La pop sauvage de Metro Verlaine

Un coup de foudre, et puis le romantisme comme mode de vie, Metro Verlaine est avant tout une histoire de passion. Fondé en 2013, après un voyage à Londres qui a laissé des cicatrices et un sale goût de ‘lose’ au fond de la gorge, l'histoire de Metro Verlaine…

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L’interaction de Ride…

Le septième elpee studio de Ride, « Interplay », sortira le 29 janvier 2024. Ce nouvel album est le troisième du quatuor d'Oxford depuis sa reformation en 2014. Ces pionniers du shoegaze, quelquefois proche du noise rock des années 90, sont davantage ensemble…

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Marquis (de Sade)

Décès de Frank Darcel, cofondateur de Marquis de Sade

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Frank Darcel, guitariste, écrivain et militant breton, a été retrouvé mort sur une plage de Galice, en Espagne, le 15 mars 2024. Il avait 65 ans et était le cofondateur du groupe de rock rennais Marquis de Sade, qui avait marqué la scène post-punk française dans les années 80.

Créé en 1977, Marquis de Sade n'a sorti que deux albums, "Dantzig Twist" et "Rue de Siam", mais il est considéré comme un des pionniers du post punk. Le groupe se caractérisait par un style sombre et élégant, inspiré par le Velvet Underground, Joy Division et Talking Heads, et par la voix et la gestuelle expressionniste de son chanteur Philippe Pascal.

A l'occasion du quarantième anniversaire du groupe, en 2017, Marquis de Sade s'était reformé pour accorder quelques concerts exceptionnels, qui ont connu un grand succès. La formation avait sorti un nouvel elpee, "Aurora", en 2021, sous le patronyme de Marquis, en hommage à Philippe Pascal, puis un second, "Konstanz", en 2023.

Frank Darcel était également connu pour son engagement politique en faveur de l'autonomie de la Bretagne dans une France et une Europe fédérale. Il avait adhéré au parti breton en 2002 et avait fondé Breizh Europa en 2013. Il s'était présenté aux élections municipales de Rennes en 2020, sans succès. Il était aussi l'auteur de plusieurs romans, dont "Vilaine Blessure", "L'armée des hommes libres" et "Le dériveur". C’était aussi un ami de Pascal Obispo et d’Etienne Daho, en compagnie duquel il avait d’ailleurs encore enregistré, récemment.

Il est parti rejoindre le chanteur Philippe Pascal Philippe Pascal, le chanteur charismatique, qui s’était donné la mort le 12 septembre 2019.

Il avait accordé une longue et très intéressante interview en 2021 (à lire ou relire ici) à Musiczine.

 

 

 

Les Nuits Botanique 2024: évolution plutôt que révolution...

La 31e édition du festival “Les Nuits Botanique” se déroulera du 24 avril au 5 mai prochains à Bruxelles. Le nouveau directeur du centre culturel, Frédéric Maréchal, qui a succédé il y a peu à Paul-Henri Wauters, a souligné lors de la conférence de presse, qu'il souhaitait capitaliser sur les acquis, importants, du festival. “Nous voulons le faire évoluer, mais sans opérer de révolution”.

Les fondamentaux du festival resteront donc bien présents cette année: un focus clair sur les artistes émergents, une place importante accordée aux créations exclusives et aux avant-premières (“releases”), un intérêt croissant pour les arts plastiques et une formule tarifaire toujours ciblée (un ticket pour une salle).

Exception à cette dernière règle et grande nouveauté: le 4 mai sera une journée “All Access”, comme dans les festivals dits 'classiques'. Pour un prix de 38,5 EUR, le visiteur aura accès aux 4 salles du Bota et ce, de midi à minuit. Au programme de cette journée: Actress · Beak> · bar italia · Big|Brave · Deena Abdelwahed · Drahla · Famous · Hotline TNT · Fievel is Glauque · Tapir! · Lucidvox · La Sécurité · Voice Actor · Charlène Darling Groupe · Florence Sinclair · Mayssa Jallad · Kee Avil · keiyaA · Lambrini Girls · Lou K et Voice Actor.

Autre grande nouveauté: le partenariat avec les Halles de Schaerbeek, qui se trouvent à un jet de pierre du Bota. Le nouveau directeur des Halles, Matthieu Goeury, connaît justement très bien Frédéric Maréchal, ainsi qu'Olivier Vanhalst, le programmateur du Bota. “Les planètes se sont parfaitement alignées pour favoriser cette collaboration”, note F. Maréchal, “vu que les Halles ont décidé d'intégrer la musique dans leur spectre artistique.” Les Nuits feront donc escale aux Halles à 5 reprises: à l'occasion de l'ouverture de festival (Alto Fuero), en soirée électronique (Rainbowarrior avec Rebeka Warrior x Radio Vacarme) et pour les concerts, entre autres, de Lala &ce, Mount Kimbie et Karpe.

Au chapitre des créations exclusives, épinglons Alto Fuero, un duo formé spécialement pour Les Nuits par Victoria Palacios et Loto Retina, deux artistes français résidant à Bruxelles. Lors de la conférence de presse, le duo a accordé un showcase, révélant une musique inclassable, basée sur des chants multilingues, des sons de flûtes trafiquées et des rythmes désarticulés, le tout créant un univers onirique, psychotrope, voire chamanique. A découvrir!

L'autre showcase a permis de découvrir Shoko Igarashi, une saxophoniste originaire du Japon et basée dans notre capitale. Au programme, un croisement entre le jazz-rock des années 70, évoquant par moments Wayne Shorter, la chanson pop japonaise et les musiques de films d'animation. Etonnant!

En clôture du festival, le 10 juin, une autre création aura lieu dans la salle du Musée Bota: l'interprétation par le pianiste Stéphane Ginsburgh d'une dixième sonate de Prokofiev, imaginée par Jean-Luc Fafchamps d'après les esquisses de l'artiste russe.

Pour compléter le programme, la désormais traditionnelle nuit “Bota By Night” ouvrira ses portes le 27 avril, dans le Chapiteau, pour un florilège de découvertes électroniques, pour la plupart avant-gardistes. Au programme: Safety Trance • Taahliah • SoFTT • Waltur • Nídia • Lamin Fofana • 33EMYBW & Joey Holder • Anina • Shoko Igarashi • Ziúr w/ Elvin Brandhi & Sander Houtkruijer • Gaiko x Baum et Astrid Sonne.

Notons, par ailleurs, que le Botanique a conclu un accord avec la SNCB, qui permettra aux détenteurs d'un ticket pour un concert de recevoir une réduction de 50% sur le transport en train. Une bonne nouvelle!

Enfin, on a également appris qu'un mini-festival “Les Nuits Weekender” se tiendra du 1er au 3 novembre. Il occupera 3 salles du Bota et accueillera une vingtaine d'artistes par jour pour un prix démocratique se situant autour de 45 euros la journée.

On l'aura compris, le Bota ouvrira en force la saison des festivals et prouvera, plus que jamais, que Les Nuits ne riment pas avec “ennui”...

Pour consulter le programme complet du festival, c'est ici

Pour écouter la playlist du festival, c'est .

Dorian Dumont

Classieux, mais aussi expérimental…

Écrit par

Dorian Dumont est né à Montpellier (France), où il y a étudié le piano classique au conservatoire. Il y a décroché, en 2005, la médaille d’or dans les branches ‘piano classique’ et ‘musique de chambre’, avec la mention très bien et les félicitations du jury. S’intéressant de plus en plus au jazz et à la musique improvisée, il part en 2008 pour Bruxelles, ville qu’il ne quittera plus. Après ses études de jazz au Conservatoire Royal de Bruxelles, il y obtient son master en 2013. Musicien curieux de nouvelles sonorités, Dumont cultive l’éclectisme et refuse de se fixer sur un genre, ce qui lui permet d’explorer les multiples facettes de son jeu. Depuis quelques années, il est particulièrement investi dans le groupe ECHT ! formation qui brouille les frontières entre jazz, hip-hop et musique électronique. Dumont participe également à d’autres projets, qui tournent autour des concepts et de la poésie du ‘prodige de la musique électronique’, dont Edges, le projet de Guillaume Vierset montée en compagnie de Jim Black et Anders Christensen, Easy Pieces avec Ben Sauzereau et Hendrik Lasure ou encore le Dario Congedo Trio.

Le pianiste d’Echt ! Dorian Dumont rend ce soir hommage à Richard David James (NDR : un compositeur britannique de musique électronique, né le 18 août 1971 à Limerick, en Irlande), en adaptant sa musique pour le piano solo. Richard D. James est l’un des musiciens les plus intéressants de son temps. Mais son œuvre est aussi opaque qu’intrigante. Apparu au début des années 90 sous le pseudo d’Aphex Twin, il travaille les machines comme Stockhausen a pu le faire dans les années 50, en ajoutant à son travail de studio, la contre-culture rave qui explose alors (techno, jungle, drum n’bass). James s'est lancé au milieu des années 1980 en tant que producteur pionnier de musique ambiante, suivant ainsi les traces de Brian Eno.

Pendant 70 minutes, Dorian va interpréter fidèlement ou improviser sur les morceaux d’Aphex Twin, mais également quelques titres de son second opus, « To the APhEX », paru ce 28 février (en écoute ici). Une certaine forme de ‘release party’ pour 70 privilégiés, pour la première fois assis, dont votre serviteur. L’AB Club est donc comble.

Le maestro débarque et part s’installer derrière un grand piano à queue de couleur noire. Simple, intimiste et oscillant entre ombre et lumière, le light show émane du plafond, mais également du sol, grâce à 6 néons leds dont l’intensité varie lorsque la musique s’emballe. Toute sa famille est présente, y compris son grand-père, à qui il rend hommage. Et pour cause, il a fait le déplacement de Montpellier pour écouter son petit-fils en fan convaincu.

Après les deux premiers morceaux exécutés brillamment, Dorian empoigne un micro et signale qu’il est assez volubile et explique pourquoi il est fasciné par l’œuvre d’Aphex Twin, ses mélodies compliquées, alambiquées même, sa poésie et surtout l’harmonie étrange délivrée par ses mélodies, et enfin la perfection, selon Dorian.

Pas de setlist sur le piano ou aux pieds de l’artiste. Les titres proposés portent des noms bizarres. Jugez plutôt : « "180db_ [130] », « Windowlicker », « Avril 4 Th », « # 3 (Rhubarb) », …

Il nous réserve les compos par série de deux. Régulièrement, en improvisant, il apporte sa touche personnelle et artistique avec beaucoup d’expérimentation et de classe.

Les basses, les batteries et tous les sons d’un groupe sont rassemblés dans les touches du piano pour ne faire qu’un.

En décomposant toutes ces couches électroniques et en les recomposant pour le piano solo, il prouve que la musique d’Aphex Twin est bien plus qu’une apologie des machines. Sa relecture offre un point de vue pertinent et tout personnel sur cette musique qu’il s’approprie de la plus belle des manières, en ouvrant de nouvelles portes.

Toujours curieux de nouvelles sonorités et cultivant l'éclectisme, Dorian Dumont refuse de se fixer sur un genre pour être capable d'exploiter plusieurs facettes de son jeu et ainsi de s'exprimer dans plusieurs domaines d'exploration musicale. Une très bonne soirée hantée par la découverte d’un genre musical auquel on votre serviteur n’est pas habitué, et au cours de laquelle l’auditoire s’est montré attentif, silencieux et surtout mélomane. Cela change.

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

Acte VIII du In Theatrum Denonium : les images

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Le théâtre municipal de Denain, petit bijou d'architecture niché dans le nord de la France, a encore accueilli quelques représentants du black et du thrash metal sur ses planches, le temps d'une soirée.

Cette édition marque quelques améliorations très attendues par le public.

Et tout d’abord, l'ajout d'une petite estrade dans le fumoir ; ce qui a rendu les sets acoustiques beaucoup plus agréables.

Ensuite, l'élargissement de l'offre de nourriture. Plus besoin de se contenter des habituels sandwiches ou hot-dogs, les festivaliers peuvent dorénavant opter pour des Buddha Bowl, une pasta box ou des crêpes.

Tout en affichant sold out, l’édition 2024 a de nouveau été une réussite. Un forfait, cependant à déplorer ; celui de Schizophrenia. Mais la formation a été remplacée en dernière minute par Cryptosis, groupe de thrash metal hollandais.

Le point fort de cette édition restera la prestation atmosphérique et envoûtante de Inferno, groupe de black metal venu tout droit de République Tchèque.

La soirée s’est clôturée par le set de Dodsheimsgard, qui a offert une prestation solide et haute en couleur, particulièrement pour les premiers rangs qui ont pu profiter des  lancers pigments verts du chanteur.

Rendez-vous l'année prochaine pour l'acte IX !

Les photos du festival sont ici

 

 

 

 

K's Choice

Unplugged !

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Après une série de concerts décrétés à guichets fermés tant sur les scènes nationales qu’internationales, Sam Bettens (autrefois dénommée Sarah) et son frangin Gert se sont lancés dans une tournée en formule acoustique pour servir leur meilleur jus d’une carrière de trois décennies, accompagné de leur fidèle compagnon, Tom Lodewyckx.

Si le groupe s’appelait initialement The Choice, et était formé principalement par le binôme, deux groupes américains revendiquaient le patronyme ; ce qui explique pourquoi, il a été changé en K’s Choice.

Le choix se concevra presque naturellement, car le ‘k’ est le nom du personnage principal du roman ‘Le Château’ de Kafka, K n’ayant pas vraiment de liberté de choix dans l’histoire.

La légende dit aussi que le groupe aurait essayé toutes les lettres de l’alphabet avant d’opter pour cette consonne, qui à leurs oreilles, sonnait le mieux.

Afin de célébrer un tel évènement, la formation avait décidé de poser ses valises dans le magnifique Casino d’Ostende, un lieu hautement symbolique reconnu comme monument protégé en 1998.

Le bâtiment compte plusieurs salles multifonctionnelles, comme celle qui a été baptisée ‘Delvaux’, décorée d'une fresque murale du célèbre peintre post-impressionniste, expressionniste puis surréaliste belge, dont la capacité s’élève à 700 visiteurs alors que celle d'honneur peut en accueillir 1 500.

Si aujourd’hui, le combo peut jouir d’un style affirmé, le chemin parcouru est grand depuis la sortie de son premier elpee paru en 1994, « The great subconscious Club », sur lequel figure le single « The Ballad of Lea & Paul » qui a cartonné en Europe. Depuis, la ‘succès story’ ne cesse alors de s’imposer, puisque deux années plus tard seulement, « Not an Addict » inonde les ondes radios. Malgré l’engouement des médias et du public, la formation n’a d’autre option que d’interrompre son aventure de 2002 à 2009, période au cours de laquelle les musicos embrassent une carrière en solo.

Sam et Gert ont également bossé en compagnie de nombreux producteurs notoires (Jean Blaute, Gil Norton, Alain Johannes) et artistes (Anouk, Skin, Milow), ce qui leur a valu une belle brochette de disques d’or et de platine.

Le public, venu en masse, est majoritairement flamand. Il faut dire que les membres fondateurs ont grandi à Anvers. Cocasse, les couples lesbiens sont légion. Ce n’est pas étonnant lorsqu’on sait que Sam, qui vit maintenant en Californie avec sa femme et ses enfants, est aujourd’hui devenu un modèle pour les transgenres qui veulent s’assumer.

Il vient d’ailleurs d’écrire un livre intitulé ‘Ik ben’ (la version anglaise - ‘I’m’ - est également disponible) où il explique, notamment, pourquoi il lui a fallu tant de temps pour découvrir qui il était. De nombreux exemplaires sont d’ailleurs bien présents au stand merchandising.

Il est un peu plus de 20 heures lorsque les aficionados, confortablement assis sur les sièges moelleux de couleur rouge vif de ce magnifique endroit, entendent un « Perfect Scar » qui claque comme une ode aux cicatrices du passé, rapidement suivi de « Favorite Adventure (The Wedding Song) ».

La salle offre une acoustique irréprochable. Le jeu de lumière est réduit à sa plus simple expression afin de permettre au mélomane de s’immiscer entièrement dans l’ambiance feutrée du show. Derrière, de grands draps gris foncé renforcent le caractère intimiste de la soirée.

Des regards complices s’échangent entre les musiciens pendant les morceaux et des sourires s’imposent sur leurs visages radieux. Ils sont manifestement contents de se retrouver en terre sainte.

La tonalité de la voix de Sam est quelque peu différente ; oui, mais elle s’est parfaitement adaptée à l’amplitude des morceaux. Elle leur communique même de la chaleur.

Mister Bettens s’interrompt de temps à autre pour raconter l’une ou l’autre anecdote. Mais en néerlandais uniquement. C’est vraiment dommage car il s’exprime parfaitement dans la langue de Shakespeare ; ce qui aurait permis aux allogènes de comprendre les propos et, peut-être, d’interagir. Une chose est certaine, l’auditoire flandrien s’en donne à cœur joie vu les crises de fou-rire.

La tessiture vocale du singer, légèrement éraillée, prend du relief tout au long de « Almost Happy », un titre qui figure sur l’excellent opus éponyme. C’est chaud, passionné, passionnel, voir sensuel et suscite le désir grandissant de boire encore et encore les paroles de Sam et la musique de ses deux acolytes. Le désir en devient émouvant.

Certaines compositions sont soulignées par quelques kicks des plus discrets, alimentés par les panards de Sam ou de Tom, afin d’apporter de la consistance.

« Surrender » marque la fin d’une première partie déjà fort intéressante.

Après une pause de 30 minutes, afin de permettre aux spectateurs de se dégourdir les guiboles et de se désaltérer, les frères Bettens, seuls sur les planches, cette fois, (r)ouvrent les hostilités par un « Shadowman » tout en retenue, mais d’une puissance incommensurable. Une chanson qui, grâce à son refrain imparable, doux et fort, occupe une place de choix depuis le lancement de cette nouvelle tournée.

Soudain, lorsque le ‘Ouhouh ouhouh ouhouh’ retentit, la foule a bien capté : il s’agit bien de l’introduction de la chanson ‘née par accident’ alors que Sarah (à l’époque) était occupée de régler les balances. Aussitôt, tout le monde se met à taper des mains à chacune des croches, car il s’agit de la chanson phare de K’s Choice, « Not a addict », tube rock datant de 1996, qui les a propulsés vers les sommets.

Pour la petite histoire, cette chanson qui traite de l'addiction (la drogue), s’inspire d’un entretien avec un journaliste français atteint du SIDA.

L’univers qui hante le groupe surprend et offre une riche palette de sentiments, tantôt sentimentaux, tantôt atmosphériques. Ceux qu’ils admettent bien vouloir partager le temps d’un soir avant que la vulnérabilité les rattrape insidieusement à travers « Waltz #2 », une reprise d’Elliott Smith. Amusant, chacun prend la place de l’autre. Et si on connaissait les talents de Sam à la gratte, on découvre chez Gert une approche intéressante dans la manière d’aborder la composition et le chant.

Le set prend fin sur « I Will Carry You », un titre qui prouve que K's Choice est fidèle à sa ligne de conduite et à ce qui a fait son succès légitime.

Le groupe ne semble pas encore repu et revient pour un rappel qui s’achève par « Echo Mountain » et « God in My Bed ». Avant de disparaître derrière les rideaux, Sam clame ‘God was in my bed last night’ (Dieu était dans mon lit la nuit dernière). Une hallucination peut-être, mais en tout cas, une bien belle ballade sur fond de nostalgie.

Durant une heure trente, K’s Choice a fait vibrer le public en interprétant un florilège de morceaux qui ont permis au combo de se forger une identité unique.

Reprendre de gros standards de son répertoire en formule acoustique peut s’avérer dangereux. Mais le trio est parvenu à démontrer qu’il avait le talent pour réussir un tel défi. Cependant, cet exercice de style a son revers : il manque de dynamisme.

Dommage également que la setlist ait négligé « Time is a Parasite », un nouveau titre radiophonique aux relents rock, dans une veine identique à « Mr Freeze », issu de « Paradise In Me ».

Mais ne boudons pas notre plaisir, K’s Choice a tout de même offert un concert de bonne facture en proposant une relecture épurée des titres-phares d’une carrière déjà bien remplie…

Setlist :

Perfect Scar - Favorite Adventure (The Wedding Song) - If You're Not Scared - Evelyn - Almost Happy - The Phantom Cowboy - Show Me How It's Done - Butterflies Instead - illicit affairs (Taylor Swift cover) - Surrender - Shadowman - Brother - Not an Addict - waltz #2 (Elliott Smith cover) - Believe -

The Ballad of Lea & Paul - Come Live the Life - 16 - I Will Carry You - Echo Mountain - God in My Bed

Org: Greenhouse Talent (+ Kursaal, Oostende)

Yonaka

Un set raffiné et intense…

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Trois noms sont programmés à l’AB Club, ce vendredi 1er mars : Mimi Parks, Noisy et Yonaka. Mais la grande salle, accueille, le même jour, Bizkit Park. Bref, ce soir, il y en a pour tous les goûts. En outre, tout est sold out ! Résultat des courses, c’est la cohue à l’entrée ; et il faut patienter une bonne dizaine de minutes, avant de pouvoir emprunter l’escalier qui conduit à l’étage.

En l'espace d'un seul single, « Run », Yonaka a attiré l'attention des médias anglais, du public et de la toile. La réaction après la sortie de ce premier titre sur Soundcloud a été phénoménale, une compo dont les distorsions regorgent de tension dans les moments de passion lourde pour ensuite redescendre dans une exhalaison de répit électronique. Depuis, il a sorti quelques Eps, dont le dernier, « Welcome To My House », est paru fin juillet 2023, et deux albums, « Don't Wait 'Til Tomorrow », en 2019 et « Seize The Power », en 2021.

Issu de Brighton, la band transforme la pop, le punk et le hip-hop en un hybride de rock alternatif hypnotique avant de le teinter d’emocore revivaliste à coloration eighties.

Pénélope Braune, aka Mimi Banks, ouvre les hostilités, une rappeuse allemande originaire de Bochum. Elle s’intéresse, depuis sa plus tendre jeunesse, aux styles de musique alternatifs tels que le métal, le hip-hop et le punk. On comprend, dès lors mieux, pourquoi cet ADN est bien marqué dans sa musique. Elle a d’ailleurs squatté la scène ‘Jupiler’ de l’édition 2023 du Graspop Metal. Sa discographie recense un long playing, « Deadgirl » (2022), un Ep 7 titres, « Enter The Void » (2019) et son dernier single « FSU », paru en février dernier.

Dissimulant son visage sous une cagoule parsemée de clous, elle débarque revêtue d’un long manteau de cuir noir et chaussée de boots à semelles compensées ; mais elle se débarrasse rapidement de ses attributs quelque peu menaçants. Elle est accompagnée d’un DJ. Derrière sa table, il jongle entre ses platines et différentes machines. Mais les sonorités de son matos couvrent les cris gutturaux de la vocaliste. Belliqueuse, elle va au contact de la foule, micro en avant. Cependant, lorsque ce microphone tombe en panne, elle peste face à la situation.

Non conventionnel et sans concession, son ‘doom trap’ combine indus, hip-hop, metal et électro âpre. Les parties de rap ressemblent très souvent à des cris sauvages empruntés au métal extrême, un peu comme chez les formations de trap metal américain Ghostemane ou XXXTentacion. On ne peut néanmoins lui reprocher son manque d’énergie car elle en regorge ; mais ses compos sont beaucoup trop similaires.

Setlist : « Klingen & Stitches », « Mad Hoe », « RAD », « Sonic », « BACK OFF », « SAW », « Banshee », « Suicide », « FSU », « Big Ass Chains ».

Après ce déluge de décibels, place à Noisy (?!?!?!). Les musiciens sont issus de Worthing, une petite ville du sud de l'Angleterre, et tentent, tant bien que mal, de se faire une place au soleil en réinventant les sonorités de ses glorieux aînés. Deux albums au compteur : « Fast FWD To Friday (Vol.1) », sorti en 2023, ainsi que « NOISY_Pre’s », en février dernier ; et puis un single, « All Of U », paru fin du même mois. C’est la première fois qu’ils se produisent en Belgique et apparemment, ils ont fêté cet événement en éclusant quelques bières…

Lunettes de soleil et baskets Adidas, ils grimpent sur le podium. Tignasse rousse, Cody Matthews, le chanteur, a emmené un drapeau noir sur lequel figurent les signes cabalistiques, mais en blanc, de la pochette du dernier single. Survolté, avant d’entamer le premier titre, il invite déjà la foule à créer un circle round ; mais elle reste impassible. Le line up implique également un bassiste, un préposé à la guitare et aux synthés, ainsi qu’un drummer, planté en retrait. L’expression sonore puise aussi bien dans la britpop (les mélodies), l’électro (Chase & Status, Prodigy), le punk/garage insulaire (The Streets), la house que le drum&bass ; et le tout est parcouru de sonorités de guitares planantes et saupoudré d'un esprit rock'n'roll juvénile et sincère. La setlist va puiser dans les deux elpees du combo et s’achever par le dernier né, « All Of U ».

En 30 minutes, Noisy va mettre le souk ; surtout grâce au chanteur qui tient littéralement le public en haleine. Il est constamment au contact des premiers rangs. Coups de poing, pouces levés ou demande d’allumer les lumières pour voir combien il est laid ; mais également, à mi-parcours, plongeon dans le round circle, dont il avait reformulé la demande…

Setlist : « Young Dumb, « Green Like « Rude Boy », « Alligator », « I Wish I Was A… », « Put A Record On », « Desire », « All Of U »

Place, enfin, à la tête d’affiche. Un trio réunissant la chanteuse Theresa Jarvis, tout de noir vêtue, le bassiste Alex Crosby et le guitariste George Werbrouck-Edwards. Pour la tournée, le line up est renforcé par un batteur, qui s’installe en retrait.

Il est déjà 21h30 ; et si le concert va au-delà de 22h30, les spectateurs qui ont choisi les transports en commun pour se déplacer (NDR : la SNCB, en particulier) vont manquer la fin du show ou le train qui doit les ramener chez eux. Dilemme !  

Le show s’ouvre par « By the Time You’re Reading This ». Trépidante, Jarvis occupe tout l’espace scénique. Son charisme naturel lui permet d’attirer la sympathie du public.

Outre les morceaux puisés au sein de sa discographie antérieure, la setlist va piocher généreusement dans son dernier Ep. Un nouveau titre, quand même, le single « PREDATOR » !

Tout au long d’« Ordinary », le light show est agressif. Jarvis rappe sur « Hands Off My Money » avant d’attaquer la compo mélancolique qui les a fait connaître, « Panic ». Crosby empoigne une gratte semi-acoustique pour accompagner le tendre « Give Me My Halo ». La foule devient hystérique pendant « Rockstar ». Et « PREDATOR » libère encore plus d’énergie. Les deux gratteurs ne restent pas en place et n’arrêtent pas de se stimuler. Pendant « Seize The Power », deux fans montent sur les planches. Ce titre met en exergue l'évolution du post punk de la formation britannique. Son indie rock ludique est devenu plus électronique, plus dur et plus tranchant.

A bout de 60 minutes de set raffiné et intense, Yonaka prend congé d’un public participatif et ravi de la soirée…

Setlist : « By the Time You’re Reading This », « Greedy », « Punch Bag », « Ordinary », « Creature », « Hands Off My Money », « PANIC », « Lose Our Heads », « Call Me A Saint », « Give Me My Halo », « Welcome To My House », « PREDATOR », « Clique », « Rockstar », « Seize The Power »

(Organisation : Gracia Live)

 

Zara Larsson

La Beyoncé scandinave ?

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À l'âge de dix ans, Zara Larsson remportait le concours ‘Got Talent’ dans son pays d'origine, la Suède ; mais personne n'aurait pu prédire que des années plus tard, elle deviendrait l'une des plus grandes pop stars d'Europe. Agée de 26 ans, Larsson est une artiste qui se distingue par son style musical axé sur la pop et l'électro-pop. Ses chansons sont souvent caractérisées par des mélodies énergiques, des rythmes entraînants et des paroles audacieuses. Ses influences variées et sa voix puissante, vibrante et unique lui confèrent une sonorité contemporaine. Décrochant une multitude de disques de platine, elle a généré des milliards de streams (son album « So Good » est devenu deuxième album le plus écouté de tous les temps sur Spotify). Elle se produisait ce dimanche 25 février à l’Ancienne Belgique, pour défendre « Venus », son quatrième elpee, dans le cadre d’une tournée mondiale. Le concert est sold out.

Le supporting act est assuré par Hänna Yaeger. Née à Vaxholm, également en Suède, elle affiche 26 printemps. Pour l’anecdote, Zara l’avait contactée, par téléphone, deux semaines avant sa tournée, afin d’assurer sa première partie.

Des mèches blondes, des collant roses, des jambières d’hiver jusqu’aux genoux, un body jaune et un chapeau masquant ses boucles, elle déboule sur scène, sourire aux lèvres, et flanquée d’un guitariste ainsi que d’un préposé à la batterie électronique, au MPD et au synthé. Ils vont s’installer dans des niches de forme carrée, surmontées d’un podium qui s’étend sur toute la longueur de la scène, accessible par 2 escaliers latéraux comportant 11 marches. Sur cet échafaudage, en arrière-plan, un grand écran rectangulaire est destiné au défilement de vidéos. Pour la première partie, son nom apparait en lettres lumineuses.

Au cours du set, elle va nous réserver 5 des 6 titres de son Ep, « Jaguar », et deux nouvelles compos, dont « Superfan » qui ouvre le set et « Desert Island ». Elle occupe bien l’espace scénique. Et de bonne facture, son électro/pop dansante transforme la fosse en dancefloor…

Setlist : « Superfan », « Ciao », « Use Your Words », « Jaguar », « Water Pistol », « Desert Island », « Lupins In Blue ».

Place ensuite à Zara Larsson. Quatre danseuses perchées sur la scène supérieure poussent vers le centre 2 demi-boîtes lumineuses et coulissantes qui enveloppent Zara. Elle surgit alors et entame immédiatement « Venus », le titre maître de son dernier long playing. Elle descend les escaliers pendant que ses danseuses lui font une haie d’honneur. Constamment en mouvement, elles vont entourer la star, tout au long du show, en respectant une chorégraphie particulièrement soignée. Une guitariste, une drummeuse et une claviériste sont abrités dans les fameuses cases.

Le spectacle est partagé en deux parties. Lors de l’entracte, elles vont en profiter pour changer de tenue. Lors de la première, Zara avait opté pour un body rose et un short à frou-frous.

Elle embraie par son titre phare de 2017, « I Would Like » (de l’album « So Good »). Le public, dans la fosse, devient carrément hystérique. Elle nous réserve des morceaux moins connus, comme « Escape » et « Look What You've Done », mais en ‘live’ ils prennent la dimension de hits. Bien sûr, ses tubes, elle ne les néglige pas. A l’instar de « Girls Like » et « Words ». Pendant « Girls Like », la sixcordiste quitte son box pour balancer un solo particulièrement envoûtant, face à Miss Larsson.

Lors du deuxième acte, elle revient vêtue d’un body de teinte rouge, alors que ses partenaires ont troqué les pantalons pour des jupes courtes et des convers noires. Et la reprise débute par le « Symphony » de Clean Bandit, dont le clip a cartonné sur la toile. Mais la version est plutôt éthérée et plus calme (NDR : un peu de calme, cela fait un peu de bien !). Et on allait l’oublier, mais tout au long du spectacle, des vidéos sont projetées sur l’écran qui sert de toile de fond, sur l’estrade surélevée. La voix de Zara est parfaite et sa présence sur les planches, incroyable.

Lors du rappel, sa parure est passée au noir. Elle démarre cet ‘encore’ par « On My Love », partagé sur la toile avec le roi d’Ibiza, David Guetta. Bref, en 75 minutes, Zara Larsson nous a accordé un show coloré et dynamique tout en communiquant de bonnes vibrations et sensations. On comprend mieux pourquoi elle est souvent comparée à la Beyoncé scandinave. Elle sera à l’affiche de l’édition 2024 de Rock Werchter…

Setlist :

Set 1 : « Venus », « I Would Like », « Escape », « Look What You've Done », « Girls Like, Words », « Never Forget You », « Ruin My Life », « The Healing ».

Set 2 : « Symphony » (Clean Bandit cover), « Uncover », « Wow », « None Of These Guys », « Ammunition », « You Love Who You Love », « Ain't My Fault », « End Of Time ».

Rappel : « On My Love » (Zara Larsson × David Guetta cover), « Lush Life », « Can’t Tame Her ».

(Organisation : Live Nation)

Photos Dieter Boone ici

 

Cali

Un show épuré, mais d’une intensité rare…

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Entre folklore et fêtes, Mons est une ville historiquement et culturellement riche. Elle s’est d’ailleurs vu octroyer le titre de Capitale Européenne de la Culture, en 2015.

Elle accueillait, en son sublime théâtre, un lieu hautement symbolique au style néo-classique, ce samedi 24 février 2024, un artiste de choix, Cali.

À mi-chemin entre chanson française et rock, Bruno Caliciuri, à l’état-civil, revendique depuis toujours une position d'artiste concerné par les problèmes de société et du monde, sans hésiter à s’investir publiquement.

Véritable touche-à-tout, Cali multiplie ses engagements, tant dans l’univers du théâtre, de la poésie, de la littérature que, bien sûr, de la musique.

Ce soir, il est accompagné de Steve Nieve, brillant musicien, mais surtout claviériste d'Elvis Costello, qui a aussi travaillé et joué pour Morrissey, Paul McCartney, Mick Jagger, David Bowie, Vanessa Paradis, Alain Bashung ainsi que Daniel Darc ; et est resté un grand ami, jusqu’à la fin, de Lou Reed et Laurie Anderson.

Steve et Cali se connaissent bien. Le premier a participé à l’enregistrement de plusieurs albums du second, dont l’hommage à Léo Ferré, « Cali chante Léo Ferré », publié en 2018…

D’une capacité d’environ 500 personnes, la salle est bondée. Ce théâtre ‘à l’italienne’, avec ses balcons et ses murs drapés de velours grenat, est le parfait endroit pour des spectacles intimistes.

C’est sans doute pourquoi il a choisi cet endroit afin de fêter les 20 ans de « L'Amour parfait », son premier opus paru en 2003, mais suivant la formule piano/voix, alors qu’en général, il se produit en compagnie d’un groupe.

Alors qu’il est un peu plus de 20 heures, l’homme de petite taille et son comparse bardé d’un bandonéon, grimpent sur le podium en chantant « Roberta », une compo issue de l’elpee « Menteur ». La toute première claque d’une série puisque plein d’autres déferleront comme un rocher qui déboule sur une route à toute vitesse et que l’on ne peut éviter.

Très inspiré et inspirant, Cali possède en lui de grandes valeurs humaines. Il a ce besoin du contact avec le public. Ni une, ni deux, il prend la main d’une petite fille au premier rang et l’invite à monter sur scène pendant « Sweetie » ou encore s’approche de cette femme enchantée de porter un pull du même coloris que celui du troubadour tout en s’amusant sur « La fin du monde pour dans 10 minutes ». Et si la vie ne tenait qu’en quelques secondes d’une poésie fine ?

Les doigts du pianiste glissent sur les ivoires dans un exercice de style virtuose, nous réservant d’impressionnantes descentes fracassantes de plusieurs gammes. Un concert où il fait aussi bon d’entendre que de voir.

Alors que jusque-là, il était resté très intimiste, il adopte tout à coup un ton plus pêchu, tantôt grâce à l'utilisation d’une boîte à rythmes sur « Menteur » ou encore sautillant de siège en siège en clamant ‘mon amour’...

Puisque l’enjeu est de rendre un hommage à ses débuts, Bruno embraie par « C’est quand le bonheur », avec en toile de fond, un écran géant reproduisant son image et celle de son chat, ravivant l’illustration de la pochette de cet LP.

Un des titres majeurs dans sa carrière qui lui a permis de se faire connaître auprès du grand public.

Une compo miroir, car malgré la reconnaissance, le succès, les rencontres, les critiques positives et le rendu du public, tout reste relatif. La seule, vraie et unique question serait ‘C’est quoi le bonheur’ ? Il ne lui reste plus qu’à affronter les méandres de la vie et à arracher le précieux sésame.

Un bonheur prétendu partagé en tout cas par les quelques centaines de personnes présentes ce soir.

Cali est on ne peut plus heureux de célébrer cet anniversaire avec le public belge qui le lui rend bien depuis le début de sa carrière.

Entre amour désordonné, hasards de l’existence et affres du temps passé, l’artiste se livre joyeusement tout au long de « Elle m’a dit », une compo empreinte de nostalgie, écrite seul dans une petite chambre, lors d’une rupture fracassante. Il n’hésite pas à clamer qu’il ‘s’est fait jeter comme une merde’. De quoi raviver chez certains de vieux souvenirs que l’on pensait définitivement enterrés.

Cet inconditionnel de U2, Simple Minds, The Waterboys ou encore Hubert-Félix Thiéfaine, sait se montrer humble et empathique. Il raconte avoir reçu la demande d’un fan dans sa loge au cours de l’après-midi. Sa mère n’a d’yeux que pour lui et fête son anniversaire ce soir. Quoi de mieux, dès lors, que l’icône de la chanson française lui offre un bouquet de fleurs…

Sans hésitation, Caliciuri s’exécute sur l’éblouissant « Pensons à l’avenir », tandis que Nieve, dans un français approximatif, se charge des vocalises avec une jubilatoire colère qui masque mal l’infinie tristesse et le désespoir de ne pas injurier cet avenir qui semble à nouveau prometteur.

Un moment inoubliable pour les artistes et cette dame dont la joie irradiait sur son visage et le public. Les yeux, d’abord embués, ont ensuite laissé place à des larmes qui se sont mises à couler, inévitablement, sur les joues.

Lorsqu’il ne caresse pas les ivoires, Steve, multi instrumentiste dans l’âme, se consacre au mélodica (un instrument de musique à vent, plus précisément à anches libres) ou encore au xylophone dont il joue en intro sur « Tes désirs font désordre », un morceau aux accents dramaturgiques. Et il est à l’aise sur tous ces instruments.

Bruno fixe tendrement sa propre image projetée en filigrane, contemple le temps passé et revit les moments intenses à travers le rétroviseur de sa vie. Il remercie l’ange qui lui a porté la main sur l’épaule lorsqu’il était petit tout en fixant le ciel, le regard vide, s’interrogeant d’une part sur cette double décennie passée et d’autre part sur la fierté de ses parents maintenant disparus.

Et puis, il passe au « Grand Jour est Arrivé », une comptine fébrile et immensément positive où il est question de prendre le temps de savourer sa séparation sur fond d’humanité et l’auto-flagellation, le tout posé sur drap d’humour léger.

Après ses nombreuses ‘turpitudes’ et voltefaces, le Perpignanais se pose au côté de son musicien et entame paisiblement un « Fais de moi ce que tu veux ». Le public s’émerveille devant la complicité qui s’opère entre les deux compères.

Cali prend ensuite place derrière le piano et, en véritable mélomane, s’approprie instinctivement l’instrument. Steve quant à lui, quitte l’estrade, plonge dans la fosse, armé de son mélodica pour un « Différent », qui ne laisse personne indifférent…

Interprété en mode piano/voix, « Tout va bien » constitue un des moments forts du concert. Un morceau au cours duquel on discerne un peu mieux la face obscure des textes de l’enfant perdu et les cicatrices du temps passé.

Un show épuré, mais d’une intensité rare ! Tout y est parfait. Le spectacle, Cali, son musicien, sa complicité avec le public, le choix des chansons, la richesse des émotions et « L’Amour parfait », chanté tantôt en français, tantôt en anglais, prouvant une fois de plus qu’une amitié sincère et durable lie les deux personnages.

Sous une expression toujours aussi théâtrale, en mode piano/voix, Cali est parvenu à imposer son style en revisitant les chansons d’un album devenu culte et à transformer des épreuves difficiles en épisodes énergiques grâce aux variations ludiques et aux mots d’une force puissante dont seul l’artiste a le secret.

Les uns et les autres s’éclipsent derrière les rideaux, le public haletant d’impatience reste sur sa faim. Il en veut encore et encore…

Les faisceaux des projecteurs déclinent, comme pour faire durer la douleur des spectateurs… lorsque soudain les notes de « Quoi » de Jane Birkin retentissent, comme pour rendre un bel hommage à la femme qui nous a quittés en juillet 2023. Une belle personne aux multiples talents, à la fois actrice et chanteuse. Un moment suspendu et un Cali tout en retenue, mais aux anges.

Il y a plus de deux heures que l’artiste se livre et pourtant il a encore de belles surprises à offrir. A commencer par cette version ultra vitaminée de « 1000 cœurs debout » où, accompagné par Baptiste Lalieu, aka Saule, il va mettre littéralement le feu. Ils se connaissent très bien, et se sont déjà produits ensemble pour « Avant qu’il ne soit trop tard », qui figure sur le dernier album de Saule, « Dare-Dare ».

Des dizaines de fans n’y tenant plus finissent sur la scène afin d’y fêter la joie, le bonheur, l’extase et un onirisme sans fin. Les sourires deviennent rires, les yeux s’écarquillent et alors que l’amour entre les générations s’invite, les différences culturelles et sociales s’estompent également.

Afin de taquiner son ami de toujours, Bruno lance pour défi à son acolyte de chanter du Led Zeppelin. En l’occurrence « Whole lotta love ». Challenge parfaitement relevé sous les cris hilares d’un public qui ne s’attendait pas à pareille surprise, il faut bien l’avouer.

Enfin, Caliciuri, à l’instar de « Pas la guerre », rappelle aux aficionados que derrière le conflit, se cache, au milieu, les enfants.

Concerné par la vie et les problèmes du monde et la bêtise des hommes, le concert de ce soir sera dédié au charismatique militant anticorruption et ennemi numéro un de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, assassiné honteusement alors qu’il n’avait que 47 ans.

Cali retourne définitivement en coulisses, alors que Steve s’enfonce dans la foule pour reprendre « Your Late Night Evening Prostitute » dans sa langue natale avec pour seule arme, son instrument de prédilection, le mélodica.

Cette fantaisie façon ‘Cali 2.0’ aura duré en tout et pour tout pratiquement deux heures trente. L’homme dont la réputation est de mettre le feu partout où il passe n’a pas failli à la règle. Une fois de plus, mais certainement pas une fois de trop.

 

 

 

 

 

And Also The Trees

Mother of pearl moon

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« Mother of pearl moon » constitue le 16ème opus d’And Also The Trees. Première constatation, la musique du groupe britannique devient de plus en plus atmosphérique, davantage acoustique aussi... 

L’elpee s’ouvre par une intro ambient. Romantique, « The whaler » est une ode à la contemplation au cours de laquelle la clarinette frémit comme des vaguelettes sonores qui s’échouent sur la plage.

On retrouve le climat filmique des dernières œuvres, réminiscent du long métrage ‘Docteur Jivago’, sur plusieurs plages. A cause de Justin Jones qui transforme les sonorités de sa guitare en concert de mandolines. Et tout d’abord sur « Town square ». Souple et complexe à la fois, le drumming y ajoute des nuances jazzyfiantes. « Field After Field », ensuite. Simon semble y réciter sa poésie comme une prière. Sur l’instrumental propice à la rêverie, « Ypsilon », encore. Après un début de parcours embrumé par les claviers. Et le tout est enrichi d’arpèges de sèche, alors que le sillon tracé par la clarinette se met à onduler. Des arpèges que l’on retrouve sur « Away From Me », et dans un même climat, nonobstant le drumming subtil et complexe. Et enfin, le contemplatif, mais sournoisement angoissant, « This path through the meadow », tandis que la clarinette flâne comme le hautbois dans le conte symphonique ‘Pierre et le loup’ de Prokofiev.   

La bande aux frangins Jones aime voyager, puisque si sur le précédent long playing, elle nous entraînait en ex-Yougoslavie, le nouveau, à travers la valse « Valdrada », s’inspire d’une cité imaginaire décrite par Marco Polo à l'Empereur de Chine Kubilaï Khan dans le roman ‘Les villes invisibles’ d'Italo Calvino

« No Mountains No Horizons » constitue le second instrumental. Au début on entend comme le bourdonnement d’un essaim d’abeilles, puis progressivement la composition monte en intensité avant de redevenir paisible, malgré le gémissement d’une six cordes (NDR : ce sera la seule incursion véritablement électrique)

Baignant au sein d’une ambiance étrange et vaporeuse, « Visions Of A Stray » s’ouvre sous une forme incantatoire, puis, au milieu du gué, le tempo s’élève et la chanson devient instrumentale.

Un excellent album, auquel il manque, sans doute, deux titres plus percutants pour satisfaire pleinement votre chroniqueur…

And Aslo The Trees se produira le 2 avril dans la Nef de l'Eglise Notre Dame d'Harscamp, à Namur.

8

Chelsea Wolfe

She Reach Out To She Tends Out To She

La toujours poignante Chelsea Wolfe vient de réaliser un nouveau coup gagnant sur son illustre échiquier. Sur « Hiss Spuné, elle a flirté avec le doom metal fantasmagorique, sur « Birth Of Violence », elle est entrée dans un donjon acoustique sur le brûlant « Bloodmoon : I », elle a ricané avec les voyous de Converge au sein d’un bain de métal noir rempli d’acide sulfurique.

Chaque nouvel opus apporte invariablement de nouvelles révélations, perspectives et découvertes à cette muse sombre. Ses disques sont tous des perles à couper le souffle qui, à première vue, sont différentes les unes des autres mais ont une constante : elles ne tolèrent pas la lumière du jour.

Sur « She Reach Out To She Tends Out To She », la déesse de la nuit franchit une nouvelle étape dans son évolution excentrique. Au cœur de ses sonorités menaçantes omniprésentes, se sont glissés de minces synthés et une électronique oppressante. Sous cette nouvelle approche, elle niche encore en grande partie dans son biotope préféré : l’obscurité. Pour la circonstance, les compos ont été épargnées par les riffs de métal ‘ricanants’, mais le ténor est toujours terrifiant et la voix rêveuse de Chelsea navigue immuablement au sein d’endroits aussi mystérieux et brumeux.

Les morceaux flottent sur des rythmes hypnotiques, des drones obsédants, des guitares endormies et des synthés brumeux. Ainsi, ils filent à la recherche d’horizons inconnus. « Whispers In The Echo Chamber » pose les lignes et saisit immédiatement la gorge au moyen d’une électronique fantomatique et d’une explosion ultime. « House Of Self-Undoing » grogne durement sur un lit de percus émanant de la jungle. « Tunnel Lights » nous entraîne dans un paradis souterrain. « Salt » erre dans le Portisheadland et le morceau de clôture, « Dusk », s’enfonce implacablement dans la nuit lors d’une solide apothéose.

Perle noire, « She Reach Out To She Tends Out To She » ne révèle pas ses secrets tout de suite ; il exige un certain effort de la part de l’auditeur. Il s’agit d’une exploration captivante à travers les cavernes sombres de l’âme de Chelsea Wolfe. Apportez donc votre lampe de poche…

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