Un sentiment de révolte envahit Billions Of Comrades…

Billions Of Comrades vient de publier un nouveau single. Intitulé « SCAB AALO PAM », il annonce un nouvel elpee baptisé « Trotop » qui sortira en mars 2024. Ce morceau est un exutoire destiné à combattre une police violente qui intimide, blesse et tue afin de…

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L’interaction de Ride…

Le septième elpee studio de Ride, « Interplay », sortira le 29 janvier 2024. Ce nouvel album est le troisième du quatuor d'Oxford depuis sa reformation en 2014. Ces pionniers du shoegaze, quelquefois proche du noise rock des années 90, sont davantage ensemble…

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Caesar Spencer

Get out into yourself

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Citoyen anglais, Caesar Spencer est né au Pérou. Il possède, en outre, la double nationalité (suédoise) ; et déçu du Brexit (encore un !), il s’est établi en France.  On peut donc aisément parler de musique sans frontières à son égard…

Les compos de son nouvel elpee, « Get Out Into Yourself », naviguent entre pop ‘so british’ (« Isn’t That Jimi Said »), saillies surf-rock (« Hail Ceasar ») et ballades pour pur chanteur de charme baroque (« Requiem »). Mais, selon ses dires, le songwriter voulait avant tout écrire une lettre d’amour à la France et il a choisi de la graver au studio ‘La Fugitive’ où enregistraient, à l’époque, les Rita Mitsouko. Les sessions se sont déroulées en compagnie d’artistes du cru tels que Jacqueline Taïeb, le très doué Jean Felzine (Mustang) et Jo Weldin. De sa voix de crooner à la Alex Kapranos, Caesar Spencer délivre une série d’hymnes plutôt imparables (« Broken by the Song »). Une réussite de bout en bout !

Factheory

The Day (Ep)

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Le post-punk des Belges de Factheory devrait ravir les fans du genre ! En effet, « The Day », son premier Ep est plus que réussi ! Les 4 titres, pour 20 minutes de musique, ont été mixés par Stéphane Devillers du duo OK Lion ! Les morceaux d’obédience électro-pop définitivement ‘dark’ (dont 2 versions de « The Day ») rappellent bien entendu des illustres ancêtres tels que Joy Division ou Bauhaus mais aussi les plus récentes œuvres des Français de Vox Low. Synthés sombres, rythmes syncopés et voix spectrale sont bien entendu au menu ! La bande nous réserve même, avec succès, un morceau interprété dans la langue de Molière (« Souvent ») qui confère une touche d’originalité à l’ensemble. 

Aïtone

Follow

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« Follow » constitue le second elpee d’Aïtone, un album qui fait suite à un éponyme, paru en 2018. Selon sa propre bio, cet artiste d’origine corse puiserait son inspiration chez Radiohead, Arcade Fire et Pink Floyd (excusez du peu !) mais aussi chez des artistes hexagonaux comme Ben Mazué ou Bashung.

De son véritable nom Antoine, il nourrit sa musique de britpop, de folk et de rock progressif… il met donc logiquement les claviers et les guitares en exergue. Le résultat est convainquant et le lyrisme rock assumé est transporté par une voix en tous points remarquable. Toutefois l’ensemble est, en général, trop lisse, même s’il rappelle les plus belles heures des autrefois stars d’Aaron. Du rock ‘anthémique’ de belle qualité donc à qui il manque toutefois –selon votre chroniqueur– ce supplément de folie qui fait la différence…

 

Juicy

Juste avant la pause…

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L’AB Box est ultra complet pour accueillir Juicy, un duo bruxellois qui réunit Julie Rens et Sasha Vovk. Il n’existe pas d’endroit, dans la capitale européenne, où elles ne se sont pas produites. Plus de 600 concerts en 9 ans ! La paire va prendre une pause, car Sasha attend un heureux évènement.

Après avoir publié un dernier elpee, baptisé « Mobile », en 2022, elles ont sorti un Ep intitulé « Cruelles formes », ce 3 novembre. Pour innover, non seulement elles ont interprété leurs compos dans la langue de Voltaire, mais elles ont aussi reçu le concours du groupe Echt (NDR : de vieux amis du Conservatoire) afin de l’enregistrer. Ce sont des musiciens accomplis, tous issus du monde du jazz, mais qui cassent les frontières en s’ouvrant à l’électro.

Les lumières s’éteignent à 20h30. Une petite estrade sur laquelle sont entreposés 2 synthétiseurs et 2 micros a été installée devant la table de mixage. Et votre serviteur part se planter juste à côté. Qu’est-ce que Juicy nous a encore préparé ? Vêtues de leurs uniformes rouge, ornés d’épaulettes d’officier, déjà pas mal étrenné lors des festivals, elles se dirigent vers cette plate-forme étriquée où elles vont nous réserver six morceaux en mode piano/voix, une expérience déjà réalisée, ici, à l’Ancienne Belgique, et au VK.

Juicy propose une version tamisée de « You Don't Have to Know ». Parce qu’elles sont si proches du public, il ne reste plus qu’à vous ouvrir à ce qui se passe sous vos yeux et en prendre plein les oreilles. Elles nous plongent dans un univers r‘n’b qui leur est propre, en adaptant le « Candy Shop » de 50 Cents. Mais tout au long de ce spectacle, Juicy va nous inviter à parcourir tous les chapitres de sa carrière. Des reprises à leurs premières chansons, en passant par « MOBILE », « Cruelles Formes », « Cast A Spell » et « Crumbs » avec, avant tout comme fil conducteur, l'alchimie instinctive entre Sasha et Julie. Elles terminent les phrases de l’autre, ne sont plus capables d’identifier leurs propres voix quand elles chantent et vivent les états d’âme de l’autre par procuration. En bref, elles sont fusionnelles.

Pendant que le duo quitte la petite scène pour se rendre sur la podium principal, Dorian Dumont vient terminer la chanson aux claviers.

On aperçoit en ombre et lumière, 13 musiciens disposés à des hauteurs différentes : saxophones, trompettes, trombones à coulisse ainsi qu’un impressionnant sousaphone. C’est le brass band idéal pour accompagner le duo et enrichir sa musique de cuivres lumineux et étincelants. Ce concert, annoncé plein de surprises, est aussi l’occasion de montrer une autre facette d’un binôme qui s’est toujours réinventé. Peu de mots, mais beaucoup d'actions (Julie l’avait signalé au début du set) ; ce qui semble être la philosophie de ce dernier show de Juicy. Ensemble, Sasha Vovk et Julie Rens naviguent à travers différentes influences et genres musicaux. Grâce à leur recette magique, que nous décrirons comme être la sauce Juicy, tout s'emboîte parfaitement. Le « Bug In », sensiblement plus lourd, pourrait facilement être l'intru, mais pas sous la stricte surveillance de la formation bruxelloise. Un jeu de lumière épuré sublime les créations musicales et tous ces éléments réunis font monter rapidement la température dans l'AB. L'ambiance conviviale montre que tout le monde a ici le même objectif et il y a donc aussi de la place pour danser. Le discours explosif de Juicy crée une atmosphère excitante et l'AB Box se transforme bientôt en une célébration de masse (messe ?) alternative sous la conduite de Julie et Sasha comme grandes prêtresses de la scène musicale belge. Par exemple, le déjanté « Treffles », dans lequel l’alchimie entre les deux est remarquablement forte, constitue le point culminant d’un spectacle aux nombreux sommets et aux rares creux.

On passe au dernier Ep, « Cruelles Formes », enregistré en compagnie d’Echt. C’est alors l’envolée jazz-électro, les percus encadrant le r’n’b de Juicy. Boosté par le single « Lolo », et son texte à tiroirs qu’il est conseillé de prendre au troisième degré, les filles se lâchent. Témoins lucides de notre époque fragile, elles nous interrogent sur les inégalités sociales à travers « G pas l’argent ».

Sasha Vovk et Julie Rens reviennent une dernière fois pour un rappel, en compagnie de la fanfare pour le point d’orgue du show : la cover déjantée de « La Boulette » de Diams. C’est la reprise préférée de votre serviteur, même si celle d’Aloïse Sauvage n’est pas mal, non plus.

Elles nous ont fait danser pendant 2 heures, sans jamais jouer aux donneuses de leçons. Elles vont nous manquer pendant quelques mois. Sasha passe un bel accouchement et Julie prépare nous de nouvelles compos géniales ou fait nous vibrer avec tes projets parallèles. Juicy on vous aime !!!

Setlist :

Piano voix : « You don't have to know », « Something is gone », « For hands on ass », « Candy shop fifty cent », « Truth », « 6 Branche-moi »

Sur scène + cuivres : « Late night », « Common future », « Seed and ride », « BUG IN », « Haunter », « Treffles », « See me now », « Call me », « Count our fingers twice », « Youth »

+ Echt (sans cuivres) : « Bruit qui court », « G pas l'argent », « Javanais », « LOLO »

Rappel : « GHB » (+ cuivres), « La boulette » cover Diam’s (+ cuivres)

(Organisation : AB)

Rodrigo y Gabriela

Une symbiose parfaite entre guitare électrique et acoustique…

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C’est la 23ème fois que Rodrigo y Gabriela se produisent en Belgique, et ce depuis 2006, soit après la sortie de leur premier elpee, un éponyme. Et ce lundi 30 octobre, le duo mexicain est programmé au Cirque Royal de Bruxelles. Le concert est sold out.

Le light show est constitué de quatre rectangles lumineux en arrière-plan. Deux placés sur le petit côté et les autres sur leur grand. Le logo du dernier opus est projeté sur une toile de fond. En grand ! Quatre rampes de leds d’une hauteur de trois mètres encadrent les artistes. De couleur bleue, ils clignotent constamment. Une autre aux mêmes coloris forme un demi-cercle derrière la paire. Et lorsque ces rangées de spots s’allument, elles forment un dôme lumineux virtuel.

Gabriela Quintero se sert d’une gratte semi-acoustique flamenco et Rodrigo Sánchez d’une électrique. La musique est quasi-exclusivement instrumentale. Gabriela s’exprime en espagnol, nous adressant également quelques ‘muchas gracias’ et « ti amo », mais entre « The Eye That Catches The Dream » et « Egoland », elle baragouine dans un anglais approximatif. Quant à Rodrigo, il a prodigué quelques mots dans la langue de Shakespeare, après le solo de Gabriella.

Lors de ce set, la paire va nous réserver de larges extraits de son dernier long playing, « In Between Thoughts… A New World » et quatre nouvelles compos, « Astrum In Corpore », « Monster », « The Simurgh » et « Dublin » qui figureront sur le futur nouvel opus.

« Astrum In Corpore » ouvre le set et se charge progressivement en intensité, dévoilant alors déjà la technique complexe de Gabriela. Energique, « True Nature » est imprimé sur un tempo enlevé. La réaction de l’auditoire est enthousiaste, comme elle le sera tout au long du shwow. Le duo change régulièrement de place, mais se fait souvent face à face. Entre les compos, les musicos disparaissent de la scène, moments au cours desquels on assiste à des projections de lumières, chaque fois différentes. Pendant « Egoland » le light show vire au rouge vif ! Et une sirène retentit. La performance de Rodrigo est particulièrement dynamique. Tout en bondissant, il invite le public à applaudir. À chaque accélération de tempo et au cœur des crescendo, on entend des cris d’exaltation dans la foule. Un sampler sonore épique emballe le rythme alors que Gabriela triture ses cordes tout en frappant le caisson de sa guitare pour simuler des pecus.

Pendant « The Monster » on imagine la présence d’un grand monstre dans la salle. Le climat d’épouvante est entretenu par des sonorités électroniques. Après les courts « Seeking Unreality » et « The Ride of the Mind », Rodrigo s’autorise des solos de gratte métalliques et inévitablement lors de compos plus longues.

Rodrigo traite sa sixcordes en slide à la fin de « The Simurgh », et son jeu devient tellement épique qu’on ne peut que penser à celui de David Gilmour au sein du Floyd. Les smartphones s’allument. Gabriela se réserve également un solo à la sèche, mais le plus surprenant c’est sa capacité à en extraire des sonorités bizarres. Rodrigo chante brièvement pendant « Finding Myself Leads Me to You ». Lors du dernier morceau, Rodrigo y Gabriela viennent se produire au cœur de la fosse.

Et c’est exclusivement en acoustique que le rappel consacré à « Dublin » est interprété…

Setlist : « Astrum In Corpore », « True Nature », « The Eye That Catches The Dream », « Egoland », « Monster », « Seeking Unreality », « The Ride Of The Mind », « The Simurgh », « Gabriela Solo », « Broken Rage », « Finding Myself Leads Me to You », « In Between Thoughts… A New World ».

Rappel : « Dublin »

(Organisation : Live Nation)

Voir aussi notre section photos ici

Bob Vylan

Gym tonique…

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Bob Vylan est un duo londonien qui réunit le chanteur/guitariste Bobby et le drummer Bobbie. Et il se produit ce vendredi 27 octobre à l’AB Club de Bruxelles.

Il pratique un mix entre hip-hop et rock’n’roll musclé voire brut de décoffrage. Son dernier elpee, « Bob Vylan Presents the Price of Life », est paru en avril 2022. Il a décroché le prix Kerrang (NDR : cérémonie organisée par cet hebdomadaire britannique de musique rock et heavy metal)

On peut lire sur sa page Bandcamp : ‘The internet is dead, see us in the flesh !’ ; ce qui se traduit par : ‘Internet est mort, regardez-nous en chair et en os !’

C’est est un tandem engagé. Ses textes dénoncent les injustices : pauvreté, Brexit, inégalités raciales, coupes dans le secteur de la santé... Et dans sa musique, il s’évertue à rapprocher et mélanger les genres et les sous-cultures. C'est ce qui lui permet d’être apprécié par les amateurs de rock, de rap, de punk, de dance et de musique alternative.

Le concert est sold out.

Issue du Nord de la Belgique, et plus précisément de Bruges, SPACEBABYMADCHA, aka Maya De Zutter, assure le supporting act. C’est une artiste multidisciplinaire, compositrice et rappeuse. Sa musique se nourrit de trap et de soul alternatifs, d’ambient, de r’n’b ainsi que de hip-hop électronique. Cette année, elle figure parmi les neuf finalistes du concours ‘De Nieuwe Lichting’, organisé par StuBru.

Sur les planches, elle est soutenue par une autre fille, casquette de rappeur vissée sur la tête. Postée derrière une table, elle bidouille ses manettes. Maya est vêtue d’un pantalon et d’une veste sombres et s’est enfoncé un bonnet sur le crâne. Malgré leurs couvre-chefs, on distingue leurs cheveux bouclés. Plutôt jolies, elles ont le teint mat. Le set va se concentrer sur des extraits du dernier opus, « New Era », paru en 2021. Maya possède une voix imposante, mais samplée ou vocodée, elle en devient ondoyante. Elle remue constamment, se déplace de gauche à droite et inversement, bondit et grimpe même sur les deux haut-parleurs sis aux extrémités du podium. Très interactive, elle plonge dans la foule, et l’incite à lever les bras ou à jumper.

Franchement, sa réputation de show-woman responsable de concerts vibrants et énergiques, n’est pas usurpée.

Place ensuite à la Bob Vylan. Bobbie est planté à droite sur une estrade, derrière un kit de batterie imposant, dont 5 cymbales et un MPD. Bobby a enfilé un training couleur bleue et ses dreads sont ramenées en couettes tressés sur le devant.

Le chanteur entame le show, suivant un même rituel, par une série d'échauffements de style militaire sur des rythmes tonitruants.

Les nouveaux singles « Dream Big » et « Here A Man » constituent un avant-goût de la manière dont les Britanniques se rapportent à notre société de consommation occidentale. Pendant « I Heard You Want Your Country Back », un spectateur tend à Bobby, déjà torse-nu, un drapeau palestinien. Il le colle à gauche sur un empilement de 3 boxes en bois placé, en arrière-plan. Le public en profite pour cracher son venin. Ce morceau figure sur la B.O. de la série Netflix ‘The Bastard Son & The Devil Himself’. Le chanteur déclare : ‘Nos vies auraient pu finir dans les bennes à ordures. Ne le tenez pas pour acquis. Soutenez Warchild’. Il recommence à effectuer ses exercices d’éducation physique avant d’attaquer le titre maître de son second long playing, « We Live Here ». Des mosh pits éclatent régulièrement.  

Des samples pré-enregistrés reproduisent des sonorités de guitare, de basse, de claviers et de bruits divers. Tonitruantes, sauvages et tribales, les percus de Bobbie communiquent à la foule une forme de frénésie, qui danse sur chaque battement et reprend chaque mot. Bobbie se lance dans un crowdsurfing tout en continuant de chanter. Dans la fosse, ça pogote sec. On se croirait presque lors d’un concert de métal. A la demande du vocaliste, la scène est envahie par le public pendant « Wicked & Bad ». Mais aussi c’est la compo qui achève le show…

Setlist : « Down », « Big Man », « I Heard You Want Your Country Back », « CSGB », « Take That », « We Live Here », « Pulled Pork », « England's Ending », « The Delicate Nature », « Pretty Songs », « Dream Big », « Wicked & Bad ».

(Organisation : Ancienne Belgique)

Kristin Hersh

La chanson doit m'utiliser, et non l'inverse…

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« Clear pond road », c’est le titre du nouvel opus de Kristin Hersh, paru ce 8 septembre 2023. Cet effort en solitaire du leader féminin des Throwing Muses est toujours aussi original et encore plus personnel...

A l’instar des Pixies, Throwing Muses est considéré comme une icône du rock alternatif des eighties. Drivée par Kristin, cette formation est toujours active sur la scène musicale. Et cette cofondatrice du band mène encore, en parallèle, un autre projet collectif baptisé 50 Foot Wave. De son timbre râpeux, chargé d’émotion, de son style tout en joie étouffée, en rage intérieure voire en tristesse contenue, « Clear Pound Road » reflète la singularité de sa démarche. Kristin en parle d'ailleurs joyeusement...

Alors que elpee est plutôt positif, la dixième et dernière chanson « Tunnels », semble empreinte de tristesse...

Elle évoque l'effondrement mental d'un partenaire à qui son conjoint ne peut venir en aide, alors que le reste de l'album se révèle amusant, plein d'entrain et positif. Cependant, ce dernier morceau, bien qu'empli de douceur à l'instar des autres compos, se révèle finalement tragique. 

« Clear Pound Road » se déploie de manière séquentielle à la façon d'une pièce de théâtre, scène après scène jusqu'à l'acte final où soudain tout s’écroule devant cette révélation : lorsque votre partenaire, c'est-à-dire votre pilier, votre socle s'écroule, vous vous effondrez aussi.

Je ne souhaitais pas que ce disque soit tragique, mais il vire un peu en tragédie, en fin de compte (elle rit).

Auteure d'une autobiographie et d'un livre sur votre ami, le rocker canadien Vic Chesnutt (NDLR : il est décédé le 25 décembre 2009) pour être plus précis, je me demandais si, lorsque vous composez, les paroles émergeaient d’abord ?

Non. C'est toujours la musique, car les paroles sont amplifiées par un autre instrument, ma voix, qui est omniprésente. Certaines personnes se contentent de chanter. Personnellement, je ne chante jamais, exigeant de ma voix qu'elle produise autre chose. C'est souvent très peu attrayant, car je ne cherche pas à la mettre en avant. Je vocalise tout simplement. Mais parfois, c'est vrai, on a l'impression que je chante… (elle rit)

Une sorte de transposition vocale de la poétesse Sylvia Plath ?

(Elle rit) C'est peut-être vrai, les lyrics devraient pouvoir tenir toutes seules, débarrassées de la musique. On devrait être capable de les regarder sur la page et observer qu'elles résistent en tant que structure, qu'élément corporel.

Mais je ne souhaite pas les dépouiller de leur musique, car il ne s'agit pas de poésie. Elles sont certes poétiques, mais se coulent dans la musique et ne jouent qu'un seul rôle. Elle ne doit pas servir de scène, de plateforme aux mots, à mes pensées. D’ailleurs les textes ne sont pas toujours de l'ordre de mon ressenti, de mes émotions ; je ne m'exhibe pas en dansant des claquettes. Et même si je tentais de le faire, j'en serais incapable. Tout comme Sylvia Plath (rires) !

Catharsis

La musique est-elle une catharsis pour vous ?

Probablement... mais j'espère que non. J'essaie de vider mon sac avant d'entrer dans la chanson. Au sein de mes deux groupes et en solo, elle n'est au départ pas faite pour être enregistrée et diffusée. Nous jouons d'abord pour être dans le flow et il arrive parfois que nous enregistrions les résultats. Le disque ne représente qu'une infime partie de ce que nous considérons comme notre vie musicale. Mais j'ai besoin de la catharsis, de l'événement musculaire qui consiste à jouer de la musique. J'en ressens le besoin physiquement. Et puis la chanson s'estompe entre mes mains et la guitare, dans le bruit ou même dans le silence des morceaux acoustiques. Mais j'espère que la catharsis se produit avant que la chanson ne soit écrite. Bien que ces compositions soient autobiographiques, il ne peut s'agir uniquement de moi. La chanson doit m'utiliser... et non l'inverse…

Kristin Hersh serait-elle une version acoustique de Throwing Muses ou de 50 Foot Wave ?

Oui. Mais je continue à réaliser des disques bruyants. Mon album solo précédent, « Possible Dust Clouds », se révélait par exemple plus ‘noisy’ que celui de ces deux formations.

Au départ, je n'avais pas l'intention d'entreprendre une carrière en solitaire, mais je me suis sentie piégée par Warner Bros, notre maison de disques, à l'époque. Afin qu'ils nous laissent partir, j'ai proposé d'enregistrer un album solo, parce que j'étais la seule ‘Muse’ à leurs yeux. Et le label a fini par accepter.

Mon premier album solo visait donc à faire résilier le contrat de Throwing Muses avec Warner. Mais cette première expérience solo m'a permis de comprendre qu'au niveau de l'industrie musicale, Throwing Muses était un groupe dont personne ne se souciait. Raison pour laquelle j'ai créé Cash Music en 2007, bien avant le système de Crowdfunding.

Bipolaire

Vous avez souffert de troubles bipolaires. Existerait-il dès lors une sorte de bipolarité musicale entre Kristin Hersh en tant qu'artiste solo d'une part, Throwing Muses et 50 Foot Wave de l'autre ?

Oui. Car chaque chanson requiert un traitement différent. Je pourrais fonder 50 groupes et ne pas être capable de suivre ce que les chansons attendent de moi. Et c'est parfait ! Ce que je préfère, c'est entrer en studio au début d'une session d'enregistrement, en connaissant exactement tous les overdubs que je souhaite utiliser, en sachant où je vais placer le micro, quelles parties de cymbales je vais choisir. Je pense ainsi maîtriser tous les éléments et pourtant je me trompe toujours... je reste donc modeste (elle rit) …

Vic Chesnutt vous a-t-il inspirée et incitée à vous lancer, à votre tour, dans une carrière en solitaire ? Car cet opus m'y fait penser…

Oui bien sûr. Vic était tellement doué pour jouer ‘petit’. J'aimais trop le bruit et je me cachais derrière, vu que je suis très timide. Je ne voulais pas être au centre, au premier rang, devant le micro. Je souhaitais juste rester en retrait et me perdre dans la musique.

Vic m'a fait comprendre que l'on pouvait se perdre dans la musique tout en ‘se crucifiant’ devant tout le monde. Une sorte d'art qui n'oublie pas le divertissement. Il disait : ‘C'est notre travail de trouver un équilibre entre les deux et de nous montrer…’

Vic pouvait rester assis là sur scène en silence pendant très longtemps. J'ai finalement réalisé qu'il utilisait le silence comme un son, et la pause comme une mesure. On vient de découvrir que notre ouïe entend le silence comme un son... Une sorte de victoire posthume pour Vic Chesnutt (elle sourit).

Il utilisait un mur de silence comme vous utilisiez un mur de... sons ?

Oui. J'avoue que je me suis beaucoup amusé lorsque l'on m'a demandé de rédiger un livre à son sujet.

Synesthésie

Quelle est l'influence d'Allen Ginsberg sur votre écriture, vous qui l'avez rencontré au cours de votre enfance ?

Aucune (elle rit). Ginsberg a tout simplement écrit un poème à mon attention lorsque j'étais enfant. Mon vieil hippie de père vient d'ailleurs de me le renvoyer. Je n'ai pas vraiment lu Ginsberg, si ce n'est ce poème qui m'était dédié.

Vous êtes apparemment victime de synesthésie : vous voyez des accords musicaux en couleurs... Quelles sont dès lors les couleurs de cet elpee ?

Excellente question (elle rit). Une anecdote d'abord : je venais d'entrer dans un saloon de La Nouvelle-Orléans, le pianiste a joué un accord, un accord long et complexe, puis s'est arrêté m'a regardé et demandé : ‘Kris, de quelle couleur s'agit-il ?’ Et j'ai répondu : ‘Oh, eh bien, c'est bordeaux, mais il y a un peu d'orange brûlé à la fin. Et tout le monde d'acquiescer…’

Mais ce disque est en fait aussi un bordeaux argenté bordé de jaune doré. Et si je ne l'avais pas su, je n'aurais pas eu le courage d'atténuer l'effet de production, qui est extrêmement acoustique, mais bizarrement, rigide dans le rythme qui n'a pas une forme décontractée. Il s'agit donc de combiner la douceur décontractée de la technique sonore à chaque rythme, comme si l'on souffrait d'arythmie cardiaque tout en cherchant à en atténuer les effets. Le résultat m'est apparu particulièrement chatoyant, tout en demeurant très ancré dans une sorte de couleur douce-amère, comme le bordeaux... voire une bouteille de vin du même nom (elle rit). 

Kristin Hersh : « Clear Pond Road » (Fire Records/Kokurrent) : sortie le 8 septembre 2023.

Photo : Pete Mellekas

Within Temptation

Un cri de liberté !

Batave, Within Temptation est l’un des groupes de métal symphonique les plus populaires. Il a été fondé en 1996 par la chanteuse Sharon den Adel et le guitariste Robert Westerholt. Entre-temps, il est parvenu à s'imposer dans l’univers du métal, mais pas seulement, puisqu’il est même devenu un nom familier. Son huitième elpee, "Bleed Out", est paru ce 20 octobre 2023, un disque lourd dont les thèmes le sont tout autant. Sharon Den Adel nous en parle ainsi que du set accordé par la formation, dans le cadre des Lokerse Feesten (review sur le site nl, ici) et de ses futurs projets, ambitions et objectifs.

Votre nouvel opus, « Bleed out », est paru ce 20 octobre, une œuvre pour laquelle vous vous êtes inspiré de la dure réalité quotidienne. On a l'impression que c'est aussi devenu un disque très personnel. Si c’est le cas pour tous précédents, c’est un peu plus flagrant pour celui-ci. Les auditeurs s'identifient-ils un peu plus aux thèmes abordés sur ce disque, afin de mieux les appréhender ?

Je ne les ai pas abordés différemment que par le passé. Bien sûr, j’y évoque des sujets qui passionnent beaucoup plus, et notamment ceux qui se déroulent pour l’instant dans un monde mal en point. C'est tout à fait dans l'air du temps. Mais c’est une grande source d’inspiration et, évidemment, vous laissez parler votre cœur. Et nous ne pouvons qu'espérer que l'auditeur le ressente également.

Quelle est la différence entre les précédents long playings et ce "Bleed Out" ? 

Il est un peu plus lourd, musicalement aussi. Et lorsque vous vous vous servez de textes plus mélodiques et émotionnels, ils atteignent plus facilement l'esprit. C'est un album intense, tout comme les précédents, mais la grande différence se situe surtout au niveau musical. La technologie est également distincte de celle utilisée auparavant, ce qui permet de faire sonner les lignes mélodiques autrement, par exemple.

Ce qui a toujours rendu Within Temptation si spécial, c’est une forme d’univers théâtral dans lequel on entre en tant que visiteur. J’estime ce sentiment encore plus extrême aujourd'hui.

J'ai accordé beaucoup d'interviews et je m'en sors plutôt bien (rires), mais c'est agréable de pouvoir parler de sujets qui me tiennent à cœur, comme le contenu de cet album. Je le compare à une peinture, quand tu la regardes accrochée dans une galerie. Elle semble assez abstraite parce que tu ne comprends jamais toute l'histoire qui se cache derrière. C'est un peu pareil pour la musique. Certaines personnes perçoivent le message que nous voulons transmettre. D’autre moins. Aussi, il est intéressant de pouvoir disposer d’un relais, notamment par le biais d'interviews, pour commenter les messages que nous voulons faire passer. Donc, oui, je suis très heureuse de la manière dont les événements se déroulent.

Votre voix ne s’était pas dégradée ?

Après la corona, oui, mais presque tous ceux qui l’ont contractée se sont plaints de ces soucis vocaux qui sont soudainement apparus. Deux semaines plus tard, je pouvais à nouveau chanter ; donc non, pour l'instant, il n'y a plus de problème...

Les quelques morceaux que j’ai pu entendre semblent très variés. Il est certain que "Ritual" sonne un peu différemment et se révèle un peu plus accessible... Est-ce un choix délibéré ?

"Rital" est la seule chanson qui sonne un peu plus légère, en fait. L'album précédent sonnait plus lourd et davantage chargé en émotions. Nous voulions adopter une approche légèrement différente, même si le sujet est toujours aussi lourd. Il l’est d’ailleurs davantage que ce à quoi les gens sont habitués de notre part, c'est pourquoi il est bon d’insérer des chansons accessibles, pour souffler un peu.

N'avez-vous pas un peu peur que cette approche plus intense et plus lourde vous fasse perdre un peu de votre public, qui se compose à la fois de fans de pop/rock et de métal ?

Tout d'abord, je ne pouvais pas adopter un format que je ne supporte pas moi-même. Cependant, nos goûts personnels évoluent également au fil du temps. Et nous ne pouvons qu'espérer que notre public nous suive dans cette voie. Jusqu'à présent, cet album a reçu des appréciations positives, même de la part de fans de non-métal, et en particulier parce qu'il recèle encore beaucoup de mélodies. La ligne de chant, en particulier, est très mélodique. Et la combiner à des guitares lourdes rend le tout encore plus rêveur. J'ai l'impression que cette formule plaît aussi aux fans de non-métal. Donc, oui, je pense que tout se passera bien.

Tous les albums de Within Temptation reflètent des émotions personnelles, mais sur cet LP, j'ai l'impression que la barre a été placée encore plus haut.

Le thème de cet album rend les choses plus intenses. Beaucoup plus personnelles, en tout cas. On essaie donc d'y mettre tout ce que l'on ressent. En concert, encore plus que sur disque, je pense.

Votre musique est très cinématographique. N’avez-vous jamais -ou alors j’ai raté un épisode- eu l'intention de composer des B.O. de films ?

Nous l'avons fait à une reprise pour le long métrage qui raconte l'histoire de Joran Van der Sloot (NDR : un criminel néerlandais condamné pour le meurtre de l'étudiante péruvienne Stephany Flores). C'était vraiment amusant, mais on doit nous le demander. Notre musique s'y prête, comme beaucoup d'autres d'ailleurs. C'est un monde complètement étranger, mais il faut être sollicité.

J’ai pu assister au set que le groupe a accordé à Lokeren, ma ville natale, et la combinaison entre les effets visuels, votre belle voix et la puissance de feu des instruments, était époustouflante. Finalement votre musique prend tout son sens lorsqu'elle est interprétée en ‘live’. Within Temptation serait-il, avant tout, un groupe de scène ?

Le ‘live’ apporte une dimension supplémentaire à notre musique, c'est vrai. On ressent l'énergie, on la voit et on discerne les émotions qui émanent de la foule. Nous avons également produit un album très visuel, qui est mieux mis en exergue après avoir assisté à un set en ‘live’. Et même si nous avons essayé et réussi de transposer ce feeling sur disque, vous ne pouvez tout simplement pas capturer à 100% ces émotions sur disque sans l'interaction avec votre public…

J’ai suivi la ‘Féale Voice Métal’ depuis ses débuts et notamment le parcours de Nithin Reptation. Il y a même eu une période au cours de laquelle le genre était vraiment en plein essor. A l'exception de quelques formations comme la vôtre, Epiça et Nitish, pour n'en citer que quelques-unes, j'ai l'impression que le gras a un peu disparu de la soupe.

En ce qui concerne Nithin Reptation, notre succès est toujours au rendez-vous. Notre notoriété s'est accrue depuis, mais je ne peux pas parler pour les autres. D'ailleurs, il est assez facile de parler de ce style, mais il va bien au-delà de la ‘voix féminine’. D'ailleurs, on l'appelait ou on l'appelle ainsi uniquement parce qu'une femme chante, et donc on ne tient pas compte des nuances, uniquement parce qu'une femme est aux vocaux. Je ne considère donc pas qu'il s'agisse d'un genre en soi. Ce qui est positif, c'est que de plus en plus de femmes commencent à chanter dans des groupes de métal.

J'assiste à des concerts depuis 1983, et même si de plus en plus de chanteuses émergent, le monde du métal et du rock reste un bastion masculin. Partagez-vous cet avis ? Pour les filles, c’est peut-être dû à un manque de modèles féminins alors que les garçons en disposent de nombreux…

C’est une remarque qui vaut peut-être pour le passé, mais dans l’univers musical contemporain, il existe de nombreux exemples féminins. Il suffit de regarder, autour de nous, Nitish ou Ginger, et il y en a d’autres menés par une femme qui se débrouillent très bien. Perso, parmi mes modèles féminins forts qui se sont affirmés, je citerai Janis Joplin et Sheela E. Amy Macdonald. Ou encore Candy Pulfer, qui l’est devenue pour les Pays-Bas et la Belgique. Elle a prouvé qu'il ne fallait pas seulement être chanteuse, mais aussi musicienne. Les exemples féminins ne manquent donc pas, mais il faut leur donner la tribune qu'elles méritent. Et c'est là que le bât blesse, parfois. J'ai eu la chance d'être tombée naturellement dans cette catégorie, et je n'ai donc jamais connu ce problème.

Dans notre monde occidental, les femmes peuvent heureusement rester elles-mêmes, alors que dans certains pays comme l'Iran et l'Afghanistan, elles sont traitées comme des êtres inférieurs. Des situations incompréhensibles qui m'exaspèrent. Ce sujet revient donc également dans les lyrics de votre elpee. Est-ce un sujet que vous avez voulu aborder sur ce disque ?

Il est vrai le monde occidental démocratique a connu un développement différent de celui de certains pays comme l'Iran. Ce qui est admirable, c'est que des personnes s'opposent ouvertement au régime mis en place là-bas, souvent au péril de leur vie. C'est ce thème qui est abordé dans la chanson "Bleed Out". Ces femmes s’élèvent face à cette situation et indiquent qu'elles ne peuvent plus supporter ce mode de vie. En contestant et en manifestant contre ces règles, on peut espérer que la prochaine génération féminine sera mieux lotie. Et c'est bien cette thématique que nous traitons sur ce disque. Mais aussi de la religion. En tant qu'être humain, vous devriez pouvoir vivre l’existence que vous souhaitez. Ce qui n'est pas si évident dans un pays comme la Russie, par exemple. Nous avons délibérément voulu aborder ce sujet. Nous parlons également de l'avortement, pas tellement parce que nous sommes pour ou contre, mais plutôt car nous estimons qu’il faut laisser la liberté de choix. Comme le droit de ne pas accepter que son pays voisin vienne annexer une partie d’un territoire. C'est le cas actuellement de la Russie en Ukraine. C'est aussi absurde que si les Pays-Bas confisquaient Anvers et vous laissait le reste. L’absurdité de cette guerre, c'est le sujet de l’album. J'espère aussi que le parti populiste d'extrême droite ne gagnera pas les élections en Pologne, sans quoi il risque bien de perdre une partie de sa démocratie (NDLR : selon les résultats finaux, l’opposition pro-européenne a remporté ces élections). Ce serait vraiment dommage. En résumé, notre nouveau disque est principalement un cri de liberté, pour les femmes et les hommes, pour qu'ils puissent être eux-mêmes dans ce monde.

C'est merveilleux que vous évoquiez ces sujets de cette manière. On ne le fera jamais assez, car il y a encore tellement de choses qui ne vont pas dans ce monde lorsqu'il s'agit de liberté. Vous vous produirez à la Lotto Arena d'Anvers, le 5 octobre 2024. Sinon, quels sont vos futurs projets ?

Nous allons principalement préparer la prochaine tournée, qui débutera en octobre 2024. Nous avons tourné en compagnie d’Evanescence comme ‘coheadliner’, joué dans de nombreux festivals, l'année dernière, et nous allons nous reposer un peu maintenant, malgré les nombreuses propositions de concerts qui nous sont adressées. Enfin, nous partons quand même encore en Amérique du Sud. Et puis nous devons rattraper ce qu’on n’a pu faire pendant la Corona.

En analysant le parcours de Within Temptation, quels ont été les hauts et/ou les bas ? Si vous pouviez changer le cours des événements, qu’auriez-vous modifié ?

D'une part, il y a des décisions que j’aurais prises différemment aujourd'hui, mais d’autre part, ces expériences nous ont permises d’être là où nous sommes aujourd'hui. Nous avons tiré les leçons des mauvais choix. Ce qui a toujours été un défi pour moi, personnellement, c'est l'équilibre entre la maison et le travail. Quand je suis toujours occupé au sein du groupe, je n'ai pas assez de temps pour ma vie privée. Je regrette de ne pas avoir conservé assez de contacts avec mes amis. Mais nous n’aurions alors pas atteint la même notoriété. Il a fallu faire des choix !

Lorsqu’on est au sommet de la gloire depuis si longtemps, y a-t-il des ambitions ou des objectifs que vous aimeriez atteindre ?

Mon objectif principal est de continuer à écrire de belles chansons. C’est très magique ! Après toutes ces années, continuer à faire de la musique est et reste, la plus belle chose qui soit, et être toujours inspirée, merveilleux…

Nouvel album "Bleed Out", paru ce 20 octobre 2023

Catatonic Suns

Catatonic Suns

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A l’écoute de la musique proposée sur le troisième elpee de Catatonic Suns, on pourrait imaginer que le groupe est issu de l’Albion. Parce qu’elle baigne dans une forme de shoegaze qui rappelle des groupes comme The Verve (NDR : l’originel, pas celui de « Bitter sweet symphony »), Ride ou encore Slowdive. En un peu plus sauvage, mais quand même. En fait, cette formation nous vient de Pennsylvanie. Apparemment d’Allentown. Et son nouvel opus est éponyme.

Si la section rythmique est plutôt basique, ce sont les effets de guitare qui créent cette dimension sonique, shoegaze. Et notamment lors des fins des morceaux les plus atmosphériques, au cours desquels la guitare se met à gémir, à produire des larsens, voire à hurler. Mais lorsque les mélodies deviennent sinusoïdales, voire orientalistes, à l’instar de « Deadzone » et « Be as one », c’est à Kula Shaker qu’on se met à penser ; encore que cette dernière plage vire parfois au space rock (Hawkwind ?). Tout comme le plus lent « Fell off », mais probablement dans l’esprit du Floyd. Le long playing recèle quand même l’une ou l’autre compo plus mélodieuse. Comme cet ensoleillé « Sublunary » ou « Failsafe » aux tonalités de gratte tintinnabulantes… Un chouette album !

Mr. Paul & The Lowriders

Unguarded Thoughts

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Mr. Paul & The Lowriders, c’est le nouveau projet de Paul Van Bruystegem, l’ex-bassiste de Triggerfinger (NDR : il a pas mal bourlingué au cours de sa carrière, soit dit en passant). Enfin, ce n’est pas tout à fait un nouveau projet, puisque la formation avait déjà enregistré un premier elpee, « LowRider », en 2016. « Unguarded thougths », c’est le titre du second et… non, il ne sonne pas rock burné comme Triggerfinger, mais il explore des tas de styles musicaux. Dont le blues. Ainsi, le vétéran Roland Van Campenhout interprète le titre final, « Father death blues », un poème d’Alan Ginsberg. Ce n’est pas le seul invité, puisque ses deux ex-comparses de Triggerfinger, Mario Goossens et Ruben Block sont également de la partie. Ce dernier se consacre ainsi à d’étranges vocaux sur la cover improbable du « Eight miles high » des Byrds, une piste traversée par une judicieuse intervention au saxophone. En, résumé, Paul a convié la crème de la scène rock du Nord de la Belgique, dont Ilse Goovaert et Thijs Vanneste. Ou encore Alan Louie, dont la voix distordue s’intègre parfaitement au morceau le plus psychédélique, « Identical twins ».

L’opus réserve également une place au rhythm’n’blues. Notamment à cause du recours à un Hammond aux sonorités rognées, savoureusement poussiéreuses. On a aussi droit à du rock latino sur « Waiting for the dragon », et là manifestement, le spectre de Carlos Santana se met à rôder…

Glam, « Coconut tree » arait pu émaner du répertoire de T. Rex, s’il s’était mis au blues. Le delta blues, on le découvre tout au long de « Cinnamon blood » et le cajun sur « My Shangri-La ». Quant au presque instrumental « Evil dandy », il véhicule quelques accents jazzyfiants. Le tout a été enregistré à Pensacola, en Louisiane et retravaillé à Lier. Franchement, Paul a vraiment fait fort !

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