Mustii avant que la fête ne soit finie…

L'auteur, compositeur et acteur Thomas Mustin aka Mustii représentera la Belgique au Concours Eurovision de la chanson avec son nouveau titre « Before The Party's Over », un hymne à la vie, à la fois fragile et puissant. Le titre –comme la vie elle-même– est…

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Manu Chao - Bau-huis

Nada Surf

Un groupe toujours aussi ‘popular’...

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Responsable d’un tout nouvel opus (“Lucky”), Nada Surf est donc reparti en tournée. Et pour la circonstance, le trio a choisi d’emporter dans ses bagages la formation californienne, Rogue Wave, dont le dernier album paru l’an dernier (« Asleep at heaven’s gate ») est enfin distribué chez nous depuis le 22 février. Bref, une soirée qui s’annonçait sous les meilleurs auspices, lorsqu’on connaît la générosité du band new-yorkais.

Les trente minutes dévolues à Rogue Wave ont constitué, il faut le reconnaître, une excellente mise en bouche. Zach est un excellent chanteur, dont le timbre peut rappeler Robert Pollard (Guided By Voices) et tous les musiciens (surtout le claviériste de tournée et le drummer) sont susceptibles de soutenir de superbes backing vocaux. Le quintet semble heureux de se produire en ‘live’ (tout sourire, Gram, le guitariste soliste, en est la plus belle illustration !) et privilégie les compos du dernier elpee : « Fantasies », « Like I needed », une version tribale de « Lake Michigan » qui se mue progressivement en pseudo valse, un morceau au cours duquel Ira Elliot, le drummer de Nada Surf, vient donner quelques coups de cymbales ; et puis surtout un superbe « Chicago X12 », renforcé par les vocaux de Matthew Caws (NDR : il a également collaboré à l’enregistrement le l’album). Un seul titre issu de « Out the shadow » : “Kicking The Heart Out” ; et en finale, la cover du “Birds” de Neil Young, version originale qui figure sur l’elpee “After the goldrush ». Les mélodies sont contagieuses et le son plus incisif que sur disque. Une très bonne surprise ! Le groupe devrait revenir chez nous, fin du printemps prochain.   

Cinq miroirs ronds et convexes sur pied sont placés au fond de la scène et reflètent les images déformées des musiciens vus de dos ; mais inévitablement de différentes portions du public. Original ! Le trio est soutenu par le claviériste Louie Linno, un collaborateur de longue date. Mais c’est le seul qui ne chante pas. La coiffure en dreadlocks de Daniel Lorca, le bassiste, est toujours aussi impressionnante. A partir du milieu du concert, son addiciton à la clope va le pousser à griller cigarette sur cigarette ; à un tel point qu’il parvient même à chanter en la tenant du bout des lèvres (NDR : et après on s’étonnera qu’il est parfois difficile d’interdire de fumer dans les salles…) Le début du set manque cependant singulièrement de pèche. Le fiston de Daniel vient poser sa voix sur « Happy kid ». Charmant ! Le groupe est pourtant bien en place et les harmonies vocales sont impeccables, mais les chansons ne décollent pas. Matthew avoue avoir la fièvre. Mais il faudra attendre le septième titre « Kilian’s red » pour qu’enfin il nous la communique. A partir de cet instant, le concert va monter en puissance. Notamment grâce à « Paper boats », « 80 windows », « Do it again » et « See the bones », qui achève le corps du show. Sans oublier « Inside of love », au cours duquel le public se balance de gauche à droite (NDR : à moins que ce ne soit de droite à gauche), à l’invitation de Caws.

Lors du premier rappel, Matthew revient d’abord seul, flanqué de sa six cordes. Le groupe le rejoint pour « Blizzard of 77 » et embraie par la berceuse « Blonde on blonde », puis le contagieux « Always love » ainsi qu’un « Blankest year » propice au défoulement. Et pour cause, Matthew y incite la foule à reprendre en chœur, un ‘fuck you’ vindicatif. Même le claviériste préposé à la tournée de Rogue Wave est venu se joindre aux quelques spectateurs, conviés à monter sur le podium, pour danser.

Vu l’ambiance, un deuxième rappel est inévitable. Et Nada Surf de se lancer dans un morceau digne de Hüsker Dü avant de concéder un « Popular », qu’il ne joue plus que très rarement. Parce qu’il le traîne comme un boulet depuis ses débuts. Mais qu’y faire lorsqu’on est devenu aussi populaire. Et que pour partager le bonheur de son public, on n’hésite pas à se produire en concert, près de deux heures…

 
Organisation : Botanique.

 

Torpid

Fraiseman

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Rencontré lors d’un concert de Sea and Cake au Botanique, le bassiste de Torpid m’a confié le peu de souci que son groupe se faisait de l’image qu’il renvoie et des modes en matière de musique. En témoignent les titres des chansons et l’artwork dadaïste du disque, mettant en scène une créature à tête de fraise, imaginée suite à la rencontre avec un étrange personnage lors de l’enregistrement de cet album, leur sixième…

Tendue, paranoïaque, et d’une redoutable efficacité, la musique proposée par le trio luxembourgeois émigré à Bruxelles mérite de se faire une place dans le petit monde trop propre sur lui du rock noir-jaune-rouge. Les ports d’attache Math- Rock/ Emo  sont certes vite identifiés (June of 44, Fugazi, Unwound, Jesus Lizard ou encore les brutaux Shellac de Steve Albini qui a enregistré et mixé ce disque), mais ils ne voilent ni l’originalité des compositions ni la qualité du jeu des musiciens. La rythmique est précise, nerveuse et contrastée (les deux parties du titre d’ouverture « Fluffy Bite » sont éloquentes à cet égard), et les guitares tranchantes, indomptables. La tension est permanente et la guerre au consensualisme se dessine à chaque virage : ici, aucune base n’est stable, une infinité de possibles se dessine et fait monter l’excitation tout au long de l’album. J’épinglerai particulièrement « Floos », monstre rampant, paresseux et vénéneux, qui finit par vous laisser au bord du chemin, harassé ou encore la pop sous perfusion de « Mucker », addictive au possible. Seule réserve : les ‘interludes’ dispensables qui affaiblissent un tantinet l’ensemble. Mais pas assez cependant pour gâcher le plaisir qu’on éprouve à l’écoute de cette musique grisante qui, tout en assumant pleinement ses références, privilégie l’audace et la créativité à la répétition de formules éprouvées.

Barry White

An evening with Barry White

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Curieusement, de son vivant, Barry White n’avait jamais sorti d’album live officiel. Cinq ans après son décès, il y avait donc de quoi se poser des questions sur cette sortie inattendue. Pur produit commercial destiné à rentabiliser encore un peu plus les tubes de légende du gaillard ? Ben non. Bonne nouvelle: la crainte fait très vite place à l’engouement, et le roi de la soul n’a pas été berné à titre posthume. Captation d’un concert offert en 1999 à ses fans californiens, le show bénéficie d’un son impeccable et contient la plupart des titres phares du chanteur. Il faut évidemment attendre le dénouement pour entendre l’immortel « You’re the first, the last, my everything » ou le mega fredonné « Let the Music Play ». Entretemps, le bonheur est total, même si on aurait aimé découvrir quelques versions inattendues (ou allongées) de toutes ces chansons que nos tympans connaissent par cœur. Mais on se rassure en se disant qu’elles n’existent probablement pas… 

Arca

On ne distinguait plus les têtes

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Le poète portugais Fernando Pessoa n’a presque rien publié de son vivant. Il rangeait ses écrits dans un coffre qu’il conservait jalousement. Et ceux-ci n’ont d’ailleurs été découverts qu’après sa mort. Ce type de coffre se dit ‘arca’ en portugais. A l’instar du coffre de Pessoa, ce disque risque de rester le secret de quelques mélomanes qui seront bien inspirés d’ouvrir la boîte de Pandore.

Projet initié en 2000 par le prolifique compositeur français Sylvain Chauveau et son ingénieur du son Joan Cambon, Arca propose tout au long de ce troisième album une expérience sonore digne d’intérêt, naviguant sur des eaux plutôt calmes. De paysages engourdis, voire neurasthéniques, émerge la voix de Sylvain Chauveau, douce et posée (le très beau « Sunday Negative »). Une tension bienvenue finit, au terme du voyage, par nous arracher à notre torpeur, le temps d’un « 1957 » hypnotique et furieux et d’un « Nyodene » d’apocalypse.

Chaque piste de ce court album (5 plages) se déploie ici comme un long et lent travelling sur un paysage, qu’on imagine volontiers d’hiver. Chauveau et Cambon ont d’ailleurs travaillé ensemble sur plusieurs films et confessent volontiers leur amour du Septième Art. Ainsi, la neige fige les gestes et les cœurs sur un titre tel que « Laced by the Night », pourtant tapissé d’une couche électronique évoquant le crépitement d’un feu dans la nuit.

Ce projet, le plus ‘rock’ de Sylvain Chauveau, ravira tant les amateurs de Talk Talk et de Sigur Ros que ceux du compositeur Arvo Pärt, adepte lui aussi d’une ligne claire, minimale, ponctuée de silences et de bienveillantes sonorités électroniques.

The Dø

A Mouthful

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On ne les présente déjà plus. The Dø, premier phénomène incontournable de 2008, nous offre un ouvrage d’introduction à la hauteur du buzz qui l’entoure. « A Mouthful » est un condensé exemplaire de pop à la fois euphorisante et délassante. Juste assez gentillet pour ne pas paraître trop candide et juste assez candide pour ne pas paraître trop niais. Le duo franco-finlandais joue habilement la carte de la diversité, valsant de rythmiques simples à des sonorités légèrement plus audacieuses.

La voix haut perchée d’Olivia Merilahti, qu’elle se fasse délicate (les jolis « When Was I Last Home ? », « Song For Lovers », « Searching Gold »), hargneuse (« The Bridge Is Broken », « In My Box ») ou joueuse (le M.I.A.-esque « Queen Dot Kong »), sert merveilleusement bien les compositions du couple. «  A Mouthful » est donc une œuvre si enivrante que l’on en pardonne le manque de cohérence. Quant à se lancer dans un immense bordel organisé, autant s'arranger pour que ce soit bandant…

Geoff Jardine

Once was a big man

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Geoff est né au Canada. Chanteur, drummer et parfois compositeur, il drive son propre blues band. « Once was a big man » constitue son premier opus. Il a monté son groupe à Halifax. Tout d’abord en compagnie de son ami et bassiste Paul McNeill responsable de l’écriture d’une bonne partie du répertoire, et du gratteur Bruce Timmins.

Rien de tel qu'un boogie rock pour propulser cet opus. "Boogie through the years" démontre la solidité du line up. Geoff dirige la manœuvre derrière ses fûts. Sa voix est rugueuse. Bruce Timmins se réserve les cordes, Roger Howse la slide, Gerry Carruthers le piano et Phil Potvin l'harmonica. Mais c'est la slide gémissante de Howse qui tire ici son épingle du jeu. Jardine possède un jeu percussif, plein de groove. Il chante "It's about my time", une plage signée Nick Gravenites (Electric Flag, Big Brother, etc.) Très rythmique elle lorgne vers le funk. Les compositions sont riches et séduisantes. A l’instar de "Lonely lonely lonely". Emaillée d’accès d'harmo et de piano, elle est ponctuée par l'envolée finale de Timmins. Blues lent, "High steppin' woman" est hanté par la voix très particulière de Geoff, passé à l’orgue pour la circonstance. Bruce confirme qu'il a bien assimilé les ficelles du bon gratteur de blues. "Rough dried woman " (NDR : une compo qui figurait au répertoire de Big Mac flanqué de Hubert Sumlin) est une plage imprimée sur un tempo élevé. Geoff se concentre sur les vocaux. Il cède ses baguettes à son jeune frère A.J, un musicien qui a milité pendant 23 longues années au sein du band de Dutch Mason. De brillants échanges de cordes fleurissent entre Bruce et Roger Howse. La reprise du "Ready to ride" de John Mayall (NDR : elle figurait sur l'album "Blues from Laurel Canyon, voici près de quarante ans déjà) est impeccable. Il est vrai que le vieux John constitue une des influences majeures pour Mr Jardine. Bruce se réserve un solo comme le Clapton des jeunes années. A moins que ce ne soit Mick Taylor (NDR : il figurait sur l'original. Jardine persévère dans le même style tout au long du "Something inside of me" d'Elmore James. Un blues lent et subtil balayé par l'orgue de Carruthers. On croirait entendre John Mayall et ses Bluesbreakers, au beau milieu de cette glorieuse période qui a marqué le cœur des sixties. Et je vous le confesse, la sonorité est parfaitement restituée. Bien sûr la voix est plus fatiguée, mais manifestement boostée par le british blues, la guitare s'envole vers des nouveaux sommets. Et j’avoue apprécier tout particulièrement cette compo… Je vous invite d’ailleurs de réécouter "Have you heard", un extrait de l'album "Bluesbreakers" impliquant Clapton! Très rythmé, "Gotta past people" change de registre, un morceau enrichi par le violon surprenant et offensif de Dave MacIsaac. "Pay the price" est un autre blues lent. Traversé par l’harmonica plaintif de Potvin, il nous replonge dans une atmosphère spécifique à ce type de compo. Interprété à la Mayall, "Santa Cruz" aurait pu relever du répertoire de Slim Harpo. Cet opus de toute bonne facture, s’achève par une gentille ballade intitulée "Once was a big man". Geoff a longtemps souffert de sérieux problèmes d’éthylisme. Il semble avoir remonté la pente. Et apparemment, c'est la musique qui l'a guéri. A ce titre, je lui tire mon chapeau !

Dome La Muerte and The Diggers

Dome La Muerte and The Diggers

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Dome La Muerte est italien. De Pise, très exactement. Un chanteur/compositeur/guitariste qui s’est forgé une solide réputation au sein du légendaire CCM, une formation qui avait bénéficié du concours de Jello Biafra à la production. Il porte d’ailleurs plusieurs casquettes, puisqu’il a également fondé Hush et sévit comme guitariste chez No Moving. Sans oublier son implication dans la composition de bande sonore pour le théâtre et le cinéma. Son nouveau projet répond donc au patronyme de Dome La Muerte and The Diggers. Il a choisi d’appeler son band les Diggers, en hommage au mouvement anticapitaliste, né vers 1966-68 du côté de San Francisco (NDR : un mouvement lui-même inspiré par une philosophie apparue à la fin du XIXème siècle). Bref, on comprend mieux pourquoi il est dans la manche d’Eric Reed Boucher alias Jello Biafra. L’ex Dead Kennedys n’a cependant pas collaboré à l’enregistrement de cet opus, mais bien le boss des Fuzztones, Rudi Protudi. Il joue de l’harmonica sur un titre et apporte ses backing vocaux à deux autres, dont la cover des Yardbirds, « Heart full of soul ». Parmi les autres guests, figurent la pianiste Maria Severine (Not Moving), dont les accords aux ivoires roulent tout au long du titre d’ouverture, « Get ready », et puis Mikefuecos (Los Fuecos) responsable des percus sur la ballade mid tempo hantée de chœurs hululés « You shine on me », une compo qui aurait pu figurer au répertoire des Stones, fin des sixties/début des seventies s’il n’y avait l’impétuosité des guitares. Car la majorité de l’opus trempe dans un garage/r&b/punk malsain et incendiaire. Une référence ? Le J. Geils Band. Encore qu’en finale, la reprise du célèbre « Cold turkey » de Plastic Ono Band, emprunte un tempo nettement plus ‘stoogien’. Bref, le moins que l’on puisse dire, c’est que cet elpee déménage…

The Mae-Shi

Hlllyh

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Si Robert Plant avait voulu se recaser au sein d’un groupe contemporain, c’est certainement pour The Mae-Shi qu’il aurait opté. Car s’il existe bien un point commun entre le vocaliste du chanteur mythique de Led Zeppelin et Erza, c’est bien leur capacité à monter dans les aigus. Depuis sa fondation, c'est-à-dire en 2002, la formation américaine écume les concerts. Elle est également responsable de nombreux Ep’s. Après avoir signé sur le label Moshi Moshi en 2007, le quatuor enregistre donc ce premier elpee.

Quoique fondamentalement rock, la musique de ce combo américain n’hésite pas à puiser dans le punk, la noise et même l’électro pour se forger son propre style. En poussant un peu le bouchon, on pourrait imaginer une forme de Led Zep sous acide. Sur des titres comme « The Melody » ou encore « Run to your grave » (NDR : le magazine Pitchfork la considère comme la chanson pop ‘parfaite’), l’électro vintage rappelle ce vieux clavier Casio sur lequel vous ne cessiez de jouer, tout gamin. Et contrairement à ce que vous pouvez penser, le résultat est loin d’être ringard. Ces sons primaires libèrent une fraîcheur insoupçonnée tout au long de ces deux petits bijoux sculptés dans la pop. Et il faut croire que The Mae-Shi est occupé de donner une nouvelle vie aux bidouillages électroniques. Pourtant, d’autres compos affichent un profil beaucoup plus violent. Plus punk. A l’instar de « Party Politics », véritable tourbillon frénétique qui vous scotche sur place par sa puissance. Mais sans oublier d’y insérer une touche d’humour. Car de l’humour, la formation n’en manque pas et en consomme généreusement au fil de ce « Hlllyh »! Pourtant le titre le plus intéressant de cette œuvre est également le plus paradoxal : « Kingdom Come ». Un véritable hymne à la techno de Detroit d’une durée de onze minutes. Un titre dansant, transcendant, époustouflant même, qui devrait faire un malheur sur les dancefloors. Sans oublier le titre maître. Une petite bombe. Elle est à prendre comme elle vient : en pleine tronche !

Personnellement, j’estime que The Mae-Shi est une des premières révélations de l’année 2008. Un disque d’excellent facture, chargé d’intensité et propice au défoulement. D’ailleurs, pour l’instant, il me rend complètement marteau et est occupé de me chambouler le cerveau (NDLR : ça rime !).

Girls In Hawaii

Une nouvelle évasion très planifiée.

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Il y a quatre ans, "From Here to There" se faisait une place dans les charts et les six Brainois de Girls In Hawaï étaient élevés au rang d'espoir du rock belge. Ils étaient pop, ils étaient peps, ils reviennent aujourd'hui avec "Plan your escape", un album qui se veut moins instantané et plus sombre. Un temps d'attente long pour les fans, synonyme d'éternité dans les propos du groupe qui se revendique d'une maturité nouvelle, d'un regard radicalement neuf.  La légèreté ne peut-elle côtoyer l'âge adulte? Faut-il la renier pour ‘grandir’ artistiquement? Analyse du nouvel opus et de sa gestation difficile en compagnie de Denis Wielemans le, batteur du sextet.

Quatre ans sans nouveauté, c'est un pari risqué pour un jeune groupe... 

La tournée a été très très longue. Elle a compté de nombreuses dates en Europe et aux Etats Unis et surtout des sorties étalées. Puis on a tardé avant de se remettre à l'écriture. Je pense qu'on avait besoin de calme, de retrouver notre quotidien à Bruxelles, de renouer avec l'anonymat et un rythme qui nous ressemblait plus. Il fallait trouver le moment intéressant, un propos pertinent. On ne voulait pas se sentir obligés de sortir un disque tous les deux ans. Cette cadence est la norme pour les maisons de disques, ce n’est pas la nôtre.

Besoin de temps... d'isolement aussi?

Oui, on est allés dans les Ardennes, dans une petite maison à l'écart de tout. Sans internet, sans portable et on a pu avancer. On est tous des citadins mais on a trouvé du calme, une plénitude, un isolement dont on avait besoin. Se retrouver seuls, en pleine forêt pour faire avancer le projet. C'était une solution qui nous convenait alors on y est partis six ou sept fois, pour des séjours de deux à trois semaines. Et on a eu la chance que Jean (NDR : Jean Lamoot, également producteur de Bashung) soit rentré dans notre jeu. Il a régulièrement partagé notre isolement. C’était important de pouvoir travailler avec quelqu'un qui soit prêt à épouser nos habitudes.

Ce deuxième opus est radicalement différent du premier. Une évolution inévitable?

On a vieilli. On voulait briser les codes du premier disque qui était une espèce de carte postale du moment. C'était un album de fans, une compile de fin d'adolescence, un hommage à ce qu'on avait écouté. C'était très pop, très court. Là le contexte est différent. Antoine (NDR : chanteur et parolier) approche la trentaine. On voulait du plus complexe. Quelque chose de plus alambiqué. Quand tu te sens vieillir, tu portes un regard plus pessimiste sur les événements. Je pense qu’elle est inévitable, oui. Tu as une approche plus terre à terre, moins joyeuse. Tu sors d'un rapport immédiat au quotidien. C'est ce qu'on voulait faire transparaître : notre évolution.

Le concept ‘bande de potes’ survit-il au passage à l'âge adulte?

Il fonctionne plus que jamais. On a tous des hauts et des bas mais jamais en même temps. Ce qui permet de toujours porter le projet. On a surmonté des périodes de doutes, de blocage. Humainement, ces épreuves nous ont renforcés en tant que groupe.  

Vous avez vraiment envisagé de tout arrêter?

Durant une période... oui!

Mais pour faire quoi?

C'était un peu le problème et la solution. C'est parfois tellement dur que tu te demandes pourquoi tu fais ça. C'est beaucoup de stress mais tu connais le plaisir que tu prends quand tu fais de la musique. Un plaisir que tu n'arrives pas à retrouver ailleurs. Il y a la volonté permanente de retrouver cette satisfaction, de composer des trucs qui te font planer. Tu es dans la perpétuelle attente de la surprise, du plaisir, tu veux être à nouveau amusé... C'est tellement fort que tu veux à tout prix le retrouver. En fait, c'était impossible de tout lâcher!

Les doutes semblent vous avoir poursuivis, jusqu'à retirer deux titres de l'album à la veille de la mise en presse...

Paradoxalement je pense que cette décision nous a rassurés. C'était impulsif, c'est sûr, mais on avait besoin de se sentir libre. D'avoir un rapport décomplexé au disque. Ce n'est pas le Graal! En opérant ce retrait, on avait juste envie de se dire qu'on était peut-être en train de faire une connerie mais qu'on s'en foutait... Puis dans la première version, on avait tout mis. C'était la playlist de tout ce qu'on aimait. C'était trop long. On voulait du moins bavard, du plus condensé. On a, par exemple, ôté un morceau qui était plus abrasif, plus dans la lignée de ce qu'on avait fait sur le premier. Je pense qu'on l'avait retenu parce qu'il nous rassurait. Et puis avec le recul, on a analysé, et on a décidé d'assumer cette nouvelle part de nous, ce qu'on était devenus. Le disque est plus cohérent sans ces deux titres. Mais, ils ne sont pas perdus pour autant, car on les adore et on les jouera en concert. Et puis on les placera sur le site. Les morceaux finissent toujours par avoir une histoire...

A l'heure de la sortie, vous êtes apaisés?

Oui, il y a eu énormément d'angoisses durant le processus de création mais maintenant c'est du passé. L'avis des gens, bien sûr, est important. Mais à la base, la conception d'un album, c'est vraiment égoïste. Tu as juste envie de te faire trouver, de te faire plaisir. Cette pression est derrière maintenant et je suis satisfait du résultat. En plus les premiers échos sont positifs. On a été agréablement surpris. Les gens semblent avoir compris notre démarche.

Rykarda Parasol

Our hearts first meet

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Rykarda Parasol est californienne. De San Francisco, très exactement. Avant d’enregistrer ce premier elpee, elle avait sorti un Ep, en 2003 (« Here She Comes »). Ce qui impressionne d’abord c’est la voix de Rykarda. Dont le timbre ou les inflexions peuvent évoquer tour à tour Polley Jean Harvey, Johnette Napolitano, Patti Smith, Siouxsie Sioux et Marlene Dietrich. Cette amplitude lui permet de libérer tantôt son amertume, tantôt sa sensualité. Mais aussi de les étouffer. Et puis les lyrics. Poétiques, romantiques, sombres, de mauvaise augure, morbides, trahissant la solitude ou la compassion et même la vengeance. Musicalement, Parasol puise ses influences chez une multitude d’artistes. Et elle les affiche même clairement sur son site MySpace. Mais après avoir écouté cet opus, P.J. Harvey, Nick Cave, 16th Horsepower et Siouxsie & The Banshees me semblent quand même les plus évidentes. Sa musique est donc manifestement gothique. Ce qui ne l’empêche pas de proposer, tout au long de « Our hearts first meet », 15 plages au profil distinct. Depuis le rampant et spectral « Hannah Leah » au minimaliste « James, don’t go back » (NDR : sa voix, son piano et un violoncelle), en passant par le superbe et très électrique « Night on red river », l’indolent et confident « Weeding time » (Cowboy Junkies, Mazzy Star ?), le post punk tribal « Arrival, a rival », le bouleversant « En route », sorte de prière mid tempo, qu’elle avait écrite lors des obsèques d’un de ses amis, un morceau tapissé de claviers ‘manzarekiens’ ainsi que d’un piano sonore, virevoltant et énigmatique. Sans oublier le boogie lancinant « Lonesome place », caractérisé par la présence d’un bottleneck, le feutré « Texas midnight radio » (ces drums jazzyfiants) et la valse « Weeding », dont la steel apporte des accents country. Non seulement cet album est remarquable, mais cette artiste est à suivre de très près.