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Ce n’était pas intentionnel… Spécial

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Viet Cong a donc décidé de changer son patronyme en Preoccupations. Trop de critiques s’étaient abattues sur la formation pour le choix de ce nom. Les victimes des massacres perpétués par le Front national de libération du Sud Viêt Nam n’avaient vraiment pas apprécié la formule. Une situation qui avait poussé certains organisateurs de spectacles, en Australie, à annuler purement et simplement leurs dates de concerts. On peut affirmer que l’histoire du combo canadien est loin d’être une histoire tranquille ; et pour cause, deux de ses musicos militaient au sein de Women, jusqu’à ce que le guitariste, décède. C’était en 2012. C’est ainsi qu’est né le fameux Viet Cong. Mais tout ceci méritait des explications. Accordées par le guitariste Scott Munro (NDR : il porte une barbe impressionnante !) ainsi que le bassiste Mat Flegel. Particularité, les réponses sont constamment interrompues ou complétées par l’un ou l’autre interlocuteur, comme s’il s’agissait d’une conversation à bâtons rompus. Donc pour ne pas constamment hacher le texte, les répliques ont été fusionnées… 

Mais abordons immédiatement le sujet qui fâche : le changement de patronyme. Les musicos ont déclaré qu’ils ignoraient cet épisode douloureux de l’histoire, parce qu’ils étaient canadiens. Et qu’ils regrettaient cette option. Pourtant, au cours des eighties, il n’était pas rare qu’un groupe adopte un nom qui suscite la controverse. Pensez à Joy Division, New Order, Gang of Four, Indochine, Dead Kennedys, Front 242, Suicide, The B52’s et la liste est loin d’être exhaustive. En fait, c’était un choix, la plupart du temps, purement provocateur, alors bien dans l’air du temps. Finalement on se demande si au départ, il n’était pas volontaire, vu qu’il s’inscrivait bien dans l’esprit du post punk. Et en même temps, c’était un bon moyen pour se faire de la promo. Mais vu l’époque que nous vivons, la contestation s’est répandue comme une traînée de poudre ; une époque au cours de laquelle la communication règne en maître, et notamment grâce aux (ou à cause des) réseaux sociaux. Qui font la pluie et le beau temps. En fait, aujourd’hui, dès qu’un artiste devient subversif, des mouvements, qu’ils soient religieux, associatif ou moraux, en appellent à la censure. Ainsi, les humoristes, les caricaturistes et bien sûr les musiciens deviennent les premières victimes. Maintenant en changeant l’appellation du band, on peut aussi considérer cette volte-face comme un désaveu de ce fameux esprit post punk. Le débat est lancé !

« Il est exact que lors de nos tournées, de nombreux spectateurs d’origine vietnamienne sont venus protester. On les a écoutés. Ils nous ont raconté les histoires des réfugiés de cette guerre. Et elles sont tragiques. Aussi on comprend parfaitement pourquoi nous les avons offensés. C’est donc bien la raison pour laquelle nous l’avons changé. Et puis, on a sondé nos fans. Et ce sont eux qui ont décrété qu’il fallait le modifier, face à tous ces détracteurs. On ne fait pas de politique ! On cherchait simplement un nom qui tienne la route, sans jamais penser qu’il avait une telle connotation cruelle. Joy Division et New Order ont eu certainement dû essuyer autant de critiques que nous. Mais pas aussi rapidement. Aujourd’hui, via Internet, la réaction est instantanée. Et comme la société vit dans un monde du politiquement correct, elle s’est encore davantage amplifiée. On a croisé Andy Gill (NDR : c’est le leader de Gang of Four), lors d’une émission radiophonique, et il nous avait confié qu’il recevait constamment des lettres ou des messages de menace… » Et c’est finalement Chad Van Gallen qui en a déniché un ? « C’est exact. Car c’est bien plus facile quand il émane de quelqu’un d’extérieur au groupe… » Sur la toile, même les clips attribués à Viet Cong ont été réaffectés à Preoccupations. Etait-ce une manière de tourner la page, définitivement ? « Bien sûr, c’est l’objectif ; mais ce n’est pas nous qui avons pris l’initiative de procéder à cette adaptation sur Youtube. On suppose que c’est le label qui s’en est chargé. Et il subsistera jusqu’au moment où on changera de nom… » (rires) 

Abordons maintenant le thème des vidéos. Celle –superbe par ailleurs– consacrée à ‘Silhouette’, tout d’abord. Parce qu’elle semble à la fois communiquer un message écologique mais en même temps futuriste. A cause de références empruntées à la science-fiction (le film de Kubrick, ‘2001 odyssée de l’espace’ ?) et au danger que représente l’énergie nucléaire (La catastrophe de Tchernobyl ?) « Les références seraient plutôt à puiser du côté de ‘Blade Runner’ ou encore ‘Alien’. Ce sont ces films qui nous ont inspirés. Oui, c’est vrai, ‘2001 Odyssée de l’espace’, quand même. Et puis le réalisateur nous invités à tirer parti de films d’épouvantes issus des années 80. Des films lugubres, austères, désabusés, peu réjouissants pour le futur, au cours desquels, il ne se passe rien… » ‘Anxiety’ a été filmé en noir et blanc. On y remarque la présence de personnages masqués. Est-ce une symbolique ? Puis d’un esprit quittant le corps d’une femme nue. Et enfin des images d’une rivière tumultueuse qui coule au coeur d’une forêt glauque. Tout un contexte qui suscite immédiatement des questions surnaturelles : les esprits, la vie après la mort, la métempsychose et bien sûr l’existence de Dieu… « Pour que tout soit clair, cette vidéo n’était pas du tout le fruit de notre idée. En fait, on avait donné carte blanche au réalisateur. De temps à autre, on lui fournissait l’un ou l’autre tuyau qui recevait très souvent un écho. Mais pour le produit final, on l’a laissé bosser dans son coin… »

Abordons, maintenant, le nouvel elpee de Preoccupations. Il est éponyme. Y figure en pièce centrale, un morceau de plus de 11 minutes. Il raconte, apparemment, l’histoire d’une personne qui a perdu la boule. La compo est divisée en trois parties et recèle autant de mélodies différentes, avant une longue finale instrumentale. Déjà sur ‘Viet Cong’, la formation avait utilisé le même processus. Explications « Sincèrement, ce n’était pas intentionnel. Mais il est exact qu’en bout de compte, il constitue la pièce centrale. C’est la raison pour laquelle on l’a insérée au milieu. On en avait discuté ensemble. Car on estimait que ce n’était pas une bonne idée d’entamer un album par un morceau aussi long. Finalement, il a trouvé sa place, car il se plaisait bien là. Et puis après cette plage, la suite est différente. Il agit un peu comme une charnière. Donc on n’a pas dû trop tergiverser pour choisir cet emplacement. Il est vrai que cette façon de procéder ne marche pas toujours ; mais on a agi en faisant preuve de bon sens… » Sur ce nouvel elpee, il y a davantage de claviers que sur celui de ‘Viet Cong’. Certaines interventions rappellent même les débuts de New Order. Etait-ce pour rendre les morceaux plus accessibles ? « Oui, c’est probable. En fait, on n’écoute pas beaucoup de musique actuelle, mais plutôt celle du début des eighties. Et bien évidemment, elle influe sur la nôtre. On adore les sonorités dispensées par les synthés de cette époque. Et le claviériste est un fan de ce type de claviers. C’et un ‘nerd’, un ‘geek’, un ‘crack’. Sur l’album ‘Viet Cong’, il y en avait autant ; mais ils se fondaient dans l’ensemble. Ce qui explique pourquoi les guitares ressortaient davantage… » Selon la bio, les lyrics des chansons se focalisent sur les privations de la vie et la manière dont on vous les décrit. Ce qui méritait, manifestement, des éclaircissements… « On voulait établir le tracklisting comme une set list. Rendre les chansons aussi évidentes, simples, dépouillées et directes que possible. Je ne suis pas expert pour traiter le problème des privations dont est victime la société, mais l’existence future me semble quand même sombre. Et donc l’esprit visite ces lieux obscurs… »

C’est Graham Walsh, musicien chez Holy Fuck, qui a mis en forme l’opus. Qui l’a choisi ? Et pourquoi ? « On le connaît depuis longtemps. Il bosse aussi chez Sub Pop et avait produit le premier album de Metz. Un groupe particulièrement punky. Et il avait trouvé un son très particulier pour le groupe. Qu’on avait adoré. On avait réalisé les sessions en comité restreint. Cependant, notre manager a appelé Graham. Pour améliorer le son. En plus c’est un de nos potes. C’est facile et confortable de bosser avec lui. Il a de bonnes idées. C’est un touche-à-tout et il joue notamment des claviers. En écoutant les compos, il réoriente aisément le travail des artistes… » Pas d’aide extérieure ? « Dan Boeckner (Wolf Parade, Operators) et Julie Fader (Great Lake Swimmer, Chad Van Gallen, Holy Fuck) chantent sur ‘Memory’ et Aaron Grant joue des claviers. Zut, je me souviens de ne pas l’avoir crédité pour sa collaboration… »

La voix de Matt est particulièrement ample. Elle peut faire penser, tour à tour, à de Brett Anderson (Suede), Ian Anderson (Jethro Tull), Neil Diamond et surtout Ian McCulloch (Echo & The Bunnymen). C’est bien sûr Matt qui répond à cette question. « J’en suis flatté. J’écoute la musique d’Echo & The Bunnymen tous les deux jours. Edwyn Collins ? C’est plausible. Neil Diamond ? Pas vraiment. Bah un peu quand même. Et puis, ça fera plaisir à mes parents… » (rires)

Vous vivez tous aujourd’hui dans différentes villes, au Canada. Et dans votre pays, les distances sont quand même longues entre elles. Alors comment faire pour organiser les répétitions ? « On se réunit à un endroit intermédiaire. Donc pas où on vit. Avant d’entamer cette tournée, on s’était fixés rendez-vous dans un bled, en Colombie Britannique, où un de nos amis possède une petite église qu’il a transformée en maison ; et on y a vécu pendant de longues semaines. Ce n’est pas loin de Victoria. On a eu beaucoup de boulot, car de nombreux intervenants ont participé aux sessions. Mais tout s’est bien déroulé. Puis on a étudié le minimum de compos à assimiler que l’on s’est mis à répéter. En fait pour traverser le Canada de part en part, il ne faut que 5 heures d’avion (?!?!?). Pour nous cet endroit est intéressant, car on peut s’y retrouver pendant une semaine avant de partir en tournée. Pour l’enregistrement du prochain album, on n’a pas encore déterminé où sera notre point de chute. Peut-être retournera-t-on au même endroit. En fait quand on travaille, on emporte le minimum de matos nécessaire. Et puis auparavant, on peut aussi bosser chacun de notre côté. Bricoler sur un clavier. Mike et moi, par exemple, on se charge de la section rythmique sur le deuxième morceau. Et les autres, sur un autre titre. On aime beaucoup expérimenter pour voir où la chanson va aboutir. Le processus est différent entre répéter avant un concert et répéter avant d’attaquer les sessions d’enregistrement. Pour l’album ‘Viet Cong’ et celui-ci, on a d’abord rôdé le répertoire en ‘live’. On s’est ainsi cumulé plus de 50 shows ! »

Depuis quelques années, la scène canadienne est en pleine ébullition. D’abord celle de Toronto, d’où ont émergé des groupes comme Broken Social Scene, New Pornographers, Feist, Metric, et puis de Quebec, avec notamment Godspeed You ! Black Emperor et Arcade Fire. Si ce n’est pas nécessairement une source d’inspiration, c’est certainement une source de motivation. « Parfois. Il est toujours sympa de voir des gens de son pays qui réussissent. Et de constater que de la bonne musique est appréciée par des gens à travers le monde. On n’écoute pourtant pas nécessairement d’autres groupes. Mais la scène canadienne est tellement petite que tout le monde se connaît. On ne considère donc pas cette situation comme une source de rivalité… »

Alors quelles seront les futures préoccupations du groupe ? « Simplement continuer de faire ce qu’on fait. On n’a rien changé d’autre que le nom. Et puis se produire en concert et enregistrer un autre album. »

Album « Preoccupations », sortie ce 16 septembre 2016.

(Merci à Vincent Devos)

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