Même si le Cirque Royal n'affichait pas complet samedi soir pour le concert de Christophe, la salle était bien garnie ; et il suffisait de compter les photographes accrédités pour se rendre compte qu'un concert de Christophe, malgré l'âge du bonhomme, demeure un évènement populaire.
Séparés par un entracte d'une bonne demi-heure, les deux chapitres du spectacle ont montré des visages radicalement différents du personnage.
Le premier a fait la part belle aux compositions récentes, dont de nombreuses issues du dernier album, assez électronique et très surprenant. Je confesse que je n'avais pas pris le temps d'écouter cet opus avant le concert ; je l'y ai donc découvert. Je le savais fort électronique ; ce sera bien le cas en ‘live’. Pour preuve, l'Ensemble Musiques Nouvelles, venu apporter sa touche symphonique à la prestation, est souvent retourné en coulisses, le style musical adopté par le noctambule se prêtant mal à cet accompagnement. Après trois-quarts d'heure, notre hôte de la soirée nous invite à aller prendre quelque rafraîchissement et/ou fumer une cigarette, lui-même en ayant apparemment ressenti le besoin.
De retour sur le podium du Cirque, Christophe va offrir une vision diamétralement opposée de son répertoire proposé en début de parcours. Plus proche de ce qu’on attendait de lui. Alors que ses interventions, lors du premier acte, trahissaient un côté mécanique (NDR : ou automatique, si vous préférez !), c'est en manifestant davantage de spontanéité qu'il va se concentrer exclusivement sur les titres de son ancien répertoire. Au sein duquel on aura droit aux inévitables "Mots bleus" et autre "Marionnettes". Et c'est flanqué du groupe andalou Los Flamencos, qu'il nous réserve une version digne de la meilleure bodega de "Señorita". Ce morceau sera d’ailleurs été repris une seconde fois, tant cette version était émouvante. Il n’a bien sûr pas omis d’inclure "Les paradis perdus" dans son répertoire de la seconde moitié de la soirée ; et après avoir présenté ses collaborateurs au grand complet, dont la superbe Ellena Noguera, invitée à chanter le premier titre de chaque tranche du show, la soirée s’est achevée par une version d'"Aline" qui aurait arraché des larmes à un rocher, tant l'émotion dégagée par Christophe et ses musiciens était intense.
Le personnage se fait rare, les occasions de le voir sur scène également ; et même si comme votre serviteur, on n'est pas un fan absolu de Christophe et de ses chansons, le voir sur scène est un moment unique qu'il serait dommage de ne pas partager au moins une fois, dans sa vie. A bon entendeur...
Bernard Hulet
Christophe
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Pour clôturer cette édition 2009 des Nuits du Botanique, l’Orangerie accueillait Akron/Family, Sharon Von Etten, The Acorns ainsi que Great Lake Swimmers.
A 20h00, Sharon Von Etten ouvre le bal. Issue de Brooklyn, cette jeune Américaine avait déjà assuré le supporting act pour Beirut et Shearwater. On espère donc une bonne surprise, afin de commencer cette soirée en beauté. La salle est loin d’être comble. Les spectateurs préfèrent siroter leurs dernières consommations dans les jardins tout en profitant des derniers rayons de soleil. Ils ont raison. Et pour cause, la songwriter enchaîne ses chansons, en s’accompagnant à la guitare, sans grande passion. Faute de rythme et de vitalité, son set en solitaire devient rapidement ennuyeux. Elle achève sa prestation à 20h35. Bien vite Akron/Family !
L’Orangerie est à présent pleine à craquer. Le concert est même sold out ! Les musiciens d’Akron/Family débarquent sur les planches. Je me demandais quand même comment le trio américain allait se débrouiller pour reproduire la folie présente sur leurs disques, depuis le départ de Ryan Vandehoof, un des quatre membres fondateurs. En une bonne demi-heure, les gars de New-York nous invitent à voyager aux quatre coins du globe, en explorant tous les recoins du spectre musical. Leur set commence par une compo percussive. Le bassiste a délaissé sa quatre cordes pour rejoindre le drummer afin d’entretenir des rythmes afro-tribaux particulièrement excitants. Le public est à deux doigts de commencer à danser. L’expression sonore nous entraîne également sur les îles océaniennes, dans un style proche des Néo-Zélandais de Ruby Suns. Une multitude de genres sont revisités, depuis le rock progressif à la country en passant par le métal. En outre, les harmonies vocales du trio sont de toute beauté. Mission parfaitement accomplie pour Akron/Family. Un bémol ? Le manque de réaction du public.
The Acorns nous vient du Canada. La formation a joué en première partie de la dernière tournée de Bon Iver. Le line up réunit trois guitaristes, un bassiste, un percussionniste et un batteur. Le son est nickel. Les arrangements irréprochables. Les mélodies fort bien ficelées ; et le timbre vocal du chanteur rappelle un peu celui de Bruce Springsteen. Rien de bien exceptionnel, mais un set fort agréable à voir et à écouter. Sans plus. Mais il vrai qu’il n’était pas facile de succéder à Akron/Family et de précéder Great Lake Swimmers.
A 23h00, Great Lake Swimmers monte sur le podium. Très attendu, Tony Dekker est soutenu par un drummer, un guitariste ainsi que d’une claviériste/vocaliste. Après deux morceaux, ils sont rejoints par le contrebassiste. Dès les premiers mots chantés par le natif de Toronto, on est émerveillé. Le son est aussi nickel que celui de l’elpee. L’ambiance est également parfaitement retranscrite. Et c’est un fameux défi quand on sait que le combo canadien prend un malin plaisir à enregistrer dans des endroits aussi insolites que des églises ou des silos à grains.
L’atmosphère est détendue. Le temps semble s’être arrêté sur le Botanique. Great Lake Swimmers nous offre une grande leçon de simplicité. Dekker pioche dans l’ensemble de ses quatre albums. Il se réserve également l’interprétation de quelques compos en solitaire, uniquement flanqué de sa guitare. Il ne reste plus qu’un quart d’heure. Le groupe est à nouveau au complet pour attaquer « Your Rocky Spine ». Les dernières notes de guitare retentissent déjà… les spectateurs quittent peu à peu l’Orangerie. Les Nuits du Botanique se clôturent d’une bien belle manière. Vivement l’année prochaine !
Béber
Sharon Von Etten + Akron/Family + The Acorns + Great Lake Swimmers
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Dernière soirée d’un festival à la programmation respectable et dernière affiche plus qu’alléchante sous le chapiteau. Malgré un temps frais et une météo capricieuse, les marches du jardin sont bondées et l’ambiance est au beau fixe. Mais trêve de bavardage relatif à la pluie et au beau temps ; ce soir les occupants du chapiteau ne réclament qu’une seule chose, des beats, des beats et rien que des beats !
C’est donc un Thunderheist ponctuel qui ouvre la soirée. Le public s’avance timidement vers le podium sur lequel se produit le duo canadien, avant de finalement succomber aux flows énergiques de la féline Isis. Bien que leur hip-hop ‘bateau’ aux sonorités ‘dance’ laisse perplexe, on retiendra surtout le charme et le dynamisme de la emcee plutôt que le travail fictif de son acolyte, responsable d’un bidouillage circonstanciel de ses machines. On reste sur sa faim mais le public est manifestement en jambes !
Kap Bambino monte à son tour sur les planches. Son style est radicalement différent. Le duo frenchy punk trash est à la hauteur de sa réputation. Ses beats ravageurs font monter la température de quelques degrés. La rythmique tourne à plus de 140 BPM. Faut dire aussi que la chanteuse (NDR : imaginez une Els Pynoo, la vocaliste de Vive La Fête, sous ecsta) y est pour quelque chose. Les cris perçants et à la limite hystérique de la blondasse, conjugués à une mise en scène exceptionnelle, excitent tous ces mâles en manque de testostérone. Kap Bambino était bien, ce soir, un signe fort d’électro trash !
Pas le temps de s’en remettre qu’autoKratz monopolise la scène. Dans un autre état d’esprit mais en assénant des beats bien lourds et percussifs. Le set du duo anglais me laisse néanmoins un sentiment mitigé. Pourtant découvert par le label Kitsuné, autoKratz est une véritable révélation sur disque. Mais sur les planches, rejoints de temps à un autre par un chanteur à l’allure malade tripotant sa guitare, les deux ‘plantons’ restent figés derrière leurs laptops. Un seul titre parviendra réellement à faire décoller le show, celui qui les a propulsés : « Pardon Garçon ». Une déception !
Un godet pour écouler les vingt minutes d’attente et Yuksek, tête d’affiche de la soirée, fait son apparition. Nouveau chouchou et producteur en vue de la ‘French Touch 2.0’, le Français assure tout simplement ! Seul derrière ses claviers, l’électronicien vacille de droite à gauche en y ajoutant ses interventions subtiles au vocodeur. Il a à peine entamé les premiers accords de « Tonight » que le public est déjà conquis. Un light show efficace et le tour est joué. Bref, Pierre-Alexandre Busson n’a dû faire qu’acte de présence pour satisfaire son public. C’est sûrement ça ce que l’on appelle l’effet hype !
Le Chapiteau se vide progressivement de ses spectateurs. Certains d’entre eux en profitent pour passer un dernier moment dans les jardins, alors que les autres foncent vers le Recyclart ; car cette nuit, Kap Bambino donne une after party. Déchaînement garanti ! Et la nuit sera longue…
Antoine Verhoeven
Thunderheist + Kap Bambino + autoKratz + Yuksek
(Voir aussi notre section photos)
Organisation Botanique