Restauré avec raffinement, la Cense de Rigaux est un vieux corps de ferme sis à mi-distance entre Ath et de Tournai. C’est-à-dire à Frasnes-lez-Anvaing. C’est également là que se déroulent les ‘Jeudis Oui’, des soirées inspirées des afterworks qui se déroulent une fois par mois, mais dont l’horaire est inversement proportionnel à celui adopté par les clubs. Soit entre 18 et 1 heure du matin. Imaginé seulement il y a quelques années, ce concept séduit de plus en plus car il permet de se délasser quelques heures directement après la journée de travail ; pas de perte de temps donc et nul besoin de passer chez soi pour se changer.
Ce jeudi 30 mars, s’y produisait donc M.A.T., le nouveau projet solo de Mathieu Dupire, un concert suivi par le DJ set de Nicola Testa.
Le soleil est particulièrement généreux pour un 30 mars. Les filles laissent entrevoir leurs genoux et les dos nus écarquillent les yeux des mâles. Les mange debout fleurissent autour du site et les ‘open bars’ intelligemment disposés à l’extérieur permettent de siroter tout en douceur champagne, mojito ou l’un ou l’autre de ces cocktails dont les vertus aphrodisiaques font mouche chez certains consommateurs. Ce qui donne un petit air de vacances. Manque plus que le sable et la mer…
Il est un peu plus de 21 heures lorsque Mathieu Dupire monte sur les planches devant plusieurs centaines de badauds. Son fer de lance, c’est l’électro ! Ce soir, il est flanqué d’un batteur et de deux préposés aux synthés et se produit sous le patronyme de M.A.T.
Ces quatre musicos sont loin d’être des inconnus dans le milieu. D’ailleurs, ils militent au sein de Zénith, un cover band très actif dans le Tournaisis.
Autant y aller tout de go ! Objectivement, le show d’une petite dizaine de titres recèle ci et là de bonnes idées. Intéressantes même !
Mais, dans l’ensemble, il ne parvient pas à convaincre et à soulever l’enthousiasme. Les raisons ? Plurielles et in(ter)dépendantes !
A commencer par les sonorités des claviers. Un rien vintage, elles sont linéaires et sans consistance. Parfois trop présentes. Bruitistes aussi. Elles desservent souvent les compositions alors qu’elles devraient au contraire apporter davantage de relief. Le rapport à la voix est difficile et il faut vraiment tendre l’oreille pour comprendre la narration du texte. Suivant l’adage, trop point n’en faut…
La rythmique est quasi-identique du début à la fin. La césure entre chacun des morceaux est pratiquement imperceptible à ce niveau. On s’ennuie ferme ! Il faudrait sans doute miser sur la prise de risques et un recours plus subtil aux fûts. La créativité est un art majeur dans le domaine de la compo !
L’ambiance ensuite ! Hormis les quatre ou cinq fans séculaires se trémoussant le popotin devant l’estrade, le public n’est pas parvenu à sortir de sa léthargie post-hivernale…
Ce n’est que lorsque Nicola Testa himself a empoigné au passage un second micro le temps d’un titre que la température a monté d’un petit degré. Seulement ! Pour aussi vite redescendre, sous le zéro…
La motivation enfin ! Hormis celle du leader (charismatique), on avait franchement l’impression que ses comparses s’emmerdaient à mourir. Timidité excessive ?
C’est dommage et triste à la fois parce derrière cet échec cuisant se cache un potentiel qui mérite d’être exploité à sa juste valeur…
Un set mieux rôdé, des sons maîtrisés et la conception d’un concert comme spectacle devraient constituent des principes de base pour cette formation, si elle souhaite se professionnaliser. Bref, il y a encore du pain sur la planche…
Nicola Testa prend maintenant possession de l’espace scénique. Si le chanteur de « Rainbow » a écumé les festivals cet été, armé d’un micro, c’est derrière les platines qu’il exultera ce soir.
Il y prend manifestement autant de plaisir. Les sourires s’affichent et les pas de danse se multiplient. Un vrai gamin content d’asséner un florilège de mix…
On ressent cette filiation onirique, presque théâtrale. Un régal !
(Organisation : Les Jeudis Oui)