Jasper Steverlinck inspiré par Roy Orbison ?

Jasper Steverlinck vient de sortir un nouveau single. Il en parle : ‘« Nashville Tears » est l'une de ces chansons qui m'est venue à moi, instinctivement. Elle a coulé d'un seul jet, comme si la chanson s'était écrite toute seule. Elle évoque un moment très…

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Shaka Ponk - 14/03/2024
Concerts

Jonathan Jeremiah

De la soul old school, mais pas seulement…

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Originaire de Londres, Jonathan Jeremiah est auteur, compositeur et interprète. C’est aussi un chanteur dont la voix soul évoque celle de Burt Bacharach. Il joue de la guitare depuis ses 5 ans. Excellent musicien et poète, il s’inscrit dans la grande tradition soul tout en revendiquant l’héritage de la musique folk anglaise. Trois ans après avoir gravé « Oh Desire », il a publié son troisième opus. Un LP très groovy et dansant. Intitulé « Good day », il a été enregistré au Kong studio de Ray Davies ; et lors des sessions, il a reçu le concours de Ben Trigg, un des nombreux membres de The Heritage Orchestra, afin de réaliser les arrangements.

Le supporting act est assuré par Ruben Samama, un Batave que votre serviteur avait découvert derrière une contrebasse, au service de Gabriel Rios. A l’époque, il se consacrait également aux chœurs. Son approche unique sur son instrument, il la doit aux formations qu’il a suivies, tant au Conservatoire Royal de La Haye qu’à la Manhattan School of Music de New York, véritable berceau du jazz. Outre ses travaux de production avec, entre autres, Gabriel Rios, Jonathan Jeremiah et Jungran Cho, Ruben a composé de nombreuses B.O. cinématographiques, et a remporté, notamment, le ‘Deloitte Jazz Award’, en 2010. Après avoir publié deux elpees bien ancrés dans le jazz, il a décidé, ce soir, de se produire sous un profil davantage folk. Jonathan vient présenter l’artiste qui va simplement chanter un récital empreint de sérénité, en s’accompagnant à la gratte semi-acoustique. Après avoir interprété une chanson consacrée aux filles, deux midinettes anversoises engagent un dialogue avec Rubben au sujet de donzelles rencontrées lors des concerts. Très discret, Rubben répond qu’il n’y a qu’une seule femme dans sa vie et met un terme à la conversation. Il continue alors son set qui vire alors progressivement à l’americana…

Place ensuite à Jonathan Jeremiah. Avant qu’il ne monte sur le podium, ses musicos s’installent. Soit une section de cordes féminine réunissant deux violonistes et une violoncelliste, également préposées aux backing vocaux, un bassiste, un guitariste et un drummer à la longue chevelure blonde. C’est lui qui, le plus souvent, après avoir échangé un furtif regard avec Jeremiah, donne le signal de départ d’un morceau. Passé l’intro de « Hurt no more », exécutée par les cordes, Jonathan débarque à son tour. Il va se consacrer à la gratte semi acoustique (NDR : une Gibson) ou se réserver le piano à queue (NDR : un Yamaha de couleur noire). La ligne de basse, à la limite de la rupture, claque. Directement, la musique plonge dans la soul old school, une soul soulignée par des chœurs atmosphériques aux accents afro-américains. Ruben se dirige vers son piano pour attaquer « Mountain ». Ses musicos se mettent à siffler et pris au jeu, les spectateurs les imitent.  Sur un léger filet de sèche, Jonathan chante de sa voix de crooner, la ballade « Lost », avant de retourner derrière les ivoires pour interpréter le très profond « The Stars Are Out ». Enrichi généreusement de cordes, « Rosario » baigne dans le trip hop, un morceau au cours duquel Ruben revient épauler Jeremiah, de sa gratte semi-acoustique. Dépassant allègrement les 7 minutes, Deadweight » est une pure merveille. Cordes (violons, violoncelles, et guitare électrique) nous entrainent au cœur d’un tourbillon psychédélique. Un grand moment ! « The Birds » est hanté par Nick Drake. La voix de Lady Linn, invitée ce soir, et les chœurs des choristes soutiennent celle de Jeremiah tout au long d’« Afraid To Lose ». Et si le set s’achève par « Good Day », le rappel va nous réserver deux classiques, « Wild Fire » et « Hapiness ».

Setlist : « Hurt No More », « Mountain », « Lost », « The Stars Are Out », « Rosario », « Deadweight », « How Half-Heartedly We Behave », « The Birds », « No-One », « Gold Dust », « Foot Track Magic », « Shimmerlove », « Afraid To Lose (avec en guest Lady Linn) », « U-Bahn (It's Not Too Late For Us) », « Good Day ».

Rappel : « Wild Fire », « Hapiness ».

(Organisation : Botanique)

Jasper Steverlinck

Une forme d’onirisme difficile à décrire…

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Située sur la rivière de la Dendre, la ville de Lessines est principalement connue pour avoir vu naître le célèbre peintre surréaliste René Magritte, à la fin du XIXème siècle.

Naturel donc d’y ériger un centre culturel dédié à sa gloire ! Un lieu hautement symbolique au sein duquel de nombreux artistes s’y sont d’ailleurs produits.

En ce dimanche de février, c’est Jasper Steverlinck qui s’y colle. Son nom est évidemment associé à celui d’Arid, formation belge qui a connu la gloire, notamment après avoir gravé l’excellentissime « Little Things of Venom ».

Le groupe a suspendu son aventure, dès 2012, en partie à cause de ce succès. Il semblerait d’ailleurs que cette parenthèse se soit définitivement fermée…

Deux ans plus tard, il publie un album de reprises. Intitulé « Songs of Innocence », il est accueilli favorablement tant par la critique que par le public, dans la partie néerlandophone du pays. Un disque sur lequel figure la version truculente du « Life on mars » de Bowie…

La salle est de taille moyenne. Et c’est tant mieux. Elle permet d’être en contact direct avec la scène. Ce sentiment de proximité exalte.

Plutôt douce et feutrée, la musicalité et l’univers de porcelaine façonné par celui dont la voix haute perchée est gracieusement comparée à Jeff Buckley ou encore Freddie Mercury (NDR : il réfute cependant cette dernière affirmation) et se prête donc favorablement à l’environnement.

Il est venu défendre les couleurs de « Night Prayer », un disque exclusivement concentré sur l'écriture, dans sa forme la plus pure et la plus directe, procurant à l’ensemble un tissu mélancolique intemporel et voluptueux grâce à sa technique d’enregistrement live.

Le rendu émotionnel libéré par les compos transcende.

Pourtant, au-delà de la pression et des doutes, il a failli ne jamais voir le jour pour des différents qui l’ont opposé à sa direction artistique, au grand dam de son entourage professionnel il va sans dire.

Dimanche oblige, le concert est avancé à 18 heures. Le parterre est complet. Il s’agit de la deuxième date consécutive, la première ayant été décrétée sold out fort rapidement. Le public est plutôt mature, constitué essentiellement de quinquas masculins et néerlandophones.

A l’heure dite, sous un rideau de lumières tamisées, Jasper pose délicatement ses doigts sur les touches d’ivoire pour entamer en piano-voix un « Sad reminders » sur un ton aussi chaleureux que les rayons de soleil printaniers qui frappent à nos portes depuis quelques jours.

L’utilisation des projecteurs est réduite à sa plus simple expression ; une lumière d’une chaude fausse blancheur met en exergue ses principaux acteurs sans aucun autre artifice.

C’est à la gratte électrique et accompagné d’un pianiste qu’il chantonne un « So far away from me » du feu de Dieu qui dévoile encore une facette inattendue de son répertoire. C’est joliment interprété.

Les doigts glissent agilement sur le manche plus qu’ils ne s’agitent. Les mélomanes se sentent soudainement petits face à son talent.

Il faudra attendre « Our love got lost » pour voir apparaître les cordes (trois violons et un violoncelle) qui procurent à l’ensemble une texture sonore moelleuse et sucrée mettant davantage de relief à une prestation qui ne laisse pas pourtant indifférent dans sa version minimaliste.

Steverlinck est heureux d’annoncer que « Colour me blind », est joué en primeur. Peut-être s’agit-il d’un test grandeur nature... Nul ne le saura !

Quoiqu’il en soit, le public semble apprécier. Les yeux pétillent de bonheur. Les rares couples se rapprochent, se blottissent et de doux baisers s’échangent intimement dans la pénombre artificielle.

Cette musique fait un bien fou ! Elle s’élance vers de grands espaces de liberté sans s’essouffler. Elle ranime de vieux feux sacrés et s’élance brusquement vers une forme d’onirisme difficile à décrire…

Après un « That’s not how dreams are made » particulièrement émouvant, le singer s’attaque de front à « One thing I can’t erase » qui pourrait, selon lui, faire l’objet d’une matière première pour un prochain disque. 

Plutôt réussi, ce single s’inscrit parfaitement dans la lignée de sa culture. De quoi faire saliver les plus envieux.

Pourtant d’une qualité exceptionnelle, le show restera quelque peu subversif, le Gantois d’origine s’essayant certes dans une zone de confort qui lui va comme un gant, mais qui étreinte un chouïa sa qualité sur la durée.

Quoiqu’il en soit, les spectateurs observent, retiennent leur souffle, contemplent le temps qui passe et goûtent cet élixir d’exception dont le flot traverse sans crier gare les âges et les générations.

S’exprimant dans un français correct (mais parfois un peu hésitant), l’homme n’oubliera pas de parsemer son set de réflexions teintées d’un humour décapant, arrachant ci et là quand même quelques petits sourires timides au sein de l’auditoire.

Le set s’achève (forcément) par un « Night prayer » criant de vérité pour rebondir à peine deux minutes plus tard en guise de rappel par une reprise d’« Ice queen » du groupe néerlandais de métal symphonique Within Temptation. Pas étonnant quand on sait que les charmes de sa chanteuse, Sharon den Adel, n’ont pas laissé indifférent notre hôte d’un soir… Mais ne le dites pas, les murs ont des oreilles paraît-il !

Les cordes s’effacent ensuite doucement comme elles sont apparues après un « Open your heart » ouaté dans un écrin de beauté.

Le pianiste emboîtera le pas par « Fall in light », avant de laisser la place au maître des lieux, seul aux commandes, pour interpréter un magistral « On this day ».

Une heure trente durant laquelle Jasper Steverlinck a pu nous faire oublier le regretté Arid… ce qui constitue en soit déjà un miracle…

(Organisation CC René Magritte)

Yo La Tengo

Le noisy/rock à son zénith !

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L’an dernier, Yo La Tengo a publié son 15ème opus, “There's a Riot Goin' On”, une œuvre atmosphérique, expérimentale, dont les longs développements instrumentaux, ondulatoires et brumeux, sont propices à la méditation. En tournée depuis quelques mois, le trio de Hoboken (NDR : c’est dans le New Jersey), se produisait ce samedi 16 février. Compte-rendu.

Le concert est découpé en deux parties, séparées par un entracte de 15’. Et la première, recelant 5 morceaux issus du dernier LP (voir chronique ici), va nous plonger au sein d’une forme d’ambient où se mêlent électro (NDR : y compris boucles et samples), psychédélisme, électro, folk, bossa nova, jazz ou encore lounge. Même les 4 autres compos, extraites du back catalogue, vont baigner au sein d’un même climat. Sobre, le décor se limite à des cds suspendus à des hauteurs différentes…

Le set s’ouvre par le drone instrumental pulsant « You are here », un morceau au cours duquel James McNew, le bassiste, vient frapper sur une caisse claire et une cymbale, pour étoffer le drumming de Georgia Hubley (NDR : que l’on distingue difficilement, car elle est installée en retrait, sur les planches). Faut dire qu’au cours de cet acte, il va se servir régulièrement de percussions manuelles. Il troque sa basse contre une lourde contrebasse, tout au long de « Can’t forget ». Lors du show, hormis Georgia –qui vient quand même régulièrement en avant-scène pour se consacrer au chant– les membres du combo vont régulièrement changer d’instrument, parfois même au beau milieu d’un titre, Ira Kaplan alternant entre gratte électrique, sèche et ivoires. La flexibilité dans toute sa splendeur ! Ira se consacre aux claviers pendant « Ashes », mais se lève comme de son siège, pour venir donner un coup de stick, sur une cymbale, à intervalles réguliers. McNew se sert plus régulièrement d’un autre synthé, plutôt bizarre et aux sonorités parfois surprenantes. Et pour les vocaux, si Georgia possède un timbre clair et délicat, celui d’Ira, lorsqu’il ne chuchote pas, est en général plus rauque, alors que McNew campe un falsetto éthéré. En outre, quand les deux ou trois voix se conjuguent en harmonie, comme pendant « Black flowers », c’est tout à fait remarquable. Et pour clore ce premier volet, « Here you are » s’immerge généreusement dans l’ambient…

Les inconditionnels du rock indé ont certainement dû rester sur leur faim. Pourtant, au cours de cette première partie, on a pu apprécier la virtuosité des différents instrumentistes, mais aussi la richesse de la musique proposée par YLT. En quittant le podium, Ira annonce que le trio reviendra dans quelques minutes…

Et c’est le « Polynesia #1 » de Michael Hurley, qui entame le deuxième volet, une cover rappelant que l’influence majeure –et animale– de Yo La Tengo est bien le Velvet Underground. « Here to fall » replonge d’abord dans l’ambient, avant que la section rythmique n’impose un tempo funky, alors que Ira est revenu derrière les claviers. Petit retour au cœur des eighties ensuite, « Shaker » lorgnant vers Wire, alors que « Stockholm syndrome » aurait pu figurer au répertoire de Pavement voire de Guided By Voices. Un peu de répit dans le show, lorsque le trio opère un retour dans son dernier long playing, en interprétant les très mélodieux « For to you » et « Shades of blue », titre au cours duquel James a récupéré sa contrebasse. Place alors au bouquet final ! Allumé par « Sudden organ ». Ira se déchaîne sur ses ivoires merveilleusement et étrangement détraqués. « Decora » commence à se nourrir généreusement de feedback, alors que « Sugarcube » va osciller du shoegaze au krautrock, une compo au cours de laquelle McNew agite ses percus manuelles. Mais, quel que soit le morceau, malgré les délires instrumentaux, le fil mélodique finit toujours par réapparaître, comme par enchantement. Et comme votre serviteur s’y attendait, le concert va s’achever en apothéose par l’incontournable « I hear you looking », une version épique d’un instrumental qui va allègrement dépasser les 10’. Le noisy/rock à son zénith ! (NDR : même si on est à l’Aéronef). Un quatrième larron débarque alors pour se consacrer aux synthés. Impassible, le regard absent, un stylo à bille dans la poche de sa chemise, on dirait qu’il vient d’une autre planète. N’empêche, Ira va nous réserver une démonstration de son talent à la guitare. Il superpose ses interventions en couches. Il torture une gratte, la balance de droite à gauche dans les airs, la pose sur la tête, et finit par l’abandonner sur son ampli pour en tirer le meilleur feedback, puis en prend une autre pour reprendre son exercice de style tentaculaire, abrasif, rappelant alors le concert que Yo La Tengo avait accordé, dans le cadre du festival de Dour, en 2003. Fabuleux !

Alors, rappel ou pas ? Ben quand même, un encore de trois reprises (NDR : malgré ses presque 35 ans au compteur, Yo La Tengo est toujours considéré comme les maîtres dans ce domaine), dont celle du « Swallow my pride » des Ramones, dans une version punk mais clean. Puis deux titres acoustiques, le « Griselda » de The Holy Modal Rounders ainsi que le « By the time it gets dark » de Sandy Denny (NDR : décédée en 1978, cette remarquable vocaliste a notamment milité chez le Fairport Convention), deux plages qui vont à nouveau mettre en exergue les superbes harmonies vocales. 2h30 de concert ! Mais plus que probablement et déjà un des meilleurs de l’année.

(Voir aussi notre section photos )

set 1

You Are Here, Can't Forget, What Chance Have I Got, All Your Secrets, She May, She Might, Don't Have to Be So Sad, Ashes, Black Flowers, Here You Are

set 2 Polynesia #1 (Michael Hurley cover), Here to Fall, Shaker, Stockholm Syndrome, For You Too, Shades of Blue, Sudden Organ, Decora, Sugarcube, I Heard You Looking

Encore:

Swallow My Pride (Ramones cover), Griselda (The Holy Modal Rounders cover), By the Time It Gets Dark (Sandy Denny cover)

The Inspector Cluzo

Partout où The Inspector Cluzo passe, le public trépasse…

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The Inspector Cluzo est un duo réunissant le guitariste Laurent Lacrouts et le drummer/chanteur Philippe Jourdain. La moitié de l’année, le tandem part en tournée mondiale. L’autre, ces gentlemen farmers élèvent des oies et des canards, de manière traditionnelle. Pour fabriquer des rillettes, du foie gras et du confit, qu’ils vendent directement du producteur au consommateur ; et notamment au merchandising (NDR : en deux temps trois mouvements, tout était écoulé !) Ils comptent même planter du riz sur leurs terres. Une terre enracinée dans le cœur, alors qu’ils ont le rock dans la peau. Leur ferme labellisée ‘Lou Casse’ est plantée au milieu d’un domaine de 10 hectares, à Eyres-Moncube (NDR : c’est dans les Landes, en Gascogne), et constitue leur gagne-pain. Et leur musique, ils la veulent aussi naturelle et artisanale. Ils sont fiers de s’autoproduire sans aucune contrainte. Fort de 10 ans d’existence, ils ont visité plus de 60 pays pour y accorder plus de 1 200 concerts, et comptent des milliers de fans dans le monde entier (Japon, Chine, States, Amérique du Sud). Votre serviteur les suit à la trace depuis leurs débuts, en assistant, chaque fois qu’ils se produisent en Belgique, à leurs shows. Car de spectacle il y a, la fin d’un set s’achevant même le plus souvent par le démantèlement du kit de batterie et la projection des cymbales dans la foule… Ils viennent de remplir à La Cigale à Paris et s’apprêtent à entamer une grosse tournée aux States en compagnie de The Clutch. Leur sixième album, « We The People Of The Soil », est paru l’an dernier. Il a été enregistré à Nashville sous la houlette du fameux Vance Powell, qui est venu frapper à leur porte après les avoir vu en live. Ce dernier est également pressenti pour produire le prochain long playing.

La Rotonde est pleine à craquer lorsque le tandem grimpe sur les planches. Ils saluent l’auditoire comme on le fait chez eux, puis s’installent. Le concert s’ouvre par une marche militaire pré-enregistrée. Et pour rester dans le ton, l’intro est balayée de cacardements ou de cancanements. Incisives, les cordes de gratte décapent déjà. Suivant un rituel, Laurent, imposant et charismatique, clame dans le micro : ‘Ici pas de samples, de bandes enregistrées, de putains d'ordinateurs, de set-list, que du spontané avec seulement une putain de batterie, une putain de guitare et pas de basse car la basse, ça ne sert à rien bordel’. Le public participe à l’ambiance, bien maîtrisée, cependant, par le duo. Funk/blues, « A Man Oustanding In His Field », une chanson dédiée à leur voisin agriculteur, Alain Laborde, libère un fameux groove. C’est le titre qui ouvre le bal. L’histoire prend tout doucement forme. La frappe de Mathieu sur ses fûts est à la fois efficace, sauvage et tribale. Légèrement désaccordée, la guitare met rapidement le souk, dans l’auditoire. La voix de Laurent monte dans les tours et grimpe dans les aigus (NDR : à cet instant, on ne peut s’empêcher de penser à Jeff Buckley) ou descend dans les graves, avec une facilité déconcertante. « Little Girl And The Whistling Train » nous entraîne à travers les grandes plaines de l’Ouest. Et Lorsque Laurent sifflote, on ne peut s’empêcher de penser à Sergio Leone.

Les joueurs de de leur équipe de rugby préférée ne sont pas déplacés pour participer à l’interprétation de « I'm A Japanese Mountain ». Mais la version est excellente. Au fil du set, les influences de la paire remontent à la surface. Elles sont puisées, manifestement dans l’histoire du rock de la fin des sixties, du début des seventies et des nineties. Soit dans le psychédélisme (Jimi Hendrix), le hard rock (Led Zeppelin, Black Sabbath) et le grunge (Nirvana, Pearl Jam). Mais également dans le funk, le blues et le gospel…  

Laurent nous signale que ce soir, on est une famille et on est unis. Il affiche un beau sourire en observant ses fans plus âgés –et ils sont nombreux– s'éclater comme des gosses (NDR : il voue un grand respect aux anciens). Ils remercient leur petite équipe, se disent fiers de leur parcours et d'en être arrivé là en restant totalement indépendants. Bref, son discours est toujours aussi pertinent et efficace…

 On n’est pas au bout de nos surprises, Car il est temps, pour Mathieu, de monter sur son kit de batterie et de déhancher son petit cul. L’ambiance monte encore d’un cran. On rigole bien mais surtout, on prend son pied lors du show de ces rockeurs fermiers.

En 75 minutes de temps le duo est parvenu à mettre les spectateurs sur les rotules. Partout où The Inspector Cluzo passe, le public trépasse…

(Organisation : Botanique)

Tank and the Bangas

Un cocktail savoureux entre soul, r&b, hip hop, funk et jazz, qui laisse une bonne part à l’impro…

Écrit par

Ce soir, le Botanique accueille deux formations néo-orléanaises, en l’occurrence Tank and the Bangas et en supporting act, Sweet Crude. Et l’Orangerie est comble pour assister à ces concerts censés plonger l’auditoire au sein d’une ambiance festive. Car lorsqu’on évoque la Nouvelle-Orléans, on pense immédiatement au Mardi Gras, au dixieland, à la zydeco et au cajun. Mais si le premier groupe est plus proche des racines, le second pimente son jazz –que l’on a également baptisé le ‘bouce’, à la N-O– d’une multitude de d’épices sonores.

Sweet Crude est un sextuor responsable de deux elpees à ce jour, en l’occurrence « Super Vilaine », en 2014 et « Créatures » en 2017. Drivé par Sam Craft (violon/chant) et Alexis Marceaux (chant, percus, synthé), il implique également un claviériste, un bassiste, un drummer/percussionniste et un préposé aux cuivres. Pas de guitariste au sein du line up. Soucieux de laisser transparaître ses racines cajuns dans sa musique, le combo mêle le français et l’anglais dans une grande majorité de ses textes, communiquant une coloration locale aux compos, même s’ils ne sont pas toujours très cohérents.

Morceau d’ouverture, « Parlez-Nous à Boire » est déjà explosif et passionné. Difficile de ne pas remuer lors de cette parade drum pop franglish. Faut dire que les compos sont particulièrement percussives et dynamiques ; ainsi, il arrive que quatre des six interprètes jouent de la batterie en même temps. De quoi remuer les tripes. Charismatiques, Sam Craft et Alexis Marceaux sont les véritables moteurs du band. Le premier possède une voix plus discrète mais atmosphérique et ses interventions au violon sont magiques. Celle de la seconde est puissante et sa présence scénique enivrante. Faut dire qu’elle a la danse dans la peau. Mais africaine, un peu comme Joséphine Baker, bien sûr, sans la ceinture de bananes. Parfois, elle me fait même penser à Merill Garbus de Tune-Yards. Enfin, leurs harmonies sont aussi rythmées que joyeuses.

Elle attaque a cappella « Mon Esprit », avant que les autres musicos la rejoignent ; un moment au cours duquel la fête a pris brièvement la pause. Et le show de s’achever par l’étincelant « On Est Paré ». Pour une première sur le sol belge, il faut reconnaître que le concert, d’une durée de 40’, a parfaitement chauffé l’ambiance…

Setlist : « Parlez-Nous à Boire », « One in the Hand », « Déballez », « Laces », « Mon Esprit », « Rougarou », « Porkupine », « Fingers Guns », « Logo », « On Est Paré ».

Les membres de Tank and the Bangas se sont rencontrés dans un bar à open mic (scène ouverte), le ‘Liberation House’, à la Nouvelle-Orléans. La formation a remporté le légendaire concours NPR Music Tiny Desk (principal réseau de radiodiffusion non commercial et de service public des États-Unis), l’année dernière, aux States. Sa musique ? Un cocktail savoureux entre soul, r&b, hip hop, funk et jazz, qui laisse une bonne part à l’impro. Elle s’était déjà produite, en Belgique, dans le cadre du Pukkelpop et à Couleur Café.

Tarriona Tank Bell en est la chanteuse principale. Bien en chair, elle focalise tous les regards, une sorte de chef d’orchestre dont la voix est capable d’osciller du rap à la voix enfantine en transitant par le discours évangélique. Celle d’Angelika ‘Jelly’ Joseph, qui l’épaule, passe aisément des graves aux aigus. Le line up est complété par un drummer, et deux préposés aux synthés, dont l’un se consacre également à la flûte et à la trompette, ainsi que Jonathan Johnson, un fameux musicien qui joue d’une basse à 5 cordes. Ses impros en ‘slap tap’, tout au long de « Quick », sont magistrales. Et son solo sur la reprise du « Descends » d'Anderson. Paak est d’une rare prouesse technique.   

Au bord des larmes, Tank s’épanche. Elle révèle sa déchirure vécue en se séparant d’un homme qu'elle aimait, au milieu de « Oh Heart », une jolie chanson minimaliste dont la finale soul est particulièrement riche. Ses paroles exprimées lors de ces improvisations sont toujours bien choisies et témoignent de son talent de puriste du langage. « Human » est chargé de sonorités jazzyfiantes. Au cours de la seule compo lente, « The Bradys », les musicos contemplent la fosse, qui a alors sorti les smartphones pour immortaliser l’instant.

Tanks est en perpétuel mouvement et touche des mains. Elle est particulièrement à l’aise sur les planches, alors que sa collègue est plutôt statique. Et comme le son était excellent, permettant d’entendre distinctement chaque instrument (NDR : bravo l’ingé-son !), tout en incitant la foule à se déhancher grâce aux grooves irrésistibles, imprévisibles, rafraîchissants et énergiques, on ne peut qu’espérer revoir rapidement la troupe nous dispenser un nouveau concert de la même trempe…

Setlist : « Crazy », « Levitate », « Quick », « Descends » (Anderson Paak), « Big Bad Wolf », « Rhythm Of Life », «Boxes And Squares », «Roses » (Outkast cover), « The Brady's », « Smells Like Teen Spirit » (Cover Nirvana)

(Organisation : Botanique)

Kekra

Le monde est un grand bal où chacun est masqué (Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues)

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Ce soir, l’Ancienne Belgique est comble pour accueillir un ovni du rap game, Kekra (NDR : kekra signifie crack en verlan). Fan de grime, un style de musique né à Londres, le Français est aussi un des rappeurs les plus prolifiques dans sa catégorie. En outre, il apparait en avance sur son temps, tourne ses clips à Tokyo, Miami, en Belgique ou au Togo, tout en conservant l’anonymat autour de son identité. Après le succès de la trilogie « Vréel », l’artiste est revenu sur le devant de la scène rap francophone en avril 2O18, préludant l’album « Land » par le titre « 10 balles ».

La majorité de la foule ne dépasse pas la trentaine. Dj Captain Nemo s’installe devant la table avec 15 minutes de retard. Deux platines ‘Pioneer’ y sont posées, sur lesquelles il va s’acharner tout en sautillant derrière son pupitre. Aucun contact entre le dj et le public, et c’est vraiment dommage. Pendant son set, il se place un masque de protection respiratoire en papier sur le nez, mais de couleur kaki. Puis à 21h15, Kekra débarque de l’arrière du podium en compagnie d’un second MC. Encagoulés, chaussés d’énormes lunettes noires, ils tiennent leurs micros en main. Le public se masque également de la même manière et se rapproche de plus en plus de l’estrade. La situation devient de plus en plus tendue et suffocante, en avant-scène ; aussi votre serviteur préfère battre en retraite. Kekra salue ses fans à la manière des Japonais (NDR : il a déclaré que le Japon était son peuple de cœur). C'est par « Gros », l'un des morceaux phares de son avant-dernier projet « Vréel 3 », que l'artiste attaque le set en douceur, entouré de ses proches et content de retrouver ses franjitos, appellation qu'il donne à ses aficionados. Entre ses fameux gimmicks et autres bruitages dont lui seul a le secret, il lâche un petit ‘On s'en bat les c**illes’, avant d'enchaîner par l'énervé « Poches Pleines » et de rendre le public dingue. Il n'hésite d'ailleurs pas à s’autoriser quelques pas de danse. Evidemment, la setlist va nous réserver plusieurs titres de son dernier elpee, dont l’inévitable single « 10 Balles ». Malheureusement, on ne comprend pas trop bien les paroles de ses chansons. M’enfin, est-ce important, vu qu’elles non ni queue ni tête, servant surtout à mettre une ambiance de feu. D’ailleurs dans la fosse les spectateurs jumpent et font la fête. Une ambiance de folie qui va durer près de 60 minutes, sans faiblir. Et pas évident de rester en place. D’ailleurs, lorsque votre serviteur quitte la salle, l’ambiance est à son apothéose. Le Kekra ne se produira probablement plus très longtemps au sein des clubs ; il faudra donc s’attendre à ce qu’il soit programmé dans les plus grandes, mais aussi lors des festivals…

(Organisation Ancienne Belgique)

Ozferti

Ozferti : un guerrier masqué !

Organisé par la FWB, Festival Propulse met en exergue les artistes émergents de la scène belge francophone. Et quand on a l’opportunité de vivre quelques showcases, lors d’une virée un peu spéciale dans le boulot, on n’hésite pas à une seconde. Pourtant, il n’est pas toujours facile, pour les artistes, de se produire en pleine journée, surtout quand les trois-quarts de la salle digèrent gentiment dans leur fauteuil devant une troupe de cuivres qui s'évertue à tout donner... Cocasse ! Néanmoins, la bonne découverte du jour, c’est Ozferti !!! Homme masqué derrière ses platines, son ordi et ses pads, il a dégainé sa guitare et balancé un rythme soutenu tout au long de son set... 

L'artiste derrière le masque, c'est Florian Doucet. Il peut compter sur un sacré atout derrière lui : la projection de ses illustrations toutes en phase avec le son. Ces histoires illustrées complètent sa musique, l'un a besoin de l'autre pour former un univers original dans lequel on embarque sans hésiter... Les images nous emmènent en Afrique ou ailleurs, mais avant tout au cœur d'autres mondes à explorer et ce toujours sur la bonne cadence.  Artiste échappé du collectif belgo-colombien La Chiva Gantiva et de la formation angolo-portugaise Terrakota, Ozferti a entamé sa carrière solo en 2006.

Ozferti nous propose un mélange de styles qui oscille de l’Afro beat à l’Afrogrime, en passant par l’Ethihop et le Nubian Bass (NDR : comment faire pour mettre toutes ces définitions dans la même case ?). Et l’ensemble est panaché dans un live créatif terriblement captivant, rythmique et plein de références à la world music ainsi qu’à l'electro. De quoi mettre rapidement tout le monde d'accord dans la salle sur le rythme à adopter : un hochement de la tête soutenu et bien franc...

En 30 minutes, on prend une claque et on en redemande… Le guerrier clôture cette entrevue par une sorte de morceau d'atterrissage comme s'il voulait nous aider à souffler avant que le groupe suivant n’enchaîne…

Chic et gentleman en plus ! Au plaisir de le revoir pour un vrai set…

(Organisation : Propulse)

 

 

Cloud Nothings

En espérant une revanche…

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Fondé en 2009, Cloud Nothings est né en 2009, à Cleveland, dans l’Ohio, une formation drivée par le chanteur/compositeur Dylan Baldi, considéré comme un des plus prolifiques de sa génération. Elle a publié, à ce jour, six elpees en huit ans, dont le dernier « Last Building Burning », est paru l’an dernier. Dans la lignée de ses précédents long playings, il est particulièrement réussi. Responsable d’une musique indie, fruit d’un cocktail entre lo-fi et rock, parfois qualifié de néo grunge, le groupe se produisait donc, ce dimanche 3 février, à la Rotonde du Botanique.

Mais place d’abord à la première partie, en l’occurrence, En attendant Ana, un groupe français qui est venu défendre son premier LP. Un disque d’excellente facture, il faut le préciser. Pratiquant une forme de power pop, le band est drivé par une pétillante petite brune. La prestation déborde d’énergie, mais les compos sont parfois un peu trop lisses lorsqu’elles ne souffrent pas de certaines longueurs. Malgré ces quelques bémols, les Parisiens ont livré un set de bonne facture sublimé, quand même, par leur tube « The Violence Inside »…

Si « Last Building Burning », le dernier opus de Cloud Nothings est excellent de bout en bout, ce n’est pas une raison pour l’interpréter dans son intégralité, sur les planches. D’autant plus que le répertoire du quatuor recèle d’autres superbes morceaux. Et pourtant, c’est ce choix qu’il a posé pour constituer la première partie de sa set list. Pas vraiment une bonne idée. On aurait aimé davantage de variation dans le répertoire. En outre, les balances n’étaient pas très au point. Mais ici, c’est sans doute l’ingé-son qui est responsable de la situation. Car si la formation yankee possède au sein de son line up, un des meilleurs drummers de notre époque, est-il nécessaire de mettre ses percus aussi en avant ? Résultat, la voix rauque de Baldi passe complètement au second plan. Dommage, même si on reste admiratif face au talent de Jason Gerycz, à la batterie.

Pour le reste, finalement le concert n’a réservé que peu de surprise, laissant l’auditoire quelque peu sur sa faim, malgré un final époustouflant traduit par l’intemporel « Wasted Days ». De quoi mettre un peu de baume au cœur des aficionados. On est cependant en droit d’espérer une revanche rapide de la part de Baldi & co !

Adam Naas

Ne jamais se fier aux apparences…

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Dans le cadre de l’Open Club Day’, le Salon de Silly (‘Clubs Plasma’), accueillait ce vendredi soir, Adam Naas, Tanaë et Dj Mixsoup, ces deux derniers respectivement comme supporting act et en after. Près de 250 personnes se sont déplacées pour cette soirée. L’Open Club Day (organisé par Live DMA) s’est déroulé pour la première fois en 2012 à Zurich, en Suisse et vise à sensibiliser les voisins, les acteurs culturels locaux, les autorités et les décideurs politiques à la réalité du travail quotidien dans un lieu de concerts. Le 2 février 2019, 120 clubs sis parmi 10 pays européens, dont Le Salon, ont ouvert leurs portes à un public qui pourrait ne pas être familier avec les activités de musique ‘live’ et de ‘clubbing’. Une occasion de dévoiler l’envers du décor et de proposer une série d’activités inédites : visites guidées, découverte des coulisses, échanges avec le personnel et les bénévoles, introduction aux différentes professions et activités, ateliers et activités participatives, concerts...

Tanaë est une jeune liégeoise (NDR : 22 printemps !) qui a été propulsée sur le devant de la scène, suite au buzz de sa reprise « One Dance » de Drake et une réinterprétation pour le moins surprenante de « Barbie Girl » de Aqua. Elle a gravé son premier, « Introspection », début 2018 et son premier elpee devrait paraître en mai prochain. Influencée par Lauryn Hill, Portishead et Amy Winehouse, mais également par la génération montante comme Jorja Smith, Billie Eilish ou Kali Uchis, cette jeune chanteuse/compositrice parvient à faire danser le public, sur des rythmes urbains.  

Quand elle grimpe sur les planches, on se rend compte qu’elle n’est pas très grande. Elle est soutenue par un préposé à la semi-acoustique, sans un poil sur le caillou, mais assez technique et talentueux. Et puis par une loop machine, dont les sonorités en couches collent parfaitement à la voix de Tanaë, une voix soul, graveleuse qui évoque tour à tour BJ Scott, Beth Hart voire Typh Barrow, et quand elle monte dans les tours, on est véritablement scotchés. Elle entame son set par « Shill be ». Pop, ses mélodies sont accrocheuses. Le son est excellent. Elle agite constamment les mains, à la manière de Joe Cocker. Sa setlist est partagée entre compos personnelles et covers, dont une d’« Addicted To You » du regretté Avicci, une version cool et acoustique… Une prestation bien sympathique…

Setlist : « Shill Be », « Addicted To You », « Need You Love », « All In You », « One Dance », « All In You », « Glory Box », « Heartless », « Wonder Why », « Let Me Love », « Don’T Go », « One  Night ».

Dans la catégorie des promesses pop alternatives, Adam Naas est considéré comme un des grands espoirs de la scène française. Il puise ses influences musicales chez The XX, James Blake, Dermot Kennedy, Hozier, Rag'n'Bone Man et Prince (NDR : ce look !), alors que soul et fragile, sa voix évoque tour à tour Anohni Hegarty, Benjamin Clémentine, Asaf Avidan ou Ben l’Oncle Soul.  

Sur scène, le Parisien semble timide, désorienté et mal à l’aise. Il communique très peu, et les quelques mots dispensés entre l’une ou l’autre chanson manquent d’assurance. Faut dire que plutôt chétif, son physique le rend vulnérable. On dirait presque un moineau tombé du nid plutôt qu’une future valeur sûre de la pop, biberonnée à la Motown. Pourtant, lorsqu’il chante, cette pusillanimité disparaît pour laisser place à la classe. Il est flanqué de deux claviéristes qui reproduisent les sonorités de cuivres, cordes ou ivoires et se sert parfois d’une gratte électrique ou acoustique. Et c’est loin d’être un manchot sur son manche ! Sa voix passe du plus grave aux aigus avec une facilité déconcertante, à tel point que parfois on se demande si ses cordes vocales ne sont pas artificielles. N’empêche elle sera parvenue à bouleverser l’auditoire pendant une bonne heure…  

Setlist : « Golden Drop », « You Shoud Now », « Fading Away », « No Love Without Risk », « Close To Me », « The Love », « Shalala Love », « Fool », « Untitled 1 », « Strange Love », « Holding Me », « Love Is Never To Blame », « Cherry Lipstick ».

(Organisation : Silly Concerts) 

Nathaniel Rateliff

Le nouvel axe du Stax…

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Pour la seconde soirée consécutive, le Cirque Royal programme Nathaniel Rateliff, au sein d’un Cirque Royal complètement rénové et à l’acoustique digne de celle de l’Ancienne Belgique. Et l’hémicycle est comble pour accueillir le natif du Missouri, flanqué de ses Night Sweats. Il y a cinq ans, il avait gravé « In memory of loss », un album sculpté dans le folk/americana. En mars de l’an dernier, il a publié « Tearing at the steams », un opus tout au long duquel il a généreusement coloré sa musique de soul, de r&b et de gospel ; mais dans un style rétro, inspiré du meilleur des fifties et des sixties, dans l’esprit ‘Stax’ (NDR : pas pour rien que cet LP est paru sur le label Stax Records !) tout en conservant une touche bien personnelle. Et cet elpee a bénéficié des arrangements de Richard Swift (bassiste des Black Keys), un concours qui a apporté davantage de modernité et de fluidité à l’ensemble.

Beth Lowen assure le supporting act. Blonde, pétillante, féline et sexy, elle grimpe sur l’estrade en compagnie d’un bassiste, d’un guitariste et d’un batteur. Cette chanteuse/guitariste possède une voix puissante rappelant tour à tour Lzzy Hale (Halestrom), Beth Hart et même Tina Turner, quand elle monte dans les tours. Musicalement, le set va osciller entre blues et rock réminiscent des 70’s. Hormis le blues lent « Self control », le répertoire est plutôt énergique, le drumming technique et percutant constituant une remarquable assise pour l’ensemble du répertoire. Pas de « Stay » au menu, pourtant prévu dans la setlist…

Setlist : « Hitman », « Stay », « Self Control », « Natural Disaster », « Second Hand », « Home », « Oh No », « Wolf ».

Huit musiciens accompagnent Nataniel Rateliff sur les planches : le bassiste Joseph Pope III, le drummer Patrick Meese, le claviériste/pianiste Mark Shusterman, le trompettiste Scott Frock, les saxophonistes Andreas Wild et Jeff Dazey ainsi que deux guitaristes, dont Luke Mossman. Séducteur, Stetson rivé sur le crâne, Nataniel se consacre au lead vocal et à la gratte (électrique ou semi-acoustique).  A noter que la section de cuivres se charge des percus accessoires, et notamment du djembé, alors que tous les musicos assurent les chœurs, qu’on pourrait qualifier de gospel.

Amorcé par ces percus, pêchu et chargé de groove, « Shoe Boot » entame le set comme il ouvre le nouvel opus. Bien soutenue par les cuivres et le Hammond, la voix de Rateliff est à la fois très soul et sucrée/salée. « Be There » embrasse une multitude de styles, depuis le r&b au gospel, en passant par la soul, le folk, le blues et l’americana, synthétisant parfaitement celui de Nataniel. « I Did It » fait la part belle aux cordes dont l’intensité graduelle va être poussée jusqu’à la rupture. Des cordes qui vont se révéler étincelantes sur un lit de Hammond tout au long du bien cuivré « A Little Honey ». Des cuivres qui vont même s’enfiévrer sur « Babe I Know », incitant la foule à jumper

Entre chaque chanson –ou presque– Nataniel change de gratte et lorsqu’il la projette dans les airs, son roadie est attentif pour la rattraper… et éviter la casse.

« S.O.B. » achève show, une compo qui évoque l’épisode de ‘delirium tremens’ vécu par le chanteur, avant qu’il ne décide d’arrêter de boire. Nathaniel Rateliff avoue pourtant n’avoir jamais beaucoup aimé la chanson qui a pourtant permis de le faire connaître hors de son Colorado béni. Et pour la circonstance tous les musiciens nous gratifient d’un chœur… gospel.

Dans le genre, Nataniel Rateliff est devenu un fameux concurrent pour Marcus Mumford et Bon Iver…

Setlist : « Shoe Boot », « Be There », « Look It Here », « I've Been Failing », « I Did It », « Say It Louder », « Howling At Nothing », « A Little Honey », « Coolin' Out », « Out On The Weekend », « Shake », « You Worry Me », « Wasting Time », « Babe I Know », « Still Out There Running », « Intro », « I'll Be Damned », « S.O.B. ».

Rappel : « Hey Mama », « I Need Never Get Old ».

(Organisation : Live Nation)

 

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