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Luidji - 02/08/2024

Ce disque est invendable... Spécial

Écrit par - Stéphane Reignier -

The Experimental Tropic Blues Band se produisait ce samedi 19 avril, au Salon de Silly, afin d’y présenter un curieux concept intitulé ‘The Belgians’. Après une bonne heure trente d’un show particulièrement déjanté et décomplexé, votre serviteur part à la rencontre d’un des deux guitaristes : Jérémy dit ‘Sale Coq’. Sans doute, le plus exubérant de la bande ; et pourtant il a la tête bien sur les épaules. Entretien.

Comment est née l’idée de réaliser une ode patriotique et électrique à notre drôle de pays ?

Elle est née suite à un simple concours de circonstances. Aux Etats-Unis, les gens ne nous surnommaient pas les ‘Tropics’, mais ‘The Belgians’. A notre retour, nous avons accordé un concert dans le minuscule Lou's Bar, à Liège. Nous voulions rendre hommage à notre pays. Nous avons dès lors choisi de conserver ce sobriquet plutôt sympa. Le programmateur du Festival de Dour, Alex Stevens, y était. Il estimait le concept original et nous propose alors de nous produire le jour de la Fête nationale, tout en gardant ce nom, afin de marquer le coup. Dans un premier temps, on a estimé l’idée saugrenue. Mais finalement nous avons joué le jeu à la condition que nous puissions projeter quelques images propres à la Belgique sur un écran, durant le set. Les étapes se sont construites intuitivement pour finalement aboutir à ce que nous avons présenté ce soir.

Un concept album consacré à la Belgique, est-ce sérieux ?

Le spectacle de ce soir est un condensé d’évènements qui ont marqué la Belgique. Parfois drôles, parfois dramatiques, comme les tueries de Liège, par exemple. Ils constituent le miroir de notre société. La Belgique est-elle sérieuse ? Est-ce sérieux de vivre dans un pays qui n’existe même pas aux yeux des Belges et du monde ? Nous voulions présenter, naïvement, la vision que nous avions de notre propre patrie sans prise de position aucune. Il s’agit d’une démarche plutôt artistique, proche de celle des dadaïstes.

Cet elpee serait-il plutôt le reflet d’une récréation, d’une blague potache ou d’un cri du cœur ?

Il résulte de la culture et de l’expérience de Jon Spencer. Il nous a inculqué un principe, celui de pouvoir exercer ce métier tout en restant soi-même et en acceptant ses erreurs. Sa philosophie est la nôtre. Nous sommes issus de la même école. Lui comme professeur et nous comme ses élèves. Pour ma part, je n’aime pas du tout les disques léchés. Je préfère de loin ceux dont l’imperfection est palpable. Ceux qui trébuchent le plus en quelque sorte. Le lâcher prise est essentiel dans ce métier.

Quelle symbolique souhaitiez-vous développer en adaptant ‘La Brabançonne’ ?

A vrai dire, nous n’avions jamais imaginé enregistrer un album intitulé « The Belgians ». La mise en place s’est opérée en fonction des rencontres et des circonstances. Lorsque le projet a mûri, la Brabançonne s’est imposée d’elle-même. Cependant, nous la voulions ‘façon’ Jimi Hendrix, afin de nourrir davantage le disque et le spectacle. Encore une fois, rien n’a jamais été calculé. Nous avons d’abord réalisé l’album. Le visuel a été conçu par ‘Film Fabrique’ et ‘Sauvage Sauvage’, deux structures qui avaient déjà bossé sur nos clips. Les morceaux prennent tout leur sens à l’appui des images. Il était important que notre démarche soit bien comprise, et tout particulièrement la signification que nous voulions communiquer à notre définition du surréalisme. Par exemple, pour « Belgian Hero », il était intéressant d’appuyer la dichotomie entre un chômeur qui noircit ses cases et celle d’une Justine Hénin savourant une victoire. Nous fonctionnons à l’instinct à vrai dire. C’est essentiel ! Le jour où nous changerons cette perspective, nous sommes morts.

Les paroles sont sans langue de bois et bien éloignées de ce fameux ‘compromis à la Belge’ !

Oui, effectivement.

On a l’impression qu’en gravant un tel LP, le groupe n’a pas voulu s'enfermer dans une routine et a osé prendre des risques, notamment celui de ne s’adresser qu'à une partie de son public potentiel. Est-ce exact ?

En Belgique, la prise de risques n’existe pas. Un groupe belge ne parviendra jamais à révolutionner le milieu. Seuls ceux issus du pays de l’Oncle Tom parviennent véritablement à imposer leur propre vision des choses. En Belgique, il n’y a que Hooverphonic, Stromae et dEUS, même si ce dernier est à la traîne aujourd’hui, qui y soient parvenus sur notre territoire. Pour notre part, nous sommes juste une bande de potes qui prennent plaisir à faire un truc complètement barré. Nous avons l’opportunité de poursuivre cette voie et le public nous suit. Que demander de plus ? Notre prochain projet sera différent, mais tout aussi décalé. Nous y avons travaillé pendant une année complète. Ce qui a exigé beaucoup d’investissement, mais le plaisir est omniprésent…

Lorsqu’on écoute "Belgians Don't Cry", on ne peut s’empêcher de penser aux sonorités new beat des Confetti’s…

C’est exact. Les Confetti’s restent une référence. Tu sais, lorsque nous avons enregistré « She Could Be My Daughter », nous recherchions clairement cette identité noir/jaune/rouge en y insérant des sons propres aux fanfares belges. Tu y entends beaucoup de percussions. Toute cette culture appartient à notre patrimoine et nous ne pouvons l’ignorer, en fin de compte.

La pochette du disque nous projette dans un univers proche du communisme. Qui a eu cette idée et pourquoi ?

Le postulat de départ était d’y voir des personnes sur une plage belge. A la place des yeux, nous avions imaginé des gaufres. Puis, Pascal Braconnier (NDR : Sauvage Sauvage) avait une autre idée en tête. Il nous avait suggéré de retranscrire les dernières images du film ‘La Planète des Singes’ où sur fond d’apocalypse, la statue de la Liberté reste figée. Nous estimions ce concept très intéressant. Nous avons donc pris le parti de mettre en exergue le symbole national qui est l’Atomium et l’avons transposé sur la jaquette. Le produit fini est une forme d’art en quelque sorte. Il y a une pochette, des chansons à textes et un spectacle.

Que pensez-vous de l’étiquette de ‘groupe sérieux qui ne se prend pas trop au sérieux’ ?

Ecoute, on s’en fout. On peut écrire ce que l’on veut sur nous, ces réactions ne nous touchent pas. Le pire serait de tomber dans l’indifférence complète. Nous essayons de faire partager notre univers à un maximum de personnes, sans aucune pensée manichéenne. Nous ne sommes pas dans une optique carriériste. Il y a quinze ans que le groupe existe et pourtant nous ne passons toujours pas à la radio. Mais au fond, ce n’est pas important. Tu sais que lorsque nous avons commencé, le batteur était complètement néophyte. Il était guitariste et n’avait jamais mis la main sur une batterie auparavant. Nous voulons pratiquer naïvement de la musique, sans se fixer d’objectif précis. Il n’existe vraiment aucune volonté arriviste chez nous.

Tu déclarais, lors d’une interview, que tu avais voté blanc pour la première fois de ta vie et que tu ne te rendrais plus aux urnes, à l’avenir. Coup de gueule ou coup de com’ ?

Je ne crois plus en la politique belge. Je recherche une certaine forme d’utopie en quelque sorte. J’ai l’impression que les gens sont pris d’une forme d’aliénation. Nous ne voulons pas communiquer un message politique à travers nos chansons. Mais plutôt d’afficher notre propre perception des événements. En fait, notre discours est politique, mais sans le vouloir. Je ne m’y intéresse absolument pas, ni aux programmes proposés par les partis. Ils ne prennent pas leurs responsabilités. J’assume complètement et ouvertement ces propos.

Une formation qui prend pour patronyme ‘The Belgians’, mais qui ne s’est pas encore exportée en terres néerlandophones, n’est-ce pas un peu paradoxal ?

Les Belgians n’ont jamais été invités en Flandre, c’est vrai. Par contre, nous nous sommes déjà produits à l’Ancienne Belgique. Mais, ce jour là, la salle était quasi francophone.

Quels pourraient être vos homologues flamands ?

Je me sens assez proche d’un Mauro Antonio Pawlowski, même si son univers est assez différent (NDR : il a entamé sa carrière en 1992 comme chanteur d’Evil Superstars et a ensuite rejoint dEUS).

La belgitude est-elle soluble dans le rock ?

Les étrangers parviennent difficilement à comprendre ce qu’est la belgitude. Pour un belge, c’est un concept assez naturel somme toute.

Difficile de l’exporter, et notamment en France ?

Nous avons déjà joué en France à deux reprises. Les Français ne parviennent pas à comprendre toutes les subtilités liées de notre culture. C’est tout à fait normal. Nous nous inscrivons dans une démarche plutôt spontanée. Dans le cas contraire, nous n’aurions jamais pu tourner ailleurs qu’en Wallonie avec tout au plus dix dates. Nous ne sommes ni carriéristes, ni arrivistes. Notre aventure ne nous permet pas de gagner notre vie. Nous voulons juste nous amuser et donner du plaisir. Pour de nombreux artistes, faire de la musique, c’est d’abord se façonner une identité avant même de pouvoir proposer quoique ce soit de concret. Cette démarche n’a jamais été notre truc. Nous avons réalisé un spectacle sur la Belgique, sans même imaginer qu’on allait le mettre en scène par l’image. Jamais, nous ne calculons.

C’est le ‘live’ qui vous permet de bénéficier d’un certain écho auprès du public. Ce nouvel opus semble d’ailleurs davantage taillé pour la scène. Etait-ce calculé ?

Ce disque est invendable, c’est clair. Je considère qu’il s’agit avant tout d’un concept album. Une fois complètement achevé, on passe à autre chose, c’est tout. Nous travaillons pour l’instant sur le projet suivant. Ceux qui s’installent d’ailleurs dans la routine sont pathétiques...

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