Quand on évoque l’étrange patronyme La Femme, on pense à une icône plantureuse aux formes généreuses. Et pourtant, à l’origine, le projet était réduit à deux hommes, Sacha Got et Marlon Magnée.
Après avoir goûté à différents styles, la jeune fille est passée de l’adolescence à l’âge adulte. On pourrait même ajouter, en deux temps trois mouvements ! Elle a non seulement grandi (le line up recèle cinq gars et une fille, aujourd’hui), mais elle a surtout gagné en maturité. Surtout depuis la publication de son premier essai, « Psycho Tropical Berlin ». Ce qui lui a valu une récompense aux Victoires de la musique, dans la catégorie ‘album révélation de l’année’.
Depuis, on peut dire que le combo est sur le velours. Il nous propose un nouveau format. Qui s’intitule « Mystère ».
Verdict ? Un condensé de compos décomplexées, insouciantes, délurées et fêtardes qui bouleversent les codes figés de la chanson française. Anti-thèses d’un Dominique A ou d’un Miossec, elles lorgnent plutôt vers Philippe Katerine !
Des chansons qui baignent au sein d’une forme de cold wave synthétique. Un brin rétro, elles sont saupoudrées, ci et là, d’un zeste de punk spasmodique…
Le mélomane lambda aurait tendance à se laisser bercer par une absurdité rafraîchissante où se mêle vrai/faux second degré. Le plus averti devrait y déceler en filigrane un message plus profond, davantage psychanalytique.
La syncopée est tonitruante et envoie valser au placard cette sinistrose ambiante qui nous dévore au fil d’une actualité guerrière bien trop présente. Cette gonzesse à six têtes est certes désinvolte, mais possède le don de plonger les aficionados dans une dimension schizophrène.
Les thématiques parlent du quotidien avec une légèreté frémissante, mais sans langue de bois. On y parle de tout et de rien à la fois. Sans jamais être grossier, ni graveleux. « Septembre » évoque la fin de l’été, « Elle ne t’aime pas » brosse une histoire d’amour compliquée – comme souvent–, « Sphynx » aborde le sujet de la drogue, sans pourtant en faire l’apologie. Si tout le monde prenait de l’acide, un jour dans sa vie, le monde serait peut-être davantage en paix. Mouais…
Ce long format risque fort d’éprouver d’énormes difficultés à séduire les pontifes de la pop. Et vu les diktats et les formatages imposés par les radios, il ne devrait pas y trouver davantage de place dans ses programmations.
Dommage ! Parce que derrière, s’y cache une vraie musicalité et des thématiques qui naviguent à mille lieues de l’univers ‘prout prout’ d’un Patrick Sébastien. Comme quoi, la culture musicale a encore des chaumières à visiter !