Victor Álvarez Ridao parti, c’est donc Antonio Postius qui le remplace aux drums. Tout au moins pour cet LP. Les trois autres filles sont cependant, toujours au poste. « Self Worth » constitue le quatrième elpee de ce quatuor barcelonais. Toujours aussi sauvages que sur les trois précédents –pour la plupart– les compos baignent dans le post punk et servent de caisse de résonance à des textes qui reflètent notamment l’angoisse, la frustration et la colère, un peu dans l’esprit des groupes féministes du mouvement Riot Grrrl (Sleater-Kinney, Bikini KIll). Cette colère est très palpable dès le morceau qui ouvre le long playing, « This feeling is disgusting ». Tout comme sur l’implacable « Stay there », une piste qui lorgne vers le hardcore de Fugazi. Si on ne tient pas compte des voix, bien sûr. Des harmonies vocales passionnées, mais bien féminines. Elles claquent comme des slogans hip hop sur l’hymne menaçant et féroce « Apathy », une plage qui démontre que Mourn est une véritable machine à riffs. Tout comme sur l’offensif « Worthy mushroom ». Argentines, elles collent parfaitement au plus shoegaze « It’s a frog’s world » (NDR : faut dire que l’une des deux chanteuses emprunte parfois des inflexions à Björk, époque Sugarcubes). Et véhémentes, elles rappellent les Slits sur « I’m in trouble », un punk old school sombre, à la tension permanente.
Dépassant rarement les 3’, les morceaux sont donc bien électriques ; et soutenues, la plupart s’enflamment à la moindre occasion. Ainsi, des cordes de gratte joyeusement discordantes illuminent le presque new wave « Gather, really ». Elles se révèlent carillonnantes lors du morceau final, « The family’s broke », bien stimulées par la ligne de basse mordante et le drumming remarquablement souple. D’ailleurs, il faut le souligner, derrière ces fûts, Antonio a parfaitement pris le relais…