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Les Nuits Botanique 2008 : dimanche 11 mai

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Décidément, les dieux de la musique sont cléments. Et c’est une fois de plus, sous une chaleur de plomb que les Nuits du Bota ouvrent leurs portes ce dimanche 11 mai. Outre les prévisions météorologiques succulentes, l’affiche a de quoi surchauffer un peu plus nos esprits. En effet, le même soir, se produisent sous le chapiteau, James Deano, Missill, Scratch Perverts et Puppetmastaz. Des artistes ou des groupes décidés à nous plonger au sein de leurs univers respectifs.

 
 

Le désormais classique attroupement du public sur les marches, face aux jardins, est déjà bien dense. Il n’est pas encore 20 heures. Les odeurs de frites et pittas pèsent lourd sur l’estomac. Ce sera uniquement de bière que je remplirai le mien. Où le brasseur passe, le boulanger ne passe plus, c’est bien connu.

 
 

C’est à l’heure pile que le sale gosse de Waterloo ouvre les festivités. Il lance l’appel aux troupes ; mais les gens pénètrent sous le chapiteau au compte-gouttes. L’atmosphère est moite, mais Deano, Maxime –son excellent co-équipier– et Dj Odi-C aux platines ne sont certainement pas venus pour refroidir les lieux. Casquette vissées, les deux lascars au mic, commencent à débiter des bûches qu’ils déposent sous le chaudron, qui s’apprête déjà à bouillir. Le set va durer une heure. Une heure au cours de laquelle la bande va s’éclater, haranguant le public entre chaque chanson. Les morceaux s’enchaînent malgré tout très vite. Planning oblige. « El Playboy », « Tu t’es vu quand t’abuses ? » chauffent la salle. Même si elle n’est pas complètement remplie, elle s’électrise au fil des morceaux. Il adresse une petite dédicace aux mamans, en ce jour de fête des mères : « Les Femmes ». Il est mixé sur un beat de Pharell et Snoop Dog : « Beautiful », et tout le monde danse. Pour le « Le Fils du Commissaire », la température monte encore d’un cran. Deano invite les spectateurs à ‘lever les bras en l’air’. On voit bien que ce n’est pas lui qui se tape les effluves délicats produits par les dessous de bras de mes voisins immédiats. Mais comment rester stoïque face au flow et à l’énergie dispensés par le trio ? Alors qu’habituellement l’homme aime glisser quelques bons mots entre ses chansons, il se limite ici à quelques clins d’oeil, à quelques boutades. Toujours souriant il enchaîne « Arrête de Fuir » l’excellent « Riz Sauce Rien », « Les Gens sont Stressés », « Koh Lanta » et l’inévitable « Les Blancs Ne Savent Pas Danser ». Vers la fin du concert, un petit clin d’œil est adressé à NTM lors d’une reprise du morceau « Tout n’est pas si facile », me semble t-il. « Drogue dur à la drogue douce » me file la chair de poule tant les paroles sont d’une sincérité et d’une justesse à toute épreuve. Il conclut le show par « 11 du 9 » et « Ma Vie de Célibataire ». Passé à toute vitesse, les 60 minutes de set m’ont donné encore plus soif, et je sors me rafraîchir aux abords du chapiteau.

 
 

21h00 et une chique, Missil débarque. Seule aux platines, la petite Française n’a peur de rien. Elle balance du gros son, du très gros son. Un peu trop gros peut-être. Le public vraiment clairsemé est composé de quelques fans et clubbers qui ‘skatent’ un pas de danse sous la chaleur ; les curieux désertent petit à petit la salle sous les lancinants beats de la demoiselle. C’est qu’elle n’y va vraiment pas avec le dos de la cuiller. Et franchement, il fallait être préparé pour supporter le choc. C’est donc à la vitesse de son patronyme que je vide les lieux. Trop c’est trop, mes oreilles sifflent déjà. Je rejoins l’air un peu plus frais dehors. J’y croise Deano et ses potes. Il signe des autographes, pose pour des photos, se plie au jeu de la vedette, sans vraiment se la raconter.

 
 

22h10 un grand guignol s’installe sur le podium : le Puppetmastaz. Une toile sur laquelle est peint le logo du groupe est tendue sur toute la longueur de la scène. Elle doit faire 1m80 de hauteur. Derrière cette toile, 5 malades mentaux agitent des pupazzi. Ils sont allemands et font vivre en moyenne, pas moins de 20 poupées différentes. A la manière du Muppet Show de Jim Henson version trash, elles s’agitent frénétiquement, pour le plus grand plaisir des tout petits que nous sommes restés. J’avoue que j’avais déjà entendu parler de ce ‘phénomène’ du hip hop, mais je n’avais jamais eu l’occasion de le vivre en live. Et bien je n’ai pas été déçu !! Derrière la façade enfantine et peu sérieuse, Puppetmastaz déchire sa race grave. Des beats incroyables, un flow décapant, le tout agrémenté d’un spectacle de marionnettes désopilant, parfaitement génial ! Les sons crachés par les enceintes enflamment complètement le chapiteau. Le public est ravi et en redemande. On vogue entre le hip hop, le ragga et la jungle. Les poupées se démènent sur des chorégraphies minutieusement préparées mais délirantes. De Mister Maloke, en passant par Snuggles the Bunny, Ryno, Ducci Prosetti ou Dogga Dacoda pour ne citer qu’eux, la trame de leur histoire se compose d’un œuf géant (The Egg) qui recèle leur pouvoir. Autour de cet œuf les personnages luttent pour devenir le chef, le Ministre. Pour diriger le monde des puppets. Toute l’intrigue repose sur ce scénario. Mais que contient cet œuf ? Vous êtes invités à découvrir la solution de cette énigme lors de leur prochain set live ; et surtout attendre la fin du spectacle, si vous ne vous êtes pas liquéfié entretemps, sous la chaleur de leur beats.

 
 

23h20, le spectacle Puppetmastaz est terminé. J’ai mon compte. Je quitte le Bota l’esprit traversé de turbulences. Encore une excellente soirée à mettre sur le compte du festival. Et je n’ai toujours pas envie de manger des frites… je vieillis il me semble…

 
 

James Deano + Missill + Scratch Perverts + Puppetmastaz

 
 

Organisation Botanique

 

 

Les Nuits Botanique 2008 : vendredi 9 mai

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Le soleil tape fort au-dessus du jardin Botanique. La foule s’agglutine autour des bars, histoire de se rafraîchir avant de profiter de la grande soirée que lui ont concoctée les organisateurs des Nuits. En effet, ce soir, c’est grand soir. Le sésame : un ticket d’entrée unique, donnant accès à la fois au chapiteau, à la Rotonde et à l’Orangerie. Au menu : treize formations oscillant entre pop, rock, folk et indie. Le gros désavantage : il faut opérer certains choix.

Bien que la soirée n’affiche pas ‘complet’ ce 9 mai, une grande masse d’aficionados et de néophytes se retrouvent sous les serres du Bota. A 20h, ¡Foward Russia! donne le signal de départ de la soirée sous le chapiteau et les formations belges The Germans et Nestor! se chargent de remplir les plus petites salles.

Mais Of Montreal est le premier groupe à véritablement attirer notre attention. Venu présenter son excellent dernier essai, « Hissing Fauna, Are You The Destroyer ? », les Ricains sont parvenus à mettre le feu dès 21h, à l’aide de leur univers ‘Velvet Goldmin-ien’. Vêtus de costumes kitsch extravagants à mourir, la mise en scène de 40 minutes est parvenue à flirter avec le grotesque, sans pour autant l’atteindre. En prenant du recul, cette prestation a été une des meilleures accordées au cours de la soirée.

Cette dernière s’est d’ailleurs poursuivie en demi-teinte. Par des Two Gallants un peu trop fidèles à eux-mêmes et des We Are Scientists n’ayant pas trop l’air de s’améliorer au fil du temps.

On a échappé de justesse à l’ennui grâce à la prestation hypnotique de Chrome Hoof. Au programme : costumes à paillettes, jeux de lumières, chorégraphies absurdes, chants robotiques et mélodies putassières. Un cocktail pas très avenant de prime abord mais qui, manifestement, fonctionne à merveille. A voir également à Dour cet été.

La programmation s’est achevée par les Suédois de I’m From Barcelona. Ils sont parvenus à transformer le Chapiteau en une énorme cour de récréation. Un joyeux bordel propice à une ambiance bon enfant. Mais un spectacle pas nécessairement convaincant, la formation ayant l’air de se répéter quelque peu, au fur et à mesure de sa prestation.

On retiendra donc principalement de cette soirée, les concerts d’Of Montreal et de Chrome Hoof. Ils se sont distingués sans trop de mal. A cause de leur mise en scène intéressante et des compositions relativement plus passionnantes que celles du reste de l’affiche proposée ce vendredi 9 mai…

I’m Barcelona + Chrome Hoof + We Are Scientists + Of Montreal + Two Gallants + Blood Red Shoes + Timesbold + V.O. + ¡Foward Russia! + The Germans + Nestor

Organisation : Botanique.

 

Les Nuits Botanique 2008 : jeudi 8 mai

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De l’émotion au bruit, il n’y a qu’un pas. A égale distance des deux, il y a Xiu Xiu, qui frôle inlassablement le trop plaintif et le trop bruyant, sans pourtant jamais franchir le point de non retour. Étrange expérience sonore que cette pop déstructurée acheminant sans transition une triste mélancolie en explosions noise et new wave. Et dans cette atmosphère successivement légère puis plombée, prévisible puis tâtonnante, on ne sait pas toujours sur quel pied danser. La froideur inébranlable des musiciens (pas un regard, pas un mot) ne nous donne pas plus d’indication. La voie salutaire, pour les quatre Anglais, réside alors dans leurs percussions franches et directives (une batterie tantôt classique, tantôt électronique). Car tant que l’énergie et la rythmique parviennent à ne pas s’égarer dans ces méandres emocore douteux, l’ensemble reste aussi surprenant qu’envoûtant.

Retour à un univers plus homogène et moins torturé : celui de Why. Cette fois, le déluge n’est pas sonore mais bavard. Un flot zélé de tirades rappeuses, accompagné de guitare bien lunée, de batterie allégée et de tambourin; on est bien loin de l’abstract hip-hop de Clouddead (l’autre projet du chanteur) ; ça tangue, ça scande, surtout sur les morceaux d’Alopecia, leur troisième album ; on se laisse rapidement gagner par l’alliage fluide de hip-hop et électro qui, sous couvert d’une nonchalante légèreté, est loin d’être superficiel.

Dans la BD Buffalo Bill, Archie Bronson Outfit n’est autre qu’un gang de brutes du Far West. Ça donne le ton. Repérés dans un pub à Londres par leur label Domino, ça donne  l’ampleur. Quatre barbus, deux saxophones, un batteur fou furieux. Le bruit déferle. Brut et brutal. Des voix s’élèvent dans la salle ‘le son est pourri !’ ; c’est, sans conteste, le grand regret de ce concert, même si on pouvait se douter qu’un son frisant déjà le saturé, en studio, s’accommoderait mal du chapiteau monté pour l’occasion. Dommage pour l’inlassable crépitement en bruit de fond. On l’oublie parfois, quand l’urgence dévastatrice des deux grattes prend le dessus. On l’exècre souvent, quand il devient responsable d’un piètre confort d’écoute. En l’occurrence, lorsqu’une guitare se noie dans l’autre et vice versa ou quand la voix, pourtant si singulière de Sam Windett, se décolore. Au final, on ne peut que voter l’indulgence puisque le cœur y est autant que le bruit. « Dart for my sweetheart » est toujours aussi puissant et démantèle les dernières résistances. C’est crade mais efficace et sans répit. L’effet est dévastateur et la tornade laisse nos esprits bourdonnants et embrumés. A refaire, vite, dans un contexte sonore plus digeste.

Après le son uniformément saturé des Archie Bronson Outfit, la voix féminine de Black Mountain frise l’apparition maritale. Le contraste est tel que ce premier morceau s’élève dans la fascination. Un instant on croirait entendre Alison Goldfrapp ; le nouvel album (« In the future ») semble emprunter des chemins inattendus où l’électronique prend parfois le dessus sur l’électrique. Étrange surprise pour ceux qui, de coutume, ressuscitent si bien l’univers des Led Zep. Dès le second morceau, on retrouve avec bonheur la tessiture tremblante de Stephen Mc Bean (rappelant sérieusement Eddie Vedder) ; le Canadien est toujours aussi échevelé, toujours aussi sobre et en retrait. Coincé en dehors des faisceaux de lumière, son chant n’a rien perdu en émotion et en gravité. Enchaînant alors quelques morceaux au blues-rock psychédélique, on replonge instantanément dans la fusion ingénieuse du premier album. Les guitares saturées y côtoient sans complexes les plages d’orgue épurées, pour un univers décalé, irrésistiblement 70’s. Un seul regret : on aurait donné beaucoup pour un morceau de ses projets parallèles Lightning Dust et Pink Mountain Tops (surtout la terrible reprise d’« Atmosphere » des Joy Division). Mais on conçoit parfaitement que Black Mountain, à lui seul, valait déjà largement le détour.

Xiu Xiu + Why + Archie Bronson Outfit + Black Mountain

Organisation Botanique

 

Festival des Enfants du Rock : jeudi 29 mars 2007. Eiffel + Solid State.

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Le groupe Eiffel a livré une performance très électrique lors du Festival des Enfants du Rock à Nice, ce jeudi. Dans une salle malheureusement trop petite, et pourtant peu remplie faute de presse, toutes les personnes présentes ont pris en pleine figure un rock basique, et d'une énergie impossible à éluder. Difficile de ne pas faire le rapprochement (pas déshonorant pour eux) avec Noir Désir. Faut dire que la ressemblance entre le chanteur Romain Humeau et Bertrand Cantat accentue cette impression. Voir l'intensité avec laquelle il se livre ne peut laisser indifférent tout amateur de rock qui se respecte, et la salle y a clairement répondu. Si leur nouvel album, "Tandoori", reste dans la lignée des précédents, sur scène le groupe mérite définitivement le coup d'œil et d'oreille.

Auparavant, le groupe Solid State, nouveau venu sur la scène niçoise, a assuré une première partie sans faille. Ces hard-rockeurs venaient la semaine dernière de prouver leur aisance instrumentale et leur cohésion lors d'un set acoustique tout aussi efficace que leurs prestations électriques. L'équilibre entre leur technique, un bon sens de la mélodie, et une présence scénique qui s'affirme sans les clowneries auxquelles se livrent trop souvent ce genre de groupe, leur permet d'assurer bien au-delà du cadre hard-FM dans lequel on pourrait les croire inscrits. Petit bonus en prime, une nouvelle chanson ("Solid"), qui ne dépareillera pas du premier album.

 

Festival Trans Musicales 2006 : jeudi 7 décembre

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Affluence en baisse cette année pour le très réputé festival rennais Les Trans Musicales. Cause probable : l'absence notoire de têtes d'affiche et son déroulement pour la troisième année consécutive au parc - immense mais tellement impersonnel - des expositions de Saint-Jacques-de-La-Lande. Cependant, l'événement reste une fois de plus fidèle à son plus cher principe : faire de ces trois jours un moment de découverte musicale éclectique. Et ça ne rate pas !

Ainsi, première constatation à mon arrivée sur place : le peu de personnes présentes au rendez-vous. La déambulation entre les différents halls et stands est alors fluide et rapide ; on se dirige donc vite vers le hall 4 où il revient à Porcelain, groupe rock normand, d'inaugurer le festival. On s'évade très rapidement grâce aux sons rêveurs et hypnotiques de leurs compositions. Ils réussissent le pari fou d'entraîner le large public, dispersé dans la froideur du hall 4, au coeur de leur univers chaleureux et intimiste, où se mêlent lourds riffs électriques et longues traînées électroniques. Inspiré, le chanteur dépose la beauté et la pureté de sa voix sur des mélodies plus planantes les unes que les autres. Visiblement inspirés par Radiohead, ils se lancent parfois dans de longues expérimentations qui laissent le public rennais rêveur et hypnotisé. Premier groupe et première bonne découverte? le festival commence sur les chapeaux de roues !

Un rapide coup d'oeil sur la programmation me rappelle la venue très attendue de Cat Power une heure plus tard. Je décide donc, en attendant, de passer par le hall 3 où Stuurbaard Bakkebaard joue depuis quelques minutes. Survolté, le trio néerlandais exécute une musique au style insaisissable ; entre dEUS et Captain Beefheart, il intrigue le public. Sur le point de me diriger vers le hall principal où Cat Power va se produire, un collègue m'interpelle et me conseille vivement d'aller voir Izabo plus tard dans la soirée. Je prends note malgré une malheureuse coïncidence : ils se produiront en même temps que Razorlight, groupe lui aussi très attendu.

Je m'avance donc dans la fosse du hall 9 où le public est visiblement au rendez-vous pour Cat Power. Connue pour des prestations scéniques irrégulières, on attend avec anxiété l'arrivée de Chan Marshall. Elle finit par entrer en scène entourée de ses quatre musiciens, toute de noire vêtue, et démarre sans attendre. Sa voix cristalline est formidablement mise en valeur par la rondeur des sonorités soul et rythm'n'blues dispensées par son groupe. Cependant, on sent Miss Marshall sur la défensive ; elle se plaint de devoir jouer sa musique si calme dans une salle si grande. Elle se réfugie alors souvent auprès de ses musiciens, parfois au détriment de l'audience. Il faudra ainsi attendre le milieu du set pour qu'enfin elle s'apaise et nous laisse plonger dans son univers. Elle s'ouvre alors pour notre plus grand plaisir et l'ambiance se réchauffe au sein du hall 9, notamment lorsque le groupe se lance dans une formidable et colorée reprise du mythique « Satisfaction ». Tout le monde est conquis et ni Chan Marshall ni le public ne semblent vouloir quitter ce hall si grand et froid, soudainement devenu un lieu de rassemblement si chaleureux.

Le concert de la belle à peine achevé, j'entreprends une flânerie à travers les halls en attendant que les quatre jeunes hommes de Razorlight montent à leur tour sur la grande scène. Aussitôt dit, aussitôt fait : Johnny Borrell monte sur scène vêtu, lui, tout de blanc. Ses compères le rejoignent et ils nous balancent directement leur single « In the Morning ». Court, déchaîné et efficace, ce premier morceau donne le ton : guitares nerveuses, mélodies répétitives et entêtantes, voilà leur recette récurrente? dont on se lasse malheureusement très vite.

Je décide alors de suivre le conseil du collègue rencontré plus tôt et quitte l'ambiance féroce régnant dans ce grand hall (NDR : au son assez médiocre) pour découvrir un groupe israélien. Répondant au simple nom d'Izabo, il se produit au même moment dans le plus petit hall. Etonnée de la foule réunie autour de cette scène, malgré la tête d'affiche qui continue son set un peu plus loin, je réussis tout de même à me faufiler au premier rang ; et me voilà projetée dans un univers coloré, entre pop et disco. Nos têtes se balancent, nos pieds frappent le rythme ; le corps parle, tout le reste s'efface autour de nous. On danse, on s'amuse, on en redemande : Izabo est sans conteste la surprise de la soirée, et Razorlight est aussi vite oublié.

Pour clore ce premier jour de festival, le groupe suédois I'm From Barcelona est attendu dans le grand hall. Et quelle clôture ! Un univers fantasque, des paroles enfantines, une musique colorée, le tout animé par une trentaine de personnes. Le public adhère et se surprend à reproduire les chorégraphies tout en chantonnant les refrains en choeur. Un sentiment de fête envahit le hall 9. On retombe en enfance. Facilement. Follement. Après avoir largué - et non sans risques - bonbons et de confettis dans la fosse, I'm From Barcelona prend congé de l'audience, en concédant toutefois en rappel, le fameux « Treehouse ». Et quelques minutes plus tard, on s'engage sur le chemin du retour, le sourire aux lèvres. Vivement demain !

Festival les Inrocks 2006 : vendredi 10 novembre

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Beaucoup moins de spectateurs lors de cette troisième journée. Faute de grosse tête d'affiche, plus que probablement. Aucune des formations programmées ce soir ne jouissant de la popularité des Kooks. Mais c'est souvent l'occasion de faire des découvertes…

On a retrouvé Blanche Neige ! D'origine pakistanaise, elle vit à Brighton, en Angleterre. En vérité, elle s'appelle Natasha Khan, drive un groupe qui répond au nom de Bat For Lashes et possède une voix remarquable dont le timbre rappelle tantôt Kate Bush, tantôt Björk, tantôt Sinead O' Connor. Et elle est très jolie (NDR : non, les membres de Spinto Band ne rôdaient pas dans les coulisses). Elle est fascinée par tout ce qui touche au surnaturel et le reflète à travers ses chansons qui relatent tantôt des contes de fées, tantôt des romances épiques. Elle est entourée de trois autres filles. Coiffées comme des indiennes, les quatre musiciennes se partagent une multitude d'instruments. Conventionnels (violons, basse, guitare, piano, claviers, accordéon, boîte à rythmes) et insolites (des percussions en tous genres et une mini harpe). Mais si la structure instrumentale tient parfaitement la route, les mélodies délicatement tissées nous plongeant au sein d'un climat où se mêle harmonieusement fantaisie, sensualité, innocence, mystère, inquiétude et passion, c'est surtout la voix de Natasha qui domine le sujet. Parfois on en a même la chair de poule. Le plus étonnant, c'est qu'elle avait pris froid, s'excusant auprès du public de son état de santé. Suis certain que dans la foule, il y avait centaines de chevaliers qui auraient accepté de jouer le rôle du Prince Charmant…

Fyfe Dangerfield s'assied au milieu de son armada de claviers. On dirait presque qu'il est dans un bunker, tant il est difficile de l'entrevoir au milieu de son attirail. Son timbre vocal âpre, chaleureux, légèrement opératique, vous hante, vous envoûte instantanément. Greig Stewart est aux drums. Sa manière un peu frénétique et désarticulée de jouer me fait parfois penser à Animal, le batteur fou du Muppets Show. MC Lord Magrão, le guitariste, ne tient pas en place une seule minute. On a même l'impression qu'il danse avec sa guitare, tout en la torturant. Aristazabal Hawkes se réserve la contrebasse. Elégante et sexy dans sa robe rouge moulante, cette très belle fille de type latino apporte une coloration jazzyfiante aux compos. Tout comme les deux cuivres, qui se sont postés à l'arrière de la scène. Et je dois avouer avoir été impressionné par leur set. Très en relief, énergique, riche, diversifié, il contraste totalement avec leur premier album (« Through the Windowpane ») dont la mise en forme a tellement été léchée, qu'il en est devenu insipide (NDR : à leur place j'irai casser la gueule au mec - le producteur ou l'ingénieur du son - qui a complètement bousillé leurs chansons). Alors surtout ne tenez pas compte de cet accident de parcours, Guillemots possède un potentiel inouï. Il l'a en tout cas démontré ce soir. Et si vous avez l'occasion d'aller les applaudir, ne les manquez sous aucun prétexte. C'est dit !

Love Is All est la formation dont toute la presse indie parle. Mais dont les journalistes n'ont pratiquement jamais rien entendu. Le quintet suédois vient pourtant de sortir un premier mini album (« Nine Times That Same Song »), mais pour l'instant, il n'est disponible qu'en import. Dirigé (NDR : et le mot est faible !) par la chanteuse Josephine Olausen (tout de noir vêtue, y compris la minijupe et les bas collants), une vocaliste/claviériste au timbre glapissant, strident, rappelant Karen O (Yeah Yeah Yeahs), Annabella Lwin (Bow Wow Wow), voire Poly Styrene (X-Ray Spex), L.I.A. implique également dans son line up un guitariste, un bassiste, un drummer et un saxophoniste. Combinant divers éléments qui oscillent du post punk à la new wave en passant par le Riot Grrrl et la no wave, leur musique ne manque ni d'énergie, ni d'enthousiasme. Dans ses moments les plus dansants, elle peut même faire penser aux B52's. Malheureusement, cette exubérance doublée d'excitation est tellement constante, qu'elle en finit par en devenir linéaire et surtout à lasser. Dommage, car l'ensemble pourrait franchement mettre le feu, s'il mettait un peu plus de variation dans son expression sonore. Ce n'est peut-être qu'une question de temps…

Il revenait à Midlake de clôturer cette soirée. Une formation texane (NDR : de Denton très exactement) dont les influences oscillent de Grandaddy aux Flaming Lips en passant par Coldplay. Enfin, c'est l'impression laissée par leur deuxième album, « The Trials of Van Occupanther », paru voici quelques mois. Sur scène le line up est constitué de cinq musiciens. Seuls le drummer et le claviériste se concentrent sur leur instrument. Les trois autres se partageant les claviers, la guitare électrique, la guitare sèche dont deux d'entre eux le chant (NDR : franchement le concert m'a tellement passionné que je n'en suis plus tellement sûr, mais la description doit être plus ou moins fidèle). Derrière le groupe, des clips vidéo sont projetés sur un écran. Certaines d'entre elles relatent des batailles de l'époque napoléonienne. Et régulièrement la pochette de leur dernier elpee s'intercale entre les minis films. L'essentiel de la concentration se focalise d'ailleurs sur cet écran, car la musique ne parvient pas à accrocher l'esprit. Et sans ses projections, on piquerait bien un petit roupillon. Vu la fatigue et l'heure avancée, si la salle avait été garnie de sièges cinéma, cela n'aurait pas fait l'ombre d'un pli. D'ailleurs aux deux tiers du set, j'ai pris la bonne décision de vider les lieux et de reprendre la route pour y retrouver mon lit…

Festival les Inrocks : jeudi 9 novembre

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Enormément de monde pour ce deuxième jour des Inrocks de Lille. Le premier s'était déroulé la veille à la Maison des folies de Wazemmes. Et beaucoup d'Anglais et surtout d'Anglaises avaient traversé la Manche pour assister au set des Kooks. De très jeunes britanniques ! Depuis tôt le matin elles étaient collées à la grille d'entrée pour pouvoir pénétrer dans la salle et s'installer le plus près possible du podium. Un engouement que l'on rencontre rarement sur le Vieux Continent. Par contre, le service de sécurité a confondu festival rock et meeting politique voire syndical. Le syndrome Sarkozy continue de faire des émules. Admettre les spectateurs frigorifiés au compte-gouttes m'a semblé quelque peu déplacé. Mais on peut le comprendre au vu des fouilles minutieuses réservées à la carte. Séparer ceux-ci en deux files : une pour les filles et l'autre pour les garçons m'a donné la nausée. Un comportement peu accueillant, c'est le moins que l'on puisse dire. On était même à la limite du déni de démocratie ! Faisant remarquer cette situation aux organisateurs, ce service d'ordre m'a même intimé l'ordre de la fermer. Qu'ils fassent leur boulot, d'accord ; mais faut pas prendre les gens pour du bétail. Ni pour des imbéciles. C'est sans doute ce qu'ils pensent des journalistes. A leurs risques et périls…

Il revenait à Mumm-Ra d'entamer la soirée. Six très jeunes insulaires issus de l'est du Sussex. De Bexhill-on-Sea, très exactement. Leur musique ? De la britpop dans la lignée de Snow Patrol, mais en plus brouillon. Le claviériste essaie bien de rendre l'expression sonore la plus homogène possible, mais il ne peut manifestement colmater toutes les brèches. James Arguile n'est pas un mauvais chanteur et son jeu de scène quelque peu théâtral rappelle parfois Jarvis Cocker. Mais leur style redondant finit par lasser. Franchement, sur la scène belge, il y a des groupes qui leur sont dix fois supérieurs…

La bonne surprise nous est venue de Boy Kill Boy. Enfin, pas tout à fait une surprise puisque ce quatuor londonien puise manifestement ses influences dans la musique des eighties. Et en particulier chez les Smiths et Julian Cope. Un peu comme The Killers, Bloc Party et Maxïmo Park. Chris Peck, le chanteur, possédant d'ailleurs un timbre fort proche de Paul Banks. Pourtant, BKB n'a pas trop bonne presse en Grande-Bretagne. La formation était-elle dans un état de grâce ? On n'en sait strictement rien. Une chose est sûre, leur set est très précis et libère une énergie pure. Les riffs sont efficaces et les mélodies hymniques, mélancoliques, contagieuses. En outre, le claviériste, qui assure également les backing vocaux, apporte une petite touche new wave à l'ensemble, de manière à alléger et surtout équilibrer une expression sonore susceptible de basculer à tout instant dans un climat ténébreux. Et heureusement, ce n'est jamais le cas.

Toute la presse branchée crie au génie en parlant de Spinto Band. Un combo américain issu de Willington, dans le Delaware, qui existe depuis déjà une bonne dizaine d'années. Un méga hit à leur actif : « Oh Mandy ! », que la formation va d'ailleurs interpréter au beau milieu de sa prestation. Une prestation guère convaincante, il faut l'avouer. Pourtant, leur power pop insouciante, sucrée, mélodique, contagieuse possède tous les atouts pour faire la différence. Evoquant même parfois les Posies voire Weezer. A moins que ce ne soit les Talking Heads. A cause de la voix nasillarde de Nick Drill, proche de David Byrne. En outre, les musiciens déménagent sur les planches. Parfois un peu trop. De petite taille (NDR : heureusement, ils ne sont que six !) ils usent et abusent de clichés : poses semi-convulsives, conjugaison de choeurs sur un même micro, etc., au point d'en oublier l'essentiel : la musique. Et finalement on en prend plein la vue, alors qu'il n'y a pas grand-chose à se mettre dans le tuyau de l'oreille. En résumé, Spinto Band est à Talking Heads ce que Clap Your hands Say Yeah est à James. Des hypes tout simplement ! Vous n'avez pas rencontré Blanche Neige ?

La tête d'affiche revenait incontestablement aux Kooks. Ils jouissent d'une incroyable popularité aux Iles Britanniques. Ce qui explique pourquoi l'Aéronef avait été envahi par l'Albion lors de cette soirée des Inrocks. Et surtout par des filles. Honnêtement en plus de 35 années de concerts, je n'avais vu ni entendu une telle hystérie émanant de fans. Peut-être lors d'un concert de T Rex. Mais c'était il y a bien longtemps. J'avais l'impression de revoir les images si souvent passées à la TV, en noir et blanc, des Beatles au milieu des sixties. Etonnant ! Ces aficionados connaissent toutes les chansons de leurs idoles par chœur, et les interprètent en même temps que Luke. Ah oui, mais le concert alors ? De bonne facture, sans plus. Les Kooks possèdent un énorme potentiel, mais ils sont encore très jeunes et doivent encore apprendre à le maîtriser. Luke passe successivement de la guitare électrique à la sèche. Le son est puissant. Même pour les compos les plus intimistes. Ce qui rend la prestation un peu trop linéaire. Coiffés de superbes chapeaux, Hugh Harris, le guitariste soliste et Max Rafferty, le bassiste, sont postés respectivement à gauche et à droite de Pritchard. Les tubes (toutes les compos sont des tubes !) s'enchaînent. Et manifestement, c'est en 'live' qu'on se rend compte de l'influence exercée par Police, époque « Regatta de Blanc », sur le groupe. Blanc comme le funk blanc ! En fin de set, l'intensité monte d'un cran. Et la ferveur du public n'y est pas étrangère. Conclusion, les Kooks accordent un rappel au cours duquel il interpréteront leur inévitable cover, « You make me crazy ». Et puis Luke de terminer son show debout sur les barrières 'nadar' devant un public conquis (NDR : celui des premiers rangs, of course…)

Inrocks Indie Club # 7 / Une construction de pop électrique

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La paisible bourgade de Tourcoing s'endort ce soir au rythme d'une soirée placée sous le signe de l' « Inrocks Indie Club # 7 ». L'affiche proposée compromet cependant toutes perspectives de repos… 

Dès l'ouverture des portes, l'assistance se masse aux pieds de la blonde Vanessa. Accompagnée des O's, la belle bénéficie des échos du concours CQFD 2006. Dernière lauréate de ce tremplin échafaudé par le célèbre magazine français, Vanessa & The O's propose un clash entre Le Velvet et Brigitte Bardot. La prestation est intrigante, pas bouleversante. La Blonde se déhanche, chante aussi bien que BB (traduisez : pas forcément juste) et traîne les clichés au gré de ses comptines folk désabusées, faussement allumeuses. 

En provenance de Sunderland, à quelques enjambées de Newcastle, Field Music est emmené par les frères Brewis, un groupe qui entretient un répertoire pop aventureux. Une chanson de Field Music, c'est autant de tiroirs à ouvrir. Pour découvrir des mélodies décomplexées. Sur scène (comme sur disque), Field Music semble avide de perfection. Au risque de se perdre dans des enchevêtrements symphoniques alambiqués, la formation s'attache à atteindre la mélodie qui se cache sous la mélodie. En substance, le band parvient à ses fins. Pourtant, le public peine à suivre l'ouverture d'esprit prônée par le trio insulaire…

La fête, la vraie, survient dans un déluge de synthés, basses, guitares, trombone, batterie, trompette, clarinette, triangle et autres objets farfelus. Pointus ou obtus, les instruments d'Architecture In Helsinki ont une mission commune : nous éblouir, nous aveugler de mélopées joyeuses. De grands airs de fanfares sous de petits airs espiègles, Architecture In Helsinki entame sa tournée multi instrumentale. En deux temps trois mouvements, « Neverevereverdid » met le feu aux poudres publiques. Le Grand Mix tourbillonne, tape dans ses mains et se secoue le bas des reins. L'orchestre atypique de Cameron Bird (encore un oiseau !) enchante l'assistance de ses bricolages dadaïstes. L'electronica, le rock, le folk et le psychédélisme s'emberlificotent les pinceaux au cœur d'une œuvre baroque étincelante de naïveté. Entre « Tiny Paintings » et « Wishbone », les huit membres de la chorale australienne (un jour, le monde saura  que ces hurluberlus ne sont guère finlandais) revisitent leur charpente discographique. « Fingers Crossed », le précédent album est ainsi de sortie. Le public européen découvre alors autant de tubes potentiels : « The Owls Go », « Fumble », « Kindling ». Au sein de cette architecture contemporaine, chaque composante s'avère essentielle. Les instruments passent de mains en mains. Les membres de cette insatiable fanfare tournicotent sur scène, attirant les regards, rendant toutes distractions hors propos. Et puis, tout à coup, l'assistance exulte dans un bain d'euphorie trempé par « Maybe You Can Owe Me » et « Do The Whirlwind », un hit empli de folles exubérances. Le public a donc vécu à l'heure du Grand Mix humain... celui d'Architecture In Helsinki. 

Architecture In Helsinki + Vanessa & The O's + Field Music

Les Inrocks-Black XS

Pour la deuxième journée du festival, l'accent avait été placé sur la nouvelle vague de groupes post punk qui sévit actuellement aux Iles Britanniques. Responsables d'une musique rafraîchissante et énergique, ils marchent allègrement sur les traces de Bloc Party et de Franz Ferdinand, grosses pointures qui leur ont tracé la voie…

Du quatuor londonien Hard Fi, le public connaît surtout le single « Hard to beat », une chanson pop/rock mélodique, contagieuse, aux sonorités de guitares chatoyantes, diffusée régulièrement sur les ondes radiophoniques. Pourtant, le band se réclame davantage du Clash ou d'un Blur adolescent que de la pop post Prefab Sprout. Tout en s'intégrant parfaitement dans ce mouvement post punk britannique contemporain. Le set a débuté en force par "Middle Eastern holiday" et "Unnecessary trouble", avant d'atteindre sa vitesse de croisière. Le répertoire n'a évidemment pas oublié les inévitables "Cash machine", "Tied up to tight", "Living for the weekend" et le hit single. Mais ce qui a surtout frappé, c'est l'habileté du chanteur à communiquer avec le public. Et la faculté du groupe à mettre de l'ambiance. Pas étonnant que leur tournée soit une réussite. Et que le public était déjà bien chaud à l'issue de leur prestation.

Les compos de The Futureheads sont brèves et puissantes, mais aussi mélodieuses et énergiques. Puisant allègrement dans la musique de la fin des 70's et en particulier chez Jam et les Buzzcocks, ce quartet n'a pas failli à sa réputation en dispensant un set vivifiant et excitant ; dans un style bien soutenu par la qualité de leur interprétation, mais aussi par la perfection de leurs harmonies vocales. Certains morceaux comme "Decent days & nights", "Robot" ou encore "Meantime" avaient même adopté le fameux tempo 1, 2, 3, 4 des Ramones. Jouant de plus en plus vite, écrasant tout et implacablement sur son passage, le combo avait même enclenché la surmultipliée pour conduire "Beserker". Dans un autre style, "Danger of the water" et "He knows" ont bénéficié d'un traitement a cappella. Mais le point culminant de leur spectacle a été atteint lors de leur version du « Hounds of love » de Kate Bush, une chanson reprise en chœur à tue-tête par les spectateurs. Le groupe n'a guère eu de difficultés pour mettre le public dans sa poche, et à mon humble avis, s'est montré encore plus performant que lors de son passage au dernier Pukkelpop…

J.M. (Traduction Suzanne, adaptation B. Dagnies)

Aperçu en salle et lors de festivités estivales, les naufragés de Newcastle ont accumulés quelques kilomètres de tournée dans leur escarcelle. Et cela se sent. Les guitares retentissent, plus directes, maîtrisées et fulgurantes. Un show solide, branché à l'adrénaline, sans jamais oublier de puiser dans le cathéter à mélodies. Une part du public avale d'ailleurs les paroles de Paul Smith comme d'autres avalent des pilules. La sueur perle (enfin) sur les fronts de cette incorruptible assistance. Un noyau dur se forme, masse compacte divaguant au gré des tubes maxïmiens : « Graffiti », « Limassol », « The Night I Lost My Head » ou l'inépuisable « Apply Some Presure ». Si Alex Kapranos veut faire danser les filles, Paul Smith veut faire bondir les garçons. Dommage pour les filles ! De toute façon, sa coupe de cheveux gélatinée ne semble pas vraiment affrioler la gente féminine. Assemblage capillaire lissé sur la tête, chemise rouge pour cravate noire, notre homme saute comme un 'Homme-Machine', fixe des points invisibles et déclame les textes visibles de son fameux livret rouge. Parler de Paul Smith, sans évoquer ces acolytes, c'est comme converser du Bauhaus sans invoquer le Constructivisme. Archis Tiku, le bassiste surnommé 'Apu Nahasapeemapetilon' par une cohorte minimaliste de fans aguerris, se déchaîne. Notre ami 'Apu' frappe violement ses cordes. Va-t-il changer de crémerie dans la demi-heure ? A ses côtés, Lukas Wooller s'acharne sur les touches de son clavier et balance rigidement ses membres comme dans un ballet inspiré par 'Astro le petit robot'. Reste le paisible Tom English (ce nom, pour un Anglais !), force tranquille, qui fracasse ses fûts à l'insu des observateurs obnubilés par les facéties de son compère de chanteur. A la guitare, Duncan Lloyd a marqué le coup. Vivace, précis et incisif, il force le respect là où il traînait la patte lors des premiers shows du groupe. Le groupe culmine finalement par l'entremise de « The Coast Is Always Changing » et d'un « Kiss You Better » définitif. Il n'en faudra donc pas plus aux garnements de Maxïmo Park pour mettre les points sur les i.

Les princes du rock onomatopéique emportent la tête d'affiche du festival. 'Facile', diront certains. 'Trop facile', répondront les autres. La musique de Kaiser Chiefs fonctionne en mode binaire sur des textes patauds, à chanter à la bonne franquette, dans un pub, un bureau ou, comme c'est le cas aujourd'hui, dans une salle de concert, entièrement acquise à leur cause. Elle sera bientôt conquise. Il faut être honnête, le coup de Ricky Wilson et de sa bande ressemble au dernier caprice de gosses de riche. N'empêche, on se laisse prendre volontiers au jeu de leur premier album : « Employment ». Dès le riff de guitare initial, la foule sursaute, bondit et hulule les paroles entonnées par un Wilson monté sur ressort. Chaque chanson, étiquetée 'single', cause son lot d'effervescence dans la fosse. Poseur intrépide, Ricky paie une tournée de hits à son public : « Every Day I Love You Less and Less », « Modern Way », « Oh My God », la liste est intarissable. Vient alors le moment tragique, l'instant décisif où le chanteur effronté lance « I Predict a Riot », en trouvant le moment idéal pour un bain de foule. Ben tiens, en pleine vague de soulèvement urbain, le garçon 'prévoit une émeute'. C'est parfait, inattendu. Le public n'en demandait pas tant. Embarqué dans une bataille sans merci, Ricky Wilson doit ferrailler sévère pour sauver sa peau de rock star ! De retour sur scène, il se tourne vers cette foule belliqueuse, visiblement émoussé : 'It's a fucking rock show ! A rock show : nothing less, nothing more !', précise-t-il. Quelle idée aussi ne pas regarder la télé, de ne pas appréhender l'impact de ces insurrections, de ne pas remettre en question la réalité urbanistique, la Prude Albion esquissée par Tony Blair et ses copains. Fâché mais pas rancunier, Ricky Wilson reviendra régler ses comptes avec son public le temps d'une sympathique reprise de Marvin Gaye et d'un « Time Honoured Tradition ». Et ce n'est rien de l'écrire !

N.A.

 

Dour Festival 2005 : samedi 16 juillet

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La foule est moins dense que la veille. Le public semble encore plus dispersé et éclectique que les jours précédents... Parfois, lorsqu'on s'écarte des scènes, on se demande si on participe encore à un festival rock ou si on traverse les allées d'une grande foire. Mais Dour, c'est ça aussi ! Celles et ceux qui n'ont plus participé à ce type de manifestation depuis des lustres seraient sans doute très surpris de son évolution… Bref, en se faufilant entre stands de sponsors, échoppes de magasins et en évitant les corps étendus de jeunes 'cuves psycho-narcotiques', on atteint finalement le but ultime: The Last Arena.

Là-bas, les Anglais de Help She Can't Swim pulvérisent la plaine à grands coups de riffs et de cris stridents. Coïncidence qui ne trompe pas: la plaine de la Machine à Feu n'a jamais aussi bien porté son nom. Les guitares virevoltent et la voix de Leesey Francis, la chanteuse, extermine les moindres temps morts du concert. Les hits s'enchaînent et se déchaînent: "Fermez La Bouche" (ce titre !), "My Own Private Disco" ou "What Would Morrisey Say ?" alimentent la tension vitale de cette décharge en règle. Un set puissant pour un quintet à tenir à l'œil.

Quelques mètres plus loin, c'est l'effervescence. En compagnie de son fidèle batteur, l'étrange Scout Niblett rabote la Petite Maison dans la Prairie. Le couple est une version renversée du duo rouge et blanc de Detroit. C'est un style particulier: Scout Niblett est fringuée comme une caissière Carrefour signalant la route à des chauffards paumés en plein Alabama. On sent la fougue Albini traverser les titres surpuissants de ces White Stripes du pauvre. Pourtant, le compte en banque du mélomane s'enrichit: "Fuck Treasure Island", "Valvoline" et "Good To Me", tombent dans son escarcelle pour ne plus jamais en ressortir. Un pur moment de découverte!

Sous la Club Circuit Marquee, Modey Lemon se chauffe à l'ancienne. Derrière son micro, Phil Boyd éructe la panade rock'n'roll favorite de son trio. Venus défendre "The Curious City", leur dernier opus, les Américains dévoilent une rage sirupeuse qu'on ne leur connaissait pas. Les gaillards sortent leur rock du garage et l'envoient promener sur les chantiers du grunge et du punk. A ce titre, "In the cemetery" et "Trapped rabbits" résonnent encore comme d'indéniables réussites.

Sur le coup de 16h50, Daniel Darc débarque sur la Red Frequency Stage. L'ancien leader des Taxi Girl reste une curiosité à lui seul. Il se déhanche continuellement. Son chant est aussi saccadé que celui de Miossec, lorsqu'il n'est pas très proche d'un Gainsbourg des mauvais jours. Cet homme est un écorché. D'ailleurs, il ne faut pas longtemps pour s'apercevoir que la vie de Darc a cramé par les deux bouts. Sa gueule de névrosé tatoué est à peine masquée par des lunettes noires. Dans la rue, on le prendrait facilement pour un chanteur SDF qui fait la manche. En découvrant son show, on a la conviction qu'il vit dans son propre monde. Il nous raconte - entre autres - ses mésaventures avec la police belge (sa détention pour consommation (abusive?) de cocaïne) à une certaine époque de sa vie. L'impression globale est pitoyable voire pathétique… Et pourtant, la magie opère. Soutenu par d'excellents musiciens, Daniel Darc déballe une sensibilité rare dès les premiers titres de son set. Ressassant souvent les mêmes thèmes : le suicide ou la perte de (ses ?) repères. Toujours sur le fil du rasoir, Darc dégage un 'je ne sais quoi' qui ne laisse pas indifférent. S'il était un peu plus respectueux de son entourage (il s'énerve un peu trop souvent sur son pied de micro, allant jusqu'à le briser), il pourrait rejoindre, bien malgré lui, la vague des artistes étiquetés 'nouvelle chanson française'. On aimerait le revoir en meilleure forme…

Sur la scène principale, une accalmie (toute relative) règne par rapport à la journée du vendredi : le métal lourd de la veille cédait le relais à du hardcore… On regrettera néanmoins que des groupes du même style se produisent au cours d'une tranche horaire identique. Dilemme donc pour choisir entre l'école française (ETHS et Watcha) et la new-yorkaise (25 Ta Life et Murphys' Law). Si ce sont principalement les ados qui se déchaînent sur les sets vitaminés mais sans surprise d'ETHS et Watcha, c'est finalement sous la chaleur étouffante de la Popbitch Tent que les vrais amateurs de hardcore se sont donné rendez-vous. Après une époque de gloire vécue au début des 90's, le hardcore new-yorkais semble être un peu passé de mode. Mais bon, le public de Dour n'est pas aussi pointu que celui du Graspop. Ainsi, sous le chapiteau, on ne dénombre qu'une centaine de personnes. Mais l'ambiance est bonne et l'esprit vraiment underground. Malgré l'accumulation des concerts (ne se contentant pas des grands festivals, ces formations jouent un peu partout lors de leurs tournées européennes: même dans des salles plus étriquées), les artistes américains sont loin de se la jouer "grandes stars" et ne se prennent pas la tête. Aussi les New-yorkais ne font-ils pas la fête en backstage, se mêlant généreusement à la foule ou dressant carrément un stand improvisé d'autoproduction sous le chapiteau.

Il est malheureusement un peu trop tard pour admirer les irréprochables 25 Ta Life. Autour du charismatique Rick Healey (encore un tatoué de partout), un gros turn-over s'est opéré dans le line-up (NDR : Oups… A force de côtoyer des Américains, on finit pas y perdre son langage) du collectif. Sur scène, tout porte à croire que c'est encore ce bon vieux Rick qui tire son groupe vers le haut.

Pour le retour de Murphy's Law, quelques fans s'étaient donnés rendez-vous. Mais au début du concert, on a l'impression qu'il y a autant de monde devant le podium qu'en backstage. Tant leurs copains de 25 Ta Life que d'autres musiciens aficionados du genre se regroupent sur les côtés de la scène pour participer à la grande fête. Car si vous ne les connaissez pas, ne vous fiez pas à leur nom (la célèbre loi du capitaine Murphy envisage toujours une issue pessimiste), ni à celui de leur dernier opus (« The party's over »). La fête n'est, en effet, jamais finie chez eux. Nos quatre gais lurons gagnent donc la scène. Le line-up des Murphy's a également changé au fil des décennies, mais le frontman original Jimmy 'G' Gestapo répond toujours présent. Il est même bien entouré. Et en particulier par l'ex- Demonspeed Sal Villaneuva. Look de catcheur, il aurait pu incarner le vengeur masqué. Il ne faut pas plus de deux titres pour que Jimmy fasse monter l'ambiance. Face à une telle animation, des tas de curieux viennent se mêler aux fans. Le public s'embrase au simple contact de l'énergie communicative des sympathiques New-Yorkais. Une spirale délirante fait rapidement de ce concert un grand moment festif et convivial. La scène est sans doute trop petite pour le chanteur déjanté qui bondit dans le public dès le troisième morceau, électrisant davantage la foule. Le groupe invite alors le public à créer le traditionnel 'circle'. (NDR : pour les non-initiés, cette invitation consiste à former un cercle au sein duquel les spectateurs courent et pogotent de plus en plus vite, sur un rythme tribal, cadencé par la musique). Et quand on vous dit que ces Américains savent faire la fête: ils ne sont pas avares de libations et ne tarissent pas d'éloges à propos de notre bière belge ('You have the best beer in the world'). Le groupe se montre généreux, distribuant ses canettes dans le public. Jimmy G s'amuse à les ouvrir de côté avec les dents (quelle mâchoire !) et asperge le public du breuvage. Musicalement, l'éclectisme est de rigueur : on passe du punk US made in NOFX au bon vieux hardcore à la Sick of it All, le tout épicé d'une pointe de ska et de reggae (de ce côté, le bassiste s'en donne d'ailleurs à cœur joie). C'est sûr Murphy's Law n'usurpe pas sa renommée légendaire de groupe de scène. La formation prend clairement du plaisir à jouer. Leur joie est communicative et entre littéralement en communion avec le public. Espérons qu'on puisse les revoir bientôt chez nous, dans un cadre plus adéquat.

Napalm Death leur succédait sous la Popbitch Tent. Les fans gardent certainement le mauvais souvenir de leur annulation 1998. Le dimanche 12 juillet très exactement, moment de gloire pour la France qui remportait la coupe du monde de football. Ce même jour, Immortal et Louise Attaque (dans un autre genre mais aussi en dernière minute) déclaraient forfait. La pluie et l'absence (prévue celle-là) de Rammstein avaient rendu la soirée vide et maussade. Cette année, Napalm Death n'a pas fait faux bond et était plus décidé que jamais à nous balancer sa purée sonore à la figure. A l'instar d'Anthrax, Napalm Death n'a guère de lien avec l'univers terroriste et demeure un des noms incontournables en matière de trash. Le groupe n'a pas non plus échappé à la loi des changements de line-up. Mais sur scène, son authenticité reste intacte.

Comme nombre de nos compatriotes à l'affiche, Jeronimo a recueilli un énorme succès. Aussi bien avant qu'après son show; et en particulier pour la séance de dédicaces (NDR : ce stand Humo est encore une nouveauté à Dour, une initiative que l'on retrouve depuis longtemps dans les festivals flandriens) au cours de laquelle les fans faisaient la file. Des compositions très personnelles, de belles chansons à texte et de longues balades bien agréables que l'on préfèrera revoir et écouter dans une ambiance plus nocturne (NDR : il n'est que 18h30). De plus, cette grande Red Frequency paraît tellement démesurée lorsque l'artiste chante en solo.

Et ce n'est pas en solo, ni en version DJ, mais bien entouré d'un authentique groupe rock qu'Alec Empire prend le relais sur la Last Arena. Ses allures et attitudes ne sont pas sans rappeler Iggy Pop. Plus jeune et torse nu, tel l'iguane du rock, Alec Empire s'exhibe véritablement, se dépense sans compter, avant de se lancer dans un slam et de prendre un petit bain de foule. Entouré d'une jolie claviériste (NDR : Cette dernière avait probablement oublié ses sous-vêtements au vestiaire. Un spectacle d'autant plus apprécié du côté de l'écran géant, sur le côté de la scène), il nous livrera un set solide ; nous remémorant parfois d'inoubliables instants passés en compagnie d'Atari Teenage Riot, son ancien groupe. On se rappelle d'ailleurs du gracieux concert offert par le bonhomme quelques années auparavant, sous une chaleur tout aussi étouffante.

Malheureusement, il a fallu se résoudre à quitter les lieux après un bon quart d'heure. Non que le style soit peu accessible mais parce qu'un zapping s'imposait. Le rendez-vous avec Mickey 3D est fixé. En fait, les préjugés ont la vie dure. C'est ainsi sans grande conviction et plutôt par curiosité que l'option se porte sur les Français. D'autant plus que les occasions seront rares d'aller les applaudir cette année. Pour preuve: Dour est la seule date belge prévue à ce jour par le trio. Les tubes simplets comme « Respire » ou « Yalil » trottent inévitablement dans toutes les têtes. Mais sur scène, le groupe semble vouloir casser cette image à tout prix. Résolument rock, dans l'attitude et dans le rythme, Mickey 3D surprend et impressionne. Finalement plus proche de Noir Désir que d'un piètre groupe de variété française. A l'instar du dernier album, « Matador », le collectif hexagonal ne prend pas une mauvaise direction. Même le mégatube « Respire » est joué de façon très rock, presque speedé. Et si « J'ai demandé à la lune » est repris dans une version toute aussi révoltée en rappel, c'est sans doute une façon pour Mickey de montrer qu'il est également un artiste à part entière (NDR : Un excellent parolier du moins. C'est lui qui a écrit les lyrics de cette chanson, popularisée par Indochine).

Dans la même lignée, Saian Supa Crew (NDR : après un premier passage annulé à Dour) manifeste également un certain talent (dans un registre rap/hip hop cette fois). Ici également, le tube « Angela » et son clip vidéo sont très présents dans les esprits. Mais sur scène c'est une autre histoire : accompagnés d'un DJ, les cinq rappeurs attirent la grande foule. Il manquait même de place sous le Dance Hall. Celui-ci débordait de monde jusqu'à plusieurs dizaines de mètres à l'extérieur du chapiteau… on n'avait plus vu un tel enthousiasme depuis le passage de…Kyo ! Bref, un peu comme pour Vive la Fête la veille, Mickey 3D et Saïan Supa Crew ont mérité un statut de 'têtes d'affiche' dans un festival qui n'en propose plus vraiment. La place est laissée aux surprises et aux découvertes et c'est tant mieux!

A Dour, une part belle est faite aux revenants! Le reste de la soirée en atteste : Television, Young Gods et Front 242. Rien que ça ! Et décidément, un problème persiste cette année : la répartition des artistes sur les scènes en fonction du public ciblé.

Pendant que Saian Supa Crew faisait le plein au Dance Hall, Television n'attirait que quelques centaines (à peine) de spectateurs devant la scène principale. Installés au premier rang, les vrais fans pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Peu de jeunes: logique, ce groupe mythique est né en 1975. A l'époque, de nombreux festivaliers n'étaient pas nés. Peu importe, Tom Verlaine et ses acolytes ont un classique à défendre: "Marquee Moon". Alors, jouera, ne jouera pas ? Dans la fosse, le respect a remplacé l'hystérie et le recueillement s'impose. Dans une ambiance clinique et rétrograde, les New-yorkais retracent l'histoire du rock. Si Television a réellement participé à l'épopée du punk, Tom Verlaine demeure sans aucun doute le moins bon guitariste de cette idéologie révolue. Ce mec est une véritable bête, un animal 'pince-sans-rire' et 'sans voix' mais un admirable guitariste quand même. Moins d'une heure après l'entame du concert, les premiers échos de "Marquee Moon" retentissent enfin. L'instant est fort, vibrant. On se rend à l'évidence: ce groupe a influencé ses pairs à jamais. Et soudain, c'est la fin. L'illusion perdue se retire en coulisses. Un dernier regard en direction de la maigre assistance en guise de remerciement, Tom Verlaine s'évapore dans l'obscurité. S'agissait-il d'un adieu à la Belgique ?

Pour leur part, les Young Gods avaient choisi Dour pour fêter leur 20ème anniversaire. En 1992, ils nous avaient accordé un concert époustouflant. A l'époque, la formation suisse partageait la tête d'affiche en compagnie des Négresses Vertes (NDR : depuis le décès d'Helno, le groupe n'est jamais parvenu à remonter la pente). L'excellent album "TV Sky" succédait alors à un autre chef d'œuvre "L'Eau rouge". Treize ans plus tard, la potion magique des jeunes dieux a toujours le même goût. Mais cette fois, elle est concoctée par un trio chant/batterie/synthé. En effet, les Young Gods sont surtout des divins du sampling. Il est toujours aussi troublant d'entendre ces riffs de guitare détonants (particulièrement sur le tube "Skinflower"), sans voir le moindre guitariste en action. Originaire de Genève, la formation parvient toujours à agrémenter son subtil mélange d'electro-noisy d'une touche industrielle ou de post-punk. Les Young Gods sont capables de se muer en ensemble philharmonique (on se souvient aussi de leur album hommage à Kurt Weill). Franz Treichler se démène toujours autant. Bénéficiant d'un joli 'light show', la prestation est unanimement appréciée. Aussi bien chez les connaisseurs postés aux premières loges que chez les curieux reculés. Comme le bon vin, les Young Gods ont bien vieilli. Reste à voir et surtout à écouter ce qu'ils nous proposeront à l'avenir. La sortie d'une compilation est annoncée. Mais elle ne présentera qu'un seul nouveau titre.

Un petit vent de douceur et de jeunesse n'est jamais désagréable à rencontrer. Dans la Petite maison dans la Prairie, le duo de charme Electrocute peut nous offrir ce rafraîchissement. Kitsch au premier coup d'œil, les deux chanteuses - vêtues de minishorts hyper racoleurs –relancent les deux choristes d'Abba (en plus sexy !) sur le dancing. A priori, les mélodies génèrent une 'nouvelle sensation' d'électro-clash réchauffé et superficiel. Mais force est de constater qu'Electrocute passe au-delà des clichés et nous séduit au fil de son répertoire. Les deux 'front-women' jouissent d'un physique identique et leur voix se complètent à merveille. Les divers instruments balancés ci et là forment une bonne alchimie. Au final elles nous livrent un mélange hybride, bien travaillé et pour le moins atypique. Les 70's dominent le set. Mais les deux beautés nous invitent à traverser un succédané d'époques alambiquées.

Dans un autre style, Front 242 nous propose de revisiter les 80's, une période plus actuelle que jamais. Une époque dans laquelle nous replongent d'ailleurs des groupes en vogue comme Interpol ou The Editors. Vers 1h30 du mat' (NDR: on s'habitue vite à ne plus avoir de retard dans les festivals. Toutefois, les Young Gods ont un peu débordé sur l'horaire), le groupe belge prend possession de la grande scène. Alors que l'écran vidéo, situé en arrière plan, nous plonge dans un kaléidoscope d'images électroniques, les deux premiers membres du groupe s'acharnent sur leurs boîtes à rythmes. Et puis, Jean-Luc déboule pour attaquer un "Body to body" entraînant. En fait, les Bruxellois ont opté pour la bonne recette: mener de front (NDR : elle était facile celle-là) l'alignement de leurs tubes légendaires, tout en conservant l'intensité de leur set. On a l'impression que les morceaux new-wave sont actualisés par une techno profondément ancrée dans le nouveau millénaire. Front 242 évite la facilité et l'impression de déjà-vu. Malgré la bonne ambiance et un show mené tambour battant par Jean-Luc et Richard, la fatigue commence à se faire sentir. 'On n'a plus 20 ans', ironise d'ailleurs un fan de la première heure. Ainsi, sur le coup de 2h30, l'heure de rentrer chez soi et de se reposer les tympans a sonné…

(Merci à Nicolas Alsteen)

 

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