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La classe dirigeante nous a conduit à la catastrophe… Spécial

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« Amour colère » constitue le tout nouvel LP de Nicolas Michaux. Il fait suite à « A la vie à la mort », paru en 2016. Hormis les drums, l’artiste se charge de toute l’instrumentation. Il y chante tour à tour en anglais ou en français, des textes qui s’inspirent de sa vie familiale, mais surtout traduisent sa colère face au monde politique qu’il juge responsable de l’état du monde dans lequel il nous a conduit. C’est ce qui explique, bien sûr, le titre de cet elpee. C’est notre collaborateur néerlandophone, Erik Vandamme, qui s’est chargé de réaliser cet entretien par e-mail ; et pour la forme, votre rédac’ chef s’est chargé de la traduction et de l’adaptation dans la langue de Voltaire...  

Avant de te lancer en solo, tu as milité chez Eté 67. Peux-tu nous rafraîchir la mémoire ?

Tout a commencé vers 2004. J’étais encore adolescent lors du début de cette aventure. Nous étions tous liégeois et nous produisons souvent dans la région, à l'époque. Il était agréable de sillonner les routes en compagnie de mes copains et très instructif d'être confronté si jeune au business de la musique, aux studios, aux tournées etc. Cette période m'a vraiment permis d'apprendre mon métier. Puis le groupe s'est séparé ; et après une petite pause, j'ai entamé une carrière solo. En 2014, j’ai alors sorti mes deux premiers singles : « Nouveau Départ » et « A la vie à la mort ».

Quelle est ton ambition, aujourd’hui, dans l’univers de la musique ?

Je ne me projette pas exactement sous cet angle. J'essaie de me concentrer sur mon travail, de l’accomplir honnêtement en y apportant tout mon engagement et ma concentration. Mais vous ne pouvez qu’y focaliser tous vos efforts. Vous ne pouvez pas anticiper le résultat et vous devez prendre du recul. Vous ne savez jamais si un projet va réussir ou pas. Il y a tellement de paramètres. J’ai passé de bons moments dans ma carrière, mais paradoxalement, ils n’étaient pas liés au succès commercial, etc. Pour ma part, la découverte constitue ce qui est le plus passionnant. Dévoiler une chanson ou même juste une belle partie musicale est toujours une source de grande joie.

Tu partages, d'après ce que j’ai lu, ton temps entre le Danemark et Bruxelles. Tes chansons sont interprétées tour à tour en anglais ou en français. Tu empruntes ainsi une trajectoire internationale. As-tu délibérément choisi cette approche ? Et pourquoi ?

C'est exact ! Je vis en partie à Bruxelles, car je suis impliqué chez Capitane Records, et en partie sur l’île de Samsø où résident ma petite amie et notre fille. J’ignore si j’ai opéré ce choix consciemment. Je ne crois pas que nous décidions de notre destin. Et certainement pas de qui nous tombons amoureux. Mais il est vrai qu’en quelque sorte j’ai adapté mon mode d’existence sans trop prêter attention aux frontières. J'ai toujours rêvé de cette sorte de liberté des déterminismes hérités. Je veux dire vivre à l'étranger une grande partie de l'année et être en relation avec quelqu'un d'une autre culture ; ce qui m'a sûrement éloigné quelque peu de mon environnement naturel et de ma zone de confort. De quoi vous inciter à réfléchir et à relativiser les événements. Et vous rappeler qu’ils peuvent être différents de ce à quoi vous êtes habitués et que très peu de choses sont vraiment naturelles ; la plupart d'entre eux étant socialement et culturellement construits.

Dans le communiqué de presse, on peut lire à ton sujet : ‘sa musique navigue au carrefour de différentes traditions : la grande époque de la chanson française, les auteurs-compositeurs américains, le rock britannique des années 60 et les débuts de la nouvelle vague’. Cette description est-t-elle fidèle à la réalité ?

C’est toujours difficile de répondre à une telle question. Je ne suis pas à l’aise quand il faut catégoriser, et tout particulièrement les genres musicaux. Alors, tu penses, ma propre musique… Elle réunit des éléments que je ne peux pas décrire dans la vraie vie. Mes paroles aussi. Cependant, il est sans doute exact qu’elle évolue quelque part entre l'indie rock et l'indie pop et qu'elle est influencée par le son des années 60 et 70.

Quels artistes constituent ta plus grande source d'inspiration ? Et pourquoi ?

D’abord, les grands auteurs-compositeurs américains comme Bob Dylan, Leonard Cohen, Hank Williams, Lou Reed et Townes Van Zandt… parce qu’ils sont tous très cool et qu’ils ont juste écrit toutes ces chansons incroyables. Puis ceux issus des 50’s et 60’s. Notamment les Beatles, les Rolling Stones, les Kinks, le Who, Pink Floyd, … le rock, c’est ce qui m’a incité à jouer quand j'étais adolescent et instinctivement, j’ai conservé une grande passion pour ces artistes-là. Et puis la chanson française traditionnelle, dont Léo Ferré, Barbara, Charles Trenet, Serge Gainsbourg, Georges Brassens, Jacques Brel, Jeanne Moreau… Pour moi, ces artistes sont immortels. C’est la musique que mes parents écoutaient à la maison. Mais j'aime aussi Moondog, le Clash ou encore les Beach Boys, entre autres... Et puis des mouvements tels que la scène CBGB, le highlife ghanéen et ses dérivés, la rumba congolaise, le jazz éthiopien, le country-blues… Mes goûts sont très éclectiques. En fait, j’apprécie les artistes, tant qu’ils ont quelque chose à dire et appartiennent à ce que Greil Marcus appelait autrefois la ‘république invisible’.

Tu as publié ton premier elpee solo, « A la vie à la mort », en 2016. Quelles ont été les réactions du public et des médias, à cette époque. Et ce disque t’a-t-il ouvert certaines portes ?

L'album était principalement interprété en français et il est paru sur un label parisien, Tôt ou tard. Il a récolté de très bonnes critiques dans de nombreux journaux et magazines. Nous avons effectué de nombreuses tournées après sa sortie, accordant plus d'une centaine de spectacles en Belgique, France, Italie, Suisse, Allemagne, au Canada et même quelques-uns en Chine.

Mea culpa, mais je n'ai pas encore écouté ton dernier album « Amour Colère ». A quoi faut-il s'attendre ? Peux-tu avancer une bonne raison de l’acheter ?

Ecoute-le alors, et tu me diras ton avis ! Je ne suis pas un bon agent de marketing….

Le titre de cet LP a-t-il une signification particulière ? Tu y parles d’amour et de colère, mais encore…

Ouais. Le titre se traduit en anglais par « Love Anger ». Mais un de mes amis utilise l'expression en français comme équivalent à ‘make-up sex’. C’est ainsi que j’ai déniché le titre. Plus sérieusement, au cours de ces dernières années, j’ai été déchiré entre des sentiments d’amour et de colère. Et puis j'ai pensé que ce qui était vrai pour moi était peut-être vrai pour beaucoup d’autres. Quand je débarque dans une ville, je me promène dans les rues autant que je peux et j’y constate qu’elles sont remplies d’amour et de colère, exactement comme dans mon cœur…

Qu’attends-tu personnellement de la sortie de cet opus ?

Ce n’est pas ce qui me tracasse. Je pense déjà au prochain album et aux autres projets du label. J'ai appris à ne pas trop attendre d’événements que je ne contrôle pas. Cependant, je serais très heureux si les gens l'écoutaient pour ce que c'est. Je suis conscient qu’il est ‘difficile’ et assez ‘sombre’. Je sais que ma musique est parfois malaisée à cataloguer et à synthétiser à cause de mes origines et influences multiples et du bilinguisme de mes œuvres. Je voulais donner aux gens une vue d'ensemble et ne pas me limiter pour quelque raison que ce soit. Je voulais que le disque parle pour moi et c'est le cas. J'en suis fier, sans aucun doute…

Nous vivons toujours une crise corona, qui ne disparaîtra pas encore cette année. Comment gères-tu cette pandémie comme être humain, musicien et compositeur ?

De toute évidence, le coronavirus est fâcheux pour de nombreuses raisons. Mais j’essaie de voir dans cette situation préoccupante une alarme et un encouragement à vraiment changer les choses. Nous courons vers de grandes catastrophes, si nous continuons à agir comme des bâtards qui ne respectent pas la nature et les autres espèces. Le coronavirus est un problème écologique, comme les incendies de forêt autour des globes, la perte de biodiversité, la pollution de la mer, etc. Le monde est sur le point de s'enflammer et avant la Corona, j'avais l'impression que la plupart des gens s’enfonçaient la tête dans le bac à sable, plutôt que de s’impliquer dans le processus politique. Mais maintenant, les choses évoluent et j'ai le sentiment que les êtres humains veulent récupérer le pouvoir. Je pense que c’est une bonne réaction, car c’est cela aussi la démocratie. Il ne s’agit pas simplement de se rendre au bureau de vote. La démocratie ne peut fonctionner que si le peuple est conscient de ce qui se passe et est prêt à participer au processus politique.

Cette pandémie a entravé tous tes plans ?

Ouais, certains concerts ont été reportés, d'autres ont été annulés. Mais nous avons décidé de nous concentrer sur la production et l'écriture. En tant que label et collectif de travail, Capitane Records dispose désormais de son propre studio et d'un bureau dans une vieille maison au milieu d'un parc au sud-est de Bruxelles. Et c’est formidable de savoir que nous disposons d’un tel endroit pour se concentrer sur notre travail. Si des spectacles peuvent être organisés, nous serons ravis de jouer les concerts. Sinon, nous produirons et enregistrerons de la musique pour les prochains mois. Under The reefs Orchestra et Turner Cody qui figurent tous les deux sur notre label bossent sur de nouveaux morceaux. Comme producteur musical, je suis également impliqué dans ces projets.

Penses-tu que la culture, qui a été particulièrement touchée au cours de derniers mois, pourra survivre à cette crise ?

Ouais, la culture est durement frappée, c’est vrai. Mais de nombreux autres secteurs également. De manière générale, le monde devient de plus en plus inégalitaire et irrespectueux envers les besoins de la Terre-Mère. Je pense personnellement que le capitalisme, tel qu'il s'est déroulé au cours des dernières décennies, est une menace dangereuse pour l'humanité et la terre. Mais comme je l'ai dit, au moins maintenant, il est assez évident que la classe dirigeante nous a conduit à la catastrophe. Donc, la situation pourrait enfin changer pour un mieux ; mais si seulement nous empruntons une autre direction, quand on reprendra le volant… Le 7 octobre, Capitane Records et le FACIR organisent une conférence du sociologue français Bernard Friot. Cet historien de la sécurité sociale viendra plaider pour un monde qui tourne progressivement le dos au capitalisme en étendant la sécurité sociale à de nouveaux secteurs d'activité parmi lesquels figurent le logement, l’alimentation, la presse, la culture etc. Il prône également l’instauration d’un ‘salaire à vie’ qui serait considéré comme un droit inconditionnel de l'homme…

Quand comptes-tu te produire en ‘live’ ?

Malgré la crise du Corona, quelques dates ont été fixées. Tout d’abord dans le cadre des Nuits Botanique. Ce sera le 1er octobre, lors de la soirée spéciale label Capitane Records, au cours de laquelle l’affiche impliquera également Under The Reefs Orchestra et Great Mountain Fire. Mais c’est sold out. Et puis, le même projet est programmé au Trefpunt à Gand, le 13 novembre. Ce n’est pas encore complet.

Quel est ton objectif ultime ?

Je ne suis pas sûr de bien comprendre ta question. Un objectif final pour quoi faire ? Changer le monde pour qu’il soit meilleur ? Vivre d’amour, de colère légitime et de musique, peut-être…

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