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Des chansons, pas du bruit… Spécial

Écrit par - Geoffroy Klompkes -

Catherine Wheel n'est pas un groupe de noisy, pas plus qu'un ‘shoegazer’ ou qu'un membre de la ‘scene that celebrates itsef. Ses musicos ne veulent pas qu'on les qualifie comme tels, en tout cas. Et on les comprend. Mais rappelons d'abord la signification de quelques mots de vocabulaire. ‘Shoegazer’ qualifie les musiciens qui regardent leurs chaussures quand ils jouent. ‘The scene that celebrate itself’ concerne les groupes souvent shoegazers qui passent leur temps à se faire voir aux concerts des autres. ‘Hype’ est un terme qui désigne les formations ou artistes devenus rapidement chouchous du NME ou du Melody Maker, parce qu’à la mode ou dans l’air du temps. Aujourd'hui en tout cas, plus personne ne veut être traité de ‘shoegazer’. Un substantif à fuir comme la peste…  

Rob Dickinson : il y a énormément de pression, sur un groupe, quand il commence. On a souvent été comparés aux ensembles noisy, à nos débuts, catalogués dans la ‘scene that celebrates itself’ qui était plus sociale que musicale. C’est pourquoi nous n’y étions pas impliqués, car nous sommes issus de Londres. Ceux qui appartiennent à ce mouvement construisaient de gros mur du son ou essayent désespérément de se recréer. Ils ne comptent que douze mois d'existence et doivent déjà se réinventer! Moose a sorti un LP qui, pour éviter les critiques de shoegazing, s’est orienté vers le country & western. Ils essaient à tout prix de modifier leur style pour ne pas hériter de l’étiquette ‘shoegazer’ ! Notre son évolue mais ce qui était vrai pour Catherine Wheel, il y a deux ans, reste d'actualité. Notre musique est basée, avant tout, pour des chansons. Pas sur le bruit. On a effectivement franchi un pas entre nos premiers Eps et note création actuelle. Mais on n’a pas cherché à se renouveler, on n'essaie pas plus de suivre les modes. Notre démarche était en vogue, il y a un an ; elle ne l'est plus aujourd'hui. Des compos comme "Black Metallic" ou "Texture" ne découlent pas sur le bruit ; on pourrait les jouer sur des guitares acoustiques. Une attitude souvent adoptée lors de notre tournée américaine, pour les interviews radio et télé.

C'est précisément "Black Metallic" qui marque cette rupture, en révélant la véritable personnalité de Catherine Wheel ?

R.D. : Oui, « Black Metallic » incarne l'ultime rencontre entre une chanson à la structure assez classique et un bruit magnifique, sur le fil du rasoir. Marcher sur cette ligne entre la tentation d'être des songwriters –ce qui est une erreur, car on écrit nos chansons très naturellement, sans vraiment se soucier de leur donner une ossature– et produire un gros mur de guitares. Une ouverture qui permet, en concert, de construire quelque chose de différent. "Black Metallic" est la moelle de tout ce qu'on a essayé de créer, la cristallisation de Catherine Wheel.

Aujourd'hui, les ex-hypes de la presse anglaise (Lush, Chapterhouse...) se font démolir. On peut dire que vous avez eu de la chance de ne pas avoir subi le même sort.

R.D. : C'est vrai. Car dès qu'on a été une hype, on ne peut que décliner sans espérer remonter la pente. Ce groupe existe sur ce qu'on fait spontanément. J'ai grandi en lisant le NME et le Melody Maker. C'était la seule raison de se lever, le mercredi matin et durant la semaine. Le risque est donc grand de les prendre trop au sérieux et d'attraper la grosse tête car on se retrouve tout d'un coup, dans ces journaux, à notre tour. Je connais pas mal de formations qui écrivent leurs chansons, non pas pour eux-mêmes, mais pour la presse anglaise. Ils savent qu’en produisant un certain type de son ou en incarnant un certain modèle de groupe, on parlera d'eux dans la presse musicale. C'est assez étrange. On n'a jamais été une hype et c'est très bien ainsi, car cette situation nous a permis de grandir naturellement. Tout ce que nous avons accompli, à ce jour, relève de notre propre identité. Sans image préfabriquée, sans relations dans le milieu des stations de radio ou de la presse musicale. On y est parvenu grâce à nos chansons.

Et que pensez-vous de la dernière grande hype en date: Suede?

R.D. : Ils sont formidables. Vraiment très bons. Il est de bon ton de clamer qu'ils sont nuls ; il est très facile de les dénigrer, mais ils racontent des choses assez intéressantes. J'ai lu une interview où ils critiquaient certains groupes de la Scene, parce qu’ils avaient tous le même son. Je comprends Suede quand ils les attaquent ; il y a quand même une sorte d’abdication de votre identité de groupe. Ils produisent tous des paysages soniques qui n’existent que pour trois minutes. Une fois encore, c'est peut-être bien, mais je peux comprendre la frustration de ceux qui veulent des paroles, des riffs de guitare, un contenu créatif. C'est très facile de créer un mur du son très compact, qui va et qui vient! Suede se nourrit d'influences complètement différentes comme Bowie, T.Rex... Pas mal de musiques avec lesquelles j'ai grandi, d'ailleurs. Mais je ne pense pas que les gens prennent la presse musicale trop au sérieux. Ils savent bien que si le Melody Maker estime qu'un groupe est génial, il ne vaut peut-être rien. Ils lisent ces journaux, avant tout, pour se distraire.

Votre signature sur une major (Fontana) a-t-elle été bien acceptée ?

R.D. : Il existe un certain snobisme dans cette éthique ‘indie’. C’est totalement stupide. Nous sommes un groupe indépendant, on travaille de manière indépendante, personne ne nous dicte ce qu'on a à faire. On a eu la chance d'être dans une position assez forte, quand on a signé chez une major. On fait, sur Fontana la même chose que ce qu'on faisait sur notre petit label. Creation voulait nous recruter, comme de nombreux autres gros labels indépendants ; mais aucun n'était prêt à nous octroyer ce qu’on attendait. Seul Fontana voulait bien nous payer suffisamment tout en nous laissant une totale liberté. Les gens commencent enfin à comprendre que, ce qui compte, ce n'est pas le label qui vous héberge, mais bien la musique que vous enregistrez. Nirvana a réalisé un des meilleurs albums de ces 10 dernières années sur un major! En Angleterre, on veut en finir avec les charts indés, car ils ne représentent pas la scène indépendante. Il faudrait les remplacer par des charts de musique alternative ; ils ne seraient plus orientés sur le label mais sur l'attitude. Kilye Minogue relève d’un label indépendant! C'est un peu offensant pour la mémoire des Smiths et de Joy Division... Néanmoins, je crois que les labels indés seront toujours nécessaires ; ils permettent de sortir ses premiers disques sans l'obligation d'un succès immédiat. C'est très important pour les jeunes groupes.

(Article paru dans le n°7 du magazine Mofo de novembre 1992)

 

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