L'histoire de ce groupe n'est pas facile à cerner, puisque ce quintette réunit quatre Australiens et un Irlandais. Un groupe qui est né fin 99, à Melbourne, lorsque Benjamin Andrews et Declan De Barra, impliqués alors chez Non International Lifeform, décident d'entamer un nouveau projet. Attirant trois autres musiciens, dont le violoniste Russell Fawcus. Qui n'est pas irlandais, mais aussie. Declan décline par contre cette nationalité. Maintenant, il faut être conscient qu'un très fort contingent d'Irlandais a peuplé (NDR : envahi ?) les Antipodes, voici presque trois siècles. L'intégration n'a donc pas été trop laborieuse…
Par contre, le style musical pratiqué par Clann Zù, tout au long de ce " Rùa ", peut être qualifié de difficile. Parce qu'il est le fruit de la rencontre entre tradition celtique (NDR : of course !), électronique, musique classique (NDR : ou plus précisément wagnérienne), britpop (NDR : en particulier celle des Whipping boys, à cause du recours récurrent au style déclamatoire des vocaux), folk pop ténébreux australien (Triffids ?) et post psychédélisme industriel (Tuxedo Moon ?). Certaines interventions à l'archet sont même parfois aussi hantantes que celles d'un Blaine Reininger. A l'instar d'" All the people now ", chanson pop allègre, presque dansante, sculptée dans le drum'n bass. Ou encore du final " You're listening to a dead man speak ", un fragment complexe, aux arrangements luxuriants, mais à l'intensité tellement dramatique. Une intensité qui atteint son paroxysme dès le premier titre, " Word for snow ", un morceau tempétueux, frénétique, dont le climat et tellement proche d'un Godspeed You ! Black Emperor… Des arrangements qui peuvent même se révéler somptueux. Dans l'esprit d'un Perry Blake. Et je pense tout particulièrement à " Lights below ". Mais le style peut aussi se révéler plus allègre, épique aussi, parfois hymnique, contagieux même, conférant à cet opus, un éclectisme, ma foi, fort rafraîchissant…