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Les Gens d’Ere 2024 : dimanche 28 juillet Spécial

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Incroyable ! Il fait chaud ! Trop selon certains !

Si la veille, le festival a atteint sa capacité maximale de 10 000 personnes, aujourd’hui, on peut facilement déambuler sans devoir jouer des coudes.

Cette dernière journée fait la part belle à des artistes de qualité, mais dont l’orientation est davantage rock.

Lorsque votre serviteur se plante devant l’estrade du chapiteau, le début de concert de Doria D est imminent.

Elle est accompagnée d'un drummer, d'une jolie dame brune au clavier, et d’un bassiste un peu grassouillet.

Sa carrière musicale ressemble à un conte de fées. Alors qu’elle vient juste de souffler ses 16 printemps, la jeune fille, armée de sa gratte électrique, écume les bars. Elle signe dans la foulée chez le label G-major ; et puis, en 2021, grave un premier Ep réussi, baptisa « Dépendance ». Depuis, son succès est en progression constante.

Elle est venue présenter son dernier format intitulé « Je cherche encore… » Mais que le festivalier lambda se rassure, elle livrera des titres plus anciens pour le bonheur de la fan base, à l’instar de « Hors tempo », une chanson qui met en exergue une voix rauque et envoûtante, cousine lointaine d’une certaine RORI, surtout lorsqu’on perçoit ce léger voile dans la tessiture.

Entre amour-passion et amour-raison, elle assène à qui veut l’entendre des « Coups et bisous », afin d’évacuer la « Colère » qui sommeille en elle, préférant cette solution à la frustration dont elle a manifestement gardé des traces. Doria D est une artiste torturée, qui, grâce l’écriture de chansons aigres-douces, capture l’instant pour en faire surgir une matière subtile.

La dame communique énormément avec son public, comme lors de ce surprenant « Nanana » où elle invite les milliers d’aficionados à reprendre le gimmick ‘Nananana nananana’ ou encore ‘Nan nan nan’. Un exercice inscrit dans une complexité relative.

Mais c'est à travers sa reprise de l’emblématique « Jeune et con » de Damien Saez qu'elle se hisse comme véritable porte-drapeau de toute une génération. Sa gratte électrique en bandoulière, elle frappe les cordes avec une sensibilité à fleur de peau. Passant de femme à enfant, la demoiselle prend un plaisir fou, comme un gosse à la Saint-Nicolas. Un morceau qui lui ressemble !

Inspirée par Billie Eilish, Lana Del Rey, mais aussi des rappeurs francophones comme Nekfeu et Lomepal, Miss Dupont propose des sonorités french pop modernes qui s’inscrivent dans l'air du temps, le tout dans un style et une décontraction apparente. Grâce à un sens mélodique et des textes percutants, l’artiste marque les esprits.

Alors que la demoiselle s’épanche sur sa « Dépendance », un texte qui traite d’une relation toxique, elle invite le temps d’une chanson Aprile, dissimulé jusqu’alors en backstage, pour attaquer un « Volcan » diabolique et aux accents électro-pop, inspiré du vécu des deux larrons. Un morceau quasi-autobiographique lui aussi.

Ecorchée vive, Doria D est une artiste qui, à l’aide de textes simples et des sonorités contemporaines sacrément dansantes, est parvenue à conquérir une bonne frange de l’auditoire. Que du bonheur !

Il est de temps de prendre un peu d’air en compagnie des légendaires (NDR : décidément !) Matmatah.

Sobres et élégants, les musiciens, tous habillés de noir, grimpent sur les planches en vainqueurs. Le line up implique Tristan Nihouarn (chant, guitares, harmonica, oud, claviers, flûtes), Éric Digaire (basse, chant, guitare, piano), Benoît ‘Scholl’ Fournier (batterie, percussions), Julien Carton (claviers, chant) et Léopold « Léo » Riou (guitare électrique, chant). Cinq gars au caractère bien trempé, bien décidés à en découdre ! On dirait les Men in black. Manque plus que les lunettes !

Ça y est, « Nous y sommes », un titre issu de « Plates Coutures », disque gravé en 2017, ouvre les hostilités. Une seule compo et ces drôles de types semblent déjà faire l’unanimité auprès du public qui s’est rué en masse contre les barrières, alors que le soleil tape comme un sourd. Les guitares s’envolent, le batteur martèle les peaux et cette basse d’une puissance inouïe défonce littéralement les tympans. Putain, enfin un groupe qui en a dans le froc !

Pas le temps de se reposer que déjà « Le rhume des foins » (une chanson de saison !) embraie. Le public les acclame chaleureusement et le front stage est envahi par une bande de fous furieux. Ça sautille, ça virevolte et ça beugle comme des veaux.

Originaire de Brest, en Bretagne, cette formation hexagonale de folk/rock s’est constituée dès 1995. Elle implique Nihouarn (Stan) et Floc'h (Sammy), très vite rejoints par le bassiste Éric Digaire et le batteur Fañch. Enfin, son patronyme se réfère au village troglodytique tunisien du même nom, mais orthographié Matmata.

Jusqu’en 2008, date de sa séparation, le combo breton a rencontré un succès certain. Il s’est reformé en 2018. Néanmoins, Emmanuel Baroux, guitariste originel, a cédé le relais à Léopold Riou (un tout jeune qui a le feu au cul), à la suite de querelles internes. Et c’est un euphémisme !

Le band est venu défendre son dernier né, « Miscellanées bissextiles ». Un opus qui date quand même puisqu’il est paru l’année dernière. Mais qui vient de réapparaître sous une forme ‘Deluxe’. Le luxe quoi !

Tout au long de « La fille au chat noir », le groupe se sert de codes bien celtiques. Riou assure le spectacle à lui tout seul, en vrai showman. Il est complètement barge, court sans cesse d’un bout à l’autre de la scène. Son visage emprunte étrangement des grimaces simulant l’orgasme sexuel. Son front ruisselle, la sueur perle, mais quoi qu’il advienne, il prend sur lui et assène de ses cinq doigts de la main droite des coups violents sur les cordes de sa gratte, son terrain de jeu préféré.

Les morceaux s’enchaînent. Hormis Léo, les autres membres du groupe assurent peu d’interaction avec le public. A vrai dire, ce dernier s’en fout royalement. Il est uniquement là pour s’amuser et très franchement l’objectif est atteint !

Après une salve de titres ‘punchys’, « Emma » s’immisce, dans une version piano/guitare/voix, emportant le public vers des cieux oniriques. Puis, un joli hommage à la ville de Brest est rendu à travers « Brest-Même » qui permet au guitariste foldingue de prendre la pose sur les marches promptement installées entre la crash et l’estrade.

Alors que les morceaux s’enchaînent à vive allure, les Bretons livrent un « Lambé An Dro » magistral, rappelant les paysages magnifiques et variés de la Bretagne, allant des côtes rocheuses aux plages de sable fin.

Matmatah a livré un concert d’une qualité exceptionnelle. Un grand moment, presque d’anthologie !

Alors que les aficionados sont en pleine effervescence, ébahis par le spectacle grandiose auquel ils viennent d’assister, les lascars reviennent, enfourchent leur instrument, comme le cycliste sur sa bécane et vlan, « Sushi bar », tranche de rock celtique, est jetée en pâture. Malgré la fatigue, le public bondit (enfin, une bonne dizaine de rangées face au podium) et chante, même.

Après « L’apologie », un morceau caractérisé par ses solos de batterie tonitruants, « Les moutons » font face au loup. Une dernière compo qui ponctue une prestation remarquable.

Matmatah vient d’accorder l’un des concerts les plus percutants de ce festival. Preuve de leur ouverture d’esprit, alors que dans une très grosse majorité des cas, les photographes ne peuvent accéder au crash que durant les trois premières photos, ici, c’est à partir de la quatrième que les professionnels peuvent immortaliser les moments les plus intenses.

Léopold, profite des acclamations, pour agiter une dernière fois sa guitare couleur alu en guise de trophée ; une récompense qu’il aura bien méritée.

Sous la tente, le concert de Deluxe va bientôt débuter. Il s’agit d’un groupe français originaire d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. Libérant pas mal de groove, sa musique véhicule des accents hip-hop, soul, funk et jazz.

Sur les planches, une énorme toile rouge s’impose. Il y est dessiné une énorme moustache. Bizarre, le clavier arbore, lui aussi, ce signe distinctif. Et vous savez quoi ? Lorsque les musiciens montert sur le podium, eux aussi arborent fièrement la moustache. Seule la chanteuse n’en possède pas ! Quoiqu’on devine un petit duvet sous…

Dès les premiers titres, l’expression sonore baigne dans un climat kitsch. Trop is te veel ! Au bout de quelques minutes, votre serviteur préfère s’éclipser afin de se dénicher une place idéale pour assister au concert de Kyo.

Pas mal de fans ont enfilé des t-shirts à l’effigie du band.

C’est pendant leur scolarité dans un collège des Yvelines, en Ile-de-France, que Nicolas Chassagne, Benoît Poher et les frères Fabien et Florian Dubos se rencontrent et décident de fonder Kyo, une appellation qui s’inspire des mangas japonais et de jeux vidéo.

Le quatuor sort un premier LP en 1999, « Pour toi ». Le succès n’est pas au rendez-vous. C’est grâce au second, paru en 2003 et intitulé « Le Chemin » –dont le titre éponyme, partagé en duo en compagnie de la chanteuse néerlandaise Sita– qu’il finira par s’imposer. Afin de fêter dignement ses 20 années d’existence musicale, le combo a décidé de rééditer ce disque en y ajoutant des bonus. On y retrouve, certes leurs succès, mais aussi des duos iconoclastes.

Changement de line up quand même, puisque Jocelyn Moze, est désormais préposé aux fûts, ce qui apporte une nouvelle dimension aux compostions.

Alors que des images projetées les montrent lorsqu’ils étaient jeunes, les musicos font leur apparition. Premier constat, ils accusent le poids des années : quelques rides, des cheveux ‘poivre et sel’ et des boucs aux poils hirsutes. Même les dreadlocks de Florian Dubos ont disparu pour faire place à une coiffure davantage dans l’air du temps. Certains parleront d’un cap qu’ils viennent de passer, d’autres de maturité.

C’est donc par le titre de la tournée que le généreux chevalier Poher entame son tour de chant. Une chanson autrefois interprétée en compagnie de Sita et plus récemment par Stéphane, mononyme d'une auteure-compositrice-interprète suisse. Un titre qui mènera le combo… dans la bonne direction !

Bien entendu, la fan base reprend en chœur ce refrain d’une composition devenue mythique et qui a su traverser les âges et les époques.

« Je cours », morceau racontant le destin d'un adolescent, rejeté de tous, qui cherche le bonheur malgré lui dans un univers ténébreux, exerce un retentissement profond. Musicalement, mais aussi parce que le sujet est malheureusement toujours d’actualité.

Alors que la tournade Kyo s’abat sur Ere, à l’instar de « Tout envoyer en l’air », « Chaque secondes » et « Je saigne encore », « Sarah », dans un registre aussi sombre, sur fond de violence familiale, de maltraitance et d'alcoolisme, vient apaiser les esprits, mais confortent les certitudes : Kyo est taillé pour le live. Une compo sur laquelle Benoît pose son grain de voix délicat et éthéré, armé d’une sèche. C’est alors que des milliers de smartphones s’illuminent à des dizaines de mètres à la ronde.

La dynamique se poursuit lorsque Dubos se charge, épisodiquement des vocaux, sous le regard attendrissant de Benoît qui, lui, préfère rester en retrait et épauler sn ami à la guitare acoustique.

Le spectacle est tellement foufou que le chanteur ôte sa veste pour laisser apparaître un marcel flambant neuf ; le vêtement idéal pour faire craquer les filles.

Si la recette de Kyo repose avant tout sur des textes introspectifs et des accords passe-partout, elle n’en demeure pas moins efficace. Une bande son moderne comme sur ce spectaculaire « Contact », titre d’ouverture de « 300 lésions »

Tandis que les sixcordes s'électrisent, le groupe jette un regard oblique et incisif sur la société ainsi que l'industrie musicale à travers des « Poupées russes » : ‘Dans la musique il y a des farces et les graines du futur / Et si souvent des coups d'État, parfois des investitures’.

Il est temps à présent de tourner la page, sans la déchirer. Et si l’on s’octroyait une « Dernière danse », sublime ballade acnéique soutenue en son temps par Sia et plus récemment par Cœur de pirate.

Que l’on aime ou pas ses relents post-adolescents et sa pop facile, Kyo fait preuve de fausse perversité en proposant un show d’une qualité rare. En se positionnant durant une heure trente en mode ‘best-of’, il montre ainsi à ses détracteurs les plus virulents qu’il dispose encore suffisamment d’énergie, de maîtrise et de pugnacité pour tenir encore au minimum 20 années de plus.

La recette Kyo est d'exploiter au mieux un terrain de jeu qu’il connaît parfaitement, un espace à la signature reconnaissable, un renouveau dans la direction artistique ainsi que de la précision dans le travail d’écriture et de réalisation.

Il est environ 23 heures lorsque le set s’achève. Kid Noize bénéficie d’une large renommée sur le sol belge. C’est chez lui. Trois albums, trois bandes dessinées et une dizaine de singles dans le Top50 belge, ce n’est pas rien quand même !

Votre serviteur va troquer son accoutrement de festivalier au profit d’un costard cravate, la vie reprenant ses droits inlassablement.

Il est impatient de retrouver une édition marquée par des aménagements revus à la hausse, une scène en plein air doublée au niveau de son espace et un chapiteau qui a gagné 600m2, mais tout en maintenant cet ADN qui est proposé aux Les Gens d’Ere, un festival qui se démarque par sa singularité, son éclectisme et sa richesse de programmation.

Il semble que le festival ait battu le record d’affluence de l’année dernière (25 000), soit une fréquentation cumulée sur trois jours de 30 000 personnes. Décidément, les chevilles ouvrières du ‘Les Gens d’Ere’ ne manquent pas… d’air !

A l’an prochain !

(Organisation : Les Gens d’Ere)

Informations supplémentaires

  • Date: 2024-07-27
  • Festival Name: Les Gens d’Ere
  • Festival Place: Rue de Longuesault
  • Festival City: Tournai
  • Rating: 8
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