Benjamin Biolay a véritablement capté l’attention du grand public dès l’an 2000, en composant, à l’aide de Keren Ann, l'album d'Henri Salvador, « Chambre avec vue », au sein duquel figure la chanson « Jardin d'hiver ».
Celui que beaucoup comparent à Serge Gainsbourg, à cause de ses frasques et de sa grande gueule, s’est vu coller, par la critique, le qualificatif de mauvais garçon de la scène française.
Globalement, la carrière musicale de l’artiste est pourtant faite de jolis exercices de style. Ses compositions originales sont souvent intéressantes, mais parfois inégales, à l’instar de celles qui figurent sur son elpee « La Superbe », sorti il y a maintenant sept longues années.
Il a toujours mis en exergue une forme de mélancolie aux accords lyriques à travers laquelle ses thèmes de prédilections (déceptions amoureuses et vicissitudes de la vie) peinaient à s’exprimer.
A la suite d’un énième spleen, l’écorché vif met le cap sur l’Argentine, dans un quartier de Buenos-Aires pour y concocter un concept album intitulé "Palermo Hollywood".
Entamé à Paris, enregistré au nord et au sud, ce dixième opus rend un bel hommage, mais également sincère et poignant, à ce pays d’Amérique du Sud qu’il connaît et affectionne particulièrement, puisqu’il y est allé à plusieurs reprises, y a tourné un long métrage (‘Mariage à Mendoza’) et rêve même d’y finir ses jours.
Pour enregistrer ce nouveau format, il a reçu le concours de musiciens argentins, uruguayens et même colombiens. Sofia Wilhelmi et Alika viennent également poser leurs voix sur trois morceaux. Enjoué, ensoleillé et rayonnant, cet opus baigne donc au sein d’un climat latino ; on peut donc affirmer que la musique de l’artiste a opéré un virage à 180°.
Dès le titre éponyme, l’immersion est totale ! Les mots chuchotés sont posés sur un lit de cordes lancinantes et s’accompagnent d’un rythme lent.
Les plages suivantes sont amples et sensuelles. Ça sent le sable chaud ! Affichant une nonchalance déconcertante, on a l’impression que le gaillard s’amuse comme jamais. Les mélodies sont soignées et les arrangements mêlent subtilement et intelligemment tempos argentins et cuivres sud-américains.
De sa voix de crooner grave, il y parle de ce qu’il aime, comme le football (« Borges Futbol Club »), les passions amoureuses (« Palermo Queen », « Miss Miss »), les échecs sentimentaux (« La débandade ») ou encore du pays qui lui a ouvert les bras du succès (« Ballade française »).
Bref, teinté d’exotisme, ce savoureux voyage constitue une ode à l’évasion qui reflète, en quelque sorte, la bande originale de sa vie. Peut-être s’était-il dispersé au fil du temps… Comme quoi, on peut s’inventer en se réinventant !