Si on tient compte des albums commis en compagnie du Vandergraaf Generator et ceux enregistrés en solitaire, Peter Hammill doit aujourd'hui être à la tête d'une bonne quarantaine d'albums. Et croyez-moi, nonobstant les 53 piges qu'il fêtera ce mois de novembre, il n'est pas prêt de mettre fin à sa carrière. D'ailleurs " What, now ? ", son nouvel opus, en est la plus belle démonstration. Hormis le concours épisodique de ses fidèles collaborateurs, c'est à dire le violoniste/violoncelliste Stuart Gordon, le saxophoniste/flûtiste Dave Jackson et le drummer Manny Elias, Peter a pratiquement joué à l'homme orchestre. Y compris la production.
Découpé en huit fragments, cette œuvre baigne, vous vous en doutez, dans la musique progressive. Mais une musique progressive plus contemporaine, dont il a redéfini les contours depuis " The Noise ". C'est à dire davantage focalisée sur les guitares. Ce qui ne l'empêche pas, avec son habileté toute diabolique, de nous replonger épisodiquement dans son chaos sonore. Un chaos sonore organisé, structuré, où se mêlent électricité folle ou frémissante, arrangements symphoniques, accords de piano profonds ou synthétiques, cuivres jazzyfiants, rythmes répétitifs, hypnotiques ou débridés et violon tsigane. Parfois on se croirait même revenu à la belle époque du VDGG ! Mais ce disque laisse aussi une grande place à la mélodie et à la tendresse. Et de sa voix tour à tour séduisante, écorchée ou sauvage, il donne véritablement une âme à ses chansons. Peter nous a quand même réservé un fragment plus expérimental : " Fed to the wolves ". Semi psychédélique, il est digne des exercices menés par Eno et Fripp sur l'elpee " No pussyfootin' ". Seule la voix nous rappelle qu'il s'agit bien d'une composition de Peter Hammill. A ce titre, cet artiste anglais mérite toujours bien son statut de culte intemporel !