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Dernier concert - festival

Les Gens d’Ere 2024 : samedi 27 juillet Spécial

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Si les nuages se sont pressés en masse, cette journée de samedi est climatiquement acceptable ! Il fait assez doux, même si la fraîcheur causée par le vent du Nord vient atténuer cette sensation de connaître enfin l’été, en 2024. Vivre en Belgique demande quand même une fameuse faculté d’adaptation !

Les Gens d’Ere, contrairement à pas mal de ses homologues, ne prolongent pas les festivités jusqu’au bout de la nuit. Dès lors, les stigmates de la veille sont à peine visibles, et le visage des festivaliers accuse si peu la fatigue. A peine, y distingue-t-on les cernes.

Le menu du jour recèle des artistes confirmés, certes, mais également des artistes de second plan destinés surtout aux plus jeunes, voire très jeunes au vu du nombre de têtes blondes qui peuplent le site, aujourd’hui.

Alors que votre serviteur arrive tambour battant, tel un soldat partant pour la guerre, le set de Doowy s’achève. Pas le cuisiniste notoire pour son accent à couper au couteau, mais Thibaud Demey (à l’état-civil), un ex-musicien de Lost Frequencies et Mustii.

Malheureusement, les dernières notes résonnent au moment de se planter devant le podium et, par conséquent, impossible d’émettre un avis quelconque à propos de sa prestation.

Autant se rendre sous la tente pour y (re)découvrir Alice On The Roof.

Remarquée à The Voice Belgium, où elle atteint la demi-finale, Alice On The Roof peut se targuer d’être devenue une artiste à part entière.

Drivée en son temps par Marc Pinilla, le charmeur du groupe Suarez, la belle a réussi à imposer un style qui n’appartient qu’à elle, notamment grâce à « Easy Come Easy Go », un titre issu d’un premier opus baptisé « Higher », largement diffusé sur les ondes noir-jaune-rouge. Une fierté nationale !

L’évidente qualité de cette composition, mais d’un autre temps, lui permet de récolter une critique médiatique et populaire unanimes, bien utiles pour (s’) expérimenter et acquérir un crédit scénique.

Un piano couleur alu trône au milieu de l’estrade. Vêtue d’une robe pailletée et coiffée de cheveux d’un vieux rose dégoûtant, elle pose son séant devant cet imposant instrument en entame un « Mistery Light » doux comme un crâne chauve. Puis, très vite, des beats électroniques viennent rompre ce moment hors du temps. Le tempo s’accélère et la petite se laisse emporter au sein d’un univers emprunté à la Tim Burton. Parce que du mystère, Alice sait s’en entourer !

Alors qu’il y a quelques années, elle avait assuré aux Les Gens d’Ere un concert en formule groupe, elle se produit aujourd’hui, seule, comme une grande, dans le cadre de sa tournée ‘The Girl in the Mirror Tour’. Un choix assumé, dit-elle ! Enfin pas vraiment, puisqu’un préposé se charge des percussions sur l’une ou l’autre de ses compositions.

Difficile d’occuper l’espace scénique lorsque tous les musiciens sont aux abonnés absents ! Et pourtant, la demoiselle y parvient fort bien. Elle est soutenue par une loop machine qui produit des boucles. Un coup, j’te mets une batterie, un coup, j’te mets une note de synthé, et hop, le tour est joué. Alice est devenue à la chanson ce que Garcimore était à la magie.

Une formule, en tout cas, qui lui permet de faire découvrir une chanson récemment sortie, « Change my world », soit un avant-goût d’un futur elpee. Et afin d’illustrer le propos, des écrans diffusent de manière sporadique des saynètes. Au cours de l’une d’entre elles, une main place des objets dans une maisonnette. Bizarre non ?

Une compo qui confirme que la Sonégienne a acquis de la maturité.

L’humour (un peu facile) est devenu une nouvelle qualité chez celle qui était encore une grande timide il y a peu de temps, lorsqu’elle évoque Brad Pitt et ses origines wallonnes, référence aux critiques formulées à l’encontre de Georges-Louis Bouchez lors de la pose qu’il a prise avec l’acteur américain sur le circuit de Spa-Francorchamps.

Plus qu’une suite de chansons, on assiste à une véritable mise en scène au cours de laquelle une Alice versus ‘2.0’ s’émancipe enfin et se livre sans concession dans un exercice de style qui lui va comme un gant.

Sa voix éthérée et candide se pose ensuite pudiquement sur « Easy come easy go », un titre phénomène alors qu’elle n’a que 21 ans. Un son électro/pop qui a fait craquer les aficionados. Sa plume incisive, joviale et sautillante souligne des images en filigrane entre Alice et son lapin blanc, deux personnages qui nous emmènent tout droit aux pays des merveilles.

S’accordant une pause bien méritée, elle regagne les coulisses. C’est alors qu’on la voit, muette, brandir de grandes pancartes sur lesquelles des messages défilent… du style : ‘Que boit la vache ?’ ou encore ‘Imitez le bruit d’un animal svp’. Alors que le public se transforme soudainement en troupeau, Alice revêtue d’un accoutrement de fermière, conduit le bétail vers une nouvelle compo dont le refrain est apparemment d’une complaisance déconcertante (‘TOU TOU TOU, TOU TOU TOU’). Facile et mièvre ? Pas du tout, l’artiste installe une forme de communication d’une intelligence subtile !

Alors que le set prend fin, ‘Alice sur le toit’ surprend le public qui est littéralement médusé. Hybride, cette chanson est interprétée entre le français et un parfait anglais. Une manière pudique de comprendre également l’origine de son patronyme.

Avant de prendre définitivement congé de ses invités, elle demande aux milliers de personnes qui assistent à son set quelle est la meilleure bière locale. La Paix Dieu se dégage. Et vous savez quoi ? Si on en boit 50, on tombe « Malade », une manière futile et insidieuse d’annoncer ce titre incontournable issu d’un deuxième elpee éponyme. Une fable faussement réservée, mais autobiographique, écrite à quatre mains avec Vianney, et dans laquelle elle clame à qui veut l’entendre, et dans la langue de Voltaire s’il vous plait, que ‘ma maladie, c’est tout simplement d’être moi !’. De quoi devenir schizophrène…

Bref, on a assisté à un show dynamique, surprenant et aux antipodes de ce à quoi l’on pouvait s’attendre.

Et dire que tout a commencé lorsque Alice est partie recommencer sa rhéto à Brookings, en Oregon. Un déclic déterminant pour la jeune fille de 17 ans à l'époque car elle a participé à une chorale : les 'Sea Breeze'. Et ce sont ces mêmes personnes qui lui ont donné envie d'exploiter cette voix qu'ils adoraient.

A défaut de marcher sur le toit, l’artiste a fait grimper l’auditoire vers des cieux animés, à l’aide d’une palette de chansons colorées, subtiles et efficaces. Surprenantes même ! De la chrysalide, cette ‘Dame’ s’est transformée en papillon !

Le concert de Black M. accuse facilement trente minutes de retard. Paraît qu’Alpha Diallo et tout son team ont été bloqués à Paris alors que les Jeux Olympiques battent leur plein. C’est même la Police locale tournaisienne qui a dû les escorter pour leur permettre d’arriver plus rapidement. Des artistes qui pourront se targuer d’avoir vécu une journée… légendaire !

Le gars se pointe, accompagné de deux choristes féminines. Deux blacks. L’une porte une tenue serrante laissant entrevoir ses bourrelets, tandis que l’autre a emprunté la coiffure de Princesse Leia.

Appuyé par la basse, la batterie et la guitare, l’artiste fonce droit dans le mur. « Sur ma route » est repris en chœur par sa fan base, soit de très jeunes enfants (entre 5 et 10 ans).

Deux ou trois chansons suffiront à votre serviteur qui préfère prendre ses jambes à son cou et poursuivre… son chemin vers le temple qui accueille Santa.

Une habituée des lieux, à la différence près qu’ici elle ne campe pas avec Hyphen Hyphen. Et cerise sur le gâteau, c’est la première fois qu’elle va chanter ses propres chansons en Belgique !

A moins d’avoir passé ces derniers mois sur une île déserte, personne n’a pu échapper au succès fulgurant (presque inattendu) de Samantha Cotta (NDR : c’est son vrai nom !)

Après nous avoir bercé de sa douce ballade en mode piano-voix sur « Popcorn salé », une compo écrite dans l’urgence, presque par égarement, qui paraîtra sous l’impulsion et les encouragements de ses comparses Laura Christin, alias Line (basse, percussions), et Romain Adamo, aka Adam (guitare, synthé), la jeune dame s’émancipe et grave un premier album sobrement intitulé « Recommence-moi ».

Alors que la pop anglophone constituait jusqu’à présent sa ligne directrice, notamment au travers d’HH, la Niçoise prend un virage à 180 degrés en réalisant un très réussi premier essai solo, chanté dans la langue de Voltaire.

Toute de noire vêtue (NDR : enfin presque !), elle est chaussée de godasses brillantes et a enfilé un perfecto sur lequel est floqué ‘Santa’ en rouge pétant. Soutenue par un batteur au drumming corrosif et une bassiste qui n’est autre que Line (sa meilleure amie), elle débarque en tenant un fumigène qui lui brûle les doigts.

Elle est heureuse de se retrouver parmi les siens, car elle vient de se faire adopter par la Belgique. Elle compte se jeter aujourd’hui à corps perdu dans un univers où règnent l’intime, la retenue et la douceur.

Multi-instrumentiste, elle alterne piano et guitare, ses deux instruments de prédilection, qui viennent soutenir sa voix puissante. Qu’elle met parfaitement en exergue sur « Eva », une magnifique chanson qui s’impose sur fond d’appel à la résilience. Des cris d’amour fusent. Comme elle ne parvient pas à cerner leur origine, elle les rend, mais en plus fort encore.

Un concert ponctué de surprises ! A commencer par « Les larmes ne coulent pas », qui a bénéficié, lors des sessions d’enregistrement, de la complicité de Christophe Willem, un artiste devenu aujourd’hui son ami. Il s’invite le temps d’une chanson, entre simplicité et fausse grandiloquence, lors d’un duo uni par des larmes amères. Mais n’y a-t-il pas larmes plus amères que celles qui ne coulent pas ? Quoiqu’il en soit, elle finit ce titre, le sourire et le regard sereins, debout sur les retours posés à front de scène.

Afin de reprendre son souffle, Line, armée d’une sèche, pose ses fesses sur le grand piano noir qui domine et entame un « Paradis » sulfureux pour ceux qui sont partis juste au-dessus du soleil. Une chanson qui exploite au mieux l’univers intrinsèque et le champ lexical de la jeune dame.

Fidèle à son style unique et son spectre lyrique hors du commun, Santa se regarde dans le miroir avec introspection pendant ses « Popcorn salé » et le désir de recommencer son histoire, à l’instar d’une césure sur le temps. Entre ambition, espièglerie et qualité rare, l’artiste s’était essayée au métier de cascadeuse en interprétant ce premier titre, perchée à plus de 40 mètres de haut ! C'était à Bruxelles, sur la place de la Bourse. Un « Popcorn salé » à son apogée, en quelque sorte !

Aux crashs, un petit garçon pleure, Santa ne peut résister à le consoler. Il s’appelle Martin. Elle l’invite sur scène à terminer, en duo, cette sublime chanson. Alors qu’il n’a que 5 ans, ce petit bout de chou connaît parfaitement les paroles et focalise donc les regards du public, devenant même le centre de tout, au détriment amusé de la Reine du jour.

Et puis, dans une parfaite communion, les milliers de festivaliers se transforment en une chorale parfaitement synchronisée, pour chantonner un joyeux anniversaire à ce gentil mioche. Une date qui restera gravée dans sa mémoire...

Alors que les musiciens se retirent en backstage, la grande Dame tente un mashup (ou potpourri). Pour la circonstance, elle associe le « Paradis blanc » de Michel Berger et Désenchantée de « Mylène Farmer ».

Puis ses fidèles comparses reviennent sur l’estrade. Santa s’interroge sur « Mais où le temps s’en va », une compo où les mots et les mélodies s’embrassent tendrement dans un tourbillon émotionnel et onirique d’une intensité rare.

Le concert touche à sa fin. L’artiste met l’accent sur « La différence », ersatz de manifeste sur le bien vivre ensemble avec, en filigrane, cet espoir latent de tolérance, d’insouciance et de communion.

Au cours de son show, certaines sonorités pop/rock contemporaines ont rappelé celles qui ont fait les beaux jours de la formation au sein de laquelle elle milite toujours.

Alors qu’elle s’apprête à s’éclipser, elle change d’avis et descend dans l’arène tel un gladiateur, pour un dernier combat. Mais ici, pas question d’épée ; elle, son truc, c’est le partage et la générosité ! Elle s’amuse au jeu du ‘hug’. Des câlins sont posés délicatement à une poignée de chanceux. Un moment suspendu et hors du temps !

Dans l’univers de la chanson française, Santa peut être considérée comme une grande artiste. Et en interprétant « Recommence-moi » en guise de ‘Happy end’, elle démontre qu’elle mérite amplement cette distinction. 

Sur la scène extérieure, Louane débarque en mini-short, bas noirs et petit top. Il en faut du courage pour se promener quasi-nue alors que le froid vient de tomber en terre tournaisienne.

La majorité de l’auditoire réunit des familles : parents, enfants –souvent très jeunes– et même grands-parents. L’artiste ratisse large. Mais la fosse est pleine. A défaut de rien…

Elle est seule sur le podium, elle aussi (décidément !) s’est plantée devant une kyrielle de machines destinées à la soutenir ce soir.

Elle a été révélée lors de la seconde saison de ‘The Voice’. Actrice à ses heures perdues, c'est surtout son rôle dans ‘La famille Bélier’, pour lequel elle a remporté un César, qui lui a permis d'obtenir cette reconnaissance médiatique.

Elle entame son tour de chant par « Donne-moi ton cœur », un cri de détresse chargé d'émotion. Mais en alignant des morceaux comme « A quoi tu penses ? », « Nos secrets » ou encore « Aimer à mort », l’un de ses plus gros succès, le répertoire devient gnangnan et pompeux.

Hormis la fan base qui voit en Louane la déesse de la nouvelle chanson française, ses chansonnettes à deux balles ne prennent qu'un essor tout relatif dans les ‘portugaises’ de votre serviteur. C'est niais et ennuyeux à s'en décrocher la mâchoire. C’est tellement casse-* (à vous de choisir le terme complémentaire) qu’il entend les poils de sa barbe pousser ! Dommage !

Mais, pour que la critique soit objective, il est nécessaire qu’il suive le concert jusqu’à son terme (ou presque). C'est donc en manifestant un certain enthousiasme (?!?!?) qu’il se mue en parfait spectateur. Mais, rien n’y fait ! C’est artistiquement pauvre et musicalement au ras des pâquerettes. Et que dire des thématiques, dignes d’une ado prépubère ?

Elle embraie par son tube « Jour 1 » dont le refrain est repris par une bonne partie de la foule. Qui semble ravie, voire heureuse...

Manifestement, Louane prend du plaisir et entraîne la foule dans son show infantile. Tant mieux pour elle !

Le rideau tombe, la nuit s’est emparée des lieux. Henri PFR s’apprête à livrer un set qui va s’avérer, comme souvent, de bonne fracture, entre musique électronique et prouesses pyrotechniques.

Surnommé ‘le petit prince des platines’, il s’est imposé comme la nouvelle sensation de la scène électro made in Belgium. Mais pas seulement, puisque son talent s’exporte à l'international. Aujourd'hui, il se produit dans de grands festivals, depuis Tomorrowland, en passant par l'Ultra Music, Lollapalooza et même Electroland, à Disneyland. Bref, le Belge est devenu un fameux bourlingueur.

Aux Légendes d'Ere, l'artiste tient ses promesses. Un show dynamique et sans concession où la seule constante est la flexibilité de son matériel.

Entre ‘beatmatching’, ‘drop’ ou encore ‘cue’ (des termes propres à ce genre musical), survitaminé, celui qui se produit au-delà des frontières, se livre dans un set propice à la furie sidérale. Aucun doute, Mister Peiffer est à nouveau le king ce soir en s'imposant non pas comme nouvelle sensation, mais en talent confirmé.

Bien sûr, les nightclubbers s’éclatent alors que les autres tendent une oreille plus ou moins distraite au Djset de l’artiste.

La fatigue commence à gagner les organismes, les effets de l’alcool se manifestent, les paupières tombent. Votre serviteur estime qu’il est plus sage de regagner ses pénates. A demain !

(Organisation : Les gens d’Ere)

Informations supplémentaires

  • Date: 2024-07-26
  • Festival Name: Les Gens d’Ere
  • Festival Place: Rue de Longuesault
  • Festival City: Tournai
  • Rating: 8
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