d’une buse : elles servent de percussions. Eicca invite la foule à applaudir. Eicca et Perttu font tournoyer dans tous les sens, leur chevelure abondante. L’ambiance monte encore d’un cran. Tout au long de « Nothing Else Matters », Perttu glisse son archet le long des cordes pendant qu’Eicca les pince. C’est un moment propice au recueillement au sein de la fosse, avant le tonnerre d’applaudissements réservé au duo magique. Et le combo va nous réserver, en finale, un « Seek & Destroy » littéralement fabuleux. Alors on imagine, vu le light show impressionnant, l’impact qu’il aurait pu avoir, si le set s’était déroulé la nuit. 40 minutes de bonheur, mais on aurait aimé vivre des prolongations...

On attend ensuite les frangins Max et Igor Cavalera. Fers de lance de Sepultura, la fratrie a décidé d’interpréter l’intégralité de l’album mythique « Roots », dans le cadre d’une tournée baptisée ‘Back to roots’. Cet elpee du mythique groupe brésilien était paru en 1996. Au cours des années 90, Sepultura était aussi populaire que Metallica.

Igor siège derrière ses drums. Et ils sont conséquents. Max, préposé au chant et à la guitare, s’installe devant lui. La paire est soutenue par Johny Chow (NDR : il a notamment milité chez Stone Sour) à la basse et Marc Rizzo à la seconde gratte.

Max est un guerrier. Son pied de micro est orné d’une cartouchière de mitrailleuse. Un drapeau brésilien est tendu en toile de fond. Max débute entame des incantations tribales avant d’attaquer « Roots Bloody Roots ». Max invite le public à jumper. La chronologie de l’album est respectée. Max est volubile. Il incite constamment la fosse à exécuter des ‘circle pits’. La gratte d’Igor est redoutable, voire sauvage. Pendant « Attitude », Max se sert d’un berimbau (NDR : instrument brésilien à une corde frappée). Et il invite son frère à marquer le tempo, avant d’aborder l’énergique « Ratamatta ». Le public jumpe toujours et lève les bras en cadence, durant 8 bonnes minutes. Pendant le ‘fucking’ « Straighthate », Igor martyrise ses peaux. Et la formule est faible ! Max et Marc en profitent pour entrer en duel à l’aide de leurs guitares aux sonorités graisseuses. L’équipe n’en oublie pas de rendre un hommage à Lemmy à travers « Aces Of Spades » ; et franchement, la version est meilleure que l’originale. Le concert s’achève alors par un « Roots Bloody Roots » d’anthologie…

Groupe de thrash metal américain, Megadeth est une machine bien huilée. Faut dire que ce combo californien a été fondé en 1983 par le guitariste Dave Mustaine et le bassiste David Ellefson (NDR : peu après le renvoi de Mustaine de son band précédent, Metallica). Et puis il compte pas moins de 15 albums studio à son actif, dont le dernier, « Dystopia », a été gravé en 2016. Cocorico : un drummer belge a rejoint le line up, l’an dernier. Il s’appelle Dirk Verbeuren, et ma foi, il est plutôt doué.

Des images de ‘Marvel Comics’ américains défilent sur l’écran, en arrière-plan. Mais également des vidéos –enflammées– qui décrivent la fin du monde. Mustaine semble avoir perdu sa voix. Pas d’interactivité –et même de contact– entre les artistes et l’auditoire. Mais malgré l’excellent travail opéré par la section rythmique ainsi que la qualité des riffs, le set devient rapidement ennuyeux. Seuls les inconditionnels, et ils se sont quand même déplacés en nombre, semblent apprécier…  

Le spectacle d’Alice Cooper est très attendu. Il vient de publier un nouvel opus, baptisé « Paranormal ». Le maître d’école provocateur est le père spirituel et fondateur du ‘shock rock’. Un rock théâtral qui mêle sexe et violence, mais dont le principal objectif, n’est que de provoquer. D’ailleurs, à 69 berges, le papy Cooper n’a pas besoin de déambulateur. Et il est de retour !

Avant de monter le matos, les roadies installent une toile devant le podium. Elle représente les yeux de Cooper masqués, chacun, d’une toile d’araignée. Un peu avant 22h15, heure fatidique prévue pour le début du show, un light show multicolore inonde la tenture avant qu’elle ne tombe, juste avant l’intro préenregistrée de « Spend The Night ». De la fumée et quelques pétards plus tard (NDR : ou plus exactement dans la foulée), les 5 musicos débarquent. La section rythmique, réunissant le bassiste Chuck Garric et le drummer Glen Sobel. Les gratteurs. En l’occurrence la belle Nita Strauss, Ryan Roxie et Tommy Herriksen. Ils se plantent sur une estrade, l’un à côté de l’autre, en ligne. Puis débarque enfin Alice, revêtu d’une large cape de couleur noire, qu’il jette immédiatement au sol. Armé de son bâton de magicien, il arpente les planches, d’un regard haineux, démoniaque. Parfois il s’en sert comme un vieillard ou même un aveugle. La mise en scène est parfaite. Le set s’ouvre par un vieux standard, datant de 1990, « Brutal Planet ». Pendant « No More Mr. Nice Guy », les trois gratteurs pointent leur manche en avant. Et « Under My Wheels », ils entourent le maître qui appelle Nita, dont la pose est plus qu’équivoque. Le moment sex and rock’n’roll ! La belle a plein d’atouts… dans son manche. Elle continue son show tout au long de « Women Of Mass Distraction ». Manifestement, on remarque une grande complicité entre Alice et la girl. Chaque guitariste a droit à son solo. Celui de Nita est digne de Steve Vai. Les festivaliers enclenchent leurs iPhones. Le maître se retire régulièrement en backstage pour changer de déguisement. Pour notamment enfiler une redingote noire et se coiffer d’un chapeau haut de forme. Pendant « Feed Me Frankenstein », il sort d’une boîte enfumée placée à gauche du drummer, vêtu d’un long tablier banc ensanglanté et armé d’un stéthoscope. Il enfile un masque à gaz. Une machine est installée sur les planches. Elle électrocute l’artiste qui disparaît dans un nuage de fumée, alors remplacée par une grande poupée de 4 mètres de haut. Les musicos feignent d’être tétanisés et vident les lieux. Alice opère son retour et joue… à la poupée pendant « Cold Etyl ». Cooper n’en n’oublie pas son nouveau répertoire, à l’instar de « Paranoiac Personality ». Et le team enchaîne alors sa trilogie « Ballad Of Dwight Fry/Killer/I love The Dead » qui relate la scène au cours de laquelle Alice est placé sous camisole de force… l’infirmière lui administre une piqûre… avant qu’il ne soit mis à l’échafaud…

C’est au moment d’aborder « I’m Eighteen », qu’Alice, s’appuyant sur une grande béquille, est suivi par Marilyn Manson (NDR : son fils naturel ?) qui se produit dans la foulée. Manson s’agenouille devant Cooper et lui baise la main. Une belle marque de respect. Mélangé à une adaptation de « The Wall » du Floyd, « School’s Out » sert de finale et nous réserve son lancer de ballons, ses bulles, ses pétards, ses fumigènes, ses confettis tutti quanti…

Pas de Marilyn Manson pour votre serviteur. Ses shows manquent souvent de constance. Suivant les infos recueillies, celui accordé ce soir n’a guère différé de ce qu’il a montré dans le passé…  

Marilyn Manson + Alice Cooper + Megadeth + Max et Iggor Cavalera + Apocalyptica + The Amity Affliction + Fleddy Melculy

(Organisation : Lokerse Feesten)

Voir aussi notre section photos ici

 

 

Ronquières 2017 : dimanche 6 août

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Ronquières Festival, second round. L’accès au site est rendu nettement plus difficile que la veille. Les bouchons sont légion et il faut compter parfois plusieurs minutes avant d’avancer de quelques mètres…

Normal ! L’affiche proposée est plus riche que celle du samedi. Mais comment les organisateurs se débrouillent-ils pour proposer de tels artistes à un prix défiant toute concurrence ?

Le soleil inonde la plaine de ses généreux rayons. Les stigmates de la veille sont encore bien présents. Certains endroits sont recouverts de boue et de grandes flaques d’eau jalonnent le parcours. Peu importe, soyons audacieux !

Il est 15 heures précises lorsque votre serviteur franchit le portail Tribord. La fouille corporelle s’est réduite un peu plus encore. Pas de quoi rassurer le festivalier lambda, vu le climat anxiogène entretenu par les attentats !

Au loin, on entend le ‘soundcheck’ de Mustii. Forçons donc le pas ! Le jeune artiste belge a déjà presté l’année dernière, ici même. C’est un habitué des lieux ! De l’aveu même des critiques, il avait littéralement enflammé la foule qui lui avait bien rendu par une salve d’applaudissements jamais entendue auparavant !

Vêtu d’un survêtement en toile de lin de couleur noire, qui contraste avec la blondeur de ses tifs, Thomas Mustin (NDR : à l’état-civil) s’est essentiellement illustré en publiant « The Golden Age » et « Feed Me », deux titres matraqués sur les ondes radiophoniques.

L’univers musical de cet acteur, auteur, compositeur et interprète, baigne au cœur d’une pop électro enivrante, organique et froide à la fois.

A même pas trente ans, le gamin diplômé de l'IAD peut se prévaloir déjà d’une sacrée expérience. Aucun doute, il n’a pas peur de se mouiller le petit gars. Plus qu’un chanteur, c’est un véritable showman !

Son tour de chant commence lorsque deux comparses flanqués en arrière-plan frappent énergiquement sur deux cymbales gargantuesques. Quelle ferveur ! L’improvisation n’a pas vraiment sa place, le spectacle a probablement été joué des dizaines de fois auparavant.

Les sons synthétiques sortent des machines, posées ci et là, et inondent immédiatement les conduits auditifs des aficionados. C’est assez dynamique ! Le ton est donné que déjà une danse frénétique s’empare du jeune mâle.

Tom court d’un bout à l’autre de l’immense plateau, prend le pied du micro et feint de s’en servir comme arme à feu pour tirer sur le public à bout portant… Les mimiques de son visage en disent long sur l’implication de son rôle !

Mustii interprète bien sûr les titres de son Ep, « The Darkest Night », paru l’an dernier. La puissance de sa voix impressionne. De nombreux fans connaissent les textes et les reprennent en chœur. Un premier album est en préparation et devrait tomber dans les bacs au début de l’automne.

De nombreux  spectateurs sont surpris de constater que lorsqu’il s’agit de mouiller sa chemise, il n’a pas froid aux yeux. D’un pas décidé, il descend de l’estrade pour rejoindre ses fans. A ses risques et périls ! Les filles s’efforcent de se maintenir. Pas facile face à un bellâtre aux dents blanchies, sourire ravageur, coiffure soigneusement peignée et yeux hypnotiques. Une plastique à rendre jaloux plus d’un compatriote.

Les chansons conventionnelles et jolies ballades ténébreuses alternent pour le bonheur de tous. Il perle de sueur. Mais, on le sent heureux d’être là. Et l’énergie est communicative…

A tribord toute pour le set de Delta. Un duo 100% belge, derrière lequel se cachent Benoît Leclerq et Julien Joris.

Si en mathématiques, le delta représente la différence entre deux valeurs, la composante de cette formation est à l’antipode de cette affirmation. Davantage que se produire en duo, il existe chez ces musicos une réelle complicité et un amour commun pour la musique

Ils ont d’abord milité au sein d’un combo anglais, baptisé Meridians. C’était en 2010 !

« Héréditaire » et « Le verre de trop » les ont propulsés au sommet des charts radiophoniques au point de les révéler. Certains des textes de leur Ep ont été écrits subtilement par un Jali en forme.

Si le band est responsable de quelques mélodies pop accrocheuses, elles ne parviennent malheureusement pas à éveiller un soubresaut d’attention parmi les festivaliers présents. Faut dire que le set manque cruellement de relief. On bâille à s’en décrocher la mâchoire !

Intéressant donc, mais pas de quoi détricoter mes plus grosses chaussettes d’hiver !

Emma Bale est une jeune artiste qui s’est fait connaître en participant à l’émission ‘The Voice Kid’ sur une chaîne du Nord du pays où… elle a échoué en demi-finale.

Son histoire est digne d’un compte de fée. Le pianiste de l’émission (et producteur du groupe néerlandophone Clouseau) la repère et la prend sous son aile. Elle publie un premier Ep intitulé « My World Untouched ». Extrait de ce disque, « Run » est ensuite remixé par le Bruxellois planétaire, Lost Frequencies himself.

Elle assure même leur supporting act, ainsi que celui de Milow, totalement conquis par le talent de la frêle demoiselle, même pas majeure.

Elle se produit devant une foule compacte à bâbord. Vêtue d’une tunique blanche transparente qui laisse entrevoir… son intimité, la jeune femme, d’une voix fébrile, entame son tour de chant, sèche en main, par un « All I want », cover d’un titre signé par Kadoline, issu de l’album « In A Perfect World », publié en 2013. Une réinterprétation qui atteint plus d’un million de vues sur Youtube et comptabilise aujourd’hui 500 000 streams.

Autant y aller tout de go, les craintes de votre serviteur se sont vite évanouies, car une personne issue d’un produit formaté n’est pas toujours le gage d’une qualité exemplaire. Comme quoi, l’exception confirme la règle ! Mais, il faut bien admettre ici qu’Emma prouve qu’elle mérite une place d’élite dans la sphère musicale.

Son grain de voix touche plus qu’il ne subit. Sa timidité perceptible la rend encore un peu plus intéressante. Une candeur naturelle dont la prestance est grandiose.

Place maintenant à un Cali survitaminé. Sa réputation de personnage complètement déjanté ne faillira pas à la règle. De nombreux festivaliers se sont pressés en masse devant les barrières crash ; car on le sait particulièrement participatif. Doux euphémisme…

Il débute par la lecture d’un texte magnifique, sous la forme de poème. Une dernière césure et ses musiciens commencent un morceau très pêchu, issu de son dernier opus, « Les Choses Défendues ».

Il ne faut pas longtemps avant que le trublion de la chanson française ne fasse monter tous les photographes, pour immortaliser le souvenir d’une photo familiale. Pas culotté pour un sou, il grimpe même sur le dos d’un invité (bien malgré lui, il faut le dire) le temps d’une chanson. On peut se le permettre quand on pèse cinquante kilos, tout habillé !

Dopé à on ne sait quelle substance psychotrope, le chanteur/amuseur ne va cesser de faire le pitre tout au long d’un show décapant ! Enfilant pléthore de tubes, le Toulousain s’est offert, à plusieurs reprises, dans une foule hystérique. Adepte du crowdsurfing, il se laisse porter à tour de rôle par des spectateurs, à bras tendus, parcourant plusieurs dizaines de mètres… tout en continuant à chanter ses turpitudes bien évidemment. Le tout sans perdre le moindre souffle… ni prendre la moindre baffe ! Chapeau bas ! Aucun doute possible, ce Français est un homme de théâtre !

Livrant, tour à tour, des compositions simples, mais accrocheuses, comme « A cet instant je pense à toi », « I want you », « La vie quoi » ou « Elle m’a dit », il prend le parti de choisir ses mots avec une grande délicatesse afin de décrire intelligemment et sincèrement les maux de la vie et la difficulté d’aimer aujourd’hui.

Mais pas que ! C’est aussi un être doué d’un charisme exemplaire et un humaniste engagé. Un homme d’exception également…

Paradis se produit à bâbord ! Mais il temps de prendre une pause et se rassasier. L’impasse s’impose ! Et l’endroit du ravitaillement ne permet pas de profiter d’un un angle visuel opportun ni d’une écoute attentive.

Retour à tribord pour Vianney. Le gars est seul sur le podium. En arrière-plan, on remarque la présence d’un grand panneau sur lequel un ‘V’ est dessiné. Il s’excuse presque de ne pas être soutenu par des musiciens. Il affirme parfois être préoccupé par cette situation ; et prévient le public qu’il utilisera des loops au cours de son récital, afin de se ménager un tapis sonore supplémentaire. Une prise de risque que l’on défend résolument…

Alors qu’il nous avait maculés de ses « Idées Blanches », en se servant d’un titre fédérateur comme « Pas là », l’artiste masculin de l’année, plébiscité lors des Victoires de la Musique 2016, est de retour. Eponyme, son second opus lui vaut, une fois encore, un succès d’estime et critique.

Ses thématiques tournent pas mal autour de l’amour et de ses affres ! Le beau gosse en a apparemment chié avec les gonzesses ! Très personnelles et introspectives, ses compos traient des questions quotidiennes universelles. Vianney se sert d’un style tout terrain qui plaît à une large frange de la population. Populaire, sans être populiste en quelque sorte. Il pose le regard sur son prochain.

Faussement simplistes, les chansons se singularisent par leurs refrains entêtants. Les lignes mélodiques sont chaudes, colorées (« Moi aimer toi ») et voluptueuses, même si elles n’embrasent pas forcément les feux de joie (« Je m’en vais »).

Jouissant d’une réelle identité vocale, celui qui a la tête d’un premier de classe, nous ouvre une palette d’émotions subtiles, humbles, fragiles, mais profondes. Il s’agit d’ailleurs davantage d’un travail d’artisan que le fruit d’une industrialisation musicale bestiale et sauvage. La narration est limpide, enjouée, coquine parfois. Elle invite le festivalier à s’évader le temps de quelques minutes…

Grand moment d’émotion lorsqu’il invite celui qui soigne ses guitares à le rejoindre. Plus qu’un collaborateur, c’est un véritable ami. Il s’agit également de son dernier spectacle. Ils s’étreignent. Vianney s’assied, prend son visage dans les mains, les larmes perles sur ses joues…

Si les mauvaises langues lui reprocheront une prestation un peu molle ; lui peut se targuer de s’être imposé, malgré tout…

Changement de cap et d’ambiance, en passant de l’autre côté du plan incliné. Les musiciens de Tom Odel sont au taquet. L’auteur/compositeur/interprète britannique n’a que 25 ans et chante comme un dieu.

Repéré par le chef de projet d’une Lily Allen qui voit en lui –modestement ?– le nouveau David Bowie, Thomas Peter Odell, a vendu son premier elpee, « Long Way Down », à plus d’un million d’exemplaires ; et sa ballade aux accents sulfureux, « Another Love », lui a permis d’ouvrir les portes du succès. Depuis, le jeune homme a évolué et est parvenu à enchanter nos oreilles, grâce à un second LP baptisé, « Wrong Crowd » (NDR : traduction : les mauvaises fréquentations). Sans doute, celles qu’il a endurées, en Angleterre…

Composé entre Londres, New York, Los Angeles, ce second opus fait à nouveau la part belle aux lignes mélodiques tracées par le piano. Le résultat est davantage engagé et optimiste.

Devant un parterre bien garni, le blondinet s’installe devant cet instrument massif et en martèle les touches d’ivoire avec fracas. Ses mèches lui tombent devant les yeux et son front ruisselle de sueur, comme s’il s’agissait du fruit de ses extravagances.

Il prend manifestement beaucoup de plaisir ! Débordante, son énergie brute navigue aux antipodes de l'électro-pop lisse et contemporaine. Parfois éraillé, son grain de voix souffle comme un conte de Perrault. 

Entre compositions rythmiques, énergiques même, et chansons plus douces, il séduit autant qu’il divise. On ne peut renier un talent certain, c’est évident. La musique vit en lui ! Cependant, il ‘surjoue’. Son set est individualiste à souhait ; un ego qui mécontente, manifestement, l’auditoire…

« Another Love », sonne le glas. Le supplice est enfin terminé !

Julien Doré constitue sans doute l’apothéose de cette sixième édition du Ronquières Festival. Faut dire que le gaillard à la chevelure… dorée, s’est révélé en se présentant au casting de l'émission ‘Nouvelle Star’, en France, il y a dix ans déjà, pour y interpréter « Excellent », une compo signée Sharko... Cette reprise a ainsi permis à David Bartholomé et ses acolytes de rencontrer un nouveau public ; et à ce titre, de récolter un succès ‘culte’ propagé par de nombreux joueurs de ukulélé, sur internet. « I Need Someone » subira le même sort.

Votre serviteur a assisté à son live une semaine auparavant, dans le cadre des Nuits Secrètes à Aulnoye-Aimeries. Verdict : une copie conforme !

L’esperluette en toile de fond flotte au vent. Une brise apporte une note de fraîcheur supplémentaire, comme si on regardait, dans un trou de serrure, les événements, sous un autre angle. Une symbolique de la notion du lien, de trait d’union qui unit les hommes au sein d’un monde où la séparation est plutôt la constante...

Son tour de chant commence par « Le Lac », single issu de son dernier opus. Ce morceau sonne comme un retour aux sources, suscite la réflexion et glorifie l'amour, le féminin et la nature. Réaliser un travail d’écriture introspectif, en solitaire, et dévoiler ses pensées intimes à un max de personnes, constitue une démarche ambivalente… A chacun ses choix après tout !

Le light show est particulièrement judicieux. Les techniciens accomplissent un travail remarquable. A la moitié du ‘live’, des canons sis à proximité de la ‘stage’ tirent une tempête de serpentins géants. De quoi galvaniser l’ambiance...

Communicatif, Julien invite la foule à fredonner le refrain de « I want to go to Winnipeg with you », une chanson qui s’intéresse à une région du Canada au sein de laquelle il n’a jamais mis les pieds. Nous, non plus d’ailleurs. Et alors ?

La suite du set va aligner une déferlante de tubes, dont « Porto Vecchio » et « Kiss Me Forever ». Sans oublier « Paris Seychelles », chanté sur sa grosse bécane, moteur vibrant. Lorsqu’il entame les vocalises de « Coco Câline », une petite fille habillée en panda vient lui faire un… câlin… Le show nous réserve aussi des moments plus tendres, dispensés sous un format piano/voix, à l’instar de « Sublime et Silence ».

Le contraste entre tantôt la douceur et le profil dansant de certaines compos est assez frappant. L’alchimie fonctionne pourtant à merveille, ce soir.

Responsable d’un ‘live’ puissant, énergique et sincère, même s’il y ajoute une pointe d’introspection, Juju ne cherche pas à jouer un rôle. Lorsqu’on force le déroulement des événements, on les abîme… L’artiste serait davantage dans un abandon et une incarnation, mais pas dans un jeu…

Il termine son set, les cheveux mouillés et la crinière ébouriffée. Pas de chance pour lui, la bâche de la structure scénique laisse échapper quelques gouttes d’eau venues de nulle part. Brave gars va !

Dernier concert de ce soir, celui de la tant attendue LP, qui a choisi le nom du restaurant où elle bossait, dans une autre vie.

Plus connue pour son physique ingrat et son homosexualité que sa carrière, Laura Pergolizzi n’a pourtant jamais démérité !

Bien que ses trois albums précédents Heart-Shaped Scar (2001), Suburban Sprawl & Alcohol (2004) et Forever For Now (2014), se soient soldés par des échecs retentissants, elle persévère dès 2016, en gravant, contre toute attente, un Ep de cinq titres intitulé « Death Valley ». Il est propulsé dans les charts mondiaux par le morceau « Lost on You ».

Discrète, voir candide, elle grimpe sur l’estrade, coiffée d’une sorte de béret basque qui dissimule, au passage, ses longues boucles de cheveux bruns. Difficile de distinguer son faciès. La foule est particulièrement dense. Faut dire que dans le milieu, elle s’est forgée une solide notoriété…

Les premiers sons sortis de sa bouche mettent en évidence un grain de voix puissant, mais androgyne. Difficile de deviner qu’une nana se dissimule sous ce couvre-chef. Vraiment impressionnante et bluffante, elle pousse ses inflexions avec une facilité déconcertante. Elle s’en amuse. Le public aussi.

LP surprend également par ses talents de siffleuse. Digne successeur de Micheline Dax et Triggerfinger ? En tout cas, ses lèvres constituent une véritable extension de son instrument.

Entre soul, blues, folk, la dernière ‘organique’ à se produire nous offre une kyrielle de titres peu connus du grand public, mais dont l’intensité et l’aura ne manqueront pas d’attiser encore un peu plus notre curiosité dans les prochains jours.

Un mets qui ne manque décidément pas de piment ! Normal, pour une ancienne serveuse…

Enfin, Henri Pfr prend le relais. Encore et toujours de l’électro ! C’est bon, je jette l’éponge !

(Organisation : Ronquières Festival)

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Ronquières 2017 : samedi 5 août

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Cette sixième édition du festival Ronquières a drainé la foule, puisque pas moins de 36 000 personnes se sont déplacées pour une affiche aussi populaire qu’éclectique. Il y en a vraiment pour tous les goûts : du hip-hop au folk, en passant par le rap et le rock ! Sans oublier ce qui fait le fleuron contemporain de la musique électro, PFR ou encore Kid Noize…

La pyramide des âges y est très large ! On y croise de jeunes enfants accompagnant leur(s) parent(s), mais également des personnes plus âgées déambulant canne à la main et chapeau de paille sur un crâne… trop tôt dégarni…

Bref, les organisateurs ont, une nouvelle fois, fait fort ! Un jeune festival qui a tout d’un grand.

Tout y est pensé aussi. A l’entrée, un stand permet d’accueillir les petits bouts afin de leur procurer une foule d’activités : grimage, coloriage, pâte à modeler, escalade, etc. Bref, de quoi rassurer les parents qui ne souhaitent pas avoir les bambins dans les pattes, durant les spectacles…

Aucun gros souci à pointer, si ce n’est un fléchage quelque peu sibyllin. De l’aveu même des bénévoles présents, les prochaines éditions devraient impérativement s’améliorer dans ce domaine.

Signe des temps qui changent, les nombreux militaires et les chicanes de l’année dernière ont tout bonnement disparu. Est-ce pour autant plus sécurisant ? Pas sûr, d’autant qu’hormis une rapide fouille de sacs, aucun autre contrôle digne de ce nom n’est réalisé…

Autre nouveauté, il est possible de recharger une carte électronique aux bornes prévues à cet effet ou à l’aide de son smartphone. Idée sympa surtout lorsqu’il s’agit de désengorger les bars.

Cette année, les festivaliers avaient le choix de leur entrée dans le site : ‘Bâbord’ ou ‘Tribord’. Exit donc les longues files d’attente…

Un site un peu plus grand, donc supposé jouir d’un maximum de confort. Il y a même, ça et là un espace détente, histoire de reposer ses guiboles…

La météo de ce samedi a de quoi décourager plus d’un festivalier. Les longues averses entrecoupées de brèves éclaircies ont jeté comme un froid. Le ciel d’un bleu foncé pouvait laisser présager le pire pour cette première journée qui s’annonçait pourtant belle. Et pourtant, il en fallait plus pour faire fuir tous ces mélomanes...

Faut dire que le site permet de s’abriter sous les structures du plan incliné, en cas de pluie (NDR : heureusement car les parapluies sont interdits !) ; mais au détriment d’une écoute attentive. Car il est difficile de prêter l’oreille à un concert, lorsqu’on est coincé comme une sardine entre plusieurs milliers de personnes… à l’endroit même où se situe le bar le plus important.

Il est 15 heures lorsque Noa Moon ouvre les hostilités sur la scène Tribord.

‘Bienvenue sous la drache’, clame t-elle joyeusement, en affichant un sourire éclatant. Son belgicisme souligne ses origines. Quelques personnes venues du Nord de la France se regardent interrogatifs.

Elle est venue défendre les couleurs d’« Azurite », un opus qui tire un trait que l’on espère définitif sur les mélodies trop mielleuses de son premier elpee, « Let Them Talk ».

Sèche à la main, Manon De Carvalho, de son vrai nom, s’excuse presque d’avoir ressenti le besoin de se réaffirmer, de prouver qu’elle était capable d’écrire…

Ce n’est pas la première fois que votre serviteur assiste à sa prestation. Aussi, il craignait qu’elle soit encore mièvre et morne.

Les premières gammes s’échappent. Mais au fil du temps, la surprise est de taille. La belle ne manque pas de peps et nous réserve des morceaux aux envolées délicates et sautillantes.

Riches, intenses à souhait et dansantes, les compositions véhiculent de jolis accents électro/folk, presque intimistes, et soulignent une certaine modernité dans le son.

A quand la prochaine fois ?

A bâbord toute pour une des valeurs sûres du hip-hop ‘made in Belgium’, en l’occurrence Romeo Elvis et Le Motel, aka Fabian Leclercq. Artisan du beat, ce duo cultive l’autodérision.

Pas vraiment ma tasse de thé, mais il en faut pour tous les goûts. On s’efforce donc de rester statique et fait mine d’apprécier, pour se fondre dans le moule. En outre, de source sûre, le tandem fait carton plein à chacune de ses prestations. La curiosité guette et pousse à prêter une oreille. On verra pour l’autre …

La fosse est bien remplie. Déjà les premiers beats –et il prolifèrent– une poignée de jeunes gens, palette de casquette tournée vers la droite, accompagnent le chanteur par des gestes saccadés du poignet, rappelant combien les poncifs du genre sont malheureusement bien réels. Il y a mieux comme chorégraphie quand même, les gars…

La popularité dont jouit Elvis est grande. Faut dire que fruit d’une union entre Laurence Bibot et Marka, le jeune homme de 24 ans a tout récemment fait le buzz sur la stratosphère internet grâce à « Bruxelles arrive ». Morceau étrangement créé de manière anecdotique puisqu’au départ, l’idée était d’écrire une chanson consacrée à la capitale… française…

Devenu un véritable hymne, le titre affiche près de deux millions de vues sur YouTube ; ce qui permet au mec de s’imposer rapidement auprès de ses pairs.

Encensé par la presse, le second Ep, « Motel 2 », permet au duo de s’affranchir un peu plus en francophonie.

Entre rap énervé et chant, les deux rappeurs inspirés par le hip-hop américain débitent leur flow enivrant sur fond de textes ravageurs et incisifs, mixant les codes du rap classique avec des sonorités électroniques.

Aucun doute, c’est en ‘live’ que le combo atteint pleinement sa maturité et affiche ses forces.

Quinze minutes plus tard, House Of Pain prend le relais à droite. La foule est tellement dense qu’il est difficile de s’y frayer un passage sans être bousculé… et insulté…

Il est donc préférable de faire l’impasse, d’autant plus que le style musical proposé est très opposé à ma culture musicale. Un moment opportun pour tester le cashless et se ressourcer en boissons fraîches, subversivement alcoolisées.

Les choses sérieuses commencent dès Soldout. L’histoire d’une rencontre ! Le hasard fait bien les choses, comme le veut l’adage.

Charlotte Maison, chanteuse et musicienne du groupe, reçoit une éducation musicale plutôt classique et fréquente le milieu du jazz. David Baboulis travaille de son côté sur des projets mêlant musique électronique expérimentale et psychédélique.

Une aventure qui prolonge bien au-delà de cette sphère musicale, puisque ces deux-là sont  unis sur scène, comme à la ville.

Elle s’occupe de la communication, du management, du chant et de l’écriture des textes. Lui, de tout ce qui est son, production et arrangements.

Si on doit reconnaître une qualité à Soldout, c'est la persévérance. Vivement critiqué à ses débuts, en 2004, il est parvenu à maintenir le cap et se réinventer sans cesse...

Après avoir publié cinq long playings et accordé une foule de concerts à travers le monde entier, le couple est resté fidèle à lui-même, contrecarrant les effets de mode en dématérialisant le son pour en concoctant un produit structuré, mais fragile. Quitte à déplaire aux détracteurs !

Son dernier opus, « Forever », creuse encore un peu plus le sillon d’une pop-électro langoureuse et glacée. Une conduite qui a forgé les beaux jours du band.

Tour à tour dansant, solaire ou métallique, le band va livrer un show dans l’air du temps, finement calibré pour les festivals d’été, en imprimant à ses compos, un rythme hypnotique et enivrant.

Un savant mélange de pop et d’électro, entre analogique, organique et synthétique. Un concert plein de contrastes, où se mêlent sensualité, énergie et agressivité…

Les nombreux fastfood invitent les spectateurs à s’y arrêter. Matmatah se prépare à droite. Tant pis, je fais l’impasse ! Des choix drastiques doivent s’opérer dans ce genre de manifestation !

Depuis qu’il est juré dans l’émission ‘The Voice Belgique’, Marc Pinilla a vu sa popularité –et a fortiori celle des cousins malgaches ‘Njava’– monter en flèche.

C’est probablement le moment attendu par toutes les jeunes filles présentes sur le site. Faut dire que le physique du leader du groupe, Suarez, est plutôt généreux. Il le sait et en joue énormément. D’ailleurs, son sourire enjôleur et ses clins d’œil répétés finissent par énerver la galerie...

Elles se sont toutes agglutinées aux premiers rangs, langue pendue aux chevilles. Comme un essaim d’abeilles autour d’un pot de miel ! Certaines ont fait le pied de grue pendant des heures. Les cris fusent de toute part. L’excitation est à son comble. Incroyable et à peine compréhensible ! On se croirait revenu à la bonne vieille époque de Bruel lorsque toutes les gonzesses écervelées scandaient dans une folie imparable ‘Patriiiicccckkkkkkk’.

Soulagé par autant de sollicitation (son ego est rassuré), le bellâtre ne tardera d’ailleurs pas à les inviter à monter sur l’estrade pour un titre endiablé. Le tout dans une bonne humeur communicative !

Sublimés par une présence scénique hors du commun, Marc et de ses acolytes ont tablé sur un set mélodique qui fait mouche, balayant au passage des titre phares des albums précédents tels que « Qu’est-ce que j’aime ça » ou encore « Souffle de Délire », sans oublier le petit dernier « Sans rancœur ni regret », beaucoup plus (trop ?) accessibles que ses petits frères.

Une constatation : l’insouciance et la fougue des débuts ont laissé place à une plus grande maturité. Un concert très carré qui a finalement laissé trop peu de place à l’improvisation. Mais quand même, un joli moment d’émotion entre souvenirs refoulés et moments de bonheur.

La véritable surprise du jour viendra de Big Flo et Oli ! La plaine est bondée à craquer.

Ceux deux là ont acquis une certaine célébrité bien malgré eux en devenant également jurés dans une célèbre émission de télé crochet sur la chaîne nationale.

Ils sont heureux de venir en Belgique, même si –suivant leurs déclarations– la formule est ‘un peu cliché’. C’est chez nous qu’ils ont commencé leur carrière, à Liège, devant seulement une petite trentaine de personnes. Comme quoi, le public belge a le don de flairer le potentiel.

Originaire de Toulouse, ce groupe de rap est mené tambour battant par Florian ‘Bigflo’ et Olivio ‘Oli’ Ordonez.

Le premier disque des frangins, « La Cour des grands », gravé en 2015, est certifié disque d'or moins de quatre mois après sa sortie, puis de platine en France. Le second format « La Vraie Vie », tombé dans les bacs depuis juin de cette année, devient disque d’Or après seulement trois semaines d’existence...

Bien que les goûts musicaux de votre serviteur soient à mille lieues de ce que propose le duo, il faut admettre qu’il va livrer le meilleur concert de la journée. A bien des égards !

D’abord, le rap qu’il prodigue est authentique, loin des clichés du genre, même si leur accoutrement, lui, suit la tendance…

Le concert débute par le titre éponyme du dernier bébé. Les artistes s’y livrent sans ménagement. Ils y racontent leur enfance, leurs expérience récentes et abordent le sujet de leur renommée nouvelle. Sans oublier de tackler gentiment au passage Orelsan. Les textes fédèrent, en tout cas…

La paire ne fragilise pas les faits sociétaux, mais les renforce par un positivisme élancé. Elle ne cherche ni à provoquer, ni à critiquer. La verve est plutôt à considérer comme une diction philosophique vue à travers le prisme du quotidien.

De la famille, il en sera beaucoup question. « Papa » rend un hommage vibrant au padré. L’amour fraternel n’est pas en reste ; et notamment tout au long d’« Olivio ». L’amitié reste une valeur sûre peur eux ! Celui qui a accompli ses premiers pas en leur compagnie est systématiquement invité pour y assurer le rôle de beat box. Un rôle aussi surprenant qu’époustouflant !

L’humour aussi alimente le show. Ainsi, lorsque le duo prétend que Jean Dujardin s’est déplacé jusqu’ici, le public y croit dur comme fer. Le temps s’arrête même durant quelques secondes, le souffle coupé, haletant… avant que les deux lascars n’avouent qu’il aurait bien voulu venir, mais n’a pas pu. Info ou intox ?

Quoiqu’il en soit, Big Flo et Oli ont livré un set d’une ferveur inimaginable ! Pourtant ce n’était pas gagné d’avance ! En effet, l’avion qui devait les conduire dans le plat pays a été annulé. Ils ont pu en prendre un autre… de justesse.

Une sacrée jolie surprise !

Direction bâbord maintenant. Archive s’y produit. 

Fondé par Darius Keeler et Danny Griffiths, en 1994, le groupe vient y présenter « The False Foundation », un elpee qui exige davantage de maturité en terme d’écoute que les précédents.

Comment va donc réagir les festivaliers qui se pressent par milliers ? S’agit-t-il de connaisseurs avertis ? Ou de simples mélomanes lambda ? Ronquières est un festival à la programmation particulièrement éclectique ; dès lors, pas certain que le grand public s’y retrouve. Faut dire que l’expression sonore touche à la fois au trip hop, à l’électro, au prog, au rock et à l'ambient.

Les premières notes de « Blue Faces » résonnent et s’étendent sur des centaines de mètres à la ronde. C’est très ‘floydien’. En tout cas dans l’esprit ! L’atmosphère est vaporeuse. Les envolées des lignes mélodiques sont soulignées par les gammes synthétiques de Keeler et Griffiths

Même les puristes s’y perdent un peu. Non pas que l’ADN du groupe ait disparu (longs crescendos rythmiques enténébrés et complaintes entêtantes), mais la musique est particulièrement expérimentale, difficilement abordable et… peu digeste.

Pourtant, malgré un light show plutôt sobre, ce set a emporté les suffrages des aficionados, en les plongeant au sein d’un univers féerique et planant, les transportant même au cœur d’une absolue rêverie d’imageries abyssales. Les autres se sont littéralement emmerdés !

Si la part belle a été réservée aux nouvelles compos, le band nous a également réservé des morceaux plus anciens, comme « Fuck U » (NDR : il est paru en 2004, sur l’album « Noise »), titre éloquent qui résume à lui seul la carrière du groupe…

On regrettera cependant, et amèrement, l’absence de compos comme « Again » et « Ligths », dans la setlist. Deux titres prennent véritablement une autre dimension, en ‘live’ !

Dernier concert pour ce soir : Air. Considérée comme une grosse pointure dans le milieu, la formation ne recueille pourtant pas guère d’intérêt auprès des festivaliers, ce soir. Encore une fois, l’éclectisme est un pari risqué !

Le parterre est clairsemé. L’essentiel de la foule s’est déjà agglutinée aux premiers rangs de l’autre podium pour y assister à la prestation de Kid Noize. Faut dire que le gars au faciès de singe en jette lorsqu’il est aux commandes de ses machines !

Bref, vêtus d’un costume blanc étoilé, les deux Français ne semblent pas franchement des plus motivés. Plus léthargiques qu’énergiques donc !

C’est dommage parce Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin sont plutôt du genre à bouder les ‘live’. Votre serviteur, lui, n’en rate pas une miette !

Associé au mouvement musical électronique, Air tisse des mélodies cosmiques au sein desquelles de nombreux riffs de guitare soutiennent des sons électroniques et des voix vocodées. C’est sa singularité !

Le band est venu y présenter un florilège de tubes, car son actualité discographique récente, se limite à une compilation balayant vingt années de carrière, sous la forme d’un « Twentyears ».

À la frontière de l'électronique, de la pop et du rock psychédélique, on aura donc droit à un concert sous forme de ‘best of’ au cours duquel le maigre public encore présent (ré)entendra des compos aux jolies belles mélodies comme « Cherry Blossom Girl », « Sexy Boy », « How Does You Make Me Feel » ou encore « Playground Love ».

Il est plus de minuit lorsque cette bande originale douce et vaporeuse s’achève. Mieux vaut laisser le peu d’énergie qu’il me reste pour le lendemain…

(Organisation : Ronquières Festival)

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Les Nuits Secrètes 2017 : dimanche 30 juillet

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Un dimanche pas comme les autres est prévu pour votre serviteur, en cette fin de juillet ! Si le repos dominical s’impose pour la plupart des individus, le farniente n’est pas au rendez-vous en ce qui le concerne…
Direction les Nuits Secrètes ! La météo avait annoncé un week-end pluvieux. Jusqu’à présent, les prévisions se sont avérées inexactes. Tant mieux ! Gageons qu’il en sera de même pour cette dernière ligne droite. Le temps est tellement capricieux !
Pointons les efforts effectués par les organisateurs en matière de communication et d’accueil. Tout est correctement fléché. La presse bénéficie d’un confort plutôt sympa et les bénévoles gardent le sourire malgré la fatigue accumulée au cours de ces derniers jours.
Le menu du jour est nettement moins intéressant que la veille. Beaucoup de hip hop et de reggae. Pas vraiment ma tasse de thé !
Toutefois, quatre artistes ou formations focalisent mon attention : Edgär, Cigarettes After Sex, Mat Bastard et François & The Atlas Mountains. Malheureusement, cette dernière formation est programmée dès 20 h 45, sur le podium de l’Eden. Soit en même temps que le set de l’ex-leader de Skype The Use. Pas de bol !

Cocorico, l’interview du sieur Bastard est confirmée. Un vieux fantasme enfin réalisé !
Il est donc 16 heures lorsque votre serviteur foule la plaine d’Aulnoy-Aymeries. Il y règne un calme olympien, mais les vestiges de la veille rappellent combien la nuit à été longue et festive…
Les équipes et la municipalité sont à pied d’œuvre afin que tout soit en ordre quand la horde de festivaliers va débarquer, dans peu de temps.
L’attachée de presse m’attend de pied ferme. On ne badine pas avec les horaires ! L’entretien se déroulera de manière constructive et sympathique.
Le temps d’utiliser ma ‘cash-cache’ (NDR : ou plus prosaïquement, le moyen de paiement électronique), afin de se procurer quelque rafraîchissement, en cours de journée, et la première prestation de la journée débute à l’Eden.

Deux jeunes types prépubères grimpent sur l’estrade. A tout casser, ils doivent totaliser la cinquantaine à eux deux. Il s’agit d’Edgar. Un corps à deux têtes !

Créé en 2015 par l’ex-Elegant Fall Ronan Mézières et l’ex-Sweet Haze Antoine Brun, le duo est plutôt habile à se servir des cordes électriques et des claviers. Et son expression sonore résulte d’une fusion entre complicité et création

Toujours difficile d’étiqueter les artistes ! Si la musique baigne dans une sorte d’électro-pop/dream pop, les références semblent puisées à la fois chez Simon & Garfunkel, Phoenix, Justice et The Last Shadow Puppets.

Sobres, les lignes mélodiques sont sublimées par des arrangements de voix complexes.

Les thématiques sont introspectives et traitent, notamment, de l’amour, du métier d’artiste (« The Painter ») ou encore de l’oisiveté (« Television »).

Le tout dans la langue de Shakespeare. Normal, puisqu’ils ont été biberonnés par la culture anglo-saxonne. Celle des sixties, mais également contemporaine…

Le temps d’une balance, Cigarettes After Sex emboîte le pas ! Le songwriter débarque sur l’estrade. Il a emporté bouteille de vin, qu’il tient de la main gauche et lampe à grosses gorgées. Il fait chaud, mais quand même !

Le line up implique également le claviériste Philip Tubbs, le bassiste Randy Miller et le batteur Jacob Tomsky. CAS nous plonge au cœur des souvenirs et histoires d’amours rapportées par le chanteur texan à la barbe finement taillée, Greg Gonzalez.

Parce que l’amour charnel est au centre des (d)ébats. L’amour vécu, déçu surtout. Comme « K » qui relate une aventure vécue en compagnie d’une jeune et jolie demoiselle. Un rituel que Greg semble toucher du doigt, à chaque relation.

Presque 10 ans ont été nécessaires pour réaliser le premier opus, alors que le concept existe depuis 2008. D’abord concoctée en solo, la musique est devenue de plus en plus ténébreuse et dépouillée. Elle était brute de décoffrage. Elle s’est transformée en produit fini très épuré.

La ‘success story’ sera aussi soudaine qu’inattendue. Le clip de « Nothing’s Gonna Hurt You Baby » a été regardé plus de 53 millions de fois sur YouTube ; et sorti en 2016, « Affection », comptabilise un peu plus de 27 millions de vues… C’est le début du couronnement international et des concerts sold out, avant même d’avoir publié un seul album. Rares sont les groupes dans l’histoire du rock à avoir connu une ascension aussi fulgurante.

La prestation du band ne fait pourtant pas l’unanimité ! Les compos sont lentes, vaporeuses et monocordes. Une certaine uniformité susceptible de délasser ou de rebuter. Les premiers restent prostrés presque religieusement. Les autres ont regagné les stands en attendant un sursaut de vigueur qui ne viendra de toute façon pas. Dommage, car cette musique ne s’écoute pas seulement ; elle se dévore au fur et à mesure qu’elle se dévoile.

Entre spleen sensuel et dream pop, la pop intimiste, douce, voluptueuse, sombre et enjôleuse n’est pas sans rappeler Mazzy Star et son ensorcelante Hope Sandoval.

Les textes sucrés, les riffs de guitares gravitationnels et les fûts effleurés, renvoient le mélomane au cœur d’un romantisme sombre, tel une bande originale d’un film mélancolique tourné au cœur d’un hiver froid et intense.

Une bonne heure d’un ‘live’ sans réelle surprise sur fond de rythmiques indolentes et insouciantes. Mais au fond, la surprise n’est-elle pas de ne pas en avoir ?

Une cigarette oui, mais sans filtre alors !

Mat Bastard clôture cette édition en ce qui concerne votre serviteur. Autant rester sur une note positive !

Certains festivaliers, dans la fosse, semblent ne pas connaître celui qui va faire son show dans quelques instants.

Pourtant, lorsqu’on leur explique qu’il s’agit du leader de Skyp The Use, les regards changent, et deviennent complètement médusés.

Normal, cette formation a atteint des sommets jamais approchés par une formation rock régionale et encore plus rarement sur la scène hexagonale.

Formé en 2008, le combo a publié deux elpees studio: « Skip The Use » en 2009 et « Can Be Late » en 2012.

Dans le cadre des ‘Victoires de la musique’, ce second disque avait permis aux quintet de remporter celle décernée à l’album rock, pour l’année 2013. Le divorce semble cependant définitivement prononcé aujourd’hui.

Pourtant, selon l’adage, il ne faut jamais dire jamais. Qui vivra, verra donc !

Un band est souvent une histoire de couple dans lequel il existe des dissensions, des séparations, mais parfois des réconciliations. Il y est souvent question de concession, parce qu’il y règne une certaine démocratie. Il est difficile d’y imposer ses idées. Un projet solo permet de réaliser un travail nettement plus incisif et introspectif. C’était une volonté qui germait depuis quelque temps déjà dans la tête de Mat. Ses anciens comparses, Jay, Lio et Manamax, ont formé un nouveau groupe baptisé The NoFace.

Il monte sur les planches accompagné de ses vieux potes : Mike, en compagnie duquel il avait fondé son premier groupe punk, Carving, quand ils avaient 13 printemps, ainsi qu’Oliv, membre du combo électro belge The Subs. Et le jeune homme qui se charge de la rythmique doit avoir à peine vingt ans.

L’explosivité de ce ‘frontman’ hors pair n’est pas une légende. Dès les premiers riffs de gratte, Mathieu-Emmanuel Monnaert transgresse les lois de la gravité. Une seule certitude, le ‘live’ sera explosif !

Le son est bien rock. Malsain même. Et l’attitude, plutôt punk. Les riffs sont entraînants. Irrésistibles aussi. Très vite, on ressent l’envie de sautiller, de se déhancher et de pogoter. D’ailleurs, à quelques mètres, un noyau réunissant une centaine de personnes s’agite. Ils s’évertuent à se cogner corps contre corps, telle une offrande servie au grand sioux qui leur avait demandé.

Il ne faudra pas cinq minutes pour que le public succombe dans une frénésie schizophrène. Et out particulièrement, lorsque l’illuminé lui demande de réaliser le ‘Wall of death’, entendez par là, le mur de la mort. A son signal, la fosse se sépare en deux parties ; et, lorsqu’il le désire, les deux blocs se foncent dessus et se rencontrent violemment. Le tout dans un esprit bon enfant, bien évidemment.

Plus qu’un showman, le saltimbanque de la chanson marque un engagement assumé à travers ses compositions très incisives. « Loov », titre de son opus fraîchement tombé dans les bacs, lui permet de revenir aux fondamentaux du punk, c'est-à-dire en proposant des textes dont les messages se concentrent sur l’humain et la société contemporaine. Même s’il doit s’attirer les foudres de la guerre. Quelque part, il endosse une démarche militante…

Pourtant quand on écoute le single « More Than Friends », on a l’impression que la formule n’est pas si éloignée de l’univers imaginé par STU. Une manière douce d’aborder le changement ?

Vers la fin du concert, il n’hésite pas à égratigner les confrères de La Voix du Nord en reprenant et en réinterprétant d’une manière déjantée « J't'emmène au vent » de Louise attaque. Du grand spectacle !

Décidément, les Nuits Secrètes devraient durer toute l’éternité…

(Organisation : Les Nuits Secrètes)

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Les Nuits Secrètes 2017 : samedi 29 juillet

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Le rendez-vous incontournable du dernier week-end de juillet reste Les Nuits Secrètes. Se déroulant à Aulnoy-Aymeries, petite ville du nord de la France, sise à 18 km de Maubeuge, elles permettent de découvrir, dans un esprit festif mais fort familial, un peu plus de 70 concerts, répartis sur trois jours.
Nouveauté lors de cette édition, la présence d’une nouvelle piste. Baptisée ‘Eden’, elle est située à seulement quelques dizaines de mètres de la main stage. Prévue initialement pour accueillir le pôle régional des musiques actuelles, l’infrastructure métallique se prête admirablement bien à ce genre d’évènement.
Si la proximité géographique des deux podiums permet aux festivaliers de passer d’un endroit à l’autre en quelques foulées, elle présente néanmoins l’inconvénient de parasiter l’espace sonore tant les basses sont envahissantes.
Les parcours secrets –le fleuron des Nuits– sont, bien sûr, toujours intégrés au programme. Le principe ? Tu grimpes dans un bus, vitres calfeutrées, pour une destination et un concert dont tu ignores tout.
La richesse de l’affiche implique des choix difficiles !

Cap vers la grande scène, pour le set de Blow.

En 2013, Quentin Guglielmi (auteur, compositeur et chanteur) ainsi que Thomas Clairice (bassiste) militent d’abord sous le patronyme de 7IK et voguent sur l’expérimentation sonore. Jean-Etienne Maillard les rejoint un an plus tard, en osant le pari de transmuer un style sombre vers un plus léger et subtil. Blow vient de naître.

Sur les planches, ils sont soutenus par le batteur Pierre-Elie Abergel. Et les quatre amis d’enfance sont venus défendre les couleurs d’un premier Ep intitulé « Fall In Deep », un disque dont l’expression sonore aérienne et décomplexée oscille entre pop, électro, deep house ainsi que rock léger et transgressif.

Les mélodies planantes et accrocheuses sont simples, mais efficaces. Pas de fioritures. Plutôt un travail ciselé et une certaine constance dans la structure.

La ligne mélodique dessine des méandres imaginaires, un peu comme dans un rêve.

Le bassiste affiche une énergie folle. Les yeux révulsés et bouche grande ouverte, il laisse échapper une écume blanchâtre de ses lèvres. Endiablé ?

Place ensuite à Rocky programmé à l’Eden. N’y voyez aucun lien avec Sylvester Stallone, qui jouait le rôle d’un castard sur les rings de boxe. Mais une simple référence à la culture pop des années 80. Tout simplement.

Derrière ce patronyme étrange, se cachent Inès Kokou (chant) et trois Lillois, Tom Devos (percussions et claviers), Olivier Bruggeman (claviers et basse) et Laurent Paingault (guitare, basse et claviers).

Dès 2013, le quatuor a marqué de son empreinte la scène musicale en publiant un premier Ep baptisé « Chase the cool », un disque produit par Guillaume Brière (The Shoes). Le contenu ? Une pop sophistiquée taillée sur mesure pour le dancefloor.

Le combo est de retour six ans plus tard, dans ce bled, pour le bonheur des aficionados. Parce que c’est justement sur les planches que le quatuor s’exprime le mieux. A commencer par sa féline charismatique dont l’apparat ne laisse planer aucune doute, en ce qui concerne ses penchants ‘fashion victim’. Dreads perlées, combinaison de cuir et haut de corps échancré, elle s’avance sur l’estrade avec beaucoup d’aplomb. De sa voix frémissante, elle avoue tout de go qu’elle ne connaît rien de la set list. Elle accorde une totale confiance à ses musicos, un peu déboussolés, quand même, par autant de nonchalance.

Ils sont venus défendre les couleurs de « Soft Machines », hommage appuyé à la formation anglaise qui a marqué la fin des 60’s et révélé Robert Wyatt, Kevin Ayers ainsi que Daevid Allen.

Le ‘live’ de ce soir s’avère à la fois coloré et ambitieux sur fond de musique pop jouissive. Un moment doux partagé entre émotion et hédonisme.

Dansantes, langoureuses et envoûtantes, les mélodies sont teintées d’une électro pop où se mêlent de nombreuses influences qui oscillent du r&b au hip-hop, en passant par le rock.

Une musique singulière qui traverse le temps.

Retour sur la grande scène pour Her. ‘Elle’, en anglais, est le patronyme choisi par ses deux membres fondateurs, Simon Carpentier et Victor Solf. Ils sont venus défendre la cause des femmes et du féminisme. Mais encore ? Féminines refoulées, féministes ou fétichistes ?

Simon apparaît sobrement vêtu d’un pantalon noir, d’une chemise blanche cintrée et d’une veste rouge. Ce qui lui confère un look soul.

Il transpire une belle sensualité dans l’écriture des compos. Elle touche au désir, sinon au plaisir charnel. Au fond, Her explore la féminité à travers ses titres phares, adoptant ainsi presque une démarche militante.

La musicalité est à la fois très accessible et sophistiquée dans les sonorités. Pas de loops électroniques, pas de sons superflus. Mais, un gage de qualité et une précision syncopée rarement atteinte.

Tout naturellement, les chansons parlent de la femme, de l’amour, et des relations humaines. Le tube séculaire « Quite Like » évoque le fantasme, le songe, à travers une chanson très érotique, sexuelle même. Dans la mise en image, on y voit d’ailleurs une exploitation licencieuse de la féminité.

Ou encore le très populaire « Five Minutes » qui traite de la rencontre, du coup de foudre et du manque au sein d’une relation amoureuse. Une chanson chargée d’un pouvoir émotionnel. La marque à la pomme s’en est servie dans l'une de ses publicités et l’a propulsée dans les charts. Ce qui a également permis au combo de dépasser sa sphère bretonne originelle…

Mais aussi et surtout parce Victor, gorge nouée, a choisi ce moment pour annoncer que son comparse de toujours, Simon, a dû prendre un congé forcé, car il combat en ce moment un cancer. Une vibrante et poignante reconnaissance à la hauteur de ce grand Monsieur !

Avant de quitter l’estrade, le Sieur Solf rappelle à qui veut bien l’entendre qu’il est marié depuis deux ans à la plus extraordinaire des femmes. Histoire de faire passer un message aux plus perplexes d’entre nous, sans doute !

A 20 heures pétantes, votre serviteur monte dans le bus au milieu d’une bonne soixantaine de badauds, avides de curiosité. En route donc pour une destination mystérieuse ! Le véhicule est bourré à craquer ! Il y règne une chaleur suffocante. Ca suinte des aisselles. On entend d’ailleurs des récriminations adressées au chauffeur afin qu’il ouvre les fenêtres du toit, mais celui-ci ne s’exécute pas. « Les Sardines » de Sébastien prend ici un sens tout particulier !

Une petite demi heure plus tard, le véhicule stoppe net devant… une église ! Plutôt iconoclaste comme endroit !

C’est alors que des musiciens chevelus, moustachus comme feu Frank Zappa, vêtus de chemises venues d’un autre temps et de pantalons à pattes d’eph’, débarquent. Malgré la cascade de poils, ils ont des visages de poupon. Ils s’installent sur l’Autel. Seraient-ce les descendants des Beatles ? Pas du tout, mais les membres de Parcels (NDR : un patronyme qui s’inspire du nom d’un café/pâtisserie au sein duquel les musicos ont effectué leurs premiers pas), une formation australienne. Elle a fait récemment la une des médias en dévoilant « Overnight », un tout nouveau morceau réalisé sous la houlette du duo français Daft Punk.

Centenaire à eux cinq, Noah Hill (basse), Patrick Hetherington (clavier), Louie Swain (clavier), Anatole ‘Toto’ Serret (batterie) et Jules Crommelin (guitare), se sont rencontrés au lycée de Byron Bay, la ville sise la plus à l’Est du continent australien.

Entourés de parents encourageant l’expression artistique, ils sont parvenus à unir leur différente culture musicale pour former un savant mélange de pop, funk, et electronica.

Etablis à Berlin, ils sont vite repérés par label parisien Kitsuné (NDR : celui qui a découvert Two Door Cinema Club, Klaxons ou encore Hot Chip).

Le set ne manque pas de piment ! C’est sans doute la première fois qu’ils se produisent dans une église, s’amusent-ils à répéter. Sourires béats, ils prennent manifestement leur pied. Le bonheur est communicatif, le public est complètement subjugué.

Les gaillards possèdent une maîtrise absolue de leur art ! On frôle la perfection harmonique ! C’est d’une justesse et d’une finesse sans équivoque ! Le groove est finement mené. On peut aisément parler de génie mélodique !

Transporté par des cordes enjouées, les chansons se distinguent par leur simplicité et leur efficacité.

Moment insolite, lorsque Patrick brandit le triangle et percute énergiquement les arrêtes de cet instrument que d’autres ont depuis longtemps mis au placard.

Après plus d’une heure d’un ‘live’ surprenant, les superlatifs ne manquent pas ! Tout simplement impressionnant... à faire pâlir les plus grands !

Parcels m’a réconcilié avec Dieu !

Comment Julien Doré parviendra t-il à embrayer ? Pour le savoir, ‘go to the main stage’. Ce sera le dernier concert de la soirée. Les Dj’s emboîteront le pas ensuite jusqu’aux petites heures de la nuit. Pas la tasse de thé de votre serviteur !

Il est 22 heures, la plaine est bondée. La tranche d’âge est relativement large. De la petite fille aux couettes rousses jusqu’au vieillard édenté et titubant.

Doré s’est révélé en se présentant au casting de l'émission ‘Nouvelle Star’, en France, il y a dix ans déjà, pour y interpréter « Excellent », une compo signée Sharko... Cette reprise a ainsi permis à David Bartholomé et ses acolytes de rencontrer un nouveau public et à ce titre de connaître un succès culte propagé par de nombreux joueurs de ukulélé sur internet. « I Need Someone » subira le même sort.

Le mec est ultra populaire. Il affiche un fameux charisme. Ses mélodies sont belles. Et son grain de voix et reconnaissable entre mille.

Ses coups de gueule ne passent pas inaperçus non plus. Végétarien et fervent défenseur de la cause animale, il a posé tout récemment un geste couillu par une réinterprétation, dans les arènes de Nîmes (la mythique Corrida), de l’hymne anti-tauromachie de Francis Cabrel. Ce qui a inévitablement divisé le public. Démarche citoyenne, militante ou politique ? Le mec en a dans le falzar, en tout cas !

Sur les planches, en toile de fond, on aperçoit une esperluette géante. Comme un trou de serrure qui nous invite à regarder les événements sous un autre angle ou encore la symbolique de la notion de lien, de trait d’union qui unit les hommes dans un monde où la séparation est plutôt la constante...

Son tour de chant commence par « Le Lac », single issu de son dernier opus. Ce morceau sonne comme un retour aux sources, suscite la réflexion et glorifie l'amour, le féminin et la nature. Réaliser un travail d’écriture solitaire et introspectif et livrer ses pensées intimes à un grand nombre de personnes, reste très ambivalent comme démarche… A chacun ses choix après tout !

Le light show est très précis. Les gars à la technique accomplissent un travail remarquable.

Le contraste entre la douceur des vocalises et le caractère dansant des chansons est assez frappant. L’alchimie fonctionne pourtant à merveille.

Responsable d’un ‘live’ puissant, énergique et sincère, mais en y ajoutant cette pointe d’introspection, Juju ne cherche pas à jouer un rôle. Lorsqu’on force le déroulement des événements, on les abîme… L’artiste serait davantage dans un abandon et une incarnation, mais pas dans un jeu…

Des moments plus doux viendront ponctuer le show par un piano/voix, comme sur « Sublime et Silence ».

La suite du set va aligner une déferlante de tubes « Porto Vecchio », « Coco Câline », « Kiss Me Forever », etc. Sans oublier « Paris Seychelles », chanté sur sa grosse bécane.

Avant de quitter l’estrade, il rappelle qu’être en bonne santé n’a pas de prix. Il se tourne vers l’espace réservé aux PMR comme une main tendue à une certaine Agathe.

Avant de regagner mes pénates, je m’arrête pour boire un coup. Décidément les bières françaises n’ont aucun goût. Vivement le retour en Belgique !

(Organisation : Les Nuits Secrètes)

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Suikerrock 2017 : vendredi 28 juillet

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Le Suikerrock est un festival familial qui donne envie de vivre au Nord du pays. Dans un cadre agréable (sa grand-place, son beffroi) et facile d’accès, il propose une affiche variée et internationale. Nos nouveaux dirigeants wallons feraient bien de s’en inspirer pour redynamiser notre région…

Equal Idiots est un patronyme qui ne vous dit probablement rien. Pourtant, ce jeune groupe anversois jouit d’une belle popularité en Flandre. Faut dire que ses morceaux sont régulièrement diffusés sur Studio Brussel et qu’il figure très souvent dans la programmation des festivals flamands. Il s’agit d’un duo réunissant un chanteur/gratteur (NDR : un rouquin) et un batteur. Il pratique un rock teinté de folk et de garage, à mi-chemin entre celui de Allah-Las et de King Kahn & BBQ show. En fin de set, la paire tente une cover du célèbre « Ca plane pour moi » de Plastic Bertrand, mais la version aux paroles revisitées, s’avère (volontairement ?) brouillonne…

Quelques fans de Rival Sons se glissent aux premiers rangs. Faut dire que la formation californienne va bientôt embrayer. Elle est particulièrement appréciée par Ozzy Osbourne qui l’a d’ailleurs invitée à partager la tournée de Black Sabbath. Et après avoir participé à celle de Deep Purple, on peut affirmer que le combo jouit d’un fameux crédit auprès des vieilles gloires… Avant de monter sur l’estrade, les haut-parleurs diffusent la bande sonore de ‘Le bon, la brute et le truand’ d’Ennio Morricone. Le claviériste a adopté un look à la ZZ Top. Les quatre autres membres portent des cheveux longs et des barbes de hipsters. On s’en doute, le rock proposé sera plutôt classique, à la limite de la prog. Mais aussi plutôt stéréotypé, et ne réservant guère de surprise. Une exception qui confirme la règle : « Electric man », même si ce titre s’inspire largement du Led Zeppelin…

Nonobstant leur nom, The Black Box Revelation est bien belge et pas yankee. Jan Paternoster, le leader/chanteur/guitariste possède un timbre de voix très caractéristique. Ce qui lui a valu d’être invité sur les planches, par Seasick Steve, lors de son récent concert accordé à Werchter. Mais la prestation de TBBR va se révéler bien trop terne. Même une perle comme « I think I like you », compo qui date de ses débuts, ne parviendra pas davantage à accrocher. Et pour cause, elle a été sacrifiée sur l’autel d’arrangements bien dans l’air du temps. Le public se disperse d’ailleurs pour rejoindre les nombreux bars, en attendant la tête d’affiche de la soirée. 

Il a beau avoir soufflé ses 70 bougies, il y a quelques mois, Iggy Pop n’en reste pas moins hyperactif. Que ce soit sur disque (NDR : il a publié l’album « Post pop depression », en 2016), lors de festivals (NDR : il s’était d’ailleurs encore produit dans le cadre des Ardentes, il y a deux ans, et à Werchter, l’an dernier), l’Iguane est sur tous les fronts. Et suivant un même rituel, le show s’ouvre en force par un « I wanna be your dog » qui a du chien. Issu du répertoire des Stooges, « Gimme danger » calme quelque peu le jeu. Mais les riffs bien électriques repartent de plus belle dynamisant notamment « The Passenger », « Lust for life », « Skull ring » ou encore « I’m sick of you ». Pendant « Gardenia », on regrette de ne plus voir Josh Homme à ses côtés. Mais il faut bien reconnaître que son ‘post-pop depression tour’ tire en longueur, l’alternance entre dates en France et les States, accentuant la situation. Ce qui n’empêche pas James de faire son show. Mais s’il semble infatigable, ses déplacements sur le podium se révèlent parfois plus lents et laborieux, même s’il les compense par de grands gestes exécutés à l’aide de ses bras. « Loose » clôt le set. Cependant, le public ne veut manifestement pas le perdre. Ses musiciens ont déjà vidé les lieux depuis plusieurs minutes, alors qu’Iggy continue de remercier et de saluer son public. Un moment qu’il faut absolument vivre, car vu son âge, il pourrait bien décider, un jour, d’abandonner la scène. Avant qu’il ne quitte ce monde. La série noire qui a balayé de nombreuses gloires du rock, au cours de ces dernières années, nous le rappelle douloureusement. Et vu leur âge avancé, elle continue de planer. Elle a d’ailleurs emporté son ami David Bowie, dont le spectre semblait parfois planer, au cours de ce concert…

(Organisation Suikerrock)

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Les gens D’Ere 2017 : vendredi 28 juillet

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Il y avait un longtemps (?!?!?) que votre serviteur n’avait plus goûté à l’ambiance d’un concert de Puggy (NDR : c’était à Courtrai, salle de Kreun, en mars dernier). Et justement il se produit à Ere, une entité de la ville Tournai, dans le cadre d’un festival champêtre. Perdu au milieu des campagnes, un immense chapiteau attend les festivaliers. C’est la grosse fête au village. Mais il ne reste plus qu’une centaine de sésames, à l’entrée. On annonce 3 500 spectateurs. Faut dire que Saule et Puggy rameutent du peuple. L’ambiance est bon enfant et réunit toutes les générations. L’ouverture du site est fixée à 18 heures, et le début des hostilités, prévu pour 19 heures.

La soirée débute sur la Scène ‘Terrasse’ par le duo féminin sucré/salé Faon Faon. Un patronyme plus que révélateur. Le duo réunissant Fanny Van Hammée et Olympia Boule a pas mal de choses à dire dans la langue de Voltaire. Les deux biches sont toujours aussi radieuses. Au fil du temps, elles se sont forgé une sérieuse réputation scénique, à travers une setlist qui fait mouche lors de chaque concert. Objectif : inciter la foule à remuer le popotin tout en entretenant une certaine bonne humeur participative et communicative. Un gros nuage noir plane au-dessus du site. « Faon sous la douche » serait-elle une chanson prémonitoire ? Caractérisée par la conjugaison des deux voix, son refrain caresse délicatement les tympans. Les cordes et les claviers se chamaillent pendant « Utopie ». De quoi bousculer les codes établis par le tandem. « Eskimo » fait paradoxalement monter la pression. Dans le Grand Nord, un eskimo est perdu sur son îlot de glace. Il mange des grumeaux d'igloo. ‘C'est pas vraiment rigolo, car on a froid aux dents et mal au ventre’. « Cat’s Eyes » change de continent. Cap vers l’Asie. Et le Japon tout particulièrement. Pour y retrouver ses mangas. « Mariel » a perdu son centre de « Gravité », alors elle grimpe la « Montagne » par paliers successifs. Et le show de s’achever par « Mariage ». Elles n’aiment pas la couleur blanche. Elles le proclament. Et puis nous parlent de bistouquette et d'amour sans condition, entre autres…

L’homme bio est donc atterri dans la nature. Pour y planter un Saule. Baptiste Lalieux est venu défendre son dernier opus, « L’Eclaircie », paru début de cette année. Il est soutenu par quatre musicos. En début de parcours, le son est brouillon. Mieux vaut prendre du recul et s’installer près de la table de mixage. Le problème est cependant rapidement résolu. Extrait de son nouvel elpee, le plus pop/rock « Je reviens » ouvre le set. Et embraie par l’optimiste « Mieux nous aimer encore ». Suivant sa bonne habitude, Baptiste communique instantanément sa bonne humeur à l’auditoire. Son humour est même parfois dévastateur. Dès « Un type Normal », l’ambiance monte d’un cran. « Madame Pipi », cette brave dame, est appréhendée sous un angle nouveau. Le « Dusty Man » sans Charlie passe quand même bien la rampe. Le Géant vert n’en oublie pas, bien sûr, « Comme », un single fédérateur et particulièrement radiophonique. La reprise du célèbre « Smells like teen spirit » de Nirvana rebooste l’ambiance. Et « Chanteur Bio » clôt le concert, avant un rappel constitué de deux titres. Manifestement, entre la foule et Baptiste la relation est presque fusionnelle…

Delta se produit sur la Scène ‘Terrasse’ ; mais votre serviteur préfère se réserver une bonne place, sous le chapiteau, pour assister au spectacle de son groupe favori. Il y a déjà bien du monde sous la tente. Plus qu’une heure à attendre la prestation de Puggy.

Après une intro classique préenregistrée, « Fight Like You’Re Fighting » ouvre le set. La frappe de Ziggy, sur ses fûts, est invariablement métronomique. Armé de sa belle Gibson brune, Matthew en profite pour ciseler ses riffs. Romain, qui se sert d’une vieille basse Fender jazz 1965, se met à sautiller. Déjà le light show se met à clignoter. « Feel So Love » baigne au sein d’un climat oriental ; même si le claviériste accentue le profil électro de ce morceau. « Soul » est sculpté dans le funk. Les accords spasmodiques dispensés par Matt semblent empruntés à Nile Rodgers. Manifestement, hormis les incontournables classiques du band (« How I Needed You », « Teasers », « Something You Might Like » et « When You Know », qui clôt le show), Irons délaisse de plus en plus sa gratte semi-acoustique pour la plus électrique. C’est l’anniversaire du fidèle ingé-son (retours de scène). Matt l’invite sur les planches. Il est accompagné de son collègue Benoît. La foule lui a apporté un petit cadeau. Surprise ! C’est une bière… Puggy et le public entament alors à l’unisson l’inévitable hymne ‘Happy Bithday’. Un rappel, bien sûr, qui va s’achever en « Territory » conquis. Matt improvise une petite chanson en invitant l’auditoire à participer à « You Call Me Up ». Il partage la fosse en trois parties, pour participer à l’exercice de polyphonie vocale. Dommage que la set list n’ait pas inclus quelques extraits de la B.O. du film « Big Food Baby », dont Puggy a écrit la musique…

Un festival bien organisé, un accueil chaleureux et à taille humaine. Saule et Matthew Irons n’ont pas oublié de remercier le public et l’organisation. A l’année prochaine pour de nouvelles aventures. Pour gouverne, votre serviteur était présent… incognito… mais pour Musiczine, il faut le souligner…

Pour les photos, c'est

Puggy + Saule + Faon Faon

(Organisation : Les Gens D’Ere)

 

Amphi Festival 2017 : dimanche 23 juillet

En route –déjà– pour le deuxième et dernier jour de l'Amphi. Pour rappel, ce festival est le rendez-vous annuel de la communauté 'dark' allemande. Planifié très professionnellement, il réunit plus de 12 000 passionnés de musiques 'sombres', posant un accent particulier sur les artistes du répertoire de l'organisateur allemand, le label/booker Protain.

Après avoir participé à la croisière ‘Call the ship to port’ du vendredi (voir notre compte-rendu ici ) et vécu un samedi assez épique et plutôt chaud (voir ), nous entamons le dernier chapitre sous un ciel un peu tristounet qui distille quelques gouttes de pluie.

Premier concert au programme de notre journée : Near Earth Orbit (NEO), dès 14 heures, sur la ‘theater stage’. Fondé en 2015, ce projet est emmené par Ashley Dayour et Artaud Seth. Dès le début du show, on est projeté dans le futur (en 2034), au sein d’un univers ‘dystopien’. Trois écrans projettent des images de science-fiction alors que les musicos sont enveloppés dans des sweaters à cagoules noirs : super dark ! En ouverture, « Trans-Neptunian Objects » impressionne déjà. En raison de son beat puissant et robotique, mais également de l'atmosphère particulière qui règne tout au long du morceau. Musicalement, on pense à un KLF trempé dans un bain de 'gothic rock' façon Sisters of Mercy. On y retrouve ce même côté grandiloquent, à la limite de l'hyperbole. Les thèmes évoqués dans les paroles et les vidéos surfent sur la vague des théories de la conspiration, un fatras mêlant OVNI, voyages spatiaux et mondes apocalyptiques. Après quelques titres, le spectacle commence malheureusement à lasser ; d'autant plus que le son est bien trop criard et le recours aux stroboscopes, systématique. C'est néanmoins une intéressante découverte, à approfondir !

Sans tarder, cap sur la main stage, où Das Ich a déjà entamé sa prestation. Quel plaisir de revoir le projet de Stefan Ackermann (chant, paroles) et Bruno Kramm (musique, instruments, backing vocals). Au cours des années '90, ce duo allemand avait jeté les bases d'un style électro-goth baroque, à nul autre comparable.

Après avoir combattu un cancer, Stefan Ackermann est de retour et il est en pleine forme. Il a juste pris un petit peu de bide ; ce qui ne l'empêche pas de gesticuler et de grimacer comme un diable sorti de sa boîte. Bruno Kramm est grimé en clown et complète ainsi le spectacle, très burlesque, de Das Ich. La setlist réunit, en général, des hits qui ont forgé la notoriété du duo : « Die Propheten », « Kain und Abel » ainsi que l'incontournable « Gottes Tod », l'hymne gothique par excellence. Plus étonnant, Ackermann réclame, de manière impromptue, la setlist, ne sachant plus par quel morceau embrayer. Néanmoins, on peut affirmer que ces retrouvailles, passées en compagnie de ces leaders incontournables du mouvement gothique, se sont révélées particulièrement agréables… 

Pendant ce temps, dans la ‘theater stage’, c'est The Other qui a pris ses quartiers. Cette formation locale pratique un horror/batcave/postpunk qui flirte parfois avec le heavy metal. Parfois, on croirait même entendre un ersatz d’Iron Maiden. Pas vraiment notre tasse de thé.

C’est donc l’occasion d’aller boire un thé ou plutôt un café, avant d’assister au final d'Ordo Rosarius Equilibrio, le groupe suédois de neo/folk. A maintes reprises, dans le passé, on a pu apprécier, en ‘live’, la musique douce et fascinante de Tomas Pettersson. Le charme opère ici une nouvelle fois. Deux torches ont été plantées sur l’estrade ; et pendant « Three Is an Orgy », un des titres-phares de l'"Ordre", on est plongé dans un univers mystérieux, voluptueux et carrément fétichiste. Un régal !

Sur la main stage, la nostalgie est au rendez-vous ; et pour cause, Apoptygma Berzerk vient d’entamer son set. Notre périple en Scandinavie se poursuit vu que cette formation drivée par Stefan Groth est norvégienne. « In This Together », « Starsign » et « Shadow » donnent le ton, celui d'une futurepop/synthpop mélodique et énergique. Groth affiche toujours son look à la Brian Molko et parvient invariablement à entretenir une très bonne ambiance. Et la succession de hits alternatifs comme « Deep Red », « Eclipse », « Non-Stop Violence », « Kathy’s Song » et « Love Never Dies » n’y est pas étrangère…

Malheureusement, la pluie nous incite bien vite à nous replier sur la ‘theater stage’, où nous assistons de loin à la prestation de Letzte Instanz. Le folk/metal de ce band allemand n’est guère passionnant, malgré quelques sonorités intéressantes, produites par le violon et le violoncelle.

Mais la grande claque de cette journée, on va se la prendre en clôture du programme, au sein de cette même ‘theater stage’, grâce à l’‘All-star project’ de Daniel Myer. Surdoué, ce musicien allemand est un véritable stakhanoviste qui multiplie les concepts et les collaborations. Haujobb (NDR : un patronyme qu'il faut veiller à prononcer correctement...) constitue son principal projet, autour duquel gravitent Architect, Destroid, Aktivist et bien d’autres. En outre, depuis quelques années, il milite également chez Covenant. Sans oublier ses innombrables remixes.

Pour ce show, Daniel Myer a invité toute une flopée d'amis, plus ou moins connus, à donner de la voix. Après "For You" un premier titre d'Architect impressionnant de puissance, Eskil Simonsson, le chanteur de Covenant, monte sur le podium pour interpréter tout d'abord « Lightbringer », un titre signé Covenant, suivi d'« Input Error », issu de la plume de Haujobb, dans la version remixée par notre ami Oliver Chesler, alias The Horrorist. Force est de constater qu'Eskil a pris un coup de vieux ; la conséquence malheureusement logique de nombreuses années d'excès divers et multiples. Mais ne boudons pas notre plaisir ; le spectacle est de qualité, et se poursuit par une version ‘live’ remarquable de « Sound Mirrors », une plage extraite du dernier elpee de Covenant.

Après le « Friend or foe (The Betrayal) » de Destroid, chanté par Daniel Myer, c'est au tour de Sven Friedrich, le vocaliste de Dreadful Shadows, Zeraphine et Solar Fake, de prendre place comme 'guest' sur le podium pour un épisode malheureusement gâché par des problèmes techniques. A trois reprises, la 'backing track' se plante, contraignant le groupe à recommencer le morceau. L'occasion pour nous de se fustiger à nouveau de cette tendance, de plus en plus répandue, qui vise à remplacer les musiciens par des bandes de play-back ou, à tout le moins, par des séquences préprogrammées. Un véritable fléau !

Heureusement, le chanteur suivant, notre Jean-Luc De Meyer national (NDR : un des deux frontmen de Front 242), ne va pas vivre ces problèmes. Nous avons droit à un superbe "God", lent et solennel, ainsi qu'à une très belle version de « We Must Wait » du duo Myer-De Meyer, une compo qui remonte déjà à 2014. La voix grave et profonde du Belge émerveille et sa présence est imposante. Bravo, Jean-Luc !

Au suivant ! Le prochain sur la liste des invités s’appelle Tomas Tulpe, un musicien allemand qui a rencontré un certain succès outre-Rhin grâce au semi-hit « Ich bin ein Grufti »  (NDR : ‘Grufti’ est synonyme de ‘Goth’, en allemand). Le personnage est sympa et assez rigolo : un intermède 100% fun.

Mais le grand moment se produira dans la foulée. L’introduction est hypnotique. Une voix, à la limite du 'spoken word', scande un texte. C'est le chanteur de Klangstabil, Boris May! Après "Dead Market", de Haujobb, le morceau n’est autre que le sublime « Math & Emotion », du duo allemand. La version retravaillée par Daniel Myer est tout simplement époustouflante. Propulsé par un beat et des arrangements surpuissants, Boris May éructe tel un possédé, baigné dans une obscurité hallucinante que viennent déchirer les flashes sur les écrans et les stroboscopes. Le public est véritablement en transe et on atteint un orgasme sonore total. A la fin du morceau, la clameur est assourdissante : un grand moment !

En ce qui nous concerne, le concert aurait pu (ou dû) s'arrêter là. Mais il y a encore un dernier 'guest' : Andy LaPlegua, le fondateur de Combichrist, combo qui était programmé sur la main stage, en début de soirée. Ce showman est talentueux ; mais passer après Boris May, ce n'est vraiment pas un cadeau.

C'est donc toujours sous le choc de la chanson de Klangstabil et satisfait par ce show en tous points remarquable que nous quittons la salle et le site.

Ce festival aura été, de nouveau, d’un bon cru. Rappelons ses points forts : une organisation impeccable, un cadre idyllique au bord du Rhin et un concept de concert-croisière très original en ouverture. On connaît malheureusement aussi les points faibles de l'Amphi : programmation trop focalisée sur les mêmes groupes et lors de cette édition, la distance qui sépare les deux scènes de la troisième, même si les organisateurs ont planifié des navettes en bus (gratuites) ; ce qui a permis de résoudre, en partie, le problème. En tout cas, rendez-vous l'année prochaine !

Near Earth Orbit + Das Ich + Ordo Rosarius Equilibrio + Letzte Instanz + Apoptygma Berzerk + Daniel Myer Project  

(Organisation : Protain / Amphi)

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Amphi Festival 2017 : samedi 22 juillet

Le festival Amphi est programmé, depuis 2006 au Tanzbrunnen, à Cologne (NDR : la première édition s’était déroulée l’année précédente, à l’Amphitheater de Gelsenkirchen). Il s’agit du rendez-vous annuel de la communauté 'dark' allemande. Planifié très professionnellement, il réunit plus de 12 000 passionnés de musiques 'sombres', posant un accent particulier sur les artistes du répertoire de l'organisateur allemand, le label/booker Protain.

Après la croisière ‘Call the ship to port’ du vendredi, au cours de laquelle Front 242 a entamé en force les hostilités (voir notre compte-rendu ici), le festival débute officiellement ce samedi, sur les bords du Rhin. Trois scènes sont accessibles. Au sein du domaine ‘Tanzbrunnen’, en plein air, il y a la ‘main stage’. A l’intérieur, la plus intimiste ‘theater stage’. La troisième a été aménagée à bord du MS Rheinenergie, un bateau qui devait normalement jouxter le site ; mais comme le niveau de l’eau du Rhin est trop bas, l’embarcation est restée amarrée de l'autre côté du fleuve. Et comme 20 minutes séparent les différents podiums, on comprend aisément les choix cornéliens auxquels les festivaliers sont confrontés.

Premier rendez-vous dans notre parcours : Holygram, un quatuor colognais extrêmement prometteur. Sur la ‘theater stage’, il propose un post-punk sophistiqué, aux frontières de la shoegaze et du krautrock. On pense tour à tour à The Cure, The Chameleons mais aussi à The Jesus and The May Chain ainsi qu’à Neu!... Chaussé de lunettes rondes colorées, le chanteur, Patrick Blümel, affiche un petit côté Liam Gallagher ; mais ici s’arrête la comparaison. La setlist privilégie les plages du premier Ep (NDR : un éponyme), mais les compos inédites laissent entrevoir une évolution vers un style plus éclectique. Après le show, le combo a accepté de nous accorder une interview. A suivre dans les colonnes de Musiczine et lors de l'émission de radio WAVES !

Après l'interview, nous décidons de rejoindre la ‘theater stage’ pour le set de Frozen Plasma ; mais l'accès y est rendu impossible à cause d'une file kilométrique. Effet pervers de l'éloignement de la 3ème scène, les festivaliers s'agglutinent devant les 2 podiums du site central.

On se résout donc à rejoindre le bateau pour assister à la prestation d'Esben and the Witch. Etabli à Berlin, ce trio anglais est emmené par la voix exceptionnelle de Rachel Davies. Dès le début du spectacle, on est hypnotisé par ce timbre, qui évoque Björk et Siouxsie Sioux, bien sûr, mais aussi PJ Harvey, Chelsea Wolfe et Julianne Regan (All About Eve). Nordiques, les atmosphères alternent ‘soundscapes’ et éruptions quasi-métalliques. Dommage que « Marching Song », le hit alternatif du combo publié en 2010, n’ait pas été interprété. N’empêche, ce concert s’est révélé fascinant et a également suscité l’envie de découvrir plus avant sa discographie.

Plutôt que de retourner vers la ‘mainstage’, où doivent se succéder Diary of Dreams et Fields of The Nephilim, on décide de s’attarder sur le bateau pour le show de Diorama. Le projet de Torben Wendt, assisté de Felix Marc (également chez Frozen Plasma), a toujours emporté nos suffrages. La formation allemande pratique une synth-pop/futurepop romantique, aux harmonies extrêmement riches et aux mélodies immédiatement mémorisables. Pensez à Depeche Mode quand Martin Gore se consacre au micro. Le tout, combiné à un sens du beat qui communique un accent presque électro-indus à certaines chansons.

Remarqué lors de ses débuts par Adrian Hates (Diary of Dreams), Torben Wendt a surpris tout son monde, quand il a grimpé sur la main stage, en compagnie de son mentor, pour attaquer « Butterfly Dance » et « The Curse ». Un moment, assurément magique, auquel votre serviteur n’a pu, malheureusement, assister…

Retour sur le bateau où, suite à des problèmes techniques, le set de Diorama accuse un long quart d'heure de retard. Ce qui semble être une mauvaise habitude ; et pour cause, la formation a rencontré la même mésaventure à Utrecht, lors du Summer Festival. Conclusion, le temps imparti est réduit. Et comme elle n’a pas pris l’initiative de supprimer les deux ou trois morceaux les plus calmes, qui figurent en milieu de parcours, la set list a été amputée de certains hits irrésistibles comme « Synthesize Me »…

Ce qui ne va pas empêcher le band de nous réserver des moment particulièrement brillants ; à l’instar de bijoux comme « Exit The Grey » ou « Her Liquid Arms (HLA) », le public reprenant toutes les paroles en chœur. On se rend compte rapidement de la popularité, énorme, dont jouit Diorama sur ses terres. Les plages du dernier elpee, « Zero Soldier Army » passent très bien l'épreuve du ‘live’, surtout « Off » et « Polaroids ». « Over » est dédiée à Chester Bennington, le chanteur de Linkin' Park, disparu il y a peu. Sur le podium, Torben Wendt s’impose par sa taille (NDR : 1m90, quand même) mais son charisme naturel exerce un pouvoir de séduction. La gent féminine est d'ailleurs sous le charme des deux 'frontmen' du groupe.

Mais le sommet du set est atteint lorsque Felix Marc rejoint Torben Wendt au-devant de l’estrade pour une interprétation conjointe de « Defcon ». Bref, si ce show nous a quelque peu laissé sur notre faim, il nous a donné diablement envie de revoir ce band, si attachant !

La soirée s'achève ensuite sur le bateau par la prestation de Clan of Xymox, un des grands classiques des festivals 'dark', depuis trois décennies. Créée en 1981, cette formation batave pratique une cold-wave/darkwave fortement inspirée par The Cure et Cocteau Twins. Après s’être égaré dans le style électro, le 'Clan' est revenu à ses anciennes amours. Cette année, il a publié un opus remarquable baptisé « Days of Black ».

Et bien entendu, ce sont les titres de ce nouvel LP qui forment la trame de la set list. La plage titulaire, « Your Kiss », « Leave Me Be » et surtout le superbe « Loneliness » passent très bien la rampe auprès de classiques comme « A Day », « Emily » ou « Louise ». Ronny Moorings, qui dirige la formation depuis 30 ans, focalise, bien sûr, tous les regards, sur l’estrade. A cause de sa coiffure 'curesque', son fond de teint blanc et sa silhouette… on ne peut plus gothique. S’il n’est pas un véritable showman, il ne manque pas de charisme. Seule ombre au tableau, l'absence de Mojca Zugna, bassiste et par ailleurs compagne de Ronny Moorings. Le public, lui, est aux anges et manifeste un enthousiasme sans retenue, particulièrement sur les titres les plus connus, qui nous ramènent à l'époque où le 'Clan' faisait partie du prestigieux label 4AD. Comme, par exemple, le sublime "Muscoviet Mosquito", interprété avec maestria lors du rappel. Bref, une prestation sans surprise mais en tous points irréprochable.

Autre regret, celui ne n’avoir pu transiter d'une scène à l'autre afin de vivre, au moins en partie, les concerts de Fields of The Nephilim et de Die Krupps. Espérons que les organisateurs trouveront une solution l'année prochaine pour rassembler les 3 scènes sur un seul site.

Les afterparties ? On préfère zapper afin de garder la forme pour le 3ème jour du festival, qui s'annonce, lui aussi, épique...

Holygram + Esben and The Witch + Diorama + Clan of Xymox

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(Organisation : Protain / Amphi)

 

 

 

Amphi Festival 2017 : vendredi 21 juillet

Quand on vous propose d’assister à un concert de Front 242, lors d'une croisière sur le Rhin, il est difficile de refuser ! Ce concert événement marque l'ouverture de l’édition 2017 du festival Amphi 2017, qui se déroule chaque année, à Cologne. Rendez-vous annuel de la communauté 'dark' allemande, il attire plus de 12 000 passionnés de musiques 'sombres', tout en mettant un accent particulier sur les artistes du répertoire de l'organisateur allemand, le label/booker Protain.

La croisière, baptisée ‘Calling the ship to port’, en référence à une chanson–phare du répertoire de Covenant, a permis à plus d'un millier de privilégiés, dont votre serviteur, d'embarquer sur le 'kolossââl' catamaran MS Rheinenergie, amarré sur le Rhin, juste à côté de la 'Altstad' colognaise. Sur le pont, la vue est carrément surréaliste : les passagers, tous habillés de noir, forment une véritable marée noire. Ignorant les sourires sarcastiques des touristes, nous sirotons une bière Kölsch sur le pont du bateau en contemplant au loin la magnifique (et très gothique) cathédrale de Cologne, le 'Dom'.

Dès 20 heures, après l'appareillage du bateau, il est temps d'entamer le programme des sets, qui sont accordés à l'intérieur, dans un espace impressionnant. Après Scheuber et Neuroticfish, qui assurent la 'mise en bouche', c'est Front 242 qui est chargé d'assurer la tête d'affiche. 

Est-il vraiment nécessaire de présenter Front 242 ? Formé en 1979 à Aarschot et établi ensuite à Bruxelles, ce groupe pionnier de la musique électronique a créé ce qu'on appelle l'‘Electronic Body Music’, un genre qui mélange accents industriels, beats robotiques et atmosphères sombres, le tout combiné à une démarche synth-punk agressive, sans être pour autant violente. Le groupe a connu une gloire quasi-planétaire à la fin des années '80, grâce au hit « Headhunter », dont la vidéo, dirigée par le célèbre Anton Corbijn, a squatté les playlists de MTV et des radios alternatives. 

Aujourd'hui, après plus de 35 ans de carrière, il ne crée plus de musique originale, mais continue à livrer des prestations ‘live’ qui forcent l'admiration.

Le concert accordé lors de cette croisière exceptionnelle ne dérogera pas à la règle. Les hits imparables défilent : de « Don't Crash » à « Headhunter », en passant par « Moldavia », « Take One » et un touchant « Kampfbereit », lors du rappel. Comme d’habitude, la musique est puissante et la présence scénique des deux 'frontmen', Jean-Luc De Meyer et Richard 23, impressionnante. Le public ne s'y trompe pas, et réserve un accueil délirant au quatuor belge. Le pit est le théâtre d’un pogo endiablé exécuté par des fans, torses nu. En ce jour de fête nationale belge, pas de doute, Front 242 a conquis l'Allemagne !

Toujours aussi sympas et accessibles, les membres du groupe étaient disponibles avant le show pour une bavette ou un selfie, ce qui nous a permis de faire des jeux de mots plus ou moins foireux en compagnie de Jean-Luc De Meyer et de programmer une interview avec Patrick Codenys.  

A 1 heure du matin, le catamaran était de retour à Cologne, refermant ainsi la première soirée d'un festival plein de promesses.

(Pour regarder le reportage photo de Gregory Lécrivain, c'est ici)

Organisation : AMPHI + Protain

Front 242 + Neurotic + Scheuber

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