Lorsque Lou Reed compose “Berlin” en 1973, la critique n’est pas tendre à son égard. Et son elpee est boudé par le public. Lou aura beaucoup de mal à se remettre de cet échec et va commencer une longue descente aux enfers de l’addiction… Evidement, la suite est une autre histoire. Pourtant, en prenant du recul, on peut considérer cet opus comme un véritable chef-d’œuvre. Mais particulièrement sombre. Trop sombre, sans doute. En fait, ce concept album raconte l’histoire d’un couple, qui emprisonné au sein du mur de la honte, s’abandonne aux drogues, au sexe, à la trahison et à la violence. Une tragédie qui n’aura qu’une seule issue : la mort.
Il y a trente ans que Reed cherche à mettre en scène cet opéra-rock. Et en décembre 2006, son rêve est devenu réalité. Il va ainsi interpréter, entouré d’une solide équipe de collaborateurs, dont Fernando Saunders Steve Hunter, Rob Wasseman, Rupert Christie, Antony Hegarty et Sharon Jones, sans oublier les chœurs du Brooklyn Youth ainsi que des cuivres et des cordes, l’intégralité de cet ouvrage. Pendant quatre jours. Au St Ann’s Warehouse de Brooklyn. Une série de dates qui feront l’objet d’un Dvd et de ce cd. Produit par Bob Ezrin (NDR : c’était déjà lui qui avait mis en forme la mouture originale) et Hal Williams, ce ‘live’ est enrichi de trois bonus tracks : la cover du Velvet Underground, au cours de laquelle il partage un duo en compagnie d’Antony des Johnsons, « Candy says », « Rock minuet » et le hit intemporel « Sweet Jane », trois plages qui alimentent le film du même titre signé par Julian Schnabel.
Projet très ambitieux ce ‘live’ nous replonge au sein d’un univers conceptuel qui faisait référence au cours des 70’s. Aussi, si vous n’êtes pas issu de cette génération ou êtes peu réceptif à la discographie de Reed, vous risquez fort de ne pas trop apprécier cet elpee. Voire même de l’abandonner en cours de route. Pourtant, les musiciens sont irréprochables. Lou est au sommet de sa forme. Mais proposé sous cette forme thématique, il est très difficile pour un néophyte d’accrocher à cette musique angoissante, austère, nonobstant la grande intensité instrumentale. En outre, il ne faut pas oublier que « Berlin » est considéré comme un des albums rock les plus déprimants de tous les temps. Et comme pour l’instant, il manque de soleil…