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Les détours d'un petit retour Spécial

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Une sentence en forme d'épitaphe, six musiciens, une obstination poétique politiquement correcte, Tout est Joli/All is pretty marque son 'petit retour'. Au cœur des retrouvailles, « Ritournelles », deuxième album de haute volée. Entre anglais et français, Moïse et Epicure, Randy Newman et Leonard Cohen, la formation esquisse les contours d'un album en dents de scie. Inoffensif mais diablement jouissif. Rencontre. 

Votre nouvel album s'intitule « Ritournelles ». Ce titre évoque un morceau symphonique. Comment interprétez-vous ces « Ritournelles » ?

Un jour, je parcourais l'œuvre du philosophe français Gilles Deleuze. Dans un de ses écrits, il donnait une définition de la musique, soulignant au passage que ses fondations reposaient sur la ritournelle. Dans toutes les musiques, on retrouve des ritournelles. Cette explication de Gilles Deleuze m'a semblé extrêmement limpide. Et puis, le mot ritournelle trouve son origine dans le vocable italien : 'ritornello'. Autrement dit 'le petit retour'. Ce qui correspond bien à l'idée globale du disque et de sa pochette. La couverture ressemble à de l'art brut. En réalité, il s'agit du diagramme chinois du changement. Cette illustration remonte donc à une époque très lointaine.    

Le nom du groupe découle-t-il de la célèbre citation d'Andy Warhol ?

Il y a plus d'une quinzaine d'années, je suis allé voir une rétrospective d'Andy Warhol à Cologne. Je ne suis pas vraiment un grand admirateur de l'artiste mais en visitant cette exposition, je suis tombé nez à nez avec un mur blanc sur lequel il était écrit 'All is pretty'. C'est un des plus beaux aphorismes qui puisse exister. 

Votre approche de la musique semble très religieuse. Est-ce votre volonté de départ de toucher à toutes les religions à travers vos chansons ?

En fait, nous ne sommes pas du tout religieux. Néanmoins, je considère que tout l'ancien testament et la mort de Moïse constituent une véritable splendeur. C'est de la très grande littérature. Et si nous évoquions la naissance du rock'n'roll ? Le rock découle du blues, directement inspiré du gospel. On retrouve donc une dimension très chrétienne à travers le rock. Pour preuve, Skip James, maître absolu du blues américain, connaissait l'ancien testament par cœur. Et tous les amateurs de rock ayant élu Elvis comme monarque doivent savoir qu'il était un éblouissant chanteur de gospel. Aujourd'hui, il est de bon ton de diaboliser les religions. Et bien, au fond, c'est un peu idiot...

Votre musique est un peu à l'image de votre patronyme. Vous chantez aussi bien en anglais qu'en français. Pourquoi abordez-vous ces deux langues sans pouvoir trancher entre Tout est Joli et All is pretty ?

Notre intérêt pour le taoïsme a certainement eu un impact important sur ce concept. Cette discipline conseille, en effet, à ses adeptes de ne pas choisir ou, tout du moins, d'éviter de choisir. D'un point de vue moral, on peut considérer cette perspective comme une forme de lâcheté. Mais ce n'est pas le cas. Sur « Ritournelles », le recours à la langue française est très précis. Cependant, je pense que pour certains types de musiques, l'anglais est plus approprié. Il existe une musicalité anglo-saxonne propre à l'anglais. Certaines musiques anglo-saxonnes n'ont d'ailleurs pas d'équivalent en français...  

Vos sources d'inspirations sont-elles d'ordre poétique ?

Notre inspiration est à la fois musicale et littéraire. Il y a tellement de musique dans les livres qu'on en arrive parfois à une sorte de confusion. Nous nous inspirons évidement de ce que nous lisons et entendons. A travers ce disque, l'auditeur peut également déceler un aspect non négligeable de notre musique : son côté politique. En écoutant «  La fin du Mal », on retrouve d'ailleurs cette appétence. En général, en musique, lorsque le narrateur évoque son récit à la première personne du singulier, ce n'est pas lui qui parle. C'est un principe ironique traditionnellement utilisé pour évoquer une histoire, un concept, une idée. Dans « La fin du Mal », le 'nous' relève de ce principe, faisant ainsi une allusion évidente au communisme. C'est donc un point de vue ironique.  

En ce sens, considérez-vous la fin du communisme comme une des plus belles victoires de l'humanité ?

Indéniablement, la fin de cette idéologie politique a engendré la fin d'un totalitarisme extrêmement criminel. Le nazisme et le fascisme sont deux formes d'exploitation du peuple dont les réputations ne sont plus à faire : c'est absolument monstrueux. Une question se trame derrière cette réflexion : 'Qui attendait quelque chose du nazisme ?' A l'époque, les autorités allemandes avaient jeté de la poudre aux yeux du peuple. Mais le reste du monde avait décelé les contours de cette vaste supercherie. Pour le communisme, c'est une autre paire de manche ! En effet, le communisme a représenté un sérieux espoir dans de nombreux pays. C'est ça que je trouve terrible... J'ai tendance à considérer qu'il existe une sorte d'amnésie autour de la notion de communisme. De nombreuses personnes affirment que cette idéologie véhicule de bonnes choses... De bonnes choses ? En Chine, il ne faut pas oublier que ces bonnes choses ont engendré 70 millions de morts. Si on appelle ça de bonnes choses... Pour revenir à la chanson intitulée « La fin du Mal », j'espère que les auditeurs ne la taxeront pas d'anticommunisme primaire. Car il faut bien se le dire : il n'existe pas d'anticommunisme primaire...

Dans votre discographie, « Ritournelles » est votre deuxième album. Votre premier disque a été enregistré voilà plus de sept ans. Comment expliquez-vous cette absence prolongée ?

Nous sommes revenus un dimanche... (rires) Après le premier album, nous avons rencontré des difficultés pour enregistrer un nouvel album. Nous avions besoin de réfléchir, de faire une pause. Elle aurait pu être définitive. Mais, finalement, nous nous sommes retrouvés autour d'un concert. C'était dans une salle appelée « Le Phoenix ». Et ne dit-on pas que l'animal renaît toujours de ses cendres ?  C'est donc dans cette salle que nous avons rencontré le manager du label Soundstation. Il nous a permis d'enregistrer « Ritournelles », notre 'petit retour' discographique…

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