Pas d’amis, pas de douleur pour Johnnie Carwash…

« No Friends No Pain », c’est le titre du nouvel elpee de Johnnie Carwash. En attendant, il nous en propose un extrait, sous forme de clip, « Aha (it's ok) ». Ballade pop façon The Drums, « Aha (it's ok) » est un morceau mélancolique qui a conservé la…

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Meril Wubslin fait ça… et dans la langue de Molière…

Fondée en 2010 par Christian Garcia-Gaucher (BE/CH) et Valérie Niederoest (CH), Meril Wubslin est une formation belgo-suisse dont la musique est décrite comme lo-fi-folk-sci-fi-psyché-transe. Duo à l’origine, elle est passée à un trio en 2015, à la suite de…

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Pukkelpop 2008 : jeudi 14 août

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Le grand jour est arrivé. Dernier festival d’été pour nous. Dur dur le réveil à 7h, mais le train débarque à 9h09, donc pas le temps de traîner. Dernières vérifications, une petite douche vite fait, on emballe et on se précipite à la gare. Pas autant de monde que prévu sur le quai. Super, on va pouvoir poser nos fesses pendant le voyage.

1h30. Trop long. Ca laisse pas mal le temps de se triturer les méninges. Et c’est là qu’on se rend compte qu’on a oublié d’emporter un tas de trucs. Tant pis, on fera sans. 10h30, arrivée à Kiewit. Un coup d’œil aux cieux cléments nous laisse augurer qu’il n’y a rien à craindre au niveau du temps. Mais autant se dépêcher d’aller monter cette bête tente avant de connaître une mauvaise surprise. Un petit tour au coin presse pour choper le ticket, une petite fouille express, un petit repérage des lieux, le choix d’un endroit tranquille où se poser et un montage rapide. On peut alors grignoter un bout avant de se diriger vers la plaine.

Pas beaucoup de changements au niveau de la configuration du site. On a simplement droit à un ‘Petit Bazar’ en complément. Et petite modification également au niveau de la ‘Skate stage’ qui est recouverte d’un chapiteau et rebaptisée ‘The Shelter’. Franchement, on s’en fout, on n’y met que très rarement les pieds. Direction le ‘Dance Hall’. Premier concert, celui des Australiens de Midnight Juggernauts. Pas aussi convaincant qu’en juin dernier au Botanique. Ils souffrent d’une sono merdique et ce ne seront pas les seuls. Trop de basses tuent la basse. Le public remue timidement sous la ‘Dance Hall’. On décide donc d’aller voir ailleurs, si on y est.

Sur la ‘Main Stage’, Billy Lunn de The Subways est manifestement à bloc. Il gueule plus qu’il ne chante ou ne parle ; et nous casse légèrement les bonbons. Il réussit, en outre, à massacrer « I Want To Hear What You have Got To Say ». On en oublie même la présence de Charlotte Cooper. Aucun intérêt.

Petit tour au ‘Château’ où A Mountain Of One s’emballe sur un charmant morceau. Pas assez charmant pour nous retenir. Il y a bien trop d’artistes à découvrir.

Passage rapide par la ‘Main Stage’ où Amy MacDonald succède aux Subways. Ce n’est pas sa pop anesthésique qui parvient à retenir notre attention…

L’après-midi prend enfin tout son sens grâce au méchant set de Santogold. La ‘Dance Hall’ vibre toujours autant au son des basses surpuissantes. Et ce ne sont pas les bombes « You’ll Find A Way (Switch & Sinden Remix) », « L.E.S. Artistes », « Creator » ou « Say Aha » qui me contrediront. Un putain de premier bon moment !

On ne peut pas en dire autant de Serj Tankian, Infadels ou même Tricky. Un trio perdant. Ou si vous préférez trois grosses déceptions. Heureusement, Hot Chip est là pour sauver les meubles. La ‘Dance Hall’ est pleine à craquer et le sol tremble sous les beats de « One Pure Thought », « Hold On », « Boy From School », « Ready For The Floor », le terrible « No Fit State », l’inévitable « Over & Over » et même une reprise inattendue du « Nothing Compares 2U » de Prince, popularisé par Sinéad O’Connor. La formation en devient véritablement incontournable tant ses prestations live ne cessent de se bonifier au fil du temps.

L’heure du dîner est arrivée. 3€ le paquet de frites, 8€ la pitta. A ce prix là, il ne nous reste plus qu’à parcourir des kilomètres pour retrouver nos tendres tartines sous la tente. Par contre, pour avoir oublié toutes boissons non alcoolisées, il va falloir douiller. A 2,25€ le verre de coca, on a plutôt intérêt à le déguster. Après ce petit repas vite fait bien fait, retour au ‘Club’ pour l’excellente prestation d’Iron & Wine qui a choisi de ne jouer que des morceaux ‘upbeat’, histoire de garder la foule éveillée.

Sur la ‘Main Stage’, Róisín Murphy se la pète à donf’. « Don’t Cry » en guise d’intro, danseuses à clef, constitue une bonne mise en bouche. Par contre, pas très subtile, la donzelle. Dès le deuxième morceau, elle enchaîne sur un titre de Moloko (« Forever More »). Aussi retravaillé soit-il, c’était du Róisín Murphy que l’on était venu écouter, pas du Moloko. Sa version insipide de « Let Me Know » conclut notre visite à la ‘Main Stage’ pour la journée. On verra si elle fait mieux à Forest dans quelques mois…

Après quelques minutes de patience, The Flaming Lips débarque sous le ‘Marquee’ pour y foutre un sacré bordel. Ballons, confetti et un joli lâcher de tubes, comme « Do You Realize ?? », « Fight Test », « The Yeah Yeah Yeah Song » ou « Yoshimi Battles The Pink Robots ».

Au ‘Club’, The Ting Tings n’a pas été aussi convaincant, ni la hauteur de la hype. Les hits populaires « Great DJ » ou « That’ Not My Name » sonnent creux. On aura beau fait des allers-retours entre la Marquee et le Club, le set du duo n’a pas l’air de s’améliorer.

On décide alors de se poser sous le ‘Château’ pour ce qui va s’avérer être le meilleur moment de la soirée. Holy Fuck triture ses instruments analogiques comme nul autre. Les tueries de « LP » font frémir le cortex cérébral de l’assistance. Du « Super Inuit » introductif à « Safari » en rappel, en passant par le splendide « Lovely Allen » et l’obsédant « The Pulse », le quatuor a prouvé qu’il méritait bel et bien sa place en tête d’affiche de la journée (bien remplie) sous ce chapiteau. De quoi terminer en beauté… Allez, dodo !

 

Esperanzah ! 2008 : vendredi 1er, samedi 2 et dimanche 3 août

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Le premier week-end du mois d’août restera l’un des moments phare de cet été. Pendant 3 jours, les groupes programmés au festival Esperanzah! nous ont offert un festin musical mémorable. Une programmation d’exception où les meilleurs musiciens ont inondé de leurs rythmes et notes de musiques endiablés, un public ravi et rassasié. L’édition 2008 a été riche et colorée. Des journées –pour la première fois depuis sa création– sold-out qui ont attiré pas moins de 10.000 visiteurs par jour. De la musique du monde qui nous a permis de  voyager sur tous les continents. Il y en avait pour tous les goûts : du blues au folk, en passant par le reggae, le ska et le rock...

De la musique, des ambiances, des parfums et des rencontres. Quelques mots pour résumer un lieu d’échange d’une richesse pure et sincère. Des messages et des discussions sur la problématique du travail décent. Le tout dans un esprit ouvert et tourné vers la confrontation des idées de tout un chacun. Qu’on soit employé, artiste, étudiant ou autre, les différents acteurs de ce monde ont pu apprendre et s’informer, écouter et danser, le temps de quelques jours seulement.

Accrochez votre ceinture, le parcours est passionnant.

Chaque jour, de grandes pointures de la musique

Bien au-delà de l’instant, Xavier Rudd a séduit par son humilité. Sa reconnaissance en Australie et aux Etats-Unis n’est plus à démontrer. Grand défenseur de la nature et des aborigènes, il nous emmène sur une route imaginaire parsemée de sonorités qui lui sont propres. Une impression de bien-être et de chaleur s’est inscrite dans nos mémoires. En provenance d’Australie, Xavier est un musicien atypique. Il partage sa musique comme on savoure les doux rayons du soleil qui caressent notre peau au crépuscule flamboyant.

Evoluant à la croisée d’influences nombreuses, Rokia Traoré a particulièrement séduit le public venu l’écouter en masse. Samedi soir, il était difficile de se frayer un chemin. Petit à petit, Rokia et ses musiciens s’installent et font monter la pression. Les pelouses de l’abbaye se transforment en pistes de danse et les festivaliers sont projetés dans un autre univers.

Amparanoia. Singulier parcours que celui d’Amparo Sanchez et de son groupe ‘paranoïco-critico-festif’. Ce petit bout de femme au caractère généreux lutte pour un monde plus juste. Une bombe sur scène qui enflamme la foule venue applaudir une dernière fois le groupe avant que ses membres ne repartent chacun vers d’autres horizons. Un échange avec le public saisissant. Pour sa tournée d’adieu, le groupe avait invité Howe Gelb, véritable légende de la musique underground américaine. Ensemble, ils ont clôturé sur des accords qui n’en finissaient plus… un plaisir et un émerveillement qui a tenu le public captivé jusqu’à la fin.

Une organisation chronométrée

Afin de profiter de chaque groupe, il suffisait de migrer tranquillement d’une scène à l’autre. Les horaires ont scrupuleusement été respectés. En moyenne, il n’y avait qu’un quart d’heure entre les concerts des 2 scènes principales. Cependant, Esperanzah!, ce n’est pas seulement un village associatif et 2 scènes qui se relayent, c’est également : une zone pour se restaurer et faire quelques emplettes de souvenirs, assister à des projections de films, participer à des débats en direct ; et enfin, ne l’oublions pas, une scène ‘off’ où de nombreux groupes folkloriques sont parvenus à rassembler un public plutôt dynamique. Des artistes bien moins connus, qui ont l’habitude d’être les têtes d’affiches des cafés-concerts et des salles de taille moyenne ou encore des foires aux boudins du village d’à côté… Les uns après les autres, ces fanfares et orchestres de rues ont furieusement enflammé l’espace qui leur était réservé. L’affluence à cette scène était du même acabit que sur les podiums ‘Côté Cour’ et ‘Côté Jardin’.

Escales à revisiter

Il est des groupes qu’on entend pour la première fois en live et qui libèrent comme de petits chocs électriques… En 3 jours, ces décharges remuent et réveillent les émotions qui dorment en nous. D’un ordre purement subjectif, je vous invite à découvrir mes trois coups de cœur du week-end.

Vendredi. Mala Vita. Du concentré d’énergie et de vitalité. Comment décrire ce style déjanté ? Je dirai un mélange de gypsy-ska-punky-funky-music… Des musiciens qui bougent, bondissent et occupent toute la scène du début à la fin. Une panoplie d’instruments variés, mais c’est pourtant l’accordéon qui rythme chaque morceau d’un ‘peps’ incroyable. Rien d’étonnant si je me suis dit ‘tiens, y a un air de la Mano Negra’… ils sont produits par Gambeat, le bassiste de Radio Bemba Sound System dont Manu Chao est le chanteur.

Samedi. Balimurphy. Vous ne le voyez pas mais rien que de me remémorer le concert, un large sourire se profile sur mon visage. Balimurphy, groupe originaire de Bruxelles, a réussi à faire vibrer la grande cour de l’abbaye ! Une prestation scénique festive et joyeuse, tout en légèreté et gaîté, qui dévoile un répertoire empreint de textes allant droit au cœur. Une humeur enjouée qui, bien que très personnelle, nous fait parfois penser à du Noir Désir. Ils nous ont présenté leur dernier album « Poussières », un concentré de poésie sur du rock folk qui a vraisemblablement séduit une bonne partie du public de samedi ! A suivre…

Dimanche. Mazacote et La Sonora Cubana. Les sonorités cubaines sont entraînantes. Je n’apprends rien à personne ! Cette musique est contagieuse ; mais le chant du légendaire octogénaire Ignacio Mazacote donne une dimension grandiose à la prestation. Un privilège de pouvoir écouter ce grand monsieur qui prend son temps et pose sa voix harmonieuse sur les accords de la Sonora Cubana.

La place aux possibles

Esperanzah!, chaque année, nous convie à la réflexion. C’est certainement avant tout un festival musical. Cependant, c’est également un lieu de rencontre et d’échanges. Une étiquette altermondialiste et un déploiement de projets différents où, musiciens et festivaliers sont sensibilisés à un nouveau thème. Cette année, il s’est porté sur le travail décent. En collaboration avec le CNCD et une myriade d’autres associations, diverses animations ont été mises en place afin d’informer et favoriser la rencontre. Le sujet touche d’ailleurs tout le monde : artistes et public. Une thématique sociale et humaine visant à conscientiser le public sur les inégalités qui existent ici et ailleurs. Rokia Traoré a notamment accepté de soutenir la campagne en devenant une de ses marraines. Elle reviendra le 7 novembre au Cirque Royal pour défendre les travailleurs démunis.

Atterrissage sur une piste détrempée

Keny Arkana a clôturé la manifestation sur la scène ‘Côté Cour’.Malgré une drache nationale digne de ce nom, elle a continué à scander ses textes protestataires sur du rap de haute qualité. Une précision des mots pour exprimer une rage contre les injustices et discriminations. Les organisateurs atteignent leur objectif : sortir d’un certain fatalisme et lutter pour un monde meilleur pour tous. Ce concert était attendu par de nombreux festivaliers qui, courageux et intrépides, sont restés les poings fermes pointés vers le ciel. Ce petit bout de femme a réussi à mettre le feu aux poudres. Une prestation d’une rage incroyable.

Tout en gardant sa taille humaine, Esperanzah! est définitivement devenu un événement incontournable. Si vous n’y avez pas encore goûté, réservez vos dates pour l’année prochaine ! L’itinéraire est unique et le programme se bonifie d’année en année, au fil de l’expérience acquise. Faites passer le message.

Lokerse Feesten 2008 : samedi 2 août

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« Punk’s not dead » : c’est le titre du premier album d’Exploited, un disque qui avait cartonné en 1981. C’était aussi une façon de balayer, d’un revers de la main, les prétendues critiques annonçant la mort du punk, dès 1978. Force est de constater que le punk est parvenu à traverser les décennies, tel un navire résistant aux plus grandes tempêtes. Et l’affiche de ce samedi soir, réunissant de nombreuses légendes du genre, en est la plus belle illustration.

Les Belges The Kids ouvrent le bal. Sur leur MySpace, ils se targuent d’être ‘The Kids Belgians 1st Punkband’. Ce n’est pas tout à fait faux. Nous arrivons cependant un peu tard pour apprécier l’intégralité de leur set. Les membres fondateurs Ludo Mariman et Luc Van De Poel assurent toujours. Au fil des remaniements de line-up, ils se sont adjoint les services de Franky Saenen, le batteur des Scabs. Autant dire que leur popularité dans le Nord de notre pays n’a pas baissé d’un cran.

La pluie cesse définitivement. Le ciel se dégage et les éclaircies embellissent la scène. Tout juste pour admirer une autre référence intemporelle keupone : les Buzzcocks. Formé à Manchester en 1975, le band avait connu une pause entre 1981 et 1989, une période au cours de laquelle chaque membre avant embrassé des projets en solo. Depuis 1990, la formation a repris son bâton de pèlerin, en concoctant d’ailleurs un cinquième album studio, dès 1996. Pour fêter leurs trente années de carrière, ils ont gravé « 30 » sur Cooking Vinyl, un opus réunissant la quintessence de leur œuvre (NDR : allez jeter un coup d’œil sur la chronique Cd qui lui a été consacrée). Ce soir, leur prestation se met doucement en place et le public tarde à réagir. Mais à coup de tubes qui n’ont pris aucune ride, le feu commence à prendre et la foule à s’embraser. La voix de Pete Shelley est toujours aussi savoureuse. On se met à fredonner en chœur « What do I get ? ho ho ». Et c’est sûr c’est un tout bon ‘best of’ que nous réserve les Mancuniens. Hormis Steve Diggle, les musiciens sont cependant statiques. Faut dire que Steve est un spectacle à lui tout seul. Il s’agite comme un possédé et détruit une partie du matos en fin de parcours.

Changement de style en compagnie des New-York Dolls. Incontestablement les plus anciens, et aussi ceux à qui l’étiquette ‘sex, drugs and rock’n’roll’ colle le mieux à leur peau! Fondé en 1971, ils ont tracé la voie aux Clash, Damned et autres Pistols. Il ne faut pas oublier que Malcolm Mc Laren a été le manger des Dolls avant de devenir celui de la bande à Johnny Rotten. Le boss de leur ancien fan club, Morrissey, les a toujours soutenus et c’est même lui qui les a poussés à se reformer en 2004. Entretemps, les Dolls ont traversé de nombreuses épreuves. Tout d’abord le décès Billy Marciad, suite à l’absorption d’un cocktail d’alcool et de pilules. Celui de Johnny Thunders, ensuite. En 1991. Par overdose. Le bassiste Arthur Kane, enfin. Après une tentative de suicide manquée, il meurt en 2004, des suites d’une leucémie foudroyante. Quant au chanteur, David Johansen le chanteur il est toujours bien ‘alive and kicking’. Et tout particulièrement ce samedi à Lokeren. Mais son visage est marqué par les excès. Il me fait penser à Mick Jagger, voire même à Lou Reed de l’époque des Velvet. Leur punk est cependant bien différent de celui de leurs héritiers de la fin de 70’s. Outre le titre initial, on s’écarte un peu des 2-3 accords et des refrains simplistes qui ont rythmé le set des Buzzcocks. Les Ricains brouillent rapidement les pistes en embrayant, dès le deuxième morceau, par une reprise de Janis Joplin : « Piece of my heart ». S’enchaînent ensuite quelques temps forts comme « No Future », « Too much too soon » et un sublimissime « Trash », interrompu avant de redémarrer de plus belle. Autre fait marquant, le “You Can't Put Your Arms Around a Memory” que Sylvain Sylvain dédie à Thunders.

Les New-York Dolls sont vraiment une légende vivante ; mais peut-on en dire autant des Sex Pistols ? Leur tournée de reformation avait été vivement stigmatisée en 1996 (NDR : ceux qui ont assisté au concert chaotique à Zeebruges s’en souviennent encore). Ce ‘Filthy Lucre Tour’, comme ils s’étaient amusés à l’appeler par provocation, avait été accueilli de manière tout aussi critique par les médias et les spectateurs. Et à l’époque, la foule n’avait pas manqué d’invectiver le groupe sur scène. Mais si ce soir, il y a du peuple (NDR : il ne reste plus beaucoup de place disponible), ce n’est quand même pas sold out ! En outre, l’audience semble plus paisible, aussi. Après un « Pretty vacant » dynamique, le concert va se dérouler en mode pépère. Sans grande surprise. Les tenues de scène loufoques, le jeu de scène clownesque et les singeries répétitives de Johnny Rotten finissent même par lasser. Heureusement l’interprétation puissante d’« Emi » nous rend un peu d’enthousiasme. Le band réclame plus de bruits pour les rappels ; et très réceptif à la sollicitation, le public s’exécute. Il aura ainsi droit à deux ‘encore’ ; donc finalement à un concert d’une bonne heure trente. « Anarchy in the UK » chanté en chœur par toute la foule est plaisant ; et la formation quitte la scène après un long et bienveillant au revoir. Il faut reconnaître que le concert était techniquement au point. Et même de bonne facture. Mais cette touche provoc’ qui avait déclenché différents incidents lors de l’édition 96 du Beach Festival était absente aujourd’hui. Or, finalement elle a quand même manqué cruellement ce soir. Le public était courtois. Johnny Rotten exubérant. Mais il me faisait penser au pensionnaire d’un hôpital psychiatrique ou d’une maison de repos à qui on avait autorisé la sortie… Les Pistols auraient-ils (mal) vieilli ? Ou ont-ils décidé de se remplir le plus facilement leur portefeuille. A moins que ce ne soit leurs bides de plus en plus gras. Tout comme leurs prestations, d’ailleurs…

 

 

10 Days Off 2008 : lundi 28 juillet

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Après 10 jours de sueur sur les pistes de danse du Vooruit, le grand marathon electro annuel de Gand s’achevait ce lundi 28 juillet en beauté. Et pour cause, Simian Mobile Disco avait été programmé en tête d’affiche. Petit tour d’horizon, histoire de prendre la température.

Arrivée à 00h30 aux portes du Vooruit. Déjà, vachement moins de monde à la porte que l’an dernier, le soir de clôture. Après une petite fouille de sacoche, on pénètre dans l’antre de l’électro et constate qu’à l’intérieur, il n’y pas beaucoup plus de peuple qu’à l’entrée. On se dirige alors vers la salle principale où Cozzy Mozzy et Jean Montevideo chauffent la foule à coups de gros tubes imparables. Un set un peu safe que l’on quitte assez rapidement pour aller mater le live de Poni Hoax, suppléant le défaillant McLean. Malgré un BallRoom au 3/4 vide, le son nickel nous permet d’apprécier d’autant plus la prestation. Venu principalement présenter leur premier essai « Images Of Sigrid », les Français ont également parcouru les EP précédents, offrant au peu de monde présent une excellente retranscription de « She’s On The Radio » et « Antibodies ». Au niveau des titres les plus récents, « Pretty Tall Girls », « The Paper Bride » et « All Things Burn » se distinguent sans mal et réveillent une formation quelque peu molle en début de parcours.

A 2h du matin, direction la grande Bacardi Room pour assister au DJ-Set des Simian Mobile Disco. Ou plutôt du Simian Mobile Disco. Car James Ford est aux abonnés absents ce soir. James Shaw est donc seul derrière les manettes et assure sans temps mort. A ce moment de la nuit, on se rend compte que le taux d’alcool dans le sang de l’assistance commence légèrement à grimper. Dans le même état que le reste de la foule, on n’aura pu identifier dans le tracklisting que quelques rares morceaux tels que l’introductif et irrésistible « Sleep Deprivation » du duo ou encore de terribles remixes de « Get Innocuous ! » de LCD Soundsystem ou « You Belong » des Hercules & Love Affair. Un regret : peu de morceaux signés S.M.D. Heureusement, James Shaw va se rattraper à quelques minutes de sa sortie de set en nous accordant l’indispensable « Hustler ».

A la BallRoom, Shit Robot se produit en même temps que Simian Mobile Disco. On s’est donc échappé quelques minutes de la Bacardi Room pour y jeter un œil. Un show pas assez convaincant pour nous retenir. On retourne donc sans attendre à la Bacardi Room afin d’assister quelques minutes à celui de Dr Lektroluv. Fidèle à lui-même, le géant vert reprend les manettes des mains de James Shaw. Cohérent, il enchaîne le live de Simian Mobile Disco sur le même style d’électro, en y ajoutant une dose de rythmes un peu plus putassiers. Mais jugeant la prestation un peu trop répétitive, on se dirige après une dernière pinte à 2,50€ vers la BallRoom pour assister au set des Gantois The Glimmers. Après tous ces beats synthétiques, la dose de funk supplémentaire du duo nous permet de tenir jusqu’aux petites heures. Sur les genoux, on reprend le train non content d’avoir perdu quelques kilos en sueur. Une jolie clôture, qui aurait gagné à être fêtée, par bien plus de monde…

 

 

Dour festival 2008 : dimanche 20 juillet

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C’est déjà le quatrième et dernier jour du festival. Il doit être 15 heures. Nous croisons autant de personnes qui arrivent que de campeurs pliant bagage. La moyenne d’âge est aussi plus élevée. De nombreux riverains du site ont été invités par le Bourgmestre. Ils en profitent pour faire leur petit tour. Résultat, en ce début d’après-midi, l’ambiance au sein du public est plutôt calme.

Ce calme est toutefois de courte durée. Moins d’une semaine après avoir vécu un séisme de degré trois sur l’échelle de Richter, les terres douroises tremblent à nouveau ; mais sur celle de Lofofora cette fois-ci, une des grosses pointures du hardcore français. Après avoir commis un excellent opus, intitulé  « Dur comme fer », les Parisiens ont un peu tourné en rond. Le public d’ailleurs aussi. Mais à leur manière, puisque les ‘circle pits’ et autres pogos n’ont pas tardé à se déclencher. Pourtant, le set manque de subtilité. Tout comme les commentaires du vocaliste Reuno, par ailleurs. Mais les nombreux fans, dont notre Ponpon, ne leur jettent pourtant pas la pierre.

Au sein de Heavy Trash, Jon Spencer ne fait plus dans le Blues Explosion, mais plutôt dans le rockabilly. Il est secondé par Matt Verta-Ray (du groupe Speedball Baby). Bien que toujours très énergique, la prestation ne parvient pas à capter l’attention de la foule, sans doute fatiguée par quatre jours de réjouissances. Jon a beau être enthousiaste, ses ‘Oh Yeah !’ ne sont guère partagés. Maintenant, il est vrai que leur set était peut-être programmé un peu trop tôt dans l’après-midi…

Efterklang est un ensemble danois. Dans leur langue, ce terme se traduit par résonance ou réminiscence. Sur scène, leur mélange de post-rock, d’électro et de cuivres passe plutôt bien la rampe. Imaginez un peu 7 musiciens en tenue (négligée) de mousquetaires. Le spectacle assez plaisant rappelle quelque part leurs voisins d’I’m from Barcelona. Mais leur univers multi-instrumental est plutôt bordélique. Et seules les oreilles averties parviendront à tenir la distance. En outre, vu la programmation chargée de ce dimanche, on préfère zapper.

Le festival de Dour ne manque jamais d’artistes à découvrir. Tout dépend de sa culture musicale. Lorsqu’un ami ou un journaliste (l’un n’excluant pas toujours l’autre) nous recommande un groupe ou un musicien, notre curiosité nous pousse à s’y intéresser. Et à se rendre jusqu’au podium pour se faire sa propre opinion. C’est le cas de Chrome Hoof et de Why ? Les premiers pratiquent un rock inclassable, dont le style navigue quelque part entre les Bellrays (NDR : aussi déjantée, leur chanteuse est également de couleur noire) et Siouxsie. Le second ne nous botte pas trop. Why ? est un autre bidule à tendance hip-hop. Nos conseillers nous confient cependant que la prestation douroise est loin de celle accordée dans le cadre des dernières Nuits du Bota.

La toute grosse foule se masse sous le Dance Hall. Et même à l’extérieur. Didier Super jubile. Il faut dire que son humour énième degré cadre bien avec le festival. Son rock provoc’ fait toujours autant recette. Il vilipende constamment son public, notamment sur la pédophilie en Belgique ; et ses musiciens font même mine de le quitter, fâchés. Mais ce scénario n’est évidemment qu’une mise en scène bien huilée. Un des deux plus grand succès de foule ce dimanche (Alpha Blondy, programmé plus tard en soirée, sera l’autre), avant la première réjouissance, musicale cette fois-ci, de l’après-midi.

Au début des années 60 Buddy Holy signait « Rave on ». Ce tube a inspiré The Raveonnettes, une formation qui nous replonge dans l’histoire du rock’n roll. Et parfois plusieurs décennies, auparavant. Même si le fil conducteur semble s’attarder vers la fin des 80’s et le début des 90’s ; et nous rappeler en particulier des combos comme Jesus and Mary Chain ou Slowdive. Première surprise, ce n’est pas la délicieuse blonde Sharin Foo qui monte sur les planches. Mais sa sœur Louise. Sharin est enceinte. Les frangines possèdent un physique à nous rendre Foo. Louise ressemble à Kirsten Dunst (n’oubliez pas notre section ‘Live photos’). Elle est membre du collectif Ohmarymary. Plus réservée, sa tonalité vocale est tout aussi sensible ; mais son timbre est parfaitement complémentaire avec celui de Sune Rose Wagner. Les échanges d’harmonies vocales sont d’ailleurs savoureux. Bref, le spectateur ne perd pas au change. On a l’impression de déguster un bon homard arrosé d’un Bordeaux-supérieur. Enfin, un spectacle apprécié de bout en bout, même si les aficionados nous confieront qu’en salle, flanqué de la chanteuse principale, c’est encore mieux.

Autre régal de la soirée : Fujiya & Miyagi. Retenez bien leur nom : Fujiya & Miyagi ! On ne peut pas parler de coup de cœur, car on avait déjà pu assister à leur set accord au Pukkelpop, l’année dernière. Mais d’une confirmation. On est bien en présence d’un des meilleurs groupes découverts lors de ces deux dernières années. Le club circuit Marquee n’est pourtant qu’à moitié rempli, mais tous les spectateurs manifestent de l’enthousiasme, même ceux qui, comme nous, prennent le concert en cours de route. L’ombre de Yo la Tengo plane encore sous ce chapiteau qui les avait accueillis deux ans plus tôt. Surtout lors du final d’une durée, quand même, de plus de 10 minutes. Avant que le public n’applaudisse chaleureusement le départ du trio anglais.

Il est déjà 22h30. La foule est beaucoup plus conséquente. Certains festivaliers se seraient-ils réveillés tardivement ? Ou alors la présence d’Alpha Blondy focaliserait-elle un nombre très élevé de spectateurs. Déjà gâtés les jours précédents, les fans de reggae s’en donnent à cœur joie. De son véritable nom Seydou Koné, Alpha Blondy est en effet une des plus grandes figures du genre africain. Et dire que c’était déjà la troisième fois qu’il faisait honneur à Dour. A 55 ans, il n’a rien perdu de sa verve, arborant même fièrement un tee-shirt ‘sex machine’. Ambassadeur de la paix dans son pays, la Côte d’Ivoire, il se démène sans compter pour conduire son combat. Il est bien soutenu par deux choristes. Les mêmes que celles épaulant son compatriote Tiken Jah Fakoly, me semble-t-il…

La soi-disant ‘tête d’affiche’, pour autant que l’on puisse l’appeler ainsi, était Gogol Bordello. Ce groupe multiculturel résume à lui seul l’atmosphère du festival. Un sacré mélange des genres. Un foutu bordel mais qui a du style et de la pêche. Bref, une recette idéale pour faire la fête. Il ne faut que quelques minutes au leader Eugène Hütz pour électriser les premiers rangs. « Not a crime » sonne le départ d’un cortège incessant de slams et pogos. Pendant « Start wearing purple », la moitié de l’assemblée jumpe. Le final est un peu long. Plus d’un quart d’heure. Un massacre du pourtant sublimissime « When The Trickster Starts A-Poking ». Mais bon, vu l’ambiance, personne ne semble s’en soucier. Bonne nouvelle pour les nombreux aficionados, ils reviennent le 17 décembre 2008 au Splendid de Lille, au terme d’une tournée qui les mènera de Tokyo à Montréal en passant par Moscou. Le tout, en moins d’une semaine. Quelle santé !

Quant à nous, il est temps de penser à la route du retour. Emprunter ces fameuses passerelles casse-gueule à la sortie du site, après cette journée marathon. Heureusement c’est aussi celle de la clôture.

P.S. : Je me permettrai quand même d’ajouter un petit commentaire au sujet de l’ambiance qui a pourri le set des BB Brunes. En toute franchise, je dois avouer ne pas être trop branché par leur univers sonore. Lors de leur prestation, j’ai pris un certain recul. Au propre comme au figuré. Mais quel triste spectacle ! Pas celui accordé par le groupe, qui ma foi lorgne davantage vers le rock qu’un vulgaire ‘boys band’. D’ailleurs, la veille, dans le cadre des Francos de Spa, il avait récolté un franc succès, lors. Mais à Dour, les applaudissements étaient largement dominés par les lazzis ; si bien que la formation a dû se produire dans une cacophonie indescriptible. Aussi, je me demande qui est le plus immature ? Les jeunes ados ou cette frange du public dourois qui, après Patrick Juvet et Diam’s, a jugé bon de balancer une série de projectiles vers la scène. Le problème c’est qu’ils n'ont pratiquement jamais atteint leur cible, mais plutôt les spectateurs des premiers rangs. Dont de nombreux jeunes qui participaient pour la première fois à ce festival. Quel souvenir garderont ces ados de Dour ? Auront-ils envie d'y revenir ? Et que penser de ces médias (y compris le site officiel live.dour) qui se sont contentés de tirer à boulets rouges sur le groupe sans remettre un instant en question l'attitude du public. ‘BB cadum ? Dur dur d'être BB’ titrent-ils ? N'empêche les BB Brunes sont parvenus à tenir tête à leurs détracteurs et ont démontré qu’ils ne manquaient pas d'humour. Tout d’abord en respectant leur timing (NDR : dans ces conditions, difficile d’accorder un quelconque rappel). Ensuite, en leur rétorquant qu’ils étaient incapables de viser correctement. Faut croire que ces ‘hooligans’ qui dansaient la farandole sur des reprises d'Abba, le mercredi soir, jugeaient sans doute leur comportement plus branché... Tout est question de point de vue…

 

 

Francofolies de Spa : samedi 19 juillet

Les Francofolies de Spa : on s’y sent bien et on y revient. Une ambiance bon-enfant, un centre ville agréable. Sans oublier notre séjour dans une auberge (Mambaye) sympathique, sise en plein cœur d’un parc naturel irrigué de sources. Autant de bonnes raisons de vouloir s’attarder sur place ; mais notre séjour doit (déjà) s’achever et l’heure du bilan a sonné.

Au rayon des tops du festival on épinglera :

1) une équipe des relations publiques aux petits soins pour les médias
2) l’accessibilité globale du site et les facilités prévues pour les personnes handicapées
3) des artistes sympathiques et disponibles comme Stephan Eicher ou Maurane
4) l’hystérie des ados pour les BB Brunes.

Au rayon des flops en revanche on regrettera:

1) le service de sécurité en front stage, un peu trop militaire.
2) l’exiguïté du parc (Village Francofou).
3) la sélection des photographes opérée par les agents des têtes d’affiche qui ne se sont soucié que de quelques médias.
4) l’hystérie des ados pour les BB Brunes  (nos tympans en souffrent encore).

Entamer son après-midi par un set de Daniel Darc peut s’apparenter à de l’autodestruction. Ou du moins à se plonger dans le spleen alors que le soleil fait enfin son apparition. Le contraste est bien présent, car non seulement le Français est tout de noir vêtu, mais ses musiciens –brillants par ailleurs– ont décidé de nous plonger au sein d’une ambiance presque funèbre. Seule une minorité du public semble accrocher (NDR : normal puisqu’il est constitué en majorité d’ados et de leurs parents qui attendent les BB Brunes). Il aurait peut-être été préférable de programmer ces BB à la place de l’ex-Taxi Girl, pour permettre aux enfants d’aller se coucher plus tôt, et ainsi permettre au Parisien de s’adresser à une audience plus avertie. Quoiqu’il en soit, nous apprécions beaucoup l’auteur/compositeur de « Crève-cœur » et « Amours suprêmes ». Et on n’a certainement pas envie de le bouder. Le grand-public, lui, attend la fin du show pour se réveiller. Pas difficile, puisqu’il est marqué par l’interprétation de « Chercher le garçon »...

Mais la grosse surprise de cette journée est venue de Benjamin Biolay. On craignait le pire pour l’ex-gendre de Catherine Deneuve, surtout en voyant le parterre de midinettes blondes agglutinées aux premiers rangs. Mais tirons rapidement un trait sur ses (anciennes) frasques, et sur le prix d’entrée démesuré qu’il exigeait, il y a quelques années, à l’AB. La plus belle preuve ? Pour son spectacle, on est libre de toute contrainte photo (NDR : chouette, il est agréable de pouvoir faire son boulot, sans entrave). Et sa tenue décontractée, lorsqu’il monte sur les planches, gomme nos à-priori ‘people’. La formule minimaliste du line up (NDR : uniquement un claviériste et une guitariste) est destinée à mettre en exergue le chant. Sur « Laisse aboyer les chiens » sa voix s’envole même, telle une colombe libérée de sa cage. Un timbre qui tantôt rappelle Miossec, tantôt pastiche Gainsbourg, surtout lorsqu’il tient une clope à la main. Protégé par les arbres du parc Francofou, la douceur d’un climat s’installe, le public s’approprie les émotions et s’emballe même sur « Dans la Merco Benz ». Benjamin Biolay nous a vraiment fait passer une fin d’après-midi inoubliable.

BB Brunes peut définitivement être catalogué de groupe d’ados. Ses membres viennent juste de passer l’âge de la majorité, mais la voix du chanteur Adrien a du mal à muer. Espérons juste pour les BB que la chute ne sera pas aussi rapide que leur ascension (NDR : en moins d’un an ils sont passés du club de l’AB à Forest National). Et évoquons surtout ce jeune public spadois, qui leur vole la vedette. Ils étaient déjà des milliers d’aficionados à faire la file au stand de dédicaces, une bonne heure avant le show. Des jeunes filles de 15 ans de moyenne d’âge, en larmes, qui téléphonent à leur ami(e)s pour leur raconter ‘je les ai vus, ils sont trop beaux, le chanteur m’a même regardé et fait un sourire, hiiiii’. Avant même que le concert débute, la sécurité et la croix rouge doivent mettre les bouchées doubles. En cause : les nombreux évanouissements de fans qui ne se sentent plus. Et la musique alors, me direz-vous ? Et bien honnêtement, il est difficile d’apprécier un concert lorsqu’il est couvert par une concentration de tels cris stridents, produits par des ados, au bord de l’hystérie. On a quand même pu évaluer le jeu de scène des Parisiens et découvrir leur touche rock garage à la Babyshambles. La maturité en moins, compensée cependant par une énergie juvénile récréative.

Nous quittons donc rapidement cet univers peuplé de groupies, pour nous assister à un spectacle plus adulte : celui de Calogero. Malgré plusieurs dates programmées en Belgique, celle de ces Francos est archi-complète. Sa musique oscille toujours entre variété française et pop/rock anglais (Calogero n’a jamais caché son intérêt pour Cure et Radiohead). Et l’artiste évite soigneusement les clichés rock, histoire de ne froisser personne. L’artiste va également nous réserver l’une ou l’autre surprise. Et notamment un duo échangé avec Stanislas, en fin de parcours. Ils y interpréteront « Mes Racines ». Pendant 1h30, la panoplie de tubes va illuminer la scène Pierre Rapsat. Et pendant ce temps-là, dans la foule, les petites maracas lumineuses, distribuées par le sponsor, brillent aussi de milles feux.

Une chose est sûre, il faut une fameuse capacité d’adaptation pour passer de Daniel Darc aux BB Brunes, puis à Calogero. Et ne parlons même pas des changements de décor entre le parc, le casino et l’hôtel de ville. Non vraiment Spa est une source inépuisable de diversités ; et c’est sûr on y reviendra !

Dour Festival 2008 : samedi 19 juillet

Troisième jour de festival et la fatigue commence à se faire rudement sentir. Pourtant, la journée sera longue. Riche en découverte et promesses, elle risque même de nous entraîner au bout de la nuit. Suffira donc d’avoir encore les jambes pour courir d’un podium à l’autre sur la plaine de la Machine à Feu…

En ce début de journée nous entamons notre randonnée par Ufo Goes UFA (‘Petite maison dans la prairie’), formation britannique/belge qui s'est tout de suite distinguée par sa pop rafraîchissante et ses vocaux sucrés. Le batteur avait placé toute sa section rythmique latéralement. Une curiosité parmi d’autres pour un ensemble qui déploie son talent de manière sage et détendue.

Abyss (‘Dance hall’) est un combo wallon. Il évolue dans un registre hybride ou se mêlent ligne de basse plombée, guitares, claviers et effets psychédéliques. Une formule qui gagne à être connue.

Toujours au ‘Dance hall’, les Elegant Garage Gunners évoluent dans un style totalement différent : à mi-chemin entre une pop britannique classique et un rock’n’roll rétro 70’s. Esthétiques et humbles, ces Français ont charmé la demoiselle de l’équipe qui en fait sa ‘top découverte’ du festival.

Coming Soon (‘The red frequency’) est plutôt convaincant. Ce sont de dignes ‘héritiers’ de Decemberists, Arcade Fire, Pavement et Feelies. Son batteur n’est pas plus haut que trois pommes ; ce qui n’empêche pas son groupe de s’élever vers des sommets intéressants. Ils concluent leur prestation par une reprise de Léonard Cohen. Même pas peur !

Mais dans la catégorie bonne impression, Syd Matters (‘La petite maison dans la prairie’) a décroché la palme d’or. Bien connus des rédacteurs francophones de Musiczine, les Français ont séduit notre homme du Nord par leur style tendre et émouvant. Proche de Belle & Sebastian, Loney, Dear et Sufjan Stevens, le groupe fait des merveilles sur scène. Sous la cape du chanteur Jonathan Morali tout n’est que raffinement et subtilité.

A tout seigneur, tout honneur, Chuck Dukowski (de son vrai nom Gary McDaniel) est âgé de 54 ans, mais il ne jouit pas vraiment d’une grande notoriété. Mini-bio pour planter le décor : il a été le fondateur et le bassiste du groupe punk légendaire Black Flag, aux côtés d’Henry Rollins et Greg Ginn. Il est également le papa de SST record (chez qui, entre autres, ont milité Sonic Youth, Dinosaur Jr., Minutemen et Meat Puppets). Il y a quelques années, il a donné naissance, en compagnie de la chanteuse Lora – sa compagne à la ville– de The Chuck Dukowski Sextet, qui n’est en réalité qu’un quatuor. Un fameux cv et pourtant seule une petite centaine de festivaliers se sont déplacés sur la ‘Red frequency’… Extraits de leurs albums « Eat my life » et « Reverse the polarity », leurs titres sont le fruit d’un mélange de rock alternatif, de post-hardcore, de punk, de (free) jazz et de psychédélisme. La basse Fender à cinq cordes, et le guitariste Milo Gonzalez ajoutent une bonne note au spectacle. La voix flexible de la front woman Lora nous emmène, quelque part entre Kim Gordon (Sonic Youth), Courtney Love ou encore Donita Sparks (L7). Pourtant l'étincelle ne se produit pas dans le public ; et c’est donc avec une frustrante impression de chance manquée que nous quittons ce band !

Autres vétérans, et pionniers du grunge, les Meat Puppets prennent le relais sur la ‘Red Frequency.’ Les frères Kirkwood ont reformé le groupe en 2002, et ont sorti l’année dernière « Rise to your knees », toujours influencé par le rock US, le folk et la pop. Ce samedi, ils nous offrent un petit set, certes puissant, mais manquant toutefois de vigueur. Les singles “Oh me”, “Plateau” ou encore “Backwater” s’enchaînent. Une reprise de Nirvana ‘unplugged' a quand même provoqué l’étincelle qui manquait aux titres précédents.

Dans la série des routiniers, on continue dans le registre punk. Et pour cause, Lagwagon, formation issue de Santa Barbara, nous balance un punk-rock plein d’énergie dans la tradition de Bad Religion, de NOFX ou encore Pennywise. De quoi satisfaire les aficionados du genre, sans plus…

Dave Eugene Edwards et son groupe Woven Hand débarquent ensuite sur la ‘Red Frequency’. Dans un décor qui lui convient bien : la pleine lune dans le ciel, et un clocher d’église sur sa droite, ce singer/songwriter est parvenu à déployer son rock à la fois intense et religieux. « Roma », « Your russia », « Whisting  girl » et « Tin fingers » ont été autant de moments forts, tout en adressant un clin d’œil à 16 Horsepower (NDLR : fallait s’en douter !)

Nous attendions beaucoup de la formation hip-hop oldschool hardcore Black Moon. Dans le ‘Club circuit marquee’, la formation de Brooklyn était malheureusement incomplète. Le deuxième MC 5FT manquait en effet à l’appel (il purge une peine de prison). Le fondateur Buckshot (membre aussi de Boot Camp Clik) et le DJ Evil Dee (membre de Da Beatminerz) ont donc dû assurer seuls. A côté des titres de Black Moon (les classiques "Buck 'em down", "How many emcee's?”, "Who got the props?"), les deux albums de Buckshot avec DJ 9th Wonder ("The formula" en "Chemistry") ont aussi été joués, tout comme quelques titres solos ("Hold it down", "Stay real"). Leur rap agressif et rapide, a néanmoins fini par lasser sur la longueur.

La formation britannique The Herbaliser (‘Eastpak core stage’) propose une musique née d’un mix de soul, funk, rock, free jazz et hip-hop. La dernière fois nous les avions vus à l’œuvre c’était au précédent FihP à Oudenaarde, dans une ambiance plutôt lounge. Flanqué d’un nouveau cd sous le bras (« Same as it ever was »), le groupe, drivé par la chanteuse Jessica Geenfield, livre un set énergique, swinguant, entraînant et surtout pleinement réussi.

Le plus grand succès de foule du samedi reviendra indubitablement aux icônes du hardcore Hatebreed. Issus de New Haven, dans le Connecticut, ils sont également les représentants ‘best seller’ du hardcore/punk/metal de ces dix dernières années. C’est donc assez logiquement que la Last Arena été assaillie par des milliers fans. Les influences du hardcore (Sick of It All, Agnostic front, Cro-Mags ou Madball), de groupes métal (Slayer, Sepultura ou Crowbar) sont indéniables dans leur son. Pourtant, ils parviennent à lui communiquer un feeling unique. Leur frontman Jamey Jasta et ses quatre acolytes nous passent en revue leur discographie. On aura ainsi notamment droit à “Perseverance”, “Live for this”, “Destroy everything”, “Tear it down”, “Defeatist” et “I will be heard”. De la toute grande classe et une popularité justifiée.

Nous entrons alors dans notre randonnée nocturne des DJ en compagnie de nos Wallons de Superlux. Leur pop électro kitsch sonne plutôt bien. Faut dire qu’il libère une bonne dose de groove et balancent de fameux beats tout en soignant les mélodies. Mais même si Elena en fait gazouiller plus d’un, le groupe n’a visiblement pas encore tout le potentiel pour passionner son assistance pendant une heure.

Otto von Schirach avait déjà laissé une forte impression l’année dernière. Il était accompagné, pour la circonstance, par le DJ 666Cent (également drummer), DJ urine (une française),  DJ Esperanza. Le chapiteau a bien tremblé, dans une ambiance aux frontières du réel. Un set vraiment original, peut-être le plus original de tout ce festival, A voir et à revoir.

Et si notre infatigable Johan se sent encore d’attaque pour les autres DJ sets (DJ Krush, Droon ou The Subs) nous déposons les armes après cette journée déjà bien chargée. N’hésitez pas à jeter un œil sur la partie néerlandophone du site si vous souhaitez prolonger la nuit en sa compagnie…

 

Francofolies de Spa 2008 : vendredi 18 juillet

Le premier soir des Francos (le jeudi 17) proposait une affiche plutôt légère, surtout depuis le forfait de dernière minute d’Aaron, remplacé au pied levé par IAMX. En revanche pour ce vendredi, la programmation est manifestement conséquente. En comme le temps semble enfin plus clément… En outre, c’est l’ouverture de la scène Pierre Rapsat sur l’esplanade de l’Hôtel de Ville. Aussi, dès 22 heures, opérer un choix en devenait presque cornélien. Et pour cause, Stéphane Eicher, Ben Ricour, Girls in Hawaii et Vanessa Paradis se produisaient à peu près au même moment.

Et finalement c’est pour l’ex-Lolita que nous avons opté. Elle est accompagnée par M sur les planches. Une bonne raison, donc, de lui accorder une préférence. D’autant plus que les concerts de la native de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) sont plutôt rares. ‘Pour notre 15ème anniversaire nous vous avons fait un cadeau, puisqu’elle ne joue que 10 dates cet été (NDR : et à peine 30 sur toute sa tournée)’ précise le présentateur, devant un public déjà chaud et conquis. « Divinidylle » et un peu plus tard « Be My Baby » donnent le ton d’un début de set très rock. Faut dire que les musiciens sont solides. Vêtue d’un jeans bien moulant, elle se déhanche et prend rapidement ses aises. En milieu de parcours, elle réserve quelques compos plus calmes et douces comme « Dis-lui toi que je t’aime ». La transition s’opère lors de l’interprétation de « Pourtant », morceau tout d’abord empreint de douceur, qui s’achève en envolée métallique, M en profitant pour exp(l)oser ses riffs, un peu comme si Angus Young débarquait subitement dans le décor. Et il faut avouer que jusqu’alors discret, M nous nous en met plein la vue et les oreilles. Tout au long du show, on assiste à la réécriture du conte « La belle et la bête » (de scène). Les deux artistes sont très complices. Et pas seulement en studio (NDR : cf. « Bliss » et « Divinidylle »). Par contre Vanessa Paradis est toujours aussi peu à l’aise pour établir un dialogue avec son public. Elle continue de jouer à l’ingénue. D’ailleurs l’image de la petite ado continue de trotter dans nos têtes. Si les Francofolies ont atteint l’âge de l’adolescence (15 ans), elle semble ne pas encore avoir dépassé ce stade. Et le contenu de ses interviews en est la plus belle illustration. Pas étonnant donc que ce type d’article soit aussi rare dans les médias. Tout comme les photos d’ailleurs. Et on en a eu un nouvel exemple, puisque l’accès photo aux Francos de Spa –déjà très strict– n’a été accordé qu’à la presse écrite, et nationale de surcroît ! (NDR : pas la peine donc de chercher des images de son set dans notre rubrique.) Pour le reste, il faut bien avouer que si mes à-priori étaient plutôt négatifs avant ce concert, je dois admettre qu’ils ont été balayés ce soir. Son chant est irréprochable et ne souffre d’aucune baisse de régime. En bref, elle a démontré un (trop ?) grand professionnalisme, ce soir.

En compagnie de Stephan Eicher, on entre dans un autre univers. Non seulement il a la classe, mais il est épatant de générosité. L’artiste rejoint la salle du Casino à pied, tranquille, signant au passage quelques autographes et sympathisant même avec ses fans. Un véritable troubadour moderne et affable. Et sur scène, plutôt que de verser dans le ‘best of’ pieux, il étale tout son talent tout en se distinguant par son originalité. Il entame sa prestation en solo. Sous une forme minimaliste. Tout comme son light show, d’ailleurs. (NDR : caramba encore raté pour prendre des clichés au cours des 3 premiers titres !) Puis ses musiciens le rejoignent. L’un après l’autre. En toute discrétion. Et l’intensité de son set s’élève en crescendo. On s’imagine alors admirer la progression d’un magnifique lever de soleil. Et sa brillance ainsi que son authenticité finissent par nous émouvoir profondément. Malheureusement notre timing nous impose de quitter le Casino. Mais ce n’est que partie remise. Une autre fois, nous irons le revoir. C’est promis. Et puis, nous n’hésiterons pas de conseiller à nos amis de faire de même.

Quelques heures plus tôt, sur la même scène, Thomas Dutronc proposait son show. Son premier opus, "Comme un manouche sans guitare", n’avait pas laissé une grosse impression. Sur les planches, par contre, l’artiste se montre plus convaincant. Digne héritier de son père, il affiche une attitude nonchalante voire désinvolte. Mais c’est aussi un être sensible et attachant. Il déboule sur scène sans chichis et entame son set par une cover de Django Reinhardt, une de ses influences majeures, avant de nous entraîner dans le climat latino d’un air de mambo. Il faut cependant attendre son troisième titre, « J’aime pas Paris », pour que le public s’enthousiasme enfin. En fait, Thomas s’est forgé son propre style. Pas vraiment destiné au grand-public. A cet instant, on en conclut que si Thomas n’avait pas pour nom de famille ‘Dutronc’, il aurait été programmé sur une scène de plus petite taille. Un choix qui aurait été finalement plus judicieux. D’ailleurs, il sera de retour chez nous, à l’Ancienne Belgique, le 18 octobre prochain.

A contrario, Hollywood P$$$ Stars a dû se sentir à l’étroit au village Francofou. Faut dire que le groupe belge joue à domicile devant des milliers d’aficionados, pressés comme des sardines contre la petite scène FNAC. Leur popularité commence franchement à impressionner. Et ma foi elle est franchement méritée. Tout le bien que nous pensons de HPS a déjà été écrit sur Musiczine, et nous ne pouvons, une nouvelle fois, que réitérer nos éloges.

En clôture de cette journée, Vive la Fête a démontré qu’il existe encore une unité en Belgique. Des Flamands qui chantent en français, et terminent cette soirée au village Francofou, que demander de plus ? A l’heure où nos dirigeants politiques (dont certains, comme notre vice-premier, s’étaient mêlés au public de Spa) ont du mal à s’entendre sur le volet communautaire, la formation de Kruishoutem balaye d’une main ou plutôt de quelques beats 80’s, toutes ces tensions, pour créer un véritable esprit de fête. Jusqu’alors pondérés, (sous le contrôle du service de sécurité, il faut bien l’avouer) les festivaliers vont alors se déchaîner sur le répertoire composé de morceaux dépouillés mais toujours dansants d’Els Pynoo et Danny Mommens (NDR : ex-dEUS faut-il encore le rappeler). Sexy voire provocante, Els est vêtue ( ?!?!?) d’une minirobe noire ; mais son attitude communique un charme certain à post new-wave un peu décalée.

Ne nous demandez pas d’émettre une impression sur le set que Pierre Fuse accordait au Lido à 1 heure du mat’ ; car nous étions sur le chemin du retour, à une bonne demi-heure de marche de notre Auberge à Mambaye. Et nous préférions conserver toutes nos forces pour la journée du lendemain qui s’annonce déjà bien chargée en émotions.

Dour festival 2008 : vendredi 18 juillet

Deuxième jour de festivités et horreur : on a perdu le ciel ! Plafond de nuages et murs du son : une architecture qui semble convenir aux résidents. Les festivaliers sont nombreux et la programmation bien construite. De courses de scènes en scènes en ravitaillement, voici les temps plus ou moins forts de ce vendredi.

My Mortality ouvrait les hostilités sur la scène Eastpak. Débarqué en emportant ses influences à la Alice in Chains, Staind ou encore Stone Temple Pilots, le groupe allie rock groovy grunge et métal sans jamais arriver à la cheville de ses références. La monotonie s’immisce faute d’inspiration dans ce set sans âme. Notons néanmoins les intéressants « Swallowing my gun » et « Pulling me down » et le public restreint –à peine 200 festivaliers les yeux pleins de sommeil– qui n’a pas aidé à relever le niveau de la performance.

Du beau monde au Marquee ce vendredi, à commencer par The Germans qui offre un exaltant mélange de rock de punk et d’électro. En fermant les yeux on pouvait presque imaginer Girls Against Boys, Barkmaket, The Pixies et les Liars réunis sur une même scène.

Pour assurer le live, le groupe sort l’artillerie lourde et leur box-officé « Elf shot lame witch ». Nous avons attrapé au vol « Your DNA » et les rifs nerveux de Cauwels, l’habillement construit « Carolife Dasy » et la reprise de The Jesus Lizard, « Waiting for the band ». Le chapiteau a acclamé « Witch », « Lame » ou encore « Lalaliar » mais a surtout salué l’originalité maîtrisée des Germans qui ont offert un show à la hauteur de leur répertoire.

Ultraphallus, le nom avait le mérite d’intriguer une foule de non-initiés. Meonnu, le quatuor brusselo-liégeois était pourtant venu défendre son second album : « The clever ». Association hasardeuse d’un micro braillard, de basses profondes et d’intrigants passages au clavier sur fond de batterie répétitive, les Ultraphallus oscillent de l’érection prometteuse à la parfaite débandade. Souvent étranger aux concepts de subtilité et de nuance, le travail de ces Wallons n’est pourtant pas à rejeter. Retenons quelques bons morceaux et attendons la suite…

Deux-tiers de McLusy et un de Jacrew, sous vos applaudissements montent sur les planches Future Of The Left ! Le gros des fêtards se réveille et le trio de Cardiff prêche son rock destoy au Marquee. Ils reviennent plus psychédéliques qu’avant mais toujours aussi habiles quand il s’agit de faire vibrer les cordes. Les ‘addicts’ des deux groupes défunts sont rassurés, les autres suivent le rythme. Une prestation noisy mais bien dosée à l’image de leur album « Cursus ».

Les festivaliers du Marquee se sont laissé emporter par la prestation du trio belge de Triggerfinger et de son nouveau bassiste. Alternant tubes et nouveautés, le groupe voyage aisément de « What grabs ya ? » à « First taste » ou « On my knees ». Joli clin d’œil à ZZ Top avec ce show retrorock’n’roll sans concession.

Déboulant de San Diego après avoir opéré un passage remarqué au Cactus Festival une semaine auparavant, Pinback crée une ambiance remplie d’étoiles avant l’heure. La plaine de la Red Frequency se love dans les chansons intimes et mélancoliques qui ne manquent pas de rappeler Pavement. A la fois charismatique et un peu gauche sur la grande scène, Pinback séduit et chaque morceau est savouré, des connus « Penelope », « Tripoli » et « Loro » aux nouveautés charmeuses.

Après le calme, la tempête et un enchaînement fort en gueule sur la Last Arena. Les régionaux de l’étape, Do or Die, franchissaient le col de la machine à feu pour la cinquième fois et n’en ont pas gardé sous la pédale. Plus percutants que jamais depuis « Pray For Them », les Montois ont ouvert dignement la scène hardcore de ce vendredi.

Un Agnostic Front plus tard, la Last monte encore en puissance. Et pur cause, Life of Agony, le mythique groupe new-yorkais a craché sa puissance retrouvée dans des enceintes gonflées à bloc. Bravant tous les dangers pour leurs tympans, les festivaliers se sont déplacés en masse pour jouir de cette belle exclusivité belge. Forts de l’association de personnalités marquées, de textes groovy et de mélodies travaillées, les monstres sacrés sont bel et bien vivants. Les infatigables phénix offrent un show qui laissera des traces même si Keith Caputo –fortement alcoolisé selon ses dires– semble négliger une partie de son potentiel et malgré quelques défaillances techniques.

Nouveau changement radical de rythme… The Notwist était sur la Red Frequency. Depuis leur passage au festival l’an dernier, les Bavarois ont accouché du pertinent « The Devil, You + Me ». Si la météo nous a épargné une pluie baptismale, l’assemblée a salué la naissance du petit dernier tant désiré. Fidèles à leur électro-pop onirique les frères Acher ont charmé la plaine dans un set à la pointe du délire technologique.

Le jour est tombé sur un des grands moments de cette édition. Résolument décalés, les quatre alchimistes de Battles ont confirmé leur  talent à enchanter là où d’autres auraient agacé ou laissé de marbre. Rencontres improbables de sons ronds et décharnés, savant dosage de rythmes pénétrants… Un vrai beau moment qui invite à clôturer là-dessus, abandonnant la foule qui hurle en attendant l’arrivée de Wu-Tang Clan et quitte à renoncer aux sets prometteurs de Boys Noize et consorts…

 

Dour Festival 2008 : jeudi 17 juillet

Ce jeudi 17 juillet 2008, la Belgique n’a toujours pas de gouvernement. La pluie est persistante et le climat politique tout aussi maussade et pessimiste. Qu’importe pour les 36.000 festivaliers qui ont décidé d’être de la partie pour cette 20ème édition du festival de Dour. Pour eux les mots d’ordre durant 4 jours seront : vie en communauté, fête et musique à gogo.

Pas question de problèmes communautaires pour les Wallons, Flamands, et Français en grande partie. On croise même des Hollandais, des Italiens, des Anglais, voire des jeunes gens originaires des pays de l’Est, pour les plus acharnés. Dès la veille, ils ont rejoint le camping en masse. Un camping toujours impressionnant et agrandi cette année (qui a dit que les organisateurs n’avaient fait aucun effort pour cette 20ème édition ?).

Autre effort notoire : l’ouverture anticipée de ce camping le mercredi. (NDR : cette initiative judicieuse a permis de limiter les files d’accès, le jeudi !) Et si nous n’étions pas encore sur place ce mercredi, les échos recueillis étaient plutôt positifs. Les organisateurs avaient en effet réservé quelques surprises comme un concert de Bjorn Again. Devant la grande scène les punks se mélangeaient aisément aux habitués des dancefloors, pour participer à d’interminables farandoles. Le tout sur des reprises d’Abba. On vous laisse imaginer ! Ca aussi c’est l’ambiance décalée de Dour !

 ***

Notre journée débute vers 16 heures, par le set des Gallois Neon Neon. Ce nom étrange rend hommage aux 80’s. Impression confirmée à l’écoute de leur électro au sein de laquelle une ligne de guitare navigue quelque part entre New Order et les Buggles. A la base, le duo réunit le producteur Boom Bip et Gruff Rhys, le chanteur de Super Furry Animals. Pour la circonstance, il a été renforcé par de nombreux ‘guests’. Dont la charmante Cate LeBon (n’oubliez pas de jetez un œil à notre section photo les mecs) en backing vocals, qui ajoute de la finesse à une électro parfois minimaliste, voire ‘has been’. Mais pour une mise en bouche, le set reste maîtrisé et agréable à écouter.

Pas de temps à perdre, comme souvent à Dour quand les groupes que l’on aime se succèdent. The Teenagers montent déjà sur les planches de l’Eastpak core stage. Un chapiteau déjà bien rempli, sans doute à cause de la pluie qui commence à tomber. Histoire de prendre une longueur d’avance, les Français débutent leur prestation par le single « Starlett Johansson », qui trotte dans toutes nos oreilles, après avoir été balancé en masse sur nos ondes FM. Ce trio français a eu la bonne idée de migrer à Londres et d’y croiser le producteur des Kooks. Ils sont jeunes, plus vraiment ados comme leur nom l’indique, mais quand même. Et pourtant sur scène, ils font déjà preuve d’une belle maturité. Un groupe à suivre dans les années à venir donc.

De nombreux fans de punk/ska auraient aimé voir les Américains déjantés de Voodoo Glow Skulls mais ceux-ci avaient annulé quelques semaines avant le festival, et été remplacés par Burning Heads. ‘Nous avons été invités en dernière minute mais nous sommes vraiment heureux d’être là’ précise le batteur en début de concert. Le public aussi visiblement, et les premiers pogos sont lancés. Originaires d’Orléans, les Burning Heads sont l’une des figures de proue du punk/rock français. Un punk souvent limité à quelques accords et à des refrains simplistes, mais plein d’énergie. Contrairement à leurs débuts, les Burning Heads ont la bonne idée de ne plus tomber dans le piège ‘ramonesque’ et ajoutent savamment quelque touches de reggae pour calmer nos esprits et refroidir nos muscles, avant de repartir de plus belle.

Retour sur la grande scène, qui peut décidemment être cataloguée en grande partie de ‘pop-rock’ dansant ce jeudi. Puisque Foals, puis The Hoosiers, deux formations anglaises dans le vent s’y succèdent. Ces deux formations réussissent à attirer (enfin) un peu de monde, mais ont tendance à lasser sur la longueur. L’auditeur a rapidement l’impression de se replonger dans le concert de The Rapture, présent un an plus tôt sur le même podium. Et l’on éprouve un sentiment de déjà vu voire de déjà entendu, rencontré chez des dizaines d’autres groupes du même genre.

Toujours dans le même style mais bien plus originaux, les Norvégiens de The Withest Boy Alive se démarquent par leur look décalé. Mais aussi par une allure décontractée, voire lymphatique. Mais comme par magie ou parce que l’heure avance, le public s’enflamme davantage et l’ambiance monte encore d’un cran. A la tête du groupe, Erlend Oye avait déjà collaboré auprès de Röyksopp et fondé Kings of Convenience. Il a l’air vraiment dans son jus. En plus il est sympa, ce qui ne gâche rien. Tout comme la formation d’ailleurs qui communique rapidement sa bonne humeur aux premiers rangs. Tel un vent frais (ces harmonies !) qui se met subitement à souffler en pleine canicule, la prestation de ces Whitest Boys Alive reste l’un des points positifs de cette journée.

A l'inverse, le concert frileux de Goldfrapp a déçu. Traditionnellement provocante et ondulante, Alison, toute de blanc vêtue a des allures de vestale dans ses drapés, mais sans aura. Aussi, le public s’endort. Seul le « Ooh la la »  parvient à rallumer provisoirement une assemblée éteinte par la pluie et le manque de relief du set.

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