Ce n’est pas la fin pour Caesaria…

Thomas, Louis et Théo ont tissé leurs liens dès l'enfance, autant sur la pelouse du club de foot qu’autour du son. C’est la scène qui devient leur terrain de jeu favori, et ça se voit : leurs ‘live’ électrisent les corps et marquent les cerveaux au fer rouge.…

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L’interaction de Ride…

Le septième elpee studio de Ride, « Interplay », sortira le 29 janvier 2024. Ce nouvel album est le troisième du quatuor d'Oxford depuis sa reformation en 2014. Ces pionniers du shoegaze, quelquefois proche du noise rock des années 90, sont davantage ensemble…

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Micro Festival 2010 : samedi 7 août

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Prévision météo pour ce samedi 7 août : malgré quelques passages nuageux, le temps restera généralement sec sur le nord de Liège… durant la première partie de la journée. Le soleil se lèvera aux environ de quatorze heures (heure locale). Euh… sur la baie de Vivegnis.

Horaire respecté : les Pirato Ketchup arrivent sur leur planche de surf et lancent les festivités. Les premiers pains-saucisses commencent à frétiller tout autour à l'écoute de ce fourre-tout musical décliné à la sauce Wallifornie. Oui, « La bonne du curé » et Sœur Sourire sont capables de remuer leurs fesses à la mode Tarantino. Wallifornication. C'est jouissif et entraînant. Et sacrément rentre-dedans. Une excellente entrée en matière.

Dans la foulée, un interlude musical est assuré par un DJ. A quelques pas. Dans le jardin. Premières bières. Ambiance décontractée. Tout le bonheur de n'avoir qu'une seule scène où se produisent les artistes. On a le temps de se ressourcer. Décidément, chez JauneOrange, quand on fait les choses, on les fait bien.

Passé 15 heures. Boston Tea Party ou la formule qui n'en finit pas de ne pas s'user (NDR : elle concerne les duos mixtes déclinés au format Rock) envahit le devant de la scène. Ça cogne sec, surtout sous les talons d'Eline Adam, la chanteuse, qui bat la mesure sur une estrade de bois transformée en grosse caisse de fortune. Un beat un rien éreintant sur la longueur. Mais les chansons tiennent la route. Rien de révolutionnaire (à l'inverse du mouvement homonyme emprunté par le groupe), mais c'est néanmoins suffisamment bien foutu pour capter l'attention du public parsemé. Et oui, c'est qu'on en est encore qu'à l'apéro...

Flash météo : en cette fin d'après-midi, le passage d'une tornade est annoncé sur les coteaux de la Principauté. Elle sera accompagnée d'un déluge de décibels et de forts orages.

Bon, maintenant, on rigole plus. Ou bien si ! On rigole. Enfin, je sais plus. Attention. Mesdames et Messieurs, voici venir le Colonel Bastard et son Bionic Commando. Loufoque, déjanté, irrévérencieux et survitaminé, ce combo emporte tout sur son passage. Le chapiteau se remplit, les clowns se déshabillent, le public applaudit et en veut encore. Oui, Colonel Bastard, c'est du spectacle. Mais en plus du côté visuel, dans le registre électro-dance-techno-foutraque, c'est vachement bien balancé. Un set explosé et un public conquis, amusé, ou médusé. Bref, personne ne reste indifférent. Une performance. Une grande expérience.

Les joyeux troublions quittent la scène, et on s'affaire déjà à y faire place. Car il en faut de la place pour les trois batteries et les cinq guitares d’Action Beat. Nul doute, ça va faire mal. Et quand ils commencent en chœur, ça fait effectivement mal aux tympans. Action Beat, c'est une machine diablement efficace, parfaitement huilée, solidement rythmée. Lourde comme un orage d'été, puissante comme la foudre. Un bloc de marbre qui éclate et se reforme instantanément. Parfois trop homogène, manquant d'aération, mais au final, une leçon de bruit aux faiseurs de bruit.

Quelques bières plus loin, nous attendent le duo (non mixte) des Black Diamond Heavies. Un orgue qui n'a rien à envier à une guitare, une batterie qui n'a rien à envier à l'enfer. Quand le blues se fait sale, sauvage, et habité. D'une puissance sexuelle phénoménale (dixit une amie en pâmoison). L'antre de l'Espace 251 Nord est en feu en l'espace de quelques titres. Ça sue et ça dégouline. On aime ça!

Météo des festivals, flash spécial : après les dernières intempéries, le calme devrait revenir dans les environs de Saint Léonard. Une embellie suivie de quelques ondées sont néanmoins à prévoir.

Kelpe déploie ensuite son intimisme/minimalisme électro sur les planches. Point de vue sono, c'est pas le genre d'endroit pour jouir pleinement de toutes les subtilités de ce type de musique. De fait, noyée dans un son brouillon et submergé de basses fréquences, les compositions du duo (tendance, je vous le dis !) s'évaporent quelque peu dans les brumes du soir tombant. Néanmoins, ce petit coup de fraîcheur fait du bien à ce moment de la journée.

Un ravier de frites dégusté aux rumeurs de switch dans le haut de l'affiche, et effectivement, Efterklang déboule un rien plus tôt que prévu. Et là, c'est la classe et l'élégance venant du grand Nord. Des chansons enrobées et ciselées par des orfèvres Pop. Grandioses mais pas pompeuses, elles affichent une grande maturité. Assurément, l'avenir se dessine en lettres d'or pour ce groupe Danois d'une humilité déconcertante. A découvrir, si ce n'est déjà fait.

Déjà la nuit a pris possession du ciel, et la pluie tombe à verse. Pas de quoi cependant refroidir les ardeurs des Chiliens de Panico, dont le set finit d'enflammer le public liégeois. Rawk-&-roll entêtant, toutes guitares devant, basse rebondissante, reverb dans la voix, et charisme à petit prix. Fair Trade, avez-vous dit ? Pas loin d'une leçon d'hypnose spirituelle, les morceaux claquent comme les coups de fouets de Zorro. L'album sortira fin septembre et je ne saurais que le conseiller vivement aux amateurs de Make Up et autres formations de la trempe. Excellent et judicieusement placé en tête d'affiche.

Enfin, sous le déluge du ciel, les spectateurs quittent l'enceinte du premier Micro Festival, qui a tous les points de vue, se sera avéré une franche réussite. Convivial, démocratique, parfaitement organisé, défricheur de talents et d'une qualité inversement proportionnelle au prix de la place. Perso, je dis : proclamons JauneOrange d'utilité publique!

Organisation JauneOrange

 

Dour festival 2010 : dimanche 18 juillet

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Quatrième et dernier jour de cette 22ème édition du festival de Dour. L’heure des premiers bilans aussi : 125.000 spectateurs pour ces 4 jours. Soit 31 000 le jeudi, 30 000 le vendredi, 32.000 le samedi et autant le dimanche. Ce qui semble réjouir les organisateurs lors de la conférence de presse (?!?!) Pourtant, manifestement, la fréquentation est en baisse, cette année. En 2007, le festival était sold out et au cours de certaines éditions précédentes, on avait atteint des pics de 35.000 voire 36.000 spectateurs. ‘Cette année nous avions agrandi la capacité du site. Il pouvait accueillir 40.000 personnes. Le sold-out n’est pas un objectif en soi’, m’explique, par ailleurs, le responsable de presse, Alex Stevens, lors d’un entretien, à bâtons rompus. Il ajoute d’ailleurs : ‘Le but, c’est d’organiser un festival de qualité, en programmant des groupes intéressants et dans une ambiance qui reste conviviale’. N’empêche, du côté de Liège, les Ardentes prennent de l’ampleur et le Pukkelpop affiche déjà complet un mois à l’avance. Alors, quelle est la raison de ce déclin de popularité ? La concurrence des événements susvisés, certainement. La date, qui en 2010, s’est située en période charnière de départs en vacances (NDLR : on pourrait aussi ajouter le nombre de festivals qui ont explosé, un peu partout en Belgique, et même dans le Nord de la France ; et puis, peut-être le manque d’artistes susceptibles de convaincre les véritables mélomanes de se déplacer, en l’occurrence celles et ceux qui ne manqueraient sous aucun prétexte Killing Joke, Black Rebel Motorcycle Club, Wilco, Mercury Rev, Archive, Wampas, Nada Surf, Dandy Warhols, Young Gods, !!!, Bérurier Noir ou encore celles et ceux qui suivent certains groupes belges aux quatre coins du pays) Néanmoins, ne gâchons pas notre plaisir : Dour est toujours un festival incontournable en Hainaut et un des trois plus grands de Wallonie (NDR : les Francos de Spa et les Ardentes sont les deux autres). Il est en outre, bien plus alternatif que ses concurrents ; et puis, et c’était nécessaire, de gros efforts ont été consentis pour améliorer le confort des festivaliers (NDR : supermarché alimentaire à l’entrée, etc.) Félicitons également les organisateurs pour le timing scrupuleusement respecté par les 200 groupes, et pour l’absence d’incidents majeurs sur le site.

Bon, et la programmation de ce dimanche alors ? J’y arrive. Ma journée commence vers 16 heures, sous un soleil généreux (NDR : finalement hormis quelques averses, la météo aura été clémente). J’ai chaud à la place de Mélissa Auf Der Maur. Tout de noir vêtue, son teint est pâle. Elle doit souffrir de la température. La Canadienne est surtout notoire pour avoir milité  comme bassiste chez Smashing Pumpkins puis Hole. A l’époque, Billy Corgan, le leader des Citrouilles Eclatées l’avait pris sous son aile, avant de la conseiller à son amie ( ?!?!?) Courtney. Son set est très pop. Pas vraiment ce qui me branche. Et Mélissa éprouve toutes les difficultés pour susciter un quelconque enthousiasme auprès d’une audience encore à-moitié endormie. A l’issue de sa prestation, Mélissa vient se mêler à la foule. Elle se ballade tranquillement et prend le temps de signer des autographes (NDR : elle avait même prévu de se munir d’un crayon-feutre !)… Sympa !

D’autres musiciens se promènent sur le site. Mais ils passent bien moins inaperçus. A cause de leurs vêtements touaregs. Tinariwen. La formation va ensuite offrir une des rares notes world au festival. Sur fond de guitare résolument blues (NDR : un concept partagé par de nombreux artistes maliens, comme Amadou et Mariam, par exemple). Différents membres se relayent au chant. La musique baigne au sein d’un climat exotique. Le combo cherche à établir une forme de communion avec le public. Un peu comme lors d’une fête de village en Afrique, autour d’un feu de bois ou sous un bivouac. Le set est savoureux. Mais à mon avis, leur prestation aurait mérité de se dérouler sous un chapiteau. De toutes manières, à un endroit plus intimiste que sur la Last Arena. Les applaudissements auraient alors certainement résonné plus chaleureusement…

Sous La petite maison dans la prairie, Monotonix est occupé de foutre le boxon. Cosmopolite, quoique incluant une frange de musicos israéliens, le combo nous en met plein la vue. Pourtant, leur garage rock plutôt basique voire tribal (NDR : qui a dit trivial ?) ne casse pas des briques. Mais on assiste à un grand spectacle ! Les musiciens se dispersent dans le public. Le chanteur escalade un poteau du chapiteau et à 4 mètres de hauteur, il se jette dans la foule. Manifestement Monotonix est un groupe de festival. Il attire la grande foule et met de l’ambiance. Pourtant, en salle, il ne draine que quelques centaines de personnes, à peine (NDR : il s’était produit à Courtrai, salle De Kreun, peu de temps auparavant). Didier Super était aussi parvenu à mettre le feu, sous la Magic Tent, quelques années plus tôt. Un constat amer et en même temps une situation paradoxale, quand on voit qu’un groupe pétri de talent comme Tinariwen, ne recueille pas le succès mérité. Alors que la présence de Rémi Bricka, Annie Cordy ou Grand Jojo, déclencherait probablement l’hystérie…

Trêve d’élucubrations et cap sur la Last Arena où sont programmés The Raveonettes. Et le line up des Danois est au grand complet. Déjà ‘tête d’affiche’ en 2008, Sune Rose Wagner avait dû composer sans Sharin Foo. A l’époque elle attendait famille et avait été remplacée par sa sœur. La recette n’a pas trop changé. Leur électro pop à coloration 80’s est toujours aussi noisy. Le tracklisting inclut les incontournables « Candy » et « Heart of stone ». De quoi satisfaire les nombreux trentenaires et quadragénaires rassemblés face à la scène. La basse et les percus sont minimalistes. Et balisent les interventions du duo ténébreux Wagner-Foo, cachés derrière leurs lunettes fumées…

Autre tête d’affiche sur la même scène : Ghinzu. Il est loin le temps où ce combo belge se produisait en club. La popularité du groupe est en progression constante. Ce qui lui permet aujourd’hui de remplir Forest National ou de figurer à l’affiche de festivals conséquents. Ce soir, c’est un véritable best-of que le groupe nous livre. De quoi se rendre compte du nombre de tubes déjà publiés par la formation. Dont les inévitables "Take It Easy" et "Do You Read Me". Leur set est très pro, même si les poses du chanteur finissent par agacer. Mais un imprévu va se produire et mettre un peu de piment dans le show. Au beau milieu du set, le combo se lance dans l’impro (NDR : à moins que ce ne soit une succession d’approximations). Les musiciens se parlent entre certains morceaux. Ils semblent préoccupés. Le claviériste monte sur son instrument et commence à taper du pied sur ses touches (NDLR : un disciple de Keith Emerson ?) Heureusement, le matos semble solide et résiste à l’assaut. Et puis, l’assaillant n’est pas obèse (NDR : à l’issue du concert, on aura l’explication de cette attitude : en fait, il semble que le clavier se soit détraqué au cours de la prestation et par un concours de circonstance, le spectacle a gagné en spontanéité). La reprise de « Killing in the name » est peut-être brouillonne, mais elle parvient à faire bouger une grande partie de la foule. En fait, les événements ont forcé le combo à modifier leur setlist. Et à improviser (NDLR : un accident heureux, avait un jour déclaré un membre d’Ozric Tentacles). Le groupe va quand même finir par croire qu’il est maudit. Et pour cause, l’an dernier, lors des Eurockéennes de Belfort, il avait déjà dû interrompre son show, suite à une panne de courant.

J’imaginais que Devendra Banhart allait nous accorder un récital sculpté dans le folk minimaliste. Le talentueux chanteur/auteur/compositeur en était coutumier, au cours des dernières années. Après avoir surfé avec succès sur la vague hype néo-hippie, il était un peu tombé dans les profondeurs de l’oubli. Mais ce soir, il a décidé de nous surprendre. Et dès les premiers titres, on se rend compte que son concert sera très rock. Les guitares montrent les dents. Son néo-psychédélisme à la pèche ! Exit les ballades soporifiques dispensées lors des éditions précédentes, à Dour. L’intensité est omniprésente, mais Devendra la rend plus fluide en lui administrant, ci-et-là, une petite pointe de dérision. Comme lors de sa cover du vieux tube « Tell it to my heart » de Taylor Dayne.

Autre bonne surprise en ce dimanche : Calvin Harris. Il est surtout connu pour ses tubes house, dance et électro qui envahissent les ondes radiophoniques. Et notamment « The girls » et « Flashback ». En ‘live’, je m’attends donc à DJ set plutôt statique. Erreur, Calvin est soutenu par un véritable band. Il se révèle très à l’aise sur les planches et se la joue, quelque peu, rock star, à la manière d’un Dave Gahan. En un peu moins excentrique quand même. L’expression sonore est particulièrement vivifiante et lorgne tour à tour vers le funk, l’électro voire le punk-rock. En outre, Harris possède une chouette voix. Après 1h30 de show, on le sent quand même éprouvé. Ce qui ne l’empêchera pas de le clôturer par un “You are not alone” de toute beauté. Franchement, cet artiste est à suivre de très près et mériterait un autre statut que celui de pourvoyeurs de singles pour la bande FM.

On le sait, chez Sexy Sushi, le raffinement n’est pas de rigueur. Heureusement il est passé minuit. Les enfants sont déjà couchés, et les nombreuses familles invitées par le Bourgmestre sont rentrées à la maison. Car comme prévu, le flux de grossièretés proférés à la minute est sidérant. Comment est-il possible de concentrer autant de gros mots au sein d’un seul couplet ? Seul Sexy Sushi en a la recette. La musique est minimaliste. Electro. Il y a un claviériste et puis un figurant qui assume un rôle de bourreau. Bien sûr, il s’agit de mise en scène. La sulfureuse Julia affiche un look grunge. Cheveux gras, jeans, t-shirt et baskets crades. Elle n’hésite pas à se lancer dans des crowd-surfing et invite même le public à monter sur le podium lorsqu’elle attaque « Sex appeal ». Et les mâles vont me demander si elle a terminé son spectacle en petite tenue, comme très souvent. Désolé mais vu la piètre qualité de la solution sonore, je me suis tiré avant…

En effet, j’ai préféré aller jeter un dernier coup d’œil (et d’oreille) à The Sonics. Le spectateur lambda les connaît surtout pour leur chanson « Psycho a-gogo » (NDR : ne me dites pas que vous n’avez jamais entendu ce fameux refrain ‘Baby, you’re driving me crazy’). Ou encore du morceau « Have love with travel », qui a servi de B.O. au dernier film de Mathieu Amalric (NDR : c’est toujours d’actualité !) Il est assez troublant et en même temps réconfortant de voir de véritables papys déménager autant sur les planches. Respect donc à ces vétérans qui perpétuent ce rock né au cours des 60’s. N’empêche, pour encaisser la transition entre le rock-électro avant-gardiste de Calvin Harris et le garage yankee des Sonics, faut être blindé…

Hormis la journée du samedi, plutôt ‘light’, l’édition 2010 du festival de Dour a tenu toutes ses promesses. Retour à la maison, en sachant que sur le parcours, on risque de faire des rencontres très peu conviviales et surtout susceptibles de gâcher le plaisir acquis tout au long du week-end…

 

Dour festival 2010 : samedi 17 juillet

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Troisième jour de festival et la fatigue commence à se faire sentir. Sans oublier les maux de tête et un début inévitable de surdité. Et dire que je ne dors même pas au célèbre camping. Sans quoi, quel serait le résultat ? Heureusement, et cet avis n’engage que votre serviteur, cette journée est également la plus light au niveau de la programmation. Pas vraiment de concert exclusif comme ceux de Faith No More ou Atari Teenage Riot, les jours précédents. Moins de découvertes aussi.

Ce qui explique pourquoi vous n’aurez droit qu’à un compte-rendu plus succinct de cette journée. Néanmoins, je débarque quand même à 14 heures pour ne pas manquer le set de The Mahones. Leur patronyme procède de l’anglicisation de la formule gaélique ‘Póg mo thóin’, soit le ‘F*** my ass’ dont je vous fais grâce de la traduction dans la langue de Molière. Il s’agit également d’une référence au groupe irlandais The Pogues. Et bien que la formation nous chante cet après-midi « A drunken night in Dublin », pas de méprise : The Mahones nous vient du Canada, et pas de l’île verte ! Leur punk-rock est d’ailleurs assez proche de celui de leurs concitoyens, les Real McKenzies. Une charmante accordéoniste évolue à droite de la scène. Hormis les bas-résilles elle est totalement vêtue de cuir. Et apporte une touche de fraîcheur tant visuelle que musicale. En engageant un musicien supplémentaire (NDR : préposé au whistle ou banjo), le combo embrasserait un profil encore plus celtique. Mais la petite centaine de spectateurs tape malgré tout du pied et se lance même dans une mini-farandole en fin de show. Un warm-up plutôt réussi, ce samedi donc.

A noter que, dans la même tranche horaire, les Poulycroc avaient également ouvert les hostilités en fanfare. Evidemment, si comme votre scribouilleur, vous habitez le Hainaut Occidental (d’où ils sont originaires) vous avez l’occasion de les applaudir, au minimum, une dizaine de fois par an. Et si vous ne connaissez pas ces joyeux loustics, sachez qu’ils pratiquent un punk/ska festif, quelque part entre le grand Jojo (avec qui ils ont déjà joué) et Ska-P.

En général, lors du festival de Dour, une frange du public est constituée de fans de hardcore et de métal. Rien d’étonnant, vu la présence des vétérans Stuck Up et autres Do or Die, dont les aficionados sont nombreux dans la région. Pourtant cette tranche de public très caractéristique disparaît d’année en année. Elle est remplacée par une catégorie de festivaliers dont le style  campeurs-clubbers est beaucoup plus stéréotypé. Heureusement, les organisateurs n’ont pas totalement négligé les hardeux. Le vendredi, ces derniers ont ainsi pu se défouler face à la Red Frequency, et ce samedi sous la Magic Tent. La formation canadienne (NDR : encore) Fucked Up pratique, comme son nom l’indique, une musique furieuse. Le chanteur Pink Eyes n’en est pas à sa première extravagance. C’est d’ailleurs ce qui a forgé sa notoriété. Dès le deuxième titre, il quitte la scène pour se mêler à la foule, qu’il ne quittera plus avant la fin du set. Tour à tour, il se lance dans le houlà-hop, provoque des pogos ou frotte son torse (NDR : velu et imprégné de sueur) contre le corps de jeunes filles en maillot de bain. Et la liste de ses frasques est loin d’être exhaustive. Conclusion, il donne bien du fil à retordre (au propre comme au figuré) aux techniciens et au service de sécurité. Et un peu plus tard, sur le même podium, The Spudmonsters va en remettre une couche. Issu de la scène old school, ce combo va aussi mettre le boxon, en invitant de nombreux fans à monter sur l’estrade, lors de leur final. De quoi, à nouveau semer la zizanie, au sein du frontstage.

Pour clôturer le chapitre hardcore, impossible de ne pas évoquer la prestation de Mass Hysteria accordée sur la grande scène. Tout le bien a déjà dit sur ce groupe français, que l’on peut voir chaque année dans nos contrées. D’ailleurs, rien qu’à Dour c’est déjà leur quatrième passage. Sans surprise, le groupe parvient donc à déclencher les pogos, circles et autres parades à la ‘Braveheart’ au sein du public. Mais aussi à communiquer des messages positifs, pacificateurs voir unificateurs. A l’image de ce ‘Wallons, Flamands, tous unis’ clamé haut et fort au milieu d’un couplet.

Des revendications plutôt différentes de celles des Sales Majestés. D’accord, ils évoluent dans un registre plus punk traditionnel que hardcore. Ensuite les textes relèvent plus de l’anarchie, de la rébellion voire du nihilisme. « La rage », « La révolution », « Camarade » ou « Fier de ne rien faire » sont autant d’hymnes repris le poing levé par les keupons ou les trentenaires nostalgiques du rock alternatif.

Après toutes ces décharges de riffs, il est temps de remettre quelque peu ses idées en place. En assistant à un concert empreint de légèreté. Celui de Pony Pony Run Run devrait faire l’affaire. Issu de la région de Nantes, ce trio s’est formé en 2005. Son premier album, « You Need Pony Pony Run Run » est paru en 2009. Il a été consacré lors des Victoires de la musique, en mars 2010. Pas étonnant donc que le public soit nombreux sous la Magic Tent. Dès que le combo monte sur le podium, une immense clameur faite de cris et d’applaudissements s’élève (NDR : pardon, c’est un concert de Patrick Bruel ?) Mais la comparaison s’arrête ici. Car le groupe a son style. Très pop, mais inspiré par les 80’s. Surtout à cause des sonorités ‘vintage’ produites par le clavier. Un climat qu’accentue le light show. « Hey you », leur tube, est à peine attaqué que la foule entre en hystérie. Une excitation qui va se prolonger jusqu’au bout du set. Pas de contestation, à l’applaudimètre, PPRR a confirmé sa popularité. Faudra maintenant voir s’il sera capable de passer le cap du deuxième elpee…

Au fil des concerts, il devient de plus en plus difficile d’avoir les idées claires. Et même si une prestation se révèle d’excellente facture, on ne parvient plus à l’apprécier. L’épuisement, la chaleur et la bière (NDR : excellentes ces Hoegaarden rosées !) contribuant, bien évidemment, à cette situation. Dans ces conditions, il est parfois préférable de faire un break, afin de revenir frais et dispos, le lendemain. Soit le dimanche, pour vivre de nouvelles aventures…

Dour festival 2010 : vendredi 16 juillet

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Cette deuxième journée de festival est, à mon humble avis, la plus riche. Ce qui explique ma décision de débarquer sur le site bien plus tôt. Soit à 14 heures. Et ce que je pressentais depuis la veille, se confirme : le public qui fréquente le festival de Dour est de moins en moins rock. Malgré une affiche intéressante, la plupart des jeunes ne montrent le bout du nez que vers 18 heures. Ils récupèrent. Ou glandouillent au camping. Sans doute après avoir passé la nuit à danser sur les beats des Djs. Les artistes internationaux en devenir : ils n’en ont plus rien à cirer !

Une gangrène qui ronge les grands festivals. Le collectif Los Campesinos ! en est bien conscient. Et pourtant, ces valeureux musiciens font le max devant une centaine de spectateurs à peine, dispersés face à la Last Arena. Leur pop/rock est déjanté, enjoué, enrichi de cuivres ainsi que d’accès de violon et de xylophone. Leur solution sonore est cependant difficile à décrire. A l’instar du nom des villages peuplant leur Pays de Galles natal (NDR : ils sont issus de la région de Cardiff). Une jeune et charmante violoniste rousse illumine les compos de ses interventions, pendant que le chanteur se démène comme un bon prince. Son attitude me fait parfois même penser à Dalmon Albarn, deux décennies plus tôt (NDR : Blur, s’était produit également à Dour, il y a une quinzaine d’années). Bien sûr, depuis, le personnage a pris une autre envergure ; et ma comparaison, ne va pas plus loin. Néanmoins, il faut reconnaître qu’il existe un fameux potentiel chez Los Campesinos ! Et au fil de l’expérience, la formation pourrait bien briguer une place, un peu plus haut des affiches, dans un futur proche. C’est en tout cas, tout le mal qu’on leur souhaite.

Lors du festival de Dour, à moins d’être un marathonien (NDR : et encore !), difficile d’assister à tous les concerts programmés au cours des quatre jours. Je loupe donc le set de Java. De quoi nourrir des regrets, car de l’avis de nombreux observateurs, leur hip-hop teinté de musette bon enfant a fait mouche. Et come il fait chaud, il fait aussi soif. Et en repassant par le bar, la convivialité se transforme rapidement en guet à pintes ! Surtout lorsqu’on retrouve des amis ou des collègues afin de débattre de l’une ou l’autre prestation d’un artiste ou groupe.

Ouf, le set de The Futureheads n’est pas terminé. Mais vu le parcours du combo, je craignais devoir me farcir de la pop/rock britannique calquée sur celle des Arctic Monkeys. Bref comme déjà vue et entendue 10 000 fois. Et pourtant, le set s’avère très agréable. Pas de temps mort. Un bon point de la journée. Faudra que je balaie les préjugés qui traînent encore dans mon esprit…

A contrario, il se confirme que de plus en plus de festivaliers issus du Nord du pays se rendent au festival de Dour (NDR : et Johan, notre rédacteur en chef néerlandophone, n’y est pas tout à fait étranger). La présence de ce public néerlandophone pour le set d’Absynthe Minded en est la plus belle illustration. La popularité du combo gantois monte d’ailleurs en flèche. Et pas seulement en Flandre. Lorgnant tour à tour vers le blues, le jazz ou le folk son pop/rock ne manque pas d’élégance. Et lorsqu’il interprète son tube « Envol », l’auditoire frappe la mesure des mains tout en fredonnant « Enough ». A l’issue de ce set, il en demandait et en redemandait encore…

Quinze années déjà que Dog Eat Dog ne s’était plus produit à Dour. A cette époque, l’affiche épinglait également la présence de Clawfinger et Public Enemy. Une période au cours de laquelle metal et rap faisaient bon ménage. Si le duo si caractéristique échangé entre la basse et le saxophone est toujours aussi efficace, il faut reconnaître que leur musique a quand même évoluée. Faut dire que faute de nouvel album, je craignais devoir me farcir un combo revivaliste dont l’horloge s’était arrêtée au cours des 90’s. Et puis non, leurs intros ont été revues et corrigées ; et puis, leurs références rap se sont muées en hip hop contemporain. Le public prend son pied, en particulier sur les inévitables « No front » (NDR : issu de l’album « All boro kings ») et « If these are the good times ». Un come-back réussi !

Beaucoup de monde pour applaudir Fun Lovin Criminals. La première grosse audience de la journée ! Curieux, quand on sait que le band newyorkais, responsable de 7 albums à ce jour, est en panne de créativité, depuis quelques années. En fait depuis leur premier opus, "Come find yourself", sur lesquels figuraient les hits "Scooby Snacks" et "The Fun Lovin' Criminal". Un départ en force qui s’est progressivement dégonflé. Sur les planches, les musicos dégagent un certain capital sympathie. Mais leur set ne remue guère. Il serait même plutôt statique (NDR : qui a dit amorphe ?) Le podium semble trop large pour eux. Les bouffées cuivrées de jazz sont judicieuses. Mais un sentiment d’ennui commence rapidement à nous envahir. En outre, ce vendredi soir, la Red Frequency propose une affiche bien plus alléchante…

Tout d’abord à cause de la présence de Gwar. La foule réunit cependant davantage de curieux que de métalleux. Fondée à Richmond (NDR : c’est en Virginie), il y a plus de 25 ans, la formation s’est forgée une notoriété sur les planches. D’abord à cause du look. Les membres sont vêtus de costumes kitchs dignes des films d’horreur de série B, tournés au cours des 80’s. Puis de leur show. Théâtral, il est échafaudé sur les thèmes du sexe et de la violence. Des armes et des sexes en plastique simulent des scènes de sadomasochisme, de sodomisation et de charcuterie. Le sang (factice of course !) gicle et asperge les spectateurs des premiers rangs (NDR : dont certains exhiberont encore des traces le lendemain). Quand à la musique, elle est découpée dans le hard, ma fois plutôt classique, à la croisée des chemins d’Alice Cooper et Anthrax.

Après avoir vécu cet épisode sanglant, place aux formations belges Sharko et Eté 67. Deux valeurs sûres de notre patrimoine musical, dont le show a manifestement bien évolué. Chez David Bartholomé et ses acolytes, la solution sonore oscille de l’électro basique au rock énergique. Mais se révèle surtout moins ludique. Exit les claquements de mains, les refrains repris en chœurs et le lancer des ballons… Quant à Eté 67, j’avoue n’être resté qu’un bref instant à leur spectacle ; en tout cas pas assez longtemps pour pouvoir émettre un avis éclairé.

Destination la grande scène pour le concert de The Subways. A l’instar de Fun Lovin’ Criminals, ce trio avait entamé sa carrière en mode TGV, en publiant un premier opus décoiffant. Mais la suite avait eu raison de l’enthousiasme manifesté à l’égard du combo. A cause de la confection d’un elpee insipide ; et puis d’une tournée interminable qui les avait alors vus se produire à l’affiche d’une multitude de festivals. Sans convaincre. Le band se produit ce soir à Dour, alors qu’il n’a pas commis de nouvel album. Et paradoxalement, les musiciens semblent éprouver beaucoup de plaisir sur les planches. Charlotte Cooper se démène comme une possédée sur sa basse. Et elle est très jolie. Blonde, aussi. De quoi inciter les spectateurs masculins à rester accrocher à ses cordes. Lors de l’interprétation de leur tube, « Rock’n’roll queen », Billy ponctue énergiquement toujours ses refrains d’un ‘You’re so rock’n’roll’…

Mais le meilleur reste à venir. Ou du moins le plus attendu. Flashback ! En 1999, tous les festivaliers s’étaient donné le mot pour ne pas manquer l’un des shows les plus décapants de l’édition de l’époque : Atari Teenage Riot. Malgré la chaleur étouffante, le petit chapiteau sous lequel le combo s’était produit, s’était rapidement rempli (NDR : à l’issue du set, des hôtesses avaient eu la bonne idée de vaporiser les spectateurs d’un déodorant d’une marque bien connue). Quelques années plus tard, Alec Empire était revenu flanqué d’un autre band sur la Plaine de la Machine à Feu. Et aujourd’hui, il est programmé sur la Red Frequency. Il est 23 heures. Une longue bande sonore est diffusée pour faire patienter la foule. Enfin, les trois protagonistes déboulent sur le podium. Difficile de retrouver ses repères puisque le line up a changé depuis le concert mémorable accordé en 1999. C’est même quelque peu perturbant. Autrefois, Hanin Elias et Nic Endo formaient un duo vocal féminin remarquable. Que ce soit en lead ou en backing vocals. Hanin Elias a quitté le band et formé son propre label. En 2002. Il faudra donc s’en priver. Néanmoins, il demeure Nic. D’origine japonaise, elle est aussi très jolie et n’hésite pas à faire partager sa plastique sur le devant de la scène. Décédé des suites d’une overdose, Carl Crack a également été remplacé. En 2001. Par un autre MC (NDR : Kidtronick). Cette substitution est moins problématique. Les morceaux de digital hardcore se succèdent. Tantôt parfaitement maîtrisés. Tantôt (volontairement ?) brouillons. Ou plus punk serai-je tenté d’écrire. Les textes (lorsqu’on arrive à les comprendre voire même les entendre) et les revendications entre les titres véhiculent toujours les mêmes thèmes : anarchie, antimilitarisme et antimondialisation. Lors d’une des ses interventions entre deux compos, Alec Empire nous balance ce discours : ‘Nos politiques devraient s’occuper de nous, mais au lieu de cela ils sont contrôlés par de grandes multinationales. C’est pour cela qu’Atari Teenage Riot existe’ ou quelque chose du genre. « Revolution action » et « Too dead for me » sont les morceaux qui parviennent à remuer le plus la foule. En fin de parcours, Empire, qui ne se tient plus, vient au contact du public. Et si vous n’y étiez pas, sachez qu’ils reviennent le 18 septembre au festival Ratrock. C’est gratuit et ça se passe à Harelbeke !

 

Dour festival 2010 : jeudi 15 juillet

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A l’occasion de cette 22ème édition du Dour Festival, une grosse vague de festivaliers (environ 15.000 campeurs) a déjà débarqué le mercredi soir. Des festivaliers préservés des orages, dont la violence faisait craindre le pire ; mais qui n’ont véritablement frappé qu’à une dizaine de kilomètres du site. Et pour ceux qui, comme votre serviteur, débarquent ce jeudi après-midi, la patience est de rigueur. Les contrôles opérés par la maréchaussée, les files sur la route, le temps nécessité pour retirer son bracelet ou les tickets boissons, deviennent presque un rituel. Mais l’affiche alléchante proposée ce jeudi permet de préserver bonne humeur et enthousiasme.

Débarqué sur le site vers 19 heures, je fonce vers le set de Get Well Soon. Responsable d’un chouette premier elpee, en 2008, intitulé « Rest now, Weary head ! You will get well soon », la formation allemande avait pris un gros risque, en 2010, en publiant « Vexations », un double album explorant davantage en profondeur, leur pop mélancolique (NDR : voir également les chroniques de cds consacrées au combo). La barre était donc placée très haut. Fallait maintenant que le collectif puisse la franchir sas encombre. D’ailleurs, ce soir, je rêve de retrouver toute la palette d’émotions dispensée sur leurs disques. Konstantin Gropper est un fameux personnage. Il est le leader, et rassure son auditoire par sa maîtrise. Les musicos masculins sont vêtus d’un costume noir. Un peu comme s’ils assistaient à une cérémonie funèbre. Ou peut-être dans l’esprit d’un vieux cabaret de music-hall. Une attitude qui me rappelle celle d’iLikeTrains, également présent à Dour, l’an dernier. Le climat est donc apparemment sombre. Heureusement, le tracklisting est entrecoupé de messages empreints de délicatesse. Et puis, les musiciens ont le bon goût d’esquisser quelques sourires. Verena, la violoniste, porte une robe rouge. Elle cherche le contraste. Et pas seulement à cause de la couleur, mais également de son backing vocal. Tout en douceur et en fraîcheur, prenant le contre-pied du baryton de Konstantin. Ce qui permet à la musique de ne pas sombrer dans le stéréotype revivaliste. Celui de Joy Division, pour ne rien vous cacher (NDR : il est même, avouons-le surexploité…) Malheureusement, le groupe et le public éprouvent de grosses difficultés à entrer en communion. Le band berlinois fait de son mieux, mais ne parvient pas à faire vibrer le Club circuit Marquee. Ce n’est qu’en toute fin de parcours que l’étincelle va enfin jaillir. Lors d’une apothéose explosive alimentée de guitares noisy, saturées. De quoi, enfin, remettre les pendules à l’heure. En récompensant les aficionados les plus patients. Et plus exactement ceux qui n’avaient pas déserté les lieux. Tout en préservant les grands espoirs, placés en eux (NDR : a contrario de nombreux artistes ou groupes, programmés au cours de la journée…)  

Il est déjà 20 heures. Pas trop de problèmes pour circuler sur le site, et s’approcher de la scène principale. S’y produit The Maccabees. Que l’on compare déjà à Arcade Fire. Le collectif canadien figurait à l’affiche du Rock Werchter. Normal, c’est devenu une grosse pointure. L’ensemble britannique figure à celle de Dour. C’est un groupe plein d’avenir… Leur rock déménage, mais se révèle un peu trop linéaire à mon goût. Heureusement les cuivres viennent quelque peu rompre la monotonie du set. Néanmoins, je reste dubitatif face à leur prestation, et décide d’aller voir ailleurs…

Et plus exactement le show de Wovenhand flanqué de Musizkas. Wovenhand, c’est le projet de l’ex-leader du défunt 16 Horsepower, David Eugene Edwards. Enfin, plus tout à fait une nouvelle aventure, puisqu’entamée en 2001, elle compte aujourd’hui sept album à son actif. Il a donc décidé d’inviter le collectif hongrois Musizkas, à participer à sa nouvelle tournée. Une initiative on ne peut plus épique. Le concert nous plonge d’abord au sein d’un climat très proche du dernier elpee. A l’instar de « Sinking hands » et « The Treshingfloor », titre maître du nouvel elpee. Jusqu’alors fort discrets, les vétérans Musizkas se réservent ensuite un petit interlude. Des interventions brèves qui se répètent tous les deux titres. De quoi inciter le public à remuer quelque peu. Et puis surtout de ne pas sombrer dans une forme de morosité folk gothique. Mais vu la réaction de l’audience, je me demande si elle connaissait même le patronyme de Wovenhand. N’empêche, rendons à Eugene ce qui appartient à Eugene (NDR : qui a dit César ?) : Edwards est quand même un fameux personnage. Assis sur un tabouret, coiffé d’un chapeau de cow-boy, affublé de lunettes noires, il possède un énorme charisme. Ce chanteur/compositeur américain n’a qu’un seul défaut : il prend l’Evangile pour la Bible. Ou l’inverse. A la lettre. Sans quoi il a autant de talent que Neil Young et Nick Cave. Son timbre et ses inflexions vocales sont tour à tour spectraux ou intimistes, mais toujours bouleversants. Malheureusement, le trio du Colorado et le team magyar ne parviennent pas à entrer en osmose. Eugene quitte (trop rarement) son siège pour venir se joindre à ses invités. Et on a l’impression que chaque formation préserve son jardin secret. En outre, la setlist ne recèle guère de morceaux phares, à l’instar de « Dirty blue » ou « The Speaking hands », privilégiant des compos issues du dernier opus (« Terre haute », par exemple). En fin de parcours, on aura quand même droit à une exception qui confirme la règle, « Oil of pannel », un morceau très riche, au cours duquel les Muziskas vont véritablement se libérer. Et paradoxalement, célébrer un des grands moments de la journée...

La grande foule commence à s’agglutiner devant la Last Arena. On y croise de nombreux fans de Faith No More, vêtus du t-shirt de leurs idoles. Certains sont même venus d’Australie pour acclamer le combo-culte, une des têtes d’affiche du festival. Lors de leur set accordé au Pukkelpop, l’an dernier, la setlist ressemblait à une sorte de best of. Ce ne sera plus le cas ce soir. En intro, « Midnight cowboy » brouille déjà un peu les pistes. « Out of nowhere » et « Land of sunshine » s’enchaînent. Mais le son hésite entre puissance et cacophonie. Il faut attendre le cinquième titre, « Evidence », pour enfin entendre correctement la voix de Mike Patton. « Ashes to ashes » et « Midlife crisis » semblent avoir trouvé la bonne carburation ; mais progressivement, les impros et expérimentations se multiplient. Comme chez Fantômas. « Epic » permet à la foule de retrouver ses esprits. Elle scande en chœur : « What’s it? It’s it ». Et en rappel, « Digging » et « Be aggressive » clôturent une prestation un peu trop brouillonne à mon goût et surtout sans grande étincelle. Certes Mike Patton vaut à lui seul le déplacement. Ses variations de timbre et d’inflexions sont impressionnantes. Et puis, il n’hésite pas à provoquer. Comme lorsqu’il démonte le câble de spot, pour le jeter dans le public. En compagnie de Fantômas, il était parvenu à mettre le feu à Dour. Mais au sein de Faith No More, il n’est plus en terrain conquis. A l’image de cet enfant qui hésite à accepter son invitation à monter sur scène. Et lorsque, le bambin (et in extenso ses parents) finissent par accepter, vu l’insistance du chanteur caractériel, il se débat et demande à retrouver son papa. Ce qui pousse Patton à une gueulante dont lui seul est capable : « Kids don’t like me ». Pas de nouveau titre, un timing plutôt minuté et un son plutôt pourri, surtout pour les spectateurs qui n’avaient pas le nez sur le podium. Pourtant, les inconditionnels risquent de déclarer avoir assisté à un show parfait. Désolé, mais faire preuve d’un tel aveuglement est un peu trop facile. Lorsqu’un artiste perçoit ce qui doit constituer le plus gros cachet pour Dour, il doit le mériter. Et surtout d’être à la hauteur. C’était loin d’être le cas. L’éclectisme de la programmation en est peut-être l’explication. Mais surtout l’engagement de grosses pointures, destinées à limiter les risques. Un coup d’œil aux têtes d’affiche du Pukkelpop de 2009 et 2010 corrobore ce point de vue…

Enfin, l’heure n’est pas aux grands débats, mais plutôt aux ébats. Et dans cette optique, Le Bal des Enragés va enflammer La Petite Maison dans la prairie. Pas de trentenaires nostalgiques du grunge face au podium, mais des punks, plutôt discrets jusque là. ‘Punk’s not Dead’ ? On pouvait en douter jusque là vu l’ambiance plutôt bobo-plage du festival et l’absence d’Iroquois jusque cette heure. Mais les membres de Lofofora, Parabellum, Punish Yourself et Tagada Jones vont remettre ces pendules à l’heure. Une sorte de bal populaire géant, où la musette est remplacée par des classiques du punk, rock ou métal des 70’s à nos jours. Un peu comme si Charlie Oleg, Gilbert Montagné ou Adamo laissaient leur place à Iggy Pop, Exploited ou Rage Against the Machine. Et pour être exhaustif, j’ajouterai aussi Les Wampas, les Sheriffs, Parabellum (« Cayenne » et leur refrain ‘mort aux vaches’, repris par eux-mêmes), Métal Urbain, Nirvana, Sick of it all, Dead Kennedys ou encore AC/DC. Bref, un joyeux bordel comme les Béruriers Noirs avaient pu le foutre quelques années plus tôt. Du coup la transition vers les DJ set et les clubbers jusque 5 heures du mat’, c’est un peu too much. Aussi  je préfère laisser la place et l’analyse aux accros des dance-floors...

 

Cactus 2010 : samedi 3 juillet

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La présence d’Elvis Costello, à l’affiche du Cactus, ce samedi 10 juillet, avait donc incité votre serviteur de se déplacer à Bruges. Au Minnewaterpark. Superbe site qui accueillait donc, cette année, sa 29ème édition. Pour rappel, ce festival se déroule en trois jours ; mais son organisation impeccable et sa formule antistress (NDR : un seul podium, pas besoin de marcher des kilomètres, pendant la journée, pour aller applaudir les artistes) lui ont valu de décrocher, en janvier dernier, l’Award de meilleur petit festival d’Europe… Anecdote, avant de pénétrer dans l’enceinte, je suis totalement fasciné par le nombre de vélos rangés face à l’entrée du site…

Il revenait à Balthazar d’ouvrir les festivités. Un quintet courtraisien que j’avais déjà eu l’occasion d’applaudir lors de l’édition 2009 du D’hiver Rock à Tournai. La popularité du combo monte apparemment en flèche au Nord du pays, puisqu’il s’est produit ce vendredi 2 juillet, sous le Pyramid Marquee, dans le cadre du festival de Werchter. Leur tracklisting n’a pas négligé les inévitables « Fifteen floors » et « Hunger at the door », issus de leur album « Applause ». Mais surtout le groupe démontre qu’il a, aujourd’hui, toutes les planches pour s’exporter…

Little Dragon est une formation suédoise, au sein de laquelle milite la vocaliste Yukimi Nagano. Elle est d’origine japonaise Sa voix soul se pose sur une musique mêlant jazz, r&b, électro, lounge, rock, hip hop et folk. Mais sa notoriété, le quatuor se l’est surtout forgée en participant à l’enregistrement de l’album de Gorillaz, « Plastic Beach ». Responsable de deux chouettes elpees à ce jour, on pouvait s’attendre à un show excitant. Yukimi est vêtue d’un kimono de couleur vive, mais tout au long du set, on a surtout envie de piquer un roupillon…

Faut croire que le public n’était pas encore suffisamment réveillé ou supportait mal la moiteur orageuse de l’air, car lorsque la formation canadienne, Black Mountain, est montée sur les planches, il était toujours aussi amorphe. Un peu comme s’il avait abusé de la fumette. Pas étonnant, lorsqu’on sait que la musique du quintet, alors sur le podium, baigne dans le psychédélisme 60’s : rythmique lourde, nappes de clavier rognés, cordes de guitare torturées, bourdonnantes, chargées de larsen. Le spectre d’Iron Butterfly semble manifestement hanter leurs compos. Cheveux longs et barbes, les musicos masculins affichent le même look que les baba cools qui avaient participé aux célèbres festivals de Wight et Woodstock. Malheureusement, Black Mountain ne recèle pas de vocaliste de la trempe de Doug Ingle. Il y a bien une chanteuse, mais elle passe plutôt inaperçu (NDR : non, elle ne porte pas la barbe !) Guère sexy, peu de présence et un timbre insipide, incolore et inodore. Dommage, car quoique revivaliste, leur musique a apporté un petit coup de fraîcheur au festival. Faut dire qu’il fait de plus en plus chaud… Et tant pis pour celles et ceux qui somnolaient encore…

José James ? C’est un formidable vocaliste. Un baryton dont les inflexions peuvent rappeler Louis Armstrong. Qu’il pose sur une musique oscillant entre soul, r&b, jazz et hip hop. Il est soutenu par des instrumentistes extrêmement brillants. Dont le claviériste, responsable d’interventions au Fender Rhodes, particulièrement chaleureuses. Et leur laisse, à tour de rôle, le loisir de démontrer tout leur talent. La dégaine de José, sur les planches, est chaloupée ; un peu comme s’il marchait sur l’eau. Au beau milieu du set, la vocaliste new-yorkaise Jordan de Lovely rejoint la troupe sur le podium. Histoire de donner encore plus de relief à la prestation. Cependant, le public ne semble pas très réceptif. Mais il est vrai que ce style de musique s’apprécierait plus facilement dans le cadre d’un festival de jazz ; ou alors au sein d’un petit club.

Balkan Beat Box est une formation américano-israélienne fondée par l’ex-drummer/percussionniste de Gogol Bordello, Tamir Muskat, le chanteur/percussionniste Tomer Yosef et le saxophoniste Ori Kaplan (NDR : ancien Firewater !) Ces deux derniers se chargeant également des samplers et des différents bidouillages électroniques. Leur musique oscille entre funk, jazz, ragga, reggae et la world du Moyen-Orient ainsi que des Balkans. Vu la formule du trio, on aurait pu craindre devoir se farcir un set à la fois synthétique et glacial. Pas du tout ! Tout d’abord, parce que le band a eu la bonne idée de recruter des collaborateurs pour se produire en tournée. Soit le bassiste Itamar Ziegler (ses interventions sont à la fois sinueuses et terriblement groovy), le guitariste Uri Kinrot et le clarinettiste/saxophoniste Eyal Tamuldi (NDR : associé à Ori, le duo de cuivres donne littéralement le vertige). Tomer est une véritable pile électrique. Il se charge des vocaux, passant du rap à la ballade contagieuse, avec une aisance étonnante, et lorsqu’il ne participe pas aux percus, il harangue la foule. Un bémol : le climat un peu trop linéaire de leur set. Et pourtant, en fin de parcours, le combo va démontrer qu’il est capable de s’aventurer dans un univers sonore plus subtil, plus envoûtant, presque arabisant. Ce qui lui vaudra, d’ailleurs, un rappel…

K’s Choice est extrêmement populaire dans le Nord du pays. A peine le présentateur a-t-il annoncé leur arrivée sur le podium, qu’une immense clameur traverse le Minnewaterpark. Sarah et Gert Bettens avaient donc décidé de dissoudre le groupe, en 2002, pour embrasser des carrières individuelles. Mais la sœur et le frère ont donc relancé la machine, l’an dernier, enregistrant même un nouvel album, cette année, intitulé « Echo Mountain ». Quoiqu’accueillant un nouveau guitariste au sein de son line up, on ne peut pas dire que leur musique ait beaucoup évoluée depuis leurs débuts, c’est-à-dire en 1993. Les musiciens sont excellents, ils mettent toute leur âme et leur passion dans leurs compos ; mais honnêtement, j’ai l’impression que leur horloge s’est arrêtée depuis au moins 15 ans. Aussi, après 20 bonnes minutes, je suis allé casser la croûte. Et aussi prendre un petit rafraîchissement…

Le dernier album de Declan Patrick MacManus, alias Elvis Costello, s’intitule « Secret, Profane & Sugarcane ». C’est apparemment son 29ème studio. Un disque de bluesgrass/americana/country auquel les musiciens de son backing band de tournée, baptisé The Sugarcanes, avaient déjà collaboré. Et en particulier Jeff Taylor à l’accordéon, Mike Compton à la mandoline, Dennis Crouch à la double basse (NDR : ça ressemble à une contrebasse) Jerry Douglas au dobro, Stuart Duncan au violon et Jim Lauderdale (NDR : lors des sessions d’enregistrement, il s’était contenté d’apporter son concours aux harmonies vocales) à la guitare. Un sextet qui ne recèle pas de drummer. Costello est coiffé d’un superbe canotier (pas d’un wiki !), mais toujours affublé de ses lunettes caractéristiques. Il s’accompagne à la sèche. Et le band ouvre le set en catimini, par « Complicated Shadow » et « Blame it on Cain ». Tiens, il tombe quelques gouttes. Le tracklisting alterne compos issues du dernier opus de Costello et de son back catalogue. Et nous réserve quelques reprises, dont un medley entre « New Amsterdam » et le « You’ve got to hide your love away » des Fab Four, ainsi qu’un peu plus tard, une cover du « Friend of the Devil » de Grateful Dead. Il commence à tonner. Il pleut. Le tracklisting défile : « Good year for the Roses », « The angles wanna wear my ». Il drache. Et pourtant, le public est ravi. Pas du temps, mais de la prestation du groupe. Et puis Elvis nous lance quelques boutades (NDR : l’humour britannique, dans toute sa splendeur, comme lorsqu’il exhibe une bouteille d’eau avant d’en boire une bonne lampée) Enthousiaste, la foule résiste aux intempéries. Pas votre serviteur, qui se réfugie sous la tente presse, pour assister à la suite des événements. Pas l’idéal, mais à un certain âge, il faut préserver sa santé… Quoique privée de percus, la musique commence à prendre du corps (NDR : qui a dit l’eau ?) Peut-être dans le but de réchauffer l’atmosphère. Après une version retravaillée d’« Everyday I write the book » et “Don’t lie to me”, Costello nous livre une version bouleversante, intense, tourmentée d’“I want you”. Au fil de l’âge, ses cordes vocales semblent renforcées. Une gigantesque ovation salue cette interprétation. En regardant l’écran, on y observe, aux premiers rangs, des tas de filles, souriantes, radieuses, mais trempées jusqu’aux os. Faut dire qu’il tombe alors des hallebardes. Le temps ( ?!?!?!?) de quitter le podium et le band revient pour accorder, « Sulphure to Sugarcane », le titre maître de son dernier album et « Happy ». La pluie vient de cesser. Le concert aussi. Revenu sur le site, je constate la présence d’une multitude de marres d’eau. Mais elle n’avait enfin plus la parole. Mais cause-t-elle l’eau ? La question méritait d’être posée…

Jamie Lidell a accordé 3 concerts en 24 heures ! Avant de se produire à Bruges, il avait assuré le supporting act de Prince (NDR : auquel il rend hommage, lors de son set, sur « I wanna be your telephone) sur la plaine de Werchter. Bonne surprise, si dans le passé, le natif de Huntingdon (NDR : c’est dans le Cambridgeshire, en Angleterre) qui s’est établi à Manhattan, se muait en véritable homme-orchestre, tripotant furieusement des tas de boutons, il a décidé de se produire, soutenu par un trio. Ce qui permet à ce véritable showman de se libérer de ses contraintes. En outre, il bénéficie du concours d’un excellent percussionniste, Guillermo Brown. Ce qui ne l’empêche pas de jouer encore, suivant les circonstances, à l’human beatbox. D’ailleurs le principal atour de Jamie, c’est sa voix. Une voix faite pour la soul, dont le timbre campe un hybride entre Stevie Wonder et Steve Winwood. Il nous réserve même une interprétation a cappella absolument époustouflante de « Another day » Et s’amuse encore parfois à la torturer à travers son mégaphone. Il vient aussi jouer des drums, sur une compo. Ah oui, j’allais oublier ? La musique. Elle est essentiellement funk ; même si elle trahit des traces de doo wop, d’électro, de pop, de rock, de soul et de blues. Ne m’en demandez pas plus ; je suis incapable de donner un avis objectif sur cette prestation. Vu l’enthousiasme manifesté par le public, elle devait donc être excellente… (Merci à Erwin)

 

Couleur Café 2010 : dimanche 27 juin

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Dernier jour de festivités sous un soleil étouffant. Pas de quoi se plaindre (vraiment pas), surtout lorsqu’on arpente le site plein de vie de Tour & Taxis. Dimanche, jour familial, l’âge moyen des festivaliers est incalculable tant la brochette de générations est large. Presque aussi large que les genres musicaux qui vont se succéder sur les trois scènes de Couleur Café. World, Reggae, Pop, Funk, Rock… Bref, une affiche dont l’éclectisme est reflété par les visages souriants des festivaliers, rencontrés tout au long de la journée, sur le site.

Dès l’ouverture des portes, la troisième et dernière journée du festival démarre en fanfare. Direction Belgistan. Les premiers arrivés se concentrent déjà devant le petit chapiteau. La scène ‘Fiesta’ accueille les roublards de la Fanfare du Belgistan dont les mélodies balkaniques sont parfaitement taillées pour un événement comme Couleur Café. Même les bouts d’choux succombent à leurs « Musiques et Danses du Belgistan ».

Un peu moins d’une petite heure plus tard, Salif Keita inaugure le Titan de manière aussi directe que la Fanfare du Belgistan. Le Malien, lauréat de la catégorie ‘Meilleur album de musiques du monde de l’année’, aux Victoires de la Musique 2010, pour « La Différence », pratique une afropop catchy à mort. Le genre qui vous plonge aussitôt dans une transe incontrôlable, comme on peut le constater aux premiers rangs et sur le côté du podium.

De quoi remonter tout le monde à bloc avant la prestation d’Olivia Ruiz sur ces mêmes planches. La ‘Miss Météore’ se produit face à un public plus nombreux mais aussi plus en retenue que celui ayant applaudi la grande prestation de Salif Keita. Les ritournelles pop de la Française sont reprises en chœur par les fans, en grande majorité de la gente féminine ; avant de se prendre en pleine tronche une version rock’n’roll de son tube, « J’traîne des pieds ».

Du belge sous le chapiteau ‘Univers’. Lady Linn et ses Magnificent Seven proposent un set tout en délicatesse. Les morceaux se veulent Soul et Jazzy, à la saveur des sixties ou seventies. Mais la demoiselle manque cruellement de prestance ; résultat des courses, le concert est plutôt fadasse. Et sous un soleil de plomb, difficile de succomber aux charmes de la Lady. On repassera quand elle se sera réveillée. Peut-être.

Tous les chemins mènent au Titan. Retour vers la grande scène pour la troisième prestation de la journée, accordée par Nas & Damien Marley, venu présenter leur premier travail collaboratif, « Distant Relatives ». Les deux hommes font leur entrée sous l’étendard jamaïcain. En guise de mise en bouche, un mix spécial cace’dédi aux fans de Nas qui chantonnent le refrain de « If I Ruled The World » à la place de Lauryn Hill. Le set vacille ensuite interminablement entre hip hop et reggae (voire rock par moments), sans trouver de juste milieu. Ce qui était pourtant le but de cette collaboration. Seul Nas parvient à tirer son épingle du jeu. Mais l’interaction entre les deux chanteurs est quasi-inexistante. Et la réaction du public est mitigée

Le « Beautiful Tango » d’Hindi Zahra met tout le monde d’accord, sous le chapiteau Univers. La demoiselle d’origine marocaine parcourt son « Handmade » et les planches entre douceur et folie. Les tons jazzy prennent rapidement une tournure rock, tandis qu’elle fredonne ses textes, tantôt en anglais, tantôt en berbère. Le parterre est sous le charme. Tout comme celui venu applaudir Wax Tailor. Véritable succès de foule pour le Français. Le chapiteau ‘Fiesta’ est littéralement pris d’assaut. Pas de chance pour les retardataires...

Et cerise sur le gâteau, Couleur Café reçoit le grand-père du Funk, George Clinton. Il est accompagné de ses P-Funk Allstars. Et comme d’habitude, il faudra attendre une bonne demi-heure avant de voir l’homme débarquer sur scène. Celle du Titan, il faut le préciser. En ouverture, Michael Hampton (Parliament) nous assène un interminable solo guitare. Sa technique est incroyable ; mais au bout d’un quart d’heure, son exercice de style finit par lasser. Couleur Café s’achève ensuite par un set funky de pas moins de deux heures, au cours duquel George Clinton va endosser, à merveille, le rôle de figurant.

Encore une fois, Couleur Café est parvenu à gérer effacement son affiche. Une édition 2010 impeccable, qui s’est déroulée par un temps radieux. Que demander de plus ?

Organisation : Couleur Café / co ZigZag, Tour & Taxis, Bruxelles

(Voir aussi notre section photos)

Couleur Café 2010 : samedi 26 juin

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La deuxième journée du festival est encore plus ensoleillée que la première. La 21ème édition de Couleur Café bat son plein, à guichets fermés. Son marché, son village ONG, ses ‘rues du bien manger’ sont pris d’assaut par la foule, quand celle-ci n’est pas happée par les nombreuses animations qui sillonnent le parcours entre la scène Univers et le Titan ou par l’écran géant diffusant les matches de la coupe du monde. En tête d’affiche de la soirée, un Snoop Dogg tranquille pour une leçon de bling-bling à peu près modérée.

Caliente, caliente ! Couleur Café se poursuit sous les meilleurs auspices. La foule est au rendez-vous, plus nombreuse que la veille. Sur le podium du Titan, Winston McAnuff inculque son reggae roots à toutes celles et tous ceux qui n’ont pas peur de se prendre un coup de soleil sur la tronche. McAnuff remplace au pied levé Beenie Man, délogé à la dernière minute, suite aux nombreuses protestations d’associations LBGT qui lui reprochaient ses textes ultra-homophobes. L’ambiance est sereine, familiale, bon enfant. Tous les ingrédients nécessaires au succès d’un festival.

Vers 19h30, Nneka prend la barre du Titan. Celle qui se produisait à la ‘Fiesta’ l’an dernier ou encore à l’AB Club, à peine deux ou trois mois auparavant, se retrouve devant un parterre conséquent. Décontract’, l’afro dissimulée sous un foulard, la chanteuse germano-nigérienne venait présenter « Concrete Jungle », son nouvel LP. Mais ce sont principalement les titres extrait de « No Longer At Ease » (2008), l’album de la révélation, qui font mouche auprès du public. La jeune femme ne parvient d’ailleurs pas à retenir ses larmes, devant l’accueil réservé à son tube « Heart Beat ».  

Du côté de la scène Univers, Staff Banda Bilili font ‘très très fort’ ! La formation congolaise collectionne les critiques dithyrambiques depuis la publication de leur première œuvre. A juste titre lorsque l’on constate l’énergie et la bonne humeur manifestée par les membres de la troupe. Quasiment tous paraplégiques, ces hommes n’ont pas besoin de se tenir debout pour mettre le public à genoux. L’Univers est en fête et fait honneur aux valeurs du festival. Après le triomphe à Cannes de « Benda Bilili », un reportage consacré au Staff, il est clair que 2010 est l’année de tous les succès pour les sept Congolais.

Retour au Titan où les danseuses de Femi Kuti remuent frénétiquement le bas des reins. Le fils de Fela suit les traces de son père en distillant un afro-beat bien secoué. Chez Femi Kuti, les musiques africaines traditionnelles côtoient un funk aussi habité que son interprète.

Au même moment, un peu plus loin, l’hystérie parcourt la scène Univers. Le rappeur Soprano est probablement l’interprète qui a récolté l’accueil le plus chaud de cette édition du festival. Incroyable symbiose sous le chapiteau, plein à craquer. Le public, les bras en l’air, reprend en chœur les moindres paroles du Comorien qui n’hésite pas à inclure dans son répertoire un morceau des Psy 4 de la Rime. Histoire de faire plaisir aux fans de la première heure. L’ambiance est digne d’un concert hip-hop à Forest National. Seul bémol, le rappeur, qui aime interagir avec son public, parle trop. Beaucoup trop.

Direction, le feu d’artifice. Il est près de 23h30 lorsque le ciel s’illumine de mille feux. Le spectacle est toujours aussi magique ; mais moins impressionnant que celui accordé lors du 20ème anniversaire du festival, l’an dernier. Un petit quart d’heure plus tard, le public s’amasse autour de la scène du Titan qui s’apprête à accueillir le D.O. double G. La tension est palpable, mais le rappeur prend son temps. Prévu pour minuit tapantes, Snoop Dogg ne débarque sur l’estrade qu’une trentaine de minutes plus tard. Armé de sa chaîne argentée et d’un micro ultra-bling, le ‘doggfather’ du hip hop se traîne à l’aise sur les planches et déballe tubes sur tubes (« P.I.M.P. », « Grindin’ », « Drop It Like It’s Hot », une (semi)reprise de « Jump Around »,…) entre deux appels à la fumette générale. La demi-heure de retard est pardonnée. Snoop exécute son show sans se presser avant de clôturer cette seconde soirée de Couleur Café sur le hit « What’s My Name ? », au refrain hurlé en chœur par les fans et les curieux. Allez, un pétard et au lit ! (NDLR : dommage cette interdiction de prendre des photos de cet artiste pour les webzines ; surtout quand on sait que celles de la presse écrite seront publiées sur leurs sites respectifs…)

Organisation : Couleur Café / co ZigZag, Tour & Taxis, Bruxelles

Couleur Café 2010 : vendredi 25 juin

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Couleur Café, 21e du nom. Le cœur de Bruxelles a une nouvelle fois battu au rythme des basses métissées du festival. Dans le ciel, un soleil radieux éclaire le site de Tour & Taxis. De quoi entamer l’été des festivals dans les meilleures conditions. L’édition 2010 de Coul’Caf’ s’est distinguée, cette année, par une affiche particulièrement orientée Rap et Hip Hop. Ce vendredi, un nom en particulier revient sur toutes les lèvres : Suprême NTM. Un retour explosif qui n’aura d’égal que le set haut en couleur d’Ebony Bones.

Début des festivités à 18h15. C’est à la petite Selah Sue que revient l’honneur d’ouvrir sous la tente Univers. Un réveil tout en douceur en compagnie de celle qui grimpe les échelons plus vite que son ombre. A l’affiche d’une très grande majorité des festivals belges, mais également français, allemands et suisses, Selah Sue est une boule d’énergie zen. Son premier album, précédé du single « Raggamuffin », devrait être publié d’ici peu. Et l’aperçu que les festivaliers ont pu découvrir sur scène est pour le moins prometteur. L’expression sonore de la chanteuse originaire de Louvain se balade entre soul, ragga et blues. Lors de sa prestation elle affiche, sans complexe, le naturel des plus grandes interprètes soul du moment. Une Erykah Badu applaudirait d’ailleurs des deux mains un tube aussi planant que « Black Part Love ».

En mai dernier, Selah Sue s’illustrait déjà sur la scène de l’Orangerie, lors des Nuits Botanique. La jeune femme précédait alors Rox, l’une des artistes taguée ‘Sound Of 2010’ par la BBC. Idem ce soir à Tour & Taxi, où l’Anglaise a pris possession du podium Fiesta. La présence de Rox à Couleur Café semble toute naturelle et l’enchaînement des tubes soul-pop coule de source. La prestation de la chanteuse, de ses musiciens et choristes a l’air de réaliser son petit effet sur le public présent ; mais les ritournelles édulcorées de la troupe sont parfois à la limite du ‘rasoir’…

Rattrapage auprès d’un trio gagnant, se produisant presque au même moment. Sur les planches du Titan, le podium plein air inauguré l’an dernier, Ska-P fait bondir les fans à l’aide de son ska-punk à la sauce espagnole. La formation, ressuscitée l’an dernier, dispense un show énergique et irrévérent qui soulève un beau nuage de poussière sous les pieds du public placé aux premiers rangs. De son côté, Diam’s harangue la foule dispersée aux 4 coins de l’Univers. Toujours aussi efficace et vêtue d’un tee-shirt ‘Big Up!’, la rappeuse française arbore un sourire éclatant. La ‘génération nan nan’ reprend en chœur les paroles de « La boulette », connue sur le bout des doigts. Le syndrome ‘Peter Pan’ frappe de plein fouet la scène lorsque Diam’s revient déguisée en ours polaire. Attachés aux chœurs, un Obélix au féminin et une Dora l’Exploratrice aussi hilarante que criante de vérité.

Un final carnavalesque, confettis à l’appui, qui dénote en regard de la prestation tranquille accordée par Ben L’Oncle Soul. Le chanteur originaire de Tours dévoile un premier disque déjà acclamé par la critique française sous la tente Fiesta. Le chanteur a déjà trouvé ses fidèles en Belgique grâce à ses reprises revisitées à la sauce Soul circa sixties extraites de « Soul Wash ». Le tonton soul, déjà très à l’aise sur scène, doit également beaucoup à ses deux choristes qui permettent au spectacle de tenir la route, sur la longueur.

Retour au Titan où se produit un duo au succès fulgurant. Depuis la sortie de leur disque éponyme, le nom de Rodrigo Y Gabriela est synonyme de valeur sûre. De l’ABBox à Forest National, le duo s’est illustré en l’espace de quelques mois sur des scènes de plus en plus larges. Consécration à Couleur Café, où les deux Mexicains installés à Dublin ont donné une sacrée leçon de guitare aux novices. Le jeu de Rodrigo Sanchez et de la belle Gabriela Quintero impressionne. Particulièrement celui de cette dernière, qui exécute des mouvements de mains incroyablement rapides et fluides. Un jeu plus instinctif que celui, assez technique, de son partenaire. Durant 1h15, le duo parvient à tenir en haleine le public, sans temps mort, au seul son de leurs guitares.

A 23h30, le Titan est pris d’assaut par un public en surnombre. La réunion Kool Shen – Joey Starr ne passe pas inaperçue. Suprême NTM déboule sur l’estrade à base de ‘popopopop’ sur un « Seine Saint-Denis Style » qui met tout de suite tout le monde d’accord. Le duo n’a pas attendu quoi ou qui que ce soit pour foutre le feu. Les rappeurs se pourchassent d’un côté à l’autre du podium, titillent un public chaud comme la braise et balancent leurs tubes intemporels les uns derrière les autres.

Petit intermède du côté de la Fiesta où Ebony Bones, personnage haut en couleurs, enchaîne les morceaux de son « Bone Of My Bones », en y injectant une terrible puissance punk. La jeune Anglaise fait sautiller les petits gars des premiers rangs à l’aide de versions gonflées de « In G.O.D. We Trust (Gold, Oil & drugs) », « The Muzik » et « Don’t Fart With My Heart ». Soutenue par deux choristes aussi déjantées qu’elle, Ebony Bones offre une prestation très visuelle, tant par ses chorégraphies délirantes que les accoutrements de la troupe.

Un bon remontant avant de retrouver Suprême NTM qui clôture son show et la première journée du festival par « Police », leur hymne enflammé, avant de repartir comme ils sont venus, par la grande porte lors d’une version musclée aux grattes de « Seine Saint-Denis Style ». L’édition 2010 de Couleur Café ne fait que commencer et s’annonce très (très) chaude !

 

Organisation : Couleur Café / co ZigZag, Tour & Taxis, Bruxelles

 

(Voir aussi notre section photos)

Les Nuits Botanique 2010 : lundi 17 mai

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Parce que les Nuits Botanique sans une soirée fourre-tout ne seraient pas les Nuits, le festival proposait en cette soirée de clôture un véritable melting-pot de genres. L’Orangerie en aura donc vu de toutes les couleurs : du chaabi aux accents hip-hop, en passant par le pop-rock électronique, le bidouillage expérimental ou encore de l’électro subversif. Elixir providentiel ou soupe indigeste ?

En tête de liste, les Français d’Amazigh sont venus présenter leur mariage de hip hop et de musiques traditionnelles raï et chaabi. Bien que certaines sonorités ne soient pas sans rappeler Tinariwen, la recette du quatuor est loin de rassembler les foules. Le set, un peu linéaire, a eu cependant le mérite de satisfaire une petite demi-douzaine de festivaliers décomplexés qui ne manquaient certainement pas de place pour danser.

Aaaah, les Vismets. Jeunes Bruxellois top tendance qui militent dans le pop-rock nappé d’électro bien d’aujourd’hui. La salle, autrement remplie qu’une heure auparavant, s’impatiente. La formation monte sur le podium en concédant une bonne vingtaine de minutes de retard. Leur prestation est centrée sur « Gürü Voodoo », un premier album déployé dans les bacs le matin même. Scéniquement, rien à signaler, pas même une petite étincelle.  Suivant.

Perdu au milieu de tout ça, les génies canadiens de Holy Fuck prennent d’assaut l’Orangerie sur le coup des 22h40. Le quatuor, en rang serré, présente « Latin », un troisième recueil un peu plus en retenue que son prédécesseur, l’énorme « LP ». Ce qui leur vaut d’ailleurs quelques critiques en demi-teinte. Qu’à cela ne tienne, c’est sur scène que Holy Fuck prouve toute sa valeur. La formation parcourt ses deux derniers éléments discographiques avec une force et une maîtrise remarquables. Même les plages les plus fadasses de « Latin » prennent, en ‘live’, une dimension orgasmique. Carton plein, une fois encore, pour ces véritables bêtes de scène.

Il est près de minuit lorsque les deux hurluberlus de Sexy Sushi débarquent sur scène devant un public déjà acquis à leur cause. Dès les dernières notes de la chanson introductive, le show se transforme déjà en happening. Rebeka Warrior ne perd pas une seconde et se jette au sein de la foule pour scander son poétique « Petit PD » pendant que son acolyte Mitch Silver appuie sur les deux seules touches de son Mac qui lui sont utiles. Lors du troisième morceau, l’ultra-lyrique « Enfant de Putain / Salope ta Mère », une large partie du public se retrouve sur scène à l’invitation de Rebeka. Celle-ci tombe la chemise quelques minutes plus tard pour le plus grand plaisir de ses fans. Entre-temps, les deux jolies plantes qui servaient de décor au show de Holy Fuck ont vécu leurs derniers instants. Planté derrière le duo, un ‘garde du corps’ coiffé d’un masque du KKK tente de balayer les irréductibles gaillards du public refusant de quitter la scène. Un spectacle ‘pour les mioches’, comme le signalera la chanteuse. A 00h45, Sexy Sushi achève sa prestation chaotique et surtout sans queue ni tête. Un peu à l’image de cette soirée de clôture de l'incontournable festival bruxellois.

Organisation : Botanique

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