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Adepte des voyages astraux Spécial

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"La musique de Verve nous fait traverser des climats vertigineux, extatiques, puis des turbulences tempétueuses, dramatiques, avant de revenir contempler des horizons paisibles, fragiles, propices aux rêves les plus impressionnistes". Cette réflexion empreinte de poésie adolescente (sic!), ne pouvait pas mieux tomber pour introduire l'interview que nous a accordée le leader charismatique du groupe, Richard Aschcroft. Un gars étonnant, ambitieux, philosophe, mystique et cultivé qui a les pieds sur terre, mais la tête dans les nuages...

Tout comme l'album de Suede, "A storm in heaven" a été porté aux nues avant même sa sortie. Ne penses-tu pas que cet engouement prématuré soit une arme à double tranchant?

Au début, cette situation m'a beaucoup amusé. Il n'est pas fréquent de voir un groupe indie sur la couverture des magazines. Mais une telle publicité n'était pas pour me déplaire; même si parfois elle s'est avérée excessive. Mon but est de faire de Verve un groupe important. Quelque chose qui ne peut cependant pas se réaliser du jour au lendemain. Nous prenons du recul par rapport à tout ce qui se dit et s'écrit. Mais il est exact que jusqu'à présent la presse s'est montrée positive à notre égard. La presse écrite, surtout. Car la radio ne semble pas tellement s'intéresser à notre sort...

Mais bien à Suede pourtant?

Suede est un bon groupe, mais il ne draine pas le même public que Verve. Nous sommes capables de jouer devant n'importe quel public: rock, danse, psyché,... Une faculté d'adaptation qui s'explique par l'éclectisme de nos goûts musicaux. Nous écoutons aussi bien des groupes allemands des seventies, tels que Can, Amon Düül, Faust et Neu, que des artistes américains comme Neil Young ou Big Star.

Tu as pourtant déclaré que la musique de Verve n'avait pas besoin de références?

Exact! Nous avons notre propre style musical. Je ne crois pas qu'il soit possible de le comparer à celui d'un autre groupe. Parce qu'il n'est que pure évasion. Et c'est la raison pour laquelle nous éprouvons un plaisir immense à jouer "live".

Tu défends des concepts néo progressifs là (rires) ?

Je veux que Verve atteigne une grande richesse musicale. Un son unique fait de rock, d'ambiant, de psychédélisme et de tas d'autres choses. N'importe qui est susceptible de pousser le volume à fond de son ampli lorsqu'il gratte une guitare. Regarde ce qui se passe pour l'instant à Seattle!... Mais cela ne m'intéresse pas que la musique enfle, gronde ou explose. Un album doit devenir un ami. Permettre de t'y confier le matin, l'après-midi ou le soir. C'est un ami qui t'écoutes et que tu écoutes... La musique de Verve tente d'atteindre cet objectif. Parce qu'elle vient du coeur. Une émotion que nous essayons de transcender sur scène. Nous accordons beaucoup d'importance à l'improvisation, mais la technique ne suit pas toujours. Surtout lorsque tu développes une musique élaborée, difficile à canaliser; et qu'il t'est demandé de démontrer l'étendue de tes capacités en quarante-cinq minutes!

Est-il exact que tu aspires à devenir une star? Es-tu un idéaliste?

Oui, je veux devenir célèbre. Mais sans mettre en jeu mon intégrité. Il n'est pourtant pas facile, pour un jeune groupe d'observer une ligne de conduite. Parce qu'un tas de prétextes peut à tout moment en modifier l'orientation. Nous avons tous entre vingt et vingt et un ans et sommes de véritables amis. Ce qui explique pourquoi le groupe est toujours aussi soudé aujourd'hui qu'il y a deux ans. Nous voulons faire mentir le préjugé selon lequel un groupe doit attendre cinq ans avant d'enregistrer quelque chose de valable. J'estime notre âge idéal pour le style musical que nous pratiquons. C'est en tout cas plus original que de copier Nirvana ou Pearl Jam. Appartenir à un courant alternatif indépendant, c'est aller à l'encontre des temps et des modes!

Le public est-il indispensable lors d'un concert de Verve? Est-il exact que tu ériges une barrière entre le groupe et les spectateurs?

Je désire communiquer avec le public, mais spirituellement, pas physiquement. Je déteste me prostituer dans un bain de foule. Un concert de Verve ressemble à une pièce de théâtre. Tu assistes au spectacle, et puis tu rentres chez toi. Je reconnais que six mois plus tôt, nous accordions des rappels. Mais cette forme de compromis n'avait aucun sens. Nous voulons donner naissance à un moment privilégié. Jouer notre set, puis disparaître dans les coulisses, dans la profondeur de la nuit. Et laisser le spectateur conserver une bonne image du concert. J'aime que les gens continuent de rêver après notre spectacle, qu'ils laissent aller leur imagination. Qu'ils se posent des questions au sujet du groupe. Sur son identité, sa personnalité, son message...

La musique de Verve traduit-elle un voyage à travers l'espace mental? Reflète-t-elle des climats dramatiques, exotiques ou extatiques?

C'est un cocktail de tous ces concepts! Nous tentons d'embrasser l'éventail d'émotions le plus large possible. Oui, je veux qu'elle soit dramatique. Mais pas d'une manière pompeuse. Et surtout pas en me pavanant dans un stade. Dramatique, mais à l'échelon humain. Extatique aussi, lorsqu'elle se met à flotter. Elle n'est pas exclusivement focalisée sur les accords de guitare. Elle fluctue. Nous ignorons même parfois les turbulences qui l'agitent. "Live", nous n'avons pas toujours la maîtrise de son développement ou la connaissance de son aboutissement. Sauvage, belle ou atmosphérique, elle nous entraîne avec elle lorsque nous en perdons le contrôle. Elle devient multidimensionnelle. C'est elle qui nous guide. Pas notre ego ou notre personnalité. A quoi ressemblera notre prochain album? Personne ne le sait. Ni moi, ni les autres musiciens du groupe. Nous entrerons en studio avec nos désirs et nos rêves et les traduirons dans la musique avec cet esprit de liberté qui nous hante.

Votre démarche n'est-elle pas liée à la consommation de drogues et d'alcool?

D'une certaine manière. Parce que nous composons sous influence. Nous propageons une certaine culture musicale en marge de tout système, une culture musicale qui cherche à rencontrer la plénitude. Et si quelqu'un a recours aux expédients pour y parvenir, je respecte son choix. Mais Verve lui offre une nouvelle alternative beaucoup plus saine pour atteindre cet absolu: sa musique...

Tu as déclaré que sur les planches, tu étais capable d'incarner quinze à seize personnes différentes susceptibles de propager des millions de pensées. Est-ce une scission ou une multiplication de la personnalité?

Je ne sais pas si tu as vu notre vidéo. J'y joue plusieurs rôles en même temps. C'est la projection de mon état d'esprit lorsque je suis sur scène, des différents voyages que j'entreprends en compagnie de Verve. En concert, je plane très haut dans les airs. Je suis détaché de mon être. Remercier le public romprait le charme. Retour sur la terre: "Bang !". C'est pourquoi, à l'issue d'un set, j'ai besoin d'un certain laps de temps, une bonne demie- heure, pour récupérer, pour retrouver la parole. Pour redevenir moi-même. Je suis un grand adepte des voyages astraux. Je crois aux manifestations de la parapsychologie. La musique de Verve me permet de sortir de mon corps. Là-haut, la perception des choses est totalement différente, fascinante même...

(Version originale de l'interview parue dans le n° 17 - novembre 1993 - de Mofo)

 

 

 

 

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