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Glass Beams signe chez Ninja Tune

Glass Beams, groupe énigmatique établi à Melbourne, s'inspire de son héritage indien, infusant son psychédélisme serpentin d'instrumentations cosmiques et de polyrythmies du monde. Son premier album, « Mirage », enregistré en home studio, est une fusion…

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Shaka Ponk - 14/03/2024
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De l'encre sur les mains, des idées plein la tête Spécial

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Fin du mois d’août, la Belgique prend l’eau. Vu le temps, c’est presque devenu une habitude. Les parapluies sont de sortie, les gouttes inondent le bitume. Pourtant, il en faut plus pour décourager les fans des Tellers, venus en nombre, en cette fin d’été mouillée, fouler le pavé pour se procurer ‘Hands Full of Ink’ (traduisez : ‘Les mains pleines d’encre’), le graal, le premier album de Ben Baillieux-Beynon et Charles Blistin. Véritable phénomène, The Tellers est le groupe du moment, la formation attendue au tournant. Sur disque, le duo s’en sort avec les éloges : des chansons décontractées, plantées, comme si de rien n’était, sur des mélodies folk-rock à siffloter. Sous la pluie, forcément.

Assis sur la banquette d’un café du centre-ville bruxellois, les Tellers gobent un sandwich à l’arrachée. En les voyant engloutir une dernière becquée entre deux interviews, on se dit que même pour manger, tout va très vite pour ces gars-là. « C’est certain », acquiesce Ben en déglutissant poliment. « Après le succès inattendu de notre mini album, notre label nous a fixé des échéances. On n’était pas en avance. En plus, on traîne toujours un peu les pieds. Si bien qu’en arrivant en studio, on n’avait pas suffisamment de morceaux. Alors, on nous envoyait régulièrement dehors pour composer de nouvelles chansons », explique-t-il. Enregistré dans l’urgence des délais imposés, ‘Hands Full of Ink’ respire la spontanéité et la simplicité. « On est très content du résultat final ! Même si le son de certains morceaux aurait, selon moi, gagné à être plus sale, plus crasseux », glisse Charles. « Cependant, on devait sortir ce disque assez vite. Alors voilà, c’est fait. » Mais c’est bien connu, la vitesse n’effraie pas les Tellers. Formé en 2005, remodelé à plusieurs reprises en 2006 suite au retentissement du single ‘More’ et du titre ‘Second Category’, utilisé pour une publicité internationale (celle de la nouvelle imprimante Canon), le groupe semble enfin se stabiliser. « Au début, avec Charles, on privilégiait la formule duo. Face à la multiplication des dates de concerts et l’élargissement de la taille des scènes, on s’est vite présenté en quatuor. Ça n’a pas été simple de trouver le line-up idéal », explique Ben. Cette fois, les Tellers semblent pourtant avoir trouvé leur équilibre. Après quelques changements de personnel, on retrouve François Gustin à la basse et Kenley Dratwa derrière les fûts.

Des filles et des mélodies

C’est indéniable, l’album des Tellers fait souffler un vent de fraîcheur sur les ondes, petit air léger qui dépasse déjà nos frontières. France, Allemagne, Pays-Bas, Italie, Scandinavie, tous les pays d’Europe succombent au charme d’‘Hugo’, nouveau single tiré de ‘Hands Full of Ink’. « Suite à la sortie de notre mini album, notre label a signé un accord avec ‘Cooperative Music’, un département du label international ‘V2 Music’ », indique Charles. « C’est une chance incroyable de pouvoir diffuser sa musique aussi loin », poursuit-il. Le couronnement médiatique de leurs chansons ne doit cependant rien au hasard. La prouesse des Tellers, c’est d’être parvenu à canaliser une énergie, venue de Grande-Bretagne, de l’intégrer et de la servir sous un jour nouveau, léger et décontracté. « Dès nos premiers morceaux, on nous a comparé aux Libertines, à Pete Doherty. Sa musique nous a motivés, c’est indiscutable », affirme Ben. « Mais notre nouvel album marque une évolution. D’une certaine façon, on peut dire que nous sommes en train de nous affranchir de cette référence. Les chansons et notre personnalité s’affirment. Bientôt, je crois que les journalistes ne nous poseront plus la question. Même si on ne niera jamais l’impact de Doherty sur nos débuts », commente-t-il. Sur album, le point fort des Tellers repose sur l’art de broder des mélodies d’une troublante efficacité. « J’amène toutes les parties instrumentales », souligne Charles. « Et moi tous les textes ! », renchérit Ben. Les deux font la paire et se complètent à merveille. Comme si le destin avait, depuis le début, décidé d’une rencontre entre ces deux-là. Et puis, le tout est chanté dans un anglais irréprochable. « Je n’ai aucun mérite ! », lance Ben. « Ma  mère est d’origine galloise. Alors, forcément, ça aide… » En attendant, son timbre heurté, vaguement râpeux, fait des ravages. Lors des concerts, les Tellers déchaînent les foules, les filles surtout. A chaque sortie du quatuor, les cris des groupies pilonnent leurs joyeuses mélopées. « Ça ne nous dérange pas vraiment », rétorque Charles, « Au contraire, c’est plutôt agréable ! On n’explique pas cet engouement du public, cette exaltation. Mais c’est une bonne chose ». « Même si ce n’est pas toujours évident à gérer auprès de nos copines respectives », rappelle Ben. En attendant, le groupe signe un bel album, une jolie collection de chansons prêtes à enflammer l’assemblée. « Notre réussite est parfois gênante », explique encore Ben. « On passe souvent pour des types arrogants, des chieurs. Pourtant, on n’est pas des méchants… On rencontre parfois l’hostilité de techniciens qui s’énervent sur nous sans aucune raison », ajoute-t-il. « Après, nous devons apprendre à gérer toute cette attention. Et ce n’est pas facile », dit Ben. « Je comprends d’ailleurs le sentiment de jalousie que certaines personnes peuvent ressentir à notre égard. Certains artistes galèrent pendant des années pour parvenir à se faire entendre. Pour nous, ça va vite : on a beaucoup de chance ! De ce point de vue, la jalousie est un ressentiment naturel finalement. C’est tout à fait humain et fort compréhensible. »

Prince Charles

Les Tellers, c’est d’abord une passion commune pour la musique, pour ces petits détails qui, au final, font toute la différence. « La chanson ‘Another Coin For…’ a été enregistrée de façon artisanale, à la maison, dans la salle de bain », raconte Ben. « Si on écoute bien, on peut même entendre une porte qui claque en bruit de fond », sourit-il. Les détails et les anecdotes forgent donc l’état d’esprit de ‘Hands Full of Ink’. Il y a aussi des sonorités qu’on pensait oubliées, comme celles amenées par l’harmonica sur ‘He Gets High’. « Ce n’était pas du tout prémédité », raconte Charles. « J’ai pris l’harmonica et, quelques minutes plus tard, on avait une nouvelle mélodie. » Petit prince des arrangements et des instrumentations, Charles Blistin laisse ici entrevoir l’étendue de son talent. « J’ai même écrit une chanson à son propos », rigole Ben. « Elle s’intitule ‘Prince Charly’. Mais je ne veux pas en dire plus ! ». Mystère et confidence appuient la tendance : ces deux-là sont faits pour s’entendre.

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