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Meril Wubslin fait ça… et dans la langue de Molière…

Fondée en 2010 par Christian Garcia-Gaucher (BE/CH) et Valérie Niederoest (CH), Meril Wubslin est une formation belgo-suisse dont la musique est décrite comme lo-fi-folk-sci-fi-psyché-transe. Duo à l’origine, elle est passée à un trio en 2015, à la suite de…

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Prog pop, mais pas seulement… Spécial

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Depuis Bel Canto, la Norvège n’avait plus mis au monde de groupe aussi intéressant. Retenez bien ce nom: Motorpsycho. Fondé au tout début des nineties, il comptait à son actif, avant l’enregistrement d’« Angels and daemons at play » une volée de singles, un mini CD et quatre albums studios. Tous passés inaperçus. Phénomène qui s’explique facilement pour une formation en avance sur son temps. Mais qu’il est difficile d’admettre au vu de l’originalité et de la qualité de sa musique. Entretien avec Snah (NDR: prononcez ‘Schann’), porte parole mais surtout guitariste de cet ensemble finalement plus européen que scandinave.

« Blissard », votre album précédent avait été enregistré dans les anciens studios d’Abba à Stockholm. Cette aventure a dû vous coûter un os?

Effectivement. Mais, nous avons pu bénéficier des infrastructures d’un studio nickel, à la pointe de la technologie moderne, meublé d’instruments historiques tel qu’un piano à queue dont Abba s’était servi pour enregistrer. On a même eu la chance de pouvoir l’utiliser. C’était une chouette expérience qui n’a duré que 15 jours, mais elle nous a coûté la peau des fesses. Pas seulement à cause du studio. Mais aussi des chambres d’hôtel que nous avons dû louer. On en garde cependant un très bon souvenir. « Angels and daemons » a été enregistré en Norvège. En sept jours. Dans un studio moins onéreux. On s’était brûlé les ailes une fois, c’était largement suffisant. Et puis nous ne souhaitions pas y séjourner trop longtemps. Parce que nous serions incapables d’y passer 2 mois. Nous deviendrions complètement fous. Il ne nous a d’ailleurs fallu que 3 semaines pour le terminer. C’est largement suffisant. Nous avons tout fait nous même. Même le mixing et la production. L’inspiration et l’énergie étaient au rendez-vous à ce moment-là. Ce qui nous a permis de conserver ce feeling ‘live’ auquel nous tenions absolument.

« Demon box » en 93 et « Angels and daemons at play » aujourd’hui. Etes-vous fascinés par les forces du bien et du mal? Par la mythologie, les divinités, la vie après la mort?

Oui, bien sûr. Nous lisons énormément de bouquins consacrés à la littérature ésotérique, aux phénomènes paranormaux. Nous sommes intéressés par ce genre de choses. Ce qui ne veut pas dire que nous jouions au tarot pour décider de notre avenir. Nous savons ce que nous devons faire et ne prenons jamais nos décisions sur un coup de tête. Néanmoins, j’estime que la mythologie, l’histoire et les fables sont très importantes pour nous. Surtout lorsqu’on vit dans un monde qui veut se couper du passé, pauvres en relations humaines, ultra matérialiste. Ce qui ne veut pas dire que nous adhérions à la sorcellerie ou que nous organisions des messes noires. On est loin de tout ça. Tout simplement, on essaie de réinventer une certaine philosophie de la vie...

Votre musique est à la fois riche et complexe. Il y a des tas et des tas d’influences. Etes-vous intéressés par l’histoire du rock’n’roll?

Absolument! Nous reconnaissons être influencés par beaucoup d’artistes issus de l’histoire du rock’n’roll. Certains plus que d’autres. Cela nous permettra peut-être de projeter une nouvelle lumière au sein de l’univers du rock et de la pop. Nous aimons les groupes issus des sixties et des seventies. Le jazz aussi. Notamment John Cotrane. Le krautrock de Can et de Faust. Et puis une multitude d’autres formations dont les noms m’échappent pour l’instant.

Telles que King Crimson et Sonic Youth?

Nous écrivons nos chansons un peu à la manière de Sonic Youth. Nous les composons à la guitare en partant d’une hauteur mélodique branchée sur un réglage spécifique. Le problème, c’est qu’en tournée, vous trimballez une bonne vingtaine de guitares. Parce que chaque chanson exige un réglage spécifique. Mais cela en vaut la peine.

Est-ce qu’on peut dire que Motorpsycho est quelque part prog pop? Nous voulons dire dans l’esprit de Spiritualized et d’Ozric Tentacles; mais dans un autre style?

Oui ! Parce que nous exprimons nos chansons à la fois de manière semblable et différente. Différente parce que nous avons chacun notre style. Semblable, parce que l’interprétation de nos compositions est à chaque fois différente. Prend l’exemple d’Ozric Tentacles qui ne programme que 50 % de ses chansons. Le reste se construit suivant un schéma totalement improvisé. Et ça marche!

Comment expliquer ce boom de la scène pop/rock scandinave?

On assiste pour l’instant à une véritable explosion de groupes en Europe et pas seulement en Scandinavie. C’est le résultat de cette nouvelle vague psychédélique. En fait, elle a été fort négligée au cours des 20 dernières années. Le punk et ses dérivés l’ont empêchée de se développer. Surtout sur le Vieux Continent, plus réceptif à une musique progressive, élaborée. Elle a dû se terrer dans l’underground en attendant son heure...

Que représente Bel Canto pour Motorpsycho ?

Nous les connaissons bien. Ils sont en train de prendre du bon temps, ils viennent de sortir un dernier album, qui soit dit en passant n’est pas fameux. Issu du Nord de la Norvège, ils ont un caractère typiquement scandinave. Ils vivent à Tromsø, un lieu très particulier. En fait, l’hiver il fait toujours nuit, et en été presque toujours clair...

Vous avez écrit la bande sonore pour un film de country & western appelé « The tussler ». Aimez-vous le cinéma italien? Et tout particulièrement le western spaghetti?

Nous aimons les films de Sergio Leone et de Clint Eastwood. Et nous avons été très heureux de pouvoir composer cette bande sonore. D’autant plus que nous apprécions beaucoup la musique country. En fait, les Américains de peau blanche sont d’origine européenne, et la country vient également d’Europe. Mélodiquement, nous nous sentons très proche de ce style de musique. Et régulièrement, il nous arrive de jouer du banjo ou de la steel guitare. C’est un défi pour nous. Nous apprenons beaucoup à travers tous ces différents styles de musique. Nous avons même réalisé un projet en compagnie d’un groupe de jazz norvégien. Nous avons beaucoup répété pour finalement nous produire ensemble lors d’un concert de jazz en Norvège. Nous sommes ouverts à tous les styles musicaux. Nous sommes capables de passer du heavy metal aussi sauvage que celui de Motörhead à la musique psychédélique.

Quelle est la genèse du nom du groupe? Y a t-il une certaine corrélation avec la psychomotricité? Et pourquoi?

Nous étions invités à Londres en 1990 pour assister à une conférence sur la psychomotricité, mais nous n’y sommes jamais allés, car nous étions bourrés. Avant de fonder le groupe, je travaillais dans un centre de réhabilitation pour les accidentés de la route. J’étais, il est vrai, déjà dans ce milieu de la psychomotricité. Mais, en réalité, nous n’avons jamais pensé à cela lorsque nous avons choisi le nom du groupe. En fait, nous trouvions que c’était un nom qui collait bien et puis on l’a choisi parce qu’on aimait l’étymologie du mot: Motor Psycho...

Merci à Vincent Devos.

(Article paru dans le n° 56 du magazine Mofo de septembre 1997)

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