Après 20 années d'existence, les New Christs ont décidé de jeter l'éponge. Un point final précipité par la faillite du label Man's Ruin, qui promettait à la formation australienne, une renommée internationale. Marquez : pas de chance ! C'est finalement la maison de disques aussie 'Laughing outlaw' qui a récupéré les bandes issues des sessions d'enregistrement pour les reproduire sur ce Cd. Drivé par l'ex chanteur de Radio Birdman, Rob Younger, The New Christs mérite assurément le statut de groupe mythique. Pas seulement parce que les Datsuns, les D4 et les Vines en sont les héritiers naturels ; mais parce que ce combo incarne un des symboles les plus purs et durs du garage/rock'n roll indépendant aux antipodes. Et que leur manque de notoriété à l'échelle mondiale est une profonde injustice. Il existe au pays des kangourous et en Nouvelle-Zélande des artistes et des groupes de pop et de rock absolument fabuleux dont les échos ne parviennent que trop rarement en Europe. A contrario, des grosses cylindrées américaines gonflées à la pompe à fric bénéficient d'un battage médiatique dont la démesure frise l'indécence. J'arrête ici ma diatribe, je sors du sujet. Si vous voulez en prendre plein la figure, procurez-vous ce " We got this ! " ; 15 fragments de rock pur et dur qui libèrent un groove d'enfer, sans pour autant négliger l'aspect mélodique. Des guitares en pagaille, vivifiantes, querelleuses, jacassantes, en couches, psychédéliques. Un clavier rogné, poussiéreux. Une basse qui pulvérise tout sur son passage. Des drums frénétiques, à connotation punk pop. Une intensité constante. Des lyrics sarcastiques, sombres, dramatiques, chantés par la voix poétique de Rob, dont les inflexions oscillent entre Ed Kuepper et Ian Curtis. Il est cependant difficile d'assimiler cet album d'une seule traite. Ce n'est qu'au bout de la troisième ou quatrième écoute, qu'on parvient réellement à s'en imprégner. Tour à tour les images furtives des Stooges, de Steppenwolf, des Doors, de Sonic Youth et des Ramones traversent votre esprit. Même celle de Téléphone sur " Spit it out " et des Skids chez " On top of me ", une composition découpée dans la power pop hymnique. Ou encore de REM, sous sa forme la plus électrique, tout au long d'" I deny everything ". Mes coups de cœur vont quand même à l'irrésistible " Groovy times " (NDR : le titre !) et au fiévreux, doorsien " Sombrero ". Rob y emprunte même le baryton de Jim Morrison ! Sans oublier le chant du cygne " The party died ", plage érigée sur un véritable mur de guitares. Et le reste est tout aussi surprenant et sauvage. Un must posthume !