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Une nouvelle aventure qui continue… Spécial

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Debout Sur Le Zinc est un septuor issu de la ‘nouvelle scène’ française, mouvement qui a émergé au milieu des nineties, et dont la musique –ma foi originale– puise ses sources à la fois dans le folklore tzigane, yiddish et oriental, mais également dans le rock. A son actif une dizaine d’elpees, dont le dernier, « Eldorado », est paru en 2015. La formation se produisait dans le cadre du dernier festival LaSemo. En toute décontraction, Simon Mimoun et Romain Sassigneux ont accepté d’accorder un entretien à Musiczine, fort intéressant… 

Quand vous avez choisi Debout sur le Zinc comme patronyme, c’était en référence aux troquets ou suite à une soirée bien arrosée ?

S : Pas vraiment. Enfin, un peu quand même. Au début, on fréquentait des zincs parisiens. Cette scène est considérée comme celle du pauvre. On s’y produisait quand il n’y avait pas d’autres endroits où jouer. Et puis, un peu plus tard, on s’est rendu compte qu’il s’agissait d’un poème de Prévert intitulé ‘Debout devant le zinc’. Ce qui nous a confortés dans ce choix.

La musique balkanique et le jazz manouche, c’est votre fond de commerce ?

S : Au début, c’était le cas. Ce sont nos influences fondamentales. C’est la raison pour laquelle on y reste attachées. Mais il est vrai qu’on s’en est éloigné depuis. Ou plus exactement, on les a intégrées, digérées.
R : Oui mais le jazz manouche est quasiment passé à la trappe. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne l’aime pas. Un morceau figurait dans notre répertoire, à l’époque. On écoute encore ce type de musique ; mais il n’entre plus en ligne de compte dans notre création. Faut dire qu’aujourd’hui, on dispose d’une palette tellement large de sources. Et on continue à mêler les genres pour obtenir quelque chose de nouveau. C’est devenu du mélange de mélange de mélange… D’ailleurs les références balkaniques sont également reléguées au second plan…
S : Evidemment quand tu te sers d’un violon, d’une clarinette, d’une contrebasse, d’un accordéon et d’autres instruments du style, on ne peut qu’avoir une propension à pratiquer ce style musical. Mais c’était surtout vrai à l’origine, quand on se produisait dans la rue. Cette époque date quand même d’une vingtaine d’années.

Quel est le processus d’écriture des lyrics et de la musique ?

R : Nous sommes deux à écrire les textes. Et la musique est composée en groupe. Afin d’être tous impliqués dans le processus, il est important que chacun se réapproprie les morceaux.

S : C’est ce qui diffère entre un véritable collectif et des musiciens qui sont au service d’un leader. Tout le monde y met un peu du sien, se reconnaît dans le propos, dans la musique et s’approprie vraiment les choses en ayant le droit de dire ‘C’est ma chanson’.

Et qu’est-ce qui vous inspire pour l’écriture de vos chansons ?

S : En deux décennies, il y a vachement eu du changement. On ne traite plus des mêmes sujets à vingt ans ou à quarante ans. A travers les textes, on reflète des émotions…
R : On a longtemps privilégié les chansons d’amour. Aujourd’hui, on s’intéresse davantage à des questions existentielles sur lesquelles on bute. Un obstacle qu’on n’arrive pas à franchir se traduit souvent en chanson. Et lorsqu’on est sur notre lancée, on s’ouvre alors à des thèmes plus larges. Sur le dernier album, par exemple, on en traite des tas de différents.
S : Le prochain disque sera moins introspectif que le précédent. Un peu plus ouvert sur le monde, également. Ces premières chansons d’amour étaient, pour ma part, de fausses chansons d’amour. On en a conservé quelques-unes, mais on exprime maintenant surtout ce qu’on ressent par rapport à des questions difficiles à expliquer...
R : Elles traitent surtout des relations humaines.
S : On les relate en se servant de nos mots. Mais on cherche à leur donner une forme un peu poétique. Et ce qui devient magique, c’est que les gens comprennent des messages différents de ceux qu’on a voulu faire passer. En quelque sorte, ils s’approprient à leur tour les chansons. Et ça c’est absolument génial. On donne une chanson. On la livre en pâture. Et eux se disent : ‘C’est pour moi qu’il l’a écrite. C’est ma vie qu’il décrit.’ Elle pénètre dans leur existence ; et c’est ça qui est fort. Elle se transforme en odeur ou un souvenir vraiment précis d’une époque.

En deux mots, à quoi ressemblera le nouvel opus ?

S : Il en faudrait bien plus pour le décrire. Si avait pu le définir en deux mots, on l’aurait limité à autant de termes. Certains titres sont plutôt rock et les autres sont plutôt moulés sous un format ‘chanson’. L’équilibre recherché est différent. Il s’intitulera « Eldorado ». Il parle de nous et du monde. C’est le premier album enregistré depuis vingt ans auquel participent deux nouveaux membres.
R : C’est un tournant, mais il poursuit une même route. Et comme je le soulignais tout à l’heure, les deux nouveaux apportent leur coloration à l’ensemble. Et on ressent ces nuances. D’autant plus qu’il s’agit de la basse et de la guitare, des éléments qui constituent le fondement de la structure musicale. Le son est un peu différent, mais il appartient toujours à notre univers. Cinq musicos figurent toujours dans le line up, quand même. C’est tout simplement une nouvelle aventure qui continue…

Sur votre elpee « La fuite en avant », paru en 2011, figurait un titre qui s’intitulait « Sur le fil, l’équilibriste ». Reflétait-t-il une certaine forme d’état d’esprit entretenu par le groupe, à l’époque ?

R : On écrit chacun de notre côté, en équilibre. Nous sommes des indécis. C’est notre mode de fonctionnement.
S : Le plus drôle, c’est que lorsqu’on a pondu ces chansons on a utilisé des mots sans se concerter. Ces assonances forment un groupe. Finalement, on s’est retrouvé sur le même champ lexical.
R : Il existe plein de paramètres. C’est une question d’âge aussi. On traverse des événements similaires à un certain moment de la vie. Et ils peuvent se retrouver dans des titres de chansons, dans des thèmes. En l’occurrence, quand on creuse un peu, elles ne racontent pas du tout la même chose. Mais il est vrai que de telles similitudes sont étonnantes. Je n’avais pas fait le rapprochement.

Existe-t-il une grande différence entre le live et le studio pour le groupe ?

S : Oui. Au début, il n’y en avait pas tellement. Notre ex-guitariste était très ‘à cheval’ là-dessus. Il disait : ‘Un disque et un concert, c’est totalement différent’. Faut dire qu’on a commencé par jouer en public. Ensuite, on a eu l’opportunité d’enregistrer. En mettant en exergue les arrangements musicaux. Sur les planches, en fait, on n’a pas le temps de tout voir. De tout entendre. De comprendre la signification des textes. De discerner tous les arrangements. On est surtout sensible à l’ensemble, à une énergie, des émotions qui sont un peu brutales. Donc, c’est forcément différent d’un disque qu’on peut réécouter à loisir en se concentrant sur le son ou un instrument particulier, en relevant une parole marquante ou une intonation particulière. Donc oui, c’est différent.
R : Souvent, on réarrange un peu les morceaux pour la scène ou on accélère leur tempo. Mais c’est quand même la même matière au départ.

Quelle importance accordez-vous aux harmonies vocales ?

S : C’est un fantasme !
R : Nous ne sommes pas les Beach Boys, mais on essaie de soigner les harmonies et la mélodie. Surtout la mélodie. Elle est importante pour nous. Elle doit pouvoir nous bercer, nous transporter. Mais aussi le climat musical au sein duquel baigne la chanson. Ce que cette musique peut communiquer comme couleur et émotion. Son message. Le texte est également primordial.
S : Nous souhaitons que les chansons restent gravées dans la tête. Tant la musique, les paroles que la mélodie. J’ai aussi constaté qu’un disque s’écoute rarement en groupe. A contrario du concert. Les chansons appartiennent à une certaine forme d’intimité. C’est la petite madeleine de Proust que chacun écoute à un moment de sa vie, à un moment où il est tranquille.
S : Perso, la voix est un moyen d’expression. Nous aimons le chant, mais nous ne sommes pas des chanteurs à voix. On raconte simplement les événements qui nous arrivent ou qui arrivent aux autres.

C’est une fille qui se consacre aujourd’hui à la guitare. Qu’apporte-t-elle en plus dans le groupe ?

R : Rien du tout (rires).
S : Ce n’est pas important que ce soit une fille.
R : Parce que c’est une femme ? Elle a sa propre personnalité et son toucher de guitare est très personnel, gracieux. Féminin, bien évidemment. Ce qui ne l’empêche pas de pouvoir rentrer dedans.

Nos interlocuteurs avouent apprécier Léonard Cohen, Neil Young et les Beatles. Ou plus exactement un hybride entre les trois. Jacques plutôt que Thomas Dutronc, car il n’est pas de leur génération. Trust également. Romain estime que Renaud est un grand poète. Ils considèrent Gainsbourg comme le plus anglo-saxon des compositeurs français. En fait, ils aiment davantage le rock anglais qu’américain. Où, à leur avis, les artistes y sont plus créatifs. Quoique Calexico impressionne particulièrement tous les musicos de la troupe. Enfin, parmi les Belges, ils connaissent Balthazar, Stromae (bien sûr) et apprécient Puggy, qu’ils ont justement découvert au LaSemo…

En concert, dans le cadre de la fête de la Wallonie, ce samedi 17 septembre 2016, à Namur.

 

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