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Shaka Ponk - 14/03/2024

Seule une révolution changerait la société Spécial

Écrit par - Chrisotphe Godfroid et Bernard Dagnies -

Manic Street Preachers est actuellement un groupe qui déchaîne les passions tout en alimentant régulièrement les colonnes de la presse d'outre-Manche. Au centre de toutes les controverses : des rockers-terroristes gallois qu'on trouve délicieusement arrogants. Tandis que d'autres ne voient en eux que de lamentables marionnettes. James Dean (ça ne s'invente pas !), Richez, Nicky et Sean rejettent le capitalisme, luttent contre l'exploitation et détestent la plupart des autres musiciens. Ce qui ne les empêche pas d'avoir signé chez Columbia, de vouloir vendre plus de disques que Guns 'n 'Roses et d'exécuter des concerts de quarante minutes. Avouez que la suspicion dont ils sont l'objet est légitime. Alors, les M.S.P. sont-ils un produit préfabriqué ou les Stooges des années 90 ? A vous de juger ! C'est Nicky Wire qui répondra à nos questions, dans un hôtel bruxellois. Allions-nous être accueillis à coups d'extincteur ou de tessons de bouteilles ? Surprise : le manager nous sert la main et affirme que la finale de la coupe d'Angleterre opposera Liverpool à Norwich (il s'est trompé). Encore plus fort, le redoutable bassiste porte jogging et baskets, mange du chocolat blanc et sourit timidement. Les journaux racontent vraiment n’importe quoi

Rebel ! Rebel !

Les Manic Street Preachers véhiculent une idéologie sociale et politique rebelle. Les textes traitent de suicide, d’aliénation, de décadence et de rock’n’roll. Reflétez-vous un cliché ou vous nourrissez-vous de la littérature contestataire du XXème siècle ?

Nous sommes un cliché, dans la mesure où depuis le début, nous avons toujours voulu devenir un groupe de grande envergure. A une époque où la télé, les magazines, la littérature occupent ne place de plus en plus importante dans la culture moderne, nos réflexions, réactions deviennent forcément symptomatiques,

Dans la chanson « You need stars… », vous semblez détruire l'idéal punk. Est-ce une négation de vos idées ou une révolte délibérée ?

Une révolte délibérée ! Un jeune a besoin de vedettes, de modèles. Personnellement, j'étais autant influencé par les écrits de Jack Kerouac (NDR : guide spirituel du mouvement ‘beatnik’) que par le rock'n’roll. Aujourd’hui, les kids doivent terriblement souffrir de l’extinction de la bonne littérature. La musique est trop indulgente vis-à-vis d'elle-même. La politique nous casse les pieds. Les grands leaders ont disparu. Le commun des mortels pense que l'ouverture de l'Europe vers le capitalisme est un bien. Dorénavant, cette population fréquentera le Mc Donald et rencontrera une autre forme de pauvreté. Rien de bien réjouissant ne se profile pour eux à l’horizon.

Si les socialistes prennent le pouvoir en Grande-Bretagne, le labour party a raté un rendez-vous…

Aucun parti britannique n’offre la moindre alternative. Les socialistes copient de plus en plus les libéraux. L’idée de nationalisation ne les effleure même pas. Et puis il faudrait changer le système. La monarchie ne sert à rien, ne représente plus rien à notre époque. Seule une bonne révolution pourrait véritablement changer la société. Au Pays de Galles, les charbonnages ferment les uns après les autres, Il y a cinq ans, on y dénombrait encore 30 000 mineurs. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 2 000 ! La région est rongée par près de 55% de chômage. Si les femmes parviennent à dénicher un emploi, c'est parce que les employeurs peuvent se permettre de leur accorder des salaires de misère. Blackwood, notre ville natale, ressemble aujourd'hui à un musée vivant, les usines sont pratiquement toutes fermées. Il n'y a même pas de cinéma. Quant aux perspectives d'avenir, n'en parlons pas… Avant de fonder M.S.P. nous étions tous chômeurs. Ce n'était pas la joie. Pourtant, aujourd'hui, je reviens volontiers chez moi. Ce retour au bercail me permet de rester les pieds sur terre. Finalement, j'y suis mieux qu'à Londres. Dans cette ville, les gens sont tellement hypocrites ; ils ressemblent à des robots, des snobs qui ont perdu tout sens de la communication.

It’s only Rock’n’Roll

Quelle est la définition de la jeunesse ?

L’éclat, le sexe, la mort, la violence.

Vous dites que votre musique n’est pas punk. Avez-vous peur des fantômes ?

Non, mais les Sex Pistols et les Clash constituent les seuls groupes punk qui ont exercé une certaine influence sur nous. J’aime également les bons groupes de rock’n’roll tels que les Stones et les Who. Avec le recul, le punk n’était rien d’autre que du rock. Nous en avons conservé l’esprit, l’attitude, mais nous ne voulons pas être étiquetés ‘punk’. Le punk, c’était en 77. Aujourd’hui, c’est fini. Nous sommes un groupe de rock. C’est tout.

Est-il exact que vous détestez tous les autres groupes ?

Oui, à part Clash, Who, Stones et Pistols, les autres groupes ne nous intéressent pas.

Vous semblez ne pas apprécier l’avant-garde. L’originalité est-elle un mythe ?

Je le crois sincèrement. Dans ce siècle, rien ne peut être original. Tout est triste, y compris la musique. C’est prétentieux de vouloir expérimenter de nouveaux sons. Les nouveaux sons n’existent pas. La musique de My Bloody Valentine est comparable au bruit que produit le train. A quoi ça sert de reproduire ces sons sur un disque ? C’est de l’autosatisfaction ; d’autant plus que leurs paroles sont stériles. Ils me font penser à Emerson Lake & Palmer ou à Yes. Leur public est constitué d’étudiants issus de la classe moyenne qui n’ont rien d’autre à faire que d’écouter ce style de musique. Les gens de la rue n’aiment pas cette musique.

Etes-vous des ‘Working class heroes’ ?

Nous sommes de souche ouvrière, mais pas des héros ; pas encore…

Etes-vous attachés à la vielle imagerie du rock’n’roll, celle de la décadence, de l’autodestruction, incarnée par Bolan, Bowie et d’une manière plus contemporaine par Morrissey ?

Au cours de notre jeunesse, nous aimions bien Morrissey. Mais ses textes n'ont jamais évolué. Il est devenu de plus en plus décevant. Bolan, Bowie et Reed n'ont jamais vraiment véhiculé de message. Ce qu'ils racontaient est toujours demeuré vague. Il m'est impossible d'admirer quelqu'un, simplement parce qu'il se détruit à l'aide de drogues. La plupart de ces soi-disant héros sont des imposteurs. Par contre, Keith Richards est toujours resté authentique et sincère à mes yeux. Il a toujours respecté sa ligne de conduite. Lou Reed ne veut même plus se souvenir de son passé...

Croyez-vous à la doctrine autodidactique ?

Ritchey et moi avons fréquenté l’université pour y étudier la politique. Plus tu lis, plus tu apprends, mais plus tu te rends compte que tu as été manipulé, exploité. Les livres sont parfois plus enrichissants que les disques. Mais la conscience en prend un coup. Le gouvernement anglais a ruiné tout notre système d’éducation.

Parvenez-vous à établir des limites entre votre vie professionnelle et votre vie privée ?

Plus maintenant. Tout s’emmêle. Nous ne disposons plus de temps libre. Cette année a vraiment été folle. Nous ne sommes pas rentrés à la maison. Nous vivons dans un vase clos et perdons le sens des réalités. C’est le danger de faire partie d’un groupe rock. Partout où on va, on a l’impression d’être investi d’un droit divin ; on se croit tout permis et on fait des conneries. Tu ne peux pas t’imaginer les changements qui influent sur ta personnalité lorsque tu pénètres dans le monde du rock. C’est terrifiant !

En voulant changer le monde, ne pensez-vous pas reprendre les idées d’un certain Jim Morrison ?

Jim Morrison était un con, un alcoolique. Je n’ai aucun point commun avec lui. Ce n’est pas avec sa cervelle d’oiseau qu’il aurait pu changer le monde ! Lorsque l’aventure du groupe a commencé, nous aspirions naïvement à changer le monde. Nous y croyons toujours, mais notre idéal s’est quelque peu dilué. Lorsque tu appartiens à une firme de disques, il y a de réalités dont tu dois tenir compte.

Que peut-on encore attendre du rock’n’roll, alors ?

Plus grand-chose, malheureusement. Les Stones, au cours des sixties et les Pistols, fin des seventies, symbolisaient pour les teenagers, des groupes qui allaient changer le monde. De nos jours, la culture est tellement stylisée, indolente, que les gens attendent d’un artiste soit musicalement excellent plutôt qu’il ne manifeste une conscience sociale. C’est décevant ! Le message d’un groupe est aussi important que sa musique. Nous n’écrivons jamais des chansons romantiques, par exemple. C’est un choix que nous avons défini lors de la formation de M.S.P. Les groupes devraient davantage s’adresser à tous ces jeunes qui en ont marre de toutes les conneries qu’on leur bassine…

Vous avez déclaré vouloir vendre plus de disques que Guns’n Roses, pourquoi ?

Si 10 millions de personnes pouvaient écouter notre disque, et surtout le message qu'il véhicule, je pense que quelque chose de positif pourrait se produire. Nos paroles renferment autant d'alternatives à un autre mode de vie. Je suis encore assez naïf pour croire que le rock'n'roll peut améliorer l'existence des gens. Le but du rock'n'roll, c'est d'apporter un peu de chaleur à l'être humain, de le rendre moins solitaire...

L'album a coûté beaucoup d'argent. Est-ce une forme d'exploitation?

Une crasse! Tout est de notre faute. Nous avons consacré trop de temps à l'enregistrement. Il y avait trop de pression sur nous. Dès la signature, nous savions que nous allions être exploités. Mais nous allons récupérer l'argent ; alors on s'en fout!

Que répondez-vous à ceux qui prétendent que vous faites l'objet d'un coup médiatique ?

Ca m'est égal ! Ce qui est sûr, c'est que nous réalisons tout, nous-mêmes ; aussi bien la musique, les paroles que la pochette. Notre origine galloise fait rire pas mal de monde. Ceux qui pensent que nous ne sommes qu'un coup monté n'ont rien compris. Nous n'attachons pas d'importance à ce qui est raconté à notre sujet dans les journaux. On est toujours obligé de se prostituer face aux médias. Tous les groupes sont des produits de consommation, mais peu le reconnaissent.

Article paru dans le n°3 du magazine Mofo de mai 92.
 
 

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