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When A Dove Cries Spécial

Écrit par - Bernard Roisin -

Veuve depuis bientôt 2 ans, Patti Smith a décidé d'exorciser sa peine en menant à son terme le projet d'album amorcé en compagnie de son mari, Fred Sonic Smith, ancien leader des MC5. De passage à Ostende, pour un concert unique en Belgique, Patti s'est prêtée de bonne grâce au jeu des questions des journalistes, une espèce avec laquelle elle n'a pas entretenu que de bons rapports, dans le passé. Coiffée d'un bonnet marin, la chevelure grisonnante, elle est apparue sereine bien que souvent grave, s'efforçant de ‘positiver’ un maximum, allant jusqu'à décrire la mer du Nord comme merveilleuse et bien plus jolie que celle qui baigne Concarneau, Saint Malo ou Marseille. Rien que ça…

- Croyez-vous que 96 est une époque plus favorable pour un come-back que ne l'était 88, au moment de la sortie de « Dream of Life »?

Je n'essayais pas de faire un come-back en 88. Mon mari et moi voulions seulement enregistrer un album. Je ne tente pas de come-back maintenant non plus d'ailleurs. J’exécute simplement ma profession. Disons que dans les années 80, mes activités étaient plus privées. J'ai écrit des livres, étudié la peinture, éduqué mes enfants. Je n'ai pas planifié de retour. Il n’y a jamais rien eu d’intentionnel. Je suis ici parce que j'aime ce job, et qu'il est très difficile pour moi d’admettre la perte de mon mari, de mon frère et certains de mes amis. Travailler a été une thérapie pour moi, et l'énergie des gens m'a été utile dans cette épreuve. J'essaie seulement de survivre en faisant mon travail et en demandant aux gens un peu de soutien. Nous ne réalisons pas de grand show, nous ne projetons pas de grandes intentions, excepté celle de faire du bon boulot, de passer des moments agréables avec le public en parlant peut-être de sujets importants pour tout le monde.

- Beaucoup de vos fans issus des années 70 étaient âgés d’une dizaine voire une vingtaine d'années, à l'époque de votre apogée. Quels sont vos rapports avec les teenagers d’aujourd'hui?

Je n'attends pas grand-chose, mais je me fais du mauvais sang pour eux. Je suis vieille, en âge d'être leur mère, voire leur grand-mère, mais je pense avoir certaines choses à offrir. J'ai de l'expérience. Je suis passée par des périodes difficiles tout en restant optimiste. J'ai un fils de 14 ans, et une fille de 9, et je me soucie de leur bien-être. Pour moi, être jeune a déjà été une étape très difficile ; mais aujourd'hui, c'est encore plus compliqué. Du moins aux Etats-Unis où les gens sont devenus matérialistes, où les parents travaillent tout le temps. Résultat: les jeunes ne reçoivent pas assez de conseils, ne bénéficient pas de la même attention. Il y a tant de sujets préoccupants comme l'environnement, le sida, les drogues qui sont plus dures et dangereuses qu'avant... Mais je veux aussi faire comprendre que la vie est une chose formidable et précieuse. Qui vaut la peine de s'accrocher même dans les moments les plus difficiles.

Le jour où Green Day…

- Pensez-vous que les plus jeunes comprennent votre travail, vos romans, votre poésie? Vos textes sont plus intelligents que ceux auxquels ils sont soumis habituellement...

On ne peut pas juger l'intelligence ou la compréhension des personnes selon leur âge. Les jeunes gens sont plus patients et disposent même d'une faculté de curiosité plus grande. Songez un peu à Arthur Rimbaud. Il a écrit de la poésie parmi la plus belle qui ait jamais été écrite lorsqu'il était adolescent. Regardez le T-shirt que je porte... (NDR : il est à l’effigie de Rimbaud). Il a créé de la littérature immortelle. Son œuvre va au-delà du temps et des modes. C'est toujours une littérature belle et nette. J'aime toujours autant Arthur Rimbaud que Bob Dylan et Jimi Hendrix...

- Que pensent vos enfants de votre carrière accomplie au cours des années 70?

Ils n'en savaient pas grand-chose jusqu'il y a peu. Pendant les années 80, nous avons vécu une vie très tranquille. Ils étaient donc un peu surpris d'apprendre nos antécédents. Je ne pense pas que mon fils s'en soit soucié jusqu'au jour où Green Day a sorti son album ''Dookie'' sur lequel on voit un petit dessin de la pochette d'Easter... Par la suite, il a rencontré les musiciens de Metallica qui lui ont raconté que nous étions un bon groupe. Cette reconnaissance a rendu le Patti Smith Group fréquentable à ses yeux (elle rit). Mais l'image qui compte le plus aux yeux de mes enfants, c'est celle de mère.

- Quelle différence y a-t-il entre cette tournée et la dernière que vous aviez opérée en 79?

Evidemment en 79, j'étais beaucoup plus jeune. En tant que formation, nous étions au top de notre carrière en Europe. Je véhiculais toujours cette énergie idéaliste et sauvage. En 79, je me sentais comme une star du rock'n'roll, dans le mauvais sens du terme... Mais je commençais à percevoir que notre mission en tant que band était à peu près aboutie. Notre but lorsque nous avons commencé à côtoyer Lenny Kaye, en 71, était d’aider le rock’n’roll à fusionner avec la poésie, la peinture, le cinéma... Faire du rock un art plus global

- Projetez-vous d’immortaliser un album live de cette tournée?

Nous en avons déjà discuté. Je souhaiterais aussi enregistrer un autre album, l'hiver prochain. Mon mari et moi avions envisagés d’enregistrer un disque qui traite des problèmes universels comme le sida, l'environnement et les droits de l'homme. Lorsqu'il est mort, je n'ai pas eu le cœur de mener à bien ce projet. Je voulais réaliser une œuvre qui, d'une certaine façon, évoque sa mémoire, mais de façon optimiste. "Gone Again" est un hommage à Fred qui était un homme fort, digne, modeste mais qui avait aussi une très grande énergie sentimentale. Ce n'était pas un homme triste, il aimait rire, il était drôle. Je voulais que l'album lui ressemble ; donc, je ne pouvais décemment pas qu’il soit triste.

- Pourquoi Ivan Kral ne figure-t-il pas dans le line up actuel?

Mon objectif n’est pas de reformer le Patti Smith Group. Ivan a monté son propre groupe. Il vit entre Seattle qui est à 50.000 km de chez moi, et Prague qui est encore plus loin. On est toujours amis. Lenny Kaye et Jay Dee Daugherty sont de la partie ; mais il n’existe pas d’intention nostalgique de remettre sur pied le vieux groupe d'alors... D'ailleurs, Ivan est suffisamment occupé…

- Bien qu'il soit très discret, Tom Verlaine semble jouer une part importante dans votre concert. Ne craignez-vous pas, un jour, qu’il vous vole la vedette ?

Au contraire, cela me ferait plaisir. On a invité Tom parce que c’est un ami et nous le respectons énormément. Je n’entre jamais en compétition avec mes amis. Peu m’importe s’il se retrouve en tête d'affiche de nos concerts. Aucune bataille d'egos sur scène. Et s'il reste assis pendant le concert, c'est parce qu'il a décidé de se produire dans cette position. Enfin, s’il voulait chanter certaines de ses chansons, il serait libre de les interpréter, sans problème.

- Vous reprenez "When Doves cry" de Prince au cours de cette tournée. Pourquoi?

A franchement parler, Prince ne m'intéresse pas beaucoup. Ce n’est pas vraiment le style de musique qui me botte. Mais j'ai toujours aimé cette chanson. J'adore ses paroles et les mouvements qu’elle déclenche. Et lorsque nous reprenons une chanson, nous cherchons toujours à lui donner une autre perspective. A l'ouvrir, si vous préférez. Dans notre version, ce n'est plus une simple chanson d'amour, car elle parle de l'incapacité des hommes à faire la paix.

- Quel sera votre emploi du temps à l’issue de la tournée?

Retour à New-York. Mon premier souci reste ma vie de famille. Mon attention se porte d'abord sur mes enfants... Et donc les tournées se feront rares. J'ignore quand je reviendrai.

Kurt et Jerry

- Vous avez déclaré que ce dernier album était dédié à Fred, votre frère et d'autres amis que vous avez perdus. Mais vous y avez également réservé une place à Kurt Cobain...

Ils sont tous dedans! Même Jerry Garcia, de Grateful Dead. Mon mari et moi étions de grands fans de Nirvana. C'était un groupe super. Lorsque nous avons enregistré "About a Boy", au départ, j'étais fort chagrinée par le suicide de Kurt Cobain. Pas seulement pour lui et sa famille, mais aussi pour tous ces jeunes gens qui croyaient en lui et cherchaient, à travers lui, de la compréhension à leurs problèmes et des réponses à leurs questions. J'ai donc commencé à écrire cette chanson à sa mémoire. Du moins la première strophe. Puis, la seconde strophe, je l'ai rédigée quand River Phenix est mort. J'étais bouleversée parce que je le trouvais très talentueux. La troisième est réservée à mon mari et puis à mon frère. Un titre qui commençait comme une dédicace à un seul disparu, s’adresse finalement à plusieurs défunts... Et la chanson a été mise en boîte le 9 août. C'est-à-dire le jour de la mort de Jerry Garcia. Je me suis rendu compte, en interprétant "About a Boy" que je pensais tour à tour à Kurt, puis à mon mari, à mon frère et à Jerry Garcia... Tous sont dans cette seule chanson. C'est une très belle intention de se rappeler et de saluer la mémoire des amis disparus. Comme a dit Alan Ginsberg: ‘Allume une bougie et continue à danser...’

- Votre firme de disques sort un box CD reprenant l'intégrale de votre carrière. Comment réagissez-vous lorsque vous voyez 20 ans de votre vie compilés?

J'ai vu le box et j'en suis fière. Du bon travail ! Lenny a supervisé le tout, même l'habillage. Nous avons voulu que l’anthologie ressemble à quelque chose, en y ajoutant des extra-tracks, mais aussi en prenant soin d’y inclure les ‘artworks’ et les photos de Robert Mapplethorpe.

Article paru dans le n° 47 du magazine Mofo d’octobre 1996

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