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Philippe Blackmarquis

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jeudi, 14 septembre 2017 03:00

Nuits Sonores 2017 : jeudi 14 septembre

Les Nuits Sonores bruxelloises, c'est un nouveau festival pluridisciplinaire qui s'inspire grandement de son grand frère lyonnais, actif depuis 14 ans. Suivant une idée d'Henri Simons, le directeur de l'Atomium, la Ville de Bruxelles a demandé à l'équipe lyonnaise de développer un festival dans notre capitale, en adaptant le concept français aux lieux et artistes locaux.

L'idée originale des Nuits Sonores consiste à combiner musique électronique, arts visuels et performances dans des lieux de préférence insolites, tout en créant un débat d'idées et prônant l'interaction urbaine ainsi que la revitalisation des quartiers. Si elle ne réalise pas d'emblée cet objectif ambitieux, la première édition bruxelloise constitue un premier pas dans la bonne direction.

Durant 4 jours et 3 nuits, soit du 14 au 17 septembre, Bruxelles accueille deux nuits de concerts dans le Palais 10 du Heysel, un circuit d'activités organisé en collaboration avec plus de 20 collectifs et salles de la capitale ainsi que diverses conférences-débats.

Aujourd'hui, la journée de lancement est surtout marquée par la soirée d'inauguration au Bozar et par un circuit de concerts qui va squatter cinq lieux emblématiques de la ville. 

Dans l’'event hall' de Bozar, les sonorités subtilement 'dark' du Dj Sofa accueillent les visiteurs. De loin, le track évoque le « Venus in Furs » du Velvet: la soirée commence bien !

Le programme prévoit tout d'abord une partie officielle, consacrée aux discours et allocutions. Derrière le pupitre installé sur l'escalier, Paul Dujardin, directeur de Bozar, Philippe Close, bourgmestre fraîchement nommé et Bianca Debaets, secrétaire d'état à la Région, dressent le contexte politique et culturel du festival. Ensuite, Vincent Cary, directeur, et Pierre-Marie Oullion, programmateur, tous deux chez Arty Farty, l'équipe d'organisation lyonnaise, détaillent le programme et sa philosophie. Malheureusement, les allocutions adoptent un format 'conférence de presse' très (trop) officiel, et surtout pas du tout adapté à un auditoire qui, d'ailleurs, ne se gêne pas pour bavarder, créant ainsi une joyeuse cacophonie.

Le parcours se poursuit dans le 'Studio' de Bozar, où se produit une troupe estonienne, dans le cadre du Bozar Electronic Arts Festival, qui s'étend, lui, du 14 au 30 septembre. L’Estonie, pays pionnier dans le secteur du numérique en Europe, est en quelque sorte 'invitée d'honneur' au Bozar, entre autres par le biais d'expositions d’art vidéo numérique (« L’archéologie de l’écran »). Quant à la performance, elle a été baptisée ‘Demultiplexia’ et consiste en un spectacle multimodal, mêlant musique électronique, danse, théâtre et neurosciences. Le NeuroTheatre Collective y met en scène un danseur et une danseuse portant un casque qui enregistre leurs émotions et les traduit en sons et en images vidéo projetées sur un écran. Quatre spectateurs sont invités à participer à l'expérience, comme 'médiateurs'. L'expérience est intéressante mais manque de contenu et de scénarisation.

Après le Bozar, en route pour le ‘Circuit’ qui relie cinq lieux bruxellois : l'Ancienne Belgique, le Bonnefooi, le Brass, le Fuse et la galerie Horta. D'abord, rapide crochet par la galerie Horta, où les Garages Numériques (GN) organisent la deuxième édition de leur festival. Ils y présentent les cultures digitales sous de nombreuses formes, croisant les styles et les esthétiques dans un large espace d’exposition consacré à la musique, aux performances audiovisuelles et disposant d’une salle de conférences.

Cap ensuite vers l'Ancienne Belgique, et précisément l'AB Club, où Monolithe Noir achève son set. On a déjà eu l'occasion de dire tout le bien qu’on pense de ce projet monté par Antoine, le sympathique disquaire 'Balades Sonores'. Equipé de ses contrôleurs et de ses synthés modulaires, il déroule de superbes séquences tantôt ambient, tantôt industrial techno. La salle est quasi-pleine et réserve un très bon accueil à ce musicien-bidouilleur qui, depuis sa participation au Concours-Circuit, multiplie les concerts en Belgique.

Le temps de boire un verre de vin, de féliciter Antoine et de tailler une bavette en compagnie de deux amies françaises, et le 'Live' suivant embraie. En l’occurrence, celui, très attendu, de Raime. Ce duo londonien réunit Joe Andrews et de Tom Halstead. Ce soir, le tandem est épaulé par une drummeuse, Valentina Magaletti. Raime compte déjà deux albums dans à son actif, tous deux parus chez Blackest Ever Black, une écurie qui porte bien son nom vu qu'elle héberge des projets sombres, très sombres même... Si le premier elpee du duo, « Quarter Turns Over A Living Line », baignait plutôt dans une forme de 'dark ambient', grâce à ses pépites d'une noirceur abyssale, comme « Exist In The Repeat Of Practice », l'opus 'sophomore', comme on dit en anglais, a marqué une rupture assez radicale.

Sur le podium de l'AB Club, c'est, en grande majorité, ce nouvel avatar de Raime que nous découvrons. Oubliées, les compositions lentes, 'drone' et introspectives ; on retrouve bien sûr les infra-basses et les samples qui font la marque de fabrique du projet mais aujourd'hui, ces éléments sont intégrés dans des rythmiques plus rapides, exécutées par des machines et par la batterie en 'live' ; et, cerise sur le gâteau, Tom Hastead joue de la guitare ! L'ensemble débouche sur un univers cross-over, sis quelque part entre Vatican Shadow et... Rage Against The Machine. C'est dark, pulsant, énergique et très vite, le public ondule sous les vagues ensorcelantes de « Tooth ». Un set impressionnant, qui donne méchamment envie de (re)découvrir cet album étonnant.

Direction Fuse, pour assister au DJ set de Red Axes. Cependant, l’entrée est refusée à votre serviteur, suite à une erreur. Son nom ne figure pas sur la 'Press List'. Il ne lui reste plus qu’à rejoindre ses pénates afin de se ménager pour vivre les deux nuits prochaines, programmées au sein du Palais 10 au Heysel. Elles sont hautement prometteuses puisqu'on pourra y voir et écouter, entre autres, Modeselektor, The Hacker, Haring, Rone et Laurent Garnier... A suivre !

(Organisation : Nuits Sonores, Bozar, Brussels Expo, Be Culture ainsi qu’une vingtaine de salles et collectifs bruxellois).

Soror Dolorosa signifie « Soeur Douleur » en latin et, sans mauvais jeu de mots, on peut dire que le nouvel album de ce groupe parisien va faire mal... Emmenée par Andy Julia (chant), que l'on connaît aussi par ailleurs via ses participations aux projets Dernière Volonté et Position Parallèle, le combo pratique une musique 'dark' aux accents postpunk, cold-wave et gothic-rock. Pensez à Bauhaus, The Cure et The Sisters of Mercy. On trouve également dans ses rangs Hervé Carles (basse), Nicolas Mons (guitare), Frank Ligabue (batterie) et surtout, David-Alexandre Parquier (guitare), que l'on connaît bien en Belgique via son projet solo bruxellois Luminance.
 
Ce nouvel album, le 4e, s'intitulera « Apollo » et sortira le 15 septembre sur le label allemand Propecy Productions. Il aura fallu une longue gestation, de presque 4 ans, pour donner vie à cette nouvelle production. Les compositions évoquent un univers sombre, voire dystopique mais elles sont illuminées par la voix cristalline et voluptueuse d'A. Julia. Par moments, on pense aussi aux Chameleons, à David Sylvian et même à A-Ha, le refrain de « Another Life » lorgnant par moments sur le célèbre 'yodel' de Morten Harket...
 
Pour regarder


Pour pré-commander l'album :
http://en.prophecy.de/artists/soror-dolorosa/
 
En plus d'un CD et d'un double en vinyle, « Apollo » est aussi disponible en format Artbook, un magnifique opuscule noir et or qui comporte, outre le CD de l'album, un DVD live et 72 pages (!) de superbes photos.

Soror Dolorosa :
https://www.facebook.com/sorordolorosaofficial/

Propecy Productions :
http://www.prophecy.de/

Thot, le projet dirigé par le Français d'origine et Bruxellois d'adoption Grégoire Fray, a levé le voile sur son tout nouvel album, intitulé « Fleuve », lors d'un showcase destiné à la presse et aux professionnels, qui s'est tenu au Magasin 4, dans la capitale.
 
Produit par Magnus Lindberg (Cvlt of Luna), l'album est déjà le 4e du musicien et sortira officiellement le 20 octobre sur l'excellent label bruxellois Weyrd Son Records. On y retrouve avec plaisir la signature sonore et artistique de Thot (en passant, ce nom désigne le Dieu lunaire dans la mythologie égyptienne). C'est un indie-rock aux accents metal, industriels et post-rock, à classer quelque part entre Nine Inch Nails (période The Fragile) et Amenra avec une petite touche de Muse dans les voix (même si l'artiste s'en défend)...
 
« Fleuve » propose 9 compos qui portent toutes le nom d'un fleuve européen et se présentent comme une ode à l'histoire européenne et à son héritage, le tout transcendé par une approche tribale mêlant sons électroniques et organiques.
 
Pour annoncer l'album, pas moins de trois clips vidéos ont été réalisés (voir ici), ainsi qu'une reprise d'un titre de Fever Ray : Now's The Only Time I Know.
 
L'album est disponible en pré-commande sous la forme de plusieurs (superbes) éditions vinyl, en cd et en format digital via http://weyrdsonrecords.bandcamp.com/album/fleuve.
 
Tracklist :
1. ICAUNA
2. ODRA
3. VLTAVA
4. RHONE
5. RHEIN
6. DUNA
7. VOLGA
8. SAMARA
9. BOSPHORE
10. NOW’S THE ONLY TIME I KNOW (Fever Ray cover - bonus track)
mercredi, 16 août 2017 14:22

BSF 2017 : un Beau Succès de Foule !

La 16e édition du Brussels Summer Festival s'est refermée ce mardi soir sur une prestation impressionnante des Pet Shop Boys. Un point d'orgue (synthétique) sur un festival qui aura drainé plus de 115 000 spectateurs, dont 14 000 acheteurs du pass de 10 jours. Vu la période très sécuritaire que nous traversons, c'est un résultat remarquable. Notons que les problèmes de files devant la salle de la Madeleine, qui avaient exaspéré le public l'an passé, ont été largement résolus cette année, grâce à une programmation mieux équilibrée.
 
L'autre pari réussi, c'est celui de la diversité dans le lineup. Les grands noms ont bien entendu attiré le public plutôt « mainstream » (Pet Shop Boys, Jain,...) mais on félicitera surtout Denis Gerardy, l'architecte du programme du festival, pour avoir -à nouveau- innové dans la diversité et le mélange des genres. On a apprécié les soirées plus orientées 'metal' ou 'urban dance' et, plus encore, la présence de Lescop et Fishbach juste avant Jain mercredi passé et celle de Divine Comedy et Feist sur la grande scène de la Place des Palais. Autre franche réussite : la présence en force des artistes et formations belges, avec une mention marticulière pour Soldout et Goose. Bravo aussi pour The Jesus and The Mary Chain.
 
Seul petit couac : les files interminables à l'entrée du Mont des Arts avant le concert de Jain : il eût été plus opportun de programmer la nouvelle coqueluche française sur la Place des Palais. Mais on sait que la combinaison des agendas fait partie des des affres du métier de booker... Au passage, on suggère également d'intégrer davantage de formations alternatives locales comme Animal Youth, Luminance, etc. Mais on sait qu'en tant que festival plus orienté 'entertainment', le BSF se doit de privilégier des projets établis, laissant au Botanique et autres Beursschouwburg le soin de défricher le terrain pour découvrir les têtes d'affiche de demain.
 
Au final, il est clair que le BSF aura acquis un peu plus encore son statut de grand rendez-vous musical multiculturel, incontournable de la capitale, et jouissant d’une renommée grandissante, également à l’étranger. On nous a confié que des cars entiers de fans des Pet Shop Boys avaient fait le déplacement en provenance d'Allemagne, de France ou des Pays-Bas.
 
Un compte-rendu de la soirée de clôture sera publié dès que possible ; en attendant, vous pouvez (re)lire les chroniques des autres jours dans notre section « Concerts ». Les photos se trouvent ici.
Frozen Nation est un nouveau projet musical belge basé à Bruxelles. Après quelques titres partagés sur Soundcloud et quelques concerts, voici rien moins qu'un premier album en bonne et due forme. Intitulé subtilement « Dark Belgian Disco », un joli clin d'oeil, il propose une synthpop / futurepop impressionnante de maîtrise pour un groupe « débutant ».
 
Musiczine a eu la possibilité d'écouter les dix titres en préécoute exclusive : on se trouve dans un style musical proche de Covenant, Apoptygma Berzerk, And One ou Edge of Dawn, toute cette vague de Futurepop datant des années '90 et 2000 et fortement inspirée par Depeche Mode, John Foxx, Gary Numan.
 
Frozen Nation se compose du Bruxellois Moss au chant et de D&D, deux Parisiens exilés dans la capitale européenne. Le groupe mentionne également comme membre permanent : Elvis, « un synthétiseur modulaire unique construit par un génie inconnu pour Jethro Tull dans les années '70 ».
 
L'album sort le 1er septembre prochain sur le label bruxellois Subcontinental.
 
Pour suivre Frozen Nation:
- sur Facebook: c'est ici
- sur Soundcloud: ici

C’est le 4ème jour du BSF, et le festival monte tout doucement en puissance. Ce soir : ouverture de la scène du Mont des Arts et vu la météo clémente, les auspices sont bons. Au programme, Rive, Typh Barrow et Noa dans la Salle de la Madeleine tandis que Clara Luciani et Faon Faon squatteront le Magic Mirrors. Mais c'est le Mont des Arts qui a retenu notre attention, pas tellement pour Jain, la tête d'affiche, mais bien Fishbach et surtout Lescop.

Il est 19h15 précises et l'esplanade n'est remplie qu'à moitié quand Mathieu Peudupin, alias Lescop, monte sur le podium. Le Français a toujours été un de nos favoris et, si vous sondez les pages de Musiczine, vous retrouverez deux chroniques de concert et une interview qui lui sont consacrées. ‘Bonsoir, Bruxelles ! Ca fait longtemps !’, déclare Lescop. En effet, 4 ans se sont écoulés depuis sa dernière visite ; une absence qu'il a mise à profit pour publier « Echo ». C'est d'ailleurs par la plage titulaire de ce second opus que la formation entame le show ; d'abord tout en douceur, au sein d’une atmosphère solennelle rappelant... « Atmosphere » de Joy Division. Mais bien vite, une rythmique robotique ou plutôt ‘motorique’ suivant le terme employé pour désigner le 'krautrock', vient secouer la compo, rehaussée par des notes de guitare en ‘sustain’ façon « Heroes » de Bowie. Une magistrale entrée en matière.

Classieux et discret, en pantalon et veste jeans, Lescop s’est planté au milieu du podium. Il est flanqué du guitariste Cédric Leroux (NDR : physiquement, cet ex-Phoebe Killdeer campe un hybride entre Prince, Fred Chichin et Phil Lynott !), qui affiche une grande maîtrise sur son instrument, tout en exécutant des mouvements saccadés et épileptiques, du bassiste (NDR : il s’est installé à gauche de l’estrade) Antoine de Saint-Antoine, l'acolyte des débuts chez Asyl ; sans oublier la préposée aux synthés Maud Nadal, ainsi qu’un batteur.

La formation poursuit son voyage au cœur d'une new wave moderniste via « David Palmer », « Ljubljana » et « Quelqu'un à qui penser ». Les rythmiques sont hypnotiques et les arrangements, dépouillés. On pense bien sûr à Taxi Girl, Etienne Daho ou encore Indochine ; mais aussi à The Cure, The Sound et Suicide. La musique, très filmique, est influencée par le cinéma, surtout les réalisateurs Jean-Pierre Melville, Fassbinder et Schlöndorff. « La Nuit Américaine » en est une preuve évidente, même si Lescop nous a précisé qu'il n'avait pas encore vu le film de Truffaut, quand il l'a écrite. Sur ce titre, il apparaît concentré et les yeux fermés, il ressemble à Ian Curtis. Ses mouvements respirent l'élégance discrète. Il les anime de quelques déhanchements légèrement androgynes.

‘Je veux vous voir danser un peu plus que ça !’ réclame Lescop. Le public est maintenant plus nombreux, remplissant presque entièrement la cuvette du Mont des Arts, mais il est en effet assez apathique. « C’est la nuit » va les remuer, grâce à ses boucles électro, ses arpèges répétitifs et sa rythmique un peu martiale. Pendant « Dérangé », Maud Nadal passe à la guitare, permettant à Cédric Le Roux de s'aventurer dans un solo frénétique. L'intro carrément punk de « Un Rêve » fait monter la pression encore un peu plus. Et enfin, c'est le moment tant attendu: « La Forêt » ! Le public acclame chaleureusement les premières notes de basse et le rythme minimal de batterie. Lescop se campe en front de scène et son interprétation est impeccable. Nous dansons en remuant la tête, comme ensorcelés par cette mélodie envoûtante.

Lescop termine sa prestation par « Le Vent », un morceau consacré aux ‘souvenirs brûlants’. ‘C'est le dernier titre du show et aussi le dernier de notre tournée’, confie le chanteur. Le moment est touchant et clôture le show comme il avait commencé, dans une atmosphère solennelle. Un très bon concert mais on est impatient de le revoir à nouveau seul, dans une salle, pour un concert plus conséquent...

Le temps de déguster une petite Kriek et place à Fishbach ! Flora Fishbach (de son vrai nom) est originaire de Normandie mais a surtout vécu à Charleville-Mézières. Elle est une des grandes révélations françaises de ces derniers mois. Au Mont des Arts, elle va accorder un show déroutant, irrégulier mais fascinant.

Sa musique est étrange, et mêle des influences qui oscillent de Rita Mitsuko à Niagara, en passant par Patti Smith, Daniel Balavoine et Mylène Farmer. Un cocktail étonnant, voire détonnant ! La setlist se focalise sur le premier LP, « A ta merci », tout en accordant une mention particulière à « Y Crois-tu », « Un Autre que Moi » et « le Château ». Obsédée par la mort et le suicide, l'artiste chante « On Me Dit Tu » et « Mortel » sur des rythmes jouissifs, dans une espèce de farandole mortifère. Fishbach danse sur les tombes...

La clope au bec, elle affiche cette moue désabusée presque provocante mais on la sent fragile, écorchée vive. Distante, presque décalée par la situation, elle semble vivre comme dans un rêve, habitée par son univers. Entre les chansons, elle passe plusieurs dizaines de secondes, en silence, à regarder le public, créant un malaise presque palpable. Derrière elle, on remarque Michèle Blaise, époustouflante à la basse et aux voix, Nicolas Locart aux synthés et Alexandre Bourrit à la guitare.

Attention : musicalement, c'est très fort. Les harmonies sont recherchées, les rythmiques fouillées et les mélodies, superbes. Les arrangements sont très riches : ça va dans tous les sens. Tantôt new wave disco cheesy des années '80, tantôt valse bastringue et baroque, tantôt électro rétro-futuriste. Et il y a cette voix, mutante, oscillant entre notes aiguës et graves, une mezzo dramatique, voix d'enfant, de déesse, de sorcière... Quand Fishbach quitte la scène, on n'a qu'une envie : se replonger au plus vite dans son univers unique et captivant. Ce concert ? Une belle Fishclaque*...

Si le public est, pour la plus grande partie, resté assez indifférent face à Lescop et à Fishbach, c'est parce qu'il est venu pour Jain. La Toulousaine est devenue la coqueluche des médias et des radios mainstream. Véritable Stromae au féminin, elle mélange électro et sonorités africaines, tout en proposant un côté ouvertement ‘urban dance’ : une recette qui fait merveille auprès du grand public mais laisse votre serviteur de glace. Pourtant, il faut le reconnaître, en ‘live’, c'est du lourd : le show est époustouflant, les visuels très recherchés. Jain a une forte présence et a l'art de faire participer le public. Nous vous renvoyons donc vers les chroniques des journaux nationaux pour un compte-rendu complet du spectacle. Pour notre part, nous nous rendons backstage à la Madeleine, pour retrouver Lescop et l'interviewer. A suivre dans les colonnes de Musiczine et sur les ondes de Radio Vibration, dans l'émission WAVES !

* copyright Franck Limonier (Divagation)

(Organisation : BSF)

Voir aussi notre section photos ici

dimanche, 23 juillet 2017 03:00

Amphi Festival 2017 : dimanche 23 juillet

En route –déjà– pour le deuxième et dernier jour de l'Amphi. Pour rappel, ce festival est le rendez-vous annuel de la communauté 'dark' allemande. Planifié très professionnellement, il réunit plus de 12 000 passionnés de musiques 'sombres', posant un accent particulier sur les artistes du répertoire de l'organisateur allemand, le label/booker Protain.

Après avoir participé à la croisière ‘Call the ship to port’ du vendredi (voir notre compte-rendu ici ) et vécu un samedi assez épique et plutôt chaud (voir ), nous entamons le dernier chapitre sous un ciel un peu tristounet qui distille quelques gouttes de pluie.

Premier concert au programme de notre journée : Near Earth Orbit (NEO), dès 14 heures, sur la ‘theater stage’. Fondé en 2015, ce projet est emmené par Ashley Dayour et Artaud Seth. Dès le début du show, on est projeté dans le futur (en 2034), au sein d’un univers ‘dystopien’. Trois écrans projettent des images de science-fiction alors que les musicos sont enveloppés dans des sweaters à cagoules noirs : super dark ! En ouverture, « Trans-Neptunian Objects » impressionne déjà. En raison de son beat puissant et robotique, mais également de l'atmosphère particulière qui règne tout au long du morceau. Musicalement, on pense à un KLF trempé dans un bain de 'gothic rock' façon Sisters of Mercy. On y retrouve ce même côté grandiloquent, à la limite de l'hyperbole. Les thèmes évoqués dans les paroles et les vidéos surfent sur la vague des théories de la conspiration, un fatras mêlant OVNI, voyages spatiaux et mondes apocalyptiques. Après quelques titres, le spectacle commence malheureusement à lasser ; d'autant plus que le son est bien trop criard et le recours aux stroboscopes, systématique. C'est néanmoins une intéressante découverte, à approfondir !

Sans tarder, cap sur la main stage, où Das Ich a déjà entamé sa prestation. Quel plaisir de revoir le projet de Stefan Ackermann (chant, paroles) et Bruno Kramm (musique, instruments, backing vocals). Au cours des années '90, ce duo allemand avait jeté les bases d'un style électro-goth baroque, à nul autre comparable.

Après avoir combattu un cancer, Stefan Ackermann est de retour et il est en pleine forme. Il a juste pris un petit peu de bide ; ce qui ne l'empêche pas de gesticuler et de grimacer comme un diable sorti de sa boîte. Bruno Kramm est grimé en clown et complète ainsi le spectacle, très burlesque, de Das Ich. La setlist réunit, en général, des hits qui ont forgé la notoriété du duo : « Die Propheten », « Kain und Abel » ainsi que l'incontournable « Gottes Tod », l'hymne gothique par excellence. Plus étonnant, Ackermann réclame, de manière impromptue, la setlist, ne sachant plus par quel morceau embrayer. Néanmoins, on peut affirmer que ces retrouvailles, passées en compagnie de ces leaders incontournables du mouvement gothique, se sont révélées particulièrement agréables… 

Pendant ce temps, dans la ‘theater stage’, c'est The Other qui a pris ses quartiers. Cette formation locale pratique un horror/batcave/postpunk qui flirte parfois avec le heavy metal. Parfois, on croirait même entendre un ersatz d’Iron Maiden. Pas vraiment notre tasse de thé.

C’est donc l’occasion d’aller boire un thé ou plutôt un café, avant d’assister au final d'Ordo Rosarius Equilibrio, le groupe suédois de neo/folk. A maintes reprises, dans le passé, on a pu apprécier, en ‘live’, la musique douce et fascinante de Tomas Pettersson. Le charme opère ici une nouvelle fois. Deux torches ont été plantées sur l’estrade ; et pendant « Three Is an Orgy », un des titres-phares de l'"Ordre", on est plongé dans un univers mystérieux, voluptueux et carrément fétichiste. Un régal !

Sur la main stage, la nostalgie est au rendez-vous ; et pour cause, Apoptygma Berzerk vient d’entamer son set. Notre périple en Scandinavie se poursuit vu que cette formation drivée par Stefan Groth est norvégienne. « In This Together », « Starsign » et « Shadow » donnent le ton, celui d'une futurepop/synthpop mélodique et énergique. Groth affiche toujours son look à la Brian Molko et parvient invariablement à entretenir une très bonne ambiance. Et la succession de hits alternatifs comme « Deep Red », « Eclipse », « Non-Stop Violence », « Kathy’s Song » et « Love Never Dies » n’y est pas étrangère…

Malheureusement, la pluie nous incite bien vite à nous replier sur la ‘theater stage’, où nous assistons de loin à la prestation de Letzte Instanz. Le folk/metal de ce band allemand n’est guère passionnant, malgré quelques sonorités intéressantes, produites par le violon et le violoncelle.

Mais la grande claque de cette journée, on va se la prendre en clôture du programme, au sein de cette même ‘theater stage’, grâce à l’‘All-star project’ de Daniel Myer. Surdoué, ce musicien allemand est un véritable stakhanoviste qui multiplie les concepts et les collaborations. Haujobb (NDR : un patronyme qu'il faut veiller à prononcer correctement...) constitue son principal projet, autour duquel gravitent Architect, Destroid, Aktivist et bien d’autres. En outre, depuis quelques années, il milite également chez Covenant. Sans oublier ses innombrables remixes.

Pour ce show, Daniel Myer a invité toute une flopée d'amis, plus ou moins connus, à donner de la voix. Après "For You" un premier titre d'Architect impressionnant de puissance, Eskil Simonsson, le chanteur de Covenant, monte sur le podium pour interpréter tout d'abord « Lightbringer », un titre signé Covenant, suivi d'« Input Error », issu de la plume de Haujobb, dans la version remixée par notre ami Oliver Chesler, alias The Horrorist. Force est de constater qu'Eskil a pris un coup de vieux ; la conséquence malheureusement logique de nombreuses années d'excès divers et multiples. Mais ne boudons pas notre plaisir ; le spectacle est de qualité, et se poursuit par une version ‘live’ remarquable de « Sound Mirrors », une plage extraite du dernier elpee de Covenant.

Après le « Friend or foe (The Betrayal) » de Destroid, chanté par Daniel Myer, c'est au tour de Sven Friedrich, le vocaliste de Dreadful Shadows, Zeraphine et Solar Fake, de prendre place comme 'guest' sur le podium pour un épisode malheureusement gâché par des problèmes techniques. A trois reprises, la 'backing track' se plante, contraignant le groupe à recommencer le morceau. L'occasion pour nous de se fustiger à nouveau de cette tendance, de plus en plus répandue, qui vise à remplacer les musiciens par des bandes de play-back ou, à tout le moins, par des séquences préprogrammées. Un véritable fléau !

Heureusement, le chanteur suivant, notre Jean-Luc De Meyer national (NDR : un des deux frontmen de Front 242), ne va pas vivre ces problèmes. Nous avons droit à un superbe "God", lent et solennel, ainsi qu'à une très belle version de « We Must Wait » du duo Myer-De Meyer, une compo qui remonte déjà à 2014. La voix grave et profonde du Belge émerveille et sa présence est imposante. Bravo, Jean-Luc !

Au suivant ! Le prochain sur la liste des invités s’appelle Tomas Tulpe, un musicien allemand qui a rencontré un certain succès outre-Rhin grâce au semi-hit « Ich bin ein Grufti »  (NDR : ‘Grufti’ est synonyme de ‘Goth’, en allemand). Le personnage est sympa et assez rigolo : un intermède 100% fun.

Mais le grand moment se produira dans la foulée. L’introduction est hypnotique. Une voix, à la limite du 'spoken word', scande un texte. C'est le chanteur de Klangstabil, Boris May! Après "Dead Market", de Haujobb, le morceau n’est autre que le sublime « Math & Emotion », du duo allemand. La version retravaillée par Daniel Myer est tout simplement époustouflante. Propulsé par un beat et des arrangements surpuissants, Boris May éructe tel un possédé, baigné dans une obscurité hallucinante que viennent déchirer les flashes sur les écrans et les stroboscopes. Le public est véritablement en transe et on atteint un orgasme sonore total. A la fin du morceau, la clameur est assourdissante : un grand moment !

En ce qui nous concerne, le concert aurait pu (ou dû) s'arrêter là. Mais il y a encore un dernier 'guest' : Andy LaPlegua, le fondateur de Combichrist, combo qui était programmé sur la main stage, en début de soirée. Ce showman est talentueux ; mais passer après Boris May, ce n'est vraiment pas un cadeau.

C'est donc toujours sous le choc de la chanson de Klangstabil et satisfait par ce show en tous points remarquable que nous quittons la salle et le site.

Ce festival aura été, de nouveau, d’un bon cru. Rappelons ses points forts : une organisation impeccable, un cadre idyllique au bord du Rhin et un concept de concert-croisière très original en ouverture. On connaît malheureusement aussi les points faibles de l'Amphi : programmation trop focalisée sur les mêmes groupes et lors de cette édition, la distance qui sépare les deux scènes de la troisième, même si les organisateurs ont planifié des navettes en bus (gratuites) ; ce qui a permis de résoudre, en partie, le problème. En tout cas, rendez-vous l'année prochaine !

Near Earth Orbit + Das Ich + Ordo Rosarius Equilibrio + Letzte Instanz + Apoptygma Berzerk + Daniel Myer Project  

(Organisation : Protain / Amphi)

Voir aussi notre section photos ici

samedi, 22 juillet 2017 03:00

Amphi Festival 2017 : samedi 22 juillet

Le festival Amphi est programmé, depuis 2006 au Tanzbrunnen, à Cologne (NDR : la première édition s’était déroulée l’année précédente, à l’Amphitheater de Gelsenkirchen). Il s’agit du rendez-vous annuel de la communauté 'dark' allemande. Planifié très professionnellement, il réunit plus de 12 000 passionnés de musiques 'sombres', posant un accent particulier sur les artistes du répertoire de l'organisateur allemand, le label/booker Protain.

Après la croisière ‘Call the ship to port’ du vendredi, au cours de laquelle Front 242 a entamé en force les hostilités (voir notre compte-rendu ici), le festival débute officiellement ce samedi, sur les bords du Rhin. Trois scènes sont accessibles. Au sein du domaine ‘Tanzbrunnen’, en plein air, il y a la ‘main stage’. A l’intérieur, la plus intimiste ‘theater stage’. La troisième a été aménagée à bord du MS Rheinenergie, un bateau qui devait normalement jouxter le site ; mais comme le niveau de l’eau du Rhin est trop bas, l’embarcation est restée amarrée de l'autre côté du fleuve. Et comme 20 minutes séparent les différents podiums, on comprend aisément les choix cornéliens auxquels les festivaliers sont confrontés.

Premier rendez-vous dans notre parcours : Holygram, un quatuor colognais extrêmement prometteur. Sur la ‘theater stage’, il propose un post-punk sophistiqué, aux frontières de la shoegaze et du krautrock. On pense tour à tour à The Cure, The Chameleons mais aussi à The Jesus and The May Chain ainsi qu’à Neu!... Chaussé de lunettes rondes colorées, le chanteur, Patrick Blümel, affiche un petit côté Liam Gallagher ; mais ici s’arrête la comparaison. La setlist privilégie les plages du premier Ep (NDR : un éponyme), mais les compos inédites laissent entrevoir une évolution vers un style plus éclectique. Après le show, le combo a accepté de nous accorder une interview. A suivre dans les colonnes de Musiczine et lors de l'émission de radio WAVES !

Après l'interview, nous décidons de rejoindre la ‘theater stage’ pour le set de Frozen Plasma ; mais l'accès y est rendu impossible à cause d'une file kilométrique. Effet pervers de l'éloignement de la 3ème scène, les festivaliers s'agglutinent devant les 2 podiums du site central.

On se résout donc à rejoindre le bateau pour assister à la prestation d'Esben and the Witch. Etabli à Berlin, ce trio anglais est emmené par la voix exceptionnelle de Rachel Davies. Dès le début du spectacle, on est hypnotisé par ce timbre, qui évoque Björk et Siouxsie Sioux, bien sûr, mais aussi PJ Harvey, Chelsea Wolfe et Julianne Regan (All About Eve). Nordiques, les atmosphères alternent ‘soundscapes’ et éruptions quasi-métalliques. Dommage que « Marching Song », le hit alternatif du combo publié en 2010, n’ait pas été interprété. N’empêche, ce concert s’est révélé fascinant et a également suscité l’envie de découvrir plus avant sa discographie.

Plutôt que de retourner vers la ‘mainstage’, où doivent se succéder Diary of Dreams et Fields of The Nephilim, on décide de s’attarder sur le bateau pour le show de Diorama. Le projet de Torben Wendt, assisté de Felix Marc (également chez Frozen Plasma), a toujours emporté nos suffrages. La formation allemande pratique une synth-pop/futurepop romantique, aux harmonies extrêmement riches et aux mélodies immédiatement mémorisables. Pensez à Depeche Mode quand Martin Gore se consacre au micro. Le tout, combiné à un sens du beat qui communique un accent presque électro-indus à certaines chansons.

Remarqué lors de ses débuts par Adrian Hates (Diary of Dreams), Torben Wendt a surpris tout son monde, quand il a grimpé sur la main stage, en compagnie de son mentor, pour attaquer « Butterfly Dance » et « The Curse ». Un moment, assurément magique, auquel votre serviteur n’a pu, malheureusement, assister…

Retour sur le bateau où, suite à des problèmes techniques, le set de Diorama accuse un long quart d'heure de retard. Ce qui semble être une mauvaise habitude ; et pour cause, la formation a rencontré la même mésaventure à Utrecht, lors du Summer Festival. Conclusion, le temps imparti est réduit. Et comme elle n’a pas pris l’initiative de supprimer les deux ou trois morceaux les plus calmes, qui figurent en milieu de parcours, la set list a été amputée de certains hits irrésistibles comme « Synthesize Me »…

Ce qui ne va pas empêcher le band de nous réserver des moment particulièrement brillants ; à l’instar de bijoux comme « Exit The Grey » ou « Her Liquid Arms (HLA) », le public reprenant toutes les paroles en chœur. On se rend compte rapidement de la popularité, énorme, dont jouit Diorama sur ses terres. Les plages du dernier elpee, « Zero Soldier Army » passent très bien l'épreuve du ‘live’, surtout « Off » et « Polaroids ». « Over » est dédiée à Chester Bennington, le chanteur de Linkin' Park, disparu il y a peu. Sur le podium, Torben Wendt s’impose par sa taille (NDR : 1m90, quand même) mais son charisme naturel exerce un pouvoir de séduction. La gent féminine est d'ailleurs sous le charme des deux 'frontmen' du groupe.

Mais le sommet du set est atteint lorsque Felix Marc rejoint Torben Wendt au-devant de l’estrade pour une interprétation conjointe de « Defcon ». Bref, si ce show nous a quelque peu laissé sur notre faim, il nous a donné diablement envie de revoir ce band, si attachant !

La soirée s'achève ensuite sur le bateau par la prestation de Clan of Xymox, un des grands classiques des festivals 'dark', depuis trois décennies. Créée en 1981, cette formation batave pratique une cold-wave/darkwave fortement inspirée par The Cure et Cocteau Twins. Après s’être égaré dans le style électro, le 'Clan' est revenu à ses anciennes amours. Cette année, il a publié un opus remarquable baptisé « Days of Black ».

Et bien entendu, ce sont les titres de ce nouvel LP qui forment la trame de la set list. La plage titulaire, « Your Kiss », « Leave Me Be » et surtout le superbe « Loneliness » passent très bien la rampe auprès de classiques comme « A Day », « Emily » ou « Louise ». Ronny Moorings, qui dirige la formation depuis 30 ans, focalise, bien sûr, tous les regards, sur l’estrade. A cause de sa coiffure 'curesque', son fond de teint blanc et sa silhouette… on ne peut plus gothique. S’il n’est pas un véritable showman, il ne manque pas de charisme. Seule ombre au tableau, l'absence de Mojca Zugna, bassiste et par ailleurs compagne de Ronny Moorings. Le public, lui, est aux anges et manifeste un enthousiasme sans retenue, particulièrement sur les titres les plus connus, qui nous ramènent à l'époque où le 'Clan' faisait partie du prestigieux label 4AD. Comme, par exemple, le sublime "Muscoviet Mosquito", interprété avec maestria lors du rappel. Bref, une prestation sans surprise mais en tous points irréprochable.

Autre regret, celui ne n’avoir pu transiter d'une scène à l'autre afin de vivre, au moins en partie, les concerts de Fields of The Nephilim et de Die Krupps. Espérons que les organisateurs trouveront une solution l'année prochaine pour rassembler les 3 scènes sur un seul site.

Les afterparties ? On préfère zapper afin de garder la forme pour le 3ème jour du festival, qui s'annonce, lui aussi, épique...

Holygram + Esben and The Witch + Diorama + Clan of Xymox

Voir aussi notre section photos ici

(Organisation : Protain / Amphi)

 

 

 

vendredi, 21 juillet 2017 03:00

Amphi Festival 2017 : vendredi 21 juillet

Quand on vous propose d’assister à un concert de Front 242, lors d'une croisière sur le Rhin, il est difficile de refuser ! Ce concert événement marque l'ouverture de l’édition 2017 du festival Amphi 2017, qui se déroule chaque année, à Cologne. Rendez-vous annuel de la communauté 'dark' allemande, il attire plus de 12 000 passionnés de musiques 'sombres', tout en mettant un accent particulier sur les artistes du répertoire de l'organisateur allemand, le label/booker Protain.

La croisière, baptisée ‘Calling the ship to port’, en référence à une chanson–phare du répertoire de Covenant, a permis à plus d'un millier de privilégiés, dont votre serviteur, d'embarquer sur le 'kolossââl' catamaran MS Rheinenergie, amarré sur le Rhin, juste à côté de la 'Altstad' colognaise. Sur le pont, la vue est carrément surréaliste : les passagers, tous habillés de noir, forment une véritable marée noire. Ignorant les sourires sarcastiques des touristes, nous sirotons une bière Kölsch sur le pont du bateau en contemplant au loin la magnifique (et très gothique) cathédrale de Cologne, le 'Dom'.

Dès 20 heures, après l'appareillage du bateau, il est temps d'entamer le programme des sets, qui sont accordés à l'intérieur, dans un espace impressionnant. Après Scheuber et Neuroticfish, qui assurent la 'mise en bouche', c'est Front 242 qui est chargé d'assurer la tête d'affiche. 

Est-il vraiment nécessaire de présenter Front 242 ? Formé en 1979 à Aarschot et établi ensuite à Bruxelles, ce groupe pionnier de la musique électronique a créé ce qu'on appelle l'‘Electronic Body Music’, un genre qui mélange accents industriels, beats robotiques et atmosphères sombres, le tout combiné à une démarche synth-punk agressive, sans être pour autant violente. Le groupe a connu une gloire quasi-planétaire à la fin des années '80, grâce au hit « Headhunter », dont la vidéo, dirigée par le célèbre Anton Corbijn, a squatté les playlists de MTV et des radios alternatives. 

Aujourd'hui, après plus de 35 ans de carrière, il ne crée plus de musique originale, mais continue à livrer des prestations ‘live’ qui forcent l'admiration.

Le concert accordé lors de cette croisière exceptionnelle ne dérogera pas à la règle. Les hits imparables défilent : de « Don't Crash » à « Headhunter », en passant par « Moldavia », « Take One » et un touchant « Kampfbereit », lors du rappel. Comme d’habitude, la musique est puissante et la présence scénique des deux 'frontmen', Jean-Luc De Meyer et Richard 23, impressionnante. Le public ne s'y trompe pas, et réserve un accueil délirant au quatuor belge. Le pit est le théâtre d’un pogo endiablé exécuté par des fans, torses nu. En ce jour de fête nationale belge, pas de doute, Front 242 a conquis l'Allemagne !

Toujours aussi sympas et accessibles, les membres du groupe étaient disponibles avant le show pour une bavette ou un selfie, ce qui nous a permis de faire des jeux de mots plus ou moins foireux en compagnie de Jean-Luc De Meyer et de programmer une interview avec Patrick Codenys.  

A 1 heure du matin, le catamaran était de retour à Cologne, refermant ainsi la première soirée d'un festival plein de promesses.

(Pour regarder le reportage photo de Gregory Lécrivain, c'est ici)

Organisation : AMPHI + Protain

Front 242 + Neurotic + Scheuber

C'est dans le cadre du festival ‘Musiq'3’ qu'An Pierlé se produisait ce soir, au sein de l'église de l'Abbaye de La Cambre ; et vu le succès des réservations, les organisateurs avaient prévu deux concerts successifs : un à 20h et l’autre à partir de 22h. Nombreux sont en effet les mélomanes qui, comme votre serviteur, sont tombés sous le charme de l'artiste flamande. Son diptyque « Arches / Cluster » a séduit un nouveau public qui apprécie les compositions au cours desquelles les grandes orgues sont mise en exergue au sein d’atmosphères mystiques…

C'est au cœur d’édifices religieux qu'An Pierlé a choisi d’accorder les concerts de la présente tournée. Non seulement les lieux y sont propices mais surtout, elle peut se servir des orgues, qui alimentent ses dernières compositions. A la Cambre, comme d’habitude, le podium a été dressé à l'entrée de l'église, en dessous du jubé.

A 20 heures précises, An Pierlé apparaît au jubé. Il fait encore jour et sa silhouette gracile se détache devant les orgues et les vitraux qui brillent de milles couleurs. Elle entame « I Feel For The Child », la première plage de « Arches ». Quelques claquements de doigts, le son des orgues et la voix nous transportent d'emblée dans une autre dimension. L'artiste est habillée d'une robe beige, recouverte d'un châle noir. Autour de ses yeux, son maquillage est souligné de paillettes qui scintillent au gré des faisceaux de lumière. Mais on assiste déjà à un des moments les plus forts de la soirée : le break incrusté au milieu de la chanson. Il est d'une intensité et d'une puissance incroyables. ‘And you drown yourself in silence...’ Enfin, la chanson se termine comme elle a commencée, en douceur, a capella.

L’auditoire, qui occupe complètement l'église, est déjà conquis. Dans la foulée, An Pierlé entame « Road To Nowhere », un premier extrait de « Cluster ». A la fin de la compo, elle descend du jubé pour rejoindre ses comparses sur le podium. On reconnaît son partenaire à la scène comme à la ville, Koen Gisen (guitare, saxophone, percussions). Les harmonies vocales conjuguées par les deux choristes, Loesje Maieu et Kaat Hellings, sont d'une étonnante délicatesse, et leurs interventions aux claviers et aux percussions, particulièrement subtiles. Enfin, Karel De Wilde, l'organiste, est présenté par l'artiste gantoise comme le 'prince de la musique baroque' et un excellent organiste, 'quand il ne mange pas trop de biscuits'...

Après cette petite blague, typique de l'humour de la belle, place à « Golden Dawn », le premier 'single' extrait de Cluster. L'interprétation est superbe. Sublime, le refrain vous saute au cou et vous enlace sans jamais plus vous lâcher : ‘The Golden Dawn is on its way. We dream... Keep dreamin' on...’ C'est lent, voluptueux et tout simplement beau. On en veut aux radios nationales de ne pas diffuser ce titre en boucle, car c'est un véritable hit potentiel, dans la veine du répertoire de Hooverphonic, Agnès Obel, SX ou encore Lana Del Rey.

« Huntifix » creuse encore plus dans le sillon émotionnel. Le saxophone de Koen Gisen et les notes d’ivoires apportent ça et là des couleurs plus 'free jazz'. La composition virevolte lentement, telle une danse sensuelle et on a l’impression de vivre un tête-à-tête virtuel auprès de la belle An : ‘Do you want to undress me, Do you really want to see, Would you like to caress me, Do you want me entirely…’

S'ensuit le superbe « Birds Love Wires », une des plus belles compositions signée par Mrs Pierlé, au cours de ces deux dernières années. Elle nous a d'ailleurs confié qu’il s’agissait de sa chanson préférée dans son répertoire. Elle la présente en évoquant les oiseaux sur les fils de téléphone, une image qui est en voie de disparition à cause des réseaux mobiles. Lors de notre entrevue, elle avait ajouté que la métaphore évoque également la vision de femmes martyrisées dans les pays où elles sont privées de leurs droits fondamentaux.

Pendant « There Is No Time », on se souvient de l'anecdote vécue lors du concert à Laeken, il y a quelques semaines, au cours de laquelle l’artiste avait invité quelques spectateurs à monter sur le podium afin de participer au tournage d'une vidéo. Aujourd'hui, pas de 'happening' : il est vrai que le temps est compté.

La dernière partie du show se déroule dans la perspective d'une montée en puissance. Par manque de temps, « Bedroom Dust » a été enlevé de la setlist et le groupe aligne l'imposant « Sovereign », avant de refermer le set sur le très sombre « Dragon JM ». Sur les visages des spectateurs, on lit l'émerveillement et quelques secondes après les dernières notes, ils se lèvent comme un seul homme pour acclamer le quintet. 

Après avoir chanté une pub pour faire la promo de ses deux albums (encore un moment cocasse), An Pierlé prend congé de l’auditoire sur l'épique « Changing Tides ». Un tambour martial y guide la composition dans une farandole enivrante, qui débouche sur un final époustouflant à trois voix.

On regrette bien sûr de n'avoir pas pu entendre la reprise de « Such A Shame », le classique de Talk Talk, qui fait, en général, partie des rappels. Mais ne boudons pas notre plaisir : le concert a duré près d'une heure et demie et nous a, à nouveau, propulsés au septième ciel.

Pas de doute : grâce à ses deux derniers longs formats et sa tournée des églises, An Pierlé a brillamment réussi un tournant majeur dans sa carrière. Elle a gagné en maturité, en profondeur et a touché une corde sensible dans le coeur de son public. Elle a trouvé sa place, lovée entre Kate Bush, Talk Talk, Dead Can Dance, Messiaen, Hooverphonic et Portishead. Sa 'dark pop' mystique, hypnotique et sombre est illuminée par une intense beauté.

Pour lire l'interview d'An Pierlé, c'est ici

Setlist:

Feel for the Child
Road To Nowhere
Vibra
Golden Dawn
Huntifix
Birds Love Wires
It's Like
Monkey
We Gravitate
There Is No Time
Sovereign
Dragon JM

Rappel:

Changing Tides

(Organisation: Musiq'3)

Photos : G. Lécrivain (Voir aussi notre section ici)

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