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Libres de contrat! Spécial

Écrit par - Sophie Jassogne -

Bâti sur les cendres des Undertones par les frères O'Neill, That Petrol Emotion a toujours été un favori des critiques, mais a constamment rencontré des difficultés auprès des firmes de disques. Leur dernière en date, Virgin, les a virés. Ce qui a convaincu le groupe de continuer désormais sur leur propre label ‘Koogat’ (en licence sur New Rose en France et chez Play It Again Sam en Belgique). Les membres du groupe irlandais qui ont bien géré le départ de Sean O'Neill, leur guitariste et principal compositeur, semblent animés d'une foi inébranlable! Sur « Fireproof », leur nouvel album, ils ont même intitulé un morceau « Last of the true believers » ! Explications en compagnie de Steve Mack, le chanteur, américain lui...

Difficile à croire, hein? De toute façon, notre but a toujours été de sortir plus de disques que les Undertones. Aujourd'hui, c'est fait! Le nouveau est arrogant. C'est une sorte de grand ‘Fuck You’ adressé à l'industrie du disque, aux grosses compagnies. Vous ne nous aimez pas? On s'en fout! On est un grand groupe, quoi que vous pensiez...

N'était-ce pas quand même traumatisant de se faire jeter par Virgin, votre firme de disques ? Vous avez songé à vous séparer ?

Oh oui. Spécialement l'été dernier, j'étais retourné à Seattle –d'où je suis originaire– pour voir des amis et de la famille. C'est à ce moment-là que Virgin nous sacqués. 'Libres de contrat!’ On s'y attendait et c'était plutôt une bonne nouvelle pour chacun de nous. Seulement voilà, moi, je suis resté deux semaines de plus que prévu aux Etats-Unis, cinq au lieu de trois. J'ai donc laissé un message sur le répondeur d'un des membres des Petrols. Manque de pot : le message n'a pas été enregistré. Alors, quand je suis revenu à Londres, un copain m'aborde et me dit: ‘Tiens, vous avez splitté ?’ Là dessus, je téléphone à Damian, le guitariste, pour lui demander des nouvelles. Il me dit ‘Ben on était sans nouvelles de toi, on croyait que tu allais rester définitivement aux Etats-Unis!’ Finalement, nous avons tous discuté et nous nous sommes rendus compte que nous étions d'accord : il fallait rester ensemble au moins pour que le disque que nous avions réalisé sorte un jour. On a donc décidé de le réenregistrer, parce que nous n'étions pas tout à fait satisfaits de la première version.

Malgré tous ces ennuis, vous semblez toujours y croire. C'est la signification de la chanson « Last of the true believers » ?

Oui, si tu veux. Les thèmes des chansons, c'est vrai, tournent autour de ‘nous-mêmes’. « Detonate my dreams » est un peu dans le même esprit. On parle des vaches maigres, d'un groupe désargenté qui, pourtant, continue à faire de la musique parce qu'il y croit dur comme fer!

Comment vois-tu l'avenir si vos disques ne se vendent pas mieux?

Ben... Je possède mon propre studio d'enregistrement maintenant. Je pourrai toujours me reconvertir. C'est d'ailleurs mon occupation en dehors du groupe. Mais on a tous l'impression que ce disque va marcher... De toute façon, même s'il n'y a que nos fans habituels pour l'acheter, ça nous permettra déjà d’en faire un autre. Mais on espère plus évidemment. On fera beaucoup de scène pour mettre tous les atouts de notre côté. La situation ne peut donc que s'améliorer.

J'ai lu une critique qui disait que « Detonate my dreams » aurait été un hit dans les années 80, mais qu'aujourd'hui...

Je ne peux pas croire ce genre de truc. Ca m'a tourneboulé. Il est écrit que la chanson est très bonne, de la veine de « Hey Venus » ou « Big Decision »... Moi, je crois qu'à partir du moment où une chanson est bonne, les gens s'y intéresseront. Imagine que ce soit Therapy? qui signe « Detonate my dreams » aujourd'hui. Eh bien, crois-moi, le morceau serait considéré comme un classique des années 90. Par contre, si nous sortions leur single à eux, les gens nous regarderaient en se demandant ce qui nous prend. Attention, j'aime bien l'album de Therapy?, qu'on me comprenne bien. Tout ça me fait rigoler. Une réaction comme ‘OK, quelle bonne chanson, mais personne ne va l'acheter’. Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu'on est trop vieux?

Quel âge as-tu?

29 ans, c'est moi le bébé du groupe. Non, pour clore le sujet, je dirais que chaque fois que je vais voir un nouveau groupe, je le compare à ce que nous sommes. Et la comparaison est toujours en notre faveur. Les Petrols sont bons et encore meilleurs qu'il y a quelques années.

Des rumeurs de reformation des Undertones ont circulé. C'était vrai?

Oui. Feargal (Sharkey, le chanteur) ne voulait pas en entendre parler. Nous, on a répondu à Damian qu'il aurait pu l’envisager soit l'an passé, soit l'an prochain, mais pas cette année. Cette année, c'est That Petrol Emotion! De toute façon, je crois que la magie des Undertones était due à leur âge. A l’époque ils étaient très jeunes : 17, 18 ans. Tu les imagines chanter « Teenage Kicks » à 35 ans? Ce serait embarrassant pour des gens qui sont mariés et ont des enfants. Tu ne crois pas?

Tu rencontres encore Sean?

Chaque fois qu'on se produit en Irlande du Nord, il vient nous voir. Il donne des leçons de guitare aux gosses maintenant.

Et s'il voulait rejoindre le groupe?

Il n'est pas le bienvenu (rires). Non, s'il veut nous refiler des chansons, pourquoi pas? Mais, il ne souhaitait plus être dans le groupe, parce qu'il voulait s'occuper de sa famille, de ses enfants. La famille et le rock'n'roll, c'est l'huile et l'eau, ça ne se mélange pas. Sean aurait pu continuer avec nous si nous avions décidé de travailler en dilettante, accorder un concert de temps en temps. Comme professionnels, ce n'était plus possible.

Qu'est-ce qui pourrait être une consécration pour vous?

Juste la reconnaissance populaire. Les critiques, eux, nous ont toujours aimés. La scène reste importante pour nous. A 17/18 ans, j'ai vu tous ces groupes : Iggy Pop, Killing Joke, Dead Kennedys, Gang Of Four, Public Image Ltd. C'était comme une drogue pour moi. Et c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de me lancer dans la musique. On va remonter sur scène, quasi après 5 ans d'absence, et la période est difficile, j'ai l'impression que l'assistance est partout en constante diminution : plus personne n'a suffisamment d'argent pour se payer tous les concerts. Mais il y a peut-être une autre explication : je me demande si tous ces shoegazers n'y sont pas pour quelque chose. Ride en ‘live’, c'est à peu près aussi passionnant que regarder de l'herbe pousser. Je veux bien que leurs disques soient bons, mais sur scène, le rock'n'roll c'est pas ça. Un groupe doit suer et convaincre le gars qui est là d'oublier la journée merdique qu'il vient de vivre. Et ce feeling, il n’y a plus beaucoup d'Anglais qui parviennent à le communiquer. Davantage d’Américains, oui. Suede est un jeune groupe. Pourtant, ses chansons sont extraordinaires. Mais je me demande si ce statut ne va pas leur monter à la tête. Est-ce qu’ils ne vont pas se croire aussi grandiose que Manhattan, un de ces jours? Regarde où sont les Stone Roses aujourd'hui! Eux, ils ont sorti un excellent 45tours ; point à la ligne. J'ai lu un sondage selon lequel Reni est le plus grand batteur de tous les temps, à cause de « Fools Gold ». Cette réflexion me rend furax : sur « Fools Gold », c'est pas un batteur qu'on entend, c'est une boîte à rythmes.

Steve, tu es américain, est-ce un avantage alors, aujourd'hui?

Pendant très longtemps, c’était un désavantage Au départ, on me disait: ‘Comment peux-tu parler de l'Irlande, toi qui es américain?’ Et puis quand on a commencé à jouer live, les autres m'ont demandé de ne pas gigoter autant en chantant, parce que je détournais l'attention du public, et que l'important c'étaient les chansons! Là, j'ai dit: ‘Stop, attendez les gars, je suis ricain ; j'aime la musique et je la vis. Le jour où je ne me démènerai plus en les interprétant, ça voudra dire que je n'aime plus nos chansons.’ Voilà, mais en ce qui me concerne, je crois qu'il vaut mieux être américain en Grande-Bretagne aujourd'hui qu'il y a 8 ou 10 ans. Entre-temps, il y a eu Seattle...

(Article paru dans le n° 12 du magazine Mofo d’avril 1993)

 

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