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L art de respirer dans le même rythme... Spécial

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Issu de Manheim, en Allemagne, Mardi Gras BB a été fondé par Reverend Krug, un vétéran qui a joué avec le mythe Guru-Guru, non pas à la fin des sixties ni au début des seventies, mais à l'aube des années 80. Une époque au cours de laquelle le groupe avait, suite à l'arrivée d'une chanteuse, repris quelques couleurs. Avant de replonger dans un certain anonymat qui permet quand même à cette légende du krautrock de continuer, aujourd'hui, à tourner dans les clubs ou les festivals de la région. En 1994, le Révérend passe un coup de fil à Docteur Wenz, et lui propose de rejoindre son groupe, un brass band à coloration New Orleans. Le docteur a commencé à jouer à l'âge de 14 ans. C'était déjà en 1979. Il a sévi dans quelques groupes punk, dont le dernier impliquait justement une section de cuivres. Souvent à caractère soul revivaliste. Ce qui lui a quand même permis de se forger une certaine expérience dans le domaine. L'idée semble beaucoup lui plaire, puisqu'il décide de se lancer dans l'aventure…

En fait Reverend avait un but bien précis : rendre hommage, à travers son groupe, à tous les gens qui vivent à la Nouvelle-Orléans. Les noirs, les blancs, toutes les ethnies qui ont participé au développement culturel de cette ville portuaire. Et en particulier musical. Ce qui explique pourquoi il a choisi pour nom de groupe Mardi Gras, jour le plus important de l'année dans cette ville. Mais pourquoi BB ? Les petits coquins penseront sans doute à Brigitte Bardot, alors qu'en toute logique musicale, BB correspond aux initiales ‘brass band’. Le docteur a une toute autre explication : " En fait, BB est simplement le code des crayons de couleur noire ; et ceux qui contiennent le plus de graphite portent cette appellation ".

La Nouvelle-Orléans ! Le Révérend y était en 1992, lorsqu'il a eu l'idée de monter ce projet. Une idée qui ne l'a plus jamais quittée. Et lorsqu'il est retourné en Europe, il a juré qu'il ne ferait plus jamais que de la musique avec des cuivres ; dansante, aussi bien pour lui que pour le public. " La scène est alors devenue notre objectif. Et lors de chaque concert nous avons commencé à jouer pour et dans le public. Mais il nous fallait un chanteur, c'est pourquoi j'ai contacté le Docteur… On a ainsi commencé à développer ce son acoustique, en privilégiant la cohérence, plutôt que la virtuosité. On n'avait pas besoin d'un John Coltrane dans notre groupe, mais simplement tout mettre en œuvre pour jouer à l'unisson, faire battre les cœurs au même moment ". Une philosophie qui n'est quand même pas facile à cultiver, surtout lorsqu'on compte autant de musiciens. Plus d'une dizaine ! Le Doc est du même avis. Pas au point de déléguer un chef d'orchestre, comme c'était le cas au cours des seventies, pour des formations telles que Blood Sweat & Tears ou Chicago. Mais simplement pour maintenir une certaine discipline. Et c'est un peu le rôle que jouent le Révérend et le Doc. Et ce dernier d'ajouter : " Cette discipline, est innée chez tous les Allemands. Ce n'est un secret pour personne. Et cette combinaison de cette discipline avec une approche toute particulière de l'esprit vaudou donne de la consistance au groupe. En fait, le but est de respirer dans le même rythme. C'est à dire comme si on jouait dans un seul corps. Plusieurs personnes qui respirent en une seule. C'est un peu comme dans le sport. En aviron, tout particulièrement. Il faut absolument respirer en même temps, dans le même rythme, si tu veux gagner… "

Reverend Krug joue du sousaphone. Pas un instrument pour extraterrestre, mais une variété de tuba plus facile à manipuler et surtout à transporter. Un instrument qui est d'ailleurs utilisé dans les fanfares pour majorettes. Le Révérend s'en sert, lui, pour canaliser le groove de la musique du combo. Il s'explique : " Il est impossible de jouer un phrasé de groove sur un sousaphone, si tu ne peux pas le sentir et adapter ta respiration en conséquence. Et c'est la même chose pour tous les cuivres. La respiration y tient une place primordiale… Tu t'en rendras compte lorsque tu nous verras sur scène. Le groove est quelque chose de très important, c'est lui qui stabilise nos chansons. " Mais la caractéristique originale de la musique de Mardi Gras. BB procède de la présence d'un DJ : DJ Mahmut. Le Révérend raconte : " C'est notre producteur, Gordon Friedrich, qui nous a permis de le rencontrer. Il voulait améliorer le concept du groupe. Y apporter un plus. Il a ainsi été invité à participer à l'enregistrement de notre premier album, ‘Alligator soup’, pour lequel il a commis quelques scratches sur un titre. Et puis il est parti en tournée avec nous. Depuis, il est devenu un membre du groupe à part entière, et a participé à l'intégralité des sessions du nouvel opus, ‘Supersmel. " Oui mais, vu le contexte musical contemporain, l'engagement de ce DJ n'était-il pas prémédité ? Au Doc de se justifier : " Personnellement, je n'ai jamais eu le sentiment que son arrivée était préméditée. Elle est plutôt le résultat d'une expérience qui s'est bien passée. Et aujourd'hui, nous ne voudrions plus nous passer de lui ". Et le Révérend ajoute : " DJ Mahmout a une énorme culture dans le domaine du funk et de la soul. Il nous a apporté énormément d'idées de samplings. Et de son côté, il s'est dit qu'il serait sans doute intéressant de vivre une telle expérience avec un brass band ".

Le Doc se réserve donc le chant. Une voix plutôt écorchée qui fait même penser à Tom Waits ou à Captain Beefheart. Une comparaison qui ne le dérange pas du tout, puisqu'il apprécie beaucoup ces deux musiciens. M'enfin, il pense plutôt qu'il s'agit d'une coïncidence due au fait qu'il parle, plus qu'il ne chante sur la mélodie. Et puis que sa voix est aussi éraillée. Et d'expliquer : " On ne fait pas du bel canto, je dispose plutôt d'un baryton cassé enclin à raconter des histoires ". Les deux compères ont beaucoup d'admiration pour Dr John. " Parce qu'il représente l'esprit de New-Orleans ", motive le Révérend. Ainsi que pour feu Screamin Jay Hawkins. Sur les traces duquel ils marchent peut-être. Et le Doc d'avouer " Oui, nous avons adopté, quelque part, son jeu de scène, sa manière de présenter les musiciens. C'est même devenu un élément déterminant au sein du groupe. Ce maître est décédé l'an dernier. Et comme nous sommes toujours vivants, nous essayons de perpétuer son héritage… "

(Version originale de l'interview parue dans le n° 89 - janvier/février 2000 du magazine Mofo)

 

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