Un kit de survie pour Bertrand Betsch…

Au crépuscule du grand et joyeux ballet de ses 19 précédents ouvrages, l’exubérant Bertrand Betsch s’inscrit, une nouvelle fois, dans ce qu’il fait de mieux : la belle chanson française en première lecture, l’ironie ensuite, la justesse enfin. Comme toujours,…

RIVE sous tension…

Entre la nuit et le jour, RIVE propose "Tension", un 4ème extrait de son album…

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Vive La Fête - 11/04/2024
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Daniel A.I.U. Higgs

Atomic Yggdrasil Tarot

Écrit par

Daniel Arcus Incus Ululat Higgs a été pendant 20 ans le leader des punk-rockers de Lungfish. Depuis quelques années, il enregistre des disques en solitaire, explorant une facette plus expérimentale de son travail. Ce nouvel essai en est une belle illustration. Les six longues plages constituent le pendant sonore d’un livre traitant des peintures, dessins et poèmes ‘haïku’ de notre homme. La copie promo ne recelant pas ces dessins, on s’intéressera uniquement à cette musique présentée sous des atours mystiques fumeux (fumistes ?) A l’aide d’un simple magnétophone à cassettes, Higgs a usé et abusé des effets sonores obtenus lorsqu’on bidouille les bandes magnétiques. Distorsions, bruits de fond, variations de vitesse produites en manipulant la touche ‘pause’. Musicalement, on passe de pièces assez ennuyeuses comme « Spectral Hues », où Higgs se contente de plaquer des accords de piano et joue avec la vitesse de la bande. Même principe et même ennui sur « Hems and Seams », où on croit entendre au loin un harmonica, des bouteilles qui s’entrechoquent alors qu’à l’avant-plan Higgs joue de la guimbarde en modulant à nouveau le défilement de cette bande. Les pièces les plus intéressantes sont celles où Higgs démontre son savoir faire guitaristique. Le titre maître, « Luminous Carcass Ornament » et « Coccon on the Cross » notamment. De longues improvisations (banjo et/ou guitare) torturées évoquant pêle-mêle la musique indienne traditionnelle, mais aussi les musiques du Nord de l’Afrique. Sans oublier le blues rural tel qu’il a été documenté au début du vingtième siècle par des musicologues comme Alan Lomax. Réservé aux explorateurs sonores en herbe.

Happy Mondays

Uncle Dysfunktional

Écrit par

Alors que le pauvre Tony Wilson vient de passer l’arme à gauche, ses poulains les plus ingérables sont de retour. « Yes Please ! », le pas très inspiré dernier album des Happy Mondays, était paru en 1992 et avait précipité la faillite du label « Factory » (allez voir « 24 Hour Party People » pour en savoir plus). Entre-temps il y a eu Black Grape, Shaun Ryder a sorti un album solo et collaboré avec les Gorillaz tandis que Bez participait à un ‘reality show’. Sans oublier que les Mondays ont tenté (et raté) un come back sur scène il y a quelques années.

Ryder, Bez et Gaz Wheeler ont reçu le concours d’Howie B et Sunny Levine, petit fils de Quincy Jones, pour concevoir « Unkle Dysfunktional ». Les premières écoutes donnent une impression peu flatteuse : les programmations rythmiques sonnent datées et Shaun Ryder, dont la voix semble être le fruit d’un croisement improbable entre Bob Dylan et Lee Scratch Perry, braille comme un vieux fou. Le disque révèle progressivement ses charmes et on finit par entrer dans ce cocktail graisseux qui mélange électro, disco, funk ‘clintonesque’, reggae, guitares à la Stones et … country. Certes, rien d’indispensable ou qui puisse accéder au rang de classique mais pas la débandade artistique annoncée par certains. Au fil du temps, le très crunk « Deviants » (un duo partagé en compagnie du emcee de L.A. Mickey Avalon), l’amusant et bien nommé « Cuntry Disco », le très Primal Scream « In The Blood », l’électro-hip hop « Anti Warhole On The Dancefloor » et le très ‘clintonesque’ (NDLR : encore !) « Weather » se forgent une appréciation de plus en plus en plus favorable. A l’image de leur affreuse pochette, ces papys de la défonce sont donc toujours des sales gamins et des vrais punk-rockers !

Daughtry

Daughtry

Écrit par

Demi-finaliste de l’émission télé « American Idol » (pendant américain de ‘la nouvelle star’), le chanteur Chris Daughtry a déjà vendu des camions entiers de ce premier album solo. Il attaque maintenant notre malheureux continent dans l’espoir d’y écouler son rock ‘adulte’ calibré pour les radios qui n’aiment pas les risques artistiques. Il nous propose une ennuyeuse succession de ballades rock mid-tempo qui, un peu à la manière de Nickelback, lorgnent un peu vers le métal et le grunge. Le tout est d’une banalité affligeante. Aucune mélodie ne se détache et la voix de l’ami Chris (proche de celle de Lars Ullrich) est irritante à souhait. A noter que Slash vient s’astiquer le manche sur un titre. Pendant ce temps là, on  retourne regarder « Alerte à Malibu » et Axl Rose essaye de terminer « Chinese Democracy ». Chacun ses problèmes.

10 posters de l’artiste vous sont offerts. Comment? En participant au concours consacré à l'artiste. Date limite de participation : le 30 septembre. RV en rubrique concours !

 

http://phobos.apple.com/WebObjects/MZStore.woa/wa/viewAlbum?id=214412700&s=143446

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Datarock

Datarock Datarock

Écrit par

Le duo norvégien Datarock n’est pas du genre à se creuser les méninges trop longtemps. Ah ça, non ! L’art de la subversion, il le concède gracieusement aux autres. Datarock, lui, préfère agir dans la simplicité, le commun, le ‘déjà entendu’. Un petit coup de synthé kitsh par ci, un petit coup de guitare par là et une voix monotone pour arroser le tout. En deux temps trois mouvements, la formation réussit l’exploit de faire chier son monde, sans aucune gêne. Bien au contraire, elle en est fière et en fait carrément son fond de commerce, n’hésitant pas à publier deux versions du même recueil (contenant quelques variations dans la tracklist). Dans son infinie sagesse, elle permettra tout de même à l’auditeur de se réveiller à quelques reprises (« I Used To Dance With My Daddy », « The Most Beautiful Girl », « Fa-Fa-Fa » et « Ganguro Girl »). Juste assez pour transformer ce « Datarock Datarock » en disque aussi vite écouté qu’oublié.

Chingon

Mexican Spaghetti Western

Écrit par

Quiconque s’intéresse à Quentin Tarantino devrait connaître Robert Rodriguez, réalisateur inégal de productions tantôt hollywoodiennes (« Spy Kids »), tantôt indépendantes (« Planet Terror », hommage aux films de zombies et deuxième volet de « Grindhouse », dernière production de Tarantino). Quand celui-ci décide de s’attaquer à un album, il y a donc de quoi tirer la langue. Résultat d’une association à laquelle a pris part la formation hispano-américaine Del Castillo, Chingon (surnom du macho mexicain par excellence) est disponible depuis 2004 sur internet.

« Se me Paro » ouvre l’album. Débordant de sensualité, de groove latino et de guitares électriques hurlantes mais bien sales, cette plage mélange sonorités ‘live’ et arrangements studio. Impressionnant ! Imparable, « Malaguena Rosa » est cette compo qui accompagne le générique final de ‘Kill Bill 2’ ; elle aura fait chavirer les cœurs transis de fans d’Uma Thurman. Un peu comme si Santana avait vendu son âme au diable au lieu de nous fourguer sa musique d’ascenseur (je parle ici de ses dernières productions). Le reste de l’album déçoit, naviguant entre reprises de standards mexicains et compositions originales. Heureusement, la version étendue de « Cucka Rocka », adaptation de « Cucaracha » sous amphétamines, toutes guitares dehors, vient sauver la mise. On oublie souvent de se tourner vers l’Amérique Latine en matière de rock. Pourtant, sans parvenir à transformer l’essai, Chingon a le mérite de poser les jalons d’une fusion latino qui pourrait faire des ravages sur notre Continent. On espère pouvoir les découvrir bientôt en ‘live’…

Manu Chao

La Radiolina

Écrit par

Après six ans d’absence, l’ami Manu Chao a rassemblé ses potes du Radio Bemba Soundsystem pour mettre en boîte cette nouvelle œuvre. Le trompettiste sicilien Roy Paci est de la partie, mais aussi l’étrange Tonino Carotone, un chanteur espagnol obsédé par le génial Renato Carosone, vocaliste napolitain ayant sévi au cours des années cinquante. Au rayon des invités, on pointera une forte présence malienne, et en particulier Amadou Bagayoko (moitié du duo Amadou & Mariam) et Cheik Tidiane.

Fan de reggae, Manu Chao pique aux Jamaïcains le concept de recyclage musical, qu’il pousse ici dans ses derniers retranchements. Attendez-vous donc à réentendre plusieurs fois la même base musicale plaquée sur des paroles différentes. « La Radiolina » enchaîne les titres sans temps mort, mais on regrettera que l’inspiration ne soit pas souvent au rendez-vous. Elle est carrément absente des ¾ de l’album. On a droit à beaucoup trop de cavalcades punk rock montées sur des tristes boîtes à rythmes sensées émuler des vraies batteries : « 13 dias », « Tristeza Maleza », « Rainin Paradize », « Panik Panik », « El Kitapena » ou encore « The Bleedin Clown ». Une suite de titres caractérisée par ses pauvres qualités musicales et lyriques. A d’autres (rares) moments, Manu Chao redresse heureusement la barre. Le dub mariachi de « Politik Kills » est un des meilleurs moments de l’opus. Parmi les autres réussites on citera aussi le mélancolique « Me Lllaman Calle », le romantico-comique « A Cosa », « Otro Mundo » ou encore « Mala Fama ». Des titres mélodiquement riches où pour une fois Chao ne se contente pas de balancer des banalités navrantes sur l’état du monde et essaye d’écrire des textes qui tiennent la route.

 

Frank Black

Bluefinger

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Frank Black est de retour et il a décidé d’opter pour le patronyme Francis Black. Pourquoi pas ? Le plus important c’est le contenu de son nouvel opus. Et ce contenu nous réserve quelques bonnes plages, une bonne moitié des compos de « Bluefinger » -son quatorzième album solo !- lorgnant manifestement vers les Pixies circa « Trompe le monde ». Depuis le frénétique, aride et troublant (ce groove !) « Captain Pasty » au menaçant « Tight black rubber », en passant par le blues plus morbide que viscéral « Test pilot blues », une compo subversive entretenue par cette basse ténébreuse inexorablement pixiesque. « Threshold apprehension » également. Caractérisé par son riff de guitare staccato, emprunté probablement à Green Day, mais aussi et surtout les glapissements de Frank, « Lolita » aurait pu être chantée par Kim Deal, une chanson dont la mélodie pop me rappelle quelque part Suede et les inflexions vocales, Brett Anderson. Sans oublier la cover brutale, punkysante du « You can’t break a heart and have it » de feu Herman Brood. L’album rend d’ailleurs hommage à cet illustre artiste néerlandais (NDR : il a sévi chez Cuby & the Blizzards avant de fonder son propre groupe, Herman Brood and His Wild Romance. Il a également côtoyé, début des 80’s Nina Hagen. Mais il était également peintre et son œuvre est reconnue à travers le monde entier). L’abus de drogues et d’alcool l’a conduit au suicide en 2001 (se sachant condamné depuis plusieurs mois, il s’est jeté du toit de l’hôtel Hilton à Amsterdam). Deux autres compos lui sont ainsi dédiées. Tout d’abord « Your mouth into mine » et puis « Angels come to comfort you ». De structure traditionnelle au départ, cette dernière est progressivement épurée de chœurs célestes (NDR : quoique la sirène en fin de parcours soit plutôt de mauvais goût). Préposée aux backing vocaux, Violet Clark, l’épouse de Frank, en est la responsable. Elle partage également quelques duos avec son époux sur l’elpee. Et en particulier sur la ballade mid tempo et légère « Discothèque 36 » ainsi que l’excellent « She took all the money », dont les propriétés mélodiques sont manifestement contagieuses. En final, le titre maître consomme une intensité blanche crazyhorsienne, malgré son tempo lent et sa forme légèrement bluesy. Une bonne surprise !

The .357 String Band

Ghost Town

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Il était une fois, dans le Wisconsin, un groupe aux origines punk… Il décide de mélanger ses racines à celle de la country. Et opte pour le patronyme The .357 string band. Un orchestre à cordes, comme son nom l’indique. Un quatuor qui invite à la danse. A cause de sa rythmique énergique et puis de la manière très spécifique de jouer de la mandoline, du banjo et de la guitare. En fait, on a l’impression de se retrouver à l’époque de la ruée vers l’or où les cowboys se saoulaient la gueule à coups de tord-boyau dans les saloons… Hiiiiiiiiiiii haaaaaa !

Originaires de Milwaukee, ville située au bord du lac Michigan, et signés sur l’étonnant Rosa records (label amstellodamois aux tendances roots music et americana), nos quatre cowboys réinventent un style tombé en désuétude depuis belle lurette. Dans cette région du nord des USA, la popularité de ce groupe ne fait qu’augmenter et la mode est maintenant passée au country punk. Ayant joué à plusieurs reprises en compagnie de The Toosers (groupe punk irlandais signé chez Victory Records, tout de même) et The Hackensaw Boys, The.357 string band n’a plus rien à prouver en matière d’ambiance musicale. En outre, cet ensemble est techniquement au point. Les cordes sont harmonieuses et la voix grandiose. « Ghost Town » est un elpee qui respire la joie.

Le combo se produira au Recyclart le 4 octobre, à Bruxelles. En général, The .357 string band attire les cowboys, les punks et les ‘bikers’. Alors préparez vos lassos ou vos chaînes et mettez y tout votre cœur !

Iron & Wine

J’évite les pièges du monde superficiel.

Écrit par

Le rendez-vous était pris : mardi 7 août à 17h dans les locaux de la VRT. Un peu anxieux, je gare ma voiture où je trouve de la place, c'est-à-dire à perpète’ les oies, et profite du trajet à pied jusqu’au bâtiment pour me remémorer les questions que je poserai à Sam Beam. Le fondateur et acteur principal d’Iron & Wine jouit d’une réputation de personnage fort sympathique. L’entretien sera très chaleureux selon certaines de mes sources. La sortie en septembre de son nouvel album « The Shepherd’s Dog » est la raison de sa visite dans notre pays. Une multitude de couloirs et d’étages plus loin, nous nous retrouvons assis à une table. Dans le coin de la pièce, il y a une housse de guitare. ‘Ibaneze ‘est gravé sur l’étui. Elle est posée à même le sol. Elle attend son maître. A côté d’elle veille son gardien : une représentante du label Sub Pop. Sam Beam ne doit pas être loin. En fait, il termine un tête à tête pour un autre magazine. Il est 17 h. Je sais qu’un taxi lui est réservé pour 18h00. Il doit l’amener à la gare. Et une autre interview est prévue après la mienne. Je me sens un peu sous pression. En réalité je m’y mets tout seul. J’ai le sentiment que la température de la pièce a augmenté de 20 °. Mes mains s’humidifient, mon t-shirt aussi. Sam apparaît au fond de la pièce, la démarche calme et posée. Reconnaissable à 10 lieues, à cause de la barbe et sa coiffure ‘hippie’. La housse de guitare semble frétiller en voyant son maître revenir. J’enclenche le dictaphone. Je sens déjà le calme me revenir. Sam me réconforte d’un sourire et d’une poignée de mains chaleureuse. Agréable premier contact.

Bonjour Sam, comment vas-tu ?

Bonjour ! Bien, merci.

Tu viens nous présenter « The Shepherd’s Dog », ton dernier album qui sortira en septembre. Dans quel état d’esprit es-tu ?

En pleine forme ! Et je suis très content. Cet album est distinct des autres. Je pense ainsi avoir pu et pouvoir en parler différemment.

Pour concocter ce dernier opus, tu as reçu le concours d’une volée de collaborateurs. Ces contributions deviennent habituelles. Dans le passé tu avais déjà reçu le concours de ta sœur ou de Calexico (sur l’EP « In The Rain »). Qu’est-ce qui détermine ce choix ?

J’aime bien inviter ma sœur pour chanter. Elle a, de nouveau, participé à la confection de cet album (NDR : et participera également à la tournée). J’apprécie tout particulièrement m’entourer d’artistes venus de tous les horizons, de manière à susciter de chouettes associations d’idées. En plus, mon travail est valorisé. J’écris, je compose et je propose. Ensuite, chaque participant apporte sa propre vision. Nous mélangeons alors le tout pour obtenir la mouture finale. Un concept qui améliore mon travail.

En général, tu contactes les artistes ou ils te proposent leur concours ?

C’est toujours moi qui les sollicite. J’ai travaillé en compagnie de Brian Deck, Jim Becker ou Rob Burger, par exemple. J’ai partagé des shows avec Rob, mais c’est la première fois que nous enregistrons ensemble. C’était fantastique ! 

En écoutant « The Shepherd’s Dog » on sent à nouveau ton envie d’intimité et la volonté de communiquer des sensations toujours plus douces. D’où vient cette motivation ? N’as-tu pas envie, de temps en temps, d’opter pour un son plus ‘trash’ ?

Je travaille toujours sur des compositions calmes ; mais parfois il m’arrive de ressentir cette envie, effectivement. Tout dépend du morceau. Sur le dernier album, certaines plages recelaient des éléments troublants, susceptibles d’y parvenir. En fait, pour composer une chanson d’amour ou intimiste, tu dois d’office opter pour un son doux. J’essaye toujours d’écrire des chansons inspirées d’expériences humaines, dont la partie douce et fragile vient dominer l’ensemble. Je tente de refléter cette perspective dans ma musique. 

Pour beaucoup d’Européens, les USA véhiculent une image assez superficielle. Comment fais-tu, pour t’en détacher d’une manière aussi tranchée ?

Oh ! Merci c’est gentil. Tu sais, les USA appartiennent à la planète terre sur laquelle je vis. Si je ne devais plus partir en tournée, ce ne serait pas un problème. En plus, je préfère me concentrer sur la recherche et la création à la maison, que d’écouter le résultat et partir sur la route. Je n’accorde pas trop d’attention au travail des autres, mais je me tiens quand même au courant. Je pense malgré tout, que la plupart des albums qui sortent aujourd’hui n’ont pas vraiment d’âme et ne libèrent guère d’émotion. Contrairement à de nombreux contemporains, je n’écris pas de chansons pour devenir une star, mais parce que j’en éprouve de la satisfaction. Pas spécialement non plus pour être connu. J’évite les pièges du monde superficiel.

Franchement, n’es-tu pas trop agacé d’être si souvent comparé à Nick Drake ?

Non, absolument pas ! Nick Drake ? Je suis flatté. J’adore sa musique. Je pense qu’il est impossible de ne pas comparer le travail que l’on produit, avec celui des autres artistes. C’est impossible de nier les ressemblances ou les influences. La musique de Nick Drake est tellement cristalline qu’on la reconnaît immédiatement.

Ta première expérience studio date de “Our Endless Numbered Days ” ?

« Creek Drank The Craddle », l’album précédent avait été réalisé à la maison. Je l’avais plutôt considéré comme le fruit d’un hobby. « Our Endless Numbered Days » à été enregistré en studio, oui.

Tu sembles adorer enregistrer at home ? C’est à nouveau le cas pour « The Shepherd’s Dog ». Exact ?

J’aime bien aussi travailler en studio. Les machines (NDR : Sam dit littéralement ‘the big toys’) sont plus sympas. Tu as plus de choix, plus d’options disponibles. J’ai fait construire un studio chez moi où j’y ai enregistré « The Shepherd’s Dog ». J’adore y bosser car il n’y a aucune restriction de temps. Tu ne dois pas te dépêcher. Tu peux écouter ce que tu fais. Tu peux encore changer ou modifier des arrangements plusieurs mois après la première prise. J’aime cette autonomie, simplement pour pouvoir me mettre au boulot quand j’ai envie, comme j’ai envie. Le procédé est plus créatif, plus motivant. Je prends mon temps pour réfléchir à ce que je fais.

“Carried House” et “Kingdom of the animals” figurent sur l’EP “Boy With A coin”, mais n’apparaitront pas sur l’LP. Manque de place ?

J’enregistre toujours beaucoup plus de chansons qu’il ne faut. J’en ai systématiquement de trop. Je n’écris pas sous un format prédéfini. Je les stocke, les réécoute. Je ne réunis sur un même disque que des chansons qui ont un lien commun. L’histoire de « Carried House » est assez amusante ; au début de sa création elle reposait sur une structure rythmique et trahissait une influence africaine. Elle s’est modifiée au fil du temps pour devenir ce qu’elle est à présent. Le résultat est assez chouette, et totalement différent de sa conception initiale. Je prends toujours mon temps pour tisser mes morceaux et embellir les motifs qui en résultent. Sur ce single, je voulais que ma musique adopte un autre type de sonorité.  

Quels rapports entretiens-tu avec Sub Pop ? Tu t’y sens bien ?

(En se relevant vers l’attaché du label à coté de nous) Oh très très bien, génial !! (rires). Sérieusement, cette structure me plaît. Certains artistes choisissent de signer chez un major en disant ‘faites de moi une rock star !’ Ce n’est absolument pas ma façon de concevoir les choses. Chez Sub ils produisent et distribuent mes albums en me laissant une totale liberté. Vraiment, c’est tout ce que je demande. Rien de plus. Ce sont réellement des gens sympas.

Tu te produiras en concert le 9 août à Londres, puis tu retournes jouer aux States. Ensuite tu repars vers l’Ecosse et l’Irlande avant de revenir à nouveau vers l’Angleterre. Tu nous as oubliés dans ton trajet dis donc ?

(rires) Oh non…Toutes les dates ne sont pas encore confirmées. Je me pointerai pour un concert prévu au mois d’octobre, je pense ; et puis pour le printemps.

Fabriques-tu tes propres pochettes ? Je les trouve très réussies. As-tu suivi des cours d’arts graphiques ?

Oui, j’ai fréquenté l’Académie. En fait, à une certaine période de ma vie, j’ai même cru que j’aillais devenir peintre.

Et le choix entre la peinture et la musique n’a pas été trop difficile ?

Je continue toujours à toucher à tout : photographie, film, peinture. C’est mon passe-temps. Je n’ai jamais vraiment fait de choix définitif.

Merci Sam, c’était très sympa de discuter avec toi.

Merci à toi, et bonne continuation.

Il est 17.30. L’entretien s’est déroulé à toute vitesse. Sam ne s’est jamais départi de son sourire tout au long de notre rencontre. C’est en emportant cette image que je le quitte. En voyant de face mon t-shirt sur lequel est imprimé une vieille pochette de Shelter, il me dit encore : ‘Hey Shelter, j’aime ce groupe. J’aime bien Ray’ (NDR : Ray Cappo est le leader de cet ancien groupe de straight-edge hard-core). Après une longue poignée de mains, il me gratifie d’une claque sur l’épaule. J’ai l’impression de quitter un vieux pote. Au coin du couloir je sens une drôle de sensation m’envahir. En fait il me manque déjà…

Lamb

De lumière et d'obscurité

Écrit par

Andy Rhodes et Louise Barlow, passant allègrement d'une tournée promo aux Etats-Unis à quelques apparitions remarquées en festival, estiment Lamb meilleur sur scène que sur disque. Même si "Fear Of Fours", le second et récent en date, sent déjà plus le live. Une chose est sûre: le réjouissant concert, entre drum'n'bass, électronique et chansons pop, livré par le duo de Manchester à Werchter au début du mois est de ceux qui donnent envie de plonger au plus profond de sa musique. En compagnie de Lou, maman d'un petit Reuben d'un an...

Nous avons tourné aux Etats-Unis avec l'album précédent. Ils nous connaissent déjà un peu là-bas, et les réactions sur le second semblent positives. J'ai l'impression que les Américains commencent à s'y intéresser. Le problème, c'est que nous n'entrons pas vraiment dans une catégorie musicale particulière. Tout le monde sait qu'aux States, les radios, par exemple, sont très spécialisées. Mais les ‘college stations’ passent notre musique. C'est dans ce circuit-là qu'on s'intéresse surtout à ce que nous faisons. C'est un bon début

Pas parler, jouer!

Comment parlez-vous habituellement de votre musique aux gens que vous êtes amenés à rencontrer?

Je crois qu'une fois qu'on commence à décrire quelque chose, on s'en éloigne. C'est pourquoi je n'aime pas trop parler de notre musique. Evidemment, ça ne facilite pas le travail des journalistes. Disons simplement que cette musique requiert d'être écoutée, pas discutée, dans un sens. C'est comme pour un tableau; la meilleure chose qu'on puisse faire, c'est le regarder plutôt que d'en parler. Les gens écoutent trop souvent sans faire fonctionner leurs oreilles. Ils se basent sur ce que d'autres ont pu dire et dès lors, ils ont déjà classé la musique avant d'y prêter vraiment attention. C'est la tendance actuelle et ce n'est pas très positif.

Les gens se sont plantés, par rapport à votre premier album?

Quand il est sorti en 96, nous ne savions pas trop quelles réactions il allait susciter. En plus, nous étions très naïfs à l'époque. Forcément, nous sommes restés enfermés en studio, totalement plongés dans ce disque pendant des semaines et nous n'étions jamais montés sur scène. Globalement, il a été bien reçu. Bien sûr, nous avons eu droit au lot habituel de comparaisons stupides. Avec Portishead par exemple. C'est ce qui arrive quand on écoute un disque sans ouvrir les oreilles... C'est réducteur et générateur d'a priori.

Pourquoi être comparé à Portishead? Parce que vous êtes un duo? A cause de ta voix?

Dans un sens, c'est de la paresse... journalistique que de relier ainsi un album à d'autres déjà existants. La musique pourrait être comparée à un jour ensoleillé, une tornade, à un plat qu'on apprécie... Il y a tellement de moyens pour exprimer la musique. Mais non, il semble que coller des étiquettes soit la règle. On dirait que certains s'en sont même fait une spécialité! C'est le pire qu'on puisse faire avec la musique.

Tu penses aux journalistes en particulier?

Les dj's fonctionnent de la sorte également. Et en plus, on en a fait des stars (rires)! C'est du nivellement par le bas. Lamb? Ah oui, c'est une fille et un garçon. Elle chante, il bidouille? Bon, c'est comme Portishead!

Ecrire

Tu n'as pas envie de devenir journaliste?

Non! J'aimerais devenir écrivain.

Ecrire des chansons est proche du métier d'écrivain, selon toi?

Oui, en tout cas c'est plus facile parce qu'une chanson est plus courte qu'un roman (rires). Comme je ne reste enthousiaste que pendant de brefs laps de temps, le format ‘chanson’ me convient parfaitement. Je peux raconter une histoire ou faire passer une émotion en trois minutes et demie, c'est parfait!

Tu fais quoi des textes que tu n'arrives pas à terminer?

Il ne m'est jamais arrivé de haïr une chanson au point de ne plus jamais vouloir en entendre parler. Disons qu'il y en a que je préfère à d'autres et que ça change souvent. Je crois à la spontanéité: quand tu fais quelque chose de bon, c'est parce que tu le fais pour la première fois.

Quand on vous voit sur scène, on a effectivement l'impression que c'est pour vous un plaisir et une découverte à chaque fois renouvelés...

Nous pourrions tomber dans la routine en jouant chaque soir les mêmes choses. Ce n'est heureusement pas notre cas. Les endroits sont différents, nos humeurs sont différentes, en plus nous jouons au sein d’un groupe. A chaque fois, ça doit être neuf pour nous, c'est la seule manière d'évoluer. C'est ainsi que nous essayons de fonctionner. En injectant chaque soir une nouvelle fraîcheur dans notre musique.

Et pleurer

Tu trouves que votre musique se prête à être jouée dans de gros festivals?

Au départ, Lamb n'était qu'un projet studio. Après la sortie du premier album, l'idée de monter sur scène était pour nous une perspective assez effrayante. Nous n'avions vraiment aucune idée de la manière de faire, tout simplement! Au fil du temps, nous avons appris à développer notre show. La plupart des chroniques mentionnent que nous sommes meilleurs sur scène que sur disque. Nous en avons également l'impression! C'est pourquoi l'expérience des concerts a été largement prise en compte au moment d'écrire "Fear Of Fours".

Vos titres plus mélancoliques passent aussi bien sur scène que les plus rythmés? Il y a quand même quelques plages très calmes sur cet album...

Je crois que le public est gavé de pop music qui se veut joyeuse à tout prix. Quand une chanson ne rentre pas dans ce format, on se dit tout de suite qu'il s'agit de mélancolie. Si on écoute attentivement notre musique, je crois qu'elle est l'expression d'une joie profonde. Or, les joies les plus profondes sont très proches de la tristesse, et vice-versa. C'est la vie: elle est faite de lumière et d'obscurité. Il n'y a pas d'émotions pures mais des émotions connexes. Après tout, pourquoi les gens pleurent-ils quand ils sont heureux?

Interview parue dans le n°75 du magazine Mofo de juillet/août 1999