Jasper Steverlinck inspiré par Roy Orbison ?

Jasper Steverlinck vient de sortir un nouveau single. Il en parle : ‘« Nashville Tears » est l'une de ces chansons qui m'est venue à moi, instinctivement. Elle a coulé d'un seul jet, comme si la chanson s'était écrite toute seule. Elle évoque un moment très…

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Du finnois dans un bouge de Molenbeek... Spécial

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Etait-ce prémédité? Atterrir dans un bouge de Molenbeek pour faire l’interview de Perverted By Desire relevait du fantasme. C’est pourtant l’aventure (ou la mésaventure, si vous préférez) que nous avons vécue en compagnie des deux tiers de l’ensemble limbourgeois, en l’occurrence Guy (alias Genis) et Bo Lemaître.

Le titre de votre album est plutôt curieux : « Kuvun Huuto ». Vous ne trouvez pas ???

Guy : C’est du finnois ! Il traduit le spleen et la nostalgie que l’on éprouve lorsque loin de chez soi, on désire rentrer au bercail. Comme l’enfant qui veut revenir dans le ventre de sa mère. Comme l’être humain qui veut retrouver son passé, sa jeunesse. Mais plutôt que d’aborder le sujet sérieusement, nous l’avons traité tantôt par l’absurde, parfois avec ironie. Et humour.

« Kesytetty » est une chanson dans la même langue ?

G. : Oui, c’est un extrait du ‘Petit Prince’ de St Exupéry (la serveuse vient réclamer le paiement des consommations). Le passage où le Petit Prince commence à dialoguer avec le Loup (la serveuse insiste). Le morceau est interprété par une chanteuse finlandaise qui a une très belle voix (la musique d’ambiance monte d’un cran). On paye et puis on nous boycotte… le finnois et le néerlandais possèdent des caractéristiques semblables. Peu usités, ils dégagent une même atmosphère, un même mystère (le flux sonore s’amplifie encore). Nous essayons de combiner des styles, des genres, des cultures (les clients commencent à se déhancher en compagnie de deux serveuses au milieu du bistrot : fou rire).

Vous êtes polyglottes ? Combien de langues pratiquez-vous ?

G. : Six, mais je ne les maîtrise pas toutes : néerlandais, anglais, finnois, espagnol, français et allemand.
Bo : moi seulement quatre !

C’est pour ça qu’on retrouve souvent dans vos chansons des mots étrangers ?

G. : Le monopole de l’anglo-saxon dans le rock est une absurdité. La langue la plus pratiquée sur la planète, c’est le chinois. Je prends souvent pour exemple Arno qui combine les langues avec beaucoup de talent. Lorsqu’il a recours au français, c’est parce que la chanson est plus adaptée à ce mode d’expression ! Le finnois a un certain exotisme, et même si peu de gens comprennent les paroles, il se dégage parfois une atmosphère unique.

Vous dites cultiver l’ironie, l’humour dans vos textes. Pourtant, les thèmes on l’air contemporains et même profonds : la religion, le mysticisme, la mythologie, le nationalisme, la peine de mort. Dans le livret, on retrouve même une grande tirade en néerlandais sur la mort…

G. : Ce passage a été écrit par un écrivain flamand qui est capable de faire passer des émotions dans ses textes semblables à celles que nous essayons de mettre dans notre musique…

Par quel hasard êtes-vous entrés en contact avec Kramer ?

G. : C’était au VK, voici trois ans, lors du concert de Galaxie 500 : il assurait le mixing. Nous lui avons refilé notre premier disque. Nous l’avons revu au Lintfabriek à Kontich où il se produisait avec son groupe, Bongwater. Là, il nous a dit avoir apprécié l’album : il envisageait de produire notre disque suivant. Il a tenu parole, puisqu’entre 91 et 92, on est entré en studio à Amsterdam pour enregistrer « La Sigla » sous sa houlette. Et quelques mois plus tard, nous renouvelions l’expérience pour « Kuvun Huuto »…

Ce n’était plus à Amsterdam. Pourquoi ?

G. : Le studio n’existait plus. L’immeuble avait été squatté et la police a flanqué tout le monde dehors. Nous avons cherché un autre studio en Europe. Mais ce n’est pas facile à dénicher un tel endroit, à la fois bon marché et de qualité. Kramer venait de monter son ‘24 pistes’ à New Jersey. Le coût semblait raisonnable. On y est donc allés.

Vous y êtes restés longtemps ?

G. : Non, seulement une semaine. On a dû rentrer pour reprendre le boulot.
B. : On n’a rien vu de New York. Rien du tout !
G. : Je comprends que Bo et Karel se sentent frustrés. Moi, j’y étais déjà allé il y a 10 ans… Et puis nous avons logé chez Kramer, dans un très beau site, à une demi-heure de NY. La région était recouverte de neige. On a évité les frais d’hôtel et de restauration ; en outre, l’atmosphère était très chouette… Tout a été très vite : l’album a été enregistré et mixé en cinq jours. Si nous étions de véritables perfectionnistes, nous aurions eu besoin de plus de deux mois pour le terminer. Ce n’est pas qu’un choix pécuniaire : lorsque tu gamberges trop longtemps en studio, tu commences à accorder trop d’importance aux détails. Ca se fait au détriment de l’émotion et de la sensibilité.  
B. : Si nous avons pu mettre en boîte l’album en si peu de temps, c’est que les chansons étaient prêtes. Il ne restait plus à Kramer qu’à remodeler le son.
G. : C’est un personnage ambitieux, mais qui relativise les événements. Il veut gagner de l’argent en s’impliquant dans des projets à la fois insolites et créatifs. Il a joué un peu de claviers, de basse et de congas, aussi.

Le timbre vocal de Guy est proche de Johnny Rotten, non ?

G. : Au cours des cinq premières années, Bo assurait le chant. Depuis qu’il s’est converti à la basse, il se contente des backing vocaux (on vient de tirer les rideaux !)
B. : il est trop difficile de se concentrer sur le chant et de jouer de cet instrument, en même temps. Mais c’est un bordel ici (grands éclats de rires) !
G. : C’est parce qu’il se complique l’existence. Avec un peu plus de simplicité, il y arriverait (rires). Au début ce rôle ne me bottait pas trop, mais aujourd’hui, je commence à bien le maîtriser (dans la pièce, il n’y a plus que les jeux de lumières pour nous éclairer…)

 
Pourquoi vous produisez-vous si peu ‘live’ ?

G. : Notre musique n’est pas suffisamment commerciale pour séduire les organisateurs de concerts. D’un autre côté, nous ne courons pas après les concerts. Nous nous limitons à dix/quinze prestations par an dans le Benelux. Bien sûr, on participe à l’un ou l’autre périple hors-frontières. Comme cette tournée européenne que nous commençons en ami prochain (le son couvre maintenant complètement nos voix ; le temps de vider ses consommations et nous vidons les lieux, un peu louches, il faut le reconnaître…)

Article paru dans le n°21 du magazine Mofo de mars 1994.

 

 

Informations supplémentaires

  • Band Name: Perverted
  • Date: 1994-03-31
  • Rating: 0
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