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Version 1.0 Spécial

Écrit par - Jérémy & Bernard Dagnies -

Malgré un goût prononcé pour les accoutrements loufoques, une mise en scène de leurs concerts pour le moins visionnaire, une approche dadaïste des designs de leurs pochettes et un recours aux lyrics symboliques, les musiciens de Beta Band font preuve d’une maturité intellectuelle, que nous ne soupçonnions pas. Ils savent ce qu’ils veulent. Connaissent l’histoire du rock’n roll. Et laissent finalement peu de place à la fantaisie. Une exception, le studio. Là, ils prennent véritablement leur pied, en jammant pendant des heures. Richard Greentree, le bassiste, et John Mc Lean, le programmateur, s’expliquent…

Peut-on dire que le Beta Band soit un succédané de l’histoire du rock’n roll ?

R : Oui !
J :  Mais progressivement, nous allons essayer de ne conserver que nos propres influences. Celles qui sont internes, pas externes au groupe. C’est la meilleure solution pour aller de l’avant.

Apparemment, vous ne semblez pas trop satisfait de votre nouvel album. Enfin, de la production. Est-ce exact ?

R : Parce qu'il n'est peut être pas aussi parfait qu'il aurait pu l'être. Mais non, je l’aime beaucoup. Il est superbe cet album J : Lorsqu’on crée quelque chose soi-même, on a tendance à jeter un regard de plus en plus critique sur sa propre création. Mais c’est un bon album. Vous pouvez l’acheter les yeux fermés. En fait, c'est surtout du producteur que nous n'étions pas satisfaits!

Est-il exact que vous avez l’intention de remixer chacun des titres de ce disque ? Et si c’est le cas, à qui allez-vous confier cette tâche ? A un DJ, à un autre producteur ? Ou vous sentez-vous capables de l'autoproduire ?

R : Non. L’album est comme il est, et nous n’y changerons plus rien. En fait, nous avons l’intention de sortir un album d’ambient, destiné à susciter des remixes. Mais, c’est toujours à l’état de projet.
J : Tu sais, nous nous sommes rendus compte des problèmes de production, en plein milieu des sessions d’enregistrement Nous n’avions pas fait le bon choix. Nous voulions amener des idées personnelles, mais le producteur était obnubilé par le son analogique. Il avait un blocage. Et nous nous sentions frustrés. Il était têtu comme une mule. Alors on l’a remercié.
R : En réalité, il rejetait sans cesse nos idées. Il faisait une fixation sur les sonorités revivalistes, qu'il estimait plus chaudes et plus bénéfiques au groupe. Il voulait impliquer davantage de guitares. Parce qu’il pensait qu’elles apporteraient un plus. Je ne sais pas. Nous n’étions pas d’accord sur la définition de la musique. De notre musique. Il était très tatillon. Il prétendait que la musique s’assimilait beaucoup mieux lorsqu’on pouvait la danser. Et lorsqu’on a pris congé de lui, il n’était vraiment pas heureux…

Ne penses-tu pas que si la production avait été encore été plus sophistiquée, l’album serait devenu franchement compliqué, alors qu’il est déjà complexe ?

R : Justement ! Nous voulions que l’album soit moins travaillé. Qu'on y voie moins la griffe du producteur. Finalement, nous avions besoin d’un bon ingénieur du son, pas d’un producteur.
J : Si, si, pourquoi pas un producteur, mais pas un mec qui mette sans cesse son nez dans nos affaires.
R : Ce qui explique pourquoi la deuxième partie de l’album épouse un style totalement différent. C’est d'ailleurs une nouvelle direction que nous comptons emprunter dans le futur.

Si nos renseignement sont exacts, la version originale de "The hard one" a été expurgée du sample de Bonnie Tyler, “ Total eclipse of the heart ”, parce que son auteur vous avait refusé l'autorisation. Cette interdiction est-elle définitive ?

R : En fait, celle qui figure sur l’album est la version originale. Elle devrait, il est vrai, sortir sous cette nouvelle version, dans un avenir proche…

Pourquoi les percussions et les effets spéciaux prennent-ils une place aussi importante dans votre musique ?

J : J’imagine que la présence des effets sonores n’est pas gratuite, mais qu’à contrario, ils font partie intégrante de la mélodie. Les percussions sont des éléments qui nous intéressent tous au premier degré. Parce que nous sommes tous quelque part percussionnistes.

Vous avez, je suppose, également recours à des instruments insolites, tels que la batterie de cuisine, quitte à en sampler les sonorités produites ?

R : Ce type d’instrumentation était, à l’origine, une nécessité. Mais aujourd’hui, nous avons moins recours aux ustensiles de cuisine (rires). Ils ont retrouvé aujourd’hui une place qu’ils n’auraient jamais dû quitter, la cuisine… 

Quelle part prend l’improvisation, dans la musique de Beta Band ? Live ? En studio ?

R : Sur scène, tout est bien structuré, programmé, tandis qu’en studio nous parvenons même à composer de nouvelles chansons, rien qu’en jouant ensemble…

Votre méthode de travail va carrément à contre courant des autres groupes ?

J : Il arrive qu’en studio nous utilisions un computer keyboard. Et tout le monde jamme à l’aide de cet instrument, et pas seulement avec une guitare ou une basse…

De toute évidence, vous prenez davantage votre pied en studio que sur les planches ?

R : Effectivement. Et puis, en studio il y a moins de monde.

Pas nécessairement. Il arrive qu'un concert se produise devant un public clairsemé. Nous avons même été témoin d'un set qui s'est déroulé devant une dizaine de personnes. C'était pourtant un excellent groupe britannique.

J : Cette aventure nous est également arrivée. Et en studio, il y en a au moins trente.
R : Mais nous n’avons jamais véritablement expérimenté le live, parce que nos prestations sont extrêmement structurés. Nous n’avons vraiment pas le temps de nous égarer dans une quelconque expérimentation. En studio, nous avons tout le temps de jammer. Un exercice de style que nous adorons. On y est d’ailleurs très bons. Mais en concert, nous ne nous y risquons jamais…

Un jour, vous avez déclaré qu’il n’existait plus de culture jeune aujourd’hui. Ni mods, ni punks, ni rockers. Pour vous, la techno ne reflète donc pas l’esprit de la nouvelle culture contemporaine ?

J : Non, pas du tout ! Toute musique qui rétrécit son champ d’investigation, n’a plus aucun intérêt. Elle se ferme l’accès à l’expérimentation. En fait le public pense que la techno est expérimentale, alors qu’elle n’est qu’un outil destiné à faire danser. Le hip hop était beaucoup plus intéressant, parce qu’il nécessitait un challenge. Enfin, il existe quand même l’une ou l’autre forme de techno qui suscite notre intérêt. Celle qui est pratiquée en Allemagne, notamment…
R : Ce qui m’inquiète le plus, c’est l’étroitesse d’esprit des jeunes qui déifient la techno…
J : Lorsque tu me causes de culture jeune, je pense spontanément au marketing. Si tu ne parviens pas à coller à la mode, tu t’exclus du cercle des branchés. Donc tu dois acheter tel type de fringues, écouter tel type de musique, etc. Lorsque l’acid house s’était révélée, personne ne se posait ce type de question. Tout le monde vivait le temps présent, prenait son pied sans regarder autour de lui. S’exprimait sans devoir faire abstraction de sa propre personnalité. Et puis le phénomène s’est acidifié. Tout le monde s’est focalisé sur le mot acide. C’est devenu une affaire de fric. Donc pour moi, la culture jeune est manipulée par le fric.
R : La culture jeune n’a plus le temps de se développer, parce qu’elle est immédiatement rattrapée par le fric. Elle est bouffée par le marketing. C’est comme si la culture était devenue financière.
J : Et la plupart des médias font tout pour maintenir la situation en place. Ce qui leur permet ainsi de traiter tout ce qu’ils veulent sans trop se creuser la cervelle. Un stratagème qui fait vendre, et puis qui empêche les jeunes de penser. Ces médias pensent ainsi à la place des jeunes, c’est beaucoup moins risqué, et surtout moins fatigant…

Jérémy & Bernard Dagnies.

Merci à Vincent Devos

Interview parue dans le n° 77 d’octobre 1999 du magazine Mofo.

 

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