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« Répare ou Pas », premier single issu du troisième album de Sages Comme Des Sauvages est un hymne en forme de question. On le répare ou pas ? Face à un monde plein de vices de fabrication et de malfaçons, le duo se demande si ça vaut encore la peine de…

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TORRES perdue dans une salle immense…

TORRES (le nom de scène de l'artiste new-yorkaise Mackenzie Scott) publiera son nouvel elpee, « What an enormous room », ce le 26 janvier 2024. La chanteuse américaine propose également son premier single/vidéo, « Collect ». Parallèlement à cette annonce,…

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mardi, 31 décembre 2002 01:00

Romantica

Si vous l'ignorerez encore, Luna est une formation drivée par Dean Wareham. Un Néo-zélandais qui a sévi, au cours de la seconde moitié des eighties, au sein du trio mythique Galaxie 500. " Romantica " constitue déjà le 6ème opus de sa nouvelle formation dont le line up vient de s'élargir à une certaine Britta Phillips. Pour y tenir la basse et assurer les backing vocaux. Elle partage même, de son timbre voluptueux, le chant avec Dean sur le savoureux " Mermaid Eyes ". Sur les onze fragments de cet opus, les quatre derniers baignent au sein d'un climat intimiste, pour ne pas dire nonchalant. Y compris le mid tempo " Dizzy ", et " Rememories ", traversé par les accents d'une slide. Mais la marque de fabrique de Luna procède de la conjugaison des cordes de guitares échangées entre Dean et Sean Eden. Des cordes tour à tour tourbillonnantes, gémissantes (Edwyn Collins ?), luxuriantes, bringuebalantes, incisives, chatoyantes ou encore veloutées. Un style hérité en ligne droite du mouvement écossais postcard, illustré par Orange Juice, Aztec Camera ou encore Pastels, au début des eighties. A moins que ce ne soit de l'écurie du label néo-zélandais Flying Nun (JPS Experience, Bats, Verlaines, Chills, Clean), né à la même époque. Ou peut-être encore un peu des deux. Evidemment, les puristes retourneront aux racines pour citer les Feelies, Television et bien sûr le Velvet Underground. Bref, chez les adeptes de cette pop soyeuse, atmosphérique et fruitée, Luna est un astre sonore de choix. Pour enregistrer cet elpee, le combo a reçu le concours de Gene Holder (dB's) à la production et de Dave Fridman (Flaming Lips, Mercury Rev, Mogwai) au mixing. Dave a même enrichi " Black champagne " d'arrangements de cordes somptueux. Deux compos s'écartent cependant légèrement de la ligne de conduite observée par " Romantica ". Tout d'abord, le groovy " Swedish fish " et puis le rock enlevé " 1995 ". Mais en général, les mélodies simples hantées par la voix chaude de Dean, dans un style mi chanté / mi parlé, créent un remarquable tableau visionnaire, pittoresque, romantique, de la pop. Du grand art !

 

mardi, 31 décembre 2002 01:00

Reflecting seyelence

Bien qu'achevé en 1999, le premier opus de cette formation belge vient seulement de voir le jour. Un disque qui a bénéficié du concours d'Ash Howe (Faithless, Texas, Brian Ferry) à la co-production ; mais également de Piet Goddaer (Ozark henry) pour les arrangements de cordes. Ce qui vous donne une petite idée du soin qui a été apporté à la finition de cet elpee. Lunascape, c'est avant tout Walter Hilshorst et Kyoko Baertsoen. Le premier se réserve la guitare, la programmation, la co-production et partage l'écriture des chansons avec Kyoko. Kyoko le chant. Cette ex vocaliste de Hooverphonic possède une superbe voix, dont le timbre limpide, cristallin, éthéré, évoque tantôt Karin Oliver (la première vocaliste de His Name Is Alive), tantôt Heather Nova, Dolores O'Rioardan (Cranberries) ou encore Liz Fraser (Cocteau Twins). Excusez du peu ! Cocteau Twins est en outre une des influences majeures du groupe. Tout comme Dead Can Dance. Mais également et surtout Portishead. Parce que nonobstant un titre plus pop, plus hymnique, (" My second skin "), une incursion dans le techno metal (" Sin for me "), un détour par le reggae blanc (" Mourning star ", et enfin, une excursion dans l'exotisme (" Lane Navachi "), le reste de l'opus baigne dans une sorte de trip hop atmosphérique. Une trip hop née de la rencontre entre rythmes contagieux, samplings, boucles, arrangements de cordes, guitares électrique et acoustique, dont les mélodies puissantes, élégantes, sont caressées par la voix de Kyoko. Et si toute l'œuvre peut être créditée de très bonne facture, j'avoue quand même un faible pour " Tears from the moon ". Pas parce que cette chanson fait également l'objet d'un clip. Un clip qui a d'ailleurs été diffusé au festival de Berlin ; mais tout simplement parce que c'est une très belle chanson…

 

mardi, 31 décembre 2002 01:00

The bar at the end of the world

Pour vous rafraîchir la mémoire, Lupine Howl est un groupe formé par les anciens membres de Spiritualized, rejoints par le drummer originel Johnny Mattock, lorsque Jason Pierce les a virés pour continuer le projet en solitaire. En 2001 les bannis avaient alors commis " The carnivorous lunar activities of… ", un formidable opus biberonné au psychédélisme atmosphérique, noisy, légèrement bluesy, plus proche du Spriritualized Electric Mainline que de Spiritualized. Depuis, Damon Reece a quitté le navire. Ce qui n'a pas empêché Lupine Howl de poursuivre sa route et de nous revenir avec un deuxième opus, totalement différent. Ainsi les mauvaises langues qui avaient décrété qu'il serait, faute de renouvellement, aussi rapidement disparu qu'il n'était apparu en seront pour leurs frais. En fait, " The bar at the end of the world " trempe toujours dans le psychédélisme. Mais hormis le premier fragment, " A grave to go to ", qui aurait pu relever du répertoire de Primal Scream, le reste nous plonge dans un univers beaucoup plus atmosphérique, cosmique, planant même ; parfois à la croisée des chemins de The Verve, de Richard Ashcroft (NDR : cherchez l'erreur !) et du Floyd circa " Echoes ". L'opus n'est pas parfait, certains fragments se complaisant un peu trop dans la ballade country alternative. Mais il recèle des morceaux d'excellente facture. Et je pense tout particulièrement à " The pursuit of pleasure " et à " Trust me ? ", deux chansons apparemment calmes, mais dont le cœur bouillonne avec intensité, agitation, excitation… Ou encore à " Centre of the universe ", qui épouse un style fort comparable, mais plus complexe, plus luxuriante encore, elle est enrichie d'arrangements de cordes somptueux. Des arrangements de cordes qu'on retrouve régulièrement tout au long de ce disque, ma foi, fort agréable à écouter. A quand un concert ?

 

mardi, 31 décembre 2002 01:00

Is a woman

Dix-sept musiciens ont participé à l'enregistrement du 6ème album de Lambchop. Ils se partagent drums, percussions, vibraphone, cuivres, basse, claviers et tutti quanti. Mais se mettent surtout au service d'un concept : la lo-fi de Lambchop. Une lo-fi qui met ici en exergue la six cordes et la voix de Kurt Wagner ainsi que le piano de Mark Nevens. Deux personnages qui se partagent, en outre, la production. Kurt est bien entendu l'âme de Lambchop. C'est son projet, son moyen d'expression. Musical, mais également littéraire. Ses lyrics fouillent profondément et avec une logique existentielle, dans la psychologie de l'être humain : ses angoisses, ses frustrations, ses relations amoureuses, ses chagrins, ses regrets, etc. Des lyrics qu'il chante d'un timbre vocal tantôt falsetto, tantôt nicotiné, capable d'épouser tout à tour les inflexions de Scott Walker, de Jarvis Cocker ou encore de Stuart Staples. " Is a woman " se révèle cependant une œuvre atmosphérique dans le sens le plus pur du terme. Un disque à écouter, de préférence, dans son salon, en compagnie d'amis, après un bon repas, un pousse à la clef. En fait, Kurt renoue ici avec une certaine forme de soul/jazz brumeuse, voluptueuse, sous le couvert d'une appellation country alternative. Kurt a même avoué avoir écrit toutes ses chansons, l'esprit hanté par un piano. Une forme de soul/jazz minimaliste dont la douceur envahissante grise plus qu'elle ne déprime. Mais encore une fois, ce disque est à écouter dans un contexte très particulier. Sans quoi vous risquez fort de le détester…

 

vendredi, 18 novembre 2011 13:24

Jackie Leven nous a quittés

Jackie Leven est décédé ce lundi 14 novembre, des suites d’un cancer. Il venait de fêter ses 61 balais. Responsable de plus d’une vingtaine d’albums sous son nom, il a entamé sa carrière sous le pseudonyme de John St Field, avant de vivre l’explosion du punk et de la new wave, à Londres, au sein du groupe Doll by Doll. Il a ensuite notamment bossé en compagnie de David Gilmour (Pink Floyd) et David Thomas (Pere Ubu). Né en Ecosse, cet artiste avait été agressé en 1984, en sortant du studio d’enregistrement. Atteint à la gorge, sa voix se transforme alors en falsetto. C’est aussi à cette époque, et probablement suite à cette attaque, qu’il devient accro à la drogue. Et que paradoxalement, il commence à privilégier le folk-rock, dans son répertoire. Enregistré en compagnie de Michael Cosgrave, son dernier opus, “Wayside Shrines and the Code of the Travelling Man” était paru le 19 septembre 2011.  

 

vendredi, 04 novembre 2011 01:00

Les Inrocks 2011 : vendredi 4 novembre

Pour la seconde journée de la 24ème édition du festival des Inrocks, prévue à l’Aéronef de Lille, le public a débarqué en nombre. Si bien que l’étage est accessible. Faut dire que Foster The People et surtout Friendly Fires ont déjà acquis une belle popularité sur la scène musicale pop/rock. Et pourtant, le point d’orgue de la soirée nous viendra de Miles Kane…

Une bonne surprise pour commencer : Morning Parade. Un quintet issu de Harlow, en Essex, qui pratique une forme de britrock dans l’esprit de Coldplay, mais en plus dansant. Faut dire que le tempo imprimé par le drummer y contribue largement. La formule consomme cependant un peu plus d’électro. Et la présence d’un synthé n’y est pas étrangère. Les mélodies sont hymniques, contagieuses. La voix de Steve Sparrow bien timbrée et les accords de guitare dispensés par Chad Thomas, tour à tour puissants ou tintinnabulants. Le tout au cours d’un set bourré d’énergie, privilégiant les compos mid tempo. Si vous avez apprécié les débuts de la bande à Chris Martin, vous ne pouvez passer à côté de cette formation dont le premier véritable album devrait sortir l’an prochain.

Formation californienne (NDR : issue de Los Angeles, très exactement), Foster The People fait un véritable buzz pour l’instant. Un trio drivé par Mark Foster, chanteur/guitariste, rejoint par deux musiciens supplémentaires, en ‘live’, dont un multi-instrumentiste. Le groupe dépense beaucoup d’énergie sur les planches, pour finalement obtenir assez peu d’effets. Les percussions et les claviers fonctionnent à plein tube. Ils en usent et en abusent. Au point qu’on finit par avoir la tête qui vibre de l’intérieur. Cet attirail superficiel recouvre les couches musicales inférieures. Conclusion, on ne distingue plus grand-chose de plaisant. En outre, non content de gaver sa voix d’effets qui lassent rapidement, le chanteur se tape un marathon sur scène. Il accomplit des allers et venues incessants de droite à gauche de la scène. Faut croire qu’il n’a pas eu le temps de faire son jogging depuis trois jours. Et ce parcours finit aussi par nous fatiguer ! On dirait un poisson dans son aquarium (un peu survolté le poisson, c’est vrai). Et ce n’est pas le final « Pumped up kicks », dans une version dubstep/techno, qui nous permettra de reprendre son souffle… (Set list : “Houdini”, “Miss you” », “Life on the nickel”, “Call it what you want”, “Don’t stop”, “Helena Beat”, “Pumped up kids”)

Miles Kane, c’est la moitié de The Last Shadow Puppets, duo qu’il partage en compagnie d’Alex Turner, le leader d’Arctic Monkeys. Ex-Little Frames et ex-Rascals, il a décidé d’embrasser une carrière solo, en août 2009. Son premier opus personnel, « Colour of the trap », est d’ailleurs sorti cette année. Avant que le combo ne monte sur les planches, la sono diffuse à fond la caisse, un des meilleurs morceaux de Pink Floyd : « One of these days ». Kane a du goût ! Et dès le premier titre, « Invisible », il va nous le démontrer, empruntant même quelques phrasés de guitare au célèbre « Cold Turkey » du Plastic Ono Band. Il a un look plutôt mod. Surtout la coiffure qui me rappelle Paul Weller. Et curieusement, on retrouve des inflexions propres à l’ex-Jam dans la voix de Kane, une voix aussi juste que les mélodies. Pour ce show, il est soutenu par cinq musicos, dont un claviériste, responsable, suivant les circonstances, d’interventions  d’orgue ‘manzarekiennes’. Le set carbure au bon rock à l’état pur ! Miles a une présence scénique indéniable. Il en impose même. Pourtant, il cause peu entre les morceaux. Faut dire que non seulement il se réserve les vocaux, mais aussi la guitare solo. Et ses riffs sont cinglants, torturés, décapants, mais tellement jouissifs. Du coup, on fait un bond en arrière de quelques décennies, pour se retrouver à la fin des sixties. Ça bouge, ça balance du son sans excès. Et au milieu de la prestation, on a même droit à un titre un peu plus calme et posé. De quoi reposer les oreilles pour repartir de plus belle et mettre à nouveau la gomme. On a même droit à une excellente cover du « Responsable » de Jacques Dutronc. Heureusement que Miles l’avait signalé, sans quoi nous ne l’aurions pas reconnue. A voir et à revoir, c’est une certitude ! (Set list : “Invisible”, “Counting”, “Rearrange”, “Kaka Boom”, “Telepathy”, “King Crawler”, “Responsible”, “Happenstance”, “Quicksand”, “Colour”, “Womans touch”, “Come closer”, “Inhaler”)

Friendly Fires s’était produit en 2008, au Splendid, dans le cadre du festival des Inrocks. Et il avait fait un malheur en dispensant un punk funk terriblement excitant. Un punk funk chargé de groove, contaminé par le shoegaze, l’électro et la pop et dynamisé par des percus latino, dignes du carnaval de Rio. Une sorte d’hybride entre !!! et Radio 4, si vous préférez. Le tout revisité par Franky Goes To Hollywood et LCD Soundsystem. En août dernier, Richard Turner, trompettiste qui rejoignait régulièrement le groupe en tournée, est décédé des suites d’une crise cardiaque. Il n’avait que 27 ans. Aujourd’hui, le trio bénéficie toujours de la présence du bassiste Rob Lee, en ‘live’, ainsi que d’une section de cuivres, soit un saxophoniste et un nouveau trompettiste. Le guitariste nous balance parfois des accords de gratte qui rappellent Steely Dan. Tout en sueur, la chemise complètement trempée, Ed Marcfarlane s’agite toujours autant sur les planches. Il existe même un énorme partage entre le chanteur et le public. Il arrive à l’enflammer en descendant au sein de l’auditoire. Mais après 3 ou 4 morceaux, le set commence à lasser. La formation semble figée dans une forme de soul/r&b basique constamment hanté par James Brown. A tel point qu’on a l’impression que toutes les compos se ressemblent. Ecrasantes, elles négligent les variations. La conquête du public s’effectue en force. Mais est-il judicieux de démontrer constamment sa toute-puissance, pour faire la différence ? (Set list : “Lovesick”, « “Jump in pool”, “Blue cassette”, “True love”, “On board”, “Skeleton boy”, “In the hospital”, “Live those days tonight”, “Hurting”, “Pull me back to earth”, “Paris”, “Hawaiian air”, “Kiss of life”)

jeudi, 03 novembre 2011 01:00

Les Inrocks 2011 : jeudi 3 novembre

2011 célèbre donc la 24ème édition du festival des Inrocks. Etonnant, lorsqu’on sait que la première s’est déroulée en 1990. En fait au cours de ces deux décennies, il est parfois arrivé que l’événement soit programmé à deux reprises, au cours de la même année. Sous une forme différente, mais soit ! Pour un jeudi, la salle est correctement garnie. Faut dire que ce soir, il n’y a pas vraiment de grosses pointures, mais des découvertes…

On débarque dans la salle, alors que La Femme termine son set. Un quintet parmi lequel milite une fille. Les cinq jeunes musicos fréquentent, sans doute, tous le même coiffeur (NDR : en fait, ils se sont tous colorés les cheveux en blond patiné). Le drummer s’est planté, à l’avant-plan, au beau milieu de la scène. Les autres se partagent les synthés, une boîte à rythmes et une guitare. Une formation hexagonale (NDR : on s’en serait douté, vu l’engouement du public), qui pratique une post new-wave dans la lignée de Taxi Girl et de Diabologum, même si parfois elle est légèrement teintée de surf. C’est sympa, très frais, mais difficile d’en dire davantage, lorsqu’on n’a entendu que les deux derniers morceaux de leur prestation.

Eponyme, le premier album de Cults, duo new-yorkais, a été réalisé en tirant parti, au maximum de la technologie moderne. Restait donc à voir comment le tandem allait transposer ce concept en ‘live’. Première constatation, le line up s’est enrichi de trois musicos, dont un bassiste, un guitariste et un drummer. Aux commandes du band, la chanteuse Madeline Follin et le gratteur/xylophoniste Brian Oblivion. Les mélodies sont contagieuses, légèrement sucrées comme chez George Harrison, et les arrangements ‘spectoriens’. Inspirés des groupes de filles issus des sixties, ils puisent même dans la soul motown. Pensez aux Supremes. Mais le son est trop épais et on a l’impression que la formation manque de spontanéité, comme si elle était restée figée au sein d’une époque qu’elle n’a jamais connue. Et le film en noir et blanc, mettant en scène Robert Mitchum, projeté en arrière-plan, accentue cette impression. Pourtant, le combo ne manque pas de potentiel. Il devra néanmoins sortir de sa coquille, pour faire la différence. C’est tout le mal qu’on lui souhaite…  

Le folk pur et dur ou même le nu-folk, ce n’est pas trop ma tasse de thé. Et pourtant, Laura Marling (NDR : elle est anglaise et pas irlandaise, comme on aurait pu le croire) est parvenue à nous flanquer une fameuse claque. On comprend mieux pourquoi, Charlie Fink, le leader de Noah & The Whale, ne s’est toujours pas remis de son départ. Et puis franchement, c’est une très jolie fille, qui depuis sa fugue, s’est aussi offert un look bien plus contemporain, tout en naturel et élégance. Mais revenons donc au set de ce soir. Laura est soutenue par un excellent backing group de 5 musiciens, dont un guitariste, une violoncelliste, un contrebassiste/multi-instrumentiste, un drummer et un banjoïste. En fait, si sa musique est fondamentalement folk, c’est le groupe qui communique aux compos une autre dimension. Plus riche et surtout bien plus intense. Le timbre vocal de Laura est pur, délicat, doux, intimiste. A la limite du sublime ! Cristallins, ses accords de gratte tissent régulièrement des accords en crescendo, un peu comme Jimmy Page, sur le 3ème opus du Led Zeppelin. Signés Marling, les textes tiennent parfaitement la route, des lyrics bourrés de traits d’esprit qu’elle épanche à travers de petites anecdotes. Sur « Night terror », elle se met même à siffloter. Bref, on est tombé sous le charme. A revoir, absolument !

Après avoir lu les critiques dithyrambiques consacrées à James Blake, on s’attendait à vivre un moment exceptionnel, ce soir. Ben, on a peut-être pris un coup de vieux, mais si le beau jeune homme à la gueule d’ange ne manque pas de talent, son style constamment trafiqué a fini par me pomper l’air. Il monte sur l’estrade flanqué de deux musiciens de tournée : un préposé aux machines et à la gratte et un autre aux drums (organiques et digitaux). Lui, le petit prodige (NDR : suivant la presse spécialisée) joue des claviers et du piano. Qu’il bidouille à l’aide de pédales. Et chante. D’une voix monochrome, filtrée à travers une chambre d’écho. Paraît que c’est du post-dubstep. Mais au bout de quelques minutes, les mélodies introspectives, contemplatives, proposées par le trio nous flanquent le bourdon. Elles sont tellement déprimantes, que nous préférons nous éclipser. A demain pour la suite…

Les Walkabouts viennent donc de publier leur nouvel album. Son titre ? ‘Travels in the Dustlands’. Il fait suite à ‘Acetylene’, sorti déjà il y a six longues années. Entretemps, Chris Eckman et Carla Torgeson ne se sont pas pour autant reposés sur leur lauriers. Chris a même multiplié les projets parallèles. Bref, leur nouvel opus est très riche. Musicalement, mais aussi et surtout au niveau des textes. Et franchement, il m’aurait fallu une bonne demi-journée d’interview, si je m’étais évertué à décortiquer leur prose, en leur compagnie, tant elle est intéressante. Mais, l’important était quand même de vous donner une idée globale du contenu de cet elpee, en essayant de poser des questions (im)pertinentes, auxquelles Chris et Carla ont eu la grande gentillesse de répondre…

Mais où se trouvent donc les ‘Dustlands’ ? Près de la frontière mexicaine, quelque part en Afrique ou en Australie ? Vu les lyrics, pas loin du désert, c’est sûr. D’ailleurs la collaboration de Chris apportée à Tamikrest, formation malienne, est peut-être une explication. Chris réagit : « C’est près du Mexique, pas en Afrique. Bien sûr, j’y ai puisé quelques idées pour écrire mes chansons, mais les ‘Dustlands’ se situent bien en Amérique » Et Carla d’ajouter : « S’ils étaient localisés en Afrique, on aurait mis en scène des chameaux… »

Ex-Willard Grant Conspiracy, Paul Austin a rejoint le line up des Walkabouts. Mais était-ce Chris et Carla qui le souhaitaient ou Paul qui a demandé de rejoindre le groupe ? Carla clarifie la situation : « Nous l’avons invité. On le voulait pour son talent, sa créativité ; et puis parce qu’il fait partie de la famille de nos amis depuis au moins dix ans. En fait, on souhaitait tout réorganiser de fond en comble. C’est un peu comme quand on joue aux cartes et puis qu’on décide de les redistribuer. »

Les lyrics sont donc très importants chez les Walkabouts. Ils sont signés par Chris. Une des compos s’intitule ‘They are note like us’ (Trad : ils ne sont pas comme nous). Mais qui sont-ils ? Chris nous éclaire à ce sujet : « Cette chanson parle d’un gars qui vit en Amérique profonde ; un type issu de la droite conservatrice, un peu fêlé. Il conduit un camion avec semi-remorque et porte un flingue. Il s’est taillé dans le désert avec son véhicule. Et quand il s’arrête enfin, il se place devant son camion, l’arme à la main, en se demandant de quoi sera fait demain. Cette histoire décrit la mentalité de ce type de personnage qui vit là-bas, aux States. Et elle est encore bien d’actualité. Il ne faut cependant pas s’arrêter au rôle du camionneur. En fait, le narrateur se met dans sa peau. C’est un peu caricatural, mais vous savez, aux Etats-Unis, il existe encore des hameaux où les habitants se barricadent dans leur ranch ou s’isolent dans une forme de camp retranché, en érigeant de hautes clôtures faites de fils barbelés. Ils veulent se protéger, se défendre. Mais qui craignent-ils ? Les bourgeois. En fait ce qu’ils considèrent comme des bourgeois : les démocrates, les intellos, les gens qui débarquent de l’extérieur. Ils ne comprennent pas les décisions prises par le gouvernement. Ce sont de farouches individualistes qui votent pour des partis d’extrême droite et s’accrochent à un certain style de vie. D’un point de vue politique et philosophique, je ne partage pas leurs opinions. Elles sont dangereuses. Par contre, je leur reconnais un sens des responsabilités particulièrement élevé. Ils ne demandent rien à personne. »

Dans les textes, Chris évoque souvent la sécheresse. Je lui signale qu’en Belgique, il pleut très souvent. ‘Rainmaker blues’ nous parle d’un faiseur de pluie. Existe-t-il vraiment ? L’a-t-il vu à l’œuvre. Il commente : « En fait, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, on rencontrait des faiseurs de pluie, au cœur des Etats-Unis. Ils se déplaçaient de ville en ville et proclamaient qu’ils étaient capables de faire pleuvoir. En tirant un boulet dans les nuages, par exemple. En fait, cette chanson traite de faux espoirs placés en quelqu’un. Le ‘Rainmaker’ arrive dans un bled et déclare qu’il peut la sauver la région de la sécheresse. Mais rationnellement, on sait que ce n’est pas possible. Donc, le personnage de la chanson, celui que j’interprète, croit fermement qu’il va y parvenir. Mais sa femme émet des doutes sur ses pouvoirs. En fait, elle n’y croit pas du tout. Et lui, répond qu’elle doit y croire et ne pas se montrer aussi cynique, car c’est leur dernier espoir. Il s’agit d’une métaphore qui vise notre monde contemporain, au sein duquel nous sommes tous en attente d’une solution. On espère que la technologie va nous sauver des dégâts causés à la planète. La crise que nous vivons est symbolisée par la sécheresse. Elle n’existe pas seulement en Amérique et en Europe. Elle sévit partout. Beaucoup de gens, aujourd’hui, se posent des questions, doutent et rejettent même la science… » Cette compo est imprimée sur un tempo tribal. Chris argumente : « Il faut demander à Terri. Elle a transmis (NDR : par e-mail) trois propositions pour le tempo, et j’ai choisi celle qui me semblait la plus adaptée à cette chanson. Mais ne me demandez pas quelle est son inspiration ? » Carla approuve et précise : « C’est une compo plus agressive »

Dans les lyrics, on retrouve souvent un sentiment de culpabilité qui ronge les personnages. Pourquoi donc ? Chris argumente : « En fait, l’émotion principale véhiculée est la déception et souvent la culpabilité va de pair avec la déception. Et quand on analyse pourquoi naît cette déception, la réponse est en nous-mêmes. On n’a que soi à critiquer. Et c’est alors que surgit la culpabilité. La plupart des personnages mis en scène dans mes chansons sont des gens qui on le mal de vivre. Qui n’ont plus beaucoup de choix. Qui sont acculés. Et donc, ils jettent un regard rétrospectif. Ils regardent d’où ils viennent et essaient de trouver des solutions (‘Quand tu ne sais pas où tu vas, rappelle-toi d'où tu viens’ – Aimé Césaire). La culpabilité est une réponse parmi d’autres, mais une réponse à court terme. A longue échéance, vous devez faire des choix. Un exemple ? On arrête un criminel. On le met en prison. A-t-on résolu le problème ? » Autrement dit, ce dont l’avenir sera fait ne devrait pas être l’héritage de notre responsabilité envers le passé. Mais laissons notre interlocuteur poursuivre ses explications : « On doit regarder vers l’avant. Dans mes textes, on retrouve également des personnages qui sont toujours pressés et d’autres qui décident de mettre les voiles. En fait on pourrait penser qu’ils vont de l’avant pour donner une nouvelle orientation à leur existence. Mais en réalité, ils sont paumés et ne savent pas de quoi demain sera fait… »

Dans la chanson ‘No rhyme, no reason’, on parle d’un scorpion cerné par les flammes, qui se pique lui-même pour ne pas périr brûlé. Une description qui méritait des éclaircissements. Chris nous les fournit : « Cette histoire est puisée dans une de mes lectures. Un épisode qui se déroule au Sahara. Lorsque les indigènes trouvent un scorpion sous leur tente, ils allument des feux autour de cette tente. Et le scorpion se pique. Il meurt. Il se suicide quoi. Maintenant, j’utilise cette image pour illustrer l’état d’esprit d’une personne désespérée, prête à mettre fin à ses jours. Elle pose un choix : je me suicide ou pas ? »

Parmi les références littéraires reconnues par Chris, on retrouve les écrivains Paul Bowles, Willa Cather et William T. Vollmann. On peut lire d’ailleurs des citations de ces artistes, au sein de son booklet. Chris confirme : « Ce sont trois écrivains que j’aime. Ils contribuent à décrire ce que j’essaie d’exprimer. Ils me construisent un cadre qui m’aide dans ma création. C’est une sorte de fenêtre que j’ouvre au groupe. Des sources multiples qui oscillent des écrits journalistiques aux bouquins d’histoire, en passant par la Bible ou des récits mystérieux. Ce qui contribue à focaliser les collaborateurs sur le contenu de la chanson. Il y a 9 ans que je vis en Slovénie. Et donc je communique avec les autres musiciens par internet. » Carla confirme : « Il donne ce cadre général constitué de citations et invite le groupe à digérer le tout… » Tiens, parmi les citations, dans son booklet, figure également un passage de la Bible. De l’Ancien Testament, justement (NDR : Jérémie – chapitre 12 – paragraphe 11 et12 – ces passages évoquent les thèmes de la désolation et de la dévastation). Voudrait-il concurrencer David Eugene Edwards ? (rires) Chris se défend : « Je ne suis pas croyant. J’ai utilisé ce texte comme référence littéraire, pas religieuse. J’apprécie la description de ce qu’il raconte. Pas davantage. En ce qui concerne Eugene, je respecte son œuvre ; mais afin de ne pas nous brouiller, il est préférable de ne pas aborder de sujets religieux ou politiques avec lui, mais plutôt parler de la pluie et du beau temps… »

‘My diviner’ est une chanson très lente, une sorte de slowcore qui me rappelle les Cowboy Junkies. Carla partage cet avis : « Absolument ! Effectivement, ce groupe pourrait reprendre cette compo. C’est une chanson d’amour, et dans cet exercice de style, les Cowboy Junkies sont remarquables. Ce qui est singulier, c’est que lorsque je la chante, le public la reprend en  chœur, et ça me touche. Et si Margo a envie de l’interpréter, j’en serais très flattée. D’ailleurs, je l’encourage à l’adapter… »

The Appolon Chamber Orchestra a participé aux sessions d’enregistrement de l’album, pour plusieurs morceaux. On a même parfois l’impression que l’esprit de Scott Walker plane sur ces compos. Chris nuance : « En fait, personnellement, je fais la distinction entre deux mondes. D’abord, il y a les arrangements pour cordes, ensuite les arrangements de cordes de Scott Walker. Et là, on n’est plus dans la même division. C’est vrai que dès que me viennent des idées d’orchestrations de cordes, je pense à Scott Walker. En fait, c’est la référence. Une voie universelle. Le summum de la maîtrise. Une référence à la production de la fin des années 60, en termes d’orchestration. On n’a jamais l’impression que les cordes écrasent l’ensemble ou le travail de l’artiste. Elles le subliment. Elles font partie intégrante des morceaux. C’est harmonieux. Il ne s’agit pas d’en remettre une couche. On avait repris ‘Cowbell shakin’’ sur une compile intitulée ‘Out of the Blue Volume 6’. Mais je n’imite pas, mes influences sont intégrées, digérées. Sur ce nouvel album, il y a 4 chansons qui bénéficient de ce type d’arrangements. Dès le départ, on savait qu’on les intégrer. C’était prévu. On a arrangé les compos en conséquence, car on considérait cette technique comme complémentaire » Carla insiste : « Les arrangements sont destinés à capter l’attention ». Et Chris d’enchaîner : « Ils ont une présence réelle. C’est une voie fondamentale pour ces morceaux… »

‘Thin of the air’ me fait penser à Jefferson Airplane, surtout la voix de Carla, finalement proche de celle de Grace Slick, et ‘Every river will burn’ lorgne également vers la musique issue de la West Coast des seventies. Ce titre me semble même abordé dans l’esprit d’‘If I could only remember my name’ de David Crosby. Chris s’extasie : “Il est hors catégorie”. Et Carla d’embrayer : “Nous sommes des produits issus de la West Coast. On y est nés. C’est dans notre nature. » Chris approuve : « Même en Slovénie, on est ‘West Coast’. C’est notre seconde peau. Le berceau de notre enfance, c’est CSNY, The Doors, Buffalo Springfield, les Byrds, … le premier album que j’ai acheté, gamin, c’était ‘Déjà vu’. Mes parents avaient bien des albums des Beatles, qu’ils m’avaient filé, mais le premier que je me suis procuré est celui-là… » Carla reprend la parole : « J’aime bien ‘Thin of the air’, c’est une chanson un peu venimeuse… De mon côté, j’appréciais surtout Paul Revere & The Raiders. D’ailleurs, à l’époque, on s’habillait comme les Beatles du ‘Sgt Peppers’… »

Sur ‘Long drive on a slow machine’, il y a une étrange atmosphère, hantée par le spectre des Triffids ; même que la voix de Chris me fait penser à celle de feu David McComb. Chris réagit : « Ah bon, parce que la presse a déjà écrit que je chantais comme Bruce Springsteen. Et soit dit en passant David McComb appréciait beaucoup Springsteen. Il en était même un fan. C’était un de ses 3 ou 4 dieux. Quelle famille ! Bon, on l’avoue, on ne s’est jamais réellement prononcés et on n’a pas davantage émis la moindre dénégation à ce sujet ; mais les Triffids nous ont quand même influencés. » Carla nuance : « Mais ils étaient quand même plus romantiques » Chris reprend le crachoir : « C’est surtout l’atmosphère de leurs chansons qui nous a marqués ; mais nous ne sommes pas des voleurs. Et ‘Devils’s road’ n’aurait jamais existé sans ‘Born Sandy Devotional’. Mais, vous savez, entre le moment de la sortie de l’album de la formation australienne (NDR : 1986) et le nôtre (NDR : 1996), des années se sont écoulées. Oui, bien sûr, ‘My Diviner’ baigne encore dans un climat susceptible de rappeler ‘Born Sandy Devotional’. Faut dire que Paul (Austin) nous avait envoyé un bouquin consacré à David McComb et puis aussi des bandes d’enregistrements ‘live’ réalisé par un Tribute Band des Triffids, juste avant de commencer les sessions d’enregistrement… »

La manière de jouer des claviers de Glenn évoque quand même Garth Hudson, le claviériste du Band. Surtout lorsqu’il nappe les compos d’orgue Hammond. Il fluidifie les compos de la même manière. Chris est d’accord : « Dans le groupe, on le surnomme Garth ! C’est une inspiration majeure pour lui. Il vient pourtant de l’univers de la musique électronique, voire même progressive. En fait, il a tourné en notre compagnie avant d’enregistrer. Je l’avais prévenu qu’il ne devait pas jouer du synthé sur notre album, mais uniquement du clavier et du piano. Et à la fin des sessions, on lui a dit qu’il pouvait mettre du synthé. Il a assumé tous les morceaux d’une traite, mais il ne participe pas à toutes les plages… »

Outre les Walkabouts, Chris et Carla sont impliqués dans de multiples projets. En duo, d’abord. Chris sévit notamment chez Dirtmusic et L/O/N/G, lorsqu’il ne tourne pas au sein du backing group de Willard Grant Conspiracy, alors que Carla bosse de temps à autre en compagnie du musicien grec Akis Boyatsis. Et bien, soyez rassurés, ils ne comptent pas abandonner leur différentes expériences parallèles. Ils vont les poursuivre, sans aucun problème. Carla se déclare quand même moins active, mais publiera quand même un nouvel album avec le producteur et multi-instrumentiste hellène, l’an prochain.

(Merci à Vincent Devos)

Sortie du nouvel album, « Travels in the Dustland », ce 21 octobre chez Glitterhouse / Munich

jeudi, 31 janvier 2002 01:00

Married on

Ce musicien bordelais compte déjà la bagatelle de 11 albums à son actif. Un multi-instrumentiste (piano, guitare, basse, claviers, melodica, chant, drums, harmonium, samples,…) qui sévit également au sein de Combinaison, un trio impliquant également Hugo (membre de Calc) et Gwen (de le Havre).

Pour enregistrer cet opus, Kim s'est quand même entouré de quelques musiciens de studio. Pour y jouer de la trompette, de la flûte traversière et du violoncelle. Ainsi que de deux choristes féminines. A l'origine, les 8 titres de ce disque ont été composés au piano. Ce qui explique pourquoi la ligne conductrice de cet elpee repose sur cet instrument. Ce qui n'empêche pas l'expression sonore d'être très riche. Kim traite le thème du titre maître sous trois formes. Ils sont intitulés " Married on ", "Married out (part 1) " et " Married out (part2). Il en conserve, à chaque reprise le refrain. Un refrain contagieux tramé sur le piano/cabaret, qu'il accompagne parfois au chant. Un refrain qui lui sert, en quelque sorte, de rampe de lancement pour s'évader dans l'univers du prog rock. Celui de Robert Wyatt voire de Hatfield and The North, c'est une certitude. A cause des vocaux éthérés, des claviers atmosphériques et des cuivres jazzyfiants. De Weather Report, lorsqu'il s'abandonne dans le free jazz. A l'instar du troisième exercice de style. Même si au beau milieu de cette longue odyssée sonore, la musique glisse dans le monde du King Crimson circa " In the Court of The Crimson King ", voire de " Lizard ". Même la batterie me fait penser à Michaël Giles et la trompette à Ian Mc Donald. Une technique aux drums qu'il reproduit chez la ballade " Rome for lady eight ". Le prog est encore présent pour " Lady eight melodin sane ". Celui du Floyd. Un peu comme s'il voulait réaliser la fusion entre " More " et " Atom heart mother ". Polyphonies vocales, percussions robotiques et piano déchiré entre arpèges symphoniques et expérimentations contemporaines justifiant cette impression. Dans le même style, les 12 minutes du tendre et romantique " Rome for melodin sane " me semblent un peu tirées en longueur. C'est sans doute le seul reproche que l'on puisse faire à ce disque. Car il recèle encore, à travers " Sexy lady lane ", un titre allègre, sculpté délicatement dans le funk blanc, qui ondule sur le postcard d'Orange Juice. Et puis chez " If Molly can work ", un track que Pavement aurait pu écrire s'il avait opté pour le psychédélisme plutôt que la lo-fi. Etonnant que cet artiste soit aussi méconnu…

 

mardi, 31 décembre 2002 01:00

Plastic fang

Référence de l'underground yankee, le Jon Spencer Blues Explosion nous revient avec un album de rock'n roll. Mais un rock'n roll qui tient à la fois de l'énergie et de la folie du rock et de l'esprit du rythm'n blues. Un rythm'n blues souvent sulfureux, viscéral, malsain, que les Stones avaient si bien popularisé à la fin des sixties et au début des seventies. Et parfois aussi un peu trop fréquemment attendri après 1972. Même Jon Spencer emprunte ici quelquefois des inflexions à la Mick Jagger. Lorsqu'il ne les calque pas sur Eddie Cochran. Ces deux visages des Stones, il les a ainsi vampirisés sur " Plastic fang ". Le second, lors des morceaux les moins intéressants, à la limite dispensables. Le premier pour mieux y libérer un groove d'enfer. A l'instar du menaçant, légèrement psyché, " The midnight creep " et du tribal " Mean heart ", deux compositions héritées en ligne droite de " Jumpin' Jack flash ". Ou encore du boogie âpre et acharné " Over and over " qui doit avoir mangé de l'Humble Pie (NDR : " I don't need no doctor ! "). Le rock'n roll, JSBE le consomme essentiellement sur trois titres : " Money rock'n roll ", " Shakin' rock'n'roll tonight " et " Swet n sour ". A la sauce stoogienne, histoire de ne pas avoir de Cramps (NDR : à l'estomac ?). L'opus recèle, en outre, un fragment taillé dans le même Chicago blues que le " Roadhouse blues " des Doors, " Down in the beast " ; et puis un morceau ondulant, hendrixien, " Hold on ", sur lequel Dr John est venu donner un bon coup de guitare.