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Vive La Fête - 11/04/2024
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Interviews

Franz Ferdinand

Pour nous, le Rock n Roll c est de la Pop !

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En mai 2002, un petit groupe issu de la banlieue de Glasgow choisit le salon d'une copine pour y interpréter ses premiers morceaux, jouer un concert initial historique, point de départ d'une formidable ascension. Epoustouflante et foudroyante, la musique de nos quatre Ecossais aurait comblé à elle seule notre année 2004. D'ailleurs, leurs noms placarderont bientôt les pages du dictionnaire du rock, imprimés entre Aretha Franklin et Free. Mais à ce jour, ils sont là. Alex Kapranos, Bob Hardy, Nicholas McCarthy et Paul Thomson demeurent la meilleure preuve de notre humanité, notre présent. En 2004, mes amis, nous y étions. Franz Ferdinand était tout. Tout sauf le mirage, l'illusion d'avoir croisé, ici bas, l'avenir du rock'n'roll. Pour fêter dignement Noël, la maison de disque (Domino) de notre quatuor bien coiffé se propose de rééditer l'album fédérateur, premier couperet responsable du changement de statut soudain de Franz Ferdinand. En bonus, un deuxième disque agrémenté de trois nouvelles chansons et de deux introspections musicales. Cinq titres imparables, tirés à quatre épingles, prêts à décoincer l'embourgeoisement généralisé de notre jeunesse. Bref, à l'image de tous les projectiles de pop balancés par le groupe en 2004. Le temps d'une entrevue de début d'année, Alexander - le charismatique chanteur/guitariste de la formation - et Bob - le bassiste à la sympathique allure de môme joufflu - nous confiaient leurs premières impressions. Sensations.

Vous semblez vous connaître depuis toujours. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Alexander : Nous sommes originaires de Glasgow. A l'origine, nous étions tous potes ! Enfin, non (rires) : pas tous ! Pour Nick (Nicholas McCarthy) le cas est un peu particulier. Nous l'avions rencontré lors d'une soirée…

Bob : Ce soir là, Alexander venait d'acheter une bouteille de vodka. Une espèce d'imbécile (Nick) s'est pointée et lui a piqué notre précieux breuvage…

A. : Evidemment, nous nous sommes battus. Pourtant, à la fin de la soirée, nous étions devenus les meilleurs amis du monde ! (NDR : aaahh l'alcool…) Au cours de cette fête bibitive, je lui avais demandé s'il savait jouer de la batterie. Le plus naturellement du monde, Nick m'avait assuré qu'il était très bon batteur. En réalité, il ne savait pas en jouer, c'était une véritable catastrophe. Le pire batteur de l'histoire du rock (rires) Aujourd'hui, c'est Paul qui se charge de frapper sur la batterie de Franz Ferdinand. Comme vous le savez, Nick chante et joue de la guitare !

Une question que tout le monde se pose : 'Que signifie Franz Ferdinand ?'

B. : Avant même de former officiellement le groupe, nous avions toujours rêvé d'un nom de groupe profond, débordant de significations. Bon, pour la petite histoire : nous étions affalés dans le fauteuil, devant la télé, occupés de regarder une course hippique. Dans cette course, un des chevaux s'appelait 'l'Archiduc'. C'est à partir de ce moment que nous avons réellement commencé à parler de Franz Ferdinand…

A. : C'est vrai ! D'abord, ce nom sonnait bien. Ensuite, d'un point de vue historique, la mort de ce personnage a véritablement changé la face du monde. Pour nous, c'était tout trouvé !

A vos débuts, que pensiez-vous des incessantes comparaisons aux Strokes ?

A. : Rien à foutre ! Nous aimons bien ce groupe…Ces gars là font vraiment de très chouette chansons…

B. : Mais notre musique sonne vraiment différemment ! Ce qu'ils font, c'est une chose. Mais nous, nous ne jouons pas cette musique parce que nous aimons les Strokes ! Quand, nous feuilletons toutes ces comparaisons dans la presse, nous ne sommes ni flattés ni énervés,… On s'en balance complètement !

A. : Le plus amusant, c'est lorsqu'on nous compare avec des groupes dont nous n'avions jamais spécialement écouté les disques comme Gang Of Four ou XTC. Comment pourrions-nous copier leur musique sans les connaître ? Pour nous cette situation ne durera pas… Quand un groupe débarque, je pense sincèrement que les gens ont besoin de toutes ces comparaisons. Bientôt le public parlera simplement de Franz Ferdinand !

Depuis trois ans, une 'nouvelle vague Rock'n'Roll' déferle sur la planète. Vous sentez-vous concernés par cette tendance ?

A. : Sur cette question, il convient de se pencher sur l'histoire de la musique. Dans les années 60, il y avait beaucoup de chanteurs et de formations merdiques. Puis les Beatles sont arrivés. Il s'agissait une révolution musicale. Une multitude de groupes formidables sont apparus dans leur sillage. Ensuite, nous avons eu droit à une période un peu plus vide jusqu'à l'arrivée des Sex Pistols et du punk en général. De même, à la fin des années 80, nous entendions de la variété sur toutes les ondes. Subitement des gars de Manchester et de Seattle sont arrivés, porteurs d'un nouvel idéal. Nous assistions aux premiers pas du grunge, aux balbutiements d'un genre nouveau. La musique fonctionne ainsi ! Par accumulation de vagues. Parfois, elles sont très intéressantes, parfois pas du tout…

B. : Nous venons de la scène alternative mais nous aimons énormément la musique pop. Notre souhait le plus cher est de faire de la pop et non de la musique manufacturée. Sérieusement, je pense que Blondie, les Stooges, les Ramones ou le Velvet Underground, c'est de la pop ! Mais une pop très intelligente, celle qui su conserver son côté indépendant. Pour nous, le Rock'n'Roll c'est de la Pop !

Quelle est votre définition de la musique Pop ?

A. : C'est très simple : la pop est une musique sur laquelle tu peux danser. Un refrain que tu chantonnes, un rythme pour ton quotidien. En réalité, le problème vient du fait que les médias collent une étiquette 'pop' sur beaucoup de choses, souvent inintéressantes. Les Strokes, les White Stripes, ce sont là des groupes qui jouent de l'excellente musique pop. Pour moi, c'est le genre de Pop à privilégier…

Quelles sont vos influences majeures ?

B. : Elles sont nombreuses. Mais nous pouvons très certainement citer Roxy Music, Sparks, The Smiths, The Buzzcocks ou encore The Clash…

Connaissez-vous des chanteurs ou des groupes belges ?

A. : Oh,… (hésitations) Oui (enchanté) : Plastic Bertrand et son super 'Ca Plane Pour Moi' (NDR : prononcé dans la langue de Shakespeare, c'est quelque chose…) et Jacques Brel ! Je ne vois que ces deux là… Mais y a-t-il des groupes en Belgique ?

Vous ne connaissez pas dEUS ?

A. : dEUS ! Cette formation est incroyable ! Ces gars là sont belges ? Je l'ignorais totalement. Leurs compositions sont excellentes et j'espère vraiment les revoir un jour en concert.

Fred & The Healers

Lani tous les lycaons sont rouges...

Écrit par

Fred Lani a fondé ses Healers à l'âge de 17 ans. En juin 1994. A cette époque, il pratiquait un rock teinté de blues dans la lignée des Gallagher, Hendrix et Johnny Winter. Dix ans plus tard, la formation s'est écartée résolument des sentiers battus pour embrasser une musique plus personnelle et métissée, mélangeant blues et sonorités pop et jazz. Une nouvelle orientation concrétisée par leur nouvel album " Red ". Et l'arrivée du nouveau drummer, Bruno Castelluci, y est pour quelque chose, c'est une certitude. L'occasion était donc idéale de poser la question à Fred lors du showcase accordé au Botanique, le 11 février dernier…

Comment s'est produite ta rencontre avec Bruno Castelluci?

On se connaissait déjà. Fin juillet début août, c'est-à-dire un mois et demi avant l'enregistrement de l'album, j'ai l'ai contacté. Je lui ai signalé que je m'étais séparé de mon ancien batteur et que j'avais envie de faire autre chose. Il m'a demandé d'écouter les maquettes, puis a marqué son accord. Assez rapidement, je dois le souligner.

Est-il un Healer à plein temps?

Il reste toujours un musicien professionnel mais il est membre des Healers à part entière. Il a enregistré l'album. Il participe à la tournée. Les Healers sont une priorité pour lui.

L'arrivée de Bruno a-t-elle poussé Papy Lani dans ses derniers retranchements?

Cette situation a suscité chez lui une émulation, c'est évident.

Pourquoi avoir conservé le nom Fred & the Healers ?

Vu le changement d'orientation artistique et de line up, j'ai d'abord pensé à opter pour un nouveau patronyme. Histoire de prendre un nouveau départ. Puis, j'ai réfléchi. J'ai pesé le pour et le contre. En fonction de notre image. Très bonne pour certains. Moins pour d'autres. Il m'a quand même été conseillé de garder le nom, ne fut-ce que pour la promotion ; car il est toujours très difficile de repartir de zéro. J'ai vécu cette expérience chez X3, un groupe que j'avais monté en compagnie de Willy Maze et René Stock. Même lorsqu'on connaît les gens du milieu, les journalistes, etc., il est quasi impossible d'être diffusé, d'être promotionné…

La pochette de ton nouvel album est rouge. Est-ce la seule raison pour laquelle tu l'as intitulé "Red" ?

L'animal reproduit sur la couverture est un lycaon (NDR : ce carnivore aux oreilles exagérément grandes est une espèce d'hybride entre chien et hyène). A l'intérieur du booklet, la couleur rouge domine des peintures rupestres. A l'instar du bleu, le rouge véhicule une forte connotation symbolique ; mais l'interprétation que l'on en donne peut être différente.

Parmi les plages de l'album, une seule a recours au terme "red", "Red gunhand". Y a-t-il une raison ?

La couleur rouge symbolise le monde contemporain. Celui d'êtres humains qui se déchirent et s'entretuent. Personnellement, c'est le rouge sang.

Une allusion à un certain Georges Bush?

Lui ou n'importe quelle autre personne qui milite pour ces mêmes idées. Les mots sont peut-être sévères, mais d'autres que moi ont des paroles encore plus dures. J'en suis bien conscient. Mais cette sévérité sera toujours moins forte que les propos tenus par ces gens qui profitent d'une diffusion internationale. Le message reste caricatural pour mieux le faire passer. Il est excessif, mais le public est tellement habitué à cette démesure que la formule peut aussi paraître trop classique.

A l'écoute des premières notes de la plage d'ouverture, on est sous le choc. Est-ce la conséquence directe de la présence de Bruno Castelucci ?

Oui, c'est évident. Et elle l'est sur tout l'album.

Plusieurs plages transpirent un feeling rock indéniable : "Change", "Hold on" et "Pay the price". Une raison ?

"Change" a d'abord été diffusé à la radio, pour susciter l'intérêt du public, pour rappeler notre existence. Il fallait un single pour relancer la machine. "Pay the price" véhicule le même type de message que "Red gunhand". Je me suis rendu compte qu'on ne voyait du monde que ce qu'on voulait bien nous montrer. Que tous les regards étaient toujours concentrés sur la même personne ou quiconque se comportait de la même manière…

L'album recèle quelques ballades comme "So good", "Red gunhand" ou "In your dreams", des morceaux qui mettent en évidence tes qualités vocales. Une explication ?

Pour moi, l'exercice du chant est très difficile. Je n'ai jamais pris de cours dans ce domaine. Ma voix est encore trop jeune et pas assez mûre, à mon goût. Mais tant mieux si elle se bonifie.

Pourquoi avoir eu recours à un son reverb aussi spécial sur "Little moon", un des titres les plus proches du blues ?

L'accordage est un peu bizarre, tordu si tu préfères. Presque toutes les cordes sont dans la même note pour produire un effet très aérien. Mick Taylor pratiquait cette technique à la slide quand il était chez les Stones. "Little moon" est une chanson assez désabusée sur la conscience et la vérité. Elle est traduite, en anglais, d'un poème écrit par Denys-Louis Colaux.

L'elpee laisse également un espace à l'une ou l'autre plage qu'on pourrait qualifier de fusion ; et je pense tout particulièrement à "Almost blind". Une explication ?

"Almost blind" part dans tous les sens. C'est un morceau complet, très agréable à jouer. Un des titres que je préfère. Et Bruno l'adore. Il s'est amusé comme un fou de passer du funk au swing, d'y glisser une suite d'accords jazz, avant de revenir à quelque chose de plus binaire. Il apprécie aussi beaucoup "The last song", mais il le joue très sobrement, sur un rythme un peu bossa-nova. Enfin, il était idéal pour lui de jouer "Never too late" avec les balais…

J'ai eu l'occasion d'assister au showcase le 11 février au Botanique. La formule est fort différente entre le live et le studio où tu pratiques du rerecording. Une raison ?

La plupart des morceaux ont été enregistrés 'live' en studio. J'y exécutais les soli, le chant et la basse en direct, en espérant pouvoir garder le plus de choses. Mais il est arrivé que je refasse une rythmique et un solo. Une guitare est consacrée à la rythmique, parfois une seconde reproduit la même rythmique, puis l'acoustique. Il est exact que pour concocter un album, on pense 'chanson', tandis qu'en live, on pense 'ambiance'.

Pour un premier concert, vous vous êtes plutôt bien débrouillés. D'autant plus que le public a réagi dès le départ. Satisfait ?

C'est clair ! Parce qu'il y avait le stress du premier concert. Et puis cette pression était accentuée, parce que le set était enregistré. Mais vu le peu de préparation, il faut reconnaître que ça c'est relativement bien passé. Une partie du public a suivi notre évolution. Il aime la musique que je pratique depuis mes 17/18 ans. Sa jeunesse et son aspect anecdotique. Il n'est pas vraiment connaisseur du blues, pas très mélomane. Mais sa fidélité lui permet aujourd'hui d'avoir un avis plus critique sur ce que je fais. Et sa fidélité, c'est un bon point !

"Red" n'est finalement pas un album facile ?

Le but n'était pas que ce soit facile. Cette musique véhicule un message. Et cet album encore plus. Parce qu'il est plus personnel.

Tu as joué en compagnie d'Alex Schultz sur la scène du Botanique. Une rencontre qui s'était déjà produite lors du Boogie Town 2002. Etait-ce prémédité ?

Il est arrivé le soir même à 17h. Je venais de terminer la répétition avec Papy et Bruno. Je lui ai montré les suites d'accords dans la loge, et cela lui a suffi. Contrairement à Junior Watson ou à Kid Ramos et d'autres maîtres et spécialistes du West Coast jump, des gens qui en fait ne connaissent pas toute la musique, Alex sent parfaitement l'harmonie et le jazz (NDR : il est d'ailleurs occupé à enregistrer un album de jazz). J'ai eu de longues discussions avec lui et j'ai appris énormément. Il m'a raconté avoir connu les mêmes limites que moi, s'être posé les mêmes questions, et m'a expliqué comment il a trouvé les réponses. C'est interpellant !

En rappel, tu as joué "New generation" en duo avec Alex. J'y ai ressenti une certaine alchimie entre vous deux, une communion avec le public. Tu ne l'as jamais enregistré?

J'ai essayé de l'enregistrer en studio mais j'ai dû le jeter, parce que le résultat n'était pas à la hauteur. Cette composition nécessite une atmosphère spéciale, beaucoup d'intensité. Mais il est vrai qu'avec Alex, ce moment de pure émotion, de magie de l'instant, s'est effectivement produit ; et j'espère pourvoir utiliser la bande télévisée pour en faire profiter mon public. En le mettant à sa disposition via le site internet. J'ai écrit ce morceau juste après l'enregistrement d'"Electerrified". Je l'avais déjà chanté dans les studios de la RTBF, pour l'émission de Marc Isaye. Je l'avais interprété avec l'ancien line up, mais il n'avait jamais atteint cette intensité.

Fred, il y a une dizaine d'années que tu as débuté. Penses-tu avoir atteint la maturité?

Paradoxalement, je dirai non ! Même si ma musique est devenue aussi posée, aussi personnelle. J'ai encore beaucoup de chemin à parcourir. Mais "Red" va dans la bonne direction, parce qu'il intègre tout ce que j'aime, dans l'esprit de ceux qui ont eu la même approche. Tu sais, Los Lobos, John Hammond lorsqu'il qui s'est associé à Tom Waits, G Love & the Special Sauce. Et puis, comme Elliot Murphy, j'aime aussi tout ce qui touche au folk. Par contre dans le domaine du blues, du blues électrique comme je l'aime, le blues joué par mes artistes favoris, j'ai constaté que s'engager dans cette voie n'avait pas de sens. Des milliers de guitaristes ont essayé de copier tous les plans de Freddie King sans même parvenir à approcher ce qu'il pouvait faire. Même ceux qui l'adaptent très bien aujourd'hui. Comme en West Coast. Ils sont très forts. Ils ont un excellent jeu de guitare. Ils possèdent le feeling pour le blues. Mais moi, je ne suis pas de là-bas. Je vis ici, en Belgique. J'adore faire des reprises de blues comme sur l'album de X3. Je m'y suis fait plaisir. Sur scène ou ailleurs. L'aventure vécue avec Willy et René a été incroyable. Mais je ne suis pas un guitariste brillant et érudit comme Marc Thijs. Que chacun reste à sa place !

Je sais que tu as effectué des études universitaires assez pointues Es-tu devenu un musicien pro?

J'ai un travail à temps plein. Je termine une thèse de doctorat et je travaille dans un centre privé de recherches. Dans le domaine de l'aéronautique, à Gosselies. Ce job me prend du temps. Mais il m'en reste suffisamment à consacrer aux Healers et à ma musique…

 

 

 

 

Blanche (USA)

Nous ne sommes pas nés à la bonne époque...

Écrit par

Auteur d'un excellent premier album (" If we can't trust the doctors… "), mais surtout responsable d'une prestation 'live' époustouflante, accordée lors de la dernière édition du Pukkelpop (voir review en ces pages), Blanche nous vient de Detroit. Drivée par Dan et Tracee Miller, cette formation bénéficie du soutien inconditionnel de Jack White, le leader des White Stripes. Ils ont d'ailleurs joué ensemble au sein de Goober & The Peas et sont demeurés d'excellents amis. Mais Blanche constitue un drôle de patronyme pour un groupe, même s'il pratique ce qu'on appelle de la country alternative. Rien à voir cependant avec la marque d'une bière belge si caractéristique ni avec une quelconque potion thérapeutique, comme le suggère le dos de la pochette. Le couple a tenu immédiatement à éclaircir la situation…

Dan s'explique : " Aux States, Blanche est un prénom féminin tombé en désuétude. C'était celui de Blanche Dubois, une actrice qui jouait dans le film mythique 'Un tramway nommé désir'. Un long métrage qui date de 1951, au sein duquel jouait également Marlon Brando. L'histoire a été écrite en 1947, par Tennessee Williams, un grand écrivain américain que nous apprécions beaucoup. Mais il n'a acquis sa popularité que grâce à la transposition de sa pièce au cinéma. L'origine du nom procède donc de cet épisode de l'histoire. C'est un peu comme si nous remontions dans le temps. En fait, nous ne voulions pas que ce patronyme fasse immédiatement penser au blues ou à la country. Qu'en le lisant ou en l'entendant, le public ne puisse nous coller une étiquette. Nous avons voulu lui donner une signification plus abstraite, qui ressemble à notre musique un peu triste, un peu décalée… " Dan n'est pas seulement musicien, il est aussi acteur de cinéma. Dans le passé, il a ainsi joué quelques seconds rôles. Mais il vient de terminer le tournage d'une superproduction consacrée à la vie de Johnny Cash. Il y incarne le rôle du guitariste Carl Perkins. Il commente : " Il s'agit du premier grand film au sein duquel je joue. Une super expérience. Mais j'ai vraiment été surpris et heureux d'apprendre que j'avais été choisi pour ce rôle, par Johnny Cash lui-même, avant qu'il ne meure. En concertation avec June Cash et le réalisateur, qui était très proche de la famille. Ce film rend hommage à l'artiste, mais laisse une sensation de malaise, car il décrit sa vie troublée. C'est un film sombre qui n'a rien à voir avec les productions hollywoodiennes. Le plus difficile pour moi fut de rester calme. Car quand je chante ou je joue, je libère beaucoup d'énergie. Alors que Perkins était plutôt un personnage paisible, qui restait pratiquement immobile. Donc il a fallu que je m'habitue à ce rôle, et que je m'en souvienne. C'est un honneur pour moi d'avoir pu jouer ce personnage, car si pour certains leur 'guitar hero' répond au nom de Jimmy Page ou Jimi Hendrix, le mien est tout simplement Carl Perkins… "

Le groupe cultive une imagerie un peu passéiste. Le nom du groupe en est le premier signe distinctif. Le booklet de leur album et le look affiché sur les planches en sont les suivants. Une imagerie qui évoque les années 40. Eisenhower. Tracee confesse : " J'en suis la première responsable. J'admets le stéréotype. Mais j'ai le sentiment de n'être pas né à la bonne époque. Il y a longtemps que mon cœur et mon âme hantent les années 40. J'essaie de répercuter cette impression à travers ma manière de chanter, de m'habiller, d'interpréter notre musique… " Une attitude qui semble très importante au sein du groupe. Dan confirme : " Oui, l'attitude est vraiment très importante. Cette musique est quelque chose qu'on a tous décidé ensemble. Parce qu'elle procède d'une même inspiration. Toute la musique que nous aimons depuis si longtemps. On la respire lorsqu'on est sur scène. Nous attaquons nos concerts avec une pêche d'enfer tout en soignant notre partie vestimentaire, pour que les gens se souviennent de nous… " La formation aime reprendre de vieux standards de la musique country. Mais sous une version toute personnelle. Sur leur premier opus figure ainsi l'adaptation du 'Wayfaring stranger' de Bill Monroe. Un exercice de style que Blanche semble apprécier tout particulièrement. Dan admet : " C'est une manière de se connecter au passé. Car cette musique a tellement de signification pour nous. Dès que j'ai entendu cette chanson pour la première fois, j'ai considéré qu'elle était la plus belle. J'ignorais qu'il y avait tant de monde qui l'avait reprise. Dans une époque où tout est jetable, il est intéressant de constater qu'un groupe contemporain puisse ressusciter une chanson qui fait partie du patrimoine. Et en fait, c'est ce type d'initiative qui permet de maintenir la tradition vivante. Peut-être que d'ici quelques années, quelqu'un écoutera notre version et en fera sa propre adaptation. Notre but est d'apporter une touche personnelle aux morceaux traditionnels, tout en conservant l'esprit de la chanson… " Et Tracee d'ajouter : " Lorsqu'on interprète ce type de composition, c'est un peu comme si on rentrait à la maison. On y respire une certaine forme de sérénité. On y goûte un sentiment de beauté, de vérité… "

La musique de Detroit véhicule une réputation de violence, de férocité, d'énergie et de puissance. Pensez à des légendes telles que MC5 ou Stooges. Or, Blanche pratique une forme de country alternative. Qui ne maque pas de punch, mais qui dénote au sein de cet univers plutôt métallique. Comment l'éclosion d'un tel groupe a-t-il pu se produire dans de telles conditions ? Tracee explique : " Il y a quelques années, on a assisté à un flux migratoire du Kentucky et du Tennessee vers Detroit. Pour y travailler. Au départ, cette population s'est installée sans leur famille. Mais en dépit de la délocalisation, elle a conservé ses racines sudistes. Aujourd'hui, à Detroit, il existe une très grande communauté issue de ces migrations. Et nous, dès notre plus jeune âge, nous avons été confrontés à ce phénomène… " Dan ajoute : " Quand on mélange ces vielles traditions roots avec le rock plus métallique, on retrouve ces mêmes caractéristiques 'punchy' qui existent dans le blues, le folk ou la country ; mais de notre côté, nous avons voulu conserver l'aspect plus triste des vieilles mélodies… " Une affliction qui est également le fruit de pénibles épreuves traversées par le groupe au cours de la confection de l'album. Et qui naturellement transpire à travers quelques chansons plus dépressives. Qui parlent de suicide, de meurtre ou encore de ruptures. Dan le reconnaît : " Lorsqu'on traverse des moments aussi douloureux dans la vie, on se connecte avec de vielles chansons, qui sont d'une certaine manière réconfortantes. Et le fait de les chanter est une forme de consolation. On essaie d'ajouter un peu d'humour dans ces compositions poignantes, pour essayer de faire face à ces moments difficiles. C'est aussi une manière d'exorciser les aspects mélancoliques de notre personnalité… "

A l'instar de 16th Horsepower, Blanche est le fruit d'un mélange entre les mélodies appalaches et le son gothique sudiste. 16th Horsepower est même une référence de choix pour le groupe. Dan acquiesce : " Oui, nous aimons beaucoup 16th Horsepower. La plupart des groupes qui pratiquent une musique semblable à la nôtre, puisent leur inspiration dans les années 30 et 40. Aussi bien Handsome Family que 16th Horsepower. Ces sont ces deux formations qui nous donnent le courage d'interpréter des morceaux plus calmes. Leur musique est belle et mélancolique et nous voulions intégrer cette beauté et cette mélancolie dans la nôtre. Mais nous voulions aussi qu'elle soit plus puissante. Et je reconnais que 16th Horsepower y est parvenu avant nous. Et observer comment un tel groupe est capable de réaliser cet objectif est une espèce de challenge pour nous. Heureusement, je pense que nous sommes sur la bonne voie. C'est un peu comme si nous étions dans un laboratoire et qu'on préparait une décoction. Au cours des premières années d'existence du groupe, nous n'avions pas trouvé les bons ingrédients. Mais depuis que nous les avons trouvés, la formule marche… " Blanche a justement tourné en compagnie du légendaire Handsome Family, l'an dernier. Notamment en Angleterre. Une fameuse expérience qui laisse cependant des sentiments mitigés chez Dan : " Une fantastique aventure, mais frustrante en même temps. Parce que le chanteur est tellement bon que c'est humiliant pour nous. Leur capacité à interpréter un répertoire aussi intimiste est un modèle. En fait, ils jouent ce qu'on aime ; et démontrent qu'il n'est pas nécessaire de jouer du rock'nroll pour gagner l'estime du public. Mais il est vrai que le public européen est plus réceptif à ce type de musique plus subtile… " A propos de timbre vocal, celui de Dan me fait parfois penser à celui de Stan Ridgway (Wall Of Voodoo). Vu l'ouverture d'esprit de Dan, je n'ai pu m'empêcher de lui faire la réflexion. " Même s'il pose un regard différent que le nôtre sur le monde contemporain, il aime la vielle musique country. Il possède aussi une voix nasillarde. C'est donc probablement vrai… "

Sur l'elpee on retrouve une cover de Gun Club, 'Jack on fire', une composition qui avait été retenue pour figurer sur un tribut consacré à feu Jeffrey Lee Pierce. Dan adore l'œuvre du combo texan. Mais pourquoi avoir choisi ce titre ? Dan confie : " J'ai toujours aimé la rage du désespoir de Gun Club. Et en écoutant 'Jack on fire', c'est comme si je me trouvais dans une voiture au sommet d'une falaise, en me demandant si j'allais m'écraser. J'ai rencontré Jeffrey un an avant qu'il ne décède. A cette époque, il était occupé de s'éteindre. Il était vraiment mal en point. Et j'étais assez triste de le voir dans cet état. C'était un artiste très talentueux… " Sur la flip side du single 'I don't know what to do with myself ' des White Stripes, figure une cover de Blanche, 'Who's to say', plage reprise sur l'opus 'If we can't trust the doctors'. Et Jack White a participé à l'enregistrement de cet elpee. A son tour, pourquoi Blanche ne pourrait-t-il pas aussi reprendre un titre des White Stripes ? Dan tempère : " Nous avons adapté une compo de Gun Club, parce qu'on nous l'avait demandé. Pour opérer ce type d'approche, il faut une raison ! Et lorsqu'on m'a proposé d'interpréter 'Jack on fire', je me suis demandé comment on allait se débrouiller pour y parvenir. Comment on aurait pu l'améliorer. On a donc décidé de l'aborder sous la forme d'un duo entre Tracee et moi, afin de lui procurer une autre tonalité. Mais pour y parvenir, ce ne fut pas facile. Aussi, si on décide de s'attaquer à une chanson du répertoire des White Stripes, il faudra trouver un autre chemin, car ce qu'ils font est tellement bien… " Evidemment, en abordant le cas Jack White, il était impossible de passer à côté de l'épisode au cours duquel il a abîmé le portrait de Jason Stollsheimer, le leader des Von Bondies. Un épisode qui a bien fait rire Dan. " D'une part, il l'avait bien cherché et d'autre part il s'y attendait. Encore qu'il ne pensait pas à un tel accueil. Mais juste après l'altercation, il a convoqué la presse pour qu'on le prenne en photo. Donc, il n'était pas aussi blessé qu'il le prétendait. Et de toutes manières, ces empoignades sont fréquentes à Detroit. Alors je ne vois pas pourquoi il fallait enfaire tout un plat… "

'If we can't trust the doctors' a bénéficié de la production de Warron Defever, la tête pensante de His Name Is Alive. Il a beau être issu du Michigan, on ne peut pas dire que sa musique épouse une quelconque forme country. Dan réagit : " Je pense que le courant est bien passé entre nous. Son œuvre reflète une forme de beauté tranquille. Il était très intéressant de travailler sous sa houlette, car il est fort branché sur la musique démodée, tout en parvenant à y ajouter une pincée de spleen. Et c'est ce qu'il a compris chez nous. Il est expert dans l'utilisation des vieux microphones. En outre, il est très compétent dans le domaine technologique. Car nous ne voulions pas sonner comme à cette époque là, mais simplement en conserver le feeling nostalgique…"

Merci à Vincent Devos.

 

Under Byen

L humour danois

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Dans l'histoire du rock on avait déjà connu des paroliers qui se consacraient exclusivement à l'œuvre d'un groupe. Pete Sinfield au sein de la première mouture du King Crimson et Keith Reid pour le Procol Harum en sont les plus parfaits exemples. Mais la principale compositrice d'un groupe qui ne joue pas (ou presque jamais) en 'live', est à ma connaissance un événement totalement inédit. Katrine Stockholm incarne donc ce nouveau concept pour la formation danoise Under Byen. Un ensemble constitué de huit musiciens responsable à ce jour de deux albums ; mais surtout un groupe dont la musique navigue quelque part entre jazz, folk, pop, rock, classique et trip hop. Le violoniste Nils Grondahl et le percussionniste Anders Stockholm (NDR : oui, oui le frère de Katrine ! Une famille apparemment très impliquée dans la musique, puisqu'il existe un autre frangin qui conduit ses propres projets) ont bien voulu lever un coin du voile du mystère Under Byen…

En fait, le groupe s'est habitué progressivement à cette situation. Nils explique : « Au départ Katrine se produisait encore en compagnie du groupe, au Danemark. Mais lors du dernier festival de Rockslide, il n'a pas été possible de l'intégrer au line up, parce que nous n'avions pas eu le temps de répéter. Ainsi on a de plus en plus l'habitude de jouer sans elle. Et puis elle n'aime pas trop le 'live' ; et encore moins se rendre à l'étranger. Pour nous, c'est tout à fait le contraire. Finalement la formule marche plutôt bien. Nous sommes nombreux et il faut qu'il y ait une place pour tout le monde… » Un ensemble up qui recèle donc un violoniste et un percussionniste, mais aussi un claviériste/pianiste, un drummer, une bassiste et une violoncelliste. Qui se partagent également une foule d'instruments dont les percussions, le mélodica, les claviers, l'ukulélé, le trombone, la lapsteel, la scie et autres éléments insolites ou issus de la technologie moderne. Sans oublier la chanteuse, Henriette Sennenvaldt, responsable des lyrics. Des lyrics qu'elle chante d'une très belle voix, dont le timbre velouté, sensuel, rappelle Björk. Mais auxquels on ne comprend strictement rien (NDR : à moins de pratiquer le danois !), même si on a l'impression qu'elle tente de nous mettre dans la confidence. Anders en remet une couche : « Même Danois, il faut se concentrer pour comprendre ce qu'elle raconte. C'est la raison pour laquelle, on a reproduit les lyrics à l'intérieur du booklet. Ce ne sont pas les textes qui sont confidentiels, mais la forme qu'elle utilise pour les exprimer… » Mais le langage utilisé n'est-il pas, quelque part, une barrière pour la musique d'Under Byen ? Nils s'en défend : « Henriette se charge des textes. En danois. Pourtant on s'est rendu compte que le public en retirait quelque chose, même s'il ne comprend pas les mots. L'histoire qu'elle raconte est une expérience à la fois intéressante et amusante pour nous. Lorsqu'on voit la réaction de ce public, nous en sommes convaincus. Bien sûr, le contenu des textes leur échappe. Mais la manière de plaquer ses mots sur la mélodie et le rythme produit son effet. » Une forme que le groupe juge très humoristique. Nils justifie : « En fait les lyrics ne sont pas du tout drôles. Ni la musique d'ailleurs. Qui peut parfois paraître mélancolique, mélodramatique. Et l'humour vient de ce contraste entre ce que nous jouons, et la manière dont nous jouons. Si tu nous observes sur les planches, tu remarqueras qu'on n'est pas du style à se mettre à pleurer… »

Pas de guitariste chez Under Byen ! Et le groupe n'a pas l'intention d'engager ce type de musicien. En fait, à l'origine il y en avait bien un, mais pas de bassiste. Anders explique : « Nous nous sommes rendus compte que notre musique ne nécessitait pas de guitariste, mais bien d'un bassiste. Et puis la six cordes peut être aisément remplacée par une scie, un violon, un violoncelle, un piano ou un orgue. » Et Nils d'embrayer : « Nous n'avons jamais dit que nous ne voulions pas de guitare, mais pas de guitariste. La plupart des musiciens du groupe sont capables d'en jouer, mais nous n'y avons recours que lorsque c'est nécessaire. La guitare n'est pas une priorité ». Anders reprend le crachoir : « Lors de l'enregistrement de notre nouvel album à Bruxelles, que nous avons réalisé il y a deux semaines, nous avons ainsi eu recours à la guitare, parce que nous en avions eu besoin. » Mais quel est le dénominateur commun au sein de la musique d'Under Byen : la voix, la basse ou le piano ? Nils répond : « Tous les instruments peuvent jouer ce rôle, même la batterie. Evidemment, les compositions sont écrites au piano par Katrien et Thorbjorn. Et lorsqu'on joue, les autres instruments viennent renforcer cette ligne. A un tel point qu'il est difficile de reconnaître quel est l'instrument qui est utilisé. » Anders confirme : « Nous prenons tous notre part de responsabilité. Parfois elle relève davantage des cordes, de la basse ». Et Nils d'admettre : « Il est exact que le piano constitue le point de départ. Mais nous voulons parvenir à un ensemble. Pas mettre le piano au centre et venir broder le reste autour. Avant on faisait cela. On essaie de transformer le tout pour le rendre organique. Chaque élément à sa place dans son tout. S'il manquait un élément, ce ne serait pas la même chose.»

Pour enregistrer leur premier elpee, Under Byen avait reçu le concours de Manne Von Ahn Öberg, mieux connu pour avoir travaillé en compagnie de Stina Nordesntam, à la production. Plus de trace de Manne, lors de la mise en forme sur ce 'De ter mig der holder taeerne sammen'. Les mauvaises langues ont insinué que la formation avait opéré ce choix, pour ne plus entendre parler de comparaison avec la musique de Stina. Nils réagit : « Non, ce n'est pas pour cette raison ! Il en existe des tas d'autres, mais la principale est qu'il est difficile de travailler en compagnie de son équipe. » Et Anders de clarifier : « Au début, nous n'avions pas trop confiance en nous pour opérer ce travail de production. Pour le deuxième, on a voulu tirer notre plan en se disant qu'on verrait bien quel en serait le résultat. » Anders avoue : « Notre collaboration avec Manne a été très fructueuse. Il est parvenu à nous ouvrir des tas de perspectives. Et au fil de l'enregistrement de l'album on a pris confiance et on s'est dit que finalement, à l'avenir, nous n'aurions plus besoin de lui pour la production. Nous ne le renions pas. Nous avons beaucoup appris en travaillant sous sa houlette » Anders ajoute : « Nous sommes nombreux au sein du groupe. Et en apportant chacun leurs idées, toutes les personnes qui constituent le groupe peuvent le remplacer… » Pour en revenir aux comparaisons, que pensent-ils de celles que les médias ont établies entre leur groupe et Björk, Sigur Ros, Portishead ainsi que Stina Nordenstam ? Anders confesse : « Pour enregistrer notre premier album, on a puisé des idées chez Stina. Parce que nous aimions bien l'album produit par Manne. Personnellement, c'est un compliment d'être comparé avec ces artistes… » Nils rétorque : « La musique de Sigur Ros est totalement différente de la nôtre, même s'ils font des choses qu'on fait aussi un peu. Je les apprécie cependant beaucoup. Mais je ne vois pas le rapport. Peut-être parce qu'ils sont scandinaves comme nous ! Il existe peut-être une tonalité que les gens de l'extérieur perçoivent, mais pas nous… »

Plusieurs musiciens de groupe ont déjà participé à la confection de bandes sonores cinématographiques et théâtrales. A la fois des exercices de style et un divertissement. Nils explique : « Il est très excitant de travailler dans d'autres contextes. On est venu, à plusieurs reprises, nous voir pour faire tel type de travail. Et on l'a fait. Ce qui nous permet de se fixer d'autres objectifs que ceux inhérents au groupe ». Anders insiste : « C'est un boulot difficile, mais on y prend son pied. En fait quand vous travaillez pour d'autres personnes, le cadre est défini et vous rencontrez des contraintes qui ne sont pas nécessairement les vôtres. Dans le domaine créatif, cette approche peut être intéressante. C'est cette faculté d'adaptation qui peut être enrichissante dans le processus créatif. Travailler dans l'art de l'autre. Mais nous, on voudrait travailler comme nous l'entendons. Et dans le futur, ces collaborations s'effectueront comme nous le souhaitons, suivant nos propres critères… » En compagnie d'un orchestre symphonique ? Les deux interlocuteurs n'y sont pas opposés. Nils avoue : « Franchement je n'y avais jamais pensé. Mais pourquoi pas ? » Anders concède : « Nous avons déjà joué en compagnie d'une fanfare, et cette expérience m'a parue très intéressante. Mais je crains que le nombre de personnes qui compose le groupe ne rende cette expérience difficile. Ne fut-ce que pour voyager. Voyager à 2, à 8 ou à 50, ce n'est pas la même chose… » Nils tempère : « Avant de se lancer dans un tel projet, il vaut mieux d'abord faire le tour des nôtres. Nous avons tellement de choses à défricher, que je cette expérience n'est pas encore à l'ordre du jour. Notre objectif, pour l'instant, est de jouer dans Under Byen. Mais il est intéressant de constater qu'il y a toujours de nouvelles portes qui s'ouvrent… »

En 2002, plusieurs membres du groupe ont été invités par Howe Gelb à jouer sur son album ‘The listener’. Comment une telle histoire a pu se produire ? Nils raconte : « En fait, à cette époque, Howe Gelb vivait à Aarhus. Là où nous habitons. Il y est toujours d'ailleurs. Son épouse est danoise. Et elle devait alors donner naissance à leur deuxième enfant. Il est venu assister à un de nos concerts, et à l'issue de celui-ci, il est venu nous demander si nous pouvions jouer en sa compagnie. En fait, il demande un peu à tout le monde de jouer avec lui. Et il faut avouer qu'on le connaissait très peu. Je sais qu'il jouait chez Giant Sand, mais je suis incapable de citer le titre d'un de ses disques. Il y en a un que j'apprécie beaucoup, très agressif, sur lequel il joue uniquement en compagnie d'un drummer, mais j'ai oublié son nom (NDR : ‘Long Stem Rant’ en 1989, commis en compagnie de John Convertino). Certains d'entre nous ont donc participé à des sessions live… » Anders commente : « Je connaissais le nom du groupe, mais pas sa musique. A l'époque, lorsqu'il a enregistré ‘The listener’, on ne se doutait pas que ces sessions allaient devenir un album. Nous avions simplement été en studio pour l'accompagner sur quelques chansons. C'était une fameuse surprise. Une bonne surprise… »

Merci à Vincent Devos

Mud Flow

On a construit ce disque sur ces doutes et ces interrogations?

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Du line up initial de cette formation bruxelloise, il ne reste plus que Vincent "Vince " Liben, le chanteur guitariste. Tout un remue-ménage qui aurait pu sonner le glas de l'existence du groupe. C'est un peu le contraire qui s'est produit, car non seulement Mud Flow vient de commettre un troisième opus absolument remarquable. Mais en plus, le trio est plus soudé que jamais. Pour preuve, les séances d'interviews se sont déroulées en compagnie du groupe au grand complet, c'est à dire, Charlie de Croix (le bassiste), Blazz (le drummer) et bien sûr Vincent…

Il faut donc croire que toutes les épreuves que le combo a traversées, n'ont fait que renforcer leur volonté de poursuivre l'aventure. Mais si l'histoire de Mud Flow n'a pas été un long fleuve tranquille, elle leur a aussi et surtout permis d'évoluer. " L'histoire, il est vrai, a été douloureuse. On le concède. Parce qu'elle a été émaillée de multiples changements. Mais nous avons toujours fait l'impossible pour que ces ruptures ne soient pas trop brutales. Dans le plus grand des respects. En privilégiant les relations humaines. A la limite, on pourrait dire que ces remaniements se sont produits naturellement. Même s'ils ont laissé chaque fois des traces. Mais c'est un cap à passer, si on veut vraiment évoluer… En outre, l'intégration des nouvelles recrues s'est, en général, toujours soldée par une réussite. Mud Flow, c'est un peu le fruit de rencontres… " Un fruit qui se présente aujourd'hui sous la forme de ce 'A life on standby'. Un titre lourd de significations. Pas dans le sens littéral du terme : 'Une vie à l'arrêt'. Mais plutôt dans le sens d'un nouveau départ. " En fait, on joue un peu sur les mots : 'in standby' et 'on standby'. C'est là que se situe la différence. La formule peut prêter à confusion, c'est vrai ; mais on essaie de cultiver quelque part l'ambiguïté. A l'instar de la construction des chansons, de la confection de la pochette (NDR : les réveils de voyage qui illustrent cette pochette ne sont pas des cadeaux reçus de leur première communion ; une anecdote qui les a bien fait rire…) Histoire de laisser une place à l'imaginaire, de permettre à n'importe qui de donner sa propre interprétation à l'album. Donc cette idée de nouveau départ traduit notre volonté d'être à nouveau d'attaque… "

Mais qu'est ce qui a motivé le combo de continuer l'aventure ? " La passion ! L'envie d'aller plus loin. De se dépasser chaque fois. Enregistrer un album, c'est accomplir une tâche dont tu sais dès le départ qu'elle ne sera pas totalement aboutie. Et c'est ce qui te donne la force de continuer, de recommencer, pour essayer d'atteindre ce but inaccessible, cette perfection irréelle. Pour ce disque, on n'a pourtant pas essayé de chercher la perfection, mais l'authenticité. Pour démontrer que nous sommes des êtres humains et donc imparfaits. Parce que la recherche n'est pas toujours synonyme de vérité. Nous voulions aller à la découverte de nous-mêmes, être nous-mêmes, nous montrer davantage introspectifs. Et puis, créer de la musique ensemble. Atteindre une bonne synergie. Même lorsque l'environnement n'est pas hyper confortable. Heureusement, nous nous entendons très bien. Lorsqu'on écrit des morceaux ou lorsqu'on les joue, nous éprouvons beaucoup de plaisir et de bonheur. Et c'est aussi pour retrouver ces sensations qu'on a envie de continuer. Cet album est l'aboutissement de deux ans d'interrogations. De recherche en nous. De doutes. De prise de conscience individuelle et collective. Savoir ce qu'on veut, d'où on vient et où on va. Essayer de donner un sens à ce morceau de vie. Au cours de cette période, il y a des moments au cours desquels on a beaucoup réfléchi, au cours desquels on s'est remis en question. Mais c'est en se posant les questions essentielles qu'on est parvenu notre objectif. En bref, on a construit ce disque sur ces doutes et ces interrogations… "

Pour enregistrer cet opus, Mud Flow a bénéficié du concours de quelques collaborateurs. Et en particulier de l'ingénieur du son, Rudy Coclet. Une coopération que le trio juge très fructueuse. " Dès le premier jour, on s'est rendu compte que nous étions sur la même longueur d'ondes. Si un siège craque -le sien peut-être- au cours de la session d'enregistrement, mais que de cet incident en ressort une émotion, une profondeur, il parvient toujours à nous convaincre de ne rien retoucher. En studio, il est toujours possible de maquiller les imperfections. Mais Rudy possède cette faculté de capter l'énergie au bon moment. Pourtant, cette technique n'est pas du tout facile à appliquer. Surtout pour le chanteur. Lorsqu'on se retrouve seul, avec juste une guitare derrière, ce n'est pas évident. Parce qu'il faut pouvoir se regarder, s'entendre. Mais lui, il sent les choses… L'enregistrement n'a d'ailleurs duré que trois à quatre semaines. Nous n'avions pas vraiment davantage de temps, parce qu'on a effectué énormément de prises 'live'. Et puis la philosophie de Rudy se résume à trois prises maxima. Il estime que lorsqu'on en consomme davantage - et il n'a pas tort - on perd quelque chose. Trois prises parmi lesquelles on choisissait celle qui nous plaisait le plus. Finalement, un processus très simple… Donc, dans cette optique, la collaboration a vraiment été très enrichissante. Ce type possède une énorme expérience studio. C'est un musicien hors pair. Il nous a appris quelque chose en tant que musiciens ; mais surtout il possède des qualités humaines très développées. Donc ce fut un vrai bonheur de travailler avec lui… "

Le climat du nouvel opus est empreint d'une mélancolie douce. Et à l'écoute de 'Chemicals', on ressent même une grande tristesse. Cette chanson serait-elle le reflet d'une angoisse ou tout simplement un exutoire ? " Rien que de la jouer ou de la chanter est déjà un exutoire. Après deux ans d'interrogations, nous avons commencé à avoir quelques idées noires. Et on s'est dit qu'on allait les refléter, non pas sur papier ou sur pellicule, mais à travers notre musique. Il n'était pas question de tricher. Nous n'allions pas chanter 'Love me do' à ce moment là ! (rires) En effet, tout l'album est empreint de mélancolie douce… " Même le single 'Today', dont le format pop allègre pourrait faire croire qu'il s'agit d'un titre abandonné du premier elpee. " En fait, après l'aspect très mélancolique de 'Sense of me' et de 'Chemicals', on a voulu opérer une forme de contradiction. Un peu comme si après une énorme déception, on avait envie d'avoir un déclic, de communiquer quelque chose qui balance un petit peu en te disant : 'Ca va aller, quoi !' Et à contrario les paroles sont restées très désenchantées : 'Aujourd'hui ça ne va pas et tout tourne de travers…' On essaie d'être positifs, malgré la douleur. Il y a un peu de cynisme là-dedans. Lorsque tu es dans le trou, parfois tu te dis que tu vas remonter. Ca marche 5', 10', une semaine, un mois. Mais au bout du compte tu es quand même rattrapé par le problème, tant que tu ne l'as pas résolu… " Deux chansons portent le même titre : 'Debbie & Charlie'. La seconde est cependant sous-titrée 'the true story'. Pourquoi ? La première ne refléterait donc pas la réalité ? " En fait la première est une prémonition. Mais tu ne préfères pas y penser. Et lors de la seconde, les événements se produisent. Ce qui explique pourquoi le final est différent… "

Lors de la lecture de la biographie consacrée au groupe, quelle n'a pas été ma surprise de lire que pour enregistrer 'A life on standby' Mud Flow avait lorgné vers Coldplay, Radiohead, King Crimson ou encore Pink Floyd. J'ai eu beau chercher, franchement, je n'ai pas trouvé. Sous la forme du concept album, peut-être. Maintenant, ces références sont peut-être bien cachées. Une question qui méritait donc d'être posée. " Nous vivons dans une époque au cours de laquelle les gens écoutent Coldplay et Radiohead. Nous aussi. Pink Floyd est un groupe qui nous a influencés. On ne peut le nier. Donc quelque part, ces empreintes sont marquées inconsciemment au plus profond de nous-mêmes. Et à un certain moment, elles reviennent à la surface, dans notre musique. Maintenant, il est vrai que ce type de comparaisons est un peu généraliste… " Mais revenons un peu à cette notion de concept album. Parce que finalement, toutes les compositions tournent autour d'un même thème. Hormis, 'New Eve', la plage finale qui, toujours selon la bio, donne un avant-goût de la nouvelle orientation musicale que devrait emprunter Mud Flow, dans le futur. " Il est exact que le disque constitue, en quelque sorte, un concept. Parce qu’on y raconte une histoire. Maintenant je ne sais pas si 'New Eve' reflète notre future direction musicale. Une ouverture symbolique vers le futur, d'accord. Il s'agit d'un générique de fin, car l'elpee se termine clairement par 'Song 1'. Cette composition sonne la fin de l'histoire. 'New Eve' symbolise le renouveau. La vie après la vie. Enfin, l'image qu'elle incarne. Le voyage intérieur. Mais aussi vers d'autres sphères… " Une chose est sûre, ce morceau final, 'Five against six' et 'Tribal dance' réveillent en mon fors intérieur le mouvement arty, atmosphérique et ténébreux qui a sévi, voici une vingtaine d'années en Angleterre ; et au sein duquel brillaient des formations telles que Sad Lovers & Giants et surtout And Also The Trees. Je voulais donc en avoir le cœur net ! " Hallucinant ! Oui, tu as tapé dans le mille. On a joué sur les ambiances et le phrasé de guitare utilisés par And AlsoThe Trees à cette époque. En fait, l'empreinte qu'avait laissée le groupe au plus profond de nous-mêmes, est revenue à la surface. Nous en avons seulement causé lors d'une autre interview accordée au cours de cette journée. Mais à notre initiative. Parce que personne ne nous en avait encore parlé… " Des plages au cours desquelles, la basse suit la mélodie, à l'instar d'un SL&G. Blazz s'en explique. " Ta réflexion est tout à fait intéressante. Personnellement, c'est une règle à laquelle j'ai toujours été attentif. La mélodie est la base d'une composition. Et puis, il y a tout ce qui tourne autour qui vient renforcer cette mélodie, la soutenir, l'accompagner. Mais il est exact que pour certains morceaux, on entend nettement que la basse suit davantage la mélodie aussi bien au niveau rythmique qu'au niveau harmonie… "

La scène pop/rock belge est en pleine effervescence : Girls in Hawaii, Sharko, Hollywood Porn Stars, Adrian Bouldt, Showstar, et j'en passe… et maintenant Mud Flow. La plupart de ces groupes ont le potentiel pour réussir en Belgique ; mais aussi et surtout pour percer à l'étranger. Mais qu'est-ce qu'il leur manque pour y parvenir ? La réponse fuse : " De bonnes critiques dans les journaux ! (rires) Les moyens. Les structures. Les moyens surtout. En France tu peux faire 500 dates. En Belgique : 5. Ou alors tu joues chaque fois à 10 km. Là se situe le problème. Et puis, les artistes belges ne sont pas suffisamment confrontés aux autres. Aux artistes étrangers qui ont l'habitude de se mesurer à de très grosses pointures. C'est ce qui leur manque pour acquérir une certaine expérience. Mais en règle générale, j'attribuerai la responsabilité à la carence des structures, des moyens… " Mais alors comment comprendre que dEus, qui relevait alors de Bang, est parvenu à faire son trou à l'étranger ? " Tout arrive ! Mais depuis, qu'ils sont passés chez un major, ils ne font plus grand chose. Par rapport au phénomène dEus, il faut également tenir compte de paramètres qu'il n'est pas possible de gérer. Bang avait quand même injecté d'énormes moyens pour ce groupe. En outre, il s'agit d'une formation flamande. Et en Flandre, la promo prend des proportions toutes autres qu'en Wallonie. Surtout dans le domaine de l'exportation. Lorsqu'on voit l'investissement qui a été consacré à la dernière tournée de Soulwax, c'est effrayant. Ce type de financement est planifié comme dans une entreprise. En ce qui nous concerne, nous avons la chance de disposer d'une structure tout à fait fiable qui nous fait confiance. Un fait assez rare en Wallonie pour le souligner. D'autant plus que le politique n'a rien trouvé de mieux que de retirer le pain de la bouche aux structures indépendantes du Sud du pays. Merci Monsieur Ducarme ! (NDR : pour sa contribution ?) Parce que non seulement nous pouvons compter sur des personnes qui nous suivent dans ce projet, mais en plus elles chapeautent le tout et nous financent. Il est évident que le talent musical a également son importance. Encore qu'il s'agisse d'un terme difficile à définir. Mais, il n'y a rien à faire, on peut disposer de la meilleure structure et bénéficier de la meilleure promo, si la musique n'est pas bonne, on n'ira pas très loin… D'un autre côté, si personne ne nous entend, c'est un coup dans l'eau. Il faut trouver le juste équilibre… "

Le revivalisme 'garage' ne botte pas tellement le trio. A la limite, ce mouvement les horripile. " Ce genre de truc nous fait c****. C'est encore un stratagème monté par les majors. Les Strokes devenus rentables, ils ont décidé de mettre plein de pognon sur 200.000 groupes du même style. Sans prendre de véritable risque. Le problème c'est que ce choix épuise la manne qui aurait pu permettre d'explorer les filons intéressants. C'est un effet de mode. Les fringues, l'attitude, avant la musique. Il exact qu'il existe de bonnes choses sur cette scène, en dessous des sofas et des cendriers remplis. Comme les White Stripes, par exemple. Parce qu'ils étaient là avant les autres. Mais on ne peut pas supporter ces groupes qui copient l'attitude des groupes des années 70. Qui s'habillent de la même façon. Qui tiennent leur micro de la même manière. C'est un manque flagrant de personnalité ! Je ne dis pas que c'est parce que nous sommes en 2004, qu'il faut adopter un mode de vie hypertechnologique. Là n'est pas la question. Mais quel est l'intérêt d'aller reproduire quelque chose qui a été fait à cette époque. Cela ne durera pas. Et quand on nous bassine que le punk revient, on a envie de rigoler. Nous ne sommes plus en 1978 ! Les groupes punk des années 90 n'ont rien à voir avec ceux des années 80, ni avec ceux des 70's… " De technologique à électronique, il n'y a qu'un pas… qu'il suffisait de franchir. " Il existe des choses très intéressantes dans le domaine de la musique électronique. Boards Of Canada, par exemple. Mais elle souffre parfois d'une carence de mélodie, d'harmonie, de développement interne. Surtout pour écouter chez soi. Enfin, c'est un point de vue de musicien. Maintenant, en soirée, lorsqu'on est à fond dedans, c'est totalement différent. C'est l'aspect analogique de la musique électronique qui nous passionne le plus. Du style fin des années 70 et 80. Pas ce qui touche aux PC. Et ce qui est également chouette, ce sont ces artistes qui réalisent l'intégration (NDR : de la musique dite hybride !), tels que White Birch ou Cinematic Orchestra… "

 

 

Pinback

La métaphore de la métaphore

Pas bavard, le Rob Crow… Après une nuit mouvementée à écumer les bars louches de Bruxelles, il est devant nous, les yeux mi-clos et la barbe de trois jours. On est venu lui parler de ce nouvel album, " Summer In Abaddon "… De quoi, de qui, comment ? Sous ses airs d'ours mal léché, Rob Crow semble être un grand sentimental. Sympathique, même… Quoique si on avait su, on lui aurait sorti notre questionnaire Star Wars (paraît qu'il est fan). La prochaine fois. D'ici là, plongeon du côté obscur de Pinback. Et obscur, ça rime avec biture. Donc acte !

Je crois qu'il est important que les gens soient informés. Ainsi, personne ne reste dans l'ignorance, et on évite les malentendus. Et les bagarres.

Que peux-tu donc nous dire sur ce troisième album ? Fût-il difficile à réaliser ?

Ouais, parce que Zach et moi, on a des avis complètement divergents sur la manière dont on veut jouer, et on n'a pas les mêmes goûts musicaux.

C'est le conflit qui vous inspire ?

Il est clair, nous avons toujours fonctionné de la sorte. Et c'est pour ça que c'est chouette… Parce qu'on ne s'attend jamais à tel ou tel résultat, c'est tout à fait aléatoire, du genre : " Wow, c'est bizarre ! ". C'est cool, j'aime bien ! (rires)

Et à part la composition de cet album, qu'avez-vous fait ces deux dernières années ?

On a tourné un peu partout, travaillé sur d'autres projets, et je me suis marié.

Il paraît que tu envisages une collaboration avec Chino Moreno des Deftones… Sans blague ? ! ?

Ouais, c'est vrai ! J'étais à Sacramento il y a quelques semaines, je bossais sur un truc en compagnie de ce type qui joue de la batterie dans Hella, un de mes groupes préférés avec Lightning Bolt. Chino Moreno était dans le coin et il m'a proposé de chanter sur un de ces nouveaux projets ; et j'ai accepté… Il s'appelle Team Sleep. Mais j'ignore s'ils vont conserver ce que j'ai fait ! (il se marre) D'ailleurs je n'ai jamais écouté les Deftones.

Parlons de ce nouvel album, " Summer In Abaddon "… C'est beau, c'est limpide.

Livide ?

Non : Limpide !

Ah, merci !

C'est aussi votre album le plus mélancolique.

Merci beaucoup. On aime bien être mélancoliques. C'est ainsi qu'on se sent, en général.

Vous êtes plutôt dépressifs ?

Je suis tout le temps déprimé, mon vieux… Mais je parle pour moi, là : je ne sais pas pour Zach… D'ailleurs je ne sais même pas où il est et ce qu'il fait en ce moment ! (rires) J'espère qu'il va bien en tout cas.

Avez-vous composé tous les morceaux de cet album en duo, comme d'habitude ?

C'est à chaque fois différent : l'un d'entre nous apporte une idée, l'autre aussi ou bien improvise dessus… Mais l'écriture, ce n'est rien que nous deux. En live on a un groupe, mais Pinback c'est Zach et moi.

Est-ce important pour vous de travailler ainsi ?

C'est clair, parce que s'il y avait d'autres personnes, ils finiraient sans doute par se suicider ! (il se bidonne, semble-t-il mal remis de sa cuite de la veille)

Est-ce le signe que vous n'aimez pas vous ouvrir à l'influence d'une tierce personne, d'autres musiciens ?

C'est déjà assez difficile rien qu'à nous deux, parce qu'on n'arrête pas de se prendre la tête. On n'a besoin de personne d'autre ! Depuis le début on s'est toujours dit que cette formule fonctionnerait mieux ainsi : à deux, on se débrouille plutôt bien, on sait tout faire… A part le mastering, pour lequel on est vraiment des manches ! (rires)

Où trouvez-vous l'inspiration pour vos textes ? Parce que votre écriture s'avère très impressionniste… et parfois hermétique.

Chaque phrase peut être interprétée sous différents angles, mais mises bout à bout elles prennent tout leur sens… C'est vrai que d'un premier abord c'est un peu abscons, mais si tu les assembles, elles forment un tout… C'est difficile à expliquer. Chaque phrase est une métaphore d'une métaphore et ainsi de suite… Tu piges ?

Exemple. Quand tu chantes : " It's too late/I see no sign of fortress ", c'est quoi la métaphore de la métaphore ?

C'est une phrase de Zach, donc je ne peux pas vraiment te répondre… Mais sache que c'est sans doute une des phrases les moins abstraites de l'album ! Elle évoque simplement un sentiment de frustration : parfois c'est dur de se sentir à l'aise, quand t'as pas dormi (NDR : tu l'as dit…), que t'es à la masse, quand t'es loin de chez toi… C'est ça, l'idée.

Ressens-tu souvent ce sentiment ?

Ouais, en ce moment ! (rires)

C'est quoi le problème ? ! ?

Ca n'a rien à voir avec toi, rassure-toi ! Le fait de parler à des gens, justement, ça me réconforte… C'est juste que je suis loin de chez moi, et que j'ai peur que mon avion crashe au retour ! (rires) Ce n'est pas toujours gai de se barrer de chez soi si souvent. T'as juste envie, parfois, de dormir dans ton lit, et pas dans des hôtels…

En formant Pinback, tu pouvais pourtant t'y attendre…

Je l'ai toujours espéré, mais j'ai toujours cru que personne n'en avait rien à caler de ma musique ! Je ne pensais pas qu'un jour on s'intéresserait tellement à moi ! (rires)

N'es-tu pas heureux que des gens apprécient ce que tu fais ?

Evidemment, c'est énorme ! C'est vraiment super. Sauf que ma femme me manque.

Alors l'amour t'inspire pour écrire des chansons ?

Non ! (rires) Je n'en ai pas besoin pour me sentir inspiré… L'amour est un sentiment que j'arrive à exprimer sans effort : c'est pourquoi je n'éprouve pas le besoin d'en parler via ma musique.

Par contre vous faites souvent référence à des villes dans les titres de vos chansons… Pourquoi donc ?

Quand on a commencé la composition on sauvait toutes nos idées sur ordinateur, et comme il fallait nommer chaque fichier, Zach s'est amusé à pointer des noms de ville sur une carte d'Europe accrochée au mur… " Pourquoi pas Tripoli ? ", " Vendu ! " : voilà toute l'histoire.

C'est très décevant…

Merci ! (il se marre)

Et les photos des pochettes, alors ? Les éléments naturels semblent vous intéresser.

Exact ! C'est une manière pour nous de rendre l'écoute de Pinback aussi pure que possible.

Mais encore ?

Le naturalisme. C'est difficile à expliquer… Je ne sais pas ! (rires)

" Abaddon ", c'est quoi ? Un endroit, une ville ?

Juste un état d'esprit. Rien chez Pinback n'est à prendre au sens littéral…

Alors que signifie la référence de la métaphore de la référence à " Abaddon " ?

Plein de choses ! Une expérience cathartique. Un job d'été. Une balade en ULM. Jouer de la batterie dans un groupe de reprises de Venom…

Pour toi la musique est cathartique ?

Clairement… Si elle ne l'était pas je n'en ferai pas !

Péterais-tu un câble si tu ne jouais pas de musique ?

Bien sûr. Je ne saurais pas quoi faire de moi…

Une petite balle, entre les deux yeux ?

Non ! (rires) Mais je préfère jouer de la musique que faire quoi que ce soit d'autre, c'est clair !

Est-ce la seule chose qui compte, pour toi ?

Ouais… Sauf d'être avec ma femme, évidemment !

 

IAMX

Psychanalyse d un projet solo...

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Au début des années 90, Londres enfantait les Sneaker Pimps, trio de trip-hop pénétrant, attendant sagement une reconnaissance manifeste d'un public encore épars. Trois albums plus tard, Chris Corner, le leader du groupe, décide de marquer une pause, de s'échapper du collectif sous le couvert d'IAMX. Le projet solo de Corner s'inscrit dans cette mouvance electro-pop qu'il affectionne tant. Une musique traversée d'ambiances et de tempos inhalés au plus profond des années 80. Et lorsque Mr Corner accepte de se livrer au jeu de l'interview, la psychanalyse n'est jamais loin. Histoires de refoulements et de défoulements garantis!

Pourquoi as-tu choisi de te lancer dans un projet solo? Est-ce le reflet d'un ras-le-bol de ta vie au sein des Sneaker Pimps?

Pas un ras-le-bol! Je ne cois pas que ce soit le terme approprié. Je pense qu'à un certain moment, j'ai eu envie de faire des choses plus personnelles, ancrées en moi. J'avais beaucoup de choses à dévoiler à propos de l'amour, de la mort ou du sexe. Le genre de choses que je ne pouvais exprimer librement au sein des Sneaker Pimps. J'ai donc décidé de faire un break, de m'échapper le temps d'un projet solo afin de mieux me comprendre.

Pour toi, quelle est la plus grande différence entre la vie en groupe et ton aventure sous le nom d'IAMX ?

Je pense que le projet solo te permet d'explorer profondément des facettes de ta personnalité. Chose que tu peux plus difficilement accomplir au sein d'un groupe. De plus, pour y vivre, tu dois consentir un nombre ahurissant de compromis. Certes, c'est une bonne chose dans la mesure où tu collabores avec d'autres personnes et tu peux facilement te confier, car ce sont tes amis. Mais une chose est certaine: tu ne peux pas exprimer ce que tu ressens au plus profond de toi-même.

Mais est-ce que les Sneaker Pimps existent encore?

Oui, bien sûr! Quand je me suis lancé dans IAMX, j'avais déjà écrit de nouvelles chansons pour le groupe. Mais elles ne correspondaient pas tout à fait à son univers. Nous voulions changer d'orientation. En même temps, nous ne savions pas réellement dans quelle voie nous diriger. Nous avons donc choisi de faire le point, de réfléchir à ce nouvel album des Sneaker Pimps. Je pense que d'ici Noël, nous l'aurons d'ailleurs achevé.

Ton projet solo s'intitule IAMX. Pourquoi ne pas avoir simplement repris ton nom ou quelque chose comme "Chris Corner solo Project?"

Parce que Chris Corner, ce serait chiant! Je pense que IAMX reste une chose beaucoup plus amusante pour moi. C'est un peu comme mon alter ego. C'est une part de moi que je ne peux pas vraiment exprimer dans ma vie quotidienne. Donc, ce n'est pas vraiment Chris Corner. C'est le diable qui se cache au fond de moi!

Que signifie IAMX?

Ce n'est pas vraiment un nom. Il s'agit d'une sorte de symbole qui reste ouvert à l'interprétation… Pour moi, je sais ce qu'il représente, mais pour les autres personnes, c'est variable… Les gens peuvent vraiment en penser ce qu'ils veulent.

Ton album s'intitule "Kiss and Swallow" (soit "embrasse et avale"). C'est aussi le nom du premier single issu de ton disque. Quelle est la signification de ce titre?

(rires!) Il n'y a pas vraiment de signification là derrière! C'est un titre qui donne bien, quelque chose de viscéral et un peu provocateur, je pense. Mais ce n'est certainement pas quelque chose d'évident!

Ressens-tu le besoin d'être provocant?

Je n'ai pas besoin de l'être. Mais peut-être le suis-je ! (rires). Peut-être est-ce une part de ma nature cachée.

Penses-tu être capable d'apaiser cette personnalité?

Peut-être dès le prochain album. En fait, la question est un peu particulière ; car à la maison, je suis quelqu'un de très posé, de très calme. Par contre sur scène, je suis très différent.

Quand on écoute tes chansons, il convient de reconnaître que tes paroles ne respirent pas l'optimisme. C'est même assez glauque. Quel sentiment souhaites-tu faire passer à travers ta musique?

Je pense que le mot glauque n'est pas adapté! Je n'essaie pas d'être glauque ou déprimant. Au contraire, j'essaie d'évoquer les meilleurs aspects de l'amour et du sexe. Je pense que le sentiment général qui peut se dégager de ma musique reste avant tout une impression de confusion. Ce n'est pas supposé être une musique dépressive! Il n'y a aucune intention de ma part de prendre une semblable direction.

Dans la vie, tu n'es donc pas quelqu'un de pessimiste?

(petite réflexion…) Parfois ! Mais ça dépend. Disons que je suis… comment dire? Disons lunatique! (rires)

Certaines de tes chansons abordent des histoires sadomasochistes. Es-tu attiré par ces pratiques sexuelles?

(rires) Pourquoi pas? Je n'ai jamais pratiqué. D'un point de vue psychologique, il s'agit d'un sujet très intéressant à aborder. Très large et finalement très peu exploité. Quelque chose de très puissant qui se produit entre deux personnes. Cependant, je ne suis pas quelqu'un de violent ou attiré par les chaînes! Comme je le disais, je n'ai jamais pratiqué…

Certain?

Absolument certain !

D'une manière générale, tes chansons parlent d'amour, de sexe, de mort et de souffrance. Considères-tu que ces thèmes entretiennent une quelconque relation entre eux?

Que ces thèmes puissent être liés entre eux? Toutes ces matières entretiennent nécessairement des relations étroites entre elles. Je pense que le cerveau humain emprunte des voies très étranges. Mais au final, toutes les idées qui s'y retrouvent sont connectées entre elles. Pour moi toutes ces choses sont inextricablement liées. Est-ce un hasard si on alimente des rêves érotiques lorsqu'on rencontre une jolie fille? Le rêve continue et puis brusquement, il s'arrête. Il ne reste que la mort! C'est l'histoire de la vie. Pas seulement la mienne mais celle de tout un chacun!

Tes performances scéniques sont de plus en plus réputées, de plus en plus folles. Qu'est-ce que les gens peuvent s'attendre à découvrir en venant te voir sur scène?

Par rapport à la scène, IAMX est très différent des Sneaker Pimps. Il n'y a pas de batteur, pas de groupe à proprement parler. Pour moi, c'est davantage une performance du cœur. J'exploite tous les personnages qui se trouvent enfouis au plus profond de moi-même! Je transporte des amis, d'autres artistes, des comédiens, des personnes étranges. ("C'est toi qui es le plus étrange" lui crie alors sa mystérieuse accompagnatrice).

Pas étrange alors ?

Etrange n'est pas le bon mot. Je pense qu'il est beaucoup plus intéressant pour le public de visualiser différents personnages plutôt que de voir des gens qui jouent vraiment bien !

Tes concerts correspondent-ils davantage à une forme d'événements artistiques?

Exactement! C'est vraiment ce que j'essaie de créer ! Mais les concerts sont différents d'un soir à l'autre. Tout dépend de ce qui se passe pendant la soirée. De ce point de vue, les choses restent totalement imprévisibles!

Mais le fait de se produire en solo, de ne pas dépendre des Sneaker Pimps te permet sans doute de pousser le spectacle plus loin, d'être plus excentrique, non?

C'est vrai que je peux en rajouter sans que le reste du groupe ne commence à me critiquer. Il est déjà arrivé qu'on vienne me trouver à la fin d'un concert des Sneaker Pimps pour me dire que ma performance ne collait pas à notre musique. Chez IAMX, tout vient de moi. Dès lors, il est bien plus facile d'exprimer les émotions qui se cachent derrière les paroles de mes chansons. Je me sens complètement libre, réellement expressif et honnête. C'est mon expérience…

Archive

L éther du milieu

En l'espace de trois ans et deux albums, le duo britannique Archive est devenu le nouveau fer de lance d'un rock progressif mâtiné d'électronique, aux ambiances plaintives et suffocantes. Le genre de groupe qu'on préfère écouter seul chez soi plutôt qu'avec sa copine, pour éviter toute démission affective et crêpage de chignons. Et même si Darius Keeler et Danny Griffiths s'en défendent, c'est la pure vérité : écouter 'Noise' et cet unplugged en charmante compagnie, c'est risquer la migraine : 'Pas ce soir, j'écoute Archive'… En cette période de course aux cadeaux, mieux vaut donc éviter d'acheter l'unplugged d'Archive à sa petite copine : un bon best of de Britney Spears ferait bien mieux l'affaire (quoique…)

" Il est vrai que ce disque est un bon cadeau à offrir à ton ex ! ", se marre Danny Griffiths, tête blonde et barbe de trois jours. " Toutes nos chansons parlent de rupture, de cette souffrance qu'on ressent à chaque fois qu'une relation part en couilles… Mais je reste persuadé que notre musique est positive. Elle ne véhicule aucun message misérable, et puis de toute façon écrire des chansons joviales ne nous intéresse pas, c'est bien trop facile ! ". N'empêche qu'à l'écoute de cet unplugged, qui reprend des titres des deux derniers albums d'Archive, difficile de croire que les jérémiades de Craig Walker (leur chanteur) donnent envie de taper du pied et des mains comme si on était au cirque. Un titre comme 'Fuck You' (ici en ouverture) ne respire décidément pas la joie de vivre, et celui qui dit le contraire ferait bien d'arrêter les Xanax et de se mettre vite fait au feng shui. " Ce titre évoque la frustration et la colère qu'on peut ressentir en vivant en Angleterre ", explique Griffiths. " Quand on l'a écrit, on en avait vraiment marre de tous ces politiciens véreux qui n'arrêtaient pas de promettre des choses mais ne proféraient que des mensonges… Tony Blair, Bush… Si je les rencontrais je leur mettrais ma main sur la gueule : ces types n'ont rien dans le cerveau ! Mais le plus amusant, c'est que chacun peut interpréter les paroles comme bon lui semble, y mettre son propre vécu : en Grèce par exemple, plein de gens demandent aux animateurs radio de passer 'Fuck You' à l'adresse de leur ex… T'y mets ce que tu veux, et c'est ça qui est cool ! ". Cool… ? Mais à quoi bon s'évertuer à ressasser ses rancœurs quand il est déjà assez difficile de les mettre au placard, et de continuer à vivre et être heureux, coûte que coûte ? 'La réalité, c'est ce qui refuse de disparaître quand on cesse d'y croire', disait Philip K. Dick, et là est sans doute le vrai message de cette chanson pleine de fiel et de ressentiment. Darius Keeler, le moins sanguin des deux, semble acquiescer entre deux gorgées de bière : " Je comprends ce que tu veux dire… ", lâche-t-il d'un sourire en coin en regardant son collègue. " Il a raison, ce n'est pas très positif comme chanson… ". Et Griffiths de rétorquer : " Tu sais, l'idée au départ était de composer une belle musique majestueuse, pleine de cordes, mais avec des paroles violentes, parce que le contraste rend la chanson plus puissante ". Toujours est-il que dépouillées de leurs oripeaux électr(on)iques, les chansons d'Archive sonnent encore plus mélancoliques… Et donnent ainsi l'impression d'avoir été composées 'à l'ancienne', sur un piano ou une guitare acoustique. Verdict : " On compose surtout au laptop, et il est clair qu'entendre tous ces titres fonctionner en version acoustique est surprenant ! ", déclare Darius Keeler. " Parce qu'on n'a jamais écrit de chansons de cette manière : on préfère expérimenter et triturer les sons… A vrai dire écrire des chansons de façon traditionnelle ne nous intéresse pas : on n'est pas Bob Dylan ! ". Alors pourquoi cet unplugged ? " On n'avait rien prévu ", insiste Keeler. " On était occupés d'enregistrer 'Noise' à Paris, et comme il nous restait du temps à la fin, on s'est dit qu'il serait sympa de mettre sur pied un concert acoustique pour nos fans… Le résultat a plu à notre maison de disques, qui nous a proposé de le sortir dans le commerce. Ce fût très spontané ! ". Danny : " C'était amusant… Mais si on n'avait pas eu le temps, jamais on n'aurait pensé faire ce genre de truc ! D'ailleurs on n'a répété que deux fois : le résultat aurait pu être catastrophique ! (Il se marre) Heureusement on a choisi les titres les plus adaptés à ce genre de reconversion… Un morceau comme 'Pulse', par exemple, n'aurait pas du tout fonctionné… ". La preuve qu'Archive n'est pas seulement un groupe de bidouillages, puisque ses chansons ne perdent rien de leur puissance émotionnelle une fois désinhibées, jouées dans leur plus simple appareil. Seul bémol évoqué à l'écoute de cet unplugged : le chant de Craig Walker, à la limite du pompiérisme. Chez lui la tristesse n'est pas murmurée mais hululée, comme si l'emphase se révélait la condition sine qua non pour traduire les maux du cœur, si sclérosés soient-ils… D'où cette cover de 'Girlfriend in a Coma' des Smiths, l'écrin parfait pour Craig Walker et ses vocalises de Castafiore défoncée aux antidépresseurs. " Il s'agit d'un des groupes préférés de Craig ", explique Darius Keller. " Il voulait absolument la chanter alors on l'a laissé faire… Et on adore le résultat ! ". Parmi les autres surprises, figure cette chanson du groupe français Santa Cruz ('Game of Pool'), l'un des secrets country-folk les mieux gardés d'Outre-quiévrain : " On les a vus jouer à Paris dans un club, et comme on aimait bien leur musique on a proposé à Bruno (NDR : voix) de venir au concert chanter un de leurs titres, avec Craig aux backing vocals ", précise Darius. Une sorte de juste retour des choses, la carrière d'Archive étant fort tributaire du succès rencontré en France depuis la sortie de ce premier album, 'Londinium', il y a plus de 5 ans…

Alors qu'en Angleterre le public et la presse continuent injustement à bouder le groupe, jugé… 'trop progressif'. " La Grande-Bretagne est un pays très porté sur le rock, et Archive n'est jamais rentré dans ce moule ", s'attriste Darius Keeler. " Mais c'est mieux que d'essayer bêtement de rentrer dans le jeu, juste pour plaire au plus grand nombre ", renchérit Danny Griffiths. " Le problème, en fin de compte, est qu'il y a de moins en moins de gens qui prennent le temps d'écouter un album, et notre musique s'apprécie avant tout dans la durée. En Angleterre, il existe cette espèce de culture pop kleenex : on écoute puis on jette. C'est de la consommation frénétique, et la musique d'Archive ne rentre pas dans ce schéma. Ici les gens prennent plus le temps : ils écoutent plus attentivement, ils analysent… C'est sans doute la raison pour laquelle on se sent plus à l'aise sur le continent. C'est étrange quand même, non ? ".

Boenox

Boenox, 100 points.

Boenox est un quatuor anversois qui fait de la musique pop avec des instruments classiques, et non l'inverse : un voyage sonore non identifié, qui s'adresse davantage aux jambes qu'aux neurones. Un comble pour des types qui ont fait le Conservatoire ! Heureusement, Boenox se fiche bien des puristes, et revendique son envie de créer une musique hors normes et hors mode ; bref à part. Nous les avons rencontrés pour tailler une bavette, avant leur passage à l'AB dans le cadre du festival Domino, le lundi 5 avril.

Tout d'abord, comment a débuté l'aventure Boenox ?

Dimitri Brusselmans : On s'est rencontré lors d'un stage d'orchestre au Conservatoire… Un jour on était bien saouls en jouant au scrabble, et j'ai inventé le mot " BOENOX " parce que je n'avais pas d'autre idée… Les autres ont accepté !

Stoffel de Laat : Ca ne veut rien dire mais ça valait beaucoup de points ! (rires)

D. : On avait donc le nom mais pas encore la musique…

S. : C'est alors qu'on s'est dit qu'on allait jouer ensemble, parce qu'il n'y avait pas de musique pour nos instruments (NDR : le hautbois, la contrebasse, le basson et le violoncelle). On a cherché en bibliothèque, mais on n'a jamais rien trouvé d'équivalent ! Et puis on avait déjà arrangé un concert, donc il fallait aller au plus vite ! On a demandé à un copain de nous composer quelques morceaux, et on s'est lancé dans l'aventure.

D. : Au début, c'était très difficile, parce que nous jouons tous des instruments d'orchestre, et pas du piano, de la guitare ou des percussions…

Il n'y a aucune œuvre, dans le répertoire classique, qui réunit vos quatre instruments !?

D. : Il y a bien Michael Haydn, mais c'est pour clarinette, violon, violoncelle et contrebasse…

S. : Et comme notre bassoniste a aussi un diplôme de clarinette…

D. : Sinon on a fait une reprise d'" Only You " ! Mais ça c'est plutôt rock.

Vous écoutez aussi du rock ?

D. : Pour moi c'est évident d'aussi écouter du rock, et même d'en jouer… Mais au Conservatoire cela reste plutôt rare.

S. : J'ai aussi joué dans des groupes de rock et de blues, mais c'est vrai que nous sommes un peu des exceptions !

C'est mal vu de dire qu'on aime la musique populaire quand on étudie le Conservatoire ?

S. : Ce n'est pas vraiment mal vu, mais les gens qui font le Conservatoire sont en général des puristes de musique classique…

D. : Et puis c'est vrai qu'il y a tellement de compositeurs fantastiques en musique classique : Mozart, les musiques de chambre,…

S. : Le répertoire est très riche.

Ce n'est pas justement difficile de se positionner par rapport au public ? D'un côté il y a les amateurs de rock qui trouveront votre musique peut-être trop " classique ", et de l'autre les amateurs de musique classique qui la trouveront sans doute trop " rock " !

D. : C'est ça qui est intéressant !

S. : C'est un peu un voyage de l'un à l'autre, du classique à la pop. Et ça nous plaît !

Le public à vos concerts est donc mélangé ?

D. : Oui. On a joué aussi bien au Pukkelpop que dans des églises, sans amplification.

Mais comment expliquez-vous que le public " rock " s'avère réceptif à votre musique ?

S. : … (un ange…) C'est une question difficile, ça ! (…passe) C'est venu comme ça. On ne s'est jamais vraiment dit qu'on allait toucher tel ou tel public. On fait notre musique, point barre.

On vous sent assez proches d'un groupe comme DAAU, par exemple…

D. : Peut-être, oui… Ils ont aussi fait le Conservatoire.

S. : Le fait qu'on mélange le classique au rock nous rapproche sans doute d'eux, mais notre style est quand même différent : leur musique est plus " folk ", la nôtre reste plus " classique ".

Le fait d'avoir choisi quatre instruments d'orchestre ne vous limite-t-il pas au niveau de la composition ?

S. : C'est à nous qu'il revient d'explorer (d'exploser) ces limites, pour voir ce qui est faisable ou pas… Et pour changer aussi : ce n'est pas toujours la basse qui doit jouer la basse ! Il faut sans cesse explorer, d'autant que rien n'a jamais été écrit avec ces quatre instruments.

D. : C'est une musique qui bouge.

C'est le cas de le dire, puisqu'on y entend aussi des beats ! Vous êtes aussi des amateurs de musique électronique ?

S. : Ca remonte à l'époque où j'avais une console Atari ! Et puis on a suivi des cours de musique électronique au Conservatoire, parce que ça nous intéressait…

D. : Même si on n'utilise pas toujours le laptop en concert, parce que s'il crashe, on ne peut plus rien faire ! Ca nous est déjà arrivé.

A cet égard, le morceau " Tic Tac " ressemble un peu à du Red Snapper… Avez-vous réalisé les beats tout seuls, ou bien avez-vous bénéficié d'une aide extérieure ?

D. : Pour ce morceau justement, on a travaillé avec Yannick Fonderie de Technotronic… Tu vois, " Pump up the jam " ? (rires)

La classe… Mais sinon, qu'écoutez-vous en musique classique ?

D. : Moi j'écoute beaucoup de musique contemporaine et de musique de chambre…

S. : Moi plutôt Beethoven (la symphonie n°7) et Brahms… Katelijn les suites de Bach et Edwin Shostakovitch.

Finalement votre musique pourrait amener les jeunes à se tourner davantage vers la musique classique…

S. : Ce n'est pas le but, mais pourquoi pas ?

D. : Ce qu'on fait nous semble normal. Couler de source. C'est Boenox, quoi…

Justement : comment définiriez-vous la musique de Boenox à quelqu'un qui ne vous connaît pas ?

D. : Ce n'est pas de la fusion en tout cas ! Je déteste ce mot.

S. : C'est entre la musique pop et la musique de chambre : c'est de la " pop de chambre " !

 

 

The Soundtrack Of Our Lives

L intemporalité suivant Ebbot Lundberg

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The Soundtrack Of Our Lives (TSOOL) nous vient de Suède. De Gothenberg, très exactement. Une formation responsable, à ce jour, de quatre albums remarquables, dont le dernier " The origin vol 1 ", vient juste de sortir. Un sextuor qui se produisait pour la première fois en Belgique. Au Botanique. Avant de monter sur les planches, Ebbot Lundberg, le leader/chanteur/compositeur/lyriciste s'est volontiers prêté à l'exercice de l'interview. Un personnage qui aurait pu revendiquer un rôle dans la saga du 'Seigneur des anneaux'. Vu son look. Mais surtout un artiste dont le discours ne manque pas de philosophie. Et l'entretien comme très fort…

TSSOL cherche à créer son petit univers sonore, un univers parallèle susceptible de tendre vers l'intemporalité. Mais n'y a-t-il pas risque, en visant un semblable objectif, de ne l'atteindre qu'à l'infini ? Ebbot ne craint pas cette quête de l'impossible. " Chaque concert et chaque album nous permettent d'explorer un autre monde. Et cette démarche suscite notre curiosité. Enfin, elle le devrait. C'est la raison pour laquelle, nous créons… " Oui mais, est-il possible de demeurer intemporel lorsqu'on est un produit de sa propre époque. Ebbot réagit au quart de tour : " C'est relatif ! Je considère le temps comme le temps expérimenté. Je ne crois pas au temps dans lequel on vit. Le temps appartient à nos expériences. Par exemple, lorsque tu as l'impression qu'une heure s'est écoulée en une minute, tu abordes l'expression de l'intemporalité. On entre ici dans un concept 'bergsonien'. La notion du temps vous échappe, alors que vous êtes occupés d'en faire l'expérience. Le temps est fugace, insaisissable, même si vous essayez de lui tordre le cou. Il appartient au spectateur de se placer dans cette position d'intemporalité. Mais nous faisons tout pour qu'il y parvienne. Personnellement, lorsque je suis sur la scène, la surprise d'avoir pris du bon temps me surprend parfois … "

Avant de fonder TSSOL, Ebbot avait sévi chez Union Carbide Productions, un groupe punk qui se réclamait notamment de UK Subs, de Black Flag et de tas de formations punk américaines. Des groupes réputés pour communiquer des vibrations punks meurtrières lors de leurs shows. Ebbot tempère : " Je n'ai jamais tenté de reproduire de semblables vibrations. Tu sais, lorsque tu as quelque chose à dire, c'est plutôt un problème d'expression. Et ce qui compte est plutôt l'expression ouverte de ces groupes. Ce qu'ils expriment. Une invitation à les écouter… " Pourtant, notre interlocuteur déclare que TSOOL est une extension de son groupe précédent. Ce qui méritait une explication. " Union Carbide Productions était un concept underground. Le fruit d'une attitude destructrice. Jouer dans ce groupe était la résultante de la musique. La musique n'était pas la résultante du groupe. Pour TSSOL, nous avons voulu privilégier la musique sur l'attitude. La musique est devenue un message. Elle nous a permis de nous diriger où nous le souhaitions… "

Six musiciens dont quatre compositeurs pour un même groupe est une situation qui doit inévitablement déboucher sur des conflits. Comment le groupe s'en sort-t-il ? " Lorsqu'ils composent, c'est toujours en ma compagnie. Toutes les formules sont possibles ; mais j'y suis toujours impliqué. En fait, je prends les décisions finales et les autres musiciens me font confiance. J'avoue qu'il est parfois difficile d'écarter de bonnes chansons et de les laisser sur une liste d'attente. Mais d'autre part, chacun sait qu'elle sortira un jour. Ma responsabilité consiste à rendre chaque disque homogène… " Depuis que le groupe existe (NDR : en 1995), il doit donc exister un fameux stock de chansons. Alors pourquoi ne pas les réunir sur un double ou un triple album ? Y aurait-il un problème financier ? Ebbot se défend : " Non, non, il ne s'agit pas d'une question financière. D'ailleurs nos deux premiers elpees étaient doubles (NDR : sous la forme du vinyle, pour être plus précis). Et sur le troisième nous avons ajouté 4 à 5 bonus tracks. 'The origin vol.1' est notre premier album qui affiche une durée normale. Il aurait pu être plus long, mais nous voulions que tous les morceaux appartiennent au même concept. C'est un choix ! Le prochain sortira en 2005 et s'intitulera 'The origin vol.2'… " Et le suivant volume 3 ? Ebbot réplique instantanément : " Peut-être ! Nous n'avons pas encore décidé… "

Les influences révélées sur les quatre premiers albums du groupe son claires. Essentiellement puisées dans les sixties, elles oscillent du Floyd au Who, en passant par les Stones, Love, les Doors, les Byrds et les Beatles. Que des classiques ! Et il n'est pas tabou de causer de ces influences avec Ebbot. " Ce n'est pas tabou, mais les influences sont tellement nombreuses, qu'elles sont difficiles à décrire et impossible à répertorier. Certaines sont plus évidentes (NDR : celles susvisées). D'autre moins. En fait, nous essayons de concocter l'album qui nous manque. En fonction de nos frustrations, nous créons notre musique… " Sur le dernier opus, j'avais même relevé des traces empruntées aux Pretty Things. Une influence cachée ? " Non, non, j'adore les Pretty Things. Un excellent groupe largement sous-estimé. Comme les Sonics, que peu de médias mentionnent dans leurs articles… " Du Floyd aussi, mais surtout du tout premier elpee 'The piper at the gates of dawn'. En chantant, Ebbot épouse même parfois les inflexions sinusoïdales d'un Syd Barrett. " C'et assez flatteur. Et je n'y avais jamais pensé. Mais j'avoue que j'ai commencé à écouter ce groupe vers l'âge de 10 ans. Et tout gosse je chantais du Syd Barrett. A croire que ce souvenir est resté gravé dans mon subconscient. Ce n'est pas du tout délibéré, mais c'est sans doute l'explication… " TSOOL affirme beaucoup apprécier le jazz, ajoutant même que leurs chansons véhiculent des sonorités mélancoliques jazzyfiantes. Ce qui n'est pas du tout évident à déceler, lorsqu'on écoute leur musique. " En fait, nous avons composé plusieurs morceaux du style. Nous les avons même enregistrés. Mais ils ne figurent sur aucun elpee. Nous aimons beaucoup le jazz suédois. Celui des années 50 et 60. A cette époque, il existait beaucoup de bonnes formations qui y émargeaient. Et ils nous ont influencés. Ce qui explique pourquoi, parfois, nous improvisons 'live'. Cette impro fait partie du spectacle. Rien n'est planifié. Elle coule de source. Comme la musique, comme la vie… " Est-ce la raison pour laquelle, Ebbot a un jour déclaré qu'au cours d'un concert, le groupe et le public jouaient au ping pong ? " C'est exact. Comme si on procédait à un échange d'énergie. Il est important que l'audience se sente comme faisant partie intégrante du show. Comme si nous nous produisions dans leur living-room. Nous essayons d'interagir avec lui. Le plus possible. La prestation 'live' est un événement qui embrasse, qui englobe… "

Jane Birkin et Natacha le June, vocaliste d'AS Dragon, chantent sur 'Midnight children', une des compos du dernier elpee. Etonnant, surtout pour un groupe scandinave ! " En fait, nous avions composé une chanson, comportant un refrain en français, un peu dans l'esprit de 'Je t'aime moi non plus' ; et nous avons contacté le manager de Jane pour solliciter une éventuelle collaboration. Or, le manager est un de nos fans. Il lui a demandé. Elle a écouté la chanson. Elle a aimé. Et elle a accepté. Pour Natacha, notre bassiste, le responsable du morceau, lui avait d'abord proposé. Et finalement, les deux artistes ont participé à l'enregistrement. Pour un résultat amusant, puisque Jane, qui est anglaise, chante en français ; alors que Natacha, qui est française, en anglais. "

Lundberg et les frères Gallagher se sont liés d'amitié, il y a quelques années. Lors d'une tournée commune. Une amitié dont ils ne se cachent pas et qui semble très profonde. Nonobstant ces liens, il était intéressant de savoir ce que pensait Ebbot du déclin de créativité dont souffre Oasis… " Oui, c'est exact, nous sommes très amis. Ils nous ont beaucoup soutenus, lorsque nous étions en Angleterre. Et ils nous encouragent encore, alors qu'ils ne jouent même plus. Je les connais tous personnellement. Nos relations sont excellentes. Je dois avouer que leurs relations le sont beaucoup moins. Nous faisons notre truc. Ils font le leur… pour les hooligans britanniques (rires). Comment comprendre leur baisse de crédit ? Ils ont fait de la merde et le reconnaissent. Ils ont même déclaré que nous valions mieux qu'eux. Mais ils commencent à changer et à prendre la musique au sérieux… "

En 2002, TSOOL a décroché un Grammy pour avoir commis le meilleur album alternatif de l'année, 'Behind the music'. Ils n'ont cependant pas découpé le trophée en six parts égales. D'ailleurs Ebbot ignore totalement où il se trouve. " Peut-être au studio ! Nous ne fonctionnons pas au prix. Ce type de récompense entre plutôt dans le cadre de la performance sportive. Je trouve assez bizarre de recevoir un prix pour la musique. Je pense que ce type de récompense intéresse davantage la firme de disques que le groupe… "

Merci à Vincent Devos

 

 

 

 

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