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Pour Jane Weaver, l’amour est un spectacle permanent...

Jane Weaver, aka Jane Louise Weaver, est une musicienne originaire de Liverpool. Son nouvel opus, « Love In Constant Spectacle », paraîtra ce 5 avril 2024. Il a été produit par John Parish (PJ Harvey, Eels, Sparklehorse). Son disque le plus intime et le plus…

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Concerts

Coeur de Pirate

Un Cœur de Pirate si fragile…

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Le parcours de Béatrice Martin, aka Cœur de Pirate, a démarré il y a dix ans ; une décennie au cours de laquelle est a vendu quelques millions d'albums, décroché plusieurs prix et accordé de nombreux concerts au sein de 10 pays, en salle ou lors de festivals, dont ceux de LaSemo et des Francos, au cours de cet été. Elle se produisait donc ce mercredi 10 octobre à l’AB. La salle n’est pas comble ; d’ailleurs le second balcon a été fermé. Elle vient de publier, en juin dernier, son septième opus, « En cas de tempête, ce jardin sera fermé », un disque qui fait suite à un long passage à vide et dont les plages reflètent cet état d’âme, évoquant les relations amoureuses toxiques qu’elle a vécues en compagnie de ses ex-partenaires. Rappelez-vous, la Québécoise avait même envisagé d’arrêter sa carrière…

Gaël Faure assure le supporting act. Un Ardéchois (NDR : il est issu de Valence) qui après avoir participé à 4 saisons de la Nouvelle Star, a publié trois elpees, « Jardins En Ville » (2008), « De Silences En Bascules » (2014) et enfin « Regain » (2018), dont il va nous proposer, ce soir, plusieurs extraits, un disque mis en forme par Renaud Letang (Feist et Gonzales) et pour lequel Pierre et Charles Souchon, alias Ours, ont coécrit plusieurs chansons.

Il grimpe sur le podium seul. Barbu, il est armé d’une gratte électrique. Il déclare être presque chez lui en Belgique car il y a vécu 3 ans. Il soulève sa jambe droite en signalant qu’il assure la première partie de Béatrice. Un petit grain de folie qui me rappelle, quelque part, Julien Doré. Il entame son récital par « La Saison » avant d’embrayer par « Only Wolfes », dans la langue de Shakespeare, un morceau qui prend aux tripes. Sa voix semble camper un hybride entre un Polnareff jeune et Calogero. « Siffler » nous raconte avec humour, l’histoire d’un gars qui en a marre de son boulot et souhaite tout recommencer à zéro. Une chanson qui traduit le mal-être de la quarantaine. Surtout ne pas siffler, sinon l’artiste se déconcentre. Gaël confesse vouer une grande admiration à l’écologiste Pierre Rahbi qui a fondé le mouvement « Colibri » ; et à travers cette chanson, Gaël témoigne son engagement écologique en communiquant aux générations futures, ce que l’homme a foutu en l’air. Il faut donc sauver la planète. On sent d’ailleurs qu’il est proche de sa terre. Natale, mais pas seulement. « Traverser l’hiver » clôt un set de bonne facture…

Setlist : « La Saison », « Quelques Choses Sur La Lune », « Only Wolves », « Siffler », « Colibri », « Traverser L’Hiver ».

Une estrade d’une hauteur de près de 3 mètres, structurée en 8 paliers, occupe toute la scène. Au sommet, outre les énormes spots, sont plantés le drummer et le guitariste/claviériste. Les escaliers s’illuminent régulièrement lorsque Béatrice les escalade ou en descend. Un piano, lumineux par-dessus, de couleur blanche, trône en avant-plan. Il est destiné à Béatrice. Une autre claviériste s’installe à droite et un bassiste à gauche. Chaussée de baskets blanches et vêtue d’un pantalon et d’une veste de couleur noire, la Canadienne est resplendissante.

Le set s’ouvre par le quatrième single issu du dernier LP, « Combustible », un morceau qui emprunte subrepticement, un tempo bossa nova, avant qu’il n’adopte un profil davantage électro, la voix de Béatrice se noyant progressivement dans l’instrumentation. « Pour Un Infidèle » ainsi que le magnifique « Ensemble » reproduisent un schéma semblable. Interactive, elle gigote beaucoup, même si sa chorégraphie gestuelle est un peu répétitive. C’est en mode piano/voix qu’elle interprète « Francis », « City Lights » et « Place De La République », d’anciennes compos, chargées d’émotion. Pourtant, elle déclare s’en moquer, à plusieurs reprises. Mais on se rend vite compte que cette émotion est bien palpable, et pas seulement lorsqu’elle revisite les titres de ses 6 elpees précédents, mais surtout lors de ses nouvelles chansons. Elle aborde le thème des expériences traumatisantes comme le viol ou les violences conjugales. Se prononce sur le refus d’une relation née lors d’un flirt d’un soir, tout au long d’« Amour d’Un Soir ». Tout en libérant un max d’énergie, on la sent très fragile et lorsqu’elle parle de son vécu, on a l’impression qu’elle se met à nu. Le set s’achève par son hit, « Comme Des Enfants »…

En rappel, Cœur de Pirate nous réserve « Dans La Nuit » et « Prémonition », avant de verser quelques larmes. La sensibilité à fleur de peau, manifestement Béatrice n’est pas encore totalement parvenue à remonter la pente…

Setlist : « Combustible », « Pour Un Infidèle », « Ensemble », « Les Amours Dévoués », « Golden Baby », « Je Veux Rentrer », « Drapeau Blanc », « Malade », « Wicked Game », « Francis », « City Lights », « Place De La République », « Somnanbule », « Salement romantique », « Saint-Laurent », « Amour D’Un Soir », « Crier Tout Bas », « Carte Blanche », « Adieu », « Oublie- Moi », « Comme Des Enfants ».

Rappel : « Dans la Nuit », « Prémonition ».

(Organisation : Live Nation et Astérios Spectacles)

My Baby

Moins percutant que l’an dernier…

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Un an plus tôt, jour pour jour, My Baby faisait salle comble au Club de l’AB. De retour au même endroit, mais à l’AB Box, la formation n’a attiré, ce samedi 6 octobre, qu’un peu moins de 300 âmes. Elle est venue défendre sont quatrième elpee, « Mounaiki», gravé cette année, un disque qui fait suite à « Prehistoric Rhythm », paru l’an dernier. Etabli à Amsterdam, le trio a été qualifié de ‘Next Big Thing’ par le programmateur du festival Glastonbury…

Le supporting act est assuré par John Fairhurst, considéré comme la relève des ‘guitar heroes’. Certains médias estiment même qu’il s’agit du digne successeur de Hendrix ou du fils naturel de Clapton. On le compare même parfois à Robert Johnson, Muddy Waters, Jack White ou encore Jimmy Page. Il est également très fier d’avoir eu l’occasion de jouer aux côtés de certains de ses modèles et tout particulièrement Johnny Winter ainsi que le Ten Years After. Aux States, on lui a décerné le titre de meilleur joueur de Resonator au monde.

Tour à tour hantée par Howlin’ Wolf, Tom Waits, Captain Beefheart ou Mark Lanegan, sa voix est grave, profonde et suave. Rythmé et coloré, son blues nous plonge tout droit dans le  delta du Mississipi. Et manifestement, aux six cordes, il impressionne et mérite les références susvisées. Le set s’achève par une jam de plus de 10 minutes au cours duquel John et son drummer vont multiplier les duels, en étalant toute leur technique et leur feeling…

My Baby réunit la fratrie Cato et Joost Van Dijk, respectivement chanteuse/guitariste/violoniste et drummer, ainsi que le prodige de la six cordes Daniel ‘Da Freez’ Johnston, homonyme autiste du génie folk américain. Les deux premiers sont bataves, le dernier, néo-zélandais, un musicien qui a tout assimilé chez George Harrison, Jimi Hendrix, Larry LaLonde (Primus) et Tom Morello (Rage Against The Machine).

A l’aide d’un médiator ou sans, selon, Johnston élabore les structures des compos, compositions qui mêlent psychédélisme, rock, blues, world orientale et électro. Le set débute par une « Intro » tribale et déroutante, un morceau qui reflète parfaitement le climat du nouvel opus. Incantatoire, la voix de Cato fait des arabesques, un peu comme une petite fille asiatique. Les interventions au dobro de Daniel, toujours coiffé d’un chapeau surmonté d’une plume, sont répétitives et teintée de delta blues. Joost est planté sur une estrade, en plein milieu du podium, légèrement en retrait. Il participe circonstanciellement aux vocaux et se sert d’une machine pour dispenser des beats électro. Cato pince les cordes de sa gratte, comme une basse, tout en privilégiant les trois supérieures. A trois reprises, elle va changer de tenue. La première lui confère une allure de geisha. En salopette flashy et multicolore, la seconde nous renvoie à la période glam/rock des seventies. Enfin, la dernière, plus sexy –body à franges et jupe courte, mais coiffée d’une perruque de couleur jais– correspond davantage aux adeptes de l’électro/swing. Pendant ses absences, les autre musicos en profitent pour expérimenter.

Le set va nous réserver des titres particulièrement groovy, comme « Supernatural Aid » ou « Shadow Dancer », d’autres trempés dans le trip hop, dont « Borderline », mais également électro/swing, parmi lesquels « In The Club » mérite assurément son titre. « For A Change » nous entraîne au cœur du désert, celui que traverse un Tinawiren éclairé. Enfin, Cato empoigne son violon, de couleur noire, et en pince les cordes machinalement, tout au long de « Love Dance Remedy ».

Bref, à l’instar de « Mounaiki », titre maître du dernier elpee, votre serviteur éprouve davantage de difficultés à pénétrer dans l’ambiance de ce concert qui quoique déconcertant se révèle bien moins percutant que celui accordé, à l’AB Club, l’an dernier. Un peu avant la fin du set, il décide d’ailleurs de tirer sa révérence…

Setlist : « Intro », « Mounaiki », « For A Chance », « Supernaturel Aid », Bordeline », « Shadow Dancer », « In The Club », «  Silhouette », «  Vigilante »,« Master Of War »/ « Bless You », « Love Dance  Remedy », « Sunflower », « Juno », « Shameless », « Seeing Red Uprising », «  Make A Hundred ».

(Organisation : Ancienne Belgique)

Suede

Intemporel…

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Assister à un concert de Suede est toujours une expérience unique. Et si on y croise des sosies de Brett, le chanteur à la dégaine unique, c’est parce que les quadragénaires reconnaissent en lui l’incarnation du sex symbol absolu. Et ce soir sera une soirée bien particulière, car il ne s’agit que de la deuxième date de la tournée, entamée la veille, jour de l’anniversaire d’Anderson, à Berlin.

Mais avant de découvrir « The Blue Hours », le 8ème opus du groupe, en ‘live’, place à Gwenno, programmée en première partie. Et force est de constater que ce set va se révéler une toute bonne surprise. Signé chez Heavenly Records, label mythique qui a hébergé Slowdive et d’autres gloires à l’époque des shoegazers, Gwenno Mererid Saunders s’est échappée des Pipettes (NDR : en compagnie desquels elle a enregistré un album, après avoir remplacé la chanteuse originelle), pour se consacrer désormais à sa carrière solo… Particularité, elle chante en en gallois voire en cornique, dialecte de la région des Cornouailles. Fervente disciple de cet idiome en perdition, elle transforme toutes ses chansons en curiosités linguistiques. Et il faut admettre que sa démarche fonctionne, y compris face à un auditoire, clairsemé au départ, mais conquis à mesure que les titres défilent. Entre une jeune Chrissie Hynde pour le look et Björk pour la voix, son concert est aérien, constellé de moments de grâce, naviguant quelque part à la croisée des chemins du shoegaze et de la new wave. Entre chaque titre, Gwenno nous encourage à apprendre des langues en voie de disparition. La poésie singulière qui nourrit ses compos et les anecdotes qu’elle raconte nous ont permis de passer un agréable moment en attendant la tête d’affiche…

Car un concert de Suede se vit, se danse et communique d’excellentes vibrations… Suede, c’est 25 ans de carrière, une séparation, 8 albums et une verve intacte, probablement le seul représentant de la britpop qui s’en est sorti parce qu’il a continué à proposer une musique de qualité. Brett pourrait d’ailleurs écrire un manuel sur la manière de diriger un team tant il se donne toujours à fond.

21 heures tapantes, Brett apparaît en ombres chinoises et se dévoile doucement sur le 1er titre de l’opus en s’époumonant : ‘Here I am !’... et comment qu’il est là !!! « As one! », première plage du nouvel album est parfait pour introduire langoureusement le combo, dont le dernier concert accordé en Belgique, remonte à deux ans. Les guitares sont denses, sombres, et le morceau s’achève brutalement pour mieux enchaîner par « Wastelands » et faire la part belle, en ce début de set, à « Blue Hours ». Brett tend les bras et la salle s’enflamme. Elle n’attendait que ce geste pour littéralement exploser, malgré le côté calme, mais intense des deux premiers morceaux. Il ne faudra pas cependant pas attendre plus longtemps pour que le naturel de Brett revienne au galop. Dès le 3ème morceau, « I do not know how to reach you », toujours issu du dernier LP, chemise déboutonnée, cheveux au vent, il serre les premières mains...          

Brett harangue la foule et aligne les classiques comme autant de brûlots, transformant l’Ancienne Belgique en une gigantesque piste de danse : « She »,  « We are the pigs » ainsi que « So young », caractérisé par sa guitare si mélancolique, défilent. « Killing of a flashboy » termine cette première salve de hits. Rarement joué en live, cette flip side de « We are the Pigs », issue du premier long playing, constitue un des moments forts de la soirée.

L’ambiance descend d’un cran à l’entame de « Tides ». Le climat devient plus sombre, à l’instar de « Roadkill » au cours duquel Brett déclame plus qu’il ne chante.

« Sabotage » est subliment réarrangé pour mieux enchaîner sur « No Tomorrow », un des titres phare de « The Blue hours ». Les guitares crissent pour mieux se préparer à un retour dans l’histoire du groupe : « Filmstar », « Metal Mickey », « Trash », « Animal Nitrate » sont autant d’occasion pour Brett d’aller prendre un bain de foule qui exulte littéralement.

L’ambiance se feutre, le groupe dépose ses instruments à l’exception de Brett qui revient sur le devant de la scène, guitare à la main pour entamer « Europe is our Playground », seul, à la sèche. Sa voix est magnifique, pure et rocailleuse. Le concert s’achève par deux titres plus paisibles, « The Invisible » et « Flytipping », alors que le public attendait des morceaux plus énergiques…

Suede referme la soirée par « Beautiful ones », toujours aussi fédérateur et « Life is golden ».

Depuis 25 ans, Suede a toujours résisté à la tentation de se transformer en autre chose que Suede. Il a certes évolué, mais son ADN est intact et c’est sûrement ce qui le différencie des autres groupes de l’époque qui n’ont pas résisté à l’assaut du temps…

(Organisation : Live Nation)

Black Mirrors

Le vampire ne se reflète pas dans un miroir…

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C’est dans le cadre des Coca-Cola Sessions, qui se déroulent à l’Ancienne Belgique, une initiative destinée aux découvertes, tant belges qu’internationales, que Black Mirrors se produisait ce jeudi 27 septembre. Issu du Brabant wallon, il est venu défendre son nouvel opus, « Look into the Black Mirrors », paru fin août dernier. Un disque qui fait suite à deux Eps, un éponyme paru en 2014 et « Funky Queen », en 2017.

Le supporting act est assuré par Bulldozer & The Machine Guns. Des potes aux musicos de la tête d’affiche ! Le line up implique le guitariste/chanteur John No Way, le bassiste Thomas Maisin et le drummer Grégory Bourguignon (NDR : il milite également chez Solkins). Ce dernier, pieds nus, semble particulièrement cool. Essentiellement instrumentale, l’expression sonore du trio baigne dans un psyché/stoner qui écrase tout sur son passage…

Quant à la musique de Black Mirrors, elle est le fruit d’un cocktail entre stoner, punk, rock, et métal. Ce quatuor réunit le guitariste Pierre Lateur, le bassiste Loïc Videtta (Mango Moon), le drummer Paul Moreau ainsi que la chanteuse Marcella Di Troia.

Vers 21 heures, Pierre grimpe sur l’estrade et entame un solo de guitare, une intervention immédiatement suivie par des sonorités de cymbales. Cape noire sur le dos, et la rituelle ligne noire sous les yeux, comme maquillage, Marcella me fait penser à une chauve-souris, prête à dévorer ses proies, avant de les vider de leur sang… et pourtant le vampire ne se reflète pas dans les miroirs, aussi nombreux soient-ils, et de couleur noire…

Dans un halo de couleur bleue, le set s’ouvre par « Shoes for booze », morceau d’entrée du nouvel opus. Les riffs hendrixiens de Lateur font mouche et bénéficient du soutien de la solide section rythmique, basse/batterie. 

Véritable show woman, Marcella arpente les planches de long en large en trimballant son pied de micro, bien attaché sur son support. Elle se déhanche sauvagement, harangue les spectateurs des premiers rangs et déploie ses ailes pour mieux les vampiriser… Un projecteur la suit à la trace. Tout au long du concert on sent une grande complicité entre le gratteur et la chanteuse. Des aficionados déploient des affichettes sur laquelle on peut lire ‘We Love Black Mirrors’. Davantage introspectif, « Inner Reality » s’achève dans un climat psyché/atmosphérique. Petit problème de balance entre l’instrumentation et la voix de Marcella, qui pourtant imposante, ne parvient plus à émerger de l’expression sonore, lors des titres les plus nerveux. Souci réglé à partir de « Moonstone », un morceau plus paisible, presque dispensé en format acoustique. Ancienne compo, « Canard Vengeur masqué » met en exergue les percus.

Lors du premier rappel, « Whispering Ghost » est proposé quasi-unplugged. Le spectre de Robert Plant plane… Après une excellente cover du « Kick Out The Jam » du MC5, le band nous réserve une nouvelle version, plus bluesy, de « Lay My Burden Down », un titre au cours duquel la voix grave, rocailleuse, de Marcella, monte dans les tours en concédant des inflexions à Beth Hart voire à Janis Joplin. Un chouette concert qui confirme le potentiel de Black Mirrors, une formation dont la reconnaissance à l’étranger ne devrait tarder…  

Setlist : « Intro », « Shoes For Booze », « Funky Queen », « The Mess », « Inner Reality », « Cold Midnight Drum », « Mind Shape », « Moonstone », « Canard Vengeur Masqué », « Lay My Burden Down », « Till The Land Wind Blows », « Burning Warriors »

Rappel : « Whispering Ghost », « Kick Out The Jam », « Lay My Burden Down »

(Organisation : Ancienne Belgique / Coca-cola sessions)

Photo : Mehdy Nasser

Pierce Brothers

Un esprit pas aussi fatigué qu’ils ne le prétendent…

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La fratrie Pierce réunit Patrick et Jack. Originaires de Brisbane, ces multi-instrumentistes ont pris de la bouteille, en se produisant dans la rue, à Melbourne. Ce qui explique sans doute leur sens inné du ‘live’, prestations au cours desquelles ils libèrent une énergie capable de faire bouger le public de salles entières, mais également de festivals, à travers le monde. Ce jeudi 4 octobre, les frangins sont programmés au Reflektor à Liège, une salle conviviale qui peut accueillir un peu moins de 600 âmes. Et ce soir, elle est sold out.

Soham De a été invité à assurer le supporting act des Pierce Brothers, pour cette tournée, annoncée à guichets fermés. Agé de 21 printemps, il est originaire de Durham, en Angleterre. Depuis la sortie de son premier single, « Confession », paru en mars dernier, sa popularité est montée en flèche. Et son premier Ep 4 titres, « The Next Nowhere », ne fait qu’accentuer cette notoriété. La presse insulaire le compare déjà à Isaac Gracie, Newton Faulkner voire même Daniel Docherty. C’est la toute première fois qu’il se produit en Belgique.

Soham grimpe sur l’estrade, armé de sa gratte semi-acoustique. Il ouvre son set par le délicat « Foreign Tree ». Déjà son toucher de cordes en picking est impressionnant. Légèrement graveleuse, sa voix est chargée d’intensité et quand elle prend son envol, on en attrape des frissons partout. Malheureusement, pas de trace d’ivoires ou de violons sur la ballade lumineuse « I Don’t Want This To Be Over », ni d’extrait de son nouvel Ep. Dommage ! N’empêche, il serait intéressant de le revoir, en format électrique, car ce gars est bourré de talent…

Setlist : « Foreign Tree », « I Don't Want This To Be Over », « Sidelines », « I'll Give You A Chance To Prove Me Wrong », « Brave », « The End »

Ce soir, The Pierce Brothers va nous présenter de larges extraits de son dernier elpee, « My Tired Mind » (Trad : mon estprit fatigué) , gravé l’an dernier, ainsi que quelques titres du futur opus, « Atlas Shoulders », dont la sortie est prévue pour fin de ce mois d’octobre …

Jack se consacre aux percus (tom basse, tambour africain, cymbales), mais aussi au didgeridoo (instrument à vent aborigène) ainsi qu’à l’harmonica. Pat se réserve la guitare, qu’elle soit sèche, électrique ou semi-acoustique. Et imprime le tempo à l’aide d’une grosse caisse, en appuyant sur une pédale, posée devant son pied gauche.

Jack est en forme, il salue le public en s’exprimant dans un parfait français. « Amsterdam » est la ville ou le succès de la paire a débuté, en Europe. Et c’est par cette chanson que le concert s’ouvre. Dès le début du show, Jack ne tient pas en place, et frappe ses baguettes sur tout ce qui peut servir de percus. Même sur le sol et les baffles. Les ‘oh’ fusent dans l’auditoire. Pat se concentre sur sa gratte semi-acoustique. Ce titre met déjà le feu dans la fosse au sein de laquelle les spectateurs se mettent à danser. Jack se charge des présentations et signale que son frère recherche une fiancée. Ce qui déclenche l’hilarité dans l’auditoire. « Black Dog » embraie, une compo qui nous entraîne de l’autre côté de l’Atlantique. Dans les grandes plaines, plus précisément. Jack souffle dans son harmonica alors que Pat balise de ses cordes ce titre aux accents country/americana. D’abord plus paisible, sa fin de parcours est cependant dynamisée par les percus. Et chaque fois qu’elles montent en puissance, la température monte d’un cran. Régulièrement, Jack sollicite la foule pour reprendre les refrains ou frapper dans les mains. Il a empoigné une six cordes électrique avant d’attaquer « Keep In Mind », un morceau qui se distingue par les harmonies vocales à deux voix. Titre le plus populaire du band, « It’s My Faut » met le feu dans la fosse. Jack souffle dans son didgeridoo alors que son frère continue sur sa gratte dont il triture les cordes presque à la rupture. « Follow Me Into The Dark » prône le calme avant la tempête. Qui s’abat tout au long d’« Overdose », un morceau au cours duquel Jack cumule micro et percussions. Il tapote à nouveau ses baguettes sur le bord de la gratte de son frère. Energique, ce morceau de folk adopte un profil davantage yankee (NDR : pensez au boss !) qu’antipodal. Et dans la foulée, « Juno » est de la même veine. « Golden Times » constitue le sommet du spectacle. Pat est à la sèche. Jack empoigne son didgeridoo et colle l'harmo devant la bouche de son frère. Tonnerre d'applaudissements dans l’auditoire ! Jack martèle encore le plancher à l’aide de ses baguettes. Et avant de souffler derechef dans son didgeridoo, il replace l’harmo devant les lèvres de Pat. « Brother » achève le set. Si les harmonies vocales sont savoureuses, la compo vous incite surtout à esquisser un pas de danse.

En rappel, le tandem va nous accorder deux titres, « Self Portrait » et « Flying Home ». Une belle prestation de 100 minutes accordée par deux artistes attachants, et dont l’esprit n’est pas aussi fatigué qu’ils ne le prétendent…

Setlist : « Amsterdam », « Black Dog », « Keep In Mind » , « It’s My Fault », «  Follow Me Into The Dark », « Overdose », « Trip Lovers », «  Juno », « The Records Were Ours », « Tallest Teepee In Town », « Blind Boys Run », « Take A Shot », « Genevieve », « Golden Times », « Brother ».

Rappel : « Self Portrait », « Flying Home ».

(Organisation : Reflektor)

The Brian Jonestown Massacre

Quand on est trop perfectionniste, on passe à côté de l’essentiel…

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The Brian Jonestown Massacre, c’est le groupe d’Anton Newcombe, une formation responsable d’une musique qui oscille entre shoegaze, noisy et psychédélisme, mais également très susceptible d’intégrer d’autres styles comme la country, le folk ou la new wave. Ses influences majeures ? Spacemen 3, My Bloody Valentine, Velvet Underground, Galaxie 500, Ride ou encore The Telescopes. Et la liste est loin d’être exhaustive. Pour mieux connaître ce band, rien de tel que de visionner « Dig », un documentaire qui relate la relation qui est devenue conflictuelle entre Anton Newcombe et Courney Taylor-Taylor, respectivement leader de TBJM et The Dandy Warhols, en fonction des courbes de succès et de revers enregistrées par les deux formations, ainsi que les problèmes liés à la consommation de drogue et/ou d’alcool. Réalisé par le cinéaste Ondi Timoner sur une période de 7 longues années, ce film s’est surtout focalisé sur une période sise entre fin 1996 et mi-98, un long métrage (107’, voir ici) qui a décroché le Grand Prix du jury documentaire au Festival du film de Sundance, en 2004…

Lorsqu’on débarque à l’Aéronef, Dead Horse One termine sa prestation. Enfin, il lui reste encore trois morceaux à exécuter. Issu de Valence, en France, ce quintet pratique une musique qui navigue quelque part entre shoegaze et psychédélisme. Pas étonnant que TBJM l’ait choisi pour assurer le supporting act. Fondé en 2011, ce groupe a bénéficié du concours de Mark Gardener, à la mise en forme, lors de l’enregistrement de son premier elpee, « Without love we perish ». Et manifestement, en écoutant sa musique, on ne peut s’empêcher de penser à Ride, Sweverdriver ou encore Telescopes. Les deux gratteurs sont particulièrement complémentaires et le claviériste tapisse parfaitement l’ensemble de ses interventions. Seules les harmonies vocales manquent de limpidité. Maintenant, pas évident de régler les balances, lorsqu’on n’assure que la première partie. Une formation à revoir, dans d’autres circonstances ; et pour cause, dans son style, elle possède un fameux potentiel…

En 28 ans d’existence, The Brian Jonestown Massacre a commis 19 albums studio, plusieurs compiles, sans oublier les Eps. Faut dire que son leader, Anton Newcombe est particulièrement prolifique. Du line up originel, il ne reste cependant plus que lui et Ricky Maymi à la barre ; mais ce dernier a troqué ses baguettes contre une gratte, en 2002, après le départ de Jeff Davies. Autre membre originel, Matt Hollywood (NDR : d’abord bassiste, puis guitariste, c’est un habitué des allées et venues) a finalement quitté le navire, en 2015. Il a été remplacé par Ryan Van Kriedt. Finalement, le plus ancien, après Anton, c’est le percussionniste (tambourin/maracas) Joel Gion, qui milite au sein du band depuis 1994. Le bassiste Collin Hegna et le claviériste Rob Campanella ont débarqué en 2004 et le drummer, Dan Allaire, en poste depuis 2002, semble aussi avoir mis la clef sous le paillasson, puisque c’est une fille qui le remplace ce soir. Pas de trace de la vocaliste, non plus, qui avait participé à la tournée accomplie lors du printemps dernier. Pour faire bref, en près de 3 décennies, plus de 60 musicos ont transité via le combo. 

Mais il est temps de passer à la review du concert. Vêtu d’un t-shirt blanc, sur lequel on peut lire les mots ‘Eat shit’, mentionnés en rouge, Anton se plante à droite du podium. Il a un look qui rappelle, quand même, Neil Young. Collin Hegna, le bassiste, a enfilé un poncho, alors que coiffé d’un bonnet de marin, Joel Gion, le percussionniste, arbore des rouflaquettes impressionnantes. Il a l’air un peu éméché et enfile régulièrement les bières ‘Leffe’. Lui, les trois gratteurs et la drummeuse, cheveux bouclés en broussaille, sont chaussés de lunettes fumées. Quand à Ricky Maymi, qui joue d’une guitare à douze cordes, il a posé un verre et une bouteille de vin rouge devant lui. Mais il n’y posera les lèvres qu’épisodiquement. Enfin, Campanella, le claviériste, s’est planté discrètement, au fond, à gauche du podium…

Le set s’ouvre par « We never had a chance », une compo qui s’ébroue tout en douceur et s’épanouit sur un mur de cordes frémissantes. Et ce sont ces trois gratteurs, parfois quatre, dont les cordes tour à tour chatoyantes, grésillantes, bringuebalantes, cristallines ou chargées de feedback, qui tissent la plupart des mélodies. Et la plupart du temps, hypnotiques, elles accrochent instantanément. Le visage expressif de Joel communique un climat de bonne humeur au show. Parfois il lance un tambourin dans les airs, mais vu son état d’ébriété, éprouve de grosses difficultés pour le rattraper. Moralité, il le récupère sur les planches. Mais ses interventions aux percus sont impeccables. Dès « What happened to them », les ‘ouh ouh’, chantés en chœur, rappellent que TBJM a enregistré un album qui rend hommage au « Satanic Majesties Request » des Stones (« Their Satanic Majesties' Second Request », en 1996 !). Régulièrement, Rob Campanelle troque ses claviers (un korg !) contre une quatrième guitare. « That girl suicide » lorgne manifestement vers Tubeway Army, surtout à cause de la ligne de basse, alors que « When jokers attack » semble plutôt marcher sur les traces de New Order, Anton empruntant même les inflexions à Bernard Summer. Lors du classique « Servo », Ryan Van Kriedt branche une ‘phantom’ (NDR : guitare utilisée chez les Fuzztones). Evidemment, la set list ne va pas oublier les autres standards comme « Who », « Phish » ou encore « Anemone », mais également proposer deux compos récentes, comme « Forgotten graves », ou « What can I say », que Newcombe annonce comme telle, d’ailleurs. Il présente ses musiciens avant d’attaquer « Devil my care », mais on ne comprend pas grand-chose à ce qu’il raconte. Etonnant, il semble dithyrambique à leur égard. Il est sans doute de bon poil. Mais, il rencontre toujours le même problème. Perfectionniste, il laisse régulièrement de longs interludes entre les morceaux pour régler sa guitare, tripoter son ampli, fumer une clope ou solliciter le concours d’un roadie, afin de résoudre un problème futile. Ce qui nuit à l’ambiance générale du set. Après l’inévitable « Yeah Yeah », qui figurait sur « Bloody undergound » (NDR : clin d’oeil appuyé à My Bloody Valentine), compo au cours de laquelle la voix d’Anton semble hantée par Ian McCulloch (Echo & The Bunnymen), le concert s’achève par « A word », un titre au cours duquel deux des gratteurs de Dead Horse One rejoignent le septuor ; ce qui va se traduire par la présence de 7 grattes dont une basse et une sèche, sur l’estrade…

D’une durée de 2h15, le show a soufflé le chaud (souvent) et le froid (parfois). Quelques morceaux plus brouillons et surtout des interludes trop fréquents ont, en quelque sorte, freiné la montée en intensité du concert et empêché d’atteindre une apothéose que le groupe aurait, finalement, méritée…

(Voir notre section photos ici)

(Organisation : l’Aéronef)

Setlist

  • We never had a chance
  • What happened to them
  • Hold that thought – 1st Fret Capo
  • Forgotten graves – 1st Fret Capo
  • Who
  • Who dreams of cats? – 3rd Fret Capo
  • That girl suicide
  • Drained
  • Nevertheless
  • Pish – 4 th Fret Capo
  • Anemone
  • Wisdom
  • Jokers
  • Sailor
  • Servo
  • Devil may care
  • What can I say
  • Yeah Yeah
  • A word

 

Poppy

Poppy barbie asiatique pour public juvénile…

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Plus ou moins 200 personnes s’étaient déplacées au Botanique pour assister au spectacle (?!?!?) de Poppy, programmé au Botanique. Juvénile, boutonneux, ce public est essentiellement constitué de jeunes midinettes. Il y a bien quelques trentenaires, mais ils ne sont guère nombreux.

De 20h00 à 20h45, place au ‘Warm Up’ (Trad : échauffement). Il se limite à une playlist qui défile. Derrière la table, il n’y a pas un chien ; seul un technicien se charge du light show. Au bout de trois quarts d’heure, soit en accusant 20 minutes de retard, le set de l’Américaine peut commencer…  

Moriah Rose Pereira, aka Poppy, est auteure/compositrice/interprète/vidéaste. Elle est née à Boston, a grandi à Nashville, avant de s’installer à Los Angeles, en 2014, afin de poursuivre sa carrière musicale. Si ses clips cartonnent sur Youtube, elle le doit aussi à son collaborateur Corey Michael Mixter, alias Titanic Sinclair. Ensemble, ils ont réalisé une ribambelle de vidéos promotionnelles au contenu abstrait. Et en ‘live’, c’est lui qui se charge de tout l’aspect technologique du set, se postant derrière les ordinateurs sur la table placée à gauche de l’estrade. Un écran est planté au milieu du podium. Des effets de lumières créent un triangle pivotant et sont projetés sur cet écran qui mentionne les mots ‘Poppy Computer’ quand il n’affiche pas l’effigie voire l’image de Poppy. La gonzesse débarque sur les planches, tout de rose vêtue, mais porte-jarretelles et corset à damiers et les cheveux décolorés en blonde platine. Finalement, on dirait une poupée (NDR : qui a dit poppy ?) barbie, mais asiatique. Elle est accompagnée de deux danseurs blacks à la chorégraphie plus que pointue. On dirait un show de Lady Gaga, lorsqu’elle était encore débutante. Bien qu’âgée de 23 printemps, elle n’en paraît que 15. Mi-humain, mi-androïde, son look est désespérément androgyne. Elle va nous proposer de larges extraits de son premier elpee « Poppy Computer », gravé l’an dernier, mais également de son prochain opus « Am I A Girl », qui paraîtra fin de ce mois d’octobre. C’est d’ailleurs sous ce titre que cette tournée a été planifiée.  

Le set débute par « In A Minute ». Les premiers rangs commencent déjà à danser sur le rythme des machines. Des machines qui produisent également de la musique addictive ! Une électro/pop sur laquelle vient se poser la voix douce, enfantine et haut perchée de Poppy. Mais toutes les compos se ressemblent. Avant d’attaquer « Microphone », elle et les deux danseurs viennent choper les téléphones portables des aficionados agglutinés aux premiers rangs. Au bout de 30 minutes, il ne reste plus que 3 chansons. Artificiel, ce show destiné aux ados immatures aura duré trois-quarts d’heure. Un réel foutage de gueule ! On est bien loin des prestations d’Anne-Marie, de MØ ou encore de Zara Larsson.

(Photo : JP Daniels)

Setlist : « In A Minute », « My Style », « Interweb », « Bleach Blonde Baby », « I’m Poppy », « My Microphone », « Chic Chick », « Time Is Up », « Fashion After All ».

Rappel : « Lowlife », « Money ».

(Organisation : Botanique)

 

Xavier Rudd

Un cow-boy rasta dans la peau d’un kangourou…

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Xavier Rudd est programmé trois jours à l’AB. Et tous les concerts sont sold out. Ce lundi 17 septembre constitue sa première date. Pour cet Australien, le monde est sa maison. Engagé et sensible à l’environnement, il a conscience que notre planète, à qui il voue un profond respect, doit nous survivre pour toute une éternité. Multi-instrumentiste, il joue aussi bien des percus, de l’harmo, de la gratte (NDR : de préférence une Weissenborn) que du didgeridoo (NDR : plus exactement le yirdaki). Il vénère d’ailleurs la culture aborigène…

Newton Faulkner assure le supporting act. Ce Londonien milite dans la tradition de troubadours, comme Jackson Brown ou James Taylor. Mais il est davantage atypique. D’ailleurs, il lui est arrivé de jouer dans une montgolfière.

Seul sur les planches, il se sert de deux guitares semi-acoustiques et d’une loop machine. Sa voix est capable d’osciller du grave à l’aigu. Son humour décontracte instantanément l’auditoire. Barbu à dreadlocks, il pratique le picking à 3 doigts. C’est sa spécialité ! Il est venu défendre son dernier et sixième opus, « Hit The Ground Running ». Tout au long des deux premiers morceaux, il étale sa technique à la six cordes ; et son toucher est imparable ! Il frappe sur le bord de sa gratte et l’insère dans une boucle pour « Smoked Ice Cream », et en couches, le résultat est impressionnant. C’est d’ailleurs suivant cette méthode qu’il construit chaque piste, à tel point qu’on a parfois l’impression qu’il est soutenu par un véritable orchestre. Dans un français hésitant mais tellement touchant, il lance ‘Bruxelles, bonjour, ça va, une petite chanson. OK.’  Ce qui déclenche l’hilarité dans la fosse. Le sommet de son set est atteint lors de sa version du « Bohemian Rhapsody de Queen (voir vidéo ici)

A vous flanquer des frissons partout ! Une excellente mise en bouche… (Pour les photos, c’est là)

Trois musicos montent sur l’estrade. Terepai Richmond, une jolie drummeuse (percus organiques et pads électroniques), le bassiste Yosef Haile et le claviériste/ Ian Peres. Avant que ne débarque à son tour Xavier Rudd, pieds nus, sous un tonnerre d’applaudissements. Tout au long de ses 2h40 de show, il va nous entraîner au cœur des déserts et bush australiens, mais également sur les plages ensoleillées de Kingston ainsi qu’au Far West. En quelque sorte un cow-boy rasta dans la peau d’un kangourou…

« Honeymoon Bay », extrait de « Storm Boy », son dernier album, ouvre le concert. La scène est plongée au sein d’une pénombre bleutée, mais passe au rouge dès les premiers accords de gratte. La foule frappe déjà dans les mains. Chaleureux, souriant, Xavier attire immédiatement la sympathie, et lui demande : ‘How are you feeling ?’. Les faisceaux lumineux inondent alors la fosse. En fin de morceau, il empoigne un didgeridoo, l’exhibe devant l’auditoire qui s’enthousiasme déjà, et en extrait des sonorités sourdes ou stridentes. Xavier lève le poing vengeur. Terepai et Yoseff frappent sur des percus. Rudd semble cependant apprécier les moments de pause. « Rusty Hammer » nous transporte vers les plages ensoleillées de la Jamaïque, et ce morceau met ‘La Faya’. Et lorsqu’il souffle dans son harmo, alors que Ian tapisse l’ensemble de son orgue Hammond, on ne peut s’empêcher de penser au regretté Bob Marley, flanqué de ses Wailers. L’auditoire reprend le refrain en chœur, alors que Rudd cale sa gratte dans son dos et invite le public à battre des mains. Dans le même registre, mais sur un tempo plus paisible, direction Kingston pour « Come let go ». Le natif de Torquay s’assied, pose sa gratte sur les genoux et la joue en slide, l’harmo toujours au bord des lèvres. Un titre qui communique de bonnes vibrations et l’artiste le souligne. Il demande alors de lever les bras…

En général, ses compos originales sont étirées et les versions ‘live’ peuvent atteindre 8 bonnes minutes. Faut dire que les musiciens improvisent régulièrement. L’expression sonore dérape même parfois dans le psychédélisme. Et lorsqu’elle est découpée dans les riffs graisseux et huileux, le spectre de Jimi Hendrix se met à planer. Outre Bob Marley, c’est une des ses références majeures, Ben Harper et Jack Johnson constituant ses deux autres. Tout au long du set, le bassiste va brandir un drapeau aborigène. Xavier profite de « Follow The Sun », morceau de clôture, pour présenter ses musiciens, moment choisi par chacun d’entre eux pour se réserver un long solo. Mais également, au cours duquel la claviériste s’installe derrière les fûts, alors que Terepai exécute une danse africaine en se consacrant au djembé.

Lors du premier rappel, Rudd va démontrer que c’est un virtuose du didgeridoo, mais qu’il est également capable de jouer des drums en même temps, tout au long de « Lioness Eyes » (NDR : pour vous en rendre compte, vous pouvez cliquer ici). Un concert dont l’intensité émotionnelle atteint alors son paroxysme et vous communique une bonne dose de bonne humeur pour le reste de la semaine… (Pour les photos, c’est ici)   

Setlist : « Honeymoon Bay », « Rusty Hammer », « Come Let Go », « The Mother », « Feet On The Grand », « Come People », « Fly Me High », « Storm Boy », « Messages », « Gather The Hands », « True Love », « Walk Away », « Bow Dawn », « Follow The Sun ».

Rappel : « Lioness Eyes », « Best That I Can », « Spirit Bird ».   

Janelle Monáe

Hanté par le petit Prince, mais pas de Saint-Exupéry…

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De son véritable nom Robinson, Monáe est née le 1er décembre 1985 à Kansas City. Son maître ? Feu Prince. Et elle le revendique ouvertement. Cette auteure-compositrice-interprète de soul américaine s’est construite un personnage ultrasophistiqué, entre androïde arty et sex symbol émancipé. Il suffit d’écouter « Make Me Feel », le tube de son dernier album, « Dirty Computer », sorti en avril, pour retrouver la patte du Kid de Minneapolis, qui aurait pu poser une ligne de basse, pour communiquer le groove à la compo. Et le clip (voir ici) ne fait que confirmer cette impression. En 2011, elle s’était produite à l’Orangerie du Botanique et dans le cadre du festival Couleur Café. Depuis, elle a acquis une nouvelle maturité, sans pour autant négliger ses revendications féministes.

L’AB est comble pour accueillir la diva dont on attend un show futuriste boosté par son sacré tempérament. Inévitablement, tout au long du spectacle, elle va proposer des extraits de son dernier opus.

Le rideau est tiré. Pour l’instant rien à voir, circulez ! Les lumières s’éteignent et les haut-parleurs crachent la B.O. du ‘Star Wars’, alors que les rideaux commencent à s’ouvrir. Deux figurants apportent une civière sur laquelle est couchée Janelle. Elle est immobile. Au bout de 5 bonnes minutes, tout le monde disparaît, alors que la musique de « Crazy, Classic, Life » retentit. La scène s’éclaire et on découvre un backing group essentiellement constitué de musicos féminines. Deux claviéristes (NDR : qui reproduisent également les sonorités de cuivres), une bassiste bien en chair, sans oublier les 4 danseuses. Mais aussi un drummer et un excellent gratteur, qui doit tout avoir appris de Slash. Le show est réglé comme du papier à musique. A l’américaine, si vous préférez. Sexy, les danseuses et Janelle remuent sensuellement leurs corps et surtout leurs popotins. A quatre niveaux, l’estrade –de couleur blanche– va les voir constamment monter ou descendre, suivant la chorégraphie à exécuter. Si les ballerines (?!?!?) ont enfilé des tops blancs et un shorty lilas affriolant, Janelle change de tenue tous les trois morceaux, optant pour le pantalon à damier noir et blanc, tout au long de « PYNHK ». Bien que la musique semble tour à tour influencée par Michael Jackson, Tina Turner, James Brown, Nile Rodgers et bien sûr Prince (NDR : en particulier « Prime time » et naturellement la cover de « Purple Rain »), Janelle Monáe affiche une palette vocale impressionnante qui va de la new soul au funk profond. Interactive, Janelle Monáe va galvaniser la foule, pendant deux heures. Une véritable bête de scène !

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

Death Grips

Malmener les sens sans pourtant parvenir à émouvoir...

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Une salle pleine à craquer –hormis les balcons latéraux et la tribune assise– attend le concert de Death Grips, une formation d’afro/punk annoncée comme très susceptible de plaire aux aficionados de Bad Brains, Ho99o9, Crass et Anti-Pop Consortium. L’auditoire est assez jeune et plutôt féminin pour accueillir ce crew de hip hop californien (NDR : il est issu de Sacramento) considéré, depuis début 2010, comme un hype dans l’univers de l’underground, tout en entretenant une forme de mysticisme. 

Pas de supporting act, mais une musique d’ambiance couverte progressivement par un bruit de fond qui atteint son sommet vers 20h30, horaire prévu pour le début du show. Pourtant, c’est le moment choisi par un roadie pour opérer le soundcheck des microphones. Drôle d’idée ? Pourquoi ne pas l’avoir réalisé en lieu et place de ce bourdonnement inopportun ? Il faudra même encore attendre un bon quart d’heure avant que le band ne débarque sur les planches.

« Beware », une longue plage de 5 minutes, prélude l’arrivée des musicos. Le line up implique Andy Morin, préposé aux machines, derrière laquelle il se place, Zach Hill, le drummer, installé en retrait –qui ôte rapidement son marcel, vu la chaleur ambiante– et le chanteur MC Ride. Torse nu, ce dernier va déblatérer, tout le set, des paroles gutturales complètement incompréhensibles, tout en arpentant l’estrade de long en large. Finalement, c’est le drummer qui sert de fil rouge. Pourtant, ses interventions sont sauvages, instinctives et tribales, mais remarquables et surtout bien organiques. Death Grips est venu défendre son sixième elpee, « Year Of The Snitch », mais n’en oublie pas pour autant les titres qui ont fait son succès. La setlist réunit 21 morceaux oscillant entre 2 et 3 minutes. Des compos qui baignent dans une forme de trip hop indus, stimulée par des percus afro/punk et toujours susceptibles, de virer à une forme plus expérimentale. Enfin, pas tellement, ce soir…

Les premiers rangs se balancent au rythme des percussions, comme s’ils étaient envoûtés par une forme de chamanisme. De nombreux spectateurs se lancent dans le crowdsurfing, qui déborde légèrement la sécurité alors que d’autres créent deux interminables round circles ; mais jamais la situation ne dégénère. Une situation qui semble plaire à MC Ride. Lorsque le band attaque le hit « Death Grips Is Online », multicolore, le light show nous en met plein les mirettes. Il en devient même aveuglant. Avant que le set ne reprenne son cours sur un même ton. Malmenant les sens sans pourtant parvenir à émouvoir... Après trois-quarts d’heure, votre serviteur en a vu et entendu assez. Il tire sa révérence, regrettant, en outre, que l’aspect noise/rock, plus jouissif, n’ait pas été suffisamment exploré…

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

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