La pop sauvage de Metro Verlaine

Un coup de foudre, et puis le romantisme comme mode de vie, Metro Verlaine est avant tout une histoire de passion. Fondé en 2013, après un voyage à Londres qui a laissé des cicatrices et un sale goût de ‘lose’ au fond de la gorge, l'histoire de Metro Verlaine…

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Exodus, c’est avant tout Gary Holt ! Spécial

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Metallica, Testament et Exodus sont considérés comme des pionniers du Trash Metal. Il serait né aux States, et tout particulièrement en Californie, dès le début des eighties. Aujourd’hui impliqué chez Metallica, Kirk Hammett est un des membres fondateurs d’Exodus. Il avait d’ailleurs rejoint ‘The Four Horsemen’, dès 1983. Mais ce soir, dans la ville portuaire d’Anvers, c’est un autre homme fort du band que Musiczine rencontre : Steve Souza, mieux connu dans le milieu sous le pseudo de Zetro (NDR : il en dévoilera la raison en fin d’entretien…) Vocaliste de 86 à 93, de 2002 à 2004 ; et, enfin, de retour depuis 2014, Zetro n’a jamais mâché ses mots. Une réputation qu’il n’a pas usurpée…           

L’infrastructure du Trix est encore vide à cette heure-ci. Les hostilités ne commencent que dans une bonne heure. Les têtes d’affiche sont partagées entre Exodus et les icônes du Death Metal old school, Obituary. Les sonorités guident mes pas. J’ouvre les portes de la salle de concert et assiste quelques minutes au soundcheck de King Parrot, un des deux ‘opening acts’ (NDR : l’autre, c’est Prong) de la soirée. Pas de doute, elle risque d’être mouvementée. Julia, la tour manager d’Exodus, m’invite à la suivre. Je passe à l’arrière de la scène, la précède dans un labyrinthe de couloirs, avant d’arriver à destination ; c’est-à-dire face à une petite loge où m’attend Zetro, assis dans un canapé en similicuir blanc. Les cheveux en bataille, vêtu d’un jeans noir et d’un maillot à l’effigie des Calgary Flames (NDR : c’est le nom d’une équipe de hockey canadienne), le vocaliste pianote sur son smartphone. Je m’installe à côté de lui et déclenche l’enregistreur.

En octobre 14, soit quatre mois après le retour annoncé de Zetro derrière le micro, ‘Blood in, Blood out’, le dixième opus studio du band, est paru. Un an plus tard, y a-t-il du neuf à l’horizon ? « Je n’en ai pas encore causé avec Gary (NDR : Holt, le guitariste et leader du combo) de vive voix ; on en a juste touché un mot par correspondance. Un nouvel album est en effet en préparation, mais la date de sortie n’a pas encore été déterminée. Si tout se déroule normalement, ce sera peut-être pour l’année prochaine. Tu sais, on est déjà en novembre. On rentre à la maison à la fin du mois. On passe les fêtes en famille et on entamerait donc l’écriture en janvier. On réaliserait les sessions en février. On assemblerait le tout d’ici avril/mai et terminerions l’enregistrement final pendant l’été ; bien que le temps file toujours plus vite à ce moment-là. Donc oui, peut-être qu’en octobre ou en novembre de l’année prochaine, on devrait avoir quelque chose à se mettre sous la dent (NDR : dans l’oreille ?), si on ne se réserve pas trop de temps libre », argumente le chanteur, avant de poursuivre : « J’ai bien quelques idées de lyrics derrière la tête, mais, comme je l’ai expliqué, il faut que j’en discute avec Gary… Je suis sûr qu’un nombre incroyable de sujets violents lui a déjà traversé l’esprit ; des sujets bien spécifiques au Thrash ».

Bon, on le comprend très vite : Gary Holt joue un rôle prépondérant dans le groupe. À peu de choses près membre fondateur (Gary était au départ roadie de Kirk Hammett et n’intègrera le line up du combo, qu’un an après sa formation), le guitariste est clairement au gouvernail. Et pourtant, ce musicien est rarement présent lors des prestations du band. En effet, depuis 2011, Gary milite comme second gratteur chez Slayer. Au départ, il était le suppléant intérimaire de Jeff Hanneman. Mais en 2013, suite au décès de ce dernier, il le remplace définitivement. Or Slayer est un groupe qui tourne inlassablement depuis plusieurs décennies, monopolisant une grande partie du temps du guitariste. Une situation difficile à gérer ? « Exodus, c’est avant tout Gary Holt ! », réagit Zetro. « C’est un peu comme son enfant : c’est lui qui coordonne l’ensemble, autant la musique que les paroles. Il est toujours le seul à être référencé sur chaque morceau. Mais ce n’est pas un problème pour nous. Il a toujours fait un très bon boulot et on est tous conscients d’avoir la chance de composer et jouer avec lui ». Il prend une pause, avant d’admettre : « Mais évidemment, on ne pourrait plus continuer à tourner si on devait attendre sa présence. Il est donc fréquemment remplacé par d’autres musiciens. Au final, cette situation se reproduit chez d’autres formations de Thrash. Ainsi au sein d’Anthrax, quand Charlie Benante était empêché, c’est Jon Dette qui le remplaçait. Pareil pour Scott Ian, devenu parfois le substitut d’Andreas Kisser. Ce qui n’a jamais empêché le groupe de continuer son parcours… C’est sûr que depuis qu’il a rejoint Slayer, sa présence en ‘live’ a été plus que limitée. Mais il n’empêche qu’Exodus, c’est avant tout Gary, et personne d’autre dans le groupe ne pourrait ou ne voudrait même prendre sa place. Ce serait un sacrilège : la mentalité, l’attitude, la façon d’écrire les morceaux… tout ça, c’est lui… »

Mais qu’importe l’importance du capitaine, il ne fera jamais avancer le navire à lui tout seul. Comme vocaliste, Zetro reste co-auteur des paroles des morceaux et pour lui, le Thrash est une musique sociétale « Il suffit d’ouvrir le journal et de lire tout ce qui touche à l’actualité, pour y puiser des thèmes d’inspiration. Du social au religieux, du militaire au politique, toutes ces nouvelles formes de guerres qui éclatent un peu partout… Il se produit tellement d’événements négatifs à travers le monde. Ce ne sont pas les sujets qui manquent ! Pas étonnant que le Metal soit souvent la musique préférée de fans de films d’horreur ! », déduit-il en rigolant…

Il est vrai que le Thrash Metal, cette incroyable rencontre entre la New Wave of British Heavy Metal et le Hardcore de l’époque, n’a jamais eu la vocation de devenir source de bande-son pour les films de Walt Disney. Zetro appartient à cette catégorie d’artistes qui ont lancé ce style musical. Il se souvient : « C’est vrai que tout a commencé il y a déjà presque quarante ans… Nous sortions en 85 notre premier album, ‘Bonded by Blood’ ; et il est exact que ce style de musique était né quatre ou cinq ans auparavant », concède-t-il avant d’embrayer, pensif : « Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis lors… suffit de penser à l’arrivée du cd, puis de l’avènement d’Internet… C’est fini la période où on s’échangeait des cassettes ! Mais malgré le temps, c’est incroyable de voir le nombre de fans qui nous suivent toujours aujourd’hui… C’est un peu ça la magie du Metal. Jamais tu n’entendras de la bouche d’un véritable amateur du genre : ‘Ouais, non, finalement le Metal ça ne me dit plus rien…’ C’est impossible ! »

Même si la figure charismatique de Zetro est intimement liée à Exodus, son parcours au sein du combo n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. En effet, dès 93, le band décide de splitter et ne reprendra ses activités que quatre ans plus tard, en compagnie de Paul Baloff, le vocaliste originel. Ce dernier décède en 2002 d’un AVC et Zetro est rappelé à la barre. Mais deux ans plus tard, il tire sa révérence, suite à des divergences de vues. S’en suivront dix années au cours desquelles il accomplit un demi pas de côté par rapport à la scène musicale. « J’ai notamment écrit quelques chansons pour Testament et fondé, en compagnie de Chuck (NDR : Billy, le chanteur de Testament), un groupe baptisé Dublin Death Patrol. J’ai aussi apporté ma collaboration à Tenet. Et puis lancé un autre projet auquel participe mes fils, Hatriot. On peut donc attester que j’ai tenté quelques expériences pendant cette période ; mais plus au sein d’un ‘mothership’ comme Exodus. En 2004, mes enfants étaient encore des ados. Ils sont devenus des adultes. C’est donc plus facile aujourd’hui. Je dois moins me soucier de la situation familiale, que chacun de mes enfants ait de bonnes notes à l’école. En outre, je ne suis plus marié à leur mère et j’ai à présent une magnifique petite amie. Il y a maintenant huit ans que nous sommes ensemble. Elle aime m’accompagner en tournée et je ne dois plus me préoccuper de toutes ces merdes quotidiennes à la maison. Dix années peuvent vous changer énormément dans une vie », confie l’artiste.

Mais revenons un peu à Dublin Death Patrol et Hatriot. Quel est donc le sort de ces projets parallèles depuis qu’il a rejoint à nouveau le paquebot Exodus ? « Tu sais, avec Chuck Billy, on a décidé de lancer sur les rails Dublin Death Patrol parce que les autres musiciens de ce band n’avaient jamais eu l’opportunité de jouer en division supérieure. Ils étaient vraiment derrière nous, car, c’est vrai, tous les side projects dans lesquels nous nous lançons ont cette chance d’attirer l’attention du public. Et donc on l’a fait ! On s’est embarqué dans l’aventure et on a enregistré un album. Ensuite, ils ont voulu partir en tournée, et ça aussi, on l’a fait ! Comme ils ont vu que ça marchait, qu’ils commençaient à devenir des rock stars, ils ont souhaité réaliser un second LP… Et puis là –wow !–  j’ai dû calmer les ardeurs. A ce moment-là, je venais juste de lancer Hatriot. Je ne voulais pas m’investir dans un autre projet de la taille d’Exodus. Et puis l’histoire a voulu que je rejoigne à nouveau ce band… » Un brin nostalgique, le musicien se justifie : « J’aurais bien voulu rester chez Hatriot, comme le fait Gary pour Slayer, mais c’était trop lourd pour moi. Et il me prenait trop de temps. C’est pourquoi mon fils aîné a repris le chant à ma place. Et je dois dire qu’il se débouille très bien ! », se défend-t-il en affichant un sourire, non sans une certaine fierté...

D’un point de vue musical, l’histoire de Zetro et celle du chanteur de Testament sont intimement liées. En effet, alors que Testament n’en était qu’à ses premiers balbutiements et répondait alors au patronyme de The Legacy, son vocaliste n’était autre –à ce moment-là– que… Zetro en personne. Annonçant qu’il allait quitter la formation peu de temps après avoir enregistré une première démo, afin de rejoindre Exodus, Zetro propose pour remplaçant, Chuck Billy. Ce même Chuck en compagnie duquel il lancera Dublin Death Patrol et qui, pendant un certain temps, deviendra le manager d’Exodus. Et c’est toujours ce même Chuck qui, selon certaines rumeurs, aurait poussé vers la sortie Rob Dukes (chanteur d’Exodus de 2004 à 2014), afin de ramener Zetro au micro. Un retour d’ascenseur ? « Je ne suis pas trop au courant du déroulement des événements à cette époque », soutient-il. « Je sais juste que les autres membres voulaient savoir si ça pouvait à nouveau marcher entre nous ; mais je n’ai jamais vraiment su trop pourquoi. Enfin, je n’ai jamais cherché à le savoir, on n’a jamais abordé ce sujet. C’est entre le groupe et Rob. Mais peu importe ce que Rob a pu faire, les quatre autres musiciens n’étaient plus spécialement satisfaits de lui. Apparemment il s’est passé beaucoup de choses en cours de route… Mais c’est vrai qu’on entend beaucoup d’histoires et qu’on ne sait jamais trop dissocier le vrai du faux… Je peux juste dire qu’un jour, Chuck est venu me voir et m’a dit : écoute, Gary est occupé de chercher quelqu’un pour faire le boulot et tu dois le faire! »

Après avoir vécu une première dissolution du groupe et rendu son tablier quelque temps plus tard, peut-on croire à un retour de Zetro sur le long terme ? « Tu sais ce qu’on dit : jamais deux sans trois ! », réplique-t-il, un long rire à l’appui. « Non, mais sérieusement, je pense que cette fois-ci, autant physiquement et mentalement, tout va beaucoup mieux. Ma voix est bien meilleure. Plus aucun élément extérieur ne peut entraver mes capacités. Regarde derrière toi… », me dit-il, en montrant du doigt les packs entassés dans mon dos. « Ouais mec, c’est de l’eau ! Fini ce temps où je buvais une ou deux bouteilles de vin par jour… Mentalement, c’est juste totalement différent ».

L’interview touche à sa fin, mais je ne pouvais pas m’en aller sans savoir pourquoi tout le monde l’appelle Zetro « C’est tout con. L’explication vient de l’époque où j’étais encore un gamin. J’avais 16-17 ans. Je m’étais pris un trip au LSD et je voulais que tout le monde me surnomme ‘Z’. Les gens m’interpellaient en disant : ‘Hey Zed ! Hey Zed !’ Et au fil du temps, le sobriquet s’est transformé en Zetro… il y a donc 33 ans qu’on m’appelle sous ce pseudo, maintenant ! »

Avant de laisser l’artiste se préparer pour le show de ce soir, je lui demande, avec un brin d’ironie, s’il n’est pas trop triste de ne pas être aux États-Unis pour l’instant afin d’élire le futur président des States. Celui qui succèdera à Barack Obama à la Maison-Blanche (NDR : nous sommes en effet à quelques jours des élections américaines du 8 novembre). Contre toute attente, la réplique de Zetro est cinglante : « Mais pas du tout, vu que j’ai déjà voté par anticipation ! Et j’ai choisi la personne la moins pire des deux… et j’en resterai là ! À toi de voir comment tu le prends… », conclut-il, en se marrant.

Et seuls les murs des coulisses du Trix sauront pour qui Zetro a finalement donné sa voix...

(Interview réalisée le mardi 1er novembre, au Trix à Anvers)

Informations supplémentaires

  • Band Name: Exodus
  • Date: 2016-11-01
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