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Dour festival 2024 : samedi 20 juillet Spécial

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Et de trois ! Troisième journée consécutive au festival de Dour !

Ce samedi 20 juillet ne fait pas exception à la règle ! Le soleil a définitivement posé ses valises. Il faut chaud ! Très chaud même ! Plus de 30 degrés ! Une fournaise ! Inutile de dire que la bière coule à flots !

Si les festivaliers affichaient un certain état de fraîcheur à leur arrivée sur le site, pas mal d’entre eux accusent aujourd’hui des corps fanés. Mascara et rouge aux lèvres ont perdu de leur éclat !

Au programme, des artistes plus accessibles pour le spectateur lambda. Ce qui explique pourquoi de nombreux quadras et quinquas ont décidé de franchir le pas, tandis que la jeunesse préfère rester cantonnée aux endroits dédiés à la techno, au drum&bass, au hip hop ou au rap, prédominant à Dour.

Sans perdre une minute, votre serviteur frappe à la porte de Jean-Paul Groove. Oui, vous avez bien lu ! Ne perdez pas votre temps en y cherchant une quelconque filiation avec l’acteur français, Jean-Paul Rouve, rendu populaire par le film « Podium ». Il n’y en a tout simplement pas !

Le combo baigne dans la musique électronique. L’intérêt ? Il ne la joue pas, il fait bien plus que ça, il la réinvente !

Nils Hilhorst, Denis Baeten et Jeremy Debuysschere ont suivi un cursus au conservatoire de jazz. De leur instrument organique, ils recréent les rythmes composés à la base par de la musique assistée par ordinateur. 

Inspiré par des artistes comme Prodigy ou Jojo Mayer, le trio est fier de présenter son nouveau-né, « Violent Party Music », un Ep cinq titres.

Le set se déroule dans ‘La petite maison dans la prairie’. Aucune trace de Charles Ingalls, sa femme Caroline, leurs trois filles Mary, Laura et Carrie ainsi que leur chien Jack !

Ces gaillards débordent d’énergie. Si le côté sonore est impressionnant, le show visuel l’est tout autant. Au mieux de sa forme, derrière ses fûts, Denis exécute de grands gestes, à l’image de certains Italiens.

Si le projet allie (forcément) groove, expérimentation et une combinaison millimétrée guitare/basse/batterie, l’esprit du live, entre punk et funk, le rend complètement sauvage. Aucun membre du band ne prend l’’ascendant sur l’autre, chacun trouvant sa place au sein de la formation. Sans doute que les nombreux effets y contribuent.

Cerise sur le gâteau, ces têtes brûlées jouent, semble-t-il, sans métronome. C’est spectaculaire et aussi fin qu’un string dans les fesses !

Jean-Paul Groove est à la musique électronique ce que Picasso est à la peinture. Il nous réserve une œuvre complexe, tout comme le jazz au sein duquel le combo a été bercé.

La main stage est prête à accueillir Puggy, un groupe belge réunissant le chanteur/guitariste Matthew Irons, le bassiste Romain Descampe et le batteur Egil ‘Ziggy’ Franzén.

Fondé en 2005 à Bruxelles, la formation propose une musique, fruit d’un mélange entre pop et rock acoustique, et le tout est teinté de légères mais remarquables influences latines.

Irons est loin d’être un inconnu. Il était membre du jury dans le télécrochet, ‘The Voice’, dans sa version belge.

La chaleur est telle que la seule petite zone d’ombre à front de scène est littéralement prise d’assaut. La plaine n’est pas encore bondée. Etrange pour un groupe qui jouit d’une telle notoriété !

Un calicot surplombe l’estrade, sur lequel est indiqué en grandes lettres ‘Puggy’ ; comme s’il était nécessaire de le rappeler.

Le chanteur est assez classieux, il porte une petite veste bleue et un t-shirt blanc, impeccablement repassés. Un bleu dominant pour célébrer la toute victoire récente du Mouvement Réformateur ?

La basse de Ziggy a bien bourlingué, elle porte sur elle l’usure du temps et des nombreux sets auxquels elle a dû faire face tout au long de ces années.

« Niver Give Up » ouvre les hostilités. Un titre de son nouvel Ep. De quoi mettre l’eau à la bouche. Alors que Matt cisèle les riffs, Romain frappe ses cordes avec acharnement, tandis que le troisième larron, veste en jeans sur le paletot, tambourine aussi fort qu’il le peut sur les nombreux fûts et cymbales dressés devant son corps raide comme un piquet. C’est énergique, c’est rock et c’est fun.

La furie gronde, le public s’exalte et très vite la sueur apparaît sur le front des musiciens.

Un climat grandiloquent envahit « To Wind The World », atmosphère amplifiée par les ivoires largement syncopés.

Irons troque sa gratte électrique pour sa semi-acoustique. C’est alors que « Lonely Town » prend son envol. Une compo aigre-douce, qui permet au chanteur de monter allègrement dans les aigus, tandis que le batteur s’amuse à jouer à contre-temps.

Matthew assène à qui veut bien l’entendre que le nouvel opus est cool. Et pour s’en convaincre, de même que ceux postés devant lui deux mètres plus bas, quoi de mieux que de proposer « Lost Child », une bien belle ballade aux accents nostalgiques. Et puisque Yseult manquait à l’appel, les deux musicos accompagnent le vocaliste dans un slow à l’unisson. Un moment suspendu, hors du temps.

Afin de garder le cap et l’attention des festivaliers (qui se sont soudainement pressés), « Last Day On Earth » permet aux percus de décoller, alors que les cordes de la basse sont mises à rude épreuve. Un morceau percutant, aux riffs singuliers et au solo tonitruant parfaitement maîtrisé par Irons lors du bridge, tandis que le batteur, perdant l’équilibre, manque de se prendre une gamelle. Le tout devant un parterre qui s’est arrêté net de jumper.

Après avoir fait le pitre, les zicos changent de registre. Matt reprend son rôle de préposé à la gratte semi-acoustique et entame, une seconde ballade dans une configuration atmosphérique. On se sent alors bercé par ce « How I Needed You ».

Un moment solennel ! La frontière entre l’estrade et la plaine disparaît au profit d’une communion où Dieu n’a d’égard que pour lui-même.

Plus construit, « Change The Colors » libère des sonorités pop/rock dansantes dignes de l’identité primaire du band. L’essai est convaincant dans son ensemble et si le mélange des couleurs est intéressant, gageons qu’elles ne s’estompent pas pour devenir tristement monochromes.

Le set prend doucement des allures de fin. « When You Know » constitue la pierre angulaire d’un show féérique, pugnace et solide comme un bloc de béton. Un titre qui permet de belles progressions au clavier, un solo de batterie comme jamais vu et une belle réciprocité entre un public réceptif et un groupe fédérateur.

Puggy a, une nouvelle fois, tenu ses promesses. Etendard de la scène belge, la formation qui détient les codes du succès, a proposé un set qui risque de résonner encore longtemps dans la tête des aficionados, la période du festival passée ! Une ode à la perfection ! La quintessence musicale !

Puggy marque Dour se son empreinte et s’inscrit décidément bien dans une puissante mouvance directionnelle

Petit crochet par le ‘Garage’, les déjantés de Gurriers vont y entamer leur show. Une belle surprise !

Une constatation, ils sont jeunes et bruyants. Dès les premières notes, les guitares vrombissent, la basse claque de manière syncopée et la caisse claire foudroie les tympans. Du rock, du vrai, enfin ! Des couilles, quoi !

Filiformes, les gars sont torses-nus, hormis le chanteur qui a conservé sa chemise bariolée à la Thomas Magnum (personnage célèbre de la série télévisée éponyme). Le bassiste porte une petite moustache qui lui confère un look très british.

Gurriers et guerriers, même combat ! Sur les planches, ils sont proches de l’affrontement. Une chose est sûre, ils sont turbulents. Les sonorités s’entrechoquent, fusent, éclatent. Ça gueule, ça fouette et ça fout une putain d’ambiance de feu.

Récemment encensé par ses compatriotes de Fontaines D.C, la formation livre un post punk au cours duquel les riffs déjantés sont légion.

Parfois, de légères oscillations parasites se manifestent par un sifflement. Elles appartiennent au concept hostile et foutraque de l’expression sonore. Si les compos abordent pour thèmes la violence et sa banalisation par les médias, le band les explore dans une légèreté qui sent bon l’été.

Malgré sa musique singulière et ses mélodies brutes, Gurriers se distingue par sa bestialité bon enfant. Dans le public, ça pogote. Les chopes se télescopent, la bière se déverse à chaque mouvement du corps, le tout dans une odeur de pisse insupportable.

La scène dublinoise est à nouveau en pleine effervescence. Et le jeune quintet marche allègrement sur les traces de Sprints, Basht., Melts, A Burial At Sea, Fears, Fontaine DC, Gilla Band, Inhaler, Murder Capital, Silverbacks et bien d’autres encore…

Zaho De Sagazan est de retour après avoir bercé les festivaliers du LaSemo une semaine plus tôt. Et le défi est de taille car si l’artiste avait été accueillie favorablement, le festival de Dour est un autre terrain de jeu, plus brut, plus amer et plus pugnace. 

Nombreux groupes ont, dans le passé, dû supporter les invectives et les jets d’objets les plus insolites, à l’instar de Patrick Juvet, BB Brunes ou encore Jo Lemaire dans les plus jeunes années du festival. Car ici, on aime ou on n’aime pas. Et quand on n’aime pas, c’est ‘straight to the point’. Ingratitude, quand tu nous tiens…

L’estrade est parsemée d’un tas d’instruments électroniques. Au vu de l’odeur nauséabonde qui règne ici, votre serviteur se plante à un endroit stratégique lui permettant de respirer par le nez ; la bouche ouverte, c’est pratique, mais la peur de gober une mouche est grande. L’intelligence au profit du pratique !

Zaho de Sagazan, est une auteure-compositrice-interprète et musicienne française. En mars 2023, elle publie son premier album, « La Symphonie des éclairs », et se forge rapidement une belle en notoriété.

En février 2024, elle est nommée dans cinq catégories de la 39ème cérémonie des Victoires de la musique, et elle remporte quatre prix, dont ceux de la chanson originale et de l'album de l’année.

Elle commence à diffuser des vidéos sur Instagram dès 2015. Elle s’y met en scène pour interpréter de nombreuses reprises et quelques compositions originales. En 2016, pour sa toute première scène, elle interprète « La Bonne Étoile » de -M- au théâtre Simone Veil de Saint-Nazaire lors du Concert Salade des ‘Irréductibles’ du lycée Aristide-Briand, auquel elle participera jusqu'en 2019

Le chapiteau est plein à craquer. Un bon signe !

Son curriculum vitae fait apparaître une participation dans l’émission de téléréalité ‘The Voice’. Décidément, ce show cathodique est une machine à tubes. On y fabrique des artistes comme des petits pains. Et pas toujours de qualité, malheureusement !

« Dis-Moi Que Tu M’aimes » met immédiatement un terme à ces doutes. Elle se confie, dans un français précis, sur ses désirs amoureux, appuyé par des oscillations aériennes et cosmiques, alors que les arrangements soignés, embrassent ci et là une onde électronique. La tristesse qui se dessine sur son visage décrit mieux que les mots, le spleen qui la transperce de part en part.

Alors qu’elle n’affiche que 24 ans, la jeune dame s’épanche lourdement, mais sobrement et efficacement, sur ses 10 ans de dépendance au cannabis dans « Aspiration », une chanson à texte dominée par l’électro, mais consolidée par les interventions de Rémy, Tom, Simon et Greg, plus que ses musiciens, ses amis, comme elle aime à le souligner.

Généreuse à souhait, elle invite les uns et les autres à prêter une oreille attentive à « Le Dernier Des Voyages », une nouvelle compo, sans doute annonciatrice de quelque chose de bien plus concret.

La demoiselle déclame sa poésie frénétique par des mots simples, mais qui ne sonnent jamais creux. Elle transforme sa fragilité en force tranquille et se démarque en imposant une version moderne de la ‘nouvelle’ chanson française. Elle dit n’avoir jamais connu l’amour véritable tout en étant tombée amoureuse d’un gars qu’elle n’a jamais vu. Démêler le vrai du faux serait incongru et sans intérêt. Autant se laisser bercer par le joli conte de fée dressé par « Mon Inconnu », et enchaîner par « Je Rêve », une composition qui chantée une fois, sera serinée inlassablement, dans l’hilarité générale.

Sagazan chante l'amour, parce que les chansons sont faites avant tout pour cela. Il est universel et dépasse les frontières. Depuis toujours, ce sentiment impalpable, incolore et inodore, accompagne les hommes et les femmes. Son piano l’exorcise de ses démons sur « Tristesse ».

Sa poésie est délicate, les mots sont doux. Elle est fragile et timide à la fois, mais, à travers son répertoire, elle démontre qu’elle sait ce qu’elle veut.

Elle entraîne l’auditoire, dans son univers feutré, lentement, progressivement. La foule écoute et savoure, religieusement. Et lorsque « La Symphonie Des Eclairs » retentit (premier album studio de la chanteuse), c’est l’explosion ! Son interprétation grave lui confère quelque chose de théâtral. Le public devient acteur et spectateur. Il vénère l’artiste comme un Dieu.

Et quand la tempête s’apaise, l’orage prend le relais et gronde tout au long de « Ne Te regarde Pas », une compo où l’électronique reprend le contrôle d’un spectacle éclair. Une heure de show, c’est largement insuffisant pour un spectacle de cette ampleur.

Alors que la tentation de tourner les talons et de retrouver les coulisses est grande, Zaho s’émancipe en osant une reprise exceptionnelle et personnelle d’un titre du regretté David Bowie, « Modern Love ».

L’artiste a évidemment mis le feu. Elle est acclamée par les milliers de spectateurs qui se sont rassemblés au sein de cet espace confiné.

Le set prend fin par une danse de sioux, lors d’une improvisation totale. ZdS y invite tous ceux qui l’entourent. Autant dire que rarement une fin de concert aura été si joyeuse !

Elle quitte tristement ses invités, tout en précisant que Dour est le meilleur festival au monde. En tout cas, si ce n’est le meilleur, il figure parmi les plus insolites.

Et de crier une dernière fois le Douuuurrrreeeuuuuuuuhhhhhh repris par le public en cœur.

Une avant-dernière journée placée sous le signe de la bonne humeur et de la découverte. La météo, que l’on avant annoncée capricieuse, est restée clémente ; et la chaleur a réchauffé les corps autant que les cœurs.

Est-ce que le 21 juillet, devenu proverbial pour sa drache nationale, fera exception ? Wait and see. A demain !

(Organisation : Dour festival)

 

 

 

 

 

 

 

Informations supplémentaires

  • Date: 2024-07-19
  • Festival Name: Dour festival
  • Festival Place: Parc éolien
  • Festival City: Dour
  • Rating: 8
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