Barnabé Mons rend hommage à un chat… sauvage…

Chanteur-batteur dès l’âge de treize ans, le Lillois Barnabé Mons a transité par la bagatelle de neuf formations, avant de se lancer en solitaire, soit après 28 ans de carrière. « Bunker Superstars », son premier elpee, est paru ce 2 juin 2023. Et il vient…

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Malice K sur les ondes…

Malice K est un artiste né à Olympia, WA, et basé à Brooklyn, dont la palette sonore est composée d'alt 90s et de lyrisme effronté, créant une rare fusion de pop rock indie décalé. Ancien membre du collectif d'artistes Deathproof Inc, il s'est forgé une…

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Esperanzah ! 2009 : vendredi 31 juillet

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Holà Esperanzaaaaah!

Chaque premier week-end du mois d’août, à l’intérieur des hauts murs de l’enceinte de l’abbaye de Floreffe, l’espace est occupé par des citoyens du monde. Nous. Festivaliers, bénévoles et organisateurs. Eux. Musiciens, artistes et autres saltimbanques. Originaires du terroir ou de terres plus éloignées. Ensemble, on se mélange, on découvre et on partage.

Carrefour des Musiques du Monde, Esperanzah ! se définit comme un festival des musiques nomades, engagées et plurielles. Fidèle à ses valeurs, l’année 2009 s’est clôturée dimanche par un bilan très positif. Invitation à un parcours non exhaustif de l’ambiance et des groupes qui ont permis à cette édition de se traduire en un moment de convivialité et de découvertes.

Quelques têtes d’affiche, incontournables telles Charlie Winston ou Abd Al Malik pour aguicher celles et ceux qui n’oseraient pas s’aventurer sur les traces d’un festival dont la priorité vise surtout la découverte de talents. Les invités ont tous conscience des valeurs humanitaires du projet. L’esprit du festival et son identité artistique sont étroitement liés. Le résultat engendre une programmation ouverte au monde et à la solidarité.

Vendredi, sous le soleil.

Les campeurs s’installent, le public prend possession des lieux. Pour ouvrir les festivités, Domguè et son complice Doctor Pimp tentent de secouer les premiers arrivés. Sans trop y parvenir. Leur cocktail –voix gutturale, sax et ‘groove box’– ne parvient pas à réveiller l’ensemble des spectateurs. Il faut dire que des shoots d’électro à 15h, c’est surprenant et surtout trop tôt !

Hindi Zahra est une chanteuse née au Maroc. Son folk est teinté de blues, juste. Elle a déjà partagé l’affiche de Suzanne Vega et de Yaël Naïm. Sa musique est douce et aérienne ; mais elle manque peut-être encore de force. Et surtout de charisme. Une identité à développer pour faire jaillir l’étincelle. Elle est néanmoins promise à un futur certainement très prometteur.

L’après-midi était jusque là fort calme. Mais l’arrivée sur la scène Côté Cour de Firewater va enfin attiser l’ambiance. A l’origine du projet, Tod Ashley. Ulcéré à l’époque, par la réélection de Bush, ce citoyen américain a fui l’étroitesse politique de son pays, en voyageant pendant 3 années. Durant ce périple il a rencontré des musiciens du monde et opéré des collaborations pour nourrir sa musique. Son set world-punk jubilatoire est soutenu par Yuval Gabay, un percussionniste acrobate et endiablé… Leur dernier album, « The Golden Hour », (2008) est sans aucun doute un concentré vitaminé à avoir sous la main pour les barbecues animés de cet été.

Surfant sur des vagues free-jazz, funk et soul, Anthony Joseph a provoqué les déhanchements de la foule. Flanqué de son Spasm Band, ce guerrier du verbe, poète envoûtant, nous transporte tout en légèreté vers les sables chauds de Trinidad. Un groove hypnotique sur les traces de Fellah Kuti ! Anthony Joseph, sa voix caverneuse et sa bouteille de rhum (NDR : jamais très loin) est parvenu à faire grimper la température de plusieurs degrés. Le public bouillonne et s’agite. La fête ne fait que commencer !

SoCalled ou quand modernité se marie aux sons tziganes. Celle et ceux qui apprécient les mélanges incongrus entre hip hop, jazz, electro et gipsy ont aimé. Personnellement, la prestation de leur leader, Josh Dolgin, ne m’a pas convaincue.

La nuit tombe sur le somptueux décor de l’abbaye. Avant de prendre le bain de foule qui attend Charlie Winston, un passage furtif du côté de la 3e scène s’impose. Podium quelque peu négligé mais qui regorge pourtant de très bons groupes belges. Le Wild Boar & Bull Brass Band est un exemple en matière de combinaison de styles. Des musiciens jazzy s’adonnent à cœur joie sur des rythmes hip hop. Un mélange original, explosif et décapant.

Le très attendu et séduisant Charlie entre en scène à 22h tapante. Des fans féminines sont au bord de l’évanouissement et s’époumonent à la vue du charmant jeune-homme. Comparativement aux Nuits Botanique, le début du concert manque d’énergie. Les premiers morceaux s’enchaînent sans manifester beaucoup de dynamisme… L’homme au chapeau serait-il fatigué ce soir ? Il lui faudra d’ailleurs ¾ d’heure avant de parvenir à s’imprégner des lieux et enfin nous offrir une prestation digne de ce nom. Les rappels font tout oublier. L’incroyable Benjamin Edwards souffle dans son harmonica. Charlie Winston invite une petite fille du public à monter sur les planches pour exécuter quelques pas de danse. Le tout devient magique. Le sourire aux lèvres, l’audience est rassasiée.

Caravan Palace clôturait la journée. Cette formation parisienne participe à une multitude de festivals d’été. Son concept est aussi très particulier. Une rencontre entre jazz manouche des années 30 et electro moderne. Un brin dément, le sextet est rôdé et semble laisser peu de place à l’improvisation. La chanteuse, Zoé Colotis, ajoute une touche très glamour à l’ensemble. C’est surprenant et plutôt intriguant mais on finit vite par décrocher. Cette mode de poser de l’electro sur de la musique traditionnelle, c’est festif et joyeux. Par contre, on s’en lasse vite aussi.

Une première journée très éclectique, marquée par Firewater, Anthony Joseph et Charlie Winston. Le lendemain, d’autres nouvelles surprises. Vite ! Dodo !

Retrouvez tous les groupes cités sur leurs pages personnelles :

http://www.myspace.com/domgue
http://www.myspace.com/zahrahindi
http://www.myspace.com/realfirewater
http://www.myspace.com/adjoseph
http://www.myspace.com/socalled
http://www.myspace.com/charliewinston
http://www.myspace.com/caravanpalace

(voir également notre section photos)

 

 

Dour festival 2009 : dimanche 19 juillet

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Bien que le festival n’ait pas atteint le sold out cette année, il n’en est pas loin. Ce sont en effet 140.000 spectateurs qui se sont pressés sur la Plaine de la Machine à feu, soit 35.000 par jour, juste en-dessous de la capacité maximale du site, limitée à 36.000 personnes.

Et les chiffres de fréquentation n’étaient pas la seule raison de se réjouir des organisateurs qui, du coup, affichaient un large sourire lors de la conférence de presse. Et en parlant de presse, la couverture du festival a été très importante, vu la présence de 850 journalistes dont 500 Belges, 200 Français, 50 Néerlandais et 40 Britanniques. Mais aussi quelques Australiens, Canadiens, Suisses, Tchèques, Allemands, Estoniens, Espagnols, Grecs, Grand-ducaux, Polonais, Réunionnais et Etasuniens.

Le dimanche est généralement le jour du festival au cours duquel l’affiche est la plus alléchante. Ce qui explique la présence d’un plus grand nombre de spectateurs. Enfin, c’était le cas lors des éditions antérieures. Mais cette année la règle a changé ; il faut d’ailleurs bien avouer que la programmation était bien plus intéressante, le jeudi, vendredi et samedi…

Et en évoquant les éditions précédentes, revenons-en à la troisième. Celle qui s’est déroulée en 1991. En pleine explosion du rock alternatif. A cette époque l’affiche réunissait quasi-exclusivement de groupes belges et français issus de ce mouvement ; et en particulier les artistes issus du label ‘Boucherie productions’. Les Wampas s’y produisaient. Et 20 ans plus tard, ils sont de retour à Dour. Leur recette n’a pas changé. Didier Wampas chante toujours aussi faux. Il se démène comme une rock star. Se mêle régulièrement à la foule, allant jusqu’à embrasser des spectateurs pendant de longues minutes. Mais la recette fait mouche. Leur discographie est passée en revue : depuis leur elpee paru en 1993, « Les Wampas vous aime » jusqu’au dernier opus, « Les Wampas sont la preuve que Dieu existe », sans oublier leur single provocateur « Universal » (NDR : provocateur, vu que le combo vient de signer chez la major). Le public passe un bon moment, le show des Wampas se prêtant idéalement à l’ambiance d’un festival. Mais il y a des groupes bien plus novateurs à Dour, ce dimanche ; et notamment The Horrors.

Lors de leur dernier passage à Dour, The Horrors était considéré comme l’un des hypes du moment. Faut dire que le NME avait une nouvelle fois mis la gomme. Enluminée d’une déco aussi kitsch qu’inutile, leur prestation n’était même pas digne d’un film de série B. Une grosse daube, quoi ! Heureusement le band a fait d’énormes progrès et l’a prouvé sur le podium du Club circuit-Marquee. Devant un public moins dense, mais plus attentif que celui des Wampas, les Londoniens vont nous dispenser une pop, certes largement inspirée des 80’s (NDR : pensez à Joy Division et Echo and the Bunnymen) ; mais exempte de revivalisme, comme certains ensembles contemporains ont trop tendance à abuser. Faris Badwan, le chanteur, n’a plus besoin de se maquiller, ni de grimacer outrancièrement. Il manifeste un véritable charisme, digne de Bobbie Gillepsie voire du défunt Ian Curtis. A mon humble avis, les prochains épisodes de The Horrors risquent de devenir fort intéressants. Une bonne raison pour suivre leur carrière de très près.

Autre groupe qui monte : Caribou. Comme son patronyme le suggère, il est issu d’Amérique du Nord. Du Canada très exactement. Paru en 2007, « Andorra », avait été plébiscité par plusieurs rédacteurs de Musiczine (dont votre serviteur) comme un des meilleurs albums de cet exercice. Et sur scène, la bande à Dan Snaith confirme tout le bien qu’on pensait d’elle. Un kaléidoscope hypnotique est projeté sur un écran derrière le groupe, histoire de mieux nous plonger dans leur univers psychédélique. Deux batteurs sont placés face-à-face en avant-plan de la scène. Pas très habituel comme disposition. Leur musique évolue quelque part entre celle de Tortoise et d’Ozric Tentacles. Et à l’écoute de morceaux comme « Yeti » ou « Sandy », on est au bord de l’envoûtement. Car si leur style est plutôt singulier, le band possède un don pour flatter l’oreille. Une découverte, assurément !

Le fidèle animateur de Pure FM, Pompon, s’est multiplié tout au long de cette édition du festival, passant d’une scène à l’autre, pour introduire et présenter bon nombre de groupes. ‘Bon, ben le festival touche à sa fin’, déclare-t-il depuis le Club circuit Marquee. Il est alors 23h, ‘Et profitez-en, car c’est le dernier concert vraiment rock de ce festival’. Car lors de cette édition 2009, passé minuit voire 1h du mat’, il n’y a plus de concert rock. Place alors aux clubbers et amateurs d’éclectro qui prennent alors le relais de la programmation. Une bonne raison pour profiter de la prestation du dernier combo purement rock’n’roll qui foule les planches à Dour. En l’occurrence Boss Hog. A la tête de ce groupe on retrouve l’inusable Jon Spencer (NDR : c’est un habitué du festival, même s’il s’y est souvent illustré en compagnie de groupes différents) et la sulfureuse Cristina Martinez. La mise en route est laborieuse. Mais lorsque Christina se lâche, le show commence à s’enflammer. A charge de Jon de la suivre dans ses délires. Le service technique a du boulot et doit régulièrement intervenir pour rebrancher micros et amplis. Lors de leur show, ils vont nous dispenser une remarquable version de leur single « Whiteout », digne du « Mean machine » des Cramps. Fortement typée ‘Rock garage’, l’audience est ravie. On se serait presque cru revenu à l’époque de Fonzie dans la série « Happy days ».

Un petit crochet par la Magic tent cependant s’impose. Elle est ultra-bondée. Il y a même des spectateurs agglutinés une bonne dizaine de mètres à l’extérieur du chapiteau. Soldout est l’objet de cette affluence. Il mérite donc bien son nom ! Le duo bruxellois est à l’affiche de plusieurs festivals, cet été. Et y rencontre un large succès, à chaque fois. Et vu leur évolution scénique acquise au fil des années, il faut reconnaître que ce succès est mérité. Longue vie à Soldout !

Il est minuit et le festival touche déjà à sa fin pour votre serviteur. Comme précisé ci-dessus,  plus aucun concert rock n’est à se mettre sous la dent (NDR ou plus exactement dans le tuyau de l’oreille). Néanmoins, par conscience professionnelle, je décide d’aller assister au set d’une des têtes d’affiche de ce festival. Elle se produit sur la grande scène : Aphex Twin (+ Hecker). Incontestablement, vu le peuple entassé devant la Last Arena, elle atteint le record incontesté de popularité. L’affiche a été dévoilée très progressivement et plus tardivement que lors des précédentes éditions. Mais la participation d’Aphex Twin a été annoncée très tôt. De quoi réjouir les fans d’électro. C’est que Richard David James (de son vrai nom) possède déjà un long parcours derrière lui. A 20 ans à peine, il cofondait le label Rephlex Records, et rencontrait la reconnaissance internationale en éditant « ...I Care Because You Do ». C’était  en 1995. Et décrochait un énorme hit en concoctant le single « Windowlicker ». En 99. Depuis, il n’était plus vraiment sur le devant de la scène électro, mais prenait un malin plaisir à brouiller les pistes, changeant tantôt de label ou de même de nom. En ce dimanche, il en a remis une couche. Il a recours à un son surround et sa techno est revisitée voire complexifiée. Ce qui n’empêche pas les basses et les changements brusques de rythmes de faire vibrer la foule. Et en ce qui me concerne, de parvenir à me maintenir éveillé encore quelques instants.

En repassant par le stand presse, j’ai fortuitement eu l’occasion de rencontrer Rigo Pex, du groupe Meneo. De quoi quitter le festival sur une bonne note. Il m’explique son parcours surchargé en festivals qui le conduit d’Amérique du Sud à l’Espagne. Il me décrit sa musique électro comme étant inspirée des bons vieux jeux vidéo bien vintage. Intriguant… Mais mon interlocuteur ne se produit qu’à 3h30. Il m’interroge d’ailleurs sur la nature du public encore présent à ce moment-là. Mais à cette heure, je suis HS. Il faudra donc reporter la vision de ce show fort prometteur à une autre fois. Car pour être capable de suivre un maximum de groupes, parmi les 200 programmés, étalés sur 4 jours, de midi à 5 heures du mat’, il serait peut-être judicieux de prévoir l’an prochain deux rédacteurs, dont un spécialiste de l’électro, vu l’importance croissante que prend ce style. Un appel du pied est adressé à la cellule presse de Dour…

(voir aussi notre rubrique photos)

 

Dour festival 2009 : samedi 18 juillet

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La fatigue commencerait-elle à gagner les festivaliers, en ce 3ème jour ? Une chose est sûre, en cette fin d’après-midi, le site est relativement clairsemé. A contrario, le camping grouille de jeunes essayant, tant bien que mal, de récupérer des folies nocturnes. Mais je ne m’en plaindrai pas ; car cette situation me permet d’apprécier les concerts au sein d’un environnement plus paisible qui réunit de véritables mélomanes, motivés par la présence de groupes talentueux en devenir…

Et tout d’abord O’death. Il se produit sous la tente de la Petite maison dans la Prairie. « O’death » c’est à l’origine une ancienne chanson mythique, presque spirituelle née aux USA. Cette compo traditionnelle figurait au répertoire du célèbre chanteur folk Ralph Stanley. En quelque sorte, il lui avait rendu vie. Mais ce titre a aussi servi de fil conducteur à une partie du film de George Clooney, « O’Brother ». Et cette perception de l’Amérique profonde hante la prestation du groupe. Leur musique est enracinée dans la country, le bluegrass et le rythm’n’swing. Le violoniste bondit littéralement sur les planches. Ses attaques à l’archet sont virevoltantes. Le chanteur/guitariste, Greg Jamie, occupe une position plus centrale. Il est régulièrement soutenu aux vocaux par Gabe Darling, partagé entre le banjo et d’ukulélé. Et la mayonnaise prend instantanément. Le podium commence sérieusement à vibrer. Les amateurs de folk, rejoints rapidement par les (nombreux) fans des Dropkick Murphys, lancent d’interminables pogos. Un engouement provoqué par une diffusion phénoménale de ce qu’on appelle les ‘good vibes’… Si vous souhaitez en savoir davantage sur cette formation, je vous invite à (re)lire la review que Bernard avait rédigée, lors de leur passage à l’Aéronef de Lille, ainsi que l’interview que le sextet lui avait accordée, avant ce concert. C’était en février dernier.

Par contre, pas sûr que notre rédac’ chef soit particulièrement heureux en lisant ce qui suit. Ni la majorité des collaborateurs de Musiczine, d’ailleurs. Parce que les Dodos y font l’unanimité. Personnellement, j’ai été séduit par les petites perles indie-rock de leur troisième opus, « Visiter » (NDR : le quatrième, « Time to die » sortira début septembre). Parce que leurs mélodies y soufflent comme un vent frais et rafraîchissant. Mais leur prestation accordée à Dour ne m’a pas du tout convaincu. Le changement de style était-il trop brutal après le set d’O’death ? Ou les commentaires flatteurs recueillis lors de leurs derniers passages chez nous, m’avaient-ils communiqué trop d’espérances. Toujours est-il que leur concert ne m’a guère enthousiasmé. A l’instar de leur tracklisting, que le trio m’a paru interpréter sans manifester beaucoup de passion (NDLR : lors leur interview accordée à Musiczine début décembre 2008, Meric et Logan avaient confié qu’ils n’aimaient pas trop se produire dans les festivals ; ce qui peut expliquer ce phénomène). Espérons que le retour dans une salle plus intimiste comme celle du Bota (NDR : le 8 septembre) ou de l’Aéronef à Lille (NDR : le 17 novembre) leur permettra de remettre les pendules à l’heure.

Vu la copieuse affiche proposée par le festival de Dour, on épingle toujours des noms que l’on ne connait ni d’Eve ni d’Adam. Mais que certains amis journalistes nous conseillent d’aller voir et entendre ; et à qui on fait entièrement confiance, dans un esprit d’ouverture et de découverte. Esser est l’un de ces illustres inconnus. Il se produit au Dance Hall. Ben Esser en est le leader. Il est entouré de quatre collaborateurs. Non content d’emprunter leur look aux New Kids On The Block, la formation dispense un synthé pop digne des boys bands de la fin des 80’s voire du début des 90’s. On a même plutôt tendance à en rire. D’ailleurs, il faut une bonne dose de second degré pour apprécier le spectacle proposé par ces 5 jeunes gens. Pourtant, le début de parcours est tellement déroutant, qu’on finit par accrocher. Le temps de quelques titres du moins ; car une fois l’effet de surprise passé, on a plutôt envie d’aller voir ailleurs ce qui se passe…

Chez Gong par exemple. Une des plus anciennes communautés hippies. Ces vétérans de la prog avant-gardiste et du free jazz valent également le coup d’œil. Sorte d’hybride entre Iggy Pop et notre Julos Beaucarne national, leur chanteur Daevid Allen est un personnage à lui seul. Il a quand même 70 balais. Et les autres membres qui l’accompagnent dépassent allégrement les 60 ans. C’est d’ailleurs au cours de la première moitié des 70’s que le combo a rencontré le plus de succès. Commettant même un elpee incontournable en 1973, « The Flying Teapot » (NDR : la pochette est enrichie de dessins réalisés et de poèmes rédigés par Allen dans l’esprit de la BD underground de l’époque). Les morceaux sont très longs et élaborés. Et ils s’adressent à un public averti…

Après ces phénomènes de foire, la suite de l’affiche est bien plus consistante. Et pour cause, 65daysofstatic va bientôt monter sur le podium de la Petite maison dans la Prairie. Le plus intéressant chez ce groupe de Sheffield, ce sont les surprises. Elles sont même systématiques. Lors de leur dernier passage à Dour (NDR : c’était en 2007) le groupe avait éliminé les claviers pour mettre en exergue l’aspect électrique de leur musique. Et je vous jure, les riffs de guitare avaient littéralement déchiré ! Pour ce nouveau show, la boîte à rythmes est plus présente, et le son brut est atténué par des samples électro. De quoi semer un peu plus la confusion. Pourtant, aussi disparates puissent-ils être, les différents éléments s’emboîtent parfaitement. Le plancher se remet à vibrer. Les headbangings sont lancés (NDR : pas étonnant que la nuque soit douloureuse, en fin de la journée). Leur set s’est même achevé par un « Radio protector » impressionnant. Le morceau s’ébroue paisiblement sur des accords de piano dramatiques. Puis la batterie et les riffs de guitare s’immiscent furtivement dans la solution sonore qui monte en crescendo, avant de se libérer dans une somptueuse déflagration finale. Un pur régal ! Coldplay aurait tout intérêt à en prendre de la graine…

Dropkick Murphys se produit sur la grande scène. Le band de Boston attire la toute grande foule. Dont de nombreux aficionados qui arborent des tee-shirts aux couleurs de l’Irlande. Mais c’est ici que le bât blesse ; car cette dans cette formation, il n’y a pas d’Irlandais. Même pas d’Ecossais ! Mais des Yankees. Et cela se ressent. Bien sûr, ils entament leur set par un air traditionnel joué à la cornemuse. Et pour briser la lassitude provoquée par une succession de titres punk/hardcore, ils entonnent le traditionnel « Wild Rover », que le public reprend en chœur (NDR : la version des Dubliners est antérieure). Malheureusement, le tracklisting composé de morceaux ne dépassant pas les 3 minutes souffre de refrains un peu trop simplistes. Ce qui n’empêche pas la foule de remuer allègrement et même de pogoter frénétiquement. Difficile néanmoins de s’enthousiasmer face à un ensemble qui souffre d’une telle carence d’originalité et qui, de toute évidence, aura bien du mal à atteindre un jour la cheville de maîtres du genre comme les Pogues voire les Real McKenzies.

La foule se densifie devant le podium de la Last Arena. Les Pet Shop Boys vont s’y produire. En voilà une tête d’affiche plutôt atypique pour Dour. Ce type d’artiste est en général programmé dans le cadre de manifestations comme celle des Lokerse Feesten ; mais il faut croire que l’agenda du combo, coincé entre quelques grands festivals anglais, l’Olympia à Paris et un concert à Tel Aviv, correspondait sans doute mieux à celui du festival borain. Et puis en sachant que la bande Neil Tennant et Chris Lowe se rendait ensuite au Mexique et au Canada, avant de revenir au Lotto Arena d’Anvers, le 15 décembre, les organisateurs avaient le droit de manifester une certaine fierté d’être parvenu à convaincre le duo anglais de débarquer sur ses terres. En outre, le décor mis en place sur la grande scène accentue cette impression d’exclusivité. Les vedettes se font attendre. C’est connu. Il y a même une musique de fond pour faire patienter le public. Néanmoins, dès l’entrée en scène des Pet Shop Boys, on est fasciné par leur light show. Des lumières sont projetées sur un muret de cubes. Impressionnant ! Musicalement, la prise de risque est cependant très limitée, puisque le band ouvre le tracklisting par un de ses plus gros tubes : « Heart ». Neil est au centre. A peine visible derrière ses claviers, Chris s’est posté côté droit. Et deux choristes sont plantées à gauche. Le décor est renouvelé à plusieurs reprises. Les tenues de scène défilent. Les chorégraphies fluctuent. De quoi conserver tout l’intérêt d’un grand spectacle. Les singles se succèdent : « Love, etc... », « Go West », « Always On My Mind », etc. Bref, un show fort agréable pour une tête d’affiche ; surtout quand on sait que les têtes d’affiche sont plutôt rares à Dour.

Avant de vider les lieux, pourquoi ne pas jeter un dernier coup d’œil dans la Petite maison dans la Prairie pour y admirer la grande fanfare d’I’m from Barcelona ? Bien qu’elle ne soit pas catalane, mais suédoise (NDR : de Jönköping), la formation ressemble à une véritable auberge espagnole. Il ya  une quinzaine de musiciens. Une large section de cuivres, des choristes, des percussionnistes et des guitaristes. Et on ne sait toujours pas où donner de la tête devant cette troupe. Cependant, Emanuel Lundgren (NDR : c’est le leader !) veille au grain ; et tel un chef d’orchestre, il veille tout particulièrement à l’harmonie de l’ensemble. Résultat des courses : l’ambiance est aussi à la fête tant sur scène que dans le public.

Mais il est déjà 1 heure du mat’. La fatigue commence à gagner du terrain et l’emporte sur mon envie de scander ‘I'm gonna sing this song with all of my friends and we're I'm from Barcelona’ ; aussi je décide de quitter le site, histoire de revenir en pleine forme le lendemain.

(voir également la section photos)

Dour festival 2009 : vendredi 17 juillet

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La météo est relativement clémente en ce début du deuxième jour. Bien sûr, les averses ont arrosé les festivaliers nocturnes ; mais les orages tant redoutés n’ont pas éclaté. Seul notre rédac’ chef néerlandophone Johan a passé une mauvaise nuit. Alors qu’il souhaitait dormir dans son véhicule, il a été tour à tour réveillé par la sécurité et la police, sur le parking, puis dans la rue. Il est loin le temps où le festivalier plantait sa tente n’importe où à Dour ; dorénavant tout est réglementé et plus aune place n’est réservée à l’improvisation. D’ailleurs, l’organisation est bien huilée. En ce vendredi, elle doit gérer 35.000 spectateurs et 58 groupes. Et elle va me permettre de vous relater cette nouvelle journée, parsemée de bonnes surprises.

Place tout d’abord au métal et au hardcore programmés sur la grande scène. Il est tôt, mais Murphy’s Law est déjà d’attaque. De véritables bêtes de scène. Contrairement au principe lié à leur patronyme, leur solution sonore n’accumule pas une série de malheurs, mais fait la part belle aux bonnes nouvelles. Jimmy G, le leader, est impressionnant. Tant sa voix que son jeu de scène. Leur musique est le fruit d’un mélange improbable entre NoMeansNo, Suicidal Tendencies, Agnostic Front et Dropkick Murphys. Enfin, si on ne tient compte que des groupes qui se sont produits à Dour, à ce jour. Né en 1985, ce combo jouit d’une solide réputation sur les planches. Et il l’a de nouveau confirmé cet après-midi. Les mauvaises langues n’hésitaient pourtant pas à taxer leur hardcore de vieillissant voire d’obsolète. Ce qui n’a pas empêché les aficionados d’être comblés par leur set.

Sur la même scène, et dans le même registre, Walls Of Jericho monte le son d’un cran. Bonjour les tympans ! Le combo est drivé par une frontwoman : Candace Kucsulain. Le genre de demoiselle qu’on aurait bien du mal à présenter à ses parents. Pour la petite histoire, lors d’un concert accordé 2004, un fan lui avait accidentellement fracturé le nez. Ce qui ne l’avait pas empêché de finir son set, et même sa tournée. Mais au-delà de son look et de ses tatouages, son incroyable énergie épate. Elle mène littéralement la danse. Le tracklisting regorge de titres incisifs, mais intègre aussi des morceaux issu de l’Ep « Redemption » ; c’est-à-dire dans un style plus proche d’Epica ou d’In This Moment, en compagnie desquels ils sont partis en tournée. Les festivaliers n’ont d’ailleurs pas le droit de faire la fine bouche ; car quelques jours après cette prestation accordée à Dour, Candace va annuler plusieurs dates en Europe. En cause : le décès d’un de ses proches, Emery Keathley, membre du band Cold As Life. Elle est donc retournée à Detroit…

Sepultura s’apprête à grimper sur le podium. Mais personnellement, Sepultura sans Max Calavera c’est un peu comme Queen sans Freddie Mercury. Aussi, j’opte pour la pop paisible d’Au Revoir Simone (NDR : à ne pas confondre avec le groupe wallon En Voiture Simone). Trois jolies jeunes filles au physique de mannequin s’installent derrière des claviers vintage. Leurs voix sont douces et hypnotiques. Leur musique me fait penser tour à tour à Belle & Sebastian, Of Montreal voire à Bat For Lashes. Les trois Américaines séduisent rapidement l’auditorat. C’est qu’on leur pardonnerait tout à ces belles demoiselles ; même le démarrage complètement raté d’un des rares titres au cours duquel Erika Forster empoigne sa guitare. Au lieu de conspuer ou de siffler cette erreur de parcours, le public applaudit chaleureusement, comme pour encourager les filles à repartir sur de bonnes bases. Et cette réaction semble les toucher très fort. Une forme d’osmose progressive et naturelle s’opère d’ailleurs tout au long du set entre les filles et le public. Les ballades nous transportent dans un univers enchanté. Les mélodies satinées mais monotones sont dynamisées par les beats et vivifiées par la sonorité des claviers désuets. Peu de jeu de scène. On peut même ajouter que les trois top-modèles, placées côte à côte, sont plutôt statiques. Ce qui n’empêche pas le show de focaliser l’attention des spectateurs, au point qu’ils ne lâcheront pas une seconde du regard, le spectacle…  

A l’issue d’un de ce grand moment du festival, on aurait aimé quelque peu décompresser. Le temps de reprendre ses esprits. Mais une autre surprise nous attend au Club-Circuit Marquee : Deerhof. D’origine asiatique, sa chanteuse ne doit pas mesurer plus d’1 mètre 55. Et pourtant, elle libère une énergie incroyable, sur scène. Souriante, sympathique, sa bonne humeur est communicative. Evoluant entre noisy et indie pop, la musique de Deerhof navigue à la croisée des chemins de Blonde Redhead, McLusky et n’importe quelle autre production signée par Steve Albini. Bref, le band nous fait passer un bon moment. A voir et à revoir.

Et pourquoi ne pas entretenir cet état d’esprit en assistant au show de Babylon Circus sur la Red Frequecy ? Leur jeu de scène théâtral est toujours aussi bien huilé. Les Français déroulent. Leur ska est blindé par une section de cuivres toujours aussi impressionnante. Et si parfois, leur style dérape dans la variété française ou sombre dans une ambiance de bal populaire, leur second degré et la complicité entre les deux chanteurs, David et Manu, font toujours recette.

Mais le temps presse. Un retour vers le Club-Circuit Marquee s’impose. And you will know us by the trail of dead s’y produit. En 2007, il avait clôturé le festival en assénant une véritable claque aux spectateurs, alors encore présents. Les deux batteurs et les trois guitaristes sont interchangeables. Tout comme les vocalistes. Mais le son est particulièrement âpre. L’impression générale laissée par leur concert est plutôt mitigée. Bien sûr, les musiciens se défoulent sur les planches ; mais ce soir, on ne retrouve pas ce petit grain de folie, ce potentiel d’explosivité qui les rend si attachants…

Que se passe-t-il devant la Last Arena ? La moyenne d’âge jusqu’alors limitée aux 15-25 ans, vient subitement d’augmenter. Le parterre est dispersé, mais réunit une majorité de quadragénaires. Normal, puisque Killing Joke va monter sur le podium. A l’instar de Sisters of Mercy, la bande à Coleman continue de tourner (NDR : Bauhaus a définitivement cessé de jouer en public). Toutes des icônes nées au cours des 80’s, il faut le rappeler. Jaz impressionne, effraie même. Il parvient instantanément à enflammer ses fans. Et les pogos se déclenchent très rapidement. Les moins jeunes –et c’est inhabituel– y prennent également part. Coleman nous réserve quelques commentaires sociopolitiques. Dont un cri d’alarme pour que cesse le conflit indo-pakistanais. La seconde partie du set est beaucoup plus violente ; elle est même tramée dans l’esprit de leur opus « Hosannas from the Basements of Hell », paru en 2006. Les guitares sont plus tranchantes ; et même si le timbre de Jaz semble de plus en plus cassé, il ne se prive pas d’en user allégrement.

Une journée de festival sur un site comme celui de Dour se traduit par des kilomètres de marche ; surtout pour celles et ceux qui doivent se taper les gigantesques passerelles sises à l’entrée du site. Mais c’est le prix à payer pour voir un maximum d’artistes. Animal Collective était donc une des têtes d’affiche de l’édition 2009 du festival. Le chapiteau qui abrite le Club Circuit Marquee est d’ailleurs plein à craquer lorsque le trio yankee fait son entrée. Curieusement, tout au long de leur set, un incessant va-et-vient entre les spectateurs va s’établir. En fait, de nombreux curieux sont venus voir ce que la dernière sensation hype avait dans le ventre. Probablement sous le coup de la déception, la plupart d’entre eux vident les lieux après quelques morceaux. Car le spectacle n’est pas facile à encaisser. D’abord à cause du light show. Trop sombre. Puis des deux boîtes à rythmes qui étouffent constamment la voix pourtant si agréable d’Avey Tare (NDR : David Portner de son vrai nom). Et la guitare qui était parvenue à alléger les bidouillages électroniques, lors de leur prestation précédente accomplie à Dour en 2006, est beaucoup trop effacée. L'effet de surprise et d'émerveillement provoqué par leur magnifique dernier opus (« Merriweather Post Pavilion ») s’estompe rapidement ; et la longueur des titres finit par susciter un profond ennui. C’est donc plutôt dépité que je décide alors de repartir vers la grande scène, où se produit Vive la Fête.

Bien sûr, c’est moins original qu’Animal Collective ; mais au moins, leur spectacle est un régal pour les mirettes. Belle et sexy, Els Pynoo sait user de son charme. Et ses déhanchements peuvent se révéler dévastateurs. Sa crinière blonde contraste toujours avec le look sombrement new-wave du reste du band, Danny Mommens en tête. Malgré tous leurs efforts, le show de Vive la Fête ne parvient pas à décoller ; et l’hystérie déclenchée en 2003 et 2005 sur la Plaine de la Machine à feu ne se reproduit plus. Il faut dire que la pluie se met à s’abattre sur Dour, et les trombes d’eau refroidissent inévitablement l’ambiance. Il est d’ailleurs déjà 1 heure du mat’, le moment propice pour rejoindre sagement mes pénates. Les sets nocturnes, quoique très attendus de Fuck Buttons, Shameboy et Digitalism ; ce sera pour une autre fois.

(Voir aussi notre section photos)

Dour festival 2009 : jeudi 16 juillet

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La 21ème édition du Dour Festival coïncidait également avec ma 17ème participation. C’est donc toujours l’esprit léger que je me dirige, chaque année, vers le site de la Plaine de la Machine à Feu. Très vite toutefois, les embûches commencent à se multiplier. Sur la route, il faut se farcir un contrôle de très antipathiques policiers. Puis les inévitables files. Soit franchir toute une série d’étapes avant enfin de parvenir à l’entrée. Largement de quoi altérer mon enthousiasme. Mais c’est aussi le prix à payer, dorénavant, pour se lancer dans l’aventure d’un grand festival…

A tout instant de la journée (NDR : ensoleillée, il faut le préciser), une des cinq scènes (NDR : la 6ème –Red Frequency– n’ouvre que le vendredi) offre toujours un set intéressant à découvrir. Et mon programme débute par les ‘Picard’. Les Fatals Picards tout d’abord. Sur la grande scène. A contrario de ce que leur patronyme laisse supposer, ils ne sont pas issus du Nord de la France, mais bien de Paris ; et ça se ressent. Leur mélange de ska et de variété s’avère agréable à écouter sur disque. Leur tube et clip « Bernard Lavilliers », pour lequel ils avaient reçu le concours du Stéphanois, avait fait un tabac. Mais leur prestation est à cent lieues de véritables artistes du genre comme Marcel et son Orchestre. Le public ne s’y trompe pas et déserte en partie la plaine. Pourtant, celui des Francofolies lui aurait réservé un excellent accueil… autre endroit autres mœurs. Mais comme dirait Bernard (NDR : notre rédac’ chef, pas Lavilliers), ‘Il ne faut pas nous la faire…’

A premier abord, leur homonyme Pascal Picard et son band ne m’emballait pas davantage. Faut dire que sa pop gentillette passant en boucle sur la bande FM commence à me gonfler. Et pourtant, surprise (NDR : il y en a toujours à Dour), la jeune et souriante Canadienne va nous dispenser un set plutôt rock. Armée de sa guitare sèche, elle aligne les titres de son opus « Me, myself and us », dont son inévitable tube « Gate 22 ». L’interprétation très subtile de son répertoire séduit l’audience du Dance Hall. Une audience qui avait déjà pu vibrer lors du show accordé par la Flandrienne Selah Sue, dont la soul apaisante avait été unaniment appréciée.

Changement de scène et de style (NDR : il faut bien s’y faire à Dour) : Meshuggah monte sur les planches du Club-circuit Marquee. Vous ne les connaissez pas ? Leur patronyme se traduit littéralement par ‘taré’, en judéo-allemand… Leur style de musique est assez original. Oscillant quelque part entre métal et mathcore, il est raffiné par des accès de prog à la King Crimson. En 20 ans de carrière, la formation suédoise s’est forgé une solide réputation. Leur dernier opus, « ObZen » est paru en 2008. Et leur show accordé ce soir est plutôt emballant, pour autant que l’on ait une oreille avertie. Car les expérimentations et les changements rythmiques pointus, ce n’est pas du goût du festivalier lambda. En tout cas, c’est toujours un plaisir d’écouter un groupe qui excelle dans son style, même si l’on n’est pas un fan inconditionnel du genre. Et bonne nouvelle pour les fans de ce combo : un Dvd live serait en préparation…

Toujours aussi intense, mais un peu plus abordable, le set d’Isis restera un moment fort de ce festival (NDR : n’ayons pas peur des mots !) La formation se produit sur la grande scène. Le son est très puissant (NDR : mais pourquoi ai-je oublié mes boules-Quiès en ce début de festival ?) mais précis. Le chant d’Aaron Turner est impeccable. Les envolées planantes construites en crescendo sur disques sont ici décuplées. Pas besoin de substance psychotrope pour apprécier une telle solution sonore. A ranger du côté de grands ténors comme Neurosis, Cult of Luna ou même Fugazi.

Quelle est la manière de retomber sur terre après un tel concert ? Cocoon semble être le dérivatif idéal. De leurs ballades relaxantes et agréables, le combo hexagonal cherche à nous placer sous couveuse (NDR : tiens, je comprends à l’instant l’origine du nom du groupe). Le public claque des doigts et balance les bras de gauche à droite. Mais au fil du temps, leur pop guimauve devient lassante ; et on espère une petite étincelle pour percer ce cocoon soporifique… Elle viendra lors du titre final « Chupee », un morceau ponctué par les applaudissements des spectateurs. Enfin celles et ceux qui étaient parvenus à résister jusqu’alors.

Evoluant quelque part entre chanson française, blues et rockabilly, la prestation des locaux Saule et les Pleureurs est bien plus nuancée. Montois, Baptiste Lalieu a le chic pour mettre son public en poche. Il s’en approche et leur avoue qu’il aimerait tant les rejoindre si son micro le lui permettait. Car quoique prolongée d’une passerelle, la grande scène ne permet pas de réaliser de show comme lors des autres grands festivals. Pas davantage d’écrans vidéo de chaque côté du podium ni de micro sans fil. Dans ces conditions et vu l’amplitude du plateau, les temps morts sont inévitables. Mais cette situation oblige aussi les fans à rester dans les premiers rangs ; et même si la foule n’est pas très dense, la fête a bien lieu. Et Saule est rejoint par l’équipe Waf ! (NDR : dont la joviale Christine Mass de Plug RTL) pour mettre une dernière fois l’ambiance et immortaliser les farandoles dans le public, en vidéo.

Le reste de la soirée est malheureusement moins drôle : les très attendus Friendly Fires ont déclaré forfait. Motif : un  de leurs membres est malade. Il ne reste plus qu’aux inconditionnels de se consoler en (re)lisant notre review du festival ‘Les Inrocks’ 2009, au cours duquel ils avaient fait très forte impression.

Je n’apprécie guère Tryo. Et notamment leur pseudo-écologisme ainsi que leur alter-mondialisme pour bobos. En 2003, il avait accordé à Dour un set tout simplement insipide. De quoi mériter leur étiquette de chanteurs de rue (NDR : encore que quelque part, c’est un manque de respect vis-à-vis de ces derniers). Bref, restons un tant soi peu objectifs, et reconnaissons que leur jeu de scène a bien évolué. Les percussionnistes se mettent davantage en évidence et les chanteurs communiquent agréablement avec le public. M’enfin, je n’ai guère eu de regret de quitter ce spectacle pour assister à celui d’Isis…

Il est déjà minuit, et les orages annoncés et redoutés m’incitent à rejoindre le parking presse. Je ne tiens pas à rester embourbé dans un cloaque. Aussi, je laisse le soin à Jérémie, davantage fan d’electro, de couvrir la suite nocturne du programme. Car si finalement les orages violents ne frapperont pas Dour, la pluie va commencer à s’abattre. Et elle va même tomber en abondance… Qu’importe, ce n’est pas le temps pourri qui va arrêter notre photographe Jérémie. Et il livre un condensé de son stage surfing.

Dr. Lektroluv a le sens du second degré. Il s’affiche comme fan de Derrick. Vêtu d’un costard argenté, il est affublé d’un masque de Derrick. De couleur verte. En fait, son casque n’est ni plus ni moins qu’un vieux téléphone blanc, comme dans la série allemande culte (NDR : enfin presque). Le concept a son style et au niveau de la performance, l’artiste n'a pas rencontré de problèmes pour enflammer un Marquee presque plein. Tantôt plus hard tantôt plus intimiste, les rythmes parviennent à envoûter le public. Et pour être complet, on précisera que les Belges de The Subs ont participé au set.

Après leur prestation accordée dans le cadre du ‘7 ans du Culture Club’ à Gand en compagnie de Bloody Betroots et co, MSTRKRFT a également livré un set entraînant, plaisant et relativement mainstream, dans un Marquee bondé. Au programme : une bonne partie de leurs compos, mais également de nos nationaux Sound of Stereo, ainsi que l'incontournable remix de « D.A.N.C.E. » qu’il va directement enchaîner par le « Da Funk » des Daft Punk. Le public est ravi. Jérémie aussi car il avait estimé le set précédent à Gand beaucoup plus ‘hard hitting’ et limite trop techno.

Tout comme la pluie, Deadmau5 démarre en trombe. Il porte un casque de souris. Son set est plus hard que prévu, nonobstant la succession de gros hits. Le jeu de scène est original. Les jeux de lumières sont excellents et son set VJ. A plusieurs reprises, il parvient à faire décoller son show. Notamment lors de « Daft Punk - Harder Faster Better Stronger ». Mais au fil du temps, l’enthousiasme s’atténue. En cause un style qui devient de plus en plus minimaliste. Il perd alors une bonne partie de son audience. Faut dire qu’au loin on peut entendre Steve Aoki qui semble être au meilleur de sa forme.

La course entre les scènes n’a pas permis d’assister à l’intégralité du set de DJ Matthew Herbert. Une chose est sûre, l’expression sonore était largement teintée de bon vieux funk, dans un dance hall à moitié plein ou à moitié vide, c’est selon. Alors que la pluie redouble d’intensité sur la Plaine de la Machine à Feu.

Une pluie qui va finir par lasser Jérémie. Mais il n’était pas au bout de ses peines. Après deux heures du matin, il n’y a plus de navette pour rejoindre le parking. Il a donc fallu qu’il s’y rende à pied. Sous les trombes d’eau. Mais il en faut bien plus pour décourager vos dévoués reporters ; Jérémie et Sophie vous ont déjà réservé déjà de nombreux clichés dans notre rubrique ‘Photos’ ; et vous pourrez bientôt lire la suite des aventures de l’équipe de Musiczine, vécue lors de l’édition 2009 du festival de Dour… A suivre !

Cactus 2009 : dimanche 12 juillet

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On le savait depuis le vendredi soir, mais on n’avait pu diffuser l’info que le samedi : malade, Joss Stone avait déclaré forfait. Et une tête d’affiche ne se remplace pas au pied levé. Finalement, le choix du remplaçant s’est porté sur Jamie Lidell. Patrick, l’organisateur du festival, était bien embarrassé lorsqu’il a appris la mauvaise nouvelle. Fallait faire vite ! Et comme Lidell était à l’affiche de plusieurs festivals en Belgique, la solution était toute trouvée. Encore qu’il fallait conclure. Et visiblement, la réputation du Cactus a fait le reste… Le festival était quand même sold out trois jours de suite. Mais pour ce dimanche, les prévisions météo n’étaient guère optimistes. A un tel point que votre serviteur avait emporté parapluie, bottes et kawé. Et qu’en arrivant à destination, il aurait été préférable de prévoir short, t-shirt et casquette.

Cinq kilomètres avant Bruges, on entre dans les inévitables bouchons. Oui, je reconnais, il aurait fallu partir plus tôt. Mais un rédac’ chef est absorbé par des tâches urgentes jusqu’à la dernière minute. Résultat des courses : Mono et Babylon Circus avaient déjà accompli leur set, lorsque je suis arrivé sur le superbe site du Minnewaterpark.

Il est 15 heures 10 pile, lorsque la formation allemande The Notwist monte sur les planches. J’avais été agréablement surpris par leur prestation accordée dans le cadre du festival de Dour en 2007. Depuis la formation a sorti un nouvel opus, « The Devil, You + Me », un disque paru en 2008. Leur set commence en douceur, mais aussi dans un style minimaliste. Pas facile d’accrocher à cette entrée en matière tout en nuances et peu propice au concept ‘live’. A mi-parcours la bande aux frères Acher se lâche enfin et libère enfin un savoureux cocktail d’électonica et de cordes électriques. Le tout dynamisé par des percus hypnotiques. Un zeste de noisy, de krautrock, de dub et de new wave plus loin, on est surpris par la fin du concert. C’est au moment où on commençait à s’y plonger qu’il s’est terminé.

!!! (prononcez chk chk chk !) est orphelin de John Pugh. Le show repose donc aujourd’hui essentiellement sur le vocaliste et danseur Nic Offer. Passé les premiers accords, leur musique évoque la house mancunienne des Happy Mondays et autre Stone Roses. Mais rapidement, on se rend bien compte que la formation yankee émarge au punk funk. New-yorkais ! Le même que celui de Radio 4, The Rapture ou encore LCD Soundsystem. Encore que pour un puriste, on ressent des influences puisées chez Clash (NDR : pour les accès dub) ainsi que chez Gang of Four, lorsque le funk devient fondamentalement blanc ! Offer s’offre un bain de foule, se tortille dans tous les sens pour mettre l’ambiance. Le groove percussif tramé par le groupe commence à contaminer les spectateurs des premiers rangs ; mais manifestement, une partie du public est encore occupée de faire la sieste. Un passage plus tardif aurait sans doute permis à !!! de faire un tabac au Cactus. Encore qu’en proposant huit nouvelles compos dans sa setlsit, morceaux qui devraient figurer sur leur nouvel opus, la surprise était totale.

Quatuor britannique, The Magic Numbers réunit deux couples de frères et sœurs. Romeo en est le chanteur principal, mais il est remarquablement soutenu par les backing vocaux de Michele et Angela. Imaginez les harmonies vocales ! Leurs chansons pop sont hyper-mélodiques et sont régulièrement reprises en chœur par la foule. Fleetwood Mac et Supertramp ne sont pas loin. Pas pour rien qu’ils portent tous de longues chevelures, comme au tout début des 70’s. Un set rafraîchissant, mais un peu trop revivaliste à mon goût…

J’ai toujours en mémoire le fantastique concert accordé par Calexico au Pukkelpop, flanqué d’un orchestre mexicain, le Mariachi Luz de Luna. C’était déjà en 2000. Depuis la formation texane n’a plus renouvelé cette expérience inoubliable ; mais elle en a conservé un goût très prononcé pour les racines latinos. Faut dire que le duo Burns/Convertino (NDR : des ex-Giant Sand) est originaire de Tucson, en Arizona ; pas loin de la frontière mexicaine. Mais venons-en au show. Un collectif de sept musiciens se présente sur les planches : le guitariste/chanteur Burns, le drummer Convertino, le multi-instrumentiste Marin Wenk (accordéon, claviers, vibraphone, guitare, melodica, trompette), Paul Niehaus à la pedal steel, le trompettiste Jacob Valenzuela qui double au chant dans la langue de Cervantes, le bassiste Volker Zander et un musicien de tournée circonstanciellement préposé à la trompette. Non seulement ce sont tous d’excellent musiciens, mais ils communiquent une passion exaltante dans leur expression sonre. Si leur dernier opus, « Carried to dust » est d’excellente facture, son raffinement émousse son punch ; mais la transposition en ‘live’ est d’une toute autre trempe. Tout comme les autres compos interprétées ce soir, d’ailleurs. Et lorsque la section de cuivres (NDR : parfois ils agitent en même temps des maracas) entre en action, on est sous l’envoûtement ; alors que lorsque les 3 guitares entrent en action, l’intensité nous renvoie tantôt au Paisley Underground, tantôt à la cold wave des Chameleons. La formation s’autorise même une cover du « Love again or » de Love et puis accorde un rappel de deux morceaux, avant de se retirer sous une salve d’acclamations bien méritée. La magie de Calexico avait encore frappé. Et pour que votre info soit complète, sachez que la formation envisage d’enregistrer son nouvel opus, en compagnie d’un orchestre cubain…

Cinq ans que Lamb ne s’était plus produit en public. Et la formation mancunienne avait choisi le Cactus pour célébrer son retour. J’avoue ne pas être trop branché par l’électro et encore moins par le drum’n bas ; mais leur mélange de jungle, d’ambient et d’électro-jazz a toujours eu quelque chose de fascinant. D’autant plus qu’il est enrichi par la superbe voix de Louise Rhodes. Mais bon, depuis 5 ans, beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts, et je me demandais si le combo n’allait pas nous servir un plat réchauffé. Ben je dois dire que j’ai été époustouflé par leur prestation. D’abord, il y a Andrew Barlow derrière ses machines. Non seulement il ne se prend pas au sérieux, invitant régulièrement le public à lever les bras, mais outre ses aptitudes de show man, c’est un véritable musicien. Il le démontre en jouant du piano, et puis en inoculant ses beats et ses bidouillages dans la mélodie, sans les froisser. Des mélodies raffinées par le timbre clair, diaphane de Louise (NDR : elle empoigne également circonstanciellement une guitare) ; un timbre parfois proche d’une Björk, mais sans les inflexions suraigües de l’Islandaise. Plus de percussionniste (NDR : Andrew et Louise, s’en chargent régulièrement), mais toujours ce préposé à la double basse (NDR : il en joue également parfois d’un archet !) Derrière le trio les projections arty proposent des images au ralenti, en apesanteur, et même des corps enlacés. En fin de parcours, Lamb s’autorise une incursion dans le psychédélisme, auquel un Animal Collective aurait peut-être intérêt de s’inspirer, s’il en veut pas devoir aller se rhabiller. Deux titres en rappel plus tard, on n’avait pas vu le temps passer. Vous savez donc ce que cela veut dire…

Jamie Lidell, un Anglais à Berlin, a donc dû remplacer Joss Stone au pied levé. Elle s’était fait porter pâle le vendredi soir. Heureusement l’artiste était déjà chez nous. Non seulement il est programmé à l’affiche du prochain Gent Jazz et au festival de Dour, mais il avait également accordé un concert gratuit au Depot de Louvain. Il ne lui était donc pas trop difficile d’ajouter une date à son agenda, d’autant plus qu’il bénéficiait de la tête d’affiche. Et finalement, personne ne s’est plaint de cette jolie finale au cours de laquelle le crooner-électronicien a proposé un subtil cocktail de funk, de soul, de pop et de swing. Vu les circonstances, on peut dire que les organisateurs sont bien retombés sur leurs pattes. Il a proposé un éventail bien équilibré entre les compos électro-dansantes et accessibles de son « Multiply » et celles plus funky soul du récent « Jim ». Une setlist énergique, excitante et pétillante pour un artiste qui affiche une présence scénique bien huilée. Ses cabrioles vocales, un grain de folie et son humour ont fait le reste. Sans oublier son inévitable numéro de human beat-box, lorsqu’il passe derrière son attirail électronique. Le spectacle s’achèvera par deux ballades ‘P-funk’ passionnées, sensuelles et contagieuses. Manifestement, l’édition 2009 du festival cactus était réussie ! (Johan Meurisse; adaptation B. Dagnies)

 

Ardentes 2009 : dimanche 12 juillet.

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Ce dernier jour de festival propose très certainement la plus belle affiche de l’édition 2009. Une grille de programmation dense et éclectique qui annonce un vrai marathon musical  La météo se montre enfin clémente et le soleil point sur la plaine et l’HF 6 qui accueillent ce dimanche : Cœur de Pirate, Peter, Bjorn & John, The Subways, Sharko, Julien Doré, Supergrass, Ozark Henry, Ghinzu et quelques autres…

13h00 : alors que les cheminées de l’Aquarium soufflent encore leurs derniers crachats de fumée, Cœur de Pirate prend place sur la scène principale devant un public venu en masse dès la première heure, pour assister à la représentation du nouveau phénomène canadien.

Fille de la cyber-génération, Béatrice Martin fait partie de ces artistes qui ont bénéficié de l’explosion de la bulle internet. Phénomène hype/internet ou véritable artiste ? Il reste au ‘Jack Sparrow’ du Saint-Laurent à démontrer son savoir-faire sur les planches. A priori, le produit marketing tient la route. Un nom de scène ingénu, des textes (faussement) naïfs, une voix d’enfant, un visage d’ange. Des airs guillerets, libres et légers. Bienvenue dans le monde de Casimir !!! Etrangement, ce concept ingénieusement fleur-bleue fonctionne et touche le cœur des hommes et des femmes de 8 à 88 ans. Béatrice Martin nous va nous offrir un bouquet composé de fleurs sonores dont une nouvelle compo. 40 minutes de concert pour exposer son talent d’auteur-compositeur et de pianiste. Grâce à ses chansons à fleur de peau qui pleurent en émotions et à un sentimentalisme habilement simpliste, la jeune Québécoise parvient à transmettre à la perfection ce spleen doux-amer de l’adolescence qui habite chacun de nous. Une ivresse contagieuse de folie et de légèreté qui nous parle au corps. L’espace d’un instant, elle entrouvre à nouveau l’âge ambigu de l’entre-deux où s’entremêlent et se succèdent, parfois sans transition, des abîmes d’angoisse et cette peur de soi, des autres et du vide si caractéristique. Puis cette insoutenable légèreté de l’être, cette spontanéité irrésistible de l’enfance. Et ça fait mouche ! Redoutable profondeur de la frivolité !

 Le groupe suédois Peter, Björn & John était venu fêter ses 10 ans d’existence sur la scène du Parc Astrid. Le trio stockholmois composé de Peter Morén (chanteur et guitariste), Björn Yttling (bassiste et claviériste) et de John Eriksson (batteur et percussionniste) propose une pop sophistiquée aux structures et arrangements complexes et intelligents. Malheureusement, le jeu très aérien des trois scandinaves manque cruellement de puissance et d’enthousiasme. Le son ne dépasse que très rarement les barrières du front stage. Ils offrent un set exsangue et très inégal en qualité par rapport à la version studio. Seule éclaircie sur la planète sonore de ‘Peter, Björn & John’, le célèbre et sifflotant « Young Folk ». Et encore !

Un profond gouffre sépare le trio scandinave du britannique et se creuse sur la plaine lorsque The Subways déboule sur la main stage. Pas besoin de lourde et coûteuse machinerie électronique pour les trois banlieusards londoniens. Une guitare, une basse, une batterie et un mur Vox suffisent. Un punk/rock simple et efficace à l’image de leurs pères spirituels, The Ramones. Torse nu, Billy Lunn (chant/guitare) pèche par excès de testostérone. Une présence scénique remarquable, une voix puissante, quelques riffs rapides et serrés, une basse solide et une folle dépense d’énergie pour livrer un set au son merveilleusement garage crasseux. Quelques stages divings pour communier avec le public et le parterre explose radicalement. Excellent !!!

A peine le temps de reprendre son souffle pour rejoindre rapidement les moiteurs de la scène indoor sur laquelle les talentueux Bruxellois de Sharko nous attendent. Après 10 ans de carrière et 5 albums, David Bartholomé, Teuk Henri et Charly De Croix (nouveau batteur) célèbrent la bête et nous invitent à découvrir leur dernier album, « Dance on the Beast ».

Sharko revisite les quatre derniers elpees (« Meeuws », « Sharko III », « Molecule » et « Dance on the beat ») et nous propose un set cohérent et dynamique. Le dernier opus s’ouvre à des sonorités electro-dance et se veut plus dansant. On ne s’ennuie jamais ! Il ouvre lentement le concert par trois morceaux du dernier album. Le décor est sobre et s’illumine de quelques lights. Progressivement, l’animal qui incarne le chanteur se réveille. L’HF 6, noire de monde, suinte de partout et s’électrise. L’introversion initiale s’estompe peu à peu. Il communique enfin et communie. La convivialité monte graduellement. Savamment crescendo. L’excellent « I Went Down » vient porter le coup fatal. Le sol, sous nos pieds, se met à vibrer et c’est du pur bonheur ! Le trio bruxellois tient le public en haleine jusqu’à la fin, alternant anciennes et nouvelles compos. Deux perles pop suivront : « Yo heart » issu du dernier album et l’indémodable « Sweet protection » issu de « Molecule ». Sharko a bel et bien joué avec nos cordes émotives. Talentueusement. 

Sorti de la Nouvelle Star en 2007 et révélé au grand public grâce à « Excellent » de Sharko, il était logique que Julien Doré suive sur la grille de programmation. Le public averti attendait d’ailleurs un duo avec David Bartholomé qui n’aura malheureusement pas lieu. Le duo, le french-lover dandy de 24 ans le livrera en compagnie de la délicieuse Béatrice Martin qui avait, à son tour, repris « Les Bords de Mer » du jeune Alésien. La bête de scène excentrique et décalée se balade avec beaucoup d’aisance sur les planches de l’HF 6 et assure un spectacle décalé face à une foule déchaînée et conquise d’avance.

Le programme nous laissait 15 minutes pour assister au retour des très Britanniques Supergrass sur l’open air. Considéré comme l’un des meilleurs groupes Britpop des années 90, les quatre d’Oxford invitaient les nostalgiques de cette période à redécouvrir la formation sur scène. Ils nous livreront cependant un set très linéaire et parfois ennuyeux. Le concert ne décolle jamais vraiment. Il laisse les initiés dans l’expectative et, dans l’indifférence, ceux qui ne le sont pas. Supergrass, une belle et confortable pièce de musée à visiter.

Juste le temps de respirer 15 minutes avant de rejoindre la très sulfureuse HF 6 où Ozark Henry s’apprête à livrer le dernier concert indoor 2009 des Ardentes. Le très expérimenté Courtraisien Piet Hendrik Florent Goddaer –qui a eu la lumineuse idée de prendre un nom de scène– offre un set mélodieux et paisible, aspirant lentement, à fleur de nos mémoires, les résidus sonores des prestations nombreuses et contrastées qui se sont succédées, ont fait trembler la salle indoor pendant les quatre jours et qui sillonnent encore les murs et l’espace alentour. Doté d’une expérience scénique impressionnante, l’artiste conjugue avec bonheur les atmosphères électroniques, rock et trip hop.   

Hormis un trop soyeux Emiliana Torrini du premier jour, le festival clôture quotidiennement  la plaine par des souffles musicaux volcaniques. Les prestations impétueuses d’Etienne de Crecy et de Magnus restent encore gravées dans nos mémoires. Mais l’apogée, la véritable apothéose, nous viendra de Ghinzu. Un lightshow mégalomaniaque, une substance sonore qui retourne le Parc Astrid et des mélodies accrocheuses et obsédantes nous rappellent que la bande à Stargasm fait indéniablement partie des grands de la scène internationale. Un concert en feu d’artifice qui irradie le Parc Astrid et clôt majestueusement l’édition 2009 des Ardentes. 

(voir aussi notre section photos)

 

Cactus 2009 : samedi 11 juillet

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Pour  ma première participation au Cactus, je dois avouer être tombé sous le charme de ce festival. Ambiance décontractée, cadre sympathique et programmation à la hauteur. Que demander de plus ? A contrario du Main Square d’Arras, auquel j’avais assisté la semaine précédente, celui de Bruges a le mérite de rester à dimension humaine. Mais malgré cet aspect convivial, l’édition 2009  a tout de même battu son record d’entrées, en enregistrant plus de 27.000 spectateurs !

Après avoir fait l’impasse sur la prestation de Joe Gideon & The Shark, pour cause d’arrivée quelque peu tardive ; c’est avec joie que je retrouve 65daysofstatic. Fabuleux groupe de scène, les Anglais font honneur à leur réputation en dispensant, à mes yeux et mes oreilles, le meilleur concert de la journée ! L’énergie, la puissance scénique et les compositions, tout y est pour séduire un public déjà présent en masse. Leur mélange de post-rock rageur et d’électro fait des ravages. C’est un véritable mystère que ces natifs de Leeds peinent à percer hors des frontières anglaises et belges…

Grosse pression pour le groupe suivant après une prestation si solide ! The Black Box Revelation y parvient pourtant haut la main. Une semi-révélation (!!!) pour ce duo flamand considéré comme un excellent groupe de scène. Jan Paternoster possède des qualités vocales indéniables. Leur rock ’n roll est énergique à souhait et impressionne un public qui en redemande. Il n’est pas trop éloigné de celui des White Stripes. Au vu de leur prestation, on comprend pourquoi dEUS les avait choisis comme première partie lors de leur dernière tournée et pourquoi le tandem a récemment gagné l’Humo Rock Rally.

Davantage de douceur lors de la prestation de Joan As Police Woman. Le début du set de la très séduisante New-yorkaise est un peu poussif et plat ; mais la compositrice américaine relève joliment la barre lors de sa deuxième partie de parcours. Ses qualités vocales sauveraient de toute façon un concert, même moyen.

Les Cold War Kids sont en retard. Des soucis de soundcheck ! Heureusement ces problèmes ne vont pas les empêcher de livrer un show plus que convenable. L’émotion se dégageant de leurs chansons est toujours aussi omniprésente et palpable. Leur rock teinté de soul écorche et séduit en même temps. J’assiste néanmoins à leur prestation en dilettante, afin de visiter quelque peu les lieux. Etape nécessaire et indispensable lors d’escapades festivalières.

Un nombre impressionnant de spectateurs se sont agglutinés devant le podium. Supergroupe américain formé par les vétérans Mark Lanegan et Greg Dully, The Gutter Twins va bientôt monter sur les planches. Pour l’occasion, les jumeaux se produisent en trio (le guitariste Dave Rosser les accompagne). Pendant une bonne heure, leur set acoustique comble les fans mais séduit aussi le reste de l’audience. Les Gutter Twins ont même droit à une ovation lorsqu’ils entament « God’s Children ». Le groupe entame à Bruges leur première date d’une mini-tournée des festivals européens. Leur prestation est excellente. Faut dire que les magnifiques voix des anciens leaders d’Afghan Whigs et des Screaming Trees se conjuguent parfaitement en harmonie. Bien sûr, leur musique s’exprimerait probablement encore mieux en salle. Rien de neuf à l’horizon ; c’est une remarque récurrente lors des festivals !

La star flamande Novastar s’est fendue d’une prestation honorable. A l’image de sa musique : relativement ennuyeuse. Joost Zweegers honore toutefois son répertoire de très belle manière. Le public brugeois apprécie ; mais je ne connais pas suffisamment les compos de ce combo pour pouvoir adhérer complètement à son show. Certaines chansons comme « Mars Need Woman » ou « Never Back Down » sortent néanmoins du lot.

A l’issue du concert de la star flamande, la fin de soirée approche à grand pas pour votre serviteur. Et je n’ai pu malheureusement suivre attentivement la prestation du ‘Modfather’, Paul Weller ! La journée avait été un peu trop arrosée… Dans ces conditions, difficile de rédiger un compte-rendu objectif. Heureusement Sam veillait au grain…

Paul Weller n’a pas déçu. Flanqué d’un backing group, il a joué avec sa dose habituelle et nécessaire de ferveur pour interpréter les compos de son dernier et brillant opus, « 22 dreams ». Il a également puisé dans le répertoire de Style Council dont un « Shout to the top » plein d’âme et celui de Jam, en concédant un « Eton rifles » percutant et vigoureux. Parmi ses compos les plus anciennes et ouvertes à l’impro on retiendra surtout « Porcelain gods » et l’inévitable « Changingman ». Le classique intemporel « Wildwood » a été imprimé sur un tempo plutôt original. Ses interprétations sont imprévisibles mais talentueuses. Il n’est jamais sur pilotage automatique. C’est ce qui fait sa force et ce qui explique pourquoi on aime Weller. Ainsi ce soir, il n’a pas opté pour une setlist de « Greatest hits ». Et les véritables aficionados ont vraiment apprécié sa démarche. Weller était la tête d’affiche de cette soirée, et il a remarquablement défendu son statut. Un des meilleurs concerts du festival, assurément ! (Sam De Rijke ; adaptation B. Dagnies)           

 

Ardentes 2009 : samedi 11 juillet

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Un samedi soir dans la cité ardente. A l’image du vendredi, ce samedi 11 juillet s’annonce très festif. Cependant, plus encore que les jours précédents, c’est une programmation sensiblement plus bigarrée qui s’offre aux visiteurs. Du son pour toutes les oreilles et pour toute la nuit : rock, pop, trip-hop, électro/house, dubstep, drum’n’bass… Les influences se côtoient, puis s’associent et s’entremêlent. Dans l’espace qu’elles creusent, elles se lovent et s’épousent, distillent subtilement, dans cette nuit sonore qui s’égrène, des nectars les plus sombres aux sucs les plus radieux, des sèves les plus douces aux crus les plus rythmés. L’âme s’apaise, les cœurs bondissent. Chaque musique a ses couleurs. Délicates ou explosives, brusques ou nuancées. Ici, très mystérieusement, le plus subtil rejoint le plus bruyant à la lisière du sublime.    

Trois membres du collectif liégeois Jaune Orange étaient conviés à ouvrir le chemin musical de cette troisième journée. Tandis qu’Airport City Express et les très prometteurs Malibu Stacy gravissent la scène de l’Open Air, Dan San se charge, par la caresse, de réveiller avec tendresse l’à peine endormie HF 6, de sa pop acoustique et très mélodieuse.

L’écrin électro/pop s’ouvre très rapidement dans la soirée sur les talentueux John & Jehn. Le duo fait son cinéma, et ça marche ! Les french-lovers dandys exilés à Londres nous immergent subrepticement au sein d’un univers sombre. Atmosphère éclipsée par des stroboscopes aveuglants qui plongent le spectateur dans des eaux troubles et sombres d’un  film en noir et blanc. Comme le décor granuleux d’un film de Cassavetes, l’image s’imprime sur la scène de l’HF 6. On en revient donc à la description développée lors de ma chronique de leur album éponyme, le 7 juillet dernier : ‘Elle, Camille Berthomier, clavier, voix, basse. Lui, Nicolas Congé, chant, guitare, basse. Le couple, à la ville comme à la scène, affiche une attitude sombre, stylisée et sensuelle. A l’image de The Kills, le couple s’harmonise; le son et les voix s’épousent, s’entrelacent, fusionnent en pop. Malgré les influences évidentes du Velvet Underground et de Joy Division, John & Jehn parviennent à créer leur propre monde musical. Minimaliste et puissant. Une musique magnétique et sensuelle affichant un romantisme désabusé. Un rock garage crasseux aux riffs qui montent en colère pour atteindre le larsen et parfois effleurer la noisy’. Et cette intelligente fusion est soutenue par une boîte à rythmes omniprésente et efficace. Hormis quelques imperfections de jeunesse, John & Jehn est indéniablement un groupe en devenir.

A peine le temps de traverser le sentier des saveurs, pour y découvrir Triggerfinger. Le trio anversois ronronne sans complexe et nous assomme d’un rootsrock puissant. Une voix forte, des riffs furieux et une basse hyper puissante soutenue par une batterie qui frappe en rythme. Un rock classique sans tâche qui révèle trois excellents musiciens sur scène. Le public tombé par accident face au trio explosif se laisse facilement porter par le son énergique du groupe. Pari gagné par les trois Anversois. 

Quand la voix casse, rien ne passe ! Celle de José Reis Fontao, leader de Stuck in the Sound, devait déclarer forfait à la dernière minute. Heureusement, Hollywood P$$$ Star n’avait que quelques marches à gravir pour fouler la scène de l’HF 6. Soulignons quand même l’efficacité et la disponibilité de la formation liégeoise. Alors que le groupe prépare son cinquième album, l’excellent quatuor belge nous livre une prestation sans complexes. Pas de vacances pour HPS ! Les locaux nous offrent un set puissant et électrique. Electricité qui vibre encore sur le personnel de sécurité monté sur scène pour transformer le quatuor en quintette. Performance qui nous donne envie de découvrir le cinquième opus au plus vite. 

Les groupes liégeois et le collectif Jaune Orange sont décidément à l’honneur ce samedi. The Experimental Tropic Blues Band  illustre de nouveau l’étendue musicale qui réside au sein de la scène de la Cité Ardente. Les volcaniques Dirty Wolf, Boogie Snake et Devil Inferno  nous plongent dans l’enfer sulfureux de leur très particulier boogie/blues/punk-rock ! Guitares en avant et batterie omniprésente, le trio incendie véritablement la foule. Difficile de rester passif face à une prestation aussi explosive. Au fil du temps, The Experimental Tropic Blues Band se forge, à coup de riffs tranchants, une place incontournable dans la scène rock belge.

Pas de répit pour les tympans : les incendiaires Peaches déboulent sur la plaine ! Festivalier convaincu ou non, les pyromanes canadiens vous embrasent de leurs délires électro punk/rock. Au plus grand plaisir des festivaliers, Merril Beth Nisker, ‘reine trash de l’électro-clash’, ne compte pas perdre sa couronne. Sexe et provocation sont omniprésents. Showgirl impulsive, Nisker plonge soudainement sur la foule et se lance dans un interminable stage diving qui la mènera des planches à la régie. Elle marche radicalement sur la foule. C’est alors que la guitariste prend place au centre de la scène. Equipée d’un bustier, de porte-jarretelles et de cuissardes noires, la belle blonde longiligne nous offre des solos guitares électriques. Pas de temps de pause chez les pompiers pyromanes de Toronto. Certainement l’un des plus excentriques et décalés concerts des Ardentes 2009.

La nuit tombe sur un Parc Astrid qui descend progressivement en décibels. Les festivaliers encore subjugués par la performance de Peaches attendent sereinement la venue de Tricky.  Le soundcheck annonce lentement la venue d’Adrian Thaws. L’ancien membre du collectif Wid Bunch et de Massive Attack fait partie des valeurs sûres de la première génération trip hop. Malheureusement, l’attente débouche sur une déception ; et la prestation ne va exclusivement plaire qu’aux oreilles fatiguées. Thaws se conforte dans le coton et nous offre une setlist qu’il ressasse depuis 2 ans, sans enthousiasme. Trop introspective, cette valse de 2 ans s’enlise dans le confort feutré du déjà entendu mais souffre terriblement de cet autisme et ne rencontre que peu d’échos. Le public en mal de sensations fortes tombe rapidement dans l’ennui. Un Tricky trop linéaire qui a tout intérêt à se renouveler d’urgence, sous peine d’extinction…

Désertant progressivement l’HF 6, la foule prend lentement la direction du gazon. NTM ou demi-NTM, les lascars de la Seine-Saint-Denis restent, malgré les années et les générations, un événement rap incontournable. Absent pour sculpture sur voiture, Joey Starr laisse le soin à Kool Shen et ses invités (Salif et Lord Kossity) d’assurer le spectacle. Bruno Lopes use intelligemment  de son expérience et de son professionnalisme pour offrir un service minimum à des fans conquis depuis longtemps. Mettre le feu sur la plaine était dès lors un jeu facile. Resservir un petit « Pass Pass Le Oinj » ou « Ma Benz » devenait un exercice aisé. Bref, peu importe la substance musicale, le résultat prime. Par contre, il me semblait parfaitement inutile de ‘victimiser’ notre ‘ami’ Didier Morville. Au lieu de faire de la démagogie de comptoir, Kool Shen aurait dû se contenter de nous servir quelque mauvaise reprise de Suprême NTM. Lorsqu’il harangue les spectateurs, prenant voix pour Joey Starr, lors d’un merveilleux : ‘Les gens comme nous (entendez ‘les stars du showbizz’) sont en justice défavorisés !!!’, j’explose… de rire ou d’indignation.

Tom Barman aux commandes de Magnus clôture la soirée open air dans un joyeux bordel ! Quand le leader de dEUS s’amuse, il ne le fait jamais seul. Le monstre anversois livre un set électro fidjet maladroit mais essentiellement généreux qui invite le public à envahir la scène,  transformant ainsi la totalité de la plaine en une prodigieuse free party…

Merveilleuse invitation à poursuivre les festivités en indoor.

(voir aussi notre section photos) 

 

Ardentes 2009 : vendredi 10 juillet

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15 mille visiteurs vont traverser les portiques d’entrée pour cette deuxième journée… Vu le line-up en ‘spotlight’ sur le podium rap/hip-hop et électro/techno, les festivaliers étaient venus en masse pour faire la fête sur les bords de la Meuse. Pour accueillir ce flux massif de fêtards, les organisateurs avaient prévu d’agrandir la scène indoor d’un très festif Aquarium. Salle en prolongation de la HF 6 ouverte pour 2 jours (vendredi et samedi) et fermant ses portes à 6h00. Hormis quelques exceptions, la configuration générale invite clairement le visiteur à venir écouter du rap sur l’Open Air et à participer à une grand messe électro/techno dans les sulfureux HF 6 et Aquarium jusqu’à l’aurore.

En début d’après-midi, l’Open Air accueille la sensation pop française du moment : Sliimy. Après une première partie de Britney Spears ce 6 juillet à Paris, le jeune Stéphanois foule timidement les planches des Ardentes. Dans une configuration classique (chant, guitare, basse et batterie), le quatuor nous livre un pitoyable spectacle où seuls la veste mauve et le gant orange jureront d’excentricité. Quelques sourires idiots et quelques gambades de cabri  viendront épicer une performance exsangue et sans grand intérêt. Le ‘Prince’ de la génération lol n’aurait jamais dû déserter son monde virtuel. On s’ennuie fermement.

Formé à Londres en 2003 autour de Matthew Swinnerton et Jamie Hornsmith, The Rakes représentait l’un des rares groupes pop/rock du jour. Le quintette britannique venu nous présenter son dernier opus « Klank », sorti le 23 mars dernier, devait affronter une foule venue massivement découvrir d’autres horizons sonores. La nouvelle sensation britannique nous livre un set soigné et élégant mais souffrant cruellement d’une carence de puissance. Une setlist trop linéaire et sans âme. Le charme n’opère pas auprès du public. Pas de connivence. Aucune interaction. Le groupe n’arrive jamais à convaincre.

Il faudra attendre 19h30 pour que la plaine du Parc Astrid connaisse ses premières envolées musicales. Déjà présents sur le site en 2007, les Etasuniens de !!! (Chk Chk Chk) remettent le couvert et nous invitent à danser sur leur joyeux bordel. Leur dance-punk-groove-électro… agite un public resté jusque là amorphe. Nick Offer parvient très vite à transmettre sa folie contagieuse. Il est présent sur scène et hors scène. La bête Offer (héritier de la scène hardcore) se réveille et plonge dans la foule, excite ses fans… La machine à danser est lancée et personne ne l’arrêtera. Le plaisir d’être sur scène se communique et il le fait à merveille.

La plaine à peine sortie de sa léthargie s’apprête alors à accueillir les deux phénomènes hip-hop américains de la journée : Q-Tip et Method Man & Red Man. Genre musical qui indéniablement attire les foules et pousse au beat time.

Intolérable !!! Non pas tant le retard d’une heure de Method Man & Red Man que la désinvolture affichée par les deux hommes. Le duo new-yorkais livre cependant un gangsta rap extrêmement efficace face à un public préalablement acquis et pas rancunier. Pour le reste, no comment !

Accompagné d’un combo jazz-funk, Q-Tip nous offre à entendre un rap généreux parsemé   de soul et de groove. Figure importante du hip-hop US, le rappeur new-yorkais ne recevra cependant pas les clameurs méritées d’un public déjà secoué par le set mordant des deux phénomènes rap US du moment.

Une foule bouillante attend impatiemment l’un des autres phénomènes musicaux de la journée : Gossip. Toujours armée de son humour décapant et de ses paroles de féministe militante, la reine underground de Portland continue sa campagne contre la dictature de la maigreur. Une véritable performance. Son rock terriblement efficace secoue littéralement la plaine et sa voix la traverse sans obstacle. Pas de stage diving pour Beth Ditto mais une énergie folle et une sensualité débordante. Résultat explosif !  

Le très Français Etienne de Crecy vient alors porter le coup fatal à la main stage. Un live électronique aux sons et lumières impressionnants envahit un parc Astrid déchaîné et noir de monde. Bonne entrée en matière pour annoncer une soirée totalement dédiée à l’électro dans les 2 salles indoor. 

(voir aussi notre section photos)

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