La disparition de Gelatine Turner…

Gelatine Turner, c'est un projet chanson porté par deux frères, Pierre au son et Romain au chant. Ensemble ils composent une chanson hybride entre pop et alternative. « Disparaître », c'est une marche hypnotique, un souffle qui s'emballe, une perte de repère…

logo_musiczine

Le 7ème art soviétique inspire Bodega…

Le nouveau long playing de Bodega "Our brand could be yr life" paraîtra ce 12 avril 2024. En fait, il s’agit d’un ‘remake’ de l'unique LP de Bodega Bay, l'ancien groupe de Ben et Nikki, un disque auto-édité de 33 titres qui remonte à 2015. Sur cette nouvelle…

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Nos partenaires

Dernier concert - festival

frank_carter_and_the_ratt...
Zara Larsson 25-02-2024
Pierre Vangilbergen

Pierre Vangilbergen

mercredi, 04 mai 2016 17:57

Obedience

Quelle pêche ! Dead Cowboy’s Sluts –Putes de Cowboys Morts (tout un programme !)– nous livre son second opus studio intitulé « Obedience ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça colle aux bronches. Pendant un peu moins de trois-quarts d’heure, il envoie une volée de bois vert, mais métallique (?!?!?), dans un style difficilement classifiable. Un style qu’on pourrait qualifier de thrasho-metal-core, mais dont les accents sont empruntés à Lamb of God, s’il ne fallait citer qu’eux. La voix puissante de Benjamin Leclerc, soutenue par une batterie rapide et des guitares carrées, ne vous lâche pas d’une semelle. Un mur de son, qui profite de temps à autre d’un break de courte durée pour repartir de plus belle et tout écraser sur son passage. Bien insensible et partiellement sourd celui qui ne ‘headbanguerait’ pas à l’écoute des douze morceaux de ce LP. Un reproche néanmoins : trop d’éléments sont intégrés dans les compositions. Ce qui de temps à autre sature l’expression sonore et neutralise des idées qui auraient pu être davantage exploitées. A l’instar de la plage titulaire de l’elpee, au cours de laquelle l’excellent riff de départ, sensé profiler tout le morceau, aurait pu être mis davantage en exergue, au lieu de le noyer dans la masse. Ou encore de temps à autre ces breaks trop courts que pour être réellement dévastateurs. En trois mots : less for more. Mention néanmoins à « Red Light District », titre à l’architecture atypique sur cet LP. Plus languissant, ténébreux, doté d’une identité particulière, il devrait s’avérer plus que probablement terriblement efficace en ‘live’. Quoi qu’il en soit, « Obedience » est une très belle surprise, un concentré de puissance explosive qui ne demande qu’à être circonstanciellement mieux aiguisée afin de devenir davantage incisive et pénétrer plus profondément dans le gras de la bête. Une bonne fois pour toutes.  

 

dimanche, 24 avril 2016 18:31

Barús (Ep)

Lourd. Tel est le premier mot qui vient à l’esprit après avoir écouté ce premier Ep éponyme publié par ce combo français. Militant sous l’étendard du Death Metal, cette formation grenobloise a pris le pris le pari de mettre de côté la vitesse d’exécution pour privilégier un tempo lent, répétitif, hypnotique, mais en écrasant tout sur son chemin, tel un rouleau compresseur. Ça cogne, inlassablement, au même endroit, jusqu’à ce que ça cède. Pas étonnant au final que le band ait choisi de s’appeler Barús, terme issu du grec ancien qui signifie le poids, quelque chose d’imposant. Les parties vocales sont également mises au service de cette chape de plomb sonore, empruntant tantôt des growls typiques au Death, tantôt des hurlements qui ne sont pas sans rappeler ceux hurlés par Nergal chez Behemoth. La surprise de cet LP, découpé en quatre morceaux, éclate lors du deuxième titre, « Disillusions », lorsqu’il est stoppé à mi-course, en plein élan, afin de faire place à très belle voix claire de K, vocaliste du quintet. Un arrière-goût ‘opéthien’ très savoureux, une respiration, plus que bienvenue, qui vient ponctuer le morceau et lui procure, à nouveau, un gain d’énergie. Car il est vrai que Barús souffre d’un talent (NDLR : talon ?) d’Achille : la monotonie. La durée relativement brève du long playing, soit un peu plus de vingt minutes, ne permet certes pas à l’ennui de s’installer. Mais il est moins sûr que le groupe puisse survivre à cet obstacle le temps d’un album complet. A moins d’y insuffler un souffle de diversité qui ne pourrait être que salvateur…

 

dimanche, 24 avril 2016 18:27

Mystical Future

Wildernessking est issu de Cape Town, en Afrique du Sud. « Mystical Future » constitue son second album studio en cinq années d’existence. A la grosse louche, cet opus est à ranger dans le tiroir Black Metal, mais nul doute qu’il devrait s’y sentir quelque peu à l’étroit tant les cinq chapitres de cet elpee regorgent d’ingrédients différents. Difficile ici de parler de morceaux, l’architecture de chacun d’entre eux se distinguant par sa progression élaborée, pour ne pas dire complexe. Faut dire aussi que le label, les Acteurs de l’Ombre, poursuit agréablement son chemin en mettant sous le feu des projecteurs des groupes riches, talentueux et bien souvent novateurs en la matière ou qui, du moins, ne se contentent pas de resservir une soupe déjà tiède.

« Mystical Future » ne fait pas exception à la règle. Apprêtez-vous à partir en voyage vers nulle part, où les balises s’effacent au profit de l’instinct et des sentiments. « Whites Horses » ouvre les hostilités. Le son est froid, brut, chargé de spleen et d’amertume. Une promenade sous un temps gris et brumeux jusqu’à ce que la voix écorchée de Keenan Nathan Oakes vienne déchirer le ciel. Une lente montée en puissance d’un peu moins de dix minutes, où l’ambiance ne cesse de s’amplifier, de s’alourdir, de se dramatiser au fur et à mesure du temps qui passe. Une bonne entrée en matière, mais qui ne sert, au final, que d’introduction au morceau qui suit, « I Will Go to Your Tomb ». On enclenche directement la troisième vitesse, à cause de la dimension épique de la compo, particulièrement savoureuse et efficace, rappelant la quintessence de Windir. Tout mélomane qui se contenterait de n’écouter que la première plage de cet LP risquerait fort de passer à côté d’un groupe particulièrement intéressant, maîtrisant l’ambiance recherchée, mêlée de violence glacée et de progressions guerrières. Après le déchaînement des hordes, le calme revient en maître sur la plaine dès « To Transcend », plage atmosphérique dont la douceur des guitares vient rivaliser avec des murmures mortuaires en arrière-plan, tel un jeu de question-réponse entre souffles de vie et râles de mort. Une pause pacifique, avant un retour en apnée belliqueuse sur « With Arms Like Wands », titre le plus violent de « Mystical Future ». Une fois de plus, Wildernessking démontre sur cette piste, qu’il est particulièrement doué dans la recherche du développement dans les compositions, d’une montée en puissance qui anéantit tout sur son passage. Une œuvre qui s’achève par « If You Leave ». Telle une promesse suspendue, cette plage nous permet de quitter la terre pour rejoindre un espace flottant, angélico-dépressif. En un peu moins de trois-quarts d’heure, le band sud-africain est parvenu à charmer les amateurs de ballades incertaines, laissant sa raison sur le côté de la route afin de ne plus laisser parler que ses sentiments, exposer sa fragilité tout en attisant un feu de la colère intérieure. Un périple initiatique.

 

Wolf Hoffmann, guitariste d'Accept depuis ses débuts (1975), artiste reconnu ayant influencé plus d'un musicien, est sur le point de sortir très prochainement, le 1er juillet prochain (chez Nuclear Blast), son second album solo, intitulé "Headbangers Symphony". Un album entièrement dédié à de grands maestros de la musique classique.
 
Ce style musical représente en effet une réelle passion pour l'homme fort du Heavy Metal, ce dernier n'ayant jamais caché puiser son inspiration dans des oeuvres écrites il y a des dizaines voire des centaines d'années. "J'ai toujours introduit du classique lors de ma composition de morceaux pour Accept, et plus spécialement pour l'album "Metal Heart". J'ai souvent ressenti qu'il y avait tant d'autres choses à faire, mais je ne voulais pas surcharger Accept ou lui faire prendre une autre voie. J'ai toujours su que je pouvais en faire un album complet et c'est comme ça que "Classical" est né. Jusqu'à aujourd'hui, des fans me disent qu'ils l'écoutent toujours régulièrement. C'est donc fantastique que je puisse aujourd'hui en sortir un second disque". 
 
Tracklisting de Headbangers Symphony :
 
01. Scherzo (L. v. Beethoven) 
02. Night On Bald Mountain (M. Mussorgsky) 
03. Je Crois Entendre Encore (G. Bizet)
04. Double Cello Concerto in G Minor (A. Vivaldi)
05. Adagio (T. Albinoni)
06. Symphony No. 40 (W. A. Mozart )
07. Swan Lake (P. Tchaikovsky) 
08. Madame Butterfly (G. Puccini)
09. Pathétique (L. v. Beethoven)
10. Meditation (J. Massenet)
11. Air On The G String (J. S. Bach)

Gone is Gone, ce nom de groupe ne vous dit peut-être (encore) rien, mais il risque pourtant de faire pas mal parler de lui. Et pour cause, à la barre de cet all-stars band se trouvent ni plus ni moins que Troy Sanders au chant et à la basse (Mastodon), Tony Hajjar à la batterie (At the Drive-In), Troy Van Leeuwen à la guitare (Queens of the Stone Age) et Mike Zarin à la guitare et aux claviers.

En attendant la sortie de leur premier EP prévue cet été, le quatuor vient de dévoiler, histoire de se mettre un peu l'eau à la bouche, un premier titre intitulé "Violescent" (à écouter en cliquant ici). Le groupe se produira également pour la première fois sur scène le 27 avril prochain, à Los Angeles. 

Ce qui n'était au départ qu'une vague idée devient aujourd'hui réalité. Tout a débuté lorsque Tony Hajjar et Mike Zarin composaient ensemble de la musique pour des trailers de films. Un jour, ils se sont rendus compte que le son qu'ils avaient produit méritait peut-être de connaître une vie en dehors de ce médium. Mais il fallait pour cela un groupe. Très rapidement, suite à quelques appels téléphoniques et après quelques verres, Troy Van Leeuwen était de la partie. Le trio s'est donc rencontré et ils ont commencé à écrire un EP dès les premières sessions. Mais il restait le problème de trouver un bon vocaliste... Après une première écoute, Troy Sanders a compris où artistes voulaient aller. Il a donc débarqué à Los Angeles afin d'écrire et enregistrer ses parties vocales. 

Dans une récente interview accordée à RollingStone.com, Tony Hajjar a déclaré : "Gone is Gone est un projet qui peut vivre même si on travaille chacun sur d'autres projets. Le but est de pouvoir composer à distance. Cela fait du bien de savoir que toute cette musique verra bientôt la lumière du jour". À cela a enchéri Sanders, en indiquant que "dès le premier jour, j'ai ressenti une bonne vibration, quelque chose de très thérapeutique et rafraichissant pour moi. La chimie a directement pris".

Du lourd en perspective !

Une récente photo publiée par Judas Priest sur les réseaux (voir ici ) témoigne que le groupe mythique de Heavy Metal est de retour en studio afin de préparer le successeur de "Redeemer of Souls", sorti en juillet 2014. 
 
Interviewé il y a peu à la radio (Full Metal Jackie), Rob Halford, chanteur du band, a déclaré : " On vient de finir en décembre la tournée mondiale Redeemer of Souls et on est prêt à débuter la phase de composition. Tu ne peux pas t'imaginer comme j'attends ce moment... C'est le moment que je préfère au sein de Priest. Tu entres dans une pièce avec plein d'amplis, tu les allumes, tu commences à composer des rifs et - boum! - tu te retrouves peut-être en fin de journée avec un nouveau morceau de Priest. Une fois que j'aurai accumulé du matos, Scott Travis [batterie] et Ian Hill [basse] me rejoignent et on commencera à jammer ensemble, à assembler tous les bouts de morceaux. Comme toujours, ce sera prêt quand ce sera prêt, mais on a déjà accumulé un bon nombre d'idées pendant cette tournée. Je pense donc pouvoir être optimiste et me dire qu'on aura quelque chose de prêt... probablement pas à la fin de cette année, mais sûrement au début de l'année prochaine".
lundi, 18 avril 2016 14:47

Axl Rose, nouveau chanteur d'AC/DV

Les rumeurs qui fluctuaient sur la toile étaient donc belles et bien vraies : ce sera Axl Rose, chanteur et compositeur des Guns N' Roses, qui remplacera officiellement Brian Johnson derrière le micro d'AC/DC, du moins jusqu'à la fin de la tournée des légendes australiennes du Hard Rock. 
 
"Les membres d’ AC/DC voudraient remercier Brian Johnson pour ses contributions et son dévouement au groupe pendant toutes ces années. Nous lui souhaitons un bon rétablissement pour ses problèmes d'audition et bonne chance  pour le futur. Même si nous aimerions que cette tournée se termine comme elle a commencé, nous comprenons, respectons et soutenons la décision de Brian d'arrêter les concerts pour sauver son audition. Nous désirons nous consacrer à l'accomplissement du reste de nos engagements pour tous ceux qui nous ont soutenus au fil des années et nous avons la chance qu'Axl Rose nous offre gentiment son support et sa collaboration pour nous aider à accomplir cet engagement", a fait savoir la bande à Angus Young.
 
Un remplacement qui n'a pas fini de faire couler de l'encre. Le défi est en effet de taille pour Axl Rose, qui signe en effet son grand retour sur scène en 2016 non seulement en ayant annoncé en début d'année une tournée des Guns en compagnie de Slash et Duff McKagan, mais maintenant en reprenant en plus au chant les dates de tournées européennes d'AC/DC. Le musicien reprendra ensuite la tournée d’été des stades de Guns & Roses, 'Not In This Lifetime'.
 
Relève assurée ou non ? À vous de juger : AC/DC sera le 17 mai en Belgique, sur le site de Werchter. 
 
Les Sud-Africains de Wildernessking ont annoncé, via leur label Les Acteurs de l'Ombre, la sortie d'un nouveau vinyle-split composé de leurs deux premiers EP's, à savoir "...And the Night Swept Us Away" (pour la première fois disponible en vinyle) et  "The Devil Within". Un nouveau titre, "Decay", dans la veine de "The Devil Within" et un live studio de "...And the Night Swept Us Away" s'ajouteront aux six morceaux réunis sur les deux EP's. Quant à l'artwork, ce vinyle bénéficie de la très belle patte artistique de Simon Berndt, également originaire d'Afrique du Sud. Il sortira en trois couleurs (noire, orange et orange marbrée), chacune d'entre elles étant limitée à 100 exemplaires. Que les amateurs ne traînent pas, ça risque de partir vite...
 
 
mercredi, 17 février 2016 21:40

Post Ecstatic Experience

‘My expectations will only ever be an illusory feeling of a reachable happiness’. Ces quelques mots qui figurent à l’intérieur du livret de « Post Ecstatic Experience », premier album studio des Bordelais de Lifestream, illustrent bien l’atmosphère imprégnant cet opus : une recherche vaine, une ascension vers l’insondable, une quête emplie de détermination mais tournant à vide. Neuf compositions aériennes, planantes et froides alternant entre voyage aux pays des songes et accélérations brusques et à tombeau ouvert. Aussi angoissante que mortuaire, l’ambiance est accentuée par des parties vocales de temps à autre chuchotées, mais en général, vomies au fil des morceaux. Proférées à mi-chemin entre morbide et dédain, elles évoquent celles d’Attila Csihar voire de Mayhem ; à moins que ce ne soit –et c’est géographiquement plus proche– les hurlements de l’ex-vocaliste d’Hell Militia, Meyhnach… 

Bien que très prometteur pour un premier LP, Lifestream ne révolutionne néanmoins ici pas le genre et emprunte sans équivoque la route toute tracée d’un Black Metal direct, sans grande fioriture et malheureusement à tendance un peu linéaire. Quelques passages viennent cependant rompre la monotonie, telle l’envolée heavy de guitare sur « Parasite Glory », les riffs mélancoliques qui clôturent « Celestial Scourge Subjugation » ou encore les pistes instrumentales « Sad Thoughts Overdose » et « Banshee ».

Les Acteurs de l’Ombre (bien que ce soit ici leur subdivision ‘Emanations’) produisent généralement des groupes de qualité ; et force est de constater que ce premier effort de Lifestream en est un. On regrettera cependant un manque de prise de risques, audace qui aurait permis de déployer pleinement leurs capacités afin de les détacher de la masse, de leur forger une identité propre et de dissiper ce voile de monotonie parfois un peu trop opaque.

 

dimanche, 07 février 2016 00:00

De plus en plus proche des limbes…

Dimanche soir, la ville portuaire d’Anvers baigne dans une atmosphère sombre. Non seulement à cause des conditions climatiques maussades, mais surtout suite au débarquement de quatre grands noms de la scène extrême. Embarqués dans une croisade blasphématoire de quinze dates au cœur du Vieux Continent, les mercenaires d’Inquisition, Entombed A.D., Abbath et Behemoth sont venus déverser dans le Nord du pays leur flot de hargne, de haine et de versets inspirés par le Malin. Les grenouilles de bénitier n’ont qu’à bien se tenir.

L’avis de tempête ne rebute visiblement pas les amateurs du genre. Le Trix affiche sold out, et ses alentours sont rapidement envahis par une marée de voitures. Plus une place de libre, il faut jouer de la carrosserie pour pouvoir garer son engin parmi les 1 100 metalheads du jour. Quelques courageux tentent d’allumer leur cigarette devant les portes de la salle de concert ; d’autres, beaucoup plus nombreux, préfèrent jouer l’ambiance aquarium en s’entassant dans une salle vitrée servant d’intermédiaire entre le monde extérieur et l’arène du jour. Mais vu le monde déjà présent à l’intérieur, il ne fait aucun doute que la majorité des badauds ne veut pas manquer une miette des méfaits du jour. Et on ne peut leur donner tort.

Alors qu’il ne s’agit que du premier concert de la soirée, c’est néanmoins une fosse déjà bien dense qui accueille les Américano-colombiens d’Inquisition. Loin d’être des inconnus dans le milieu, (mal)traitant le riff depuis maintenant vingt-huit ans, le duo pratique un Black Metal brut de décoffrage que les puristes pourraient qualifier de Raw. Visage grimé du classique ‘corpse-paint’ blanc et noir, Dagon, fondateur et guitariste/chanteur (NDR : sa voix est particulièrement nasillarde), arpente les planches d’un pied de micro à l’autre. Pas toujours facile d’occuper l’espace quand on est seul aux avant-postes. Le style lent et répétitif ne manque néanmoins pas sa cible et parvient assez rapidement à captiver l’auditoire. Les headbangings sont timides, mais le public reste compact tout le long du set. Si les sept titres dispensés sont issus des cinq derniers LP du combo, la part belle est néanmoins faite à son dernier, « Obscure verses for the Multiverse ». Bien que finalement un peu linéaire, et frappé malheureusement de quelques problèmes posés par le système sans fil de la guitare, Inquisition va néanmoins laisser une bonne impression et offrir une belle entrée en matière sous des auspices mystiques.

Le Trix a beau être comble, l’endroit est respirable et on ne se marche pas dessus dès qu’on bouge le petit orteil. Par contre, retenez-vous de tout besoin pressant ou d’une envie soudaine de vous procurer des tickets de boissons, au risque de vous retrouver coincé pour un bout de temps. Le stand merchandising est visiblement également victime de son succès : seules les tailles de guêpe parviennent à faire le choix dans le panel des t-shirts, hoodies et autres gilets frappés aux effigies des groupes à l’affiche. Le succès de la tournée était peut-être sous-estimé…

Quoi qu’il en soit, les Suédois d’Entombed A.D. s’apprêtent à monter sur l’estrade. Deux structures sont disposées de part et d’autre du podium, laissant apparaître un double motif de tête de corbeau sur fond noir. Eux non plus ne sont pas des novices en la matière, les artistes proférant un Death Metal old-school, depuis 1987. Définitivement une affiche de talents confirmés. Les membres débarquent tour à tour sur les planches, l’impressionnant bassiste Victor Brandt imposant sa stature de viking. L’ambiance est décontractée, les membres prennent plaisir à partager leur Death Metal bien gras avec la fosse. Malgré sa position en bas de l’affiche, les Scandinaves sont néanmoins autorisés, pour le plus grand plaisir de toutes et tous, de livrer un set de dix morceaux. Telle une vieille marionnette de clown échevelée, Lars-Göran Petrov reprend des forces en s’abreuvant de houblon Made in Belgium, entre chaque morceau ; mais c’est surtout sa voix gutturale qui impressionne. Un show tout en puissance, caractérisé par quelques envolées consistantes de Nico Elgstrand à la gratte. Une prestation qui va encore davantage ancrer leur notoriété au pays des growls.

Place à présent à la première tête d’affiche de la soirée. Abbath est en effet annoncé comme ‘co-headliner’ dans la programmation. Ancien guitariste et vocaliste du mythique Immortal, un des premiers combos de Black Metal, Abbath avait signifié, au cours de l’année 2015, qu’il comptait revenir sur le circuit au sein d’un groupe dont le patronyme serait le sien. Et qui impliquerait notamment l’ex-Gorgoroth et God Seed à la basse. On n’est pas loin du super groupe. Ici non plus, pas de fioriture, tous comme les deux bands qui les ont précédés. Les artistes se contentent d’un backflag frappé de leur logo, en arrière-plan. Creature –c’est le pseudo du batteur Gabe Seeber– opère son entrée. Il est coiffé d’un inquiétant masque aux allures diaboliques. Et est suivi par le nouveau gratteur de la formation, Ole André Farstad, le visage peint de blanc, hormis une fine ligne barrant de bas en haut son œil gauche et sa bouche. Arrive ensuite l’inquiétant et mystérieux King, au regard froid et perçant, précédant l’icône Abbath en personne. Longue chevelure noire, deux grands triangles de la même couleur couvrant ses yeux –contrastant avec le reste de son visage peint en blanc– il a le corps recouvert d’une armure en cuir rigide de couleur noire. Malgré son apparence de guerrier des ténèbres, l’artiste est également connu pour son autodérision vis-à-vis de son personnage et de ses postures ultra stéréotypées, auxquelles le public ne va évidemment pas échapper ce soir. Une heure de prestation, pendant laquelle la formation va exécuter, pour le plaisir de la fosse, aussi bien des nouveaux morceaux issus du nouvel opus (NDR : c’est le premier et il est éponyme) que des compositions nées au cours des grandes heures de gloire d’Immortal, telles que « One by One », « Tyrants » ou encore « All Shall Fall ». Les titres s’enchaînent, conférant au show cette impression de rouleau compresseur. Outre ses mimiques habituelles, Abbath balance maladroitement un ‘Hello Netherlands’ à mourir de rire. A contrario du bassiste, qui prend la poudre d’escampette dès la fin du set, Abbath décroche, à la demande d’un fan une des setlists scotchée sur un retour, et la lui remet, en affichant un grand sourire. Le geste en était presque touchant.

Les esprits ont bien été soignés aux petits oignons (ognons ?), et sont fins prêts à se prendre de plein fouet les morceaux autant possédés qu’envoûtants (envoutants) de Behemoth. Les Polonais sont réputés pour leur précision autant que leur esthétisme, tant pour leur musique que leurs prestations ‘live’. Ils se sont créés un univers qui, pour l’occasion, se traduit par une scénographie impressionnante. Trois pieds de micro sont plantés sur l’estrade. Tous en fer forgé, de couleur gris foncé et au design incurvé, ils sont surmontés par des têtes de serpents enroulés autour de pentagrammes inversés. Ils tiennent la fosse en joue. Placée au centre, la batterie est surélevée. Elle est entourée de deux écrans, au bas desquels sont posées des marches métalliques afin que les musiciens puissent y grimper. Un énorme backflag est hissé en fond de scène, non pas frappé du logo du band, mais bien d’une symbolisation d’un feu, le tout entouré d’un triangle irradiant. Ce même symbole figure également sur le pied de micro réservé à Nergal, chanteur/guitariste de la formation. Les techniciens s’affairent autour des pieds de micro, veillant à régler pilepoil les dispositifs pyrotechniques. Cerise sur le gâteau : deux bâtons d’encens sont accrochés dans le bas de la structure métallique du frontman. Il est 22h30 précise, la messe noire peut commencer.

La salle est plongée dans l’obscurité. La foule hurle, mêlant sa voix à celles de psalmodiassions féminines et plaintives, similaires à des cris de chamanes envoûtées. Les senteurs de l’encens commencent à se propager, des fragrances propices à la stimulation de ces parties de l’imaginaire collectif induisant une séance d’exorcisme. Deux grosses flammes tournoient autour de la batterie. Seth et Orion, respectivement guitariste et bassiste de la formation, sont plantés en haut des marches, devant les écrans. Nergal, quant à lui, rejoint petit à petit son micro et débute le lent et puissant « Blow Your Trumpets Gabriel ». Le combo va interpréter, en première partie, les neuf morceaux de leur dernier album, « The Satanist », dans un climat glauque, sombre et froid. Des projections brutes et crasseuses en noir et blanc de rituels, de désenvoûtements et autres services mystiques couvrent le spectacle d’une chape ténébreuse. Sans compter l’attitude délibérément distante, glaciale et possédée des artistes qui ne ce cessent de fixer leurs fans dans la fosse. Vêtus de guenilles en cuir –garnies de clou– ils paraissent fraîchement sortis des abysses diaboliques afin de célébrer leur liturgie satanique. Une mise en scène mûrement réfléchie, qui laisse apparaître, entre deux morceaux, tantôt une femme vêtue comme une sorcière africaine, balançant son encensoir en direction de la foule, tantôt Nergal lui-même, profitant de cette obscurité dans laquelle la salle est plongée, afin de débouler vers la fosse, calice à la main, pour distribuer des hosties frappées du logo du groupe. La fosse se bouscule, se presse vers l’avant afin de recevoir la divine manne du chanteur. Un ensorcellement généralisé où toute âme a fini, à un moment ou à un autre, par être contaminée.

Les lumières s’éteignent, changement d’ambiance, le venin est désormais diffusé dans les corps. Les Polonais reviennent afin de s’assurer qu’ils sont parvenus à mettre à genoux les derniers survivants, en interprétant tout d’abord « Pure Evil and Hate », opérant ainsi un bond de vingt-deux années en arrière, avant de poursuivre par les surpuissants « Antichrist Phenomenon » et « Conquer All ». Seth est au bord du podium quand il lance les premières notes de « Chant for Eschaton 2000 ». Du sang commence à couler sur le coin de ses lèvres, et se transforme en écume rougeâtre. Il respire un grand coup et finit par cracher le contenu de sa bouche sur les premiers rangs, définitivement souillés par les artistes. Ces derniers achèvent d’interpréter le morceau et quittent définitivement le lieux, aussi froidement qu’ils étaient arrivés.

Behemoth a une fois de plus démontré qu’il est devenu une valeur sûre de la musique extrême, tant musicalement que visuellement. En vingt-cinq années de carrière, Behemoth est passé du Black au Death Metal pour finalement, depuis quelques long playings, parvenir à transcender une synthèse de ces deux styles. Il crée, innove et, au risque de se casser les dents, ose franchir des lignes pourtant peu accessibles. Plus le temps passe, plus il prend de l’altitude en s’exposant par le riff et l’image. Ce qui lui permettra de traverser encore, dans le futur, bien des frontières qui le séparent des limbes, où nul ne s’est plus aventuré depuis des siècles et des siècles…

(Organisation : Biebob/Rocklive)

Page 9 sur 18