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Festival Domino : 10-20 avril 2002 Spécial

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En ce début de mois d'avril, l'AB pouvait se targuer d'être la plaque tournante du rock le plus inventif, de l'electro la plus avant-gardiste et du hip hop le plus défricheur. En une trentaine de concerts, de labelshowcases (Constellation, City Slang, Chicks On Speed,…) et de performances à deux platines (The Wire, Herbert, Elf Cut,…), tout le gratin lo-fi du petit monde de la musique s'était donné rendez-vous à Bruxelles, suscitant l'échange d'idées, de disques et d'amitié. Bien qu'il fût impossible de tout voir, voici quelques moments passés à l'AB, entre claques magiques (Lambchop, GYBE !) et légères déceptions (Programme) :

Lambchop + Saint Thomas (dimanche 14 avril)

Pour la venue de Kurt Wagner et de ses potes de Nasville, la grande salle de l'AB avait été reconvertie en " Palais des beaux Arts " bis, les plâtres en moins. Pas que la musique de Lambchop soit propice aux grandes pompes et à la flemme, mais parce que son écoute mérite tous les honneurs et l'attention. Ce qui justifiait les places assises. En première partie, une découverte : Saint-Thomas. Un jeune Norvégien profitant de la popularité de ses amis Sondre Lerche et Kings Of Convenience pour venir nous dorloter de ses chansons à la douceur contagieuse. Pas triste pour un sou, heureusement, le Thomas en question ponctuera ses comptines acoustiques de commentaires potaches sur le public italien (aphone), la bière belge (ses taux d'alcool sans limites) et Jon Spencer Blues Explosion (sa bête noire). Le public, ravi, lui réservera une sortie digne d'une tête d'affiche, ses mélodies continuant à trotter dans la tête bien après leurs dernières notes.

Mais le clou de la soirée, le groupe attendu fébrilement par une AB bondée, celui qui sans doute a sorti, déjà, l'un des plus beaux albums de l'année, c'est évidemment Lambchop. Flanqué de 7 ou 8 musiciens, Kurt Wagner, la casquette vissée sur la tête, entame le concert dans un silence quasi religieux. Quelques cordes légèrement pincées, des notes de piano enchantées, et surtout, surtout, une voix feutrée s'insinuant dans nos veines, provoquant la chair de poule : la musique de Lambchop est magnifique. Le dernier album, " Is a woman ", sera largement passé en revue, devant un public séduit d'avance et attentif. L'émotion, palpable, se fera ressentir pendant tout le concert, à l'instar d'autres morceaux comme ce " You Masculine You " de l'album " Nixon ", intense et sacrement sexy, et une reprise des Sisters of Mercy en rappel (" This Corrosion "), du feu de dieu. A l'écoute de tant de splendeurs, on ne pouvait que sortir de là tout émoustillé, surtout qu'au stand près du bar, une charmante demoiselle vendait un bootleg limité à 1000 exemplaires d'un concert enregistré aux USA en l'an 2000… Mais leur meilleur concert ne venait-il pas de se produire ici, il y a quelques minutes ? Lambchop : groupe, album et concert de l'année.

Godspeed You Black Emperor ! + Do Make Say Think (mercredi 17 avril)

Le label canadien Constellation fait la part belle aux groupuscules post (ou avant)-rock, aux entités musicales hybrides, entre jazz dégénérescent et rock apocalyptique. Ses fers de lance s'appellent Godspeed You Black Emperor !, Fly Pan Am et Do Make Say Think. Leurs points communs : être copains comme cochons et manifester une furieuse envie d'en découdre avec les clichés du rock. En concassant les rythmes de la techno et les accords du rock le plus binaire, en broyant sous un déluge de larsens les bonnes manières de la pop music et les vieilles habitudes du free, ces groupes à géométrie variable proposent une musique en-dehors des modes, qui se nourrit des tendances pour mieux les malmener.

Do Make Say Think venait nous présenter son nouvel album, " & Yet & Yet " : avec plusieurs guitares et deux batteries, ce groupe de jeunes intravertis n'y va pas par quatre chemins, comme certains pourraient s'y attendre. Leurs morceaux, ni trop longs ni trop courts, se démêlent scientifiquement, laissant parfois la place à l'improvisation, voire à quelques poussées d'adrénaline qui relancent la machine. D'un déluge savamment étudié aux moments d'accalmie nécessaires pour reprendre ses esprits, le combo canadien inaugure gentiment la soirée, préparant le terrain aux fabuleux GYBE !, si rares en nos terres et par conséquent si précieux.

La musique des GYBE ! est difficile à décrire, tant elle appelle aux sens : cataclysme synesthésique de notes, de couleurs et de douleurs, elle prend à la gorge, paralyse nos instincts. Pas question ici de venir en touriste : la musique de GYBE ! demande une adhésion et une attention sans failles, un combat de tous les instants. Car emporté dans ce déluge dantesque de guitares caracolantes et de violons frénétiques, l'auditeur ne peut que constater les dégâts : c'est l'extase ou la fuite, la claque ou le méchant maux de tête. De ce chaos, on sort de toute façon KO, mais la plupart du temps heureux. Heureux d'avoir participé à une expérience musicale inoubliable, bien loin des rockeurs en pilotage automatique et des DJ's statiques, cachés derrière leur platines. Voir un concert de GYBE !, c'est donc assister médusé à une incroyable entreprise de redéfinition du rock et de tout ce qui va avec : fini les couplets/refrains (on parle plutôt ici de tensions/relâches), le cirque médiatique (qui sait à quoi ces Canadiens ressemblent ?), les rappels de 5 minutes (forcément : leurs morceaux durent tous au moins un quart d'heure…). Avec GYBE !, on s'en prend plein les yeux et les oreilles, c'est la fessée permanente. Pas prêts de recommencer ça (2h30 de concert), certaines personnes présentes partiront avant la fin… C'est mal connaître ce genre de musique, davantage " œuvre ouverte " que produit fini, rendant cocu tous les styles en n'en choisissant aucun. Ceux qui seront restés vaille que vaille pourront s'en vanter : GYBE !, c'est définitivement pas pour les poseurs.

Programme + Monguito (jeudi 18 avril)

D'accord, la soirée avait bien commencé : Stuart Braithwaite, le gnome de Mogwai, avait fait le déplacement d'Ecosse pour venir présenter son label Rock Action. Au programme, une séance de Djing surexcitée, durant laquelle le petit guitariste enchaînait de sacrés bons disques avec une dextérité confondante (Squarepusher, Stooges, Depeche Mode,…). Mais ensuite vint le documentaire " Take Me Somewhere ", sur la dernière tournée des hérauts du rock paroxystique : pas grand chose à se mettre sous la dent, si ce n'est que le petit est pétomane, son ami le flûtiste porte toujours le même T-shirt à la gloire des Super Furry Animals et le grand castard chauve aime bien Mayhem et les Misfits. Mouais… Léger, le clip… Et ce n'est pas Monguito, nouveau combo de Mauro, qui nous fera oublier les blagues potaches des Mogwai dans leur bus pourri (et puis de toute façon on n'y comprend rien, à leur accent) : Monguito, ça fait penser au nom d'un cocktail, ou d'une danse brésilienne. Pas de bol, on dirait plutôt du krautrock teuton qui aurait pété un plomb, ou du John Zorn se prenant pour Lou Reed période " Metal Machine Music ". Bref, ça casse la tête après trois minutes. Heureusement il y a Programme. Du moins c'est ce qu'on se dit en attendant le groupe débouler sur scène. Mais c'est mal connaître les deux zouaves qui, bien loin de nous faire oublier les facéties pathétiques de Mauro et les pets de Mogwai, vont nous asséner un sacré coup de poing dans les oreilles. En déversant leur haine du bourgeois acculé à vivre sa vie petitement, les deux bonhommes de Programme nous jettent nos défauts à la gueule, nous piègent dans nos propres illusions. Emporté par une rythmique glaciale (électro ou guitare), le chanteur déverse lentement ses crasses dans nos tympans, nous obligeant à écouter, à réagir, pointés du doigt comme des rats en quoi la société nous transforme. Ce concert, c'est donc " L'enfer tiède ", titre de leur deuxième album, car le public, coincé entre l'acquiescement (les applaudissements ne sont pas unanimes) et la culpabilité (être ou ne pas être le sujet de ces textes), ne sait sur quel pied danser. C'est peut-être ça, la force de Programme, en tout cas c'est implacable.

Le Tigre + Kevin Blechdom + Dat Politics + Peaches (samedi 20 avril)

Après Programme, un peu de finesse dans ce monde de brutes, avec la soirée Chicks On Speed, le label des trois délurées du même nom. A l'affiche ce soir-là, des filles, (surtout), du sexe (aussi), de l'electro punk bien barré (dans tous les cas). D'abord Kevin Blechdom, du duo Blectum From Blechdom, une fille, comme son prénom ne l'indique pas, qui sait parler aux machines. Son electro nature et sans complexe couplée à du spoken word nasillard (un peu comme Programme, mais sans l'accent toulousain) n'est pas sans charme, surtout quand la Kevin se prend pour Madonna, gigotant du popotin sur un beat soutenu, sorte de Liza Minelli branchée techno. Les Dat Politics, eux, viennent du Nord de la France. Pourtant, contrairement à leurs origines, leur nom pas drôle et leurs albums de bleeps durs à cuire, ces chirurgiens de l'electro se la jouent plutôt gaillards sur scène : gros son, beats un peu beaufs côtoyant sonorités d'avant-garde, duo avec Kevin, leur politique est de plaire, et c'est tant mieux. Sur leur dernier album, ils sont entourés de Kid 606 et des Matmos. En gros, le gratin de l'electronica la plus pointue, mais ouvert au format chanson. Certes, on est toujours très loin de Garou, mais quand même : ça fait plaisir de voir toutes ces bécanes et ses programmes (toujours eux…) s'emballer au contact de voix humaines. L'humain justement, Peaches elle connaît : courte vêtue et rasée de près, la Canadienne aime les hommes, voire aussi les femmes. Ses chansons, pleines de boum-boum et de gros riffs sexy, donnent la trique, flanquent des chaleurs. Hybride très hot de Kate Bush (pour la coiffure eighties), de Courtney Love (pour le côté " sale ") et de Debbie Harry (pour le côté disco-punk qui transpire), Peaches a de l'énergie à revendre, et de l'amour à partager. Accompagnée seulement de son Roland 505, elle chante avec du cœur (et du corps) à l'ouvrage, réveillant l'animal qui est en nous. Sacrée bitch, cette Peaches.

Place ensuite aux féministes du Tigre, dont l'une, si l'on en juge par ses rouflaquettes, est peut-être autre chose qu'une fille (mais quoi ?). Vous l'aurez compris : Le Tigre, c'est queer, et bas les pattes aux machos qui seraient venus pour se rincer l'œil. Un concert des Tigre, c'est donc la guérilla version électro-trash des chiennes de garde, une sorte de rassemblement de fans de punk version Suicide, mais avec un Alan Vega qui aurait changé de sexe. Tout cela aurait pu sentir le coup fourré (sans jeu de mot) si seulement la musique n'était pas furieusement excitante : des titres comme " LT Tour Theme " ou " F.Y.R. " mettent le feu au cul, entre l'électro-pop racée des productions International DeeJay Gigolos et le punk bâtard des Damned. " Please report to the front desk. Let's name this phenomenon. It's too dumb to bring us down ", chantent les trois énervées du Tigre, toutes griffes dehors, en parlant de leur cause féministe. Battons-nous bec et ongles pour ériger la musique du Tigre en slogan à entonner pour l'année 2002, car, oui, c'est un sacré phénomène.

 

Informations supplémentaires

  • Date: 2002-04-20
  • Festival Name: Domino
  • Festival Place: AB
  • Festival City: Bruxelles
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