Les textes candides mais positifs de Sea Girls…

Ce quatuor londonien –composé de Henry Camamile (chant, guitare), Rory Young (guitare), Andrew Dawson (basse) et Oli Khan (batterie)– s'impose par sa franchise rafraîchissante, ses mélodies accrocheuses et des paroles candides et positives. En outre, Sea…

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Chroniques

Meimuna

C’est demain que je meurs

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Si Meimuna est un genre d'insectes hémiptères de la sous-famille des Cicadinae (famille des Cicadidae, les cigales) qui peut passer plus de vingt ans à errer sous terre à l’état de larve, pour ensuite remonter à la surface et profiter du soleil avant de mourir… en fin de journée, c’est également le patronyme de Cyrielle Formaz, un choix destiné à illustrer au mieux le courant musical dans lequel elle se distingue aujourd’hui.

Une orientation stylistique qui n’est pas anodine, car cet insecte symbolise la renaissance, la métamorphose ainsi que la vie après la mort. Il est d’ailleurs mis en valeur dans de nombreuses cultures, comme en Egypte, où des cigales sont posées sur les yeux des défunts.

Fille d'un professeur d'art et d'une musicienne, Formaz baigne dans l’art et la musique, en particulier, depuis sa tendre enfance. Elle apprivoise donc (naturellement) la guitare dès l’âge de 7 ans, en suivant un enseignement rigoureux au Conservatoire, dont elle soulignera l’efficacité quelques années plus tard, lorsqu’elle fonde Macaô, un quintet aux accents rock, en compagnie d’un ami du collège, Pascal Vigolo.

Alors que cette parenthèse musicale ne constituait, au départ, qu’un prétexte pour prendre du bon temps, la formation finira par décrocher un joli succès d’estime et critique, notamment en enjambant la scène du Montreux Jazz ou encore en assurant les premières parties de Zaz, Patrick Bruel ou Polnareff.

Mais le besoin d’un projet plus proche d’elle-même devenant urgent, elle tourne la page dès 2016, en créant Meimuna, parabole proche de l’univers ouaté de Patrick Watson ou encore de la sensibilité des textes de Rive.

Après cinq Eps très remarqués, elle nous propose donc son premier long format. « C’est demain que je meurs » a bénéficié du concours d’une équipe hors du commun : Ella van der Woude, compositrice de musiques de films, à la coproduction, Randal Dunn au mix et Heba Kadry au mastering.

Introspectif, l’album est découpé en 10 chansons qui inspirent et s’inspirent de la vie de la jeune femme. Et contrairement à ce que laisse sous-entendre son titre, il ne berce pas pour autant dans le spleen sidéral ; au contraire, lorsqu’on porte une oreille attentive aux textes, il célèbre le renouveau sur fond de poésie française, si ce n’est cette petite incursion dans la langue de Shakespeare pour l’angélique « Lullaby for a satellite ».

Formaz, dont la signature vocale est étrangement proche de celle de Juliette Bossé (musicienne, autrice et compositrice bruxelloise), nous réserve un ouvrage ambitieux, d’une authenticité rare, le tout baignant dans un univers à fleur de peau, enrichi d’une orchestration élégante et sophistiquée.

On ne peut rester insensible à cette texture vocale d’une grande profondeur qui communique bien-être et paix intérieure. Les mots et les mélodies s’alignent tels des astres et s’embrassent tendrement dans un tourbillon émotionnel et onirique, à l’instar de ce titre éponyme à la fois pudique, charnel et d’une sincérité jouissive.

On notera au passage le vibrant hommage rendu à une figure du show business des années 80 et 90 à travers « Eve V. (battre des records) », aka Ève Vallois, jeune femme qui rêvait de ressembler à Brigitte Bardot, à Marilyn Monroe, et qui deviendra après 25 opérations de chirurgie esthétique… Lolo Ferrari. Tournée en dérision, elle finira par devenir, pour certains, la cible de médisances récurrentes, tandis que d'autres, la considéreront comme un véritable objet de culte. Quoiqu’il en soit, portée par un mal-être depuis toujours, elle finira par se donner la mort le matin du 5 mars 2000.

Paradoxe des temps modernes puisque s’éloignant des diktats commerciaux d’une société consumériste, « C’est demain que je meurs » est un disque vertueux, de très bonne facture et plein de surprises.

Si Formaz était un médicament, il devrait être prescrit à profusion.

 

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Julien Doré

Imposteur

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Il faut reconnaître que Julien Doré évolue loin des conventions qui règnent dans l’univers du show-business. Depuis sa participation à la ‘Nouvelle Star’ en 2007, où sélectionné lors d'une audition à Marseille, il adapte « Excellent » du groupe Sharko armé d’un ukulélé floqué d’un ‘Dig Up Elvis’, il ne fait rien comme les autres. A cette époque, son seul objectif était de faire connaître son groupe au travers du prisme de la télé.

L’histoire ne dira pas si le but a été atteint, mais toujours est-il que, pourtant, de casting en casting, il finit par remporter brillamment le concours, grâce notamment aux reprises absurdes dont il a seul le secret, comme cette version folle de « Like a Virgin » de Madonna (empruntée au chanteur américain Richard Cheese) ou encore ce détonnant « Moi... Lolita », à l'origine interprétée par Alizée (une mouture par ailleurs imaginée avec son autre groupe, The Jean D'Ormesson Disco Suicide).

Mais le coup de génie de Doré ne s’arrête pas là ! Outre ses versions décalées, il s’amuse à modifier les paroles originales, en y insérant des allusions personnelles ; ce qui lui vaut de faire les gros titres de la presse écrite, dont le quotidien Libération. Rien que ça !

Pour « Imposteur », il fait mieux encore ! Ainsi, afin de promotionner la sortie de ce nouvel opus auprès de la presse spécialisée, l’artiste a refilé une clé USB aux journalistes, comportant, non pas les titres originaux, mais une version vaguement karaoké, exécutée au piano par un Julien Doré qui, bien évidemment, s’est réjoui de cette supercherie.

Pour ce dernier elpee, tout juste quatre ans après avoir gravé « Aimée », le rebelle rend donc ses lettres de noblesse à la chanson française, en compagnie d’artistes qui l’ont inspiré ou marqué.

Surprise de taille et non des moindres, le long playing recèle 17 plages (pour une heure d’écoute), ce qui paraît impensable de nos jours. Lui, a osé !

Est-ce pour autant un gage de qualité ? Pas nécessairement !

Objectivement, le disque offre de belles surprises à l’instar de « Les sunlights des tropiques » ou encore « Couleur menthe à l’eau ». On y sent un Doré pleinement investi, pudique et sans exagération. Ou encore sur ce poignant « Les yeux de la mama » de Kendji Girac, dans lequel il rend un hommage bouleversant à sa maman décédée, dont la voix résonne en introduction.

Mais trop souvent, la grandiloquence l’emporte sur l’interprétation (« Pourvu qu’elles soient douces »). Si l’exercice de style est intéressant et audacieux, l’orientation artistique dans laquelle il s’est engouffré les yeux fermés, met en péril sa crédibilité. Et les quelques featurings (Francis Cabrel, Hélène Ségara, Sharon Stone, parmi d’autres) n’y changent pas grand-chose.

Autres éléments en la défaveur de Monsieur Doré, ce sont les arrangements kitsch qui desservent l’esprit originel des compositions, à l’instar de « Mourir sur scène » et son disco poussiéreux ou la tournure pop volage de « Les démons de minuit ».

Le quadra possède une certaine assise dans le métier et c’est sans doute la raison pour laquelle il a opté pour la liberté de ton et d’action. Et si ce n’est l’album du siècle ou le meilleur de sa discographie, il lui sert en tout cas de prétexte pour proposer un produit à son image, léger et second degré.

Si Doré ne se positionne pas nécessairement en imposteur, il reste, en tout cas, un artiste abscons…

 

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Tramhaus

The first exit

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Formation rotterdamoise, Tramhaus a emprunté son patronyme à un magasin de pitas sis dans cette ville portuaire.

Le quintet vient de sortir son premier album, « The first exit ». Un titre de circonstance !

Post punk, sa musique est caractérisée par un drumming serré, des changements vocaux intrigants et de nombreuses variations de rythme, mais également par la symbiose entre les deux guitares. Toutes deux se répondent constamment et puis anticipent de manière inattendue.

Frénétique, « The Cause » ouvre l’elpee. Un jeu de questions-réponses s’instaure entre le chanteur Lukas Jansen et la guitariste Nadya van Osnabrugge,

Imprimé sur un tempo saccadé, « A Necessity » reflète les états d’âme, tour à tour enragés ou stylés, des guitares

Mélancoliques, « Once Again » et « Beech » abordent les thématiques de l’identité, l’isolement et la quête de sens dans un monde qui semble souvent hostile.

Subtilement surf mais plus cold, « Once again » libère une énergie implacable, menaçante, chargée d’émotion brute, réminiscente des prestations ‘live’ du band.

L’opus s’achève par « Past Me », une chanson qui traite du combat intérieur pour ne pas perdre la raison.

Tout au long de l’elpee, le chanteur alterne cris primaux caustiques et phrasé déclamatoire. Dans le premier cas, on a l’impression qu’il tente de rugir comme Frank Black (Pixies), mais il ne parvient qu’à s’égosiller, à l’instar de Brian Johnson chez AC/DC. Dommage, car lorsqu’il déclame à la manière de James Smith (Yard Act) voire de feu Mark E. Smith (The Fall), sa voix passe parfaitement la rampe.

Podcast # 53 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

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Bibi Club

Feu de garde

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Bibi Club est un duo québécois réunissant Adèle Trottier-Rivard (NDR : ex-membre du tout premier groupe scout exclusivement féminin au Canada, the Guides) et Nicolas Basque.

A l’écoute de sa musique on pense immédiatement à Stereolab. Encore qu’en creusant un peu, on y rencontre des références empruntées à Moondog et Suicide. Mais, alors que le groupe de Laetitia Sadier se sert de son expression sonore pour véhiculer ses considérations anticapitalistes, Bibi Club s’inspire de la vie quotidienne.

« Feu de garde « constitue son second elpee », un disque dont la musique minimaliste et intimiste possède un feeling insulaire. Les bruits et les voix souvent en français, parfois en anglais, s'entremêlent sans se heurter, se superposent même, renforçant l’impression qu’il s’agit d’une conversation privée entre partenaires de vie, tout en s'immisçant dans l'univers des rêves et des jeux de l'enfance.

Et le tout bénéficie d’arrangements soignés, produits notamment par de minuscules boîtes à rythmes et des interventions de flûte. Pourtant, Bibi Club se sert autant de la guitare électrique (parfois en picking ou aux tonalités oscillatoires) qu’acoustique, mais adopte aussi, selon les plages, un rythme de bossa nova, de cha-cha-cha, de valse ou carrément implacable, lorsqu’il n’ose pas l’une ou l’autre ballade confessionnelle. Et puis, les sonorités peuvent se révéler surprenantes et en même temps accrocheuses. 

Un bien bel album !

Emission Inaudible podcast 38 et 41

Inaudible est également disponible sur Deezer et Spotify

https://open.spotify.com/show/2f3XFKYz2vuBgR4oVgeSF1

https://www.deezer.com/fr/show/1001021432

 

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The Third Sound

Most perfect solitude

Écrit par

« Most perfect solitude » constitue le sixième elpee de The Third Sound, un groupe berlinois drivé par le musicien et compositeur islandais Hakon Adalsteinsson. Le titre de l'album est une phrase extraite du ‘Frankenstein’ de Mary Shelley découverte par Hakon dans le journal intime de Werner Herzog intitulé ‘Of Walking In Ice’.

Cocktail savoureux de psychédélisme, shoegaze, post-punk et rock gothique, la musique fluctue entre lumière et ténèbres, puisant essentiellement ses références chez Jesus & Mary Chain et Spiritualized.

Voix sombres en suspension trempées dans la réverbération ou désabusées, orgue rogné, vintage, guitare fuzz et lancinante, mais encore drumming hypnotique et syncopé alimentent, en général, l’expression sonore.

Cependant, le groupe a le bon goût de sortir des sentiers battus. A l’instar d’« Another Time, Another Place », dont le guitares jangle-pop chatoyantes réveillent une saveur tellement appréciée chez les artistes signés sur le label Flying Nun, au cours des 80’s. Puis de « Don’t Look Back » qui nous propulse quelques « Decades » dans le passé.

Mais surtout tout au long de l’excellent « Wasteland », une piste qui décrit une vision cauchemardesque d’une ville en ruines.

Enfin, l’opus s’achève par « Departure »., une mélopée dont le titre est particulièrement judicieux.

Emission Inaudible podcast 24

Inaudible est également disponible sur Deezer et Spotify

https://open.spotify.com/show/2f3XFKYz2vuBgR4oVgeSF1

https://www.deezer.com/fr/show/1001021432

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BODEGA

Our Brand Could Be Yr Life

Écrit par

Il y a 8 ans, la formation répondait au patronyme Bodega Bay. Et c’est à cette époque que le groupe new-yorkais a composé 33 titres dont certains figurent sur ce « Our Brand Could Be Yr Life ». Mais ces morceaux avaient été enregistrés sous une forme lo-fi. Ce sont donc de nouvelles versions complétées par de nouveaux titres qui garnissent donc sur cet opus, un peu comme si un réalisateur de cinéma avait recommencé un vieux film et lui avait ajouté et enlevé quelques scènes.

Sur cette nouvelle mouture, il n’y a donc plus que 15 plages. Et les anciennes compos ont bénéficié d’arrangements fortement remaniés. Par exemple, « Tarkovski » inclut un solo de Ryan sous forme de jam. Et « Set The Controls For The Heart of the Drum » (NDR : serait-ce un clin d’œil adressé au « Set the control for the heart of the sun » du Pink Floyd » ?) est plus long et plus percutant. En outre, y figure un sketch absurde en milieu de parcours. On épinglera également « G.N.D. Deity », une piste qui reflète la fascination de Belfiglio, le chanteur/guitariste, pour la relation entre le sexe et la technologie. Et cette composition dansante dans l’esprit des B52’s est vraiment irrésistible (le clip est disponible ici).

Bref, sur ce long playing, Bodega nous livre un post punk abrasif et tranchant, imprimé sur des rythmes saccadés ; cependant mélodiques, ses compositions véhiculent des accents indie, dance, shoegaze, rock slacker et psychédéliques.

Emission Inaudible podcast 17

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https://www.deezer.com/fr/show/1001021432

 

 

 

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Black Paper Plane

From dark and beyond (Ep)

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« From dark and beyond » constitue le second Ep du groupe tournaisien, Black Paper Plane.

Il s’ouvre par « Ben », une compo parue en single qui rend hommage au meilleur ami du chanteur, décédé tragiquement lors d’une opération cardiaque. Tempêtueuse, très électrique, elle déferle, se déchaîne et libère une puissance de feu.

Tout en feeling, « Maelstrom » est interprété, à la sèche, en picking.

L’Ep recèle trois titres chantés. Tout d’abord « Black Box ». Caractérisé par sa jolie mélodie, il monte en crescendo, dans l’esprit de Metallica. Un spectre qui hante également « Across the univese » (NDR : rien à voir avec la chanson des Beatles !), une piste qui s’ouvre sous la forme d’une ballade tramée sur une gratte acoustique alors que bavarde, la ligne de basse se profile en contrepoint ; puis, à mi-parcours, le morceau monte en intensité et se complexifie. Les guitares s’électrisent et le drumming fluctue ente violence et amplitude. Avant que le soufflé ne retombe. Et enfin, « Not too late », une plage plus pop/rock. D’abord atmosphérique, elle change de cap au moment où les sixcordes construisent une trame élaborée.   

« Cosmo » s’ébroue au cœur d’un univers sonore intimiste entretenu par une guitare électrique jouée en picking (Durutti Column ?), puis nous replonge dans un post rock aux fluctuations climatiques et s’achève par un petit solo cosmique (NDR : pas étonnant, vu le titre) …

« Home II » se distingue par des arpèges de sonorités à la mandoline (And Also The Trees ?) qui succèdent à des arrangements de cordes alors que la ligne basse s’insinue en réitérant ses contrepoints. Et lorsque le drumming prend de l’amplitude, le soliste en profite pour opérer un envol final…

Emission Inaudible podcast 31

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Humanist

On the edge of a last and lonely world

Humanist, c’est le projet du multi-instrumentiste, auteur compositeur et producteur londonien, Rob Marshall. Cet ex-guitariste d’Exit Calm est également le coauteur d’un album de feu Mark Lanegan.

En 2020, il avait gravé un premier opus –un éponyme– pour lequel il avait reçu le concours de nombreux chanteurs, dont Dave Gahan (Depeche Mode), Mark Gardener (Ride) et Mark Lanegan…

Originaire de Teesside, Rob a grandi dans le nord-est de l'Angleterre, une terre de hauts fourneaux, d'estuaires pétrochimiques et de cieux brûlants.

Ce cœur brisé de la révolution industrielle vient de sortir son second long playing, « On the Edge of a Lost and Lonely World », et de nouveau, lors des sessions, il a bénéficié de la collaboration maints vocalistes dont Isobel Campbel, Ed Harcourt, Tim Smith (Midlake), Peter Hayes (Black Rebel Motorcycle Club) et son ami fidèle, Dave Gahan…

Sur cet elpee, Rob explore des thèmes existentiels tels que la vie, la mort, l’espoir, la souffrance et la rédemption.

Brumeuses, les sonorités de guitare glissent et scintillent, créant des textures subtiles et délicates à l’aide de mélodies atmosphériques, turbulentes, vulnérables ou introspectives...

Podcast # 46 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

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Santa

Recommence-moi

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A moins d’avoir passé ces derniers mois sur une île déserte, personne n’a pu échapper au succès fulgurant (presque inattendu) de Samantha Cotta, mieux connue sous le pseudo Santa, l’une des figures de proue du groupe Hyphen Hyphen.

Après nous avoir bercé de sa douce ballade en mode piano-voix sur « Popcorn salé », une compo écrite dans l’urgence, presque par égarement, qui verra le jour sous l’impulsion et les encouragements de ses comparses Laura Christin, alias Line (basse, percussions), et Romain Adamo, aka Adam (guitare, synthé), la jeune dame s’émancipe et grave un premier album sobrement intitulé « Recommence-moi ».

Alors que la pop anglophone constituait jusqu’à présent sa ligne directrice, notamment au travers HH, la Niçoise entreprend un virage à 90 degrés en proposant un très réussi premier essai solo, écrit dans la langue de Voltaire svp.

Du haut de ses onze titres, elle se jette à corps perdu dans un univers où règnent l’intime, la retenue et la douceur.

Les mots et les mélodies s’embrassent tendrement dans un tourbillon émotionnel et onirique d’une intensité rare, à l’instar de ce « Qui a le Droit », ersatz de manifeste sur le bien vivre ensemble avec, en filigrane, cet espoir latent de tolérance, d’insouciance et de communion. Ou cette magnifique chanson « Eva », un appel à la résilience.

Paradoxalement à la fois pudique et charnelle, mais surtout d’une grande sensibilité, Santa n’est pas sans rappeler d’autres grandes dames de la chanson française, dont France Gall ou Véronique Sanson. Mais le spectre de l’artiste, inimitable, va bien au-delà. Et si l’écriture de Michel Berger était venue la hanter ?

Des surprises, il y en a beaucoup d’autres. A commencer par « Les larmes ne coulent pas », qui bénéficie de la complicité de Christophe Willem. Il s’invite le temps d’une chanson, entre simplicité et fausse grandiloquence, lors d’un duo uni par des larmes amères. Mais n’y a-t-il pas larmes plus amères que celles qui ne coulent pas, finalement ?

L’opus ne berce pas pour autant dans un spleen maladif ou la mièvrerie. Bien au contraire. Les chansons se distinguent par leur élan positif, à l’instar de « Chanter le monde », dont les sonorités pop/rock contemporaines ne sont d’ailleurs pas sans rappeler celles qui ont fait les beaux jours de la formation au sein de laquelle elle milite toujours.

Fidèle à son style unique et son spectre lyrique hors du commun, Santa se regarde dans le miroir avec introspection. Doit-on y voir le désir de recommencer son histoire, à l’image d’une césure sur le temps ?

Nul ne le saura probablement jamais. Seule certitude, « Recommence-moi » est une œuvre ambitieuse, espiègle et d’une qualité rare.

Une œuvre qui exploite au mieux l’univers intrinsèque et le champ lexical de la jeune dame. Un elpee au sein duquel, elle s’est (re)trouvée.

Dans l’univers de la chanson française, Santa est déjà considérée comme une grande artiste, mais en publiant « Recommence-moi », elle vient de démontrer qu’elle méritait cette distinction.  

Un album à écouter sans modération !

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Angus & Julia Stone

Cape Forestier

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Originaire de Newport, dans la banlieue de Sydney, en Australie, la fratrie Angus et Julia Stone est enfin de retour.

Ensemble, en tant que musiciens, producteurs et auteurs-compositeurs, ils forment les deux moitiés d'un groupe musical dont les paroles et les sons révèlent un amour pur et authentique pour la musique et un talent pour raconter de belles histoires. Des histoires qui les ont emmenés aux quatre coins du monde.

Sixième album d’Angus et Julia, « Cape Forestier » fait à nouveau vibrer la fibre sensible d’un auditeur averti et amoureux de superbes arrangements et des mélodies classieuses déjà rencontrées sur la plage d’entrée, « Losing You ».

La fratrie renoue avec ses racines folk et les thèmes abordés à ses débuts. On y retrouve ainsi les sonorités acoustiques aux lignes épurées aussi bien que les textes empreints de poésie et de légèreté qui ont fait le succès du duo. Le titre « Cape Forestier » se réfère à un chalutier appartenant à un ami et il est dédié à leurs parents et grands-parents, qui comme tous les marins et les pêcheurs, sont partis en pleine mer sans savoir ce qui les attendait. La nature et l’amour ont toujours été des thèmes récurrents dans les chansons du duo aussi. « Down To The Sea », « My Little Anchor » ou « No Boat No Aeroplane » mettent le cap sur l’océan immense et mystérieux.

Angus avait 16 ans quand il a écrit « No Boat No Aeroplane ». Paradoxalement, c’est probablement la chanson la plus réussie de l’opus. Une autre résurgence du passé. Tout au long du single « The Wedding Song », joué maintes fois en live (pour avoir assisté à de nombreuses repises aux concerts de la paire, votre serviteur confirme), les cuivres s’éclatent et poursuivent la voix enjôleuse de Julia.

Sorte de retour aux sources, « Cape Forestier » se distingue également par la qualité des arrangements qui subliment l’ensemble, signe d’une maturité acquise au fil des années dans leur carrière solo. Mais la magie n’opère que lorsqu’ils sont réunis. L’harmonie conjuguée par les deux voix sur « Losing You » est susceptible de faire fondre les cœurs, tel un glaçon au soleil. Il fallait l’oser : reprendre le classique de Bob Dylan « I Want You ». Angus y souffle dans son harmo ; et on tombe sous le charme. « The Wonder Of You », bien que très court, sert de conclusion. Parfaite, elle démontre, par un ensemble de cordes, la beauté de leur musique.

Prenez la mer sans hésitation avec pour seul ami ce « Cape Forestier » et débarquez sur une ile déserte. Un pur délice !

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