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Meril Wubslin fait ça… et dans la langue de Molière…

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Rock Werchter 2002 : vendredi 28 juin Spécial

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Trois jours, plus de 50 groupes, 200.000 spectateurs : Werchter 2002 a tenu toutes ses promesses de plus grand festival rock de notre plat pays. La surenchère constante de ces dernières années étant devenue chose commune, c'est donc avec enthousiasme et détermination que le fan de musique planta sa tente igloo en pleine campagne de Brabant flamand, n'oubliant pas d'acheter des boules quiès et de remplir son frigo box avant le début de la grand messe. C'est qu'à 90 euros le combi-ticket, autant prendre ses dispositions : le "W" de TW ne veut pas dire Woodstock ; "It's not a free concert", malgré la bière gratuite pour 20 gobelets vides ramassés.

.calibre, justement, milite pour un monde plus juste, où tous les laissés-pour-compte auraient leur place (bref à moindre prix), où le métal noir jaune rouge aurait droit à davantage de reconnaissance. C'est que depuis Channel Zero, notre pays n'a plus vibré aux sons des guitares rêches… Heureusement, voilà .calibre et son nu-métal propre sur lui mais jamais ridicule. Avec leurs invectives bien corsées entre Limp Bizkit et Rage Against The Machine, les 4 métalleux auront ainsi séduit le public, certes encore épars et distrait à cette heure, mais lui rappelant cette époque où Franky D.S.V.D. et ses sbires faisaient office de réveil matin pour tous les festivaliers.

Au même moment sous la pyramide, The Notwist enfilait ses perles electro-rock sur notre corde sensible. Dommage que le son, très approximatif, gâcha notre fête : la voix de Markus Acher étouffée, la ligne de basse grésillante et le laptop en berne sur "Pick Up The Phone", le concert vira presque au mauvais rêve, tout juste sauvé par un "Pilot" magnifique en final. N'empêche, ce n'est pas terrible pour une première qualification des Allemands en finale de notre plus vieux festival… Mais la partie ne fait que commencer : avec Rammstein en renfort le lendemain, la balle est au centre.

Mais elle est vite en touche avec les Dropkick Murphys, auxquels l'ambiance graveleuse des matchs de fin de matinée (World Cup oblige) va comme un gant de keeper. Supporters d'un punk-rock sentant la Guinness, ces lads fans des Sex Pistols et de Ian Dury mélangent leurs riffs à la cornemuse, transformant les airs traditionnels d'Angleterre en hymnes de stades pour hooligans au cerveau ramolli.

Mieux vaut se vautrer dans le rock psyché des Black Rebel Motorcycle Club, trio costaud de garage baggy à la croisée du MC5 et des Stone Roses. "Whatever Happened to My Rock'n'roll ?" braillent-ils toutes guitares dehors, comme en réaction à ces rockers en kilt qui continuent leurs pitreries sur la main stage. Avec "Love Burns" et "Red Eyes And Tears", la réponse semble en tout cas évidente : il n'est pas mort étouffé sous des hectolitres de pinte, bien au contraire… Il suffit de rester sous cette tente en ce vendredi nuageux, pour s'en rendre compte. Car après les BRMC, il y a les White Stripes et Sonic Youth : autant les premiers séduisent par leur simplicité binaire à toute épreuve (une guitare-une batterie), autant les seconds font (toujours) preuve de maestria bruitiste. Le contraste est frappant mais prouve bien que le rock  est encore là, du plus simpliste au plus alambiqué, et que Werchter s'en est toujours fait l'étendard du plus tapageur.

Les White Stripes étaient sans doute le groupe le plus attendu du festival. Erigés hype de l'année 2001 avec les Strokes, les deux White eurent donc fort à faire pour préserver leur aura de groupe (déjà) culte auprès des festivaliers friands de crowdsurfing et de beats soutenus. Pari gagné, puisque leurs comptines blues enfiévrées se parent sur scène de la plus belle des couleurs – le rouge, symbole de fougue et d'énergie, que les deux ex-mari et femme (une rumeur) ont à revendre. Certes parfois lassant (on a vite compris leur recette miracle), le rock des White Stripes impressionne par son immédiateté et sa fraîcheur.

Moins directs mais tout aussi fougueux, les Sonic Youth étaient eux aussi attendus au tournant : il y  avait en effet belle lurette que ces as du manche trafiqué ne nous avaient plus impressionnés, coincés entre leurs derniers albums expérimentaux (un riff = une heure) et ceux "officiels", de moins en moins convaincants. En débutant leur concert par "Bull In The Heather", le ton est donné : retour aux sources soniques du songwriting, aux couplets-refrains pleins de tensions et de décharges électriques. Sans doute que l'arrivée de Jim O'Rourke au sein du groupe a permis aux New-Yorkais de redescendre sur terre et de nous livrer ce tout nouveau "Murray Street", un album mélodieux (voire classique), pour beaucoup le meilleur depuis "Experimental Jet Set, Trash And No Star". Le concert sera d'ailleurs surtout centré sur cet album, du single "The Empty Page" à ce "Rain On Tin" plutôt pop dédié à John Entwistle, bassiste des Who tout juste décédé. Ajoutez à cela des classiques comme "Drunken Butterfly" ou "Kool Thing", et vous aurez compris que Sonic Youth n'a décidément rien perdu de sa jeunesse.

Ah ! Les jeunes ! Venus par milliers pour bien pogoter, ils n'en oublient pas pour autant leurs classiques. En réservant un triomphe à ce vieux coquin d'Arno, le public se montra "magnifique" (en français dans le texte), comme notre Ostendais préféré, en pleine forme en ce début de soirée. Cela faisait presque 20 ans qu'Arno n'avait plus foulé les planches de TW – à l'époque avec TC Matic. Un tel come-back se devait donc d'être à la hauteur, et il le fût : en alternant nouvelles compos ("Je veux nager"), vieux tubes ("Putain Putain", "Olalala",…) et reprises imparables ("Les filles du bord de mer"), Arno mit le feu. "Merci Godverdomme", dira-t-il à la fin de cette heure intense, ému par l'accueil du public. Mais c'est qu'il le vaut bien, notre rocker national !

Le rock belge a encore d'autres idoles : dEUS. Depuis deux ans sans nouvelles, le public était impatient de revoir le groupe de Tom Barman sur scène, là où il a toujours été le meilleur. Le chanteur trop occupé à préparer son premier film et les autres partagés entre leurs projets respectifs (Vive La Fête, Millionaire,…), ce n'est pourtant pas pour demain que dEus donnera une suite au sublime "The Ideal Crash"… Mais peu importe, puisque l'essentiel pour l'instant se trouvait ici, à Werchter, sur la main stage. Dès les premières ondulations de "Via", la plaine s'enflamme, mais le son, trop brouillon, en refroidira rapidement plus d'un. La première partie du concert oscillera ainsi entre le tiède ("Roses") et le passablement raté ("Little Arithmetics"), mais un "Suds and Soda" ravageur remettra les pendules à l'heure. S'ensuit une heure d'un concert pro et au son bien meilleur, avec un Tom Barman bien remonté, qui avoue avec ironie "en avoir marre des ballades ». Un nouveau morceau, sombre et rock (cette ligne de basse !) viendra d'ailleurs confirmer ses dires, même si on sait que Tom est un grand romantique… « No more loud music », donc…

Et les bpm çà compte ? Parce que Luke Slater en a plein sa besace, bien que son dernier album, « Alright On Top », sonne très electro eighties. Avec le chanteur de The Aloof en guest et un son plus léché, fini les étiquettes techno trop réductrices : Luke peut se vanter d'avoir désormais plusieurs cordes à son arc. Putassier le Slater ? Que nenni : son electro comme sa techno feraient danser les plus récalcitrants, et tant pis si c'est à la mode,

Question fashion, Praga Khan assure : pourtant sa techno de kermesse est aussi fine et digeste qu'un cornet de croustillons. Big in Japan avec ses Lords of Acid et ses poupées gonflables, Maurice Van Engelen a pourtant du mouron à se faire : dans le monde de la mode le vent tourne vite, comme la chenille de la Foire du Midi.

Il est déjà minuit et les Chemical Brothers livrent un bon mix de leurs trois derniers albums, en tout cas bien meilleur qu'il y a deux ans. Du bestial « It Began in Africa » au fabuleux « Private Psychedelic Reel » (leur final habituel), Tom Rowlands et Ed Simons restent les maîtres d'une techno tourbillonnante, plus proche dans son esprit de l'acide rock des années 70, que des beats pompiers de Praga Khan. En prêchant le mélange des genres, les frères chimiques sont le meilleur antidote aux muscles ankylosés et aux mâchoires crispées.

« All is in the mix », insisteraient même les Dewaele de Soulwax – encore des frères -, devenus les rois de l'éclectisme sous le pseudo de Too Many Dj's. Leur marque de fabrique : entrelacer deux hits aux antipodes pour en faire une seule bombe de dance-floor,  sorte d'hybride inclassable réconciliant tous les gen(re)s, du rocker au techno-freak. Un exemple ? « No Fun » des Stooges avec « Push It » des TLC ou « Smell Like Teen Spirit » de Nirvana avec « Bootylicious » de Destiny's Child. Sacrement jouissifs, ces « bootleg » ou « bastard pop » ont le grand mérite de mettre tout le monde d'accord, faisant ainsi de ces « Fucking Dewaele » les dignes successeurs des inventeurs de la house et du disco … et surtout, des preuves vivantes que les a priori et les étiquettes sont réservés aux imbéciles – tous les autres se défoulant sur la piste extérieure de la pyramide.

 

Informations supplémentaires

  • Date: 2002-06-28
  • Festival Name: Werchter
  • Festival City: Werchter
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