Goudi et Lubna Azabal dansent le tango de l’ennui…

Lubna Azabal est une actrice belge née à Bruxelles d'un père originaire du Maroc et d'une mère espagnole. Après avoir été dirigée par les grands noms du cinéma international, elle a remporté ‘Le Golden Globe’ pour le film ‘Paradise Now’. Lubna adore les…

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Le Yam 421 ou le 5 000 pour Bright Eyes ?

Bright Eyes sortira son nouvel elpee, « Five Dice, All Threes », ce 20 septembre. Ce sera son 10ème. Lors des sessions, Conor Oberst, Mike Mogis et Nate Walcott ont reçu le concours de plusieurs invités dont Cat Power, Matt Berninger de The National et Alex…

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Stéphane Reignier

Stéphane Reignier

vendredi, 12 juillet 2024 16:55

LaSemo 2024 : vendredi 12 juillet

La saison des festivals est officiellement lancée !

Si certains festivals ont été annulés ou revus dans une formule light à cause des conditions climatiques, le LaSemo a été maintenu dans sa version originale, mais a quand même opéré quelques petites adaptations pratico-pratiques.

Le site a été réorganisé afin d’aérer l’espace, passant de 4 à 10 hectares. Si la scène du Château n’a pas bougé d’un pouce, comme figée par le temps, une autre, d’une envergure identique et identifiée comme ‘La scène de la prairie’, a été échafaudée sur une parcelle décentrée. Si au départ l’idée était bonne, on s’est rendu compte, au fil du festival, qu’il fallait pas mal marcher pour se rendre d’un podium à l’autre. Une des critiques majeures à formuler pour cette 16ème édition.

Les food-trucks, plus nombreux, permettent aux festivaliers de se restaurer correctement, mais l’objectif avoué est de disposer d’endroits où l'on puisse manger sans forcément assister à un concert. Il y a même un stand qui permet d’acheter des fruits. Une première dans un festival !

Autres nouveautés, le ‘Pays des Merveilles’ et l'’Amusoir’ ont été étendus en surface également et une zone ‘Zen’ a vu le jour, de quoi bénéficier des bienfaits des massages entre deux sets.

Mais, et c’est l’essentiel, l’esprit est intact, à savoir présenter une affiche proposant des spectacles culturels, riches, conviviaux et bienveillants.

Le LaSemo se caractérise, depuis ses débuts, par sa convivialité et sa proximité. Entourés par ses espaces verts exceptionnels, ses pièces d'eau, ses jardins et des bâtiments qui couvrent près de 400 ans d'histoire, les festivaliers s’y pressent de plus en plus nombreux. D’ailleurs, sa renommée dépasse aujourd’hui les frontières de la Belgique.

Le festival a de nouveau invité petits et grands à faire la fête. Si de nombreux concerts sont programmés, les bambins ont également de quoi faire. Il y a même pléthore de représentations qui leur sont destinés.

Une des caractéristiques majeures de ce rendez-vous annuel est son caractère durable. Entendez par là toilettes sèches, décors en palettes et ballots de foin disséminés un peu partout, afin de se reposer un peu entre deux escapades. Bref, un endroit hors de tout et surtout du temps.

On regrettera quand même Jean-Jean, l’habituel géant givré de service chargé d’introniser avec humour, décadence et légèreté les artistes. Cependant, la préposée au langage des signes persiste et… signe.

La pluie a bien lessivé le site, à tel point que les parkings ont été fermés de manière préventive. Les véhicules se sont donc garés de manière plus ou moins anarchique le long des voiries, au grand dam des riverains. Autant dire que ça râlait sec !

Le temps maussade n’a pas eu d’emprise sur les nombreux festivaliers qui se sont présentés dès l’ouverture. Il faut dire qu’IAM constituait la tête d’affiche du jour.

Aux alentours de 17 heures 30, un trio féminin se prépare à fouler l’estrade de la scène du Château.

Souvent typographié L.E.J, également orthographié Elijay suivant sa prononciation, Lucie, Elisa et Juliette sont aux commandes de la formation. Et prêtes à en découdre !

Alors que Lucie et Elisa, élèves au lycée Jean-de-La-Fontaine à Paris, suivent un cursus musical en lien avec la Maîtrise de Radio France (qu’elles fréquentent pendant dix ans), Juliette étudie au conservatoire de Saint-Denis. Un curriculum vitae qui leur permet d’acquérir les bases de la musique classique.

Dans la pratique, elles sont parfaitement multi-instrumentistes, s’échangeant, au gré des chansons, les instruments, sous le regard médusé du public. Elles jouent avec une précision chirurgicale. Normal, direz-vous pour des musiciennes. Mais, ce n’est pas toujours le cas !

Elles se sont forgé un nom auprès du grand public grâce à un succès inattendu décroché en août 2015 et plus particulièrement à travers le clip « Summer 2015 », un mashup posté sur YouTube.

Deux d’entre elles ont revêtu une jupette, ce qui attire le regard des mâles agglutinés aux premiers rang, et comme des mouches alléchées par un morceau de viande, ils n’y perdent pas une miette.

La troisième, plus timorée (ou plus frileuse), a préféré le pantalon. Faute de goût ! Il est de couleur gris alu. Pas très discrète la frangine !

De toutes, Juliette semble aussi la plus timide, elle s’efface le plus souvent pour laisser place aux deux autres qui prennent ainsi un certain ascendant sur le spectacle.

Les filles prennent un plaisir immense à se produire au pays de Tintin, les Belges étant selon leur propres termes ‘pas des fachos comme en France’, référence aux résultats des élections françaises lors du premier tour. Une connaissance plus précise du système politique belge leur aurait permis une réflexion un peu moins démagogique. Soit…

Mélangeant les genres, elles maîtrisent parfaitement le hip-hop, à l’instar de « La dalle », mais n’échappent pas pour autant aux poncifs collatéraux en abusant d’expressions telles que ‘Eh frères’. C’est un peu… relou à la fin !

« Pas l'time » permet au jeune public de s’essayer au pogo, une danse répandue jadis dans les concerts ‘punk’ au cours desquels les gens se bousculaient frénétiquement ; mais une pratique inconnue chez les plus jeunes. Selon la légende, il aurait été inventé par Sid Vicious lors d'un concert des Sex Pistols alors qu’il était dans le public, juste avant qu'il ne devienne le bassiste du groupe.

Avant de tourner les talons (aiguilles), les filles s’improvisent sur un mash-up (NDR : création d'une chanson à partir d’autres chansons déjà existantes), entre Eurythmics et Madonna. Sans doute, un des moments les plus sympas de cette prestation, qui ravit les plus âgés.

Le combo s’est manifestement investi à fournir un concert plein d’énergie et un show très visuel. Laissons leur l’illusion. Car Lucie, Elisa et Juliette manquent cruellement de conviction, leurs compos embrassant aussi des contours un peu trop faciles.

Direction la Guinguette, l’endroit le plus atypique du site. Sans doute aussi l’espace qui se prête le mieux à l’esprit et à la culture de ce festival unique en son genre.

La scène est constituée de palettes de bois. De vieux vinyles ont été cloués sur le pourtour du site, afin de feindre un espace cosy.

Le podium bénéficie d’un bel espace naturellement ombragé car il se situe au milieu d'arbres. Si l’idée est sympa en plein canicule, inutile de préciser que la sensation de froid se fait davantage sentir ici. D’ailleurs, peu de spectateurs se sont installés au centre de la parcelle. Et les quelques courageux guettent patiemment l’arrivée du prochain artiste. Une chope à la main évidemment ! Ils attendent Stace. Pas certains que la majorité d’entre eux connaisse.

Ici aussi l’éclectisme s’impose, puisque cette chanteuse, compositrice, productrice, auteure, réalisatrice et interprète, prodigue une musique mêlant électronique et rock alternatif aux inspirations diverses.

Elle est accompagnée d’un batteur à la moustache british, une préposée aux claviers et une autre à la basse.

L’artiste est plutôt rondelette, mais semble l’assumer ; elle porte une jupe assez courte qui lui serre assez bien le corps et des dreadlocks qui lui arrondissent encore un peu plus le visage.

Dès son plus jeune âge, Stace est bercée par le jazz. Elle est issue d’une famille de musiciens. Ses parents se sont rencontrés au sein d’un groupe. Son frère est chanteur et sa sœur a également touché à l’univers de la musique. Bref, comme Obélix, elle tombée dans la marmite lorsqu’elle était petite (NDR : sans référence aucune à son tour de taille). La musique constituant un moyen d’expression à ses yeux.

En 2021, elle partage son premier Ep auto-produit « Green Onyx ». Composé de quatre titres, l’univers de la demoiselle est empreint de néo-soul, à l’instar de « Busy », un titre puissant qui permet de percevoir la richesse de sa palette vocale. Ce qui est plutôt rare chez une jeune personne de son âge.

Généreuse à souhait, elle dispense quelques titres de son second Ep, « Overblue », afin de mieux cerner d’avantage l’univers dans lequel elle baigne. Un format où elle explore une kyrielle d’influences, allant même jusqu’à flirter avec la musique électronique, comme sur « Tainted », un domaine qui lui correspond également.

Si on ne peut nier un talent hors du commun, le set de la jeune dame manque d’énergie, malgré toute l’empathie fournie et reçue. L’ennui finit rapidement par envahir les spectateurs. Certains festivaliers ont préféré vaquer à d’autres occupation. C’est vraiment dommage parce que cette artiste à un potentiel énorme, mais les conditions de lieu et de temps ne permettent sans doute pas une écoute des plus objectives. Quant aux téméraires, ce sont sans doute de fervents admirateurs.

Direction la Main Stage, face au Château qui s’est chargé, en cette fin de journée, de belles couleurs, grâce au jeu des spots lumineux qui viennent lécher son cadre.

Des vieux briscards s’y préparent. Il s’agit d’IAM, un groupe de hip-hop français originaire de Marseille.

Formé en 1989, il impliquait à l'origine Akhenaton (Philippe Fragione) et Shurik'n (Geoffroy Mussard) au chant, ainsi que Kheops (Éric Mazel), Imhotep (Pascal Perez) et Kephren (François Mendy) aux platines.

Ce patronyme a été choisi car à une certaine époque de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, lorsque les manifestants défilaient avec des pancartes "I AM A MAN". IAM en est la contraction.

Toutefois, le combo s’est amusé à fournir d’autres explications bien plus farfelues. Florilège : ‘Imperial Asiatic Men, ‘Indépendantistes Autonomes Marseillais’ ou encore ‘Invasion Arrivant de Mars’. Akhenaton, dans son autobiographie (‘Akhenaton 2010’), explique que le sens véritable d’IAM réside dans cette affirmation, cruciale pour nous : ‘Je suis, j’existe’. Amen ! Intéressant, mais on s’en fout royalement !

Le fleuron du rap marseillais vient de lancer le ‘HH History Tour’, une tournée exceptionnelle qui fait suite à « HHHistory », un disque paru fin 2023. Il accorde une étape remarquée pour une prestation live qui en marquera plus d’un.

Au milieu de la scène, trône une estrade en forme de double H (normal !), derrière laquelle se cache le DJ, un maître de cérémonie aux allures babacool qui va passer son temps, lunettes noires vissées sur le nez, à scratcher et scroller pour le bonheur de tous.

Il est très vite rejoint par ses potes, capuches sur la tête, pour faire mine de passer inaperçus. C’est raté évidemment puisque l’exercice de style remarquable tombe très vite en désuétude. Il est impossible de tromper le public constitué majoritairement de quadras et de quinquas. Bizarre…

Connu pour son style musical unique et innovant, IAM propose des textes souvent politiquement engagés qui traitent de l’injustice sociale, du racisme et de la violence urbaine, comme sur ce « Petit Frère », sorti en 1997, et qui figure sur le long playing « L'École du micro d'argent », encore considéré comme l’un des meilleurs elpees de rap français de tous les temps. Ce qui lui a d’ailleurs permis de remporter de nombreux prix, dont une prestigieuse ‘Victoire de la Musique’. Sur l’écran géant en arrière-plan, des images en noir et blanc viennent souligner le caractère sublime de cette compo qui n’a pas pris une ride.

Les compères puisent large, ce soir, dans leur répertoire nous réservant des titres aussi spectaculaires qu’incontournables tels que « Samouraï », « Ça vient de la rue » ou encore « La vie est belle », un titre qui met en exergue les disparités sociales lorsque personne ne joue avec les mêmes cartes.

Un répertoire revisité, mais surtout un show dynamique, rythmé, humain et rempli d’ondes positives. Les gaillards ont accusé le poids des années, mais la rage est restée pareille !

Ils profitent de leur passage en Belgique pour égratigner la situation politique française (eux aussi, décidément), tout en soulignant avec tristesse et légèreté que ‘cela ne risque pas de changer vu l’équipe en place’, à la suite de l’installation du nouveau gouvernement. Intéressant, mais à quoi bon déverser sa haine dans un pays limitrophe si ce n’est pas pour toucher les principaux intéressés ? Qu’ils gardent leurs carabistouilles lorsqu’ils se produisent outre-Quiévrain, non ?

Alors que le concert bat son plein, « Danse le mia », joli succès d'estime de 1993, rappelle que, grâce à ce titre, le rap français atteignait le sommet du Top 50 durant huit semaines et devenait le 2ème single le plus vendu en France, en 1994.

C’est le moment idéal pour que les chemises s’ouvrent et permettent de voir les chaînes en or qui brillent alors que les milliers d’aficionados se mettent à danser le ‘mia’ (NDR : un mot en verlan utilisé à Marseille par les anciens pour désigner un ami) …

Mais, rassurez-vous, dans les faits, personne n’aurait oser ouvrir sa chemise, au risque d’attraper la crève le lendemain.

Il est presque 22 heures lorsque ce set anthologique s’achève. Un très joli moment.

Au loin, lors du concert d'Ibrahim Maalouf, un groupuscule de personnes distribue des tracts contre sa présence (mais dans le respect). Il lui reproche d’être au cœur d’une histoire d’agression sexuelle.

Qu’on le veuille ou non, la justice doit être celle qui décide de la culpabilité ou non. Et ici, le musicien a été acquitté. Si chacun peut avoir son opinion personnelle sur la question, le procès ne peut avoir lieu dans la rue ou sur les réseaux sociaux.

Le soir commence à tomber doucement et la fraîcheur aussi. Le climat automnal n’épargne personne. Nombreux sont ceux qui préfèrent déserter les lieux pour se réchauffer sous la couette… qui a encore de beaux jours (soirs) devant elle.

Le show de Parov Stelar, annulé pour cause de tornade à Vienne, est remplacé par les samples d’Henri PFR. Une aubaine pour certains, une tristesse pour d’autres. Comme dirait l’adage, le bonheur des uns…

(Organisation : LaSemo)

Le Festival au Carré se déroulait cette année du 28 juin au 7 juillet dans la ville qui a été Capitale européenne de la Culture, en 2015, Mons.

Il y en a pour tous les goûts. Ainsi, cette vingt-troisième édition propose du théâtre, du cirque et de la danse en plein air pour (re)découvrir le patrimoine montois, des révélations musicales intimes, fantasques ou inattendues, des moments où l’on danse follement, un temps unique dédié aux familles et puis une grande terrasse pour se retrouver durant les longues soirées d’été en fonction des conditions climatiques bien difficiles, rencontrées ces derniers temps. Bref, même les plus difficiles vont y trouver leur compte.

Une fois n’est pas coutume, au lieu de se focaliser sur la tête d’affiche, votre serviteur a choisi de suivre des artistes méconnus, incongrus ou iconoclastes. Ce 4 juillet, Françoiz Breut est à l’affiche, une Bruxelloise d’adoption.

Elle a l’honneur de se produire à la Maison Folie, une ancienne école devenue lieu culturel et citoyen qui a pour vocation principale de créer des liens. Tout simplement.

Dogbowl assure le supporting act. Un vieillard d’une soixantaine d’années aux cheveux hirsutes ressemblant à s’y méprendre à Christopher Lloyd, alias le docteur Emmett Brown, dans la célèbre trilogie ‘Retour vers le futur’. Et la comparaison ne s’arrête pas là puisque le bonhomme est aussi déjanté que le second.

Pépé est seul sur scène, juste armé d’une vieille gratte. Contrairement aux idées reçues, Stephen Tunney (NDR : c’est son vrai nom) n’est pas un inconnu.

Devenu l’une des figures majeures de la scène alternative outre-Atlantique, il se lance dans la musique à la fin des années 70, en formant des groupes de punk rock. Parallèlement, il s’investit dans l’écriture de chansons mélodiques.

Chanteur, auteur, compositeur, musicien, il se passionne également pour la peinture. Ses expositions font forte impression, paraît-il. Sans oublier ses aptitudes pour l’écriture. Il a d’ailleurs publié, en 1992, un ouvrage assez violent (‘Flan’) qui se distingue par ses éléments surréalistes.

Un set de seulement environ 20 minutes permettra largement de cerner ce personnage à la fois burlesque, grandiloquent et provocateur. Mais avant tout un amuseur public hautement sympathique. Et ça, c’est le plus important !

Grâce à un florilège de chansons à boire, qui parlent de femmes ou de sexe, des ballades aux histoires fantaisistes ou subversives, Dogbowl s’amuse beaucoup sur les planches. Pas le genre de type à se prendre au sérieux. Et ça marche ! Les badauds s’agglutinent face à l’estrade, le sourire aux lèvres et des étoiles plein les yeux. C’est bon enfant, et puis c’est une aubaine en cette veille de congé d’été.

Construisant son live sur la langue de Shakespeare, Stephen affiche fièrement sa propension pour les jeux de mots. Et apparemment, nombreux sont ceux qui maîtrisent la langue anglo-saxonne dans la salle.

Les constructions musicales du gaillard sont extrêmement simples. Elles tournent autour de quelques accords barrés. Mais il y tellement d’humanité, d’amour et de second degré chez cet artiste que l’ensemble devient rapidement cohérent.

Comme souvent dans ce genre de situation, la scène est déjà configurée pour la prestation suivante. Très vite, les musiciens rejoignent leur instrument de prédilection. Roméo Poirier se charge des fûts, Marc Melià des claviers et François Schulz est préposé aux cordes (basse et guitare).

Menue, Françoiz Breut, arrive d’un pas franc et décidé. Elle est vêtue de noir ; ce qui lui confère une apparence austère, telle une ‘bobonne’ du temps passé. Mais, très vite elle apparaît joviale et proche de son public. En toute honnêteté, Breut jouit d’une belle aura.

La donzelle n’est pas une minette dans le milieu. Comptant une petite dizaine d’albums à son compteur, elle écume les scènes depuis maintenant 27 ans, et son premier album de chansons, simplement éponyme, est paru en 1997. Pour les puristes, un disque composé et réalisé en grande partie par un certain Dominique A, dont elle sera la compagne de 1990 à 1999.

La chanson n’est qu’un pan de son histoire, puisqu’en parallèle à sa carrière de chanteuse, elle poursuit ses illustrations de disques et de livres pour enfants.

Dès les premières note de « Hors Sol », une compo downtempo, plage d’ouverture de son dernier opus, « Vif ! », Françoiz s’émancipe et s’affranchit d’un public déjà très ‘friendly’. La basse est très présente, à l’instar de « Fiver », titre phare de « Balthazar ». L’instrument le sera d’ailleurs tout au long de ce set empreint d’une émotion sidérale.

Que le mélomane lambda ne s’évertue pas à chercher quelque chose de rationnel chez ce petit bout de femme ; il n’y en a tout simplement pas ! A travers des compositions qui s’avèrent légères, un brin orgasmique, elle s’interroge quant à son rapport à la nature et au monde tout au long de « Sous Bois la Nuit » ou à l’absence sur « Ectoplasme ».

Les mouvements de son corps sont complètement instinctifs et deviennent comme une nécessité et un support audacieux aux chansons. Et si l’un n’existait pas sans l’autre ?

Elle s’imagine alors un monde gouverné par les animaux. Sans filtre, ni artifice, elle enchaîne par un poétique mais engagé « Cavales Animales ».

Si la prestation permet de découvrir les facettes du nouvel opus, certains titres plus anciens comme « La Certitude » (issu d’« Une Saison Volée » - 2005) sont interprétés, afin de contenter une fan base ravie qu’elle ne les oublie pas.

Marc Melià, qui joue le plus souvent sur ses deux synthétiseurs, apporte une dimension toute particulière au magnifique « Mes péchés s’accumulent », une ballade douce-amère, aux accents nostalgiques.

Accomplissant un show mi-organique mi-électronique, Breut emprunte des chemins intimistes en offrant un spectacle grandiose sur fond de ritournelles espiègles, mais d’une sincérité à toute épreuve.

Cette femme est une artiste hors de tout… hors du temps. De sa voix douce, en se servant de chansons parfois caricaturales, mais hautement surréalistes, elle embrasse un univers de proses et de métaphores. Elle est une ode à l’évasion sans lendemain où l’imagination s’étiole au firmament des étoiles, la nuit tombée…

(Organisation : Festival Au Carré)

 

 

samedi, 04 mai 2024 15:59

Un plus un est égal à trois…

Eosine constitue sans doute l’une des révélations belges musicales de cette décennie.

Drivé par la frêle et énergique Elena Lacroix, le combo a décroché, haut la main, une victoire au Concours Circuit, en décembre 2022, devant un parterre de 120 professionnels ; ce qui démontre son potentiel

Comptant deux Eps à son actif, « Obsidian » (2021) et « Carolline » (2023) (ce dernier a été mixé et masterisé par Mark Gardener – un des deux chanteurs/guitaristes du légendaire Ride), Eosine s’apprête à en sortir un troisième, précurseur d’un premier elpee.

Elena, petit bout de femme, la tête bien sur les épaules, accompagnée de ses fidèles acolytes Dima Fontaine (guitare, chant) et Benjamin Fransen (batterie), se livre sans détour aux lecteurs de Musiczine sur sa nouvelle vie, désormais starisée, ses rêves et ses envies.

Décryptage !

Vous comptez deux Eps à votre actif. Un troisième est une préparation et devrait paraître en septembre de cette année. Elena, tu es aujourd’hui sous les feux des projecteurs, alors qu’au départ, tu composais seule dans ta chambre. Si le succès est soudain, est-il inattendu pour autant ?

E : C’est une bonne question !
D : Ce n’est pas inattendu, Elena réalise un travail de fou depuis le début avec pour objectif de porter le projet le plus loin possible. Elle récolte simplement les fruits de son travail.
E : En réalité, j'ai toujours beaucoup bossé, effectivement. Confidence pour confidence, j’ai arrêté mes études, il y a trois semaines pour me consacrer pleinement à la musique. Le moment de mettre toutes les chances de notre côté s’est présenté. On a un nouveau label et un nouveau booking. Les bases doivent être construites maintenant si jamais, un jour, le projet décolle véritablement.

Vivre de la musique est un rêve et j’ai envie de m’y consacrer pleinement, raison pour laquelle il est impératif de mettre toutes les chances de son côté.

Arrêter ses études si près du but, alors que la musique est aléatoire et donc par définition incertaine, c’est une sacrée prise de risques, non ?

E : J’ignore franchement si cet arrêt est définitif. Tout dépendra de la manière dont les disques seront accueillis par le public ainsi que par les plateformes. J’ai pas mal de temps pour reprendre les études. J’espère qu’un jour, je pourrai les terminer. Mais ma priorité est la musique. Je mets donc tout de côté pour pouvoir m’y investir pleinement et en vivre. C’est un rêve de petite fille.

Et toi Benjamin, tu poursuis les mêmes ambitions ?

B : Je termine mes études cette année. Il me reste deux mois à tirer si tout va bien. Si ce n’est pas le cas, ce sera une seconde session.

Quant à toi Dima ?

D : J’ai déjà le pied dans la vie professionnelle. Je réalise une thèse en physique également. Je suis donc encore étudiant, par définition.

Comment vous organisez-vous, compte tenu du caractère chronophage de vos obligations professionnelles et/ou scolaires ?

B : J'ai une défense de mémoire courant du mois. Le matin, on se tape quadruple concert et l’après-midi, je bosse sur cette étude. Sachant que la distance s’invite aussi dans l’équation. On vient de Liège ; alors, imagine les bornes à se taper entre les concerts et les obligations scolaires. Mais globalement, comme Elena, la musique reste aussi une priorité, l’objectif étant de pouvoir en vivre un jour. J’aime aussi mes études de graphisme. Si je peux concilier job et musique, ce serait parfait.

Hormis Benjamin qui épouse des études artistiques, Elena et Dima trempez plutôt dans le scientifique, soit un domaine très cartésien à l’opposé du champ musical, dont le spectre est plutôt intuitif. On a dû mal à imaginer que les deux puissent coexister. Le paradoxe m’interpelle pour être honnête…

E : Je ne suis pas convaincue que l’un soit artistique et l’autre cartésien. Je ne me pose pas la question, très franchement. J’estime mes études intuitives. Et c’est une chance ! Je n’ai jamais dû beaucoup travailler. Les événements s’enchaînent, naturellement. Il est vrai que, parfois, dans la musique, l’inspiration tombe du ciel. On se dit, tout à coup, tiens c’est ça la bonne idée, c'est cette partie que je devais mettre sur le morceau. Et ce phénomène, je ne peux absolument pas l’expliquer. Tu sais, si on rajoute un temps à moment précis dans la compo ou si on change la dominante de basse, par exemple, ça va provoquer un truc qu'on sait plus ou moins prévoir.
Dans la musique, il y a des formules qui sont quand même relativement quasi-mathématiques. A commencer par le rythme. Dans la science, c'est pareil. Parfois, on a des affinités avec certaines choses, certains concepts qui coulent de source et deviennent par essence intuitifs.
D : Je pense aussi que, lorsqu’on vient d'un background scientifique, il y cet amour de la complexité. Quand j'écris de la musique, je vois cette pratique comme un puzzle. Je dispose d’un tas de pièces différentes et j’imagine comment je peux les assembler pour que le tout devienne cohérent. Il y a un truc très scientifique, très mathématique là-dedans.
E : Oui, ça n'enlève pas du tout le côté émouvant, tout simplement parce qu’apporter des modifications dans la structure du morceau, comme ajouter un temps par exemple, c’est purement du ressort des mathématiques. Mais, qui impacte le prisme du physiologique, au sens large du terme, et donc de l'émotion. Et l’émotion met le corps en mouvement. Je pense donc que les deux sont complètement liés.

Naviguant entre dreampop et shoegaze n’est-il pas frustrant d’être systématiquement comparé à des formations qui ont marqué de leur empreinte tout un pan de la culture musicale comme Slowdive ou Cocteau Twins ?

B : Nous avons un style qui nous est propre. Nous nous éloignons de tous les clichés auxquels on peut rattacher le projet. Pour que ce soit plus authentique.
E : On y ajoute des influences. Auparavant, j’écoutais beaucoup ce genre de groupe. Sois attentif aux chansons que l’on va interpréter ce soir ou celles qui figureront sur le nouvel Ep ; on y rencontre des dimensions plus baroques, plus sombres, même parfois doom metal, classiques ou encore hard rock.

Benjamin amène un élément plus groovy également. La reverb, la delay ou encore le chorus, sont des codes que l’on rattache forcément aux sonorités shoegaze. Mais je pense vraiment qu'on embrasse une perspective plus baroque dans le chant et les mélodies.

Si à l’écoute de vos deux Eps, on sent clairement cette volonté de vous vous éloigner peu à peu de ces références en vous forgeant votre propre identité musicale, pourquoi ne chanteriez-vous pas en français, afin de faire davantage dans l’originalité ?

E : Jamais !

Je dois dire que je suis assez étonné d’entendre des jeunes d’une vingtaine d’années, connaître Cocteau Twins, et sa chanteuse Elizabeth Fraser, groupe qui a été actif de 1979 à 1997. Quel est l’elpee qui t’a le plus touché, Elena ?

E : J’en ai beaucoup écouté dans le passé, mais plus maintenant. L’album intitulé « Blue Bell Knoll » m’a marqué. Ce n’est pas du shoegaze classique à proprement parler car on y perçoit du clavecin. Ce disque recèle des éléments très contrastés et très sombres. A la fin, on y découvre cette touche post-rock absolument fantastique. C’est ce que j’aime chez Cocteau Twins. A vrai dire, le volet dream pop m’affecte moins. J’ai aimé « Victorialand », également pour ces raisons. J’apprécie le groupe, non pas pour le côté planant, mais davantage pour son volet très intime et très sombre.

A son origine, le shoegaze était un terme péjoratif. Il s’agissait quasiment d’une insulte. La presse britannique parlait de shoegaze parce qu’en concert, les musiciens jouaient de la guitare en fixant (gazing at) leur chaussures (shoes). En gros, c’était une façon détournée de dire qu’ils étaient introspectifs et ennuyeux. Désormais, l’étiquette shoegaze est enviable, réunissant même quelques millions d’adeptes sur les plateformes de streaming. Comment expliquez-vous ce réveil du style ?

E : C’est une bonne question !
D : De nos jours, il existe une résurgence du son issu des 90’s. A l’époque, ce genre n’était pas étiqueté ‘rock commercial’. Je pense que le public s’identifie à cette culture, de nos jours. Il ressent le besoin de s’y (re)plonger. Si l’univers est peut-être vintage aujourd’hui, il ne l’était pas à l’époque.
E : Il y a encore beaucoup à creuser. Ce style n’était pas très populaire pour le grand public car peu se démarquaient sur cette scène. Aujourd’hui, les gens perçoivent ces sons, comme quelque chose de nouveau. Il est assez accessible, l’aspect technique n’y primant pas. Pour tout dire, il existe sur le marché une panoplie de logiciels d’enregistrement et d’effets digitaux qui permettent de faire sonner un morceau très rapidement. En réalité, il est très facile de s’exprimer à travers cette musique parce qu’il n’est pas nécessaire de s’y mettre complètement à nu. Des effets bien calibrés et des paroles qu’on ne comprend pas toujours nécessairement peuvent trouver écho chez ceux qui n’ont, à la base, aucun background musical.
D : Une forme de nostalgie ?
E : Oui, l’anniversaire de la mort de Kurt Cobain n’y est peut-être pas étranger.
D : Perso, je ne suis pas du tout bercé par ce style. C’est en intégrant le projet que j’ai compris à quoi il correspondait. J’ai fait fi de cela en partant du postulat suivant : ‘Pour Eosine, qu’est-ce que j’ai envie de faire ?’ C’est ma ligne de conduite. La base est très shoegaze des années 90, mais les influences sont nombreuses, le but n’étant pas de suivre les codes du genre. Le projet évolue bien.
B : En ce qui me concerne, j’ai été bercé par le rock classique. Pour ensuite m’intéresser au funk, au jazz et tout récemment au post-rock. J’aime aussi le post-punk, dans une proportion moindre. J’ai aussi eu une période metal. De manière générale, j’aime tout ce qui est groovy et très dansant.
D : Etonnamment, je n’écoutais pas énormément de musique lorsque j’étais gosse. Mais lorsque j’ai commencé à en jouer, vers l’âge de 14-15 ans, j’étais focus années 60 dont les Beatles. De nombreuses années ont été nécessaires pour en sortir (rire). Je ne renie absolument pas cette époque, car j’y ai engrangé une multitude d’informations. Mes influences sont éclectiques ; elles oscillent du rock en passant par la musique classique. Paradoxalement, je ne connaissais pas le shoegaze et ne le maîtrise pas encore. Venir d’un horizon complètement très différent peut-se révéler intéressant, également.

Elena, je te sens assez nerveuse et touche-à-tout au sens noble du terme. Hormis Eosine, j’imagine que tu explores des tas d’autres projets ?

E : A commencer par Tokyo Witch, en solo. Un album est sorti en décembre. Je me produis la semaine prochaine à Bruxelles. Je joue aussi au sein d’un groupe de doom metal, Lethvm. Et puis chez OOOTOKO, qui réunit 18 musiciens. On y mêle des musiques traditionnelles comme le jazz, la chamber pop et le classique. Il est constitué de musiciens issus du conservatoire, mais également du rock ; le résultat est très éclectique et très festif. Nous nous produirons d’ailleurs, dans quelques jours, au Botanique. Pour terminer, je chante dans une chorale.

Eosine, c’est évidemment la musique, une prose poétique, mais aussi une esthétique et une culture à l’image très imprégnée, notamment à travers les artworks et projections scéniques. Et si Eosine était plutôt un concept avant même d’être un groupe ?

D : C’est une super bonne question, j’adore !
E : Je ne sais pas pourquoi, nous devrions dissocier les deux. Je pense que dans l'art, il existe ce côté mathématique : un plus un est égal à trois. Et cette somme constitue le concept.
Il y a une relation de cause à effet entre l’identité d’un groupe et la manière dont la musique va se propager. La formation l’associe à des images et des émotions. Je crois donc que le tout fait plus que la somme des parties. C’est le principe du concept. Eosine est donc les deux à la fois, un groupe et un concept.

Elena, pourquoi accorder une attention particulière aux thématiques des compos, sachant que l’utilisation de voix éthérées et la puissance des effets que l’on a déjà soulevé précédemment, rend difficile la compréhension des paroles ?

E : Je commence toujours par écrire les textes des chansons et la musique s’articule autour. Elle va soutenir une émotion dictée par les paroles. Elles ne constitueront pas le squelette de la compo, mais elles créeront l'univers qui l’entoure. C'est vraiment la ligne directrice. J'y attache énormément d’importance. J'adore écrire. J’ai toujours adoré ça. Les effets de guitares ne sont pas destinés à cacher une peur d’être comprise. Ni même pour masquer une écriture d’une qualité dont certains y verraient de la médiocrité. Au fond, ma plume n’est peut-être pas aussi qualitative que je ne le pense. Je n’en sais rien. Les effets amplifient davantage la voix en créant une unité dans les sons, en particulier entre nos deux voix. Les paroles sont vraiment la base de tout, même si, à la fin, elles ne deviennent plus qu'une partie du morceau.

Elena, lorsque je t’entends parler musique et de l’amour qui l’entoure, j’ai l’impression, sans aller jusqu’à dire que cet exercice est facile, qu’elle est en tout cas accessible à tous…

E : Personnellement, je ne possède que quelques notions de solfège, Benjamin compte quelques années de cours derrière lui. Dima n’a aucune formation musicale.
Oui, je crois sincèrement que l’on peut créer de la musique sans avoir nécessairement une culture ni bénéficié d’un enseignement musical au préalable. Si effectivement, certains ont l'immense chance de naître avec une bonne oreille, on peut aiguiser un sens naissant à force de travail. C’est pareil pour la rythmique. Donc, oui, sans aucune formation, il est tout à fait possible de faire de la musique. En ce qui me concerne, j’ai perdu pas mal de notions de solfège. Je ne suis pas convaincue que je parviendrai à lire une partition aussi facilement qu’auparavant. Je n’en utilise d’ailleurs pas pour le groupe.
Je préfère me débrouiller vite fait dans plein de domaines plutôt que de maîtriser parfaitement un seul instrument. Ce qui me permet d'exprimer tout ce que je veux sur le vif, même si je n’en ai pas le contrôle total. Et puis, confidence pour confidence, je dénicherai toujours bien quelqu'un qui joue de la batterie (rires). C’est la façon dont j’appréhende les événements. Le plus important est de pouvoir dégoter des musiciens qui possèdent la complémentarité dont le groupe a besoin pour exister.

Ado, tu écrivais dans ta chambre, j’imagine pour son côté libérateur. Avec la maturité, l’expérience, la vie, le succès, as-tu enfin trouvé la paix intérieure aujourd’hui ?

E : Je confirme le côté libérateur de la musique, j’écris encore d’ailleurs seule aujourd’hui.
Ai-je trouvé la paix intérieure ? Non ! Ce serait d’ailleurs un désastre si je devais la trouver un jour. Le mouvement vient toujours d’un déséquilibre. Quand il y a de l’équilibre, il n'y a pas de goût. Quand il n'y a pas de mouvement, il n'y a rien à exprimer, il n'y a pas de son, c'est le vide sidéral. J’aime donc le déséquilibre. Mais, attention, être en déséquilibre ne signifie pas pour autant être instable. Ce sont des notions complètement différentes. Perso, c'est cultiver ce que l’on ressent, les embrasser et les regarder sous toutes les coutures. Il est opportun de trouver quelque chose dont on peut tirer un sens. Toujours.

En décembre 2022, vous avez participé au Concours-Circuit, le plus grand concours de musiques actuelles et alternatives en Belgique francophone pour écraser la concurrence en raflant tous les prix. Certaines formations mettent dix ans pour acquérir un tel niveau. D’autres n’y parviennent jamais. Le côté dilettante de vos débuts a donc convergé vers quelque chose de plus professionnel ?

E : Nous avons toujours travaillé de manière professionnelle.
B : Je confirme les propos d’Elena. Le Concours-Circuit a sans doute accéléré les événements, mais cette dynamique a toujours été en nous.
E : Nous avons dû nous réinventer lors de chaque épreuve. Entre résidences, interviews, etc., nous avons appris à sortir de notre zone de confort. Le concours crée une dynamique intense : monter sur scène, jouer vingt minutes, en sortir pour laisser la place à un autre groupe. Cette expérience nous a permis de mieux gérer la pression ou des situations difficiles comme jouer loin de chez soi en supporting act d’un groupe face à un public qui n’est pas là pour vous. Nous avons déjà eu la chance de nous produire en première partie de DIRK., ce sont des mecs très cool, je suis donc rassurée. Le Court-Circuit nous a permis d’être booké rapidement. Nous avons majoritairement joué devant des fosses réceptives, hormis l’une ou l’autre date où cela s’est avéré un peu plus compliqué. Nous en sommes ressortis plus solides. Je dirais que nous sommes devenus tout terrain en quelque sorte.

Votre dernier Ep a été mixé et masterisé par Mark Gardener, l'un des deux chanteurs/guitaristes de Ride, groupe de shoegaze. Cette collaboration vous a-t-elle ouverte des portes sur le plan international ?

E : Non, pas spécialement. Nous n’avons pas bénéficié de contacts particuliers à l’extérieur. Nous n’avons pas cherché, non plus, à lui piquer ses relations professionnelles, à ce brave monsieur. Mark Gardener est une personne très chouette et d’une grande humilité. C’est un pionnier dans le genre, dont Eosine est apparenté. Mark a toujours été très à l’écoute, bienveillant. Travailler en sa compagnie a été une formidable expérience. Mais nous ne sommes pas allés jouer à Oxford, non (rires). Cette collaboration nous a, en tout cas, permis de présenter une belle carte de visite et de la crédibilité dans le milieu.

Le travail de Mark Gardener a permis de restituer cette atmosphère live aux chansons que l’on ne rencontrait pas sur le premier Ep. Je dois dire que c’est sans doute là votre terrain de jeu et la raison d’exister d’Eosine. Qu’en pensez-vous ?

E : Figure -toi que le prochain Ep a justement été enregistré dans les conditions du live. Je suis une grande fan de production. Simplement, le travail ne sera pas brut de décoffrage car il y il y aura une part belle consacrée aux effets. L'énergie sera au rendez-vous, ce sera un nouveau son, une nouvelle étape. Nous évoluons, y compris dans la maturité. Nous ne sommes qu’au tout début de notre carrière. Eosine est mon premier projet, je poursuis donc mes premières expériences. Et nous apprenons vite.

Tiens Elena, en tant que femme, que penses-tu de leur sous-représentation dans une multitude de domaines, et notamment dans celui de la musique. Y consacres-tu une idéologie particulière ?

Un malaise s’installe tout à coup …

E : Question suivante, s'il vous plaît !
D : C’est le genre de sujet pour lequel nous préférons ne pas prendre position.
E : Je suis désolée, mais mon propos se voulait sans agressivité. Ce n’est pas la première fois que l’on essaie de taxer Eosine de ‘nouvelle sensation rock féminine’. Ce n’est pas cette image que l’on défend. Je suis un être, né avec deux chromosomes x. Franchement, je n’ai pas du tout l'impression que ça change la manière dont je fais de la musique. Je n’ai même jamais revendiqué d’être une femme dans les textes des chansons. Mettre en avant cette idéologie et concevoir des festivals féministes est discriminant à mon sens. N’avons-nous pas la même légitimité que les formations masculines ? Je suis favorable à l'universalisme. Il est nécessaire de considérer le tout comme n'importe qui et de ne pas nous faire nous battre, nous les femmes. Nous avons les armes nécessaires pour se démarquer comme n'importe quel autre groupe. Je suis consciente que tout le monde ne partage pas ces positions et je respecte tout à fait les festivals qui, justement, prônent la non-mixité, en poursuivant dans une direction féminine ou ‘sexisée’. Perso, je n’y adhère pas, que ce soit, pour ce projet ou d’autres d’ailleurs.

Auriez-vous quelques infos croustillantes au sujet du nouvel Ep, au stade de la préparation, en exclusivité pour les lecteurs de Musiczine ?

E : Notre premier single s’intitulera « Progeria ». Nous le dévoilerons d’ailleurs en exclusivité ce soir puisqu’il ne paraîtra officiellement que le 15 mai chez notre nouveau label flamand. Une chance parce que je sais qu’il n’est pas toujours facile de percer dans ce petit coin de la Belgique. Est-ce que je vais te dévoiler le titre du prochain Ep ? Pas encore, je préfère faire durer le suspense.
Cet Ep sera un seuil, une dernière étape avant l'album. J’aime l’idée d’une eau frémissante, avant de passer à un autre état. En tout état de cause, il sera plus ouvert et beaucoup plus mis à nu. Davantage cathartique également.

(Photo : Christophe Dehousse)

samedi, 15 juin 2024 13:07

Manu Chao célèbre l’autre…

Manu Chao, l'icône de la scène musicale mondiale, revient sur le devant de la scène en sortant un nouveau single baptisé "Viva tu". Après plusieurs années d'absence médiatique volontaire, l’artiste nous offre un avant-goût de son prochain opus tant attendu.

"Viva tu", produit par Radio Bemba et co-mixé par Manu Chao et Chalart58, constitue un hommage vibrant à l’humanité et à la diversité, une célébration de l’autre. Ce single, paru ce 29 mai 2024, capture l’essence de l’artiste avec sa simplicité désarmante et ses paroles touchantes. Il reflète les thèmes chers à Manu, tels que la communauté, les relations humaines et la beauté des moments simples de la vie.

"Viva tu" annonce également la sortie d'un nouvel elpee qui promet de transporter les auditeurs dans un voyage musical riche en émotions et en réflexions. Ce long playing, qui recèlera des titres inédits et des compositions en plusieurs langues (espagnol, anglais, français et portugais), explorera des thèmes contemporains tels que l’immigration, la critique sociale et l’amour pour la vie quotidienne.

Sur "Viva tu", Manu Chao nous rappelle que malgré les défis de notre époque, il existe toujours des raisons de célébrer la vie et de rester connectés les uns aux autres. Cette compo invite à redécouvrir sa musique.

Le clip d’animation consacré à "Viva tu" est disponible ici

 

 

 

samedi, 15 juin 2024 13:05

L’esprit infini de LUX the band…

Après la sortie de second elpee, "Gravity" (décembre 2022), et de l'Ep "Before Night Falls - The Black Box Sessions" (digital janvier 2024), le quatuor LUX the Band (Angela Randal et Sylvain Laforge accompagnés de Julien Boisseau et Amaury Blanchard) est de retour. Il vient de sortir un nouveau single intitulé "Infinite Mind".

Il s’agit d’un titre rock simple et direct, avec un gimmick mémorable et un solo reconnaissable de Sylvain Laforge. Les paroles cherchent à capturer un instant, à suspendre le temps suffisamment longtemps pour observer de près un état d'esprit où la beauté et l'amour côtoient la frustration et la déception, pendant que nous comptons les heures de la journée, jour après jour. Un sentiment d’exclusion, regardant ce qui se passe à l’extérieur tel un spectateur de sa propre vie. Le titre se conclut sur cette note d'espoir : ‘retreat, toss out the garbage and redefine’ (‘se retirer, se débarrasser des interférences et se redéfinir’) !

"Infinite Mind" est disponible sous forme de clip

Le plan statique et le huis clos traduisent un espace mental et les différents états qui s'y trouvent.

L'action se déroule uniquement en intérieur –répétition, réflexion et multiplication– autant de façons de montrer le fonctionnement d'un esprit, visuellement soutenu par le montage du talentueux William de Caron et les images lumineuses de Jehsong Baak.

Dans cette vidéo, Sylvain symbolise la musique, toujours présente. Il n'est pas tout à fait le fruit de l'imagination d'Angela mais il existe dans son imaginaire (la petite musique dans notre tête).

Angela est à la fois la narratrice et l'autrice, en train de réfléchir, d'écrire et toujours en mouvement, prise dans l'acte de chercher les mots pour écrire la chanson.

A l’instar de l’univers, le monde de My Light, My Destroyer est en constante expansion.

Le troisième elpee de Cassandra Jenkins, qui sort le 12 juillet chez Dead Oceans, promet d'atteindre les limites de la nouveauté, avec une palette sonore plus large que jamais –englobant le rock indé à guitares, la new age, la sophistipop et le jazz. Au centre de tout cela on retrouve la curiosité de Jenkins pour les quarks et les quasars qui composent son espace, alors qu'elle mélange des enregistrements de terrain avec un lyrisme poétique tour à tour allusif, humoristique, dévastateur et confessionnel –un geste alchimique qui approfondit encore la richesse des 13 compos de My Light, My Destroyer.

Après avoir récemment sorti son premier single, « Only One », d'une luxuriance stupéfiante, Cassandra sort aujourd'hui le titre pop new age caverneux « Delphinium Blue », accompagné d'une vidéo qu'elle a également réalisée.

Cassandra Jenkins imprègne « My Light, My Destroyer » d'une grande confiance, qui trahit la simple vérité que le chemin n'a pas été sans difficulté.

En compagnie de ses plus proches collaborateurs musicaux et du producteur, ingénieur et mixeur Andrew Lappin (L'Rain, Slauson Malone 1) en coulisses, Cassandra Jenkins a commencé à construire « My Light, My Destroyer » à partir des cendres d'un faux départ qu'elle avait fait alors qu'elle ‘fonctionnait au ralenti’ après deux ans de tournées avec An Overview.

La vidéo de « Delphinium Blue » est à voir et écouter

 

 

samedi, 15 juin 2024 12:56

Fuji-Joe présage la canicule…

Après avoir accordé des concerts pendant un an à Paris et accompli un passage en Angleterre en début d'année, Fuji-Joe sort son premier Ep, « Soleil brûlant ».

À travers 3 titres, Fuji-Joe revendique être à l'origine du meilleur Ep de ‘post-punk noisy french poetry shit’ jamais enregistré à Pantin, en 2024 ». 

Le trio, composé de Lou (à la batterie), Sarah (à la guitare) et Achille (au chant, basse, synthétiseur), aborde cet Ep comme un premier geste, proposant des textes en français et un son post-punk noise assumé.

Ce disque, conçu à six mains, est la somme de forces opposées. Fuji-Joe cherche ici une forme d'équilibre, la poésie au cœur du bruit, l'ombre dans la lumière d'un soleil brûlant.

« Désert » est en écoute ici

 

samedi, 15 juin 2024 12:55

L’impatience d’Emma Peters…

Tout de suite : plus qu’un mantra ou une profession de foi, trois mots qui résonnent comme l’affirmation d’un désir pur. Un appétit qui guide la vie d'Emma Peters chaque jour. Surtout depuis deux ans et la sortie de son premier album, « Dimanche », clin d’œil à son jour préféré, celui où, depuis sa chambre, elle diffusait sur Youtube des reprises de ses titres préférés.

Une habitude qui lui a valu des millions de streams, en France comme à l’étranger.

« Tout de suite » est né, comme « Dimanche », dans la chambre d’Emma. Une chambre dont elle a écarté les murs. Si la guitare acoustique reste son fil rouge, elle l’habille de nouvelles couleurs, afrobeat ou bossa (sur « Cariño », avec November Ultra et Noorou sur sa reprise en français de « Billie Bossa Nova »). Et s'aventure plus loin dans les univers qui l’inspirent depuis toujours, de la puissance frontale du rap français à la grâce extrême des chansons de Michel Berger ou Véronique Sanson. De nouveaux horizons vers lesquels l’accompagnent de nouveaux collaborateurs : Sage, ‘song doctor’ pour Clara Luciani, Lomepal ou Eddy de Pretto ; Boumidjal, ‘hitmaker’ » chez Niska ou Damso, qui a contacté spontanément Emma sur Instagram après avoir entendu ses chansons. Mais aussi Tristan Salvati (Angèle, Louane), Stan Neff (Barbara Pravi) et Mark ‘Spike’ Stent (Miley Cyrus, Harry Styles, Dua Lipa) au mix.

Multicolore, telle est aussi la palette de « Tout de suite ». Un opus dont l’extrême richesse trouve sa cohérence dans la sincérité d’Emma et dans sa voix. Sans jamais hisser un mot plus haut que l’autre, elle sait donner à chacun tout son sens, et oser le contraste entre les plus doux, les plus cash, les plus intenses. Tendresse et brutalité : dans le second elpee d’Emma Peters, tout, ou presque, est vrai. Chaque texte a la substance des choses vécues, celles qui font souffrir comme celles qui font grandir. Tous nous vont d’ailleurs droit au cœur. Tout de suite.

Extrait de « Tout de suite », « Empreinte » est en écoute

 

 

 

Monseigneur est un quatuor liégeois dont les membres se connaissent puisqu’ils ont foulé les mêmes scènes au sein de projets musicaux différents, depuis de nombreuses années. Il s’agir d’un projet 2.0, né d'abord digitalement, lors du confinement imposé en 2020 et par la volonté de ses membres d’acquérir du matos leur permettant de surmonter les barrières de la production musicale classique, offrant ainsi une liberté totale de création et de production dont a découlé une quinzaine de titres.

Totalement autoproduit, le groupe revendique son autonomie créatrice en proposant une musique, en français dans le texte, dont les influences font le grand écart entre Led Zeppelin et Alain Bashung.

Le collectif numérique s'est dorénavant mué en une véritable entité physique qui s'est produite en concert pour la première fois en novembre 2023 lors d'un showcase de présentation dans leur berceau en bord de Meuse liégeoise. La formation est maintenant prête à prendre la route pour relancer l'aventure des concerts et propose un second extrait intitulé « L'Origine et la Fin ».

Dans l'attente de la parution du futur long playing, d'autres morceaux seront postés sur la toile, au cours des prochains mois pour essayer de se frayer un chemin jusqu'au public réceptif à l'appel de la musique de Monseigneur.

« L'Origine et la Fin » est à découvrir sous forme de clip ici

 

samedi, 15 juin 2024 12:54

La substitution d’Edouard van Praet

Edouard van Praet a publié son nouveau single, « Remplaçable », ce 2 mai 2024, une chanson délicate et rêveuse à la basse hypnotique, aux synthés mignons et aux guitares discrètes. Entre pop et punk doux, les paroles en français à la reverb’ profonde évoquent des souvenirs oubliés et une demande de pardon pathétique du narrateur. Stylistiquement entre 80’s et pop alternative moderne, ce titre commence frontalement et termine par une coda envoûtante qui pousse à la réminiscence. Finalement, cette ballade puise ses influences chez Tom Waits et Frank Sinatra, en servant d’un son gabber/trance dégénéré.

Le clip est à voir et écouter

Le Belgo-canadien Edouard van Praet façonne son univers depuis maintenant trois ans. Trois années d’étrange fusion chimérique de styles : entre tradition et modernité, entre sourire et pleurs. Le dandy trash inhale les vapeurs du rock'n’roll pour les expirer en sons qui lui sont propres, ce que l’on pourrait appeler le jungian indie-pop-punk-electro-rock-paper-scissors alternatif ou pour faire plus simple, l’anti-rock.

Après avoir publié deux Eps bien accueillis en Belgique, Edouard nous prépare son premier album, la suite logique mais audacieuse de ses précédentes expérimentations (« Doors » en 2021, « Cycles » en 2022). Sur son nouvel opus, son chant en français est plus présent. Il voit sa musique comme un immense terrain de jeu au cours duquel des guitares sont grattées, des synthétiseurs sont manipulés et des micros sont malmenés.

Sur scène, Edouard se déchaîne. C’est une constance parmi ses contrastes. Accompagné de son band d’anti-rockeurs, il vous invite à boire la tasse et à vous abandonner à la transe.

 

 

 

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