Jasper Steverlinck inspiré par Roy Orbison ?

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Cactus 2004 : samedi 10 juillet Spécial

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C'est familial, le Cactus Festival : on y vient davantage pour l'ambiance et la verdure que pour la musique, tant on se sent bien dans cet havre de paix coupé du reste du monde. Le centre de Bruges n'est pourtant pas loin… Mais une fois passé le joli pont qui sépare le Minnewaterpark de la circulation urbaine, c'est comme un petit paradis qui s'ouvre à nous. Au milieu des arbres qui donnent au lieu cette tranquillité bon enfant, 15.000 personnes se promènent tranquillement. Beaucoup de poussettes, des clowns, un couple d'hommes kangourous, un contorsionniste, des hamacs pour ceux qui aiment se la couler douce,… Y a pas à dire : au Cactus Festival il fait bon vivre, et puis ça nous change de la grosse artillerie werchterienne.

Pas la peine donc de se presser aux premiers rangs dès Monsoon : le public n'est pas venu ici pour se taper des crampes aux jambes et se faire compresser le thorax sur les barrières Nadar. Cool… Comme le folk-rock de ces Bruxellois déjantés : en jarretelles, Delphine Gardin assure au chant, même si l'on zieute avant tout ses jolies cuisses. Elle joue aussi dans la comédie musicale « Jésus Christ Superstar », à Villers-La-Ville… Mais ici, pas de jérémiades à la Michel Berger : c'est du bon rock, qui sent le souffre et le stupre, un set renforcé par la présence de Luc Van Lieshout, le trompettiste de Tuxedomoon.

Le soleil pointe enfin (il a draché la veille) à l'arrivée sur scène des Soledad Brothers, trio garage de Detroit (pléonasme) qui connaît par cœur son petit MC5 illustré : rythmique incendiaire, guitares mal huilées et chant écorché… Il y a du blues dans les riffs de ces jeunes gens, mais rien de bien neuf (forcément), si ce n'est ce saxophone pétaradant sur certains titres (comme… les Stooges). Les Soledad Brothers n'ont donc rien inventé, mais leur blues rock crasseux débouche les oreilles… A défaut d'autre chose. Il n'empêche que c'est le genre de groupe typique du Cactus Festival : roots juste ce qu'il faut, susceptible de plaire autant au jeune fan de garage qu'aux vieux briscards de la cause « Nuggets »… Cela dit, on n'aurait pas craché sur un bon petit My Morning Jacket : dommage qu'ils aient annulé leur tournée cet été.

Le Cactus, c'est aussi une certaine idée de la world : un petit côté Oxfam pour bobos en sandalettes, qui aiment remuer leur bassin sur des beats gentiment chaloupés. Proche en cela du festival Couleur Café, le Cactus accueille ainsi chaque année son lot de rastamen ; et pour la circonstance les Anglais de Steel Pulse. Actifs depuis 1978 et leur fameux « Handsworth Revolution », ces types de Birmingham ont toujours brillé par leur militantisme, en témoigne le titre « Uncle George »… Un hommage au Black Panther George Jackson, emprisonné à vie depuis 1971. Mais force est de constater qu'en live, David Hinds et ses sbires manquent de pêche : la voix du leader est noyée dans les overdubs, et la sauce ne prend pas. Trop de fumette ? Beuh… Steel Pulse manque de swing (zut, plus aucun hamac de libre).

Mieux valait manger une bonne glace en attendant les excellents Pinback, qui sortent à la rentrée leur troisième album. Difficile de décrire la musique de ces Américains : mélange de country-rock sophistiqué à la Wilco et d'indie à tiroirs (à double fond), elle échappe à tout étiquetage, telle une anguille qui nous filerait sans cesse entre les doigts. Mais peu importe : de nombreux fans étaient présents pour saluer leurs idoles, d'autant qu'ils se font rares en nos contrées. Pinback est sans doute un des secrets les mieux gardés de l'alternatif lo-fi : ses deux chanteurs semblent peut-être de drôles de bonhommes, mais ils s'avèrent diablement bons quand il s'agit d'empoigner leurs guitares. Bonne ambiance lors des interprétations de « Tripoli » et « Loro » (du premier album), puis « Offline P.K. », « XIY » et « Penelope » (de « Blue Screen Life ») achèveront de nous convaincre : vivement ce nouvel album, que l'indéniable talent de ces orfèvres pop-rock soit confirmé pour de bon.

'C'était pas Keziah Jones qui devait jouer à cette heure-ci ?', s'interrogeait plus tôt un spectateur voisin pendant le concert foireux de Steel Pulse. Explication : le Nigérien aurait raté son avion… Il arrivera finalement en retard de deux bonnes heures, s'excusant gentiment avant d'empoigner sa guitare et de balancer son fameux 'blufunk', 'un mélange de funk et de blues', selon l'intéressé. A peine cinq ou six chansons, c'est peu (« Kpfuca », « Femiliarise », « Rhythm Is Love », « Emily », « Neptune ») : Keziah Jones se justifiera plusieurs fois, prétextant qu'il 'doit absolument partir'. Sans doute était-il attendu ailleurs, pour un autre concert… L'incroyable, c'est qu'il aura réussi à captiver la foule en moins d'une demie heure, grâce à son ébouriffant jeu de guitare, hérité des bluesmen d'Amérique et d'Afrique (Ali Farka Touré en tête). S'il était arrivé à l'heure, sans doute que son concert aurait marqué davantage notre mémoire. Dommage, cet homme est un sacré musicien, qui dégage une aura stupéfiante à l'aide de trois fois rien (sept cordes = guitare + voix).

Beaucoup moins excitant : la prestation d'Heather Nova. Ses minauderies post-ado sont toujours aussi fadasses : un vrai supplice d'1h30 (!), qui nous aura presque donné envie d'aller dormir dans ces foutus hamacs (toujours pas libres). Il y a dix ans pourtant, Heather Nova incarnait le renouveau d'un songwriting féminin à l'ancienne (Suzanne Vega, Joni Mitchell, Carole King), plein de jolies mélodies et de refrains rêveurs. Mais aujourd'hui, ces tubes qu'étaient « Island », « London Rain » ou encore « Truth And Bone » font juste l'effet d'un puissant somnifère. Triste et plat comme un jour de pluie à la mer, ce concert de la belle était celui de trop. La prochaine fois, on n'oubliera pas notre oreiller.

Heureusement qu'après cette heure et demie de perdue à compter les moutons, il y avait le grand, le seul, l'unique Elvis Costello. Après Patti Smith la veille, le Cactus Festival accueillait donc un des plus grands songwriters de ces trente dernières années. Nonante minutes de grâce ininterrompue, en toute humilité : seulement accompagné de Steve Nieve au piano, Elvis Costello aura interprété 19 chansons de son imposant répertoire, dont la moitié de tubes : « Accidents Will Happen », « Red Shoes », « Veronica », « Every Day I Write The Book », « Shipbuilding », Oliver's Army », et surtout les splendides « I Want You » et « Pump It Up », dans une ambiance de communion survoltée. Costello sort bientôt deux (!) nouveaux albums, « Il Songo » et « The Delivery Man », dont il a joué ici quelques extraits… Qui augurent du meilleur. On dit souvent que l'amour donne des ailes : depuis sa romance avec la chanteuse de jazz Diana Krall, Elvis Costello semble en pleine forme (écoutez son dernier album, « North », il est d'un classicisme apaisant). Le meilleur concert du jour, assurément… Mais de la part d'un si grand musicien, ça n'avait rien d'étonnant : la classe, qu'on vous dit. De retour l'année prochaine flanqué des Attractions ? On peut toujours rêver.

 

Informations supplémentaires

  • Date: 2004-07-10
  • Festival Name: Cactus
  • Festival Place: Minnewaterpark
  • Festival City: Bruges
  • Rating: 0
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