Marcel, c’est un fantôme carnavalesque qui aime faire beaucoup de boucan en se frottant à la joue des humains avec tendresse. Comme un chat boiteux à la queue duquel on aurait attaché des cymbales. Insupportable mais bizarrement sympathique, sa musique doit autant à Jonathan Richman qu’aux frappes tendues de Steven Gerrard ; aux guitares tordues de Sonic Youth qu’à la peinture expressionniste allemande ; aux dessins-animés idiots de leur adolescence qu’à la philosophie présocratique.
Fondé à Arlon, ville la plus ancienne de Belgique avec la plus haute concentration de cafés par habitants, Marcel prend le plus souvent la forme d’un quintet. Les guitares et la basse font comparaître 50 ans de musique saturée devant un tribunal révolutionnaire : rock’n’roll, post-punk, punk-rock, grunge, noise et indie ; et le tout défile joyeusement devant la barre, dans le désordre le plus complet. La batterie malaxe le tout avec des beats qui emportent l’auditeur dans une vieille locomotive fêlée, sans trop regarder dans le rétro. Enfin, la voix ressuscite le Sprechgesang de Brecht et la chanson dadaïste du Cabaret Voltaire dans une langue anglo-wallonne, comme un monsieur Loyal qui aurait fait ses armes au CBGB tout en gardant la nostalgie des paysages de Lorraine belge.
La vidéo d’« Intimité » feat. Blank est à voir et écouter là