Depuis 2003, c'est-à-dire la sortie de son premier album (« The Decline of British Sea Power »), l’armada British Sea Power s’est progressivement imposée comme une valeur sûre de la scène musicale issue de Brighton. Ces 5 amis d’enfance composent un rock indépendant, dans le sens le plus libre du terme ; en outre ils sont responsables de prestations scéniques loufoques et improvisées, doublées d’une grande maîtrise technique. Ils ont d’ailleurs rapidement impressionnées Geoff Travis, le boss de Rough Trade, qui les a signés dès leurs débuts… ‘Le Déclin de British Sea Power’ serait-il, cependant, un titre prémonitoire ? Pas que la solution sonore soit devenue de mauvaise facture, mais elle ne parvient plus à atteindre les sommets rencontrés à leurs débuts. Tout en demeurant, néanmoins, d’excellente qualité. La formation possède, en tout cas un sens de l’autodérision particulièrement aigu. L’humour bien british, en quelque sorte…
« Valhalla Dancehall » constitue déjà le cinquième opus du quintet anglais. Le titre augurerait-il des réminiscences jamaïcaines ? Leur rock épique à tendance psyché aurait-il cédé le relais à une expression sonore teintée de sonorités exotiques ? Pas vraiment. La formule n’a d’ailleurs guère changé, même si l’ensemble se révèle moins expérimental qu’à l’origine.
L’opus s’ouvre par « Who’s In Control », le single imparable et abrasif. Ne croyez cependant pas que BSP a décidé de se mesurer aux charts. Ce serait mal connaître les lads. Bien sûr, certaine plages seraient très susceptibles de faire des ravages au cœur de stades ; à l’instar des très sucrés « Living Is So Easy » et « Observe the Skies », deux compos hantées par l’esprit de Blur, ainsi que « We Are Sound », une compo qui lorgne carrément vers les Killers, même si elle est moins convaincante. Le combo n’est pas vraiment friand de ballades. Pourtant, il s’en sort honorablement sur « Georgie Ray » et « Luna ». A contrario, il passe complètement à travers sur le trop long et trop mou « Baby ». Dispensable ! Perso, je préfère le band, quand il lâche ses guitares fuzzy. A cet instant les lyrics ténébreux de Yan font mouche. Et je pense tout particulièrement à l’énervé « Stune Null » ou au magnifique « Mongk II » (la suite de « Mongk » issu de l’Ep « Duets »). Les festivités s’arrêtent malheureusement ici. Car le reste de l’elpee me semble bâclé. Et « Thin Black Sail », trempé dans le psyché-punk ainsi que l’ennuyeux « Once More Now », un morceau de 11 minutes, en sont de parfaits exemples ! Heureusement les textes demeurent soignés de bout en bout.
Une petite déception donc. Et une invitation à redresser la barre, en même temps. Car, vu leur potentiel, j’aspire à retrouver ce joyau de la musique insulaire, au sommet de son art. J’invite d’ailleurs l’Albion à choyer leur British Sea Power, car il possède toujours bien plus de caractère que la plupart des formations contemporaines.